Titre : The Wasting Game

Auteur : Polomonkey

Traduction : lovePEOPLEandCOWBOY

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Disclaimer : Merlin ne m'appartient pas

Avertissements : Il est question de trouble alimentaire, de crise d'adolescence

Mot de l'auteur : J'espère que vous aimerez ! S'il vous plait, prenez garde aux déclencheurs des troubles alimentaires

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« The eating thing :

the slouching beast

that's come to stay,

to splatter the slops

and foul the manger,

to snap at the hand

that tries to feed it, so

we leave it and we lie

in darkness, trying not to know,

not to bear it gnawing

in the next room, gnawing

itself to the bone."

Ce n'était pas difficile, pas vraiment. C'est venu naturellement en fait, regarder sans toucher, observer les épaisses brioches de Chelsea par la fenêtre de la boulangerie ou les fraises fraîchement cueillies siégeant dans leur barquette sur une étale dans la rue : les observer et s'en aller. Il ne s'attardait pas sur les barres chocolatées que ses amis dévoraient durant les pauses, ni sur les chips qu'ils faisaient glisser dans leur gorge – même les pommes qu'ils croquaient lui semblaint énormes et répugnantes de toute manière. Il avait appris à détester les odeurs enivrantes émanant des restaurants, et même à avoir des hauts le cœur à l'odeur épicée de la cuisine de Madame Patel vivant l'appartement d'à côté.

(Elle avait l'habitude de lui donner de savoureux gâteaux maison quand il était plus jeune, des chikkis et des khajas, mais maintenant quand ils se rencontraient dans le hall, il refusait poliment et souriait en essayant de ne pas s'attarder sur l'inquiétude dans son regard.)

Les excuses venaient facilement aussi, après un petit temps. « Je viens juste de manger » ou « J'ai encore mon déjeuner sur l'estomac » ou « le repas de la cantine m'a rendu malade. » Il restait à l'écart des virées au Pizza Hut, des soirées tardives où tout est à emporter, la gueule de bois chassant l'envie de déjeuner. Il buvait des litres d'eau, glissant dans sa bouche, en savourant son manque de saveur tandis qu'elle descendait facilement dans sa gorge.

Personne ne le remarquait. C'était le printemps, la dernière année scolaire et ses amis étaient emballés d'avoir 18 ans, sur le point d'entrer à l'université, de passer à l'âge adulte, d'entrer dans la vie. Ils en étaient surexcités, la tête pleine de projets et de rêves, de peur et d'amour, comme des enfants dont les pieds seraient à moitié emporté par leur cerf-volant, trop enivrés pour réaliser que l'un d'eux avait les pieds cloués au sol.

Donc personne ne l'avait remarqué.

Jusqu'à ce que quelqu'un le fasse.

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Merlin n'imaginait pas vraiment que ce serait Arthur.

Il ne pensait pas que ce serait l'un d'eux, convaincu qu'il masquait bien son jeu, mais si il avait dû en désigner un seul d'être suspicieux, ça aurait été Gwen. Gwen qui avait été la seule à froncer les sourcils quand il avait refusé une invitation à manger et elle avait dit gentiment : « Tu ne viens plus jamais. Tu manques à ma mère. Tu me manques. »

Ou peut être Lance, qui avait attrapé son poignet alors qu'il lisait un livre de littérature anglaise, et qui avait tout à coup semblé surpris, ses doigts faisant le tour du bras de Merlin.

« Tu as maigri mon pote ? Je suis certain que mes doigts ne sont pas supposer se toucher. »

Alors Merlin avait dégagé son poignet, rabaissant la longue manche de son pull qui le couvrait toujours jusqu'à ses mains, et puis seulement il s'était forcé à sourire tandis qu'il désapprouvait d'être l'objet des taquineries simplement parcequ'il ne faisait pas parti de l'équipe de football comme le reste d'entre eux.

Mais Arthur ? Arthur était…insouciant. Dans tout les sens du terme. Que ce soit les petites choses, comme ne jamais remarquer quand l'une des filles avaient coupés ses cheveux, ou lorsque Gauvain s'était fait percé le sourcil, ou pour les choses plus importantes, comme ne pas se rendre compte que Freya était bouleversée alors qu'elle pleurait silencieusement près de lui durant le cours de math, ou par le fait que Merlin était désespérément, irrémédiablement, irrévocablement…

Et bien. Qui avait-il de bon d'être amoureux d'Arthur Pendragon de toute façon ? Merlin s'était permis de nourrir une petite lueur quand Arthur et Gwen avaient finalement rompu à la fin d'un trimestre, mais cette lueur vacillante s'était éteinte rapidement lorsque Arthur s'était montré au pub, après Noël, Mithian à son bras. Cette nuit avait été étrange, Merlin avait presque eu la sensation d'être en dehors de son corps pendant que ses amis riaient et s'amusaient tout près de lui, tout ce qu'il avait pu regarder c'était Arthur, son visage, ses yeux, son bras enroulé autour de la taille de Mithian.

(Et elle était si mince.)

Presque une minuscule, toute petite fille, une t-shirt serré contre ses abdos plats, ses longs doigts tripotant les cheveux d'Arthur, rejetant la tête en arrière lorsqu'elle rigolait avec ses dents parfaitement blanches.

Merlin était aussi grand qu'Arthur, probablement plus. C'est pourquoi il n'allait pas ensemble, et c'est pourquoi Arthur ne voulait pas de lui dans ses bras ? Parcequ'il était le mauvais choix, parcequ'il ne pouvait pas convenir à Arthur aussi parfaitement que Mithian ?

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Ce n'était pas vraiment ça qui l'avait déclanché, pas vraiment. Merlin ne s'en rappelait pas très bien, mais sa maman lui avait raconté qu'il avait un comportement étrange avec la nourriture quand il était petit. Sélectif, disait-elle.

(« Ce n'était pas que tu ne voulais pas manger, c'est juste que tu voulais certaines choses. A certains moment aussi. Tu as eu une période où tu voulais seulement du riz, ou bien tu changeais pour des nouilles. Puis tu as commencé à me faire compter chaque bouchée que tu prenais. »)

Sa maman avait cessé tout ça après, refusant de faire des repas spéciaux ou de jouer avec la nourriture.

(« Tu as été furieux dans un premier temps, ce qui entraînait certaines crise de colère. Mais ensuite tu avais simplement l'air d'avoir oublié tout ça. C'était juste une phase de l'enfance que tu traversais. »)

Les choses avec la nourriture, comme Merlin disait par euphémisme, n'étaient pas vraiment nouvelles. Durant sa période de stress lors de son brevet, il s'était mis en tête de ne plus manger, une idée folle conduite par la peur d'échouer donc il était incapable de quitter ses livres même pour quelques secondes. Puis, alors que les examens ne s'était pas si mal passé, Arthur avait insisté pour l'emmener en vacance dans le cottage de Wales quand il avaient finis, celui qu'Uther avait acheter pour Igraine juste avant la naissance d'Arthur, puis il n'y avait jamais plus remis les pieds depuis 18 ans. Merlin s'était mis en tête que cela serait sinistre, ou simplement déprimant mais l'endroit se révéla être un bon break, il avait été entretenu par une femme du village, et si Arthur avait semblé un peu pensif en entrant la première fois, plus tard il avait très vite retrouvé le sourire.

Il élaborait des stratagèmes pour que Merlin cesse de se prendre la tête, et cela avait relativement bien fonctionné. Ils étaient allés nager chaque matin dans la mer, puis Merlin lisait sur la plage pendant qu'Arthur faisait du sport en jouant au beach ball, et les soirs ils allaient boire de la bière pas cher avec le cousin d'Arthur. Arthur s'était surpris à être très habile derrière une poêle, ce n'était pas des mets, mais ses préparations étaient assez bonnes et d'une manière ou d'une autre, avec Arthur se ventant de ses talents culinaires, Merlin n'avait eu aucune difficulté à manger.

Il pensait parfois que ces vacances avaient été les derniers bons moments. Car lorsqu'ils étaient retournés à l'école à l'âge de 12 ans, Arthur avait subitement commencé à observer Gwen un peu trop, et Merlin avait réalisé avec horreur que Gwen le regardait de la même manière. Et, bien sûre, deux mois après leur rentrée scolaire, à la fête de Gauvain, Merlin avait été ivre et il était entré dans une chambre qu'il croyait vide, mais il était tombé sur Gwen et Arthur entortillé sur le lit, les lèvres collées ensembles.

« Merlin ! » Avait dit Arthur, mais le pire de tout était qu'il ne semblait pas ennuyé, juste sur un petit nuage, comme quelqu'un qui a finalement eu ce qu'il voulait. Ensuite Gwen avait pouffé de rire, ces bruits intimes avaient découpé Merlin comme un couteau, l'étouffant d'excuses avant de refermer la porte derrière lui.

Ils étaient restés ensemble la plupart du temps, les deux mois qui suivirent. Gauvain et Lance étaient convaincus que c'était juste une brève liaison (et Lance était un peu plus insistant sur ce point pour des raisons qui lui était propre, personne n'était assez cruel pour le taquiner avec ça) et même Freya avait rigolé quand Merlin lui avait demandé si elle pensait qu'ils étaient amoureux. « Seigneur, Merlin, ils ont 17 ans ! C'est trop tôt pour ça, » alors le poids sur la poitrine de Merlin s'était un peu alléger, jusqu'à ce que Freya ajoute, « C'est probablement du sexe sauvage à cet âge, » alors Merlin avait senti la bile lui remonter dans la gorge, brûlante et acide.

( Il avait toujours de la bile quand il regardait Arthur certains jours, mais il ne savait pas dire si c'était juste un effet secondaire de la sensation de faim, des crampes de son estomac.)

Puis les deux mois sont devenus six mois, ensuite huit mois, puis une année, et ce n'était clairement plus une brève liaison. Arthur et Gwen n'étaient plus deux, ils faisaient un, un tout. Ils mangeaient ensemble, marchaient en classe ensemble, rentraient à la maison ensemble. Et quand Merlin appelait Arthur durant la semaine, pour voir si il voulait aller au parc ou au cinéma, Arthur avait invariablement des projets avec Gwen. Alors Merlin attendait patiemment et il partait seul au parc mais Arthur n'était jamais libre, donc Merlin avait cessé de sortir puis cessé de l'appeler pour commencer à passer les semaines dans sa chambre avec les tentures fermées et la télévision allumée.

Il mangeait, encore. Mais ses jeux de l'enfance avaient refait surface. Il avait des jours où il avait une couleur de nourriture préférée, ou des jours où il pouvait seulement prendre des bouchées par multiple de trois, ou des jours où il jetait son assiette quand la nourriture se touchait l'un contre l'autre.

Ca ne ressemblait pas à un problème. C'était plus une source d'amusement, quelque chose pour passer le temps.

Mais quelque part il avait cessé de prendre des goûter, parceque ce n'était pas un problème, ensuite il avait arrêté de déjeuner, parcequ'il n'avait jamais le temps au matin, puis il s'était retrouvé à sauter le dîner parceque ça devenait trop difficile de se concentrer avec l'estomac plein, et que ça le rendait somnolent.

Il mangeait encore le soir de toute manière, chaque soir, avec sa maman, alors il se disait que tout allait bien.

Pourtant un mois avant Noël, sa mère s'était retrouvée dans le service de nuit à l'hôpital. Donc elle n'était plus là en soirée, et même si elle lui laissait de quoi faire à manger, rassuré par le fait qu'elle lui avait appris à cuisiner pendant des années, Merlin avait décidé que ça l'ennuyait. C'était comme une corvée quand il rentrait à la maison, et il était trop fatigué, à tel point qu'il avait besoin d'aller au lit dés qu'il rentrait.

Arriva le nouveau trimestre et Arthur était avec Mithian et elle était incroyablement fine.

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On était en mars à présent, et Merlin ne pouvait plus se souvenir du dernier vrai repas qu'il avait mangé. Il bougeait tout le temps, parfois en prenant une tranche de pain au matin, ou un yaourt à la cantine.

Il savait que ce n'était pas assez. Il savait que les constants maux de tête, que ses essoufflements, que ses vertiges présageaient que le pire était à venir. Il voyait combien ses vêtements flottaient sur lui, comment ses joues se creusaient, combien sa peau se resserrait autour de ses côtes. Ce n'était pas beau à voir dans le miroir, mais il ne se sentait pas plus mal pour autant, pas encore. Il y avait un peu moins de lui quelque part, et ça le satisfaisait d'une certaine manière. Il avait oublié qu'il voulait sortir de ça quand tout avait commencé et son esprit semblait le guider vers une sorte de…vide. C'est comme si…il voulait ne plus être. Pas dans le sens dramatique que l'entant le suicide, simplement qu'il avait cette vague idée de vouloir disparaître.

Ca n'avait pas vraiment de sens mais Merlin pensait que ça allait, parceque qu'est ce qui avait du sens de toute façon ? Ils lisaient la poésie de guerre en littérature anglaise et Merlin avait eu du mal de se concentrer ces jours là, il était à peine intéressé par la plupart des sujets.

(Il y avait la moitié de ses devoirs complétés sous son lit la semaine suivante et il n'avait pas la moindre idée de comment les finir, alors ce qu'il faisait, il les cachait tous sous son lit avec les aliments que sa mère lui laissait pour le souper, enveloppés dans un sac en plastique et il les imaginait pourrir en dessous de son lit quand il dormait la nuit.)

Pourtant il aimait la poésie où les auteurs se révoltaient parceque ça lui faisait penser que rien n'était vraiment uni, qu'ils traversaient juste le bordel de la vie en attendant par hasard la joie ou le malheur. Rien n'était sous contrôle, il le savait, alors pourquoi pas cette chose ? Pourquoi ne pouvait-il pas contrôler cette chose ? Pourquoi ne pouvait-il pas manger ce qu'il voulait ?

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On était mardi et il était dans les nuages, arpentant le couloir comme un planeur. Les néons au dessus de sa tête entraient et sortaient de son champ de vision alors qu'il déambulait, et il était heureux, et il était libre et puis…tout à coup la lumière était devenue trop vive et il ne planait plus, il était redescendu sur terre, inexorablement, attiré sur la terre par la force de gravité puis il y avait eu des tâches qui dansaient devant ses yeux…

« Merlin ? » avait dit une voix familière. Un visage flou était apparu devant lui, dont il distinguait à peine les traits, mais il avait reconnu la voix entre mille.

« Arthur ? » avait-il dit.

Ensuite, il était tombé.

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