(Death) Note de l'auteur : Encore une fic à chapitres, mais celle-ci est bouclée, et je poste tout directement. Je me demande encore comment j'ai fait pour écrire ça entre deux révisions. Peut-être parce que je me jetais sur mon ordi comme une assoiffée à chaque pause^^. Quelque chose qui m'a fait bizarre, c'est que cette histoire toute entière est plus courte que le simple dernier chapitre de The Storm. Enfin. J'espère qu'il n'en est pas de même pour la qualité et que vous aurez plaisir à la lire.

IMPORTANT : Ici, j'intercale des situations inventées et d'autres issues directement du manga, mais littérarisées. TOUTEFOIS, je vous recommande de bien TOUT lire. On ne sait jamais, un mot peut en cacher un autre… Les dialogues sont essentiellement ceux du manga, mais j'ai gardé la scène du massage de pieds et les cloches de l'anime. Parce que je suis incurable.

Rating : T, parce que les modos sont hyper chatouilleux. Mais il n'y a rien de choquant là-dedans, c'est simplement qu'il y a « some violence, minor coarse language, and minor suggestive adult themes. »

Pairing : BIP ! Si je vous dis ça, toute l'histoire tombe à l'eau.

Disclaimer : Ohba et Obata n'ont pas abandonné les droits de possession du Death Note… Je veux dire les droits d'auteur^^. Donc rien n'est à moi.

Dédicace : Pour Mimi, qui a suivi cette histoire depuis le moment où elle n'était encore que deux misérables feuilles de brouillon recouvertes de mon écriture éléphantesque. Pour Greengrin, parce que c'est Greengrin. Pour Lilium, qui n'a pas le moral en ce moment. Et enfin pour tous ceux et toutes celles (Papatte incluse et représentante officielle^^) qui ont chialé comme des malades en voyant L tomber de sa chaise. Si vous aimez les pandas pervers nourris au glucose et que vous haïssez Light… C'est par ici^^.

C'est tout. ENJOY !


*

« C'est sur les vitres qu'on grave les mots ineffaçables. »

Amphitryon

Jean Giraudoux

*


Chapitre 1 :

Deux contre deux


Mai 2007

Hôtel de Tokyo

Chambre 307

« -- Tu serais… Vraiment prêt à le faire ? »

Pour la première fois depuis très longtemps, le ton de L était incertain. La situation lui échappait, et cela le frustrait énormément. L'apparition de ce second tueur, adepte des idées du premier, avait chamboulé toutes ses certitudes. Il était sorti si souvent dans des lieux publics ces temps-ci, en espérant coincer le jeune Yagami… Comme Kira n'avait besoin à présent que du visage pour tuer, si jamais il avait commise la moindre petite erreur et qu'une seule image de son passage subsistait…

Il se renfrogna, touillant son café devenu imbuvable pour quiconque d'autre que lui. Il ne savait plus quel comportement adopter, partagé entre son envie farouche de résoudre l'enquête et ce reste de peur qui lui commandait de cesser la poursuite pour protéger sa vie. Il affermit sa volonté. Il ne devait pas se laisser tenter par la facilité. Toutefois… Il fallait penser à prendre des précautions. C'était pourquoi l'Autre était là. Il ne l'avait pas forcé, ni menacé, il était parfaitement volontaire. Il avait même enrichi l'idée de nouveaux détails. Mais L était mal à l'aise.

Ce plan sournois ne lui plaisait pas du tout.

« -- Tu m'as sauvé la mise deux fois, lui répondit calmement son compagnon. Je te dois bien ça. Et puis, dans une telle situation, il faut la jouer fin, très fin. Sinon, on meure et on n'est rien d'autre qu'un perdant. »

L grimaça imperceptiblement. La voix du jeune homme s'était faite tranchante et mécanique sur les derniers mots, recrachant de vieux principes maintes fois rabâchés. On aurait cru entendre Near. Toutefois, il retint cette dernière réflexion. Son interlocuteur n'apprécierait pas, mais alors pas du tout être comparé au jeune albinos…

L'Autre avait posé une main sur la vitre embuée. Son reflet pâle et troué des lumières des gratte-ciels de Tokyo, ainsi que les épaisses goggles oranges qui obscurcissaient son regard, donnaient l'impression qu'il observait la ville. Mais L savait (et cette certitude n'était pas sans éveiller chez lui un certain malaise mêlé d'un trouble diffus), qu'en réalité, il le fixait lui par le biais de la fenêtre. Apprenant ses gestes.

Le dévorant des yeux.


Mai 2007

Tokyo

Université de Tôô

Light s'assombrit, s'arrêtant net de marcher et de répondre à Takada. A son côté, la jeune femme se stoppa également, toujours très gracieuse, même avec cette expression d'ennui qu'occasionnait un intrus en s'immisçant dans leur conversation. Lorsqu'elle constata que l'intrus en question n'était autre que Ryûzaki, juché dans son étrange position fœtale sur un banc de bois, elle fit une moue de dédain. Le détective tenait un livre entre deux doigts et le jeta presque lorsqu'il agita la main pour lui dire bonjour. Light retint un soupir et se tourna vers Kyomi avec un sourire charmant.

« -- Je te retrouve plus tard, d'accord ? Je dois parler seul à seul avec lui…

-- Seul ? Releva la jeune fille, plus froide qu'à l'ordinaire.

-- Oui, insista le châtain, utilisant un ton impérieux et nettement moins poli. Seul.

-- Je vois. »

Elle s'éloigna d'un pas raide et digne qui agaça le jeune homme. Les filles étaient-elles donc toujours aussi susceptibles ? Puis il oublia son énervement en constatant que les prunelles sombres et inquisitrices du détective le scrutaient, cherchant à lire ses émotions. Il se composa un masque impassible et se prépara une fois de plus à jouer la comédie du meilleur ami.

« -- Désolé de te séparer de ta… Copine. » S'excusa L d'un ton légèrement dubitatif.

-- Ce n'est rien, répondit-il distraitement. Dis-moi plutôt… Je croyais que tu avais peur de sortir. Ça va aller ? »

Il était un peu intrigué. La voix du détective avait quelque chose d'étrange. Elle était pourtant strictement identique, avec le même débit monocorde et des intonations semblables. Mais elle semblait sortir difficilement de sa gorge. Probablement le stress. Ou alors une angine ? Semblant avoir deviné ses pensées, L toussota et son timbre redevint exactement celui dont il avait l'habitude. Ses propos aussi.

« -- J'ai réalisé que si tu n'étais pas Kira, je n'avais pas à m'en faire. »

Light serra les dents. Il avait l'habitude des répliques cinglantes de son vis-à-vis, qui lâchait régulièrement des bombes en plein milieu de la conversation sur un ton parfaitement anodin, comme si de rien n'était. Son regard noir s'attarda sur son visage en espérant y détecter un sentiment suspect, le détaillant soigneusement. Et… L'espace d'un instant, il vit les pupilles sombres étinceler d'une lueur insolite …

« -- A l'extérieur, personne d'autre que toi ne sait que je suis L. C'est pourquoi, dans le cas où je mourrais dans les prochains jours, j'ai dit aux membres du QG, à commencer par ton père, ainsi qu'aux autres L, que ce serait la preuve que tu es Kira. »

Light sursauta, ne s'attendant plus à une réponse après cet examen pénétrant, bien que bref. Il dût se retenir pour ne pas laisser échapper une exclamation haineuse. Il était furieux d'avoir relâché son attention, ne serait-ce qu'un instant. Et puis, cette mention des « autres L » le gênait…

« -- Je te l'avais dit, pourtant, que je n'étais pas le seul à me faire appeler L ? Remarqua Ryûzaki en haussant un sourcil. J'ai décidé que ce serait le nom d'un groupe de plusieurs personnes. »

Dans sa voix transparaissait une nuance plus moqueuse qu'à l'ordinaire, une pointe ébréchée sous une coulée de miel, comme s'il avait conscience de l'avoir considérablement gêné. Light secoua la tête. Il se faisait des idées. L n'avait aucune preuve contre lui et pour ce qui était de ses soupçons, ils n'avaient jamais passé la barre des dix pourcents de probabilité. Les faits, il devait se reposer sur les faits !

Il a décidé que L serait un groupe de plusieurs personnes… Il se fiche de moi ?

Derrière l'étudiant, observant la scène par-dessus son épaule, Ryûk ricanait à s'en fêler les côtes. Light eut envie de l'étriper. Il ne pouvait pas se taire deux minutes, cet imbécile ? A chaque fois qu'il se retrouvait dans une situation critique ou qu'un élément important lui échappait, il ne cessait de rire… Il se souvenait encore de la journée d'hiver angoissante où il s'était affairé à trouver le nom de Naomi Misora. Il en avait fait des cauchemars des nuits après, peuplés de dieux de la mort qui gloussaient sinistrement en le regardant paniquer.

Exactement le même rire qu'aujourd'hui.

Repoussant cette idée, Light fit dériver leur bavardage vers un sujet plus facile à contrôler, une de ces pseudo « discussions amicales » comme ils en avaient parfois tous les deux. En ces moments là, il avait la sensation de se mettre en mode automatique : « Oui, j'aime discuter avec toi, avoir des réflexions d'un niveau un peu élevé. », « Tu es mon ami, ça fait un vide quand tu manques les cours… », « On refera une partie de tennis ? », « Allons manger un morceau au réfectoire ! »…

Il se sentait écœuré de tant de mise en scène. Pourtant, il fallait absolument en passer par là pour construire son monde idéal. Viendrait le temps où il n'aurait plus à se cacher, mais pour l'heure, dissimulations et déguisements devaient être mis à l'œuvre dans les deux camps.

« -- LIGHT ! TE VOILA ! »

Cet appel lui coupa la respiration. L'espace d'une seconde, il lui vint à l'esprit une bête prière, un « S'il vous plaît, faîtes que ça ne soit pas qui je pense ! »… Mais il ne connaissait que trop bien cette voix hystérique et roucoulante.

Misa Amane.

« -- J'avais un enregistrement dans un studio tout près d'ici alors je suis venue, gazouilla-t-elle en se précipitant vers eux, ses couettes tressautant au rythme de sa course. Mais on reprend à quatorze heures, donc je n'ai pas beaucoup de temps… »

La jeune fille se tenait tout ingénument devant lui, les mains dans le dos et la bouche en forme de cœur, inconsciente d'avoir commis une grave erreur tactique. Derrière elle, la surplombant tel un sinistre ange protecteur, son œil jaune le surveillant froidement, Rem veillait. Pour la millième fois au moins, Light maudit le Shinigami de s'être autant attaché au mannequin. Rem lui compliquait tant les choses… Sans le dieu de la mort, cela aurait fait bien longtemps qu'il aurait supprimé la gêneuse.

« -- C'est un de tes amis ? »

Toujours guillerette, Misa observait Ryûzaki avec une curiosité teintée d'un soupçon de répulsion, réaction habituelle lorsqu'on rencontrait cette créature échevelée. Light eut un coup au cœur, puis une bouffée de triomphe l'envahit et lui fit tourner la tête.

Elle voit le véritable nom de L !

J'ai gagné !

« -- Je suis Misa Amane, la petite amie de Light, se présenta-t-elle.

-- Hideki Ryûga, répondit L en s'avançant vers elle, usant de son second pseudonyme.

-- Hideki Ryûga ? »

Elle ouvrit de grands yeux stupéfaits. Bien sûr, songea Light, réfléchissant à toute vitesse, bien sûr elle était surprise, puisqu'elle pouvait voir son véritable nom au-dessus de sa tête… Il s'empressa d'intervenir, riant insouciamment :

« -- Ah, oui, c'est le même nom que la vedette télé… C'est un homonyme. »

Voyant son expression, Misa sembla comprendre les tenants et les aboutissants. Elle se retourna vers L d'un air un peu crispé, et ce qu'elle découvrit la pétrifia, ainsi que Light.

L… Riait.

Oui, il riait en fixant son visage, un rire étrange, un peu niais, un rire de gorge qui rappelait ceux de Light lorsqu'il était en proie à une de ses crises de démences. Un effrayant gloussement sans fin et un sourire trop étiré pour un génie pareil… Mais, paniqua Light, il ne pouvait pas avoir deviné… Pas juste à cause de la réaction de Misa en entendant son faux nom…

« -- Light… Articula le détective avec une lenteur calculée. Je t'envie. Misa, je suis fan de toi depuis le numéro de mars du magazine Eighteen, indiqua-t-il à la jeune fille. »

La réponse soulagea infiniment le jeune Yagami, en même temps qu'une étrange pointe d'irritation venait titiller son ventre. Comment ça, il l'enviait ? Pour Misa ? Cette cruche ? Cette fugace frustration fut balayée par la foule d'adolescents qui, ayant reconnu la star montante, se pressaient pour obtenir un autographe. Dans l'agitation, Misa cria qu'on lui avait touché les fesses. Immédiatement, Ryûzaki s'insurgea haut et fort en proclamant qu'en tant que détective de renommée internationale, il allait trouver le coupable.

Rageant intérieurement de ne pouvoir demander le nom de son ennemi à la blonde, Light fut délivré de son angoisse par le manager de la jeune fille, qui vint l'entraîner à sa suite à grand renforts de protestations sur ses caprices de petite idole. Avant de la suivre, elle lui chantonna un au-revoir fort peu discret qui lui donna envie de la frapper, pour la centième fois au moins depuis leur rencontre. Il soupira de soulagement lorsqu'elle fut hors de vue.

Dès que la foule se fut dispersée, il prétexta une envie d'aller aux toilettes pour pouvoir lui passer un coup de fil. Il regarda le brun s'éloigner vers la cafétéria avec une intense jubilation puis se détourna, avançant d'un pas lent et quelque peu solennel. Dans quelques instants, tout serait fini… Oui… Il avait gagné…

Il décrocha.

Composa le numéro…

Appuya sur la touche d'appel…

Dring ! Dring ! La petite musique agaçante de la sonnerie d'un portable le fit se retourner brutalement, le cœur battant.

Ryûzaki tenait le téléphone du mannequin entre deux doigts, avec un sourire béat complètement idiot.

Alors quand quelqu'un a touché Misa tout à l'heure… C'était Ryûzaki qui lui a pris le portable ! L'enfoiré…

« -- Allô ? Grésilla la voix de L dans le combiné. Oui ? »

Serrant les dents, Light cracha :

« -- « Allô » ? Tu te fiches de moi, Ryûga ?

-- Ah… Il semblerait que quelqu'un ait perdu son portable dans l'agitation, tout à l'heure… » Ironisa la voix narquoise.

Pestant intérieurement sur ce contretemps inutile, Light récupéra son téléphone. Trop occupé à rager, il ne prêta quasiment aucune attention au coup de fil que reçut le panda aux cheveux en bataille, sur son propre portable cette fois.

« -- Oui… Oui… Oui… Non… Bien joué. Bravo. »

Bien joué ?

Lorsque le détective se retourna, son visage n'exprimait plus rien et son timbre était neutre. Pourtant, il venait de gagner deux manches. Une qu'il exprima à voix haute, suffoquant Light…

« -- Je suis désolé, Light. Misa Amane a été arrêtée. Elle est soupçonnée d'être le second Kira. »

Et une autre, peut-être plus importante encore, que le tueur ne comprendrait que bien plus tard.

Kira, c'est toi.

Cette fois, j'en suis sûr à cent pourcent.


Enregistrement de la conversation

Téléphone de L

Cassette 1

« -- C'est moi. Répond par oui ou non, sinon il risque de se douter de quelque chose.

-- Oui.

-- Parfait. Etait-ce… La même chose que sur les caméras ? Cela produisait-il… Le même effet ?

-- Oui.

-- Sur Misa Amane aussi ?

-- Oui.

-- Tu as ri très fort, quand même. Light a semblé deviner pourquoi ?

-- Non.

-- Merci. C'est du beau boulot. On a attrapé Misa. C'est Mogi qui s'en est chargé.

-- Bien joué. Bravo. »


A tout de suite pour le second chapitre !