Corail
Le sourire un peu fou de Kardia déserta lentement ses lèvres.
Autour de lui, l'Atlantide, domaine du Dieu des mers s'écroulait lentement.
Ho, il ne s'écroulait pas vraiment, après tout un Domaine ne mourrait qu'avec la disparition de son maitre, mais au moins se perdait-il tout ce qui avait pu en fait un élément vivable pendant quelques heures.
Bientôt, l'air aurait fuit et les poissons retrouveraient leur lieu de villégiature.
L'ami de Dégel était partit avec l'orichalque et eux… eux allaient rester là à mourir….
Kardia ne savait même pas si la brulure qu'il sentait dans ses veines était celle de son sang enflammé ou celle de son cœur arrêté.
Il se savait mourant mais s'accrochait encore.
Juste quelques minutes… C'est tout ce qu'il lui fallait….
Il était un chevalier, il pouvait tenir, même avec un cœur explosé sous la pression de son propre sang.
Lentement, il se traina à l'intérieur.
Degel était là, immobile.
Comme lui, sa vie tenait encore à un fil, aussi ténu qu'un fil d'araignée… mais tout aussi résistant tellement l'un comme l'autre étaient bornés.
"- Hé…"
"- Hé toi-même." Murmura Dégel en cherchant son souffle.
Ses poumons étaient presque totalement gelés.
Kardia se laissa tomber à genoux près de lui.
"- Allez viens !"
"- Pourquoi faire ?"
"- Ouai, on va mourir. Je sais." Sourit Kardia, toute son impudence retrouvée.
Sa vision se tachait déjà de noire.
"- Mais je veux pas crever ici, c'est moche."
Dégel fit un effort qui le laissa a moitié mort étouffé mais parvint à se lever.
Cahin-caha, appuyés l'un sur l'autre, les deux chevaliers parvinrent à se trainer jusqu'à l'extérieur du temple de Poséidon.
Ils descendirent les marches comme ils purent puis se laissèrent tomber près d'un rocher.
Assit l'un près de l'autre, ils restèrent silencieux.
"- T'as vu ? Le plafond d'eau descends."
"- Mmmm…"
Les poumons presque entièrement prit par la glace, Dégel refusait de perdre la moindre molécule d'oxygène pour accompagner son vieil ami aussi longtemps que possible. Pourtant, il savait que la conscience l'abandonnerait dans peu de temps.
"- A ce rythme, on sera noyés d'ici une demi-heure."
Dégel ne répondit pas.
Avec un sourire désabusé, Kardia l'attira contre lui pour que le visage du Verseau repose contre son cou.
Pendant quelques minutes, il sentit sur sa peau le souffle irrégulier et glacé de son ami, de plus en plus lent et pénible, puis plus rien.
Rapidement, le corps contre lui se refroidit.
Lui-même ne voyait plus grand-chose. Son cœur avait finit par s'arrêter pour de bon. La torpeur l'envahissait petit à petit. Même si Athéna elle-même lui avait ordonné de se lever, il ne l'aurait pas pu.
A peine eut-il la sensation de l'eau qui remontait le long de ses jambes avant que toute couleur déserte sa vue.
Puis ses autres sens l'abandonnèrent l'un après l'autre sans vraiment qu'il ne s'en inquiète. Il avait eut le combat qu'il voulait, il avait à présent une mort plus paisible qu'il ne l'espérait.
La seule chose qu'il regrettait était la présence de Dégel près de lui.
Il aurait préféré qu'il survive, lui. Il le méritait.
Ses doigts gourds se refermèrent une seconde sur la taille du cadavre du Verseau avant que toute force ne les déserte.
Tant pis, quand on était chevalier, on ne décidait pas de sa mort et encore moins de celle des autres….
Ses yeux se fermèrent sans qu'il ne s'en rende compte. Il ne voyait déjà plus de toute façon.
Lorsque la respiration du scorpion s'arrêta, il avait de l'eau jusqu'à la taille.
Lorsque son cerveau cessa de fonctionner, il en avait jusqu'au cou.
Au moins la mort aurait été miséricordieuse en leur épargnant la noyade.
Lorsque les premiers polypes de corail se posèrent sur leurs corps pour s'en nourrir et s'y reproduire, leurs armures les avaient abandonnés depuis longtemps.
