Titre: My soul is mine.

Disclaimer : Kingdom Hearts ne m'appartient malheureusement pas...

Résumé : Deux jumeaux physiquement semblables mais que tout oppose : l'un connaît la gloire et la popularité, l'autre la moquerie et la haine. Comment survivre dans un monde de raillerie où personne ne vous aime? Des cours particuliers pourraient-ils changer ça ?

Pairing: Akuroku pour le plaisir de tous ;)

Rating: M pour lemon qui viendra plus tard.

Bêta : Un immense merci à PowZ, ma précieuse flash-bêta qui a su me conseiller, me corriger et m'encourager avec une rapidité impressionnante ! Elle sera donc à mes côtés tout le long de cette fic et je lui en suis très reconnaissante ^^

Dédicace : Cette fic est un cadeau pour Ju5tin3, suite à une discussion je lui ai proposé d'en écrire une pour elle et comme je préfère tenir mes promesses, la voilà enfin ! Merci aussi à elle pour m'avoir proposé sa sœur PowZ en tant que bêta ! J'espère que ça te plaira ^^

Note : C'est la première fic à chapitres que je publie, il devrait y avoir un chapitre par semaine, j'ai un peu d'avance donc je devrais tenir le rythme ! C'est aussi ma première fic sur Kingdom Hearts alors j'espère qu'elle sera convenable ! Sur ce bonne lecture !


POV Roxas

Ma tête semble lourde, si lourde... Un rayon de soleil vient agresser mes yeux. Je cligne un peu, difficilement, puis dans un grognement décide de tirer la couette sur ma tête pour me rendormir.

« Roxas ! Réveille toi, tu vas être en retard ! »

Je soupire, la voix stridente de ma mère m'empêche de retourner au pays des rêves. Il faut que je me concentre sur quelque chose d'agréable... Une montagne de bonbons, ça c'est cool, ça me donne même faim. Un peu trop d'ailleurs.

« Roxas ! C'est pas vrai... Sora, va réveiller ton frère ! »

J'entends un petit cri enthousiaste à travers l'appartement. Je roule des yeux et me relève lentement. Ce n'est qu'à ce moment que je me rends compte de la présence d'une jeune fille dans mon lit. Je reste choqué quelques secondes avant de rechercher les débris de ma mémoire perdue dans mon cerveau. Hier... Hier soir plutôt... Je la regarde attentivement : brune à forte poitrine, un peu ronde avec de jolies hanches et une peau laiteuse. Chose moins habituel, elle est nue, je le suis aussi en fait. Des bribes de souvenirs reviennent peu à peu : une soirée chez Hayner, un peu trop d'alcool, cette brunette qui me matait et pour m'impressionner se déhanchait sur la piste de danse, un Demyx un peu trop railleur, un Hayner bourré dansant sur la table, moi m'avançant pour rejoindre cette fille. Soudain la voisine en colère appelant les flics, tout le monde partant en courant dont moi emportant la brune avec moi, et Hayner obligé de rester chez lui... Pauvre de lui, j'ai peur que son père ne le tue... Il n'avait pas le droit de faire cette fête, il avait juste profité de l'absence hier soir de ses parents mais ils doivent être revenus à l'heure qu'il est, et la voisine n'est pas du genre à se taire sur les événements du soir…

Je me frotte les yeux, les rideaux grands ouverts laissent la lumière rentrer abondamment dans la petite chambre. Malgré les cris de ma mère, la fille dort paisiblement. Chanceuse... Je me lève pour enfiler un caleçon puis entend gratter à ma fenêtre. Sora se tient à la gouttière, sa chambre se trouvant juste à côté de la mienne, il lui suffit de longer le petit mur en s'accrochant bien pour que l'on puisse rejoindre la chambre de l'autre. En soupirant je l'entrouvre pour que Sora, un sourire idiot accroché aux lèvres, m'encourage à me dépêcher.

« Bonjour Rox' ! J'espère que tu as bien dormi ! »

Je grogne un « pas vraiment » et ses yeux s'attardent sur mon lit. Je me place bien en face de lui pour l'empêcher de voir.

« C'est drôle, mais on dirait qu'il y a quelqu'un dans ton lit.

- C'est drôle, mais on dirait que tu as une mauvaise vue. T'as déjà pensé à acheter des lunettes?

- Nan j'te jure, j'ai cru voir une forme bouger.

- Dans tes rêves peut-être. Maintenant laisse moi.

- Mais euuuh ! T'es méchant Roxy !

- Allez oust ! »

Je referme d'un mouvement sec la fenêtre, manquant de lui pincer les doigts et referme les rideaux. Maintenant il s'agit de réveiller la belle au bois dormant. Malheureusement pour elle, je ne suis pas le beau prince venant la réveiller avec douceur dans un tendre baiser. Non, je ressemble plutôt à une sorte de réveil en dix fois pire. Je la secoue au début doucement, puis plus violemment vu son inertie.

« Hey ! Réveille-toi ! Allez euh... Machine, faut se lever là ! »

Elle remue un peu, papillonne des yeux avant de les ouvrir totalement et quand elle réussit enfin, elle me dévisage un moment. Je ris face à sa réaction.

« Oui je sais, j'ai fait la même chose. Rappelle-toi, la fête d'Hayner.

- Hayner... Euh...

- T'sais le mec qui dansait sur la table !

- Oh lui ! Ça y est je me souviens ! »

On rigole quelques secondes en se souvenant de la scène : pris d'une soudaine poussée d'adrénaline, il était monté fièrement sur la table et avait commencé à danser comme un dingue, se déshabillant dans un strip-tease se voulant sexy mais vu la dose d'alcool dans son sang, ses mouvements étaient plus maladroits et drôles à voir qu'autre chose. Finalement, les gens lui envoyaient même des pièces pour l'encourager et dans un fou rire hystérique, il s'est ramassé par terre. J'ai du l'aider à se rhabiller et à tenir debout, mais le spectacle en valait le coup. Pour tout le monde c'est bon, Hayner est officiellement étiqueté : « Le débile dansant sur une table ». On se fixe un moment en souriant, ses yeux glissent sur mon corps, puis elle se regarde et s'aperçoit de sa nudité. D'un geste pudique, elle remonte la couette sur son corps en rougissant. Geste presque futile étant donné la situation, et la nuit que nous avons passé dans ce lit. Je me retourne et m'habille prestement tandis qu'elle fait de même silencieusement. Une douche me ferait vraiment du bien, je sens l'alcool, je ne peux pas aller en cours comme ça. La fille est prête, elle reste plantée à coté lit, gênée, elle ne sait pas où se mettre.

« Désolé de te demander ça, mais ma mère ne doit pas te voir. Tu peux sauter de la fenêtre ? Ça fait un étage c'est pas très haut. »

Elle me regarde, dubitative, se dirige vers la dite fenêtre et y jette un oeil. Elle fronce les sourcils en évaluant la hauteur puis secoue la tête. Elle me montre alors ses talons.

« Je vais me casser la cheville si je saute.

- Tu peux les enlever. »

Elle pose ses mains sur ses hanches, renfrognée.

« C'est aux garçons de s'échapper de cette façon ! Fais moi sortir normalement ! »

Je soupire et me pince l'arête du nez. Fatigante celle là... Je lui propose de prendre une douche, ce qu'elle accepte vivement. Je retire la chaise que j'ai habitude de coincer contre la porte, dans l'éventualité que ma mère force le verrou de ma chambre. En sortant je la ferme à clés et furtivement, on se dirige vers la salle de bain. C'est presque l'heure des cours, pas que je sois pressé ou inquiet de la possibilité d'être en retard, mais la brune elle, insiste pour qu'on se presse. Si bien qu'on décide de prendre notre douche en même temps. On ne se regarde pas, d'ailleurs je ne sais pas si je suis sensé être gêné ou indifférent. Je décide donc de prendre la deuxième option. Je ne la connais pas, ni son nom ni rien à propos d'elle. Je m'en fiche de toute façon, je l'ai peut-être entrevue dans le lycée, mais je n'en suis même pas sûr. Enfin bon, c'était juste pour un soir, une de ces filles qui se retrouvent dans mon lit quand j'en ai simplement envie, rien de très inhabituel, je n'ai d'ailleurs qu'un vague souvenir de nos ébats de cette nuit. Peu importe qui elle est, je ne pense pas qu'elle sache qui je suis non plus. Rapidement, on sort de la douche, j'enfile mes vêtements propres et reviens dans ma chambre.

« Je vais nous chercher quelque chose à manger, reste là. »

Elle hoche la tête. J'ouvre la fenêtre avant de partir pour aérer la chambre qui empeste. Je descend les escaliers quatre à quatre et arrive dans la cuisine. Ma mère pousse un soupir de soulagement.

« J'ai cru que tu ne te lèverais jamais ! »

Je marmonne un « oui oui » et choppe un paquet de gâteaux, m'apprêtant à remonter quand sa voix retentit.

« Tes notes sont désastreuses Roxas, j'ai reçu le rapport de conduite que tu as voulu me cacher. J'ai employé un professeur particulier. Tes cours commencent demain. »

J'essaye de protester mais elle me coupe d'un geste sec.

« J'ai déjà tout préparé, si tu ne veux pas finir à la rue, tu devras suivre ces cours. »

Je soupire, elle reprend sa lecture du journal en m'ignorant. Génial, je vais bien m'amuser. Je retourne dans ma chambre voir la fille. On attend silencieusement que ma mère aille dans la salle de bain avant de se précipiter dehors. Je sépare les gâteaux en parts égales pour les donner à la fille qui détale après les avoir reçu. Pas moins de 5 minutes plus tard, Sora me rejoint en criant. Il arrive essoufflé à mon niveau et commence à me raconter son rêve. Je l'écoute à peine et ralentis le pas. Je ralentis de plus en plus, créant une distance entre lui et moi, bientôt, sans qu'il ne s'en rende compte nous nous retrouvons à 3 mètres, lui marchant devant moi. Il se retourne, fâché de me voir si loin. Il retourne près de moi et on finit le trajet côte à côte. En arrivant, une bande se jette sur nous, ce sont les amis de Sora. L'un d'eux se démarque, Riku : son meilleur ami. Il nous ébouriffe les cheveux malgré mes plaintes et, Sora, entraîné par ses amis, me laisse seul dans la cour du lycée.

« Quelle tête tu as aujourd'hui ! »

Je me retourne pour voir une petite blonde, son carnet à dessin sous le bras et son sac calé sur son épaule. Elle me sourit chaleureusement.

« Enchantée, je m'appelle Naminé, je suis ta meilleure amie, tu te souviens ? »

Je souris.

« Vaguement.

- Eh bien ! C'est déjà ça ! »

Elle rit et m'attrape le poignet pour m'entraîner dans un coin de la cour où se situent quelques arbres. Sur le banc, à l'ombre d'un arbre, Hayner gémit de douleur.

« Je me meuuurs Roxy ! J'ai un de ce mal de crâne, j'ai l'impression que ma tête va exploser...

- Je connais ça, oui. »

Il soupire et continue à se plaindre. Je m'assieds négligemment à côté de lui, la sonnerie retentit mais aucun de nous ne réagit. Naminé est captivée par un pigeon mort dans la cour et elle le dessine avec beaucoup de soin et avec un peu trop de détail aussi. Hayner gémit toujours et je m'allume une cigarette. La tête rejetée en arrière, j'admire le ciel parsemé de nuages gris dérivant au noir. Un orage éclatera bientôt. Je pose mon bras le long du banc et prend une bouffée de cigarette. La fumée envahit ma gorge, je la ressens jusque dans mes poumons, retenant cette sensation enivrante quelques secondes avant de recracher. Je répète l'action jusqu'à ce qu'elle soit finie et que je la jette pour qu'elle aille joncher sur le sol. Naminé a relevé la tête, son dessin est terminé, elle me le montre fièrement. Morbide, mais très bien fait. Je lui adresse un petit sourire satisfait auquel elle répond par un gloussement.

« Le cours c'est… Anglais il me semble. »

Hayner pousse un autre cri d'agonie.

« Tu me tues Namiiii ! Dis pas des trucs aussi horribles !

- Et bien… On peut ne pas y aller, de toute façon on est déjà en retard. Et ce prof déteste les retards…

- Peu importe ce qu'on fera, il nous déteste alors c'est du pareil au même. »

Je soupire. J'aimerais tellement retourner me coucher. D'un même mouvement, on s'affale un peu plus sur le banc, bien décidés à réfléchir encore un peu au pour et contre. Un air de musique joué par un sitar nous fait lever le nez du sol. Quelques accords majeurs mélodieux, rapides et énergiques. On passe à quelque chose de plus triste et lent en mineur, le son est doux, agréable à écouter.

« Yo les gars ! Encore à sécher ? »

Hayner qui avait arrêté de se plaindre durant la mélodie, reprend de plus belle. J'adresse un sourire taquin à notre musicien en herbe.

« Venant de ta part Demyx, c'est presque outrageant de s'entendre dire ça !

- Non non mon petit Roxy, je vais en cours aujourd'hui ! Le prof m'a dit qu'il avait une surprise pour moi ! »

Il a l'air très excité par cette idée. Étrangement, je sens que son enthousiasme va retomber quand il l'aura sa surprise. Mais la naïveté de notre ami nous fait toujours autant rire, si bien qu'après un regard amusé avec Naminé, nous décidons de le suivre en cours. Il trottine devant nous, son sitar rangé dans son dos en sifflotant. Je traîne les pieds, Hayner tient sa tête entre ses mains et Naminé chantonne son air préféré, et dans ces moments, rien ne peut la perturber. Demyx ouvre brutalement la porte de la salle de cours et hurle un « bonjour » très sonore. Certains élèves sursautent, le prof quant à lui fronce les sourcils en nous voyant. Tout les quatre nous lui adressons un faux sourire désolé, mais notre air décontracté et arrogant lui montre clairement que l'on n'en pense rien.

« On ne vous attendait plus messieurs… »

Il jette un œil à Naminé.

« Eh bien je vois que vous continuez à avoir de mauvaises fréquentations mademoiselle Naminé ! Alors que vous avez un si grand potentiel. C'est un tel gâchis ! Nous devrions en parler à la fin des cours, il serait judicieux que vous vous réintégriez à la classe.

- Pardonnez moi de ne pas répondre à vos avances monsieur, mais je n'ai jamais été branchée vieux croûton. »

Hayner et moi ricanons tandis que le prof s'offusque.

« Comment osez vous ! Je ne vous draguais pas ! Votre comportement est bien pire que ce que je ne m'imaginais ! »

Elle glousse et me fait un clin d'œil avant de s'avancer à sa place, on la suit mais c'était sans compter un autre commentaire déplaisant du professeur.

« Roxas ! Vous empestez la cigarette ! Je vous rappelle qu'il est interdit de fumer dans l'enceinte du lycée ! »

Je balaie son commentaire d'un revers de la main.

« Qui vous dit que je l'ai fumé dans le lycée ?

- Je ferais mieux de vous renvoyer de cours !

- M'sieur ! Sérieusement, vous avez déjà compté le nombre de marches pour monter dans cette classe ? J'y suis j'y reste, c'est déjà sympa que je sois venu ! »

Il grogne, mais ce prof se laisse bien trop victimiser, il me laisse rejoindre ma place près de la fenêtre. Quand je parcours l'allée des tables, je reçois le regard réprobateur de Riku mais lui répond en tirant la langue. Sora quant à lui m'observe tristement, je n'y prête pas attention. Le professeur accable Hayner de réprimandes, sur son état, sur ses notes, et lui promettant un rendez vous avec sa mère. Déjà qu'il a bien du prendre à cause de la soirée, je m'inquiète pour lui, j'ai franchement pas envie d'aller à des funérailles ces derniers temps… Ne reste plus que Demyx, souriant bêtement à côté de son bureau. L'imbécile, il doit attendre sa surprise… Il la réclame même.

« Oh vous la voulait, votre surprise n'est-ce pas ? Attendez je l'ai là dans le bureau. »

Demyx, joyeux à souhait, cherche à deviner ce que sera son dû. Il reste perplexe en voyant un dossier avec inscrit en lettre capitale « rapport de conduite et de notes ». Je le connais bien ce papier, j'en ai eu un récemment, ce qui m'a valu ce fichu cours particulier, qui était d'ailleurs complètement sorti de mon esprit. Demyx cligne rapidement des yeux, d'incompréhension.

« Oui jeune homme, vos retards à répétions commencent à bien faire, et vos notes sont vraiment pitoyables. Ah ! Je vous interromps avant que vous ne me disiez que votre club de musique marche à merveille, les clubs ne sont que des bonus, ce sont vos notes dans les matières générales qui comptent pour votre futur et non votre musique de dépravé ! »

Demyx retourne penaud à sa place. Déçu ? C'était à prévoir. Le prof recommence son cours où il l'avait laissé pour nous engueuler pendant… Dix minutes ? Donc dans une demi heure on sera de nouveau libre ! Je pose ma tête entre mes bras et m'affale. Je sens les regards méprisants de certains de mes camarades sur moi. Je sais comment ils me voient, je sais que pour eux je ne suis qu'un voyou arrogant à qui on ne peut pas faire confiance, une racaille de mauvaise fréquentation qui se fait sans cesse renvoyer de cours. Un garçon passant sa vie à fumer, boire, draguer et sortir dans des fêtes. Je sais ce qu'ils pensent, je le sais, parce qu'il y a Sora : il est celui qui attire l'attention. Le garçon gentil et attentionné, courageux, un poil trop excité mais ô combien adorable. Celui apprécié des profs pour sa bonne humeur et ses notes convenables, son comportement agréable et son succès auprès des élèves. Celui qui a plein d'amis et une petite amie fixe. Il est aimé, je ne le suis pas.

Tout le monde sait ce qui se dit sur les jumeaux : qu'il y en a un bon et un mauvais. Sora et moi jouons à ce jeu sans le vouloir, je suis le mauvais côté, je suis la copie ratée, je suis le clone rejeté. Non pas pour sa ressemblance physique, mais pour son manque de personnalité. Je dois être honnête, ce qui nous a séparé Sora et moi ce n'est pas seulement les autres, c'est moi qui ne pouvais plus le supporter. « Tu ressembles tellement à Sora », on me le disait jour après jour, j'étais celui qui suivait Sora, son ombre, le garçon sans intérêt qui imitait son jumeau pour être aimé, mais en vain.

C'est pourquoi j'ai décidé de changer, du tout au tout, peu importe. Si seulement on pouvait arrêter de me dire que je lui ressemble, je serais heureux. Maintenant les gens se disent « pourquoi ne ressemble-t-il pas un peu plus à Sora? Il devrait prendre exemple sur lui ». Mais même si j'essayais, je serai alors son double, et lui serait l'original ? Je ne veux pas être lui, je veux être moi, je veux affirmer ma personnalité, quitte à être détesté, tant pis. Je ne veux pas me laisser faire, je ne veux plus être comparé à lui. Pourtant c'est inévitable, les jumeaux sont toujours comparés. Je veux devenir tellement différent de lui, que bientôt, on ne saura même plus que nous sommes frères. On se ressemblera juste par pure coïncidence…

« Roxas ! Je vous prierais d'être plus attentif au cours ! Je vous appelle depuis dix minutes ! »

Je hausse les épaules et m'affale un peu plus sur ma table, regardant vaguement la fenêtre. Le prof continu de me réprimander, mais je ne l'entends déjà plus. Si seulement je pouvais être libre comme cet oiseau, je pourrais m'envoler, quitter ces problèmes qui me rongent. Cependant mes pieds restent inéluctablement au sol, je ne peux pas prendre mon envol et m'en aller.

« De toute façon, je me demande bien ce que vous faites ici ! Vous devriez prendre exemple sur votre frère qui lui est un bon élève ! Je suis sûr que vous ne connaissez pas un seul mot d'anglais. »

Je serre les poings et fronce les sourcils, tapant sur ma table rageusement et me levant d'un bond. Je me retourne vers lui et le foudroie du regard.

« C'est une obsession c'est ça ? Fuck you c'est assez anglais pour vous ? »

J'attrape mon sac et sors en courant, claquant brutalement la porte sous les regards choqués des autres. C'est une obsession, une putain d'obsession, il faut toujours nous comparer, il faut toujours me reprocher de ne pas être comme lui. On ne me laisse pas respirer, je ne peux pas évoluer, je suis obligé de suivre Sora. Mais je ne le veux pas ! Je veux être moi ! Je cours à travers les ruelles, ne sachant pas où ma course folle m'entraîne. Je veux juste tout oublier. Qu'ils me laissent vivre !

J'arrive finalement au bord d'un petit ruisseau isolé dans la forêt. Un excès de tristesse me surprend, je m'assois, mordant mes lèvres pour retenir mes sanglots. Cet endroit, c'était notre repère à Sora et moi. Quand nous nous disputions, on retrouvait toujours l'autre ici, et on finissait par se réconcilier. Cette forêt est à deux pas de chez nous, on passait notre temps à la parcourir, elle nous paraissait géante mais en grandissant, je m'aperçois qu'elle est ridiculement petite.

Je remonte mes genoux contre mon torse et presse mes bras autour de mes jambes. Si seulement nous n'avions pas été jumeaux, si seulement nous ne nous ressemblions pas, alors nous ne serions plus comparés sans cesse et on m'apprécierait à ma juste valeur.

Je reste un moment à écouter le ruissellement de l'eau, les yeux perdus dans le vague. Le soleil est à son zénith, depuis combien de temps suis-je resté là ? Je m'apprête à partir quand j'entends le bruissement des feuilles et quelqu'un apparaître. C'est Sora, essoufflé. Un semblant de sourire s'affiche sur son visage quand il me voit. Je passe à côté de lui sans lui prêter attention mais il me retient le bras. Fermement, il ne lâche pas prise.

« S'il te plait Roxas, il faut qu'on parle !

- Parler ? Mais parler de quoi, hein ? Il n'y a rien à dire ! »

Son regard s'emplit de tristesse. C'est de cette façon qu'il me regarde ces derniers temps. Je lui demande de me lâcher mais il refuse, gardant mon bras contre lui. Je le pousse pour l'écarter mais il s'obstine à s'accrocher à moi comme à une bouée.

« Tu connais très bien notre promesse Roxas ! Tu n'as pas le droit de partir comme ça !

- Nous ne sommes plus des gosses Sora ! Ce que j'étais, je ne le suis plus ! Rien n'est plus pareil !

- Alors… Alors, pourquoi es-tu là si tout a changé ? N'était-ce pas notre endroit préféré ? »

Je me dégage avec rage. Ses yeux sont suppliants, les miens brillent de colère. Je détale à toutes jambes, laissant Sora seul, hurlant mon nom. Il court après moi, mais j'arrive à le semer. Je ne supporte pas ce regard, je nous revois dix ans plus jeunes. A cette époque, je l'aimais tellement que je finissais par tout accepter de lui. Si je craque, c'est lui qui aura raison : rien n'aura changé, et je serai à nouveau son ombre. C'est hors de question !

Je m'installe à bout de souffle au parc, allumant une cigarette pour me changer les idées. J'appelle ensuite Naminé qui rapplique rapidement avec Hayner et Demyx. Ils ne font aucun commentaire sur l'évènement du matin. On traîne toute la journée dehors, et vers 17 heures on croise Seifer qui nous invite à sa fête. On le suit avec enthousiasme. Si seulement je pouvais tout oublier pour ce soir. L'alcool m'aidera sûrement à me sentir mieux… De toute façon demain c'est samedi, je serais tranquille. Mais je devais pas avoir ce cours particulier ? Merde, j'avais presque oublié… Peu importe, il me suffira d'ignorer ce prof. En attendant, j'ai une vie à oublier ce soir…