Ayo !

Je craque pour eux. Littéralement. C'est horrible comme ils me font rêver.

Cette fiction est née de la scène post-générique de Civil War, et ne prend pas en compte Black Panther à défaut de l'avoir vu. Elle se situe avant Infinity War, avant de voir ce que ce film nous réserve (parce que je le sens mais alors VRAIMENT pas). Je ne pense pas la finir avant de voir le film mais elle ne reprendra pas du tout ce qui s'y passera.

Disclaimer : Les personnages de Marvel ne m'appartiennent pas.

Enjoy !


Lorsqu'il le trouva dans le laboratoire, l'aube agrippait de ses doigts gris la nappe huileuse des nuages qui avait obstrué le ciel toute la nuit. La lune n'avait pas brillé.

Il ne sait pas depuis combien de temps il est assis là, sur les marches, les mains jointes devant son visage, les coudes posés sur ses genoux relevés. Il n'a pas allumé les lumières son visage se découpe à peine dans la lueur spectrale émanant de la capsule qui lui fait face. Il a l'œil plongé dans l'acier, mais ne le voit pas. Ça fait longtemps déjà qu'il ne le voit plus. T'Challa s'installe à côté de lui. Il ne tressaille même pas.

« Mes gardes sont inquiets. »

Ah, oui. Les gardes du poste de contrôle, rivés sur les écrans de leurs caméras à vision nocturne. Il s'imagine dans les couloirs, ombre parmi les ombres, traversant d'instinct un parcours qu'il connaît par cœur. Il n'a pas allumé les lumières, il n'en a pas besoin. Il a mémorisé mécaniquement le chemin entre sa chambre et le laboratoire la première fois qu'il l'a fait. Etre englué dans l'obscurité lui procure un apaisement superficiel, le seul auquel il puisse réellement prétendre aujourd'hui. La solitude aussi.

Rien ne semble avoir vraiment d'effet analgésique sur lui, depuis que l'autre est congelé dans sa capsule aux allures de cercueil.

« Vous pouvez les rassurer, ce n'est que moi. »

« Je ne pense pas qu'ils seront rassurés si vous continuez de faire ça toutes les nuits. »

Il n'y a pas d'hostilité dans la voix du roi. Pas même une once de reproche, ou le moindre éclat moralisateur. Il ne fait que prononcer une évidence, comme il constaterait que la pluie tombe, dehors. Pourtant, il y autre chose dans son intonation qui écarte l'indifférence de l'équation. Dans sa distance affectée et sa réserve dues à son rang, il y a de la sollicitude. De la compassion. La marque qu'il est là pour que ce manège prenne fin.

Steve soupire. Il y a peu, toutes les bonnes intentions du monde lui aurait réchauffé le cœur. Là, il a juste envie qu'on lui foute la paix.

« Je suis désolé de vous causer ces tracas, mais je pense qu'il serait de bon ton de les avertir. » Je n'arrêterai pas.

T'Calla demeure silencieux. Ils observent la capsule luminescente du moins, Steve continue de l'observer, comme il le fait depuis plusieurs nuits, pendant plusieurs heures – ou plusieurs minutes, il ne sait jamais combien de temps il reste planté là, à l'observer, jusqu'à ce que les jeunes rayons du soleil ne le chasse pour entamer une nouvelle journée. Une nouvelle journée sans lui.

Il chasse la perspective d'un mouvement de tête, comme il chasserait une mouche gravitant autour de lui. Il a encore un peu de temps avant d'y être obligé. Avant de retrouver l'atroce manège de ses tourments, la folle ronde de ses pensées emballées, et ce vide, ce gouffre, cet abîme qui lui ronge les entrailles et dévore ses chairs, jusqu'à l'os, jusqu'à l'âme. Ce putain de vide – langage – ce putain de gouffre – langage – ce putain d'abîme – langage ! Ce trou béant s'est formé au moment de sa décision, s'est gentiment creusé depuis la cryogénisation et n'a cessé de s'étendre et s'épandre depuis. Il en perd concentration, appétit, sommeil et puis, il a découvert que le seul endroit où il supporte un peu cette torture était le laboratoire, devant la capsule, plongé dans la pénombre dans laquelle l'ombre qu'il était devenue se fondait parfaitement, à songer, encore et encore, à ressasser leur passé, la guerre puis la mort, et le Soldat de l'Hiver et l'instabilité d'un cerveau déchiré. Il refusait d'imaginer le futur. Ça, c'était trop dur. Beaucoup trop dur.

Beaucoup plus dur que d'endurer son absence.

Avant, ç'avait été plus simple. Sa mort, il y avait cru il l'avait vue de ses yeux. Il n'avait jamais nourri le moindre espoir de le voir réapparaître un jour. Mort, et enterré, quelque part dans son cœur, son souvenir pour seul leitmotiv. Car il le lui devait bien, à James, à Buck, de faire en sorte que le monde ne sombre pas dans le chaos, dans la folie, qu'il continue de tourner plus ou moins rond. S'il devait courir pour l'y forcer, Steve y avait toujours été prêt. Pour que sa mort n'ait pas été vaine. Pour qu'il puisse être fier. Pour que dans l'au-delà, quand ils se reverraient, le sourire de Bucky soit aussi solaire que dans son souvenir. C'avait été plus facile, parce qu'il avait été certain qu'il était mort. Mort, et enterré, quelque part dans son cœur.

Aujourd'hui, il est vivant. Et il est là, à quelques mètres de lui, plongé dans un sommeil glacé, il est là, à portée de main, à portée de voix même, si on y croyait un peu, et pourtant, il n'était pas là. Et c'était pire. C'était tellement pire.

Steve a imaginé tant des tortures qu'Hydra avait bien pu infliger à son ami, à son frère, à son partenaire. Et il se sent capable, tellement capable, d'aller déterrer leurs cadavres, d'aller récolter leurs cendres – s'il pouvait les ressusciter ! – pour les tuer une seconde fois.

Tuer. Pas neutraliser. Tuer.

Il ne se reconnaît plus vraiment, mais s'en fout. Bucky est vivant, mais finalement, pas vraiment. Bucky est vivant, mais tellement, tellement défiguré, dévasté, ravagé, qu'il avait préféré passer les temps de paix endormi qu'en proie à une éventuelle reprise de contrôle de l'ennemi. Lui si fier, si arrogant, lui si confiant, avait perdu toute foi en lui-même. Et pas en ses capacités, non toute foi en son corps, en son cerveau, en son âme.

Steve avait accepté en lui souriant, en lui disant que c'était une solution, qu'il était tout à fait d'accord avec son raisonnement, alors que ce n'était pas vrai. Il avait accepté parce que c'était ce que désirait Bucky. Mais pas lui.

« Vous savez », reprend T'Challa après un long moment de silence. « Je pense que vous devriez le réveiller. »

« Ce n'est pas ma décision. »

« Parfois, ce ne sont pas nos décisions qui sont les meilleures. »

Steve secoue la tête. Oui, il n'approuve pas la décision de Bucky, mais il n'est pour autant pas prêt à y faire une entorse. Et s'il admet que T'Challa peut avoir raison, c'est uniquement sur le domaine militaire que cela s'applique : c'est pour cette raison que même Captain America écoute ses troupes avant de prendre une décision définitive. Dans la vie quotidienne, dans la vie privée, dans la vie personnelle, ça n'a rien à voir.

« Ce n'est pas ma décision », répète-il. « Il a choisi ce qui était le mieux pour lui. Je ne peux pas prendre la responsabilité de le réveiller et de l'exposer à des démons légitimes qu'il craint. »

« Alors, vous êtes prêts à ne voir votre ami qu'en temps de guerre, et le laisser dormir en temps de paix ? »

« Oui. »

Il ne ressent pourtant pas la conviction qui durcit sa réponse. Il est même très loin de la ressentir, car son cœur, à cette évocation, a manqué un battement. Ça, c'est un truc de Captain America. Paraître positivement certain de sa position, alors qu'il demeure en proie au doute. Pour que les autres ne doutent pas. Pour que les autres ne flanchent pas.

Manifestement, pourtant, T'Challa n'est pas dupe. Un truc de leader, sans doute : parce qu'il doit pratiquer la même chose en tant que roi, il a bien compris. Il pose alors une main sur l'épaule de Steve, et lorsque ce dernier tourne enfin son regard vers lui, il découvre des prunelles sombres emplis d'une sollicitude sincère, comme sa voix l'avait si bien suggéré quelques secondes auparavant. Et cette empathie touche l'américain au plus profond de lui-même.

« Je crois que vous sacrifiez bien assez votre vie pour le reste du monde, Steve. Une telle dévotion ne devrait pas rester sans récompense. Vous n'êtes pas seulement un super-héros, vous êtes aussi un homme qui a droit à la paix, une fois de temps en temps. » Il hoche la tête en direction de la capsule. « Et lui aussi. » Sa main quitte son épaule. « Je n'imagine pas ce que vous avez dû traverser : la Seconde Guerre Mondiale, la perte d'un être cher, puis un coma de plus de soixante-dix ans, et une époque à laquelle vous ne vous sentez pas appartenir, dans laquelle il n'y a pas une minute sans qu'une guerre n'éclate quelque part dans le monde. Mais en tant que roi, je sais ce que c'est que d'abandonner sa vie pour quelque chose de plus grand, de plus noble. Et déjà, je sais que si c'était une sœur qui était là-dedans, je n'aurais pas tenu aussi longtemps avant de demander sa décongélation. »

Le roi se lève et étire son dos dans un discret mouvement.

« C'est noble de vouloir respecter sa décision. Mais, Steve, vous avez le droit de vivre. »

Puis il plante son regard dans le sien, un regard ferme, un regard franc, un regard de roi.

« Vivez. »

Et sur ce, il tourne les talons, laissant Steve seul à ses interrogations, à ses doutes et à ses démons.

.*.

« Combien de temps cela va-t-il prendre ? »

« Difficile à dire. Il n'y a aucune règle en la matière : peu importe qu'il se soit déjà réveillé en deux heures, ça peut ne jamais se réitérer. »

Steve contemple la capsule d'un air pensif. Des minutes, des heures ou des jours il a même cru entendre que ça pouvait prendre des semaines. Peut-être que d'ici là, une autre guerre aura requis sa présence et que jamais il ne le revoit réveillé. Il passe une main lasse dans ses cheveux trop longs.

Deux jours se sont écoulés depuis sa conversation avec T'Challa. Celui-ci n'était pas revenu les deux nuits suivantes que Steve avait passées dans le laboratoire, mais ses mots avaient continué de tournoyer dans l'esprit de l'américain. Et plus il y pensait, moins il n'arrivait à demeurer ferme sur son choix de respecter celui de Bucky. Le pire, c'est que ça n'avait même pas été le fruit d'un processus de réflexion, de débats avec lui-même : non, petit à petit, l'idée s'était effritée, comme d'évidence, pour être remplacée par celle de le faire sortir de son cercueil, comme d'évidence. Il s'était alors levé cette nuit incapable de supporter la décision de Bucky, la boule au ventre, la gorge nouée, et la rancœur aux tripes. Il avait bien cherché à se reprendre, à retrouver raison – ainsi qu'il le pensait – mais ce fut peine perdue. C'est mon choix. Ah, quel drôle d'écho à ce qu'il avait dit à Peggy avant de faire plonger l'aéronef dans l'Antarctique pour cacher le Tesseract de l'avidité humaine.

Peggy, elle, avait bien respecté son choix. Pourqui lui n'y arrivait pas ?

En même temps, elle le croyait mort. Steve sait que Bucky ne l'est pas. Ne l'est plus.

C'était différent.

N'est-ce pas ?

Peggy aurait peut-être fait ça pour lui, si elle avait su…

Il sent un poids sur sa nuque et se tourne vers T'Challa, encadré dans la porte du laboratoire. Et là, Steve su que quelque part, il a pris la bonne décision. Pour lui ou pour Bucky, ou les deux, peu importe le sourire de l'œil brillant du roi lui soufflent que dans tous les cas, il n'a pas mal agi. Steve se raccroche à ce maigre indice pour ne pas flancher.

Il observe le processus, tapi dans un coin du laboratoire. Le corps gelé de Bucky apparaît progressivement derrière la vitre qui se dégivre peu à peu que la température remonte dans la capsule. Il voit ses cheveux bruns encore constellés de cristaux de glace, et ne peut s'empêcher de sourire quand il constate qu'il y en a aussi dans ses sourcils et que ça lui donne un faux air de Père Noël. Et puis son corps se dévoile, et son bras manquant. T'Challa lui a glissé un peu plus tôt qu'ils avaient terminé il y a peu un nouveau bras pour Bucky, et qu'ils le lui poseraient avant son réveil. Le timing est étrangement parfait. Un tour du roi, peut-être ? Bah. Peu importe.

Lorsque Bucky retrouve une température corporelle normale, il est doucement installé sur un brancard et mené dans une chambre de réveil, où il est installé dans un lit et branché à quelques moniteurs, pour être bien sûr que rien ne cloche. Commence un long moment de veille. Un très long moment de veille.

Bucky ne se réveille pas en deux heures.

.*.

« Peut-il en mourir ? »

Trois jours. Le médecin au chevet de Bucky lui lance une œillade hésitante, et Steve connait alors la réponse avant qu'il ne la lui donne.

« Ce n'est pas à exclure. La cryogénie est éprouvant pour le corps humain, mais son cœur tient bon. Et, vous l'avez dit, ce n'est pas la première fois. »

« Mais la première fois depuis longtemps. »

Le médecin hoche lentement la tête il a la décence de ne pas détourner le regard tandis qu'il ne peut être rassurant. Steve apprécie cette intention de lui.

Dans son sommeil, Bucky a l'air si paisible. Les moniteurs n'ont jamais rien indiqué d'anormal depuis qu'il est sorti de la capsule, mais rien non plus de prometteur. Son cœur bat à un rythme régulier qui l'obsède même dans sa chambre, dans son lit, la nuit venue sa respiration soulève sa poitrine sans accroc, comme une machine bien huilée. La greffe de son bras n'a pas donné le moindre signe de rejet, et les sutures sont quasiment invisibles désormais, boostées par le métabolisme de guérison accélérée du soldat. Mais pas un doigt n'a bougé. Pas un cil. Rien.

Finalement, l'attente est pire que de venir chaque nuit profiter de sa présence silencieuse dont il n'a rien à attendre.

Steve, assis sur une chaise à ses côtés, semble porter le poids du monde sur ses épaules. Courbé, les coudes appuyés sur les genoux, il n'a de cesse de dévisager son ami, attendant après chaque seconde que quelque chose se produise. Allez, Buck, réveille-toi… S'il te plaît, fais ça pour moi, au moins. Ou pour toi, je sais pas, mais fais-le, bon Dieu ! Dehors, le vent a tourné. T'Challa se fait moins présent, accaparé par des crises secouant le Wakanda, desquelles il avait demandé expressément à Steve de se tenir à distance. Tony, quelque part dans le monde, digère encore sa trahison, et même s'il a Sam, Clint, Wanda et Scott à ses côtés, le différend qui l'oppose à Stark pèse très lourd dans la balance, chaque jour davantage, car malgré un début difficile, le soutien et l'amitié du milliardaire ont pris une sacrée place dans sa vie, un peu… un peu comme s'il lui avait donné un peu de Bucky, pendant qu'il le croyait mort. Et le souvenir de leur affrontement, qui avait eu un goût si cruellement définitif, le hante chaque jour. Et maintenant, Bucky, qui ne se réveille pas.

Il soupire. Un temps de paix, tu parles… La paix n'est qu'un concept fumeux, car la vie d'un homme est toujours un champ de bataille.

.*.

Au quatrième jour, il enchaîne les coups contre un sac de sable, concentré autant qu'il le peut, quand on le lui annonce. Quand il entre dans la salle de réveil cependant, celle-ci est plongée en plein chaos.

Il y a des cris, des ordres, et des exclamations de surprise ou de panique. Il y a un paravent de personnel qui lui bouche la vue sur le lit, mais il comprend instinctivement ce qu'il se passe : Bucky est déchaîné. Des grognements et des coups sourds se détachent du marasme des harangues des autres, de la ferraille qu'on bouscule, des meubles qu'on malmène. Deux pas l'approchent et il voit quatre soldats ceinturer autant qu'ils le peuvent l'animal sauvage dont les prunelles dilatées exprimaient autant de crainte que de fureur, cette même expression qu'un vieux fauve pris au piège qui donnera sa vie pour sa liberté. Il voit les muscles bandés des gardes, il voit leurs expressions d'intense effort, mais il voit que même à quatre, ils ne parviennent pas à maîtriser le soldat. Et comment le pourraient-ils ? Bucky est comme lui. Un super-soldat. Des expériences réussies dans un océan d'échecs. Des bêtes enchaînées.

D'un coup d'épaule, Steve écarte l'un des gardes et ordonnent sèchement aux autres de faire de même, et appuie de tout son poids sur les épaules de Bucky, et enjambant l'homme, lui coince également les jambes. Le soldat rue dès qu'il sent que la pression faiblit mais se retrouve soudainement cloué au lit par la force de son alter-ego. Ses doigts griffent l'air, ses poings le heurtent, et il grogne de frustration. Mais Steve tient bon. Steve tient bon et cherche à capter son regard.

« Bucky ! », il l'appelle, il le cherche, l'appelle encore. « Bucky, regarde-moi ! » Il espère que sa voix va le faire réagir. Il ne voit pas quoi faire d'autre. « Buck, je t'en prie, c'est moi, Steve ! » Mais l'autre ne se calme pas. Il a l'air désespéré. Il doit se souvenir de toutes ces fois où il était réanimé après une longue hibernation, pour être réinitialisé et remis en mission. Il doit se souvenir de toutes ces fois où son instinct, la seule chose qu'Hydra ne puisse vraiment toucher, lui dicte de se défendre, de se défendre encore, jusqu'à la mort s'il le faut. Et tout ça, tout ça poignarde le cœur de Steve. « Bucky ! » Il sait qu'il peut tenir très longtemps, à le maintenir autant que possible. Mais si Bucky ne réagit pas autrement… « JAMES ! » Et alors, le soldat s'immobilise, et ses prunelles vrillent les siennes.

Il a la respiration saccadée. Il a l'air fou. Mais dans ses prunelles, Steve y voit enfin ce qu'il cherchait : de la reconnaissance. Bucky le reconnaît. Bucky le dévisage, et mémorise dans son cerveau que l'homme au-dessus de lui n'est pas un ennemi, mais un ami, et pas n'importe lequel : Steve. Il le voit le reconnaître, prendre peu à peu pied dans une réalité où Hydra n'est pas maîtresse de la situation, qu'ici, il est en sécurité, que personne ne lui veut du mal. Steve ne se rend pas compte qu'il retient sa respiration.

Et puis, soudainement, sans crier gare, la main de chair du soldat s'agrippe à sa nuque et autant qu'il le rapproche de lui qu'il se soulève lui-même, Bucky l'embrasse.

Une seconde d'éternité. Une seconde pendant laquelle il ne se passe plus rien, ni ici, ni ailleurs. Juste, ses lèvres contre les siennes. Juste ce baiser, aussi pressé qu'il était tendre, juste ça.

Steve relâche Bucky, se jette en arrière, recule, puis quitte la salle de réveil sans un mot.