La fin d'une errance.

Il y avait de nombreux aspects de son métier que Akihito n'aimait pas, comme de devoir obéir aux ordres de son mentor pour avoir de quoi vivre ou de devoir jouer les photographes au mariage d'une quelconque connaissance mais le prix à payer pour vivre de sa passion n'était pas si élevé au final. Du moins c'est ce qu'il se répétait en boucle depuis le matin pour tenter de se convaincre qu'il ne regrettait pas le mois qu'il avait passé chez Asami pour fuir les paparazzi. Il maudit une fois de plus le mafieux alors qu'une mère totalement charmée par son fiston déguisé en tortue pour le spectacle de fin d'année vint lui demander de le prendre en photo. Encore. Ça devait bien être la deux centième photo d'un gamin brayant qu'il prenait. Et il n'était là que depuis trois heures. Le point positif était que d'une minute à l'autre il aurait droit à sa pose déjeuné et qu'il pourrait donc se tenir à l'écart de tous ces mômes intenables.

Il soupira en se laissant tomber sur un muret à quelques pas de l'école. Depuis quand était-il devenu ce genre de personnage qui ne supportait pas les enfants ? A quel moment son calme était-il passé devant son travail ? Il ferma les yeux voyant sur ses paupières closes ceux du yakuza, il en frissonna d'horreur et de plaisir malvenu. Il ne lui manquait pas. Jamais. Si l'autre était capable de l'oublier alors lui aussi le pouvait. D'autant plus que c'était Asami qui venait sans cesse le chercher, lui au contraire cherchait à l'éviter. Et s'il était la cause de leur rencontre c'était uniquement à cause de son travail. Il n'irait jamais volontairement à la rencontre d'un malfaiteur. Et encore moins d'un malfaiteur aussi pervers qu'Asami.

Akihito soupira de nouveau en croquant dans son sandwich, il pouvait bien essayer de se mentir autant qu'il le voudrait il n'arrivera jamais à se convaincre. La vérité c'est qu'Asami lui manquait. Asami et le confort de son appartement luxueux. Surtout son appartement d'ailleurs. Et surtout sa présence , entre le moment de leur rencontre et cette Kermesse, avait-il réussi à tomber amoureux d'un type aussi ignoble ? D'accord le gamin qui lui avait fait tombé une glace dessus ne s'était pas excusé mais ce n'était pas une raison pour regretter le temps où il pouvait se contenter de faire à dîner pour payer son loyer !

Il jeta furieusement l'emballage de son sandwich à la poubelle et reparti doucement pour sa séance de torture. A peine eut-il mis les pieds dans la cours de l'école qu'une jolie jeune femme lui demanda de prendre son fils en photo. S'il avait été seul il aurait sans doute pleuré de ne pas la trouver attirante.

Les heures s'écoulaient lentement alors qu'il photographiait les enfants qui jouaient et qu'il répondait à la demande des parents gaga de leurs enfants. Alors que le soleil commençait à se coucher et qu'il rangeait son matériel une longue limousine noir aux vitres teintés se gara devant l'établissement scolaire. Akihito sentit son cœur s'emballer alors qu'il essayait de se raisonner. N'importe qui pouvait être dans cette voiture. Son cœur se calma et il retint difficilement sa déception lorsqu'une petite fille se précipita sur le véhicule en éclatant de rire sous le regard amusé de sa mère. Évidement que ce n'était pas Asami. Il ne savait même pas où il se trouvait alors il ne pouvait pas venir le chercher. Akihito secoua la tête, passa la lanière de son sac sur son épaule droite et franchit le portail la tête pleine de tourments. Il tourna à l'angle d'une rue malfamé qu'il devait emprunter pour se rendre à son nouvel appartement et pressa le pas. Il tourna encore à droite et rentra violemment dans la personne qui venait en sens inverse. Relevant la tête pour s'excuser les mots restèrent bloqué dans sa gorge. Face à lui se tenait l'homme qui n'avait cessé d'occuper ses pensées durant toute la journée. Durant tout le mois ne put-il s'empêcher de penser.

Asami semblait aussi surpris que lui, il le regardait fixement comme s'il s'attendait à ce qu'il arrache violemment un masque pour laisser place à une tout autre personne. Il finit par ancrer ses yeux dans les siens et un doux sourire effleura ses lèvres.

-''Te voilà enfin Takaba...'', murmura-t-il

-''Je n'avais pas remarqué que tu me cherchais'', cracha le jeune photographe qui venait de retrouver la parole.

-''Ça fait des heures que je t'attend chez toi''

-''Et bien figures-toi que certaines personnes travail !''

-''Est-ce que tu es en colère Akihito ?'', s'étonna le yakuza

-''Bien sûr que non ! Pourquoi est-ce que je serais en colère ? Je suis juste surpris de te voir ici, depuis le temps que je suis partie je pensais que tu avais enfin lâché l'affaire !''

-''Je n'étais pas au Japon ces dernières semaines sinon ça ferait bien longtemps que tu serais rentré à la maison.''

-''Figures-toi que j'y vais, à la maison !''

-''Bien sûr que non, tu te rends dans cet appartement sordide et miteux''

-''C'est chez moi !''

-''Non. Maintenant cesse de faire l'enfant et rentrons à la maison. Ce n'est pas sûr ici.''

-''Ah parce que chez toi c'est moins louche peut-être !?'', s'écria Akihito

-''Viens. Ne m'oblige pas à te forcé. Tu m'as manqué Takaba, bien plus que je n'aurais pu l'imaginer.'', souffla Asami

Akihito lui emboîta le pas sans un mot, incapable de contenir le flot d'émotion qui le traversait. Il allait rentré à la maison. Avec Asami.