La jeune fille se réveilla en sursaut, le visage couvert de sueur. Les yeux grands ouverts, elle scruta l'obscurité, le ventre noué, l'image de son cauchemar implacablement ancrée dans la tête.
Lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit brusquement, elle poussa un jappement de frayeur.
« Je vais bien, maman…
- Mais… je t'ai entendue hurler !
- C'était juste un cauchemar.
- Encore ? C'est le quatrième en moins d'une semaine ! »
La voix de sa mère avait une note plaintive et inquiète. La jeune fille n'avait pas envie de l'entendre geindre et déplorer combien sa propre fille était une ingrate qui ne se laissait pas dorloter. Pas cette nuit.
« Je me rendors tout de suite, ne t'inquiète pas, dit-elle, agacée.
- D'accord, mais si tu as un problème, appelle-moi…
- C'est promis, soupira-t-elle.
- Bonne nuit…
- C'est ça ! »
Sa mère referma doucement la porte, laissant l'obscurité envahir de nouveau la petite pièce.
Elle ferma les yeux, pour les rouvrir aussitôt. « Son » visage ne cessait de la hanter, à tel point qu'elle fit un effort pour se rappeler tous les détails de son rêve. « Le quatrième en moins d'une semaine ». Sa mère était imprécise : en fait, c'était le quatrième en quatre nuits…
L'homme, elle en était sûre à présent, était celui qui revenait chaque nuit et, chaque nuit, elle se réveillait en nage, toujours avant qu'il ne la rattrape et ne la frappe de sa griffe, cette affreuse griffe qu'il faisait crisser sur la moindre parcelle de métal. Mais cette nuit…Ce souvenir lui donna la nausée et, machinalement, elle porta la main à son estomac. Son geste, quoique naturel, lui arracha un hoquet de surprise : à cet endroit, sur le T-shirt découpé comme par quatre lames de rasoir, s'étalait une large tache de sang, encore humide.
Sa main était barrée d'une large marque brunâtre…
