Bonjour, bonsoir,

Voici un OS qui a été inspiré par Lapis'Azuli. Un grand merci à elle, car jamais je n'aurai eu cette idée sans elle.

Ce texte est basé sur la relation Lady et Itsuki. Il s'agit d'OC dans la fanfiction "The New Era". Il n'est pas nécessaire d'avoir lu la fanfiction pour comprendre. A l'origine, il n'y aurait dû avoir qu'un seul chapitre, mais vu la longueur, j'ai préféré le couper en deux. La publication de la seconde partie se fera sûrement en début de semaine prochaine.

Beaucoup de musiques ont bercé cet écrit. Je peux donc vous recommander River Flows In You, ainsi que des compilations de The Soul of Wind, une chaîne Youtube. Le titre de la vidéo est "2 Hour Beautiful Piano Music for Studying and Sleeping 【BGM】". Il s'agit du volume un, et non du deux.

Je ne vois pas quoi vous dire d'autre, alors je vous souhaite une bonne lecture !


« Il suffit d'un instant. D'un regard. Une rencontre. Pour bouleverser une existence. La bonne personne, le bon moment. Le caprice complice du hasard. »

- Guillaume Musso – Central Park.

Nanmin no Shima.

Itsuki déambulait dans les rues de cette nouvelle île que venait de découvrir son équipage. Immédiatement, elle avait été appréciée par le capitaine, Barbe Blanche. Le rival de Gold Roger était actuellement en pourparlers avec les dirigeants de l'île pour que cet îlot fasse parti du territoire du pirate. Quelques commandants avaient été conviés à la discussion. Les autres membres d'équipages, eux, avaient obtenu une permission bien méritée après plusieurs semaines en mer.

Le médecin d'une trentaine d'années avait été abandonné par ses frères qui s'étaient précipité dans les bars, tavernes et maisons de joie. Las de marcher sans but précis, Itsuki prit le chemin du retour vers le Moby Dick qui était amarré au port de la ville et, ce qui semblerait, la capitale de l'île. Depuis quelque temps, le pirate appartenant à la première division de Barbe Blanche ressentait une forme d'amertume, ne trouvant plus de goût à quoique ce soit.

Alors qu'il s'approchait des amarres, un homme, d'un âge avancé, s'écroula à quelques mètres de lui. Itsuki cligna des yeux, surpris, soupira et leva les yeux au ciel en demandant, mentalement, aux dieux ce qu'ils avaient contre lui. Mains dans les poches, il était sur le point d'aller voir le vieillard quand une masse de cheveux bruns lui passa sous le nez en le bousculant légèrement.

La jeune femme s'écroula aux côtés de l'inconscient sous le regard stupéfait de l'homme qui était sous les ordres de Marco. Alors qu'elle commençait à lui donner les premiers soins, elle l'appelait d'une voix calme. En voyant ses gestes vifs et confiants, il supposa qu'elle travaillait dans le milieu médical.

Intrigué, il la détailla et fut quelque peu déçu de découvrir une jeune femme, sûrement un peu plus jeune que lui, à l'apparence des plus banale. Une masse de cheveux bruns aux doux reflets chocolat, mais qui, sous le manteau du ciel noir, étaient sombres comme de l'encre. Un visage tout en finesse où il pouvait lire avec admiration la passion et la détermination qu'elle avait de sauver cet inconnu. Un nez délicat, des lèvres fines et rosées, des sourcils très légers. Ce qui marquait, c'étaient ces yeux. Ils étaient sombres, mais, sous la lueur du lampadaire qui éclairait la scène, Itsuki y trouva le reflet exact de ce que la jeune femme observait. De parfaits miroirs. Son corps était mince, élancé. Elle n'avait pas de formes féminines… Du moins, il ne les discernait pas sous ses amples vêtements.

Elle se tourna vivement vers lui et le médecin de la première division put se voir avec exactitude. C'était saisissant… Fascinant… Oui, cette étrangère était des plus captivantes… La ferveur et la ténacité qui faisaient briller ses deux prunelles se transformèrent en froideur qui fit frissonner le pirate.

« Hey ! Toi, là ! Au lieu de mater, les mains dans les poches, viens m'aider à l'emmener à l'hôpital ! »

Itsuki cligna plusieurs des yeux, soufflé par cette voix ferme et autoritaire. N'avait-elle pas peur que ce soit un brigand ou un pirate ? Peut-être qu'elle n'avait pas fait le lien avec sa présence au port ? Peut-être n'avait-elle pas remarqué qu'il n'était pas originaire de cette île ? Il s'exécuta néanmoins : après tout, il avait promis de secourir son prochain quand il avait eu son diplôme.

I&L

Adossés au mur du couloir de l'hôpital, Itsuki et la jeune inconnue patientaient pour avoir des nouvelles sur la santé du vieux. L'homme ne savait même pas pourquoi il restait là… Il aurait pu partir dès qu'il avait livré le colis… Il soupira et dévisagea la brune qui fixait avec appréhension la porte de la salle d'examen.

« Je suppose que vous travaillez dans la médecine… débuta le pirate, histoire de passer le temps plus rapidement.

- Je suis infirmière, répondit-elle sans le regarder.

- Je suis médecin », ajouta-t-il, agacé qu'elle ne prête pas attention à lui.

La brune tourna brusquement la tête vers lui, surprise par cette nouvelle. Itsuki eut un petit sourire en coin, ravi d'avoir créé une réaction chez son interlocutrice.

« Je ne comprends pas… chuchota-t-elle, véritablement perdue.

- Quoi donc ? questionna le pirate, perplexe.

- Comment un médecin peut rester stoïque alors qu'une personne s'effondre devant lui », expliqua-t-elle d'un ton glacial.

Itsuki se retrouva sans voix face à ce ton accusateur et lapidaire. Venait-elle de l'insulter ? Ne venait-elle pas d'insinuer qu'il était un mauvais médecin ? Il ouvrit la bouche pour répliquer, mais le docteur, sortant de la pièce où se trouvait le vieillard, l'interrompit. Il les félicita de leur rapidité d'action et les remercia d'avoir sauvé la vie à cet inconnu.

Cette annonce ne fit ni chaud, ni froid au membre de la première division. Ce vieux ne vivrait pas bien plus longtemps de toute façon… À quoi bon s'acharner et le forcer à vivre plus de souffrances ? Il retint difficilement un soupir fatigué et suivit l'infirmière qui s'apprêtait à quitter le bâtiment.

Il la rattrapa sans mal et la força à lui faire face en lui prenant le bras, délicatement, mais fermement. Encore une fois, il eut le souffle coupé en croisant ses yeux, ignorant ses sourcils froncés. Il se secoua mentalement.

« Pour votre information, je suis pirate. J'ai l'habitude de voir des personnes s'écrouler devant moi sans que je ne puisse rien y faire. »

L'étonnement la fit écarquiller des yeux. Cet homme s'était précipité à sa poursuite juste pour lui dire cela ? À quel point était-il fier ? Elle redevint maîtresse d'elle-même et se construisit un masque impassible.

« Je vous plains, sincèrement. »

La jeune femme se dégagea facilement et lui tourna vivement le dos, faisant voler ses longs cheveux bruns derrière elle. Itsuki ouvrit la bouche, hébété. Venait-elle de le planter comme un idiot au beau milieu d'une rue bondée de monde ?!

I&L

Marco observait son médecin toujours debout au beau milieu du passage qui gardait les lèvres ouvertes, sonné. Il eut un léger sourire moqueur avant de redevenir nonchalant. Voilà qui était intéressant…

Il regarda Itsuki être bousculé, puis le vit secouer la tête comme pour se remettre les idées en place. Le phénix n'avait pas souvenir que son ami et frère ait jamais été traité ainsi par une femme auparavant. Habituellement, elle souriait bêtement face à lui. Il avait beaucoup de succès auprès de la gente féminine, même si ces derniers temps il les délaissait quelque peu, ennuyé de ces femmes sans saveur…

Itsuki venait-il d'en trouver une qui allait rajouter un peu de piment à sa vie ? Une qui venait de le bouleverser, lui et son monde. Tranquillement, le commandant de la première division s'approcha de son subordonné et lui donna une bonne tape dans l'épaule. Ils retournèrent sur le Moby Dick, tous les deux pensifs.


« Aime-moi ou déteste-moi, les deux sont en ma faveur. Si tu m'aimes, je serai toujours dans ton cœur. Si tu me détestes, je serai toujours dans ta tête. »

- Shakespeare

Nanmin no Shima, quelques jours après leur rencontre.

Itsuki était de nouveau adossé au mur d'un couloir de l'hôpital, guettant une certaine infirmière dont il ne connaissait toujours pas le nom. Barbe Blanche avait enfin réussit à placer l'île sous sa domination et il avait décidé de s'offrir un peu de répit dans son périple, ce qui ne déplaisait pas à ses fils. Il avait confié au médecin de la première division la tâche de lui trouver une autre infirmière durant leurs petites vacances.

Du coin de l'œil, il remarqua celle qu'il cherchait sourire à une femme. Il fut déconcerté par la douceur qui émanait d'elle. Il se rapprocha un peu et il put entendre les paroles rassurantes qu'elle offrait à la patiente en sueur qui avait les mains crispées sur son ventre proéminent. Il fut admiratif face à ce spectacle dont il n'avait pas pu être témoin lors de leur première rencontre.

Une sage-femme remplaça l'infirmière et emmena avec elle la future maman. La brune salua gaiement la patiente et se tourna vers le pirate qu'elle aperçut immédiatement.

Aussitôt, son sourire se fissura pour laisser place à une expression sévère. Ses yeux magnifiques se posèrent sur ses mains qui étaient enfoncées dans ses poches. La façon dont il se tenait semblait l'agacer au plus haut point, l'amusant grandement. Elle passa devant lui avec indifférence. Itsuki ne fit rien pour la retenir.

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Le médecin de la première division de Barbe Blanche prit place sur la chaise en face d'elle, en faisant attention à rester nonchalant, essayant d'imiter le flegme de son commandant. Peine perdue… Marco, le phénix, était inimitable… Il sourit à l'infirmière qui le toisa dès qu'elle releva la tête de son potage. Il attrapa son morceau de pain et croqua dedans.

« Dites-le si je gêne ! » siffla la jeune femme, excédée par le comportement insolent, arrogant et familier du pirate.

Personne dans la cafétéria de l'hôpital ne prêta attention à eux. Le personnel était bien trop pressé et les visiteurs bien trop déprimés. Cela convenait parfaitement à Itsuki : il avait la chance de ne pas être interrompu pendant sa seconde tentative de recrutement.

« Tu ne veux pas savoir ce que je fais ici ? questionna-t-il en ignorant sa petite remarque acerbe.

- Le tutoiement n'a pas lieu d'être : on ne se connaît pas. Et ce que vous faites de vos fesses ne m'intéresse en rien ! Vous pourriez très bien être venu pour vous faire dépigmenter l'anus que je m'en ficherai bien ! claqua-t-elle fermement, en prenant, cependant, garde à ne pas élever la voix.

- Mon capitaine a besoin d'une nouvelle infirmière. Il m'a envoyé ici voir si quelqu'un pourrait correspondre à ce poste et…

- Laissez mon déjeuner en paix ! Fichez le camp d'ici ! Votre vie ne m'intéresse en rien ! le coupa-t-elle alors qu'il volait ses frites et sa sauce.

- J'ai passé des heures à chercher quelqu'un qui pourrait convenir et… continua-t-il en dédaignant la remarque de la brune.

- Même pas en rêve ! » s'exclama-t-elle, faisant sursauter quelques personnes autour d'eux.

La femme abandonna son plateau et quitta le réfectoire précipitamment, ne désirant qu'une chose : être le plus loin possible du pirate.

Itsuki sourit, nullement inquiet de ce second échec… Après tout, il venait de gagner un repas gratuit.

I&L

Installé confortablement dans le pauvre fauteuil du salon, Itsuki sourit en entendant la clé tourner dans la serrure. La jeune femme pénétra dans sa petite maison avec un soupir fatigué.

« On est pas censé dire : je suis rentré… Ou un truc comme ça ? » déclara doucement le pirate.

Un cri strident lui répondit et il s'empressa d'esquiver les objets qu'elle lançait au visiteur indésirable. Soudain, le calme remplaça le chaos, surprenant le médecin qui sortit de derrière le fauteuil. Il la dévisagea et lui sourit. Sa bouche était grande ouverte, soufflée par le culot de cet homme à s'immiscer autant dans sa vie. Il allait finir par la rendre complètement folle et paranoïaque.

« Bonsoir, reprit-il poliment en décidant d'adopter une nouvelle méthode. Tu ne m'as pas laissé finir, alors je me devais de te retrouver pour finir cette conversation…

- Mais vous allez me foutre la paix ! hurla-t-elle, furieuse. Je ne veux pas être pirate ! Je veux sauver des vies, pas en tuer ! Dégagez de chez moi, charlatan ! »

Essoufflée par cet excès, elle ne remarqua pas le visage du pirate se fermer face à l'insulte qu'elle venait de proférer. Elle ne le vit pas non plus s'approcher d'elle à une vitesse impressionnante, ni dégainer le poignard qui était à peine dissimulé à la ceinture de son pantalon. Tout ce qu'elle comprit, c'était qu'elle était dorénavant clouée au sol et sur le point de se faire tuer. La lame appuya un peu plus sur la chair de sa gorge, alors qu'il prenait à nouveau la parole, mais sa voix chaleureuse était maintenant aussi tranchante que la lame qui s'apprêtait à lui ôter la vie.

« Vous avez raison : jamais vous ne pourriez rentrer dans un équipage de pirates. Vous n'êtes qu'une faible femme inutile et sans avenir. »

Ses mots frappèrent l'infirmière avec une telle force qu'elle en resta muette. Il la relâcha et quitta la maison en claquant la porte.

I&L

Nanmin no Shima, deux jours plus tard.

L'infirmière souriait tranquillement, profitant de cette douce soirée de repos. Assise dans un bar en compagnie de quelques collègues, elle avait décidé de se changer les idées et d'accepter l'invitation de politesse d'une des filles, qui avait été plus que surprise en la voyant acquiescer. Ce soudain changement n'avait rien à voir avec un pirate arrogant et charlatan… Du moins, c'est ce dont elle essayait de se convaincre.

Alors qu'elle allait interpeller le serveur pour commander à nouveau, un groupe d'hommes assez importants pénétra dans la taverne. La plupart des habitués se turent et les détaillèrent. Le groupe d'infirmière ne fit pas exception. La brune entendit quelques-unes de ses collègues baver sur certains d'entre eux, qui, elle devait bien l'admettre, étaient très séduisants. Elle eut un sourire amusé quand un homme à la coupe de banane leur envoya un clin d'œil faisant glousser toutes les infirmières, sauf elle.

La jeune femme était bien trop éberluée pour prêter attention au charmeur. Ses yeux perçants étaient posés sur un homme qui commençait à lui devenir bien trop familier à son goût. Aussitôt, les images de leur dernière altercation refirent surface. Un goût amer envahit sa bouche, qu'elle s'efforça de faire disparaître en vidant son verre d'une traite sous les yeux stupéfaits des autres membres de son équipe.

La brune fut patiente, très patiente. Elle serrait les dents, priant pour que les pirates comprennent qu'ils étaient bien trop bruyants et qu'ils gênaient les habitués. Personne n'osait leur dire… Elle comprenait. Il faudrait être fou pour aller dire à un tel groupe de hors-la-loi de baisser le volume. Pourtant, elle se sentait bouillir dès que ses prunelles se posaient sur ce dos.

« Ils peuvent pas la boucler ! » grogna-t-elle, exaspérée, ne comprenant pas un traite mot de ce que racontait son amie assise en face d'elle.

Immédiatement, ses collègues lui intimèrent de se taire.

« Tu veux nous tuer ?! s'exclama l'une d'entre elle, visiblement apeurée.

- Il s'agit de Barbe Blanche et de ses fils, gamine, intervint la chef du groupe âgée d'une cinquantaine d'années.

- Et alors ? soupira-t-elle.

- C'est un empereur. Il vient de réussir à s'approprier notre île, expliqua-t-elle faisant frissonner les plus jeunes infirmières.

- On va les laisser nous diriger ?! s'indigna la Némésis d'Itsuki.

- Tu ne comprends pas, Lady. Être sous la protection d'un empereur est l'un des meilleurs moyens de survivre. Les marines ne viennent pas dans le coin… On est donc souvent la cible de tarés assoiffés de richesses et de gloire… Barbe Blanche est si puissant que son nom à lui seul nous protégera. C'est un mal, pour un bien », confessa l'ancienne.

La jeune femme grimaça. Elle n'était pas sûre que ce soit la meilleure solution, mais elle ferait l'affaire pour le moment. Elle soupira à nouveau et grignota tranquillement. Un rire grave la fit sursauter et elle se tourna vers celui qui s'esclaffait. Elle ne s'étonna pas que ce rire si peu discret appartienne à ce médecin de pacotille.

Énervée par leur dernière rencontre, elle vida son verre et se leva prestement, surprenant ses collègues. Lady se dirigea vivement vers l'arrogant, oubliant ses amies qui lui ordonnaient de revenir avec elles. Elle se plaça derrière lui, et tapota, gentiment, son épaule. Il se tourna vers elle et leurs regards se croisèrent.

Elle le vit ouvrir la bouche à plusieurs reprises et fut satisfaite de son soudain mutisme. Elle eut un petit sourire en coin en se disant qu'elle devrait boire plus souvent. Elle ne s'aperçut pas du soudain silence qui était tombé sur les pirates et défia Itsuki du regard, avant de lui coller une baffe magistrale. Sa tête valsa à l'opposé de la main de l'infirmière, qui fut fière du son que le geste venait de produire.

Les pirates de Barbe Blanche et leur capitaine ne firent pas un bruit, ni un geste. Ils étaient bien trop hébétés par cette soudaine agressivité. Lady entendit clairement les cris étouffés de ses collègues. Itsuki plongea ses yeux dans les siens, et elle lutta pour refouler les frissons causés par la froideur qui gelait les prunelles de son interlocuteur.

« Connard ! »

Sa voix claqua, assommant un peu plus le pirate. Elle se détourna de lui, fouettant le visage du médecin avec ses cheveux. Sa sortie fut magistrale et se déroula dans le plus grand des silences. Pourtant, quand elle se retrouva dans la rue, elle ne put pas louper un rire tonitruant, plus puissant que les autres qui avaient éclaté dès qu'elle avait passé la porte.

I&L

Moby Dick, port de Nanmin no Shima, quelques jours après l'épisode de la taverne.

Itsuki soupira et salua deux de ses frères qui se dirigeaient vers la proue du navire. Le médecin était plus que soulagé d'enfin quitter cette île. Il avait hâte que ses frères oublient l'incident de la taverne. Il ne désirait qu'une chose : effacer de sa mémoire cette jeune femme aux yeux si magnifiques. Le pirate se secoua et actionna la poignée de la porte de l'infirmerie. Le battant s'ouvrit tout seul, surprenant l'homme qui fit un pas en arrière pour ne pas se cogner dans la personne qui désirait sortir de la pièce.

Lady sourit à l'infirmière en chef et se tourna sur le pont. Elle se statufia sur place en écarquillant les yeux, puis déglutit. Elle ne pensait pas se retrouver aussi tôt en face de lui. Ils étaient tous les deux hébétés par cette rencontre. Chaque cellule de leur corps était consciente de la présence de l'autre. Le pirate de la première division la dévisageait, noyé dans ses yeux.

« Ah, oui… Père m'a raconté votre… Mésentente, dirons-nous, déclara la vieille femme, taquine. Je vais vous présenter officiellement : Itsuki, je te présente Lady. À partir d'aujourd'hui, elle fait partie de mon équipe d'infirmière. Lady, voici Itsuki, membre de la première division qui est sous les ordres de Marco, le second de l'équipage. Il fait partie aussi des nombreux autres médecins que tu croiseras. »

L'homme en question reprit contenance alors que Setsuko dévoilait leur identité. Son visage se ferma et il s'écarta tranquillement du passage. Il ne résista toutefois pas à agripper le fin poignet de la nouvelle et de lui susurrer ces quelques mots :

« Je vais lancer les paris pour savoir combien de temps, tu tiendras avant d'abandonner ou de te faire tuer, peste. »

Le médecin s'éloigna, un léger sourire méprisant assombrissant les traits de son visage. Il vit Setsuko sur le point de prendre la parole, mais Lady sembla décidée à ne pas laisser sa supérieure hiérarchique la protéger du venin de l'homme.

« Peste ?! Vous ne pouvez pas trouver mieux ?! Moi qui pensais que les pirates avaient un peu plus de répartie et de vocabulaire… » soupira-t-elle, faussement déçue tout en gardant un calme olympien.

Lady se défit de son emprise dans un simple tour de poignet et suivit l'infirmière en chef qui toisa le subordonné de Marco. Itsuki sentit son sang bouillir et ses poings se crisper alors qu'il observait la brune disparaître dans le quartier des infirmières.

« Petite conne. »

I&L

Moby Dick, quelques semaines après l'arrivée de Lady, infirmerie.

Lady courait en tous sens pour aider les médecins à soigner les blessés. Elle n'avait aucun mal à entendre les coups de canon, les tirs des pistolets, les épées qui s'entrechoquaient, ainsi que les cris des pirates qui combattaient vaillamment pour défendre leur valeur et leur maison.

Setsuko était venue chercher ses filles pour qu'elles donnent un coup de main aux pirates, car ces derniers étaient débordés par la situation. Soudain, tout bascula. Des cris retentirent. Ce n'était plus des beuglements de douleur, mais d'avertissement. Elle se détourna de l'homme qu'elle était en train de recoudre et qui était inconscient. Ses yeux tombèrent sur un ennemi qui venait de défoncer la porte.

Les pirates tentèrent de le faire reculer, mais, handicapés par leur état, ils se firent balayer comme s'ils n'étaient que des insectes. Un médecin tenta de lui injecter le contenu de sa seringue, mais il se fit transpercer par l'épée de l'intrus. L'homme assoiffé de sang l'envoya voler et le fils de Barbe Blanche atterrit non loin d'elle. Instinctivement, elle fit un pas en arrière, apeurée. L'adversaire s'avança pour achever le blessé qui crachait du sang et l'infirmière entendit les battements de son cœur s'accélérer. Elle se sentit, plus qu'elle ne se rendit compte, se précipiter sur l'inconscient et se placer devant lui, les bras écartés. L'ennemi s'esclaffa et leva son épée. Lady ferma les yeux et attendit la douleur, voire la mort.

L'infirmière sursauta en sentant un liquide chaud gicler sur son visage et elle s'autorisa à regarder la mort en face. Elle ne vit rien. Le corps s'effondra et rejoignit la tête qui roulait sur le parquet de la pièce.

Lady devina que toutes couleurs avaient déserté son visage. Elle combattit courageusement son envie de vomir. Mécaniquement, elle rabaissa les bras et chercha des yeux qui venait de lui sauver la vie.

Ses yeux tombèrent sur Itsuki qui arborait un visage froid, une chemise déchirée et des cheveux emmêlés. Elle ouvrit la bouche pour le remercier, mais le regard noir qu'il lui lança la fit frissonner et ravaler sa reconnaissance.

« Tu sers vraiment à rien. »

Glaciale. Oui, sa voix, dont elle savait à quel point elle pouvait être chaleureuse, était glaciale. Cette chaleur qu'il mettait dans ses mots, jamais elle ne lui était adressée. « Si tu me détestes à ce point, pourquoi ne pas m'avoir laissé mourir ?! », pensa-t-elle en contenant ses larmes et ses tremblements.

« A quoi ça sert de protéger un cadavre ?! » siffla-t-il durement en rengainant son épée.

Lady écarquilla les yeux et se retourna vivement vers le médecin qu'elle avait tenté de sauver. Itsuki disait vrai, l'éclat de vie avait disparu dans ses yeux. Elle déglutit, ne contrôlant plus ses tremblements qui devinrent de plus en plus violents.

Itsuki quitta la pièce sans jeter un coup d'œil en arrière : il devait emmener ses frères blessés aux médecins et infirmières, après leur avoir donné les premiers soins. Le pirate ne put voir les genoux de la brune céder et heurter férocement le parquet. De retour dans le chaos de la bataille, il ne put percevoir les sanglots bruyants et impuissants de la jeune femme.

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Moby Dick, quartiers des infirmières, quelques mois après la bataille.

Marco pénétra dans la salle principale et fut accueillit par des cris perçants et d'autres plus graves. Il soupira et se gratta la nuque, lassé par ces disputes quotidiennes. Dès que l'infirmière et le médecin se croisaient, une tension s'abattait sur eux et finissait, inévitablement, par exploser. Lors d'une réunion avec le paternel et Setsuko, l'infirmière en chef, ils avaient essayé de trouver une façon de régler le problème… En vain.

« Arrête de te croire meilleure que les autres ! Tu n'es bonne à rien ! Même pas foutue de sauver quelqu'un ! »

Le beuglement d'Itsuki le sortit de ses pensées et le fit froncer des sourcils. La réaction de la brune ne se fit pas attendre et sa main s'abattit sur la joue du pirate avec une force qu'il avait rarement vu chez une femme qui n'avait aucune maîtrise dans l'art du combat.

Lady cacha rapidement son visage dans ses cheveux. Pas assez vite pour que le commandant de la première division ne remarque pas ses yeux larmoyants. La brune sortit précipitamment dans la pièce.

Le phénix s'approcha de son subordonné et lui claqua l'arrière du crâne. Itsuki le dévisagea, surpris par cette attitude plus que rare chez le second de l'équipage.

« Tu n'as pas trouvé ça étrange qu'elle nous rejoigne soudainement alors qu'elle avait mis tant d'ardeur à repousser tes offres ? questionna-t-il en soupirant.

- Elle a un truc contre moi depuis la première fois qu'elle m'a vu. C'est moi qu'elle repoussait et non l'offre de Père, répondit le médecin.

- Lady a perdu son frère le lendemain de l'incident de la taverne. Il était sa seule famille. Il est mort d'une maladie incurable. Je l'ai trouvé en pleurs chez elle, en tenant le corps de son cadet », confessa Setsuko qui était restée silencieuse durant leur confrontation.

Itsuki resta silencieux. Une sensation étrange tirailla son cœur. Au départ, ce n'était qu'une gêne, puis, au fur et à mesure que les secondes s'égrenaient, le poids s'alourdit. Il déglutit en comprenant que sa dernière attaque verbale avait fait bien plus mal que ce qu'il attendait. Il n'était pas ravi de cela. Au contraire, il était mortifié d'avoir réveillé d'aussi douloureux souvenir.

Doucement, il la vit sous un autre jour. Il la comprit, enfin un peu. Cette passion qu'elle avait pour ce métier n'était pas de la pure générosité ou de la bonté d'âme. Non. Elle s'y plongeait corps et âme dans l'espoir fou de sauver le dernier membre de sa famille. Cette froideur qu'elle affichait n'était qu'un masque pour cacher la peur qui la rongeait.

Il devina qu'elle avait dû tout sacrifier pour son petit frère, pour atteindre son but et le sauver. Ce qui le fit penser cela fut la gêne qu'elle avait eut lorsque Père avait organisé cette fête pour son arrivée. Il avait remarqué à plusieurs reprises des rougeurs sur ses pommettes. Elle ne semblait pas avoir déjà participé à ce genre de célébration.

Itsuki se sentit infiniment con et passa une main dans ses cheveux.

« Merde. »

Un grognement de compréhension lui échappa. Marco hocha la tête et lui tapa dans le dos, content qu'il ait compris qu'il avait dépassé les bornes. Setsuko lui offrit un léger sourire. Certaines des infirmières imitèrent leur supérieure, tandis que d'autres continuaient de le dévisager, accusatrices.

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Moby Dick, quartiers des infirmières, quelques semaines après l'altercation.

Itsuki s'avança d'un pas décidé vers la porte menant aux cales privées des infirmières. Il cherchait le médecin en chef depuis quelques minutes déjà et avait épuisé tous les endroits possibles où il aurait pu le trouver. Le pirate de la première division espéra que son supérieur n'avait pas déjà mis pied à terre pour profiter de l'île sur laquelle ils venaient d'accoster. Il soupira.

Le subordonné de Marco avait fait de son mieux pour ne pas être en contact avec la jeune recrue des infirmières, mais son plan venait de tomber à l'eau. Il ne s'était toujours pas excusé pour les paroles blessantes qu'il avait formulées. Le phénix avait beau insister, le médecin trouvait toujours une bonne excuse pour se défiler.

« Tu es sûre ? »

Itsuki se figea devant la porte et remarqua que celle-ci était légèrement ouverte. Assez pour qu'il perçoive sans trop de difficulté la voix de Setsuko. Sa raison et son respect pour la femme le poussaient à s'en aller, mais sa curiosité explosa et balaya ses bonnes résolutions quand il entendit ensuite la voix de Lady :

« Oui, c'est mieux ainsi »

Sa voix était hachée. Elle semblait avoir du mal à parler. Cette conversation semblait ne pas être singulière et cela poussa le pirate à faire un pas en avant pour ne pas perdre un instant de la discussion qui se déroulait.

« Bien… J'ai déjà dit tout ce que je pouvais pour te retenir… Tu as fait ton choix… »

Setsuko soupira, fatiguée et triste. Itsuki fronça des sourcils, essayant de chasser cette étrange appréhension qui le tiraillait.

« Prends ce numéro de den-den mushi… Si tu as besoin, n'hésite pas… Père t'est reconnaissant pour le travail que tu as fourni… »

Plus aucun mot ne fut échangé… Ou alors, il ne les perçut pas. Par contre, il entendit parfaitement des pas se rapprocher de lui. Il reprit alors son chemin vers la proue et se cacha dans l'ombre, guettant une certaine brune. Il ne savait pas ce qui le poussait à agir ainsi… La culpabilité ? Peut-être. Quand Lady entra dans son champ de vision, il ne la lâcha plus et la suivit.


''Un baiser est un tour délicieux conçu par la nature pour couper la parole quand les mots deviennent superflus.''

- Ingrid Bergman

Itsuki attendait patiemment que les larmes, qu'il percevait derrière la porte des toilettes, se tarissent. Il s'était adossé au mur qui se trouvait en face de la cabine qu'occupait actuellement Lady pour cacher ses sanglots. Il patientait, écoutant la détresse de la jeune femme dans le plus grand des silences. Il avait l'impression d'être un voyeur. Il assistait sûrement à l'un des rares moments que la jeune femme s'offrait pour exprimer ce qu'elle ressentait réellement.

Le pirate se redressa légèrement en entendant le battant être déverrouillé. Il garda néanmoins une attitude nonchalante et laissa ses mains dans ses poches. C'était plus fort que lui. Il adorait l'énerver. Il trouvait cela bien trop amusant pour arrêter. Il aimait arriver à percer sa carapace et la faire sortir de ses gonds. Ce n'était pas sain de garder autant de choses enfouis en soi.

Lady s'avança vers les lavabos en essuyant les dernières traces de cet instant de faiblesse. Elle redressa la tête et se retrouva sonnée par la présence du médecin de la première division face à elle. Elle ne put s'empêcher de remarquer qu'il avait, encore, les mains dans les poches et cela la fit tiquer.

Soudainement, elle se rappela ses yeux rouges et elle se détourna vivement de lui pour ne pas qu'il la voit ainsi. Il a dû entendre… Lui souffla sa conscience. Elle s'empressa de bâillonner sa raison et de l'enfermer dans un coin de sa tête. Sa fierté était bien trop entaillée pour faire face à une nouvelle humiliation.

« Ce sont les toilettes des dames, ici ! claqua-t-elle en y mettant le plus de froideur possible pour le faire déguerpir.

- Merci, je sais lire… dit-il d'une voix traînante comme si cette information n'avait pas d'importance.

- Vraiment ?! Moi qui pensais que tu n'avais pas assez de neurones pour développer cette capacité ! » railla-t-elle.

Itsuki soupira. Il nota, cependant, le changement dans sa façon de s'adresser à lui. Elle ne le vouvoyait plus, mais le tutoyait. Curieux, il se demanda ce qui l'avait poussé à cela. Agacé de parler à son dos, il la retourna. Ses mots moururent avant d'avoir franchi ses lèvres quand il fut confronté à ses yeux larmoyants.

Le pirate constata que ses prunelles ne reflétaient plus ce qu'elles voyaient à cause des larmes. Il déglutit. Il n'avait pas pour habitude de consoler les femmes… Celles qu'il côtoyait ne pleuraient pas durant le peu de temps qu'il passait avec elles. Alors qu'il cherchait la meilleure façon de s'y prendre, Lady reprit un peu contenance en utilisant sa colère pour calmer ses sanglots.

« Quoi ?! Tu as d'autres choses immondes à me balancer à la figure ?! »

Le subordonné de Marco expira à nouveau bruyamment. Il s'aperçut qu'il n'était pas rare qu'il soupire en sa présence. Il le faisait de plus en plus souvent depuis qu'elle était entrée dans sa vie. Face à cette attaque, l'homme réfléchit. Est-ce qu'il avait été aussi monstrueux qu'elle semblait le croire ? En y repensant bien, il s'était emporté plus d'une fois. Maintenant qu'il connaissait son passé, il comprenait mieux la façon dont elle avait eu de le repousser… Il était en tord. Il l'avouait. Mais elle n'était pas totalement innocente dans l'histoire, non plus.

« Tu vas me lâcher, oui ! » cria-t-elle en se débattant.

Itsuki le sentit. Il allait répliquer. Connaissant leur passif, il était certain que ce qu'il lui dirait ne serait pas tendre. Alors, il changea de méthode. Dans un geste impulsif, pas du tout réfléchi, il captura avec autorité ses lèvres, étouffant dans l'œuf ses remontrances.

Ce baiser avait pour but de la faire taire, et c'était un succès, mais il n'avait pas prévu que cela réveillerait certaines pulsions en lui. Instinctivement, ses mains glissèrent de ses épaules, frôlant ses bras. Il agrippa ses hanches et la plaqua contre lui. Son sang se mit à bouillir alors que Lady répondait avec ardeur à cette chorégraphie éternelle qu'ils dansaient. Les doigts froids du médecin se faufilèrent sous le t-shirt et cela fit frissonner la jeune femme.

Elle repoussa le pirate. Le souffle court, elle secoua la tête pour se remettre les idées en place. Ce geste fit sourire Itsuki. Il aimait briser ce masque qu'elle portait en permanence. Il adorait la faire réagir. Il fit, à nouveau, un pas vers elle.

« Sois gentille et accepte mes excuses… »

Un doux murmure qui troubla l'infirmière. Sa voix s'était faite caressante, lui donnant une certaine chaleur. Cela la perturba. Depuis leur altercation dan son ancienne demeure, il s'était toujours adressé à elle d'une manière lapidaire. Son échine fut parcourue d'un frisson. Elle appréciait cette voix rauque et chaude bien plus qu'elle ne l'aurait pensé. Une vague de chaleur caressa sa peau.

Elle releva les yeux vers ceux bleus du médecin. Quelque peu assombris par le désir, ils la dévisageaient. Cela la laissa pantoise. Aucun homme ne l'avait encore regardé ainsi. Elle se mordit la lèvre pour garder les pieds sur terre. Itsuki savait parfaitement jouer de son charme.

« Tu ne t'es pas excusé ! »

Lady fut fière d'elle : sa voix n'avait pas montré sa confusion.

« T'es chiante ! »

L'infirmière fronça des sourcils. Voilà qu'ils étaient à nouveau en train de s'insulter… C'était quoi leur problème ?! Pourtant, elle remarqua cette lueur amusée dans les prunelles de son vis-à-vis et ce discret sourire en coin.

« Et toi, tu es un enfoiré ! »

Lady sentit une pointe de suffisance faire gonfler son cœur quand elle vit les lèvres du pirate s'étirer véritablement pour lui offrir un sourire éclatant. Elle le vit se pencher à nouveau vers elle et comprit son intention. Elle détourna la tête.

« Barbe Blanche a interdit à ses fils de toucher ses infirmières, le dissuada-t-elle, en vain…

- Mais tu as quitté l'équipage, non ? Tu n'es plus sous la protection de Père… » chuchota-t-il.

Il réduisit l'espace qui régnait entre eux. Le baiser ne dura que quelques secondes. Il dut faire preuve d'un sérieux contrôle de soi pour ne pas la plaquer contre la porte de la cabine des toilettes.

« Reviens, souffla-t-il. Tu seras en sécurité avec nous… Ta vie sera bien plus passionnante à nos côtés…

- En sécurité ?! J'ai failli y passer une dizaine de fois et ça ne fait que quelques mois que je suis avec vous ! D'ailleurs, pourquoi tu veux que je revienne ?! Tu me détestes !

- T'es vraiment casse-pied ! »

Itsuki avait le choix. L'embrasser à nouveau et céder à ses pulsions ou combattre ses envies et la ramener auprès de Père, là où elle serait en sûreté. Son choix se fit rapidement. Il attrapa d'une main le sac de la jeune femme et prit sa main dans l'autre. Il l'entraîna sans un mot sur le Moby Dick.

Lady, interloquée, détailla le dos de cet homme qu'elle trouvait bien trop compliqué. Il avançait le dos droit, sans hésiter. Il les ramenait au navire, à sa maison. Un sourire confiant fleurit sur les lèvres de la jeune femme. Elle resserra ses doigts sur cette grande main qui la guidait.

Quand il lui rendit cette petite étreinte, elle sut que tout était oublié. Ils recommençaient de zéro, décidant de se donner une seconde chance. Elle accéléra le pas et se plaça à sa hauteur, lui tirant un petit sourire.

I&L

Proue du Moby Dick.

Barbe Blanche avait organisé une petite fête à l'avant du navire. Il n'y avait pas de raison officielle, mais Itsuki savait qu'il était heureux de revoir parmi eux celle en qui il fondait de grands espoirs. Le médecin de la première division se tenait un peu à l'écart, observant tout ce petit monde s'agiter joyeusement et profiter simplement de ces moments de paix.

Marco le rejoignit et lui tendit un verre que le phénix s'empressa d'avaler.

« Comment tu as fait pour la convaincre ? » interrogea son commandant.

Cela ne surprenait guère Itsuki que le second de l'équipage sache qu'il était responsable du retour de Lady. Il ne répondit pas de suite et laissa ses yeux se perdre dans l'amas de vêtements roses qui entouraient son Père. Ils se posèrent sur une silhouette bien particulière. En détaillant Lady, il donna une réponse à Marco qui attendait patiemment :

« Je ne sais pas… avoua-t-il s'attirant un haussement de sourcils de la part de son commandant. Je pense que mes arguments l'ont atteint, ajouta-t-il. Où pourrait-elle aller ? Nous sommes la meilleure option qu'elle a pour le moment… »

Le phénix acquiesça. Le raisonnement de son médecin de division était logique et cela lui suffisait. Il abandonna son frère à sa contemplation et rejoignit le commandant de la quatrième division qui était en train d'organiser un concours de saké.

Itsuki soupira et continua d'observer la jeune femme qui riait avec Setsuko. Pourquoi avoir cédé ? Il allait devoir combattre cette envie de recommencer, maintenant. S'il fermait les yeux, il avait l'impression qu'il pouvait encore y retourner. Ressentir à nouveau son souffle sur sa peau. Voir les frissons qu'il faisait naître sur sa peau qui semblait si douce. Se perdre dans ses yeux fantastiques. Goûter ses lèvres si bien dessinées.

Il se mordit la joue pour se reprendre. Il n'aurait pas dû y repenser. Il secoua la tête, chassant les images qui venaient d'y prendre place.

Soudain, il croisa ses prunelles qui, il en était sûr, le reflétait parfaitement. La jeune femme esquissa un petit sourire timide, mal à l'aise à son attention. Durant quelques secondes, il est tenté de reprendre ses vieilles habitudes et de lui lancer un regard glacial. Pourtant, c'est un sourire sincère qu'il lui offrit. De son poste d'observation, il la vit entrouvrir la bouche, hébétée par cette nouvelle attitude. Il leva alors son verre dans les airs vers elle et lui fit un léger signe de tête.

Itsuki rompit le contact visuel et se dirigea vers son commandant. Noyer ses fantasmes dans l'alcool serait une excellente idée. Il fallait qu'il oublie tout ça. Ces baisers avaient été des erreurs, agréables, certes, mais des erreurs. Lady appartenait à son Père. Itsuki avait bien trop de respect pour Barbe Blanche pour enfreindre ses lois. Cela ne resterait qu'un rêve. Un doux, sensuel et fabuleux songe.


Publié le 08/02/2018.

La seconde et dernière partie sera publié durant la semaine du 12/02/2018.