Remus Lupin avait toujours été un enfant solitaire. Et cette solitude s'était transformée en sentiment de rejet après cette nuit fatidique. Ce soir là, sa vie avait changé, son statut aux yeux de la communauté sorcière avait été rabaissé plus bas que terre. Longtemps il avait sangloté au fond de son lit, il n'était qu'un enfant, il n'aspirait qu'à retrouver ses petits camarades pour jouer avec eux. Il voulait courir à travers champs, crier à s'en éclater les poumons, et par-dessus tout, il voulait avoir des amis. Mais tous s'étaient détournés de lui, soit par peur, soit par interdiction parentale. Alors le petit Remus avait apprit à jouer tout seul, il dessinait, lisait, ne faisait pas de bruit pour ne pas se faire remarquer. Son caractère calme et pondéré s'était développé à cette époque, le jeune enfant préférait se réfugier dans ses rêves, là au moins il pouvait vivre la vie qu'il voulait. Il s'inventait parfois un destin extraordinaire, tantôt haut fonctionnaire au Ministère, tantôt explorateur de contrées sauvages, mais le rêve le plus fréquent, celui qu'il aimait par-dessus tout était de devenir un être normal, faisant sa scolarité comme tout enfant, et menant ensuite une vie paisible. Oui, le jeune Lupin voulait juste être comme les autres. Et bien que cela soit utopique, il ne se départissait jamais de cet espoir.

Et puis un miracle s'était produit, il avait reçu une lettre de Poudlard, la prestigieuse école de sorcellerie lui proposait une place. Il n'avait osé y croire, lui et ses parents s'étant demandé à plusieurs reprise si sa condition l'en empêcherait. Quels parents voudraient que leurs enfants côtoient le jeune lycanthrope ? Il avait lu et relu la lettre, la conservant précieusement elle était son passe droit vers un rêve. Ce rêve qui n'avait pu se réaliser que part la participation et l'ouverture d'esprit d'Albus Dumbledore, directeur de la fameuse école et sorcier renommé. Ce grand homme un peu fou avait crut dans les possibilités de Remus, il lui accordait sa chance. Un entretient spécial avec ses parents et l'illustre sorcier lui apprit qu'un Saule Cogneur serait planté, cachant un passage secret vers une vieille maison de Pré-au-Lard. Cette maison que l'on surnommerait la Cabane Hurlante. Il devrait s'y rendre accompagné par Mrs Pomfresh l'infirmière dévouée de l'école. Il fut convenu qu'elle l'y amènerait avant chaque pleine lune et irait le récupérer le lendemain. Selon son état, il déciderait de suivre les cours la journée suivante. Mais Remus savait déjà que coûte que coûte il se rendrait en cours. Il pouvait bien endurer une nuit de cauchemars et de douleurs tant la promesse d'une vie d'écolier offerte par le lendemain lui semblait merveilleuse.

Il n'osait encore croire à son bonheur quand toute la famille Lupin s'était rendue sur le Chemin de Traverse pour effectuer les achats de la rentrée. Il s'était extasié sur les manuels et il était certain qu'il en dévorerait un grand nombre à peine rentré. Il avait pris plaisir à acheter plumes, parchemins, chaudrons et autres nécessaires à la vie scolaire, mais plus marquant restera sans conteste l'achat de sa baguette. Avec appréhension il s'était rendu chez Ollivander, le meilleur fabriquant de baguettes d'Angleterre, son père le suivait, et son fils devinait sa fierté et son émotion. Lui-même tremblait quelque peu en passant le chambranle de la porte. L'intérieur du magasin n'avait pas d'âge, les boîtes contenant les précieux instruments s'entassaient en équilibre parfois précaire. Les piles montaient jusqu'au plafond et Remus se demanda un instant comment le fabriquant faisait pour s'y retrouver. Mais déjà le vieil homme se montrait, un léger sourire accroché aux lèvres.

-Mr Lupin, dit-il de sa voix grave et profonde, il me semble me souvenir de votre toute première visite. Et maintenant voilà votre jeune fils, que le temps passe, continua t-il dans un soupir.

Ses yeux gris posés sur le petit Lupin brillèrent un instant d'un éclat indéchiffrable, puis il leur tourna le dos, semblant suivre le fil de pensées connues de lui seul. Il se dirigea à pas lents et mesurés vers une étagère et en sortit une longue boite rectangulaire. Remus retint son souffle, dans cette boite se tenait la preuve qu'il n'était pas réduit qu'à sa condition particulière, en tenant cette baguette il devenait un sorcier à part entière. Ollivander lui présenta l'outil, détaillant la baguette, et scrutant avec attention le moment où le futur écolier allait s'emparer de l'objet. Remus s'en saisit d'une main qu'il aurait voulu assurée, d'un geste imprécis il l'agita et elle produit de belles étincelles vertes. Un immense sourire aux lèvres le jeune sorcier se retourna vers son père qui le félicita. Ce qui aurait pu paraitre simple aux yeux de nombreuses familles sorcières revêtait un caractère bien spécial pour les Lupin