Firetail

Presentations:

Le dortoir était silencieux. Quatre griffondors de dix-sept ans y dormaient paisiblement.
Dormaient ? Tous les quatre ? Il était très exactement 05h58, et l'un d'entre eux, qui occupait le deuxième lit sur la droite à partir de la porte d'entrée, ne dormait pas. Bien au contraire, ses yeux étaient grands ouverts, et fixaient sans ciller le réveil argenté posé sur sa table de nuit, à sa gauche. Il attendait, ne clignait presque jamais les yeux, ne respirait que très discrètement... à 6h00 pile, il se leva silencieusement et lestement, récupéra ses affaires de toilettes posées au pied de son lit, pour se diriger vers la salle de bain.
A peine entrée il se dirigea vers la glace juste en face de l'entrée et observa son reflet, impassible. Il était grand et svelte, sa peau avait un teint de jeune fille, son visage était fin et lisse. Son nez était droit et aristocratique, sa bouche rose pâle et artistement dessinée, et ses yeux étaient deux grandes billes beiges. Cette couleur délavée ressortait admirablement grâce à ses sourcils d'une finesse étonnante et ses cheveux roux et légèrement bouclés qui encadraient ce parfait tableau.
Il ouvrit les robinets avec soin : un tour pour l'eau chaude, un tour pour l'eau froide. Il attendit que l'eau soit parfaitement tiède avant de se laver consciencieusement les mains, le visage et la nuque. Il ferma, toujours soigneusement, les robinets, puis prit sa serviette pliée en quatre, la déplia lentement et se sécha parfaitement. Sur le même modèle de soin il se brossa les dents et s'habilla de son uniforme (la cravate bien nouée, la chemise rentrée dans le pantalon et les chaussure cirées aux lacets fermement ficelés). S'en suivit la partie la plus importante : se coiffer. Joshua Cash était un maniaque par excellence. Tout devait être parfait, mais avant tout et surtout ses cheveux. Jamais un épis, une mèche qui ne soit même que décalée par rapport à la place qu'il lui avait assigné. Ils n'étaient pas bien longs, malgré ce que la mode exigeait durant ces fameuses années 70, non ! Tout devait être parfait. Il se regarda fièrement dans la glace une dernière fois et s'accordait un petit sourire. Joshua, en règle générale, ne souriait jamais vraiment. Ce n'était jamais qu'en coin, passager. Pas qu'il ne soit pas heureux, au contraire, mais il était trop nerveux, crispé, certains disaient aussi « carrément coincé »... Mais ces derniers avaient tort. Il n'était tout de même pas un Maraudeur pour rien ! C'était lui le plus vif d'esprit de la bande, et aussi un peu la mère poule.
En sortant de la salle de bain il soupira face au rituel désordre qui régnait dans le dortoir. Remus terminait de préparer son sac de cours tandis que les deux autres s'habillaient à la va vite pour pouvoir manger plus rapidement.

encore et toujours en retard ces trois là... pensa-t-il avec amusement. Si ils mettaient leur réveil plus tôt... pff, pourquoi je me fatigue ! Après sept ans je pense ne plus pouvoir les corriger.

Les deux « frères d'assiette» comme les appelait Joshua se dirigeaient à grand pas vers la porte, mais le jeune homme ne l'entendait pas de cette oreille.

« Une minute messieurs ! dit il d'un voix calme mais forte en regardant les trois maraudeurs (Remus rejoignait à peine le duo Potter/Black) Remus, ta chemise, Sirius, ton lacet droit, et James... »

Alors que Remus rentrait sagement sa chemise dans son pantalon et que Sirius refaisait son lacet en grommelant, le soudain silence du jeune homme les firent lever la tête. Oh, ce silence, ils en avaient l'habitude, tous leurs matins se déroulaient ainsi. James avait gardé, malgré le fait qu'il été parvenu à sortir avec Lily, le tic de se décoiffer toutes les cinq minutes. Tic que Joshua ne supportait pas. L'état des cheveux de Potter était son cauchemar permanant et il s'était juré qu'un jour il y remédierait. Mais jusque là il n'avait jamais pipé mot au principal concerné. C'est pour cela que la fin de sa phrase était toujours attendue avec impatience, pour voir si il se résoudrait... James le fixait avec un grand sourire, patient.

« Non, rien. Soupira le rouquin en haussant les épaules. Allons manger. »

En chemin, Remus se rapprocha de lui.

« Franchement, Firetail, tu devrais le lui dire ! fit remarquer le lycanthrope avec un sourire engageant.
Je sais, mais je n'y arrive pas. Décréta Joshua. Oh, Moony, tu ne veux pas m'aider ? »

Il était aussi rare d'entendre Cash demander de l'aide que de l'entendre rire aux éclats, ce qui n'était pas peu dire. Aussi Lupin accepta-t-il sur le champ d'aider son compagnon. A croire que le désordre le faisait souffrir. Remarquez, Remus ne refusait jamais rien à Joshua, qui était à peine plus jeune que lui de quelques mois. La vérité était que Remus admirait le garçon. C'était un aristocrate, bien que non sang pure comme Sirius, et était toujours plein de délicatesse, de politesse et de galanterie au besoin. Bref, tout le contraire de Patfoot. En plus de cela, sa vue était plus aiguisée encore que le loup-garou, et voyait le moindre petit défaut en trois misérables secondes. Un vrai regard d'attrapeur, comme le soulignait avec enthousiasme Prongs, qui lui était poursuiveur. Mais Joshua avait toujours refusé de jouer. Il avait le vertige.

« Alors, quelle est ton idée ? demanda Joshua en se servant un demi bol de café noir à Remus qui picorait sans trop d'enthousiasme, perdu dans ses réflexions.
Un défi, je t'en parlerais tout à l'heure... fit vaguement le garçon avec un grand sourire, voyant la tête curieuse du fameux ébouriffé de service.
Vous parlez de quoi, les conspirateurs ? demanda Black avant d'engloutir son croissant d'un trait.
Des cours. Répondit calmement Firetail avec son mini sourire.
Arg ! Qu'elle horreur ! » S'exclamèrent en même temps Sirius et James.