Hum... je sais que n'ai rien poster pendant... "compte les semaines" euh... beaucoup de temps et je m'en excuse. Il y a plusieurs causes, manque d'inspiration etc... mais je n'ai rien à me pardonner ! Mea culpa.

Pour la suite de mes fics... ça n'avance pas beaucoup, mais je vais essayer de poster le prochain chapitre la première semaine des vacances pour ceux qui sont en zone B. Par contre deux one shots ne devraient pas tarder.

Je commence donc une nouvelle fic, qui sera courte (10 chaps au max) qui reprend le personnage de Galadhwen qui apparaît dans "La Tristesse des arbres", mais vous pouvez la lire sans problème sans avoir lu cet OS. Chronologiquement, ça se passe avant. Je dédie cette fic à Nim', car c'est entre autre elle qui m'a proposé d'écrire une fic sur ce perso, mais je pense très fort à Leenah et tous ceux qui sont susceptibles de me lire. Et pour ceux qui ont lu ce bla-bla jusqu'à la fin, bonne lecture

La Dame des arbres

Chapitre 1

Le monde des Hommes

Comme toujours, par cette nuit calme et ordinaire, les imposants murs de Minas Tirith se drapaient de noir, plongeant la cité dans l'obscurité. Dans les allées larges et dallées de marbre qui côtoyaient le palais royal, nul brin d'herbe ne poussait. De colossales statues d'illustres personnages se dressaient vers le ciel, le regard dur et les traits figés dans une expression sévère, l'arme au poing. Non loin se trouvait encore l'arbre blanc du Gondor, pâle dans son royaume de pierre, ployant sous la gloire de sa cité. Lui, descendant de Telperion, comme il se sentait seul dans cet apanage de puissance guerrière et de grandeur ! Plus haut encore, se découpaient enfin les ombres rassurantes et humbles des différentes plantes du jardin royal.

La lune baignait de sa lumière argentée les arbres dont le feuillage tamisait la douce clarté de l'astre nocturne et des étoiles. Au cœur de ce petit havre de paix, la silhouette fine d'une jeune femme s'abritait sous les branches frêles d'un pommier qui se courbaient sous le poids de fruits murs et ronds. L'inconnue avait des traits fins, un visage pâle et sans défaut, mais ses oreilles effilées pointaient vers les étoiles, c'était une Elfe. Dans la pénombre de la nuit on ne pouvait distinguer la couleur de ses cheveux, mais certaines mèches qui s'échappaient d'une lourde tresse se parsemaient de fils d'argent à la lumière de la lune. Elle portait une robe blanche, vierge de tout ornement, magnifique cependant dans sa pureté et sa simplicité, et, muette, elle observait les étoiles qui diffusaient doucement leur lumière froide, joyaux de son peuple. Cette Elfe était étrangère à la cité de Minas Tirith, car elle venait des profondeurs des bois dorés de Lorien.

Des pas feutrés la tirèrent de sa contemplation, et elle se retourna vivement. Son visage s'éclaira d'un léger sourire quand elle croisa le regard brillant d'une autre Elfe, au port beaucoup plus noble, le front ceint d'un diadème finement ciselé. La nouvelle venue avait des traits tirés par une étrange fatigue, mais elle gardait toute sa splendeur authentique. Le temps ne pouvait nullement altérer la beauté de la Reine du Gondor, Arwen Undomiel.

--Galadhwen, je ne m'attendais pas à vous trouver ici ! s'exclama l'épouse d'Elessar.

--Je cherchais simplement un peu de réconfort auprès des arbres. Ils sont si peu nombreux ici… expliqua Galadhwen.

--Minas Tirith est tellement différente des anciens royaumes des Elfes…

--Nous vivons dans un monde d'Hommes.

Galadhwen se tut, plongée dans ses pensées. Elle se sentait tellement mal à l'aise dans cette cité froide et blanche, enfermée dans des murailles glacées de pierre. Les plantes n'avaient pas leur place dans un tel endroit. La vie animale était proscrite, les oiseaux ne chantaient pas, les quelques rongeurs qui pouvaient résider ici étaient chassés sans relâche. Les chevaux, emprisonnés dans leurs écuries, ne sortaient que chargés d'objets qui servaient à marquer leur soumission aux Hommes. L'Elfe n'arrivait pas à dormir dans la pièce qu'on avait mise à sa disposition. Elle sentait que sa place n'était pas ici.

--Les Hommes sont parfois si différents… murmura Arwen.

--Ils considèrent que leur destin est cruel, mais ils ne peuvent pas imaginer la chance qu'ils ont, soupira Galadhwen.

--L'immortalité est parfois dure à vivre.

--S'ils savaient comme il est difficile de vivre plusieurs siècles et de voir le monde changer sans que l'on puisse y remédier. Je suis née quand notre peuple était encore important et nombreux, mais à présent il s'efface et disparaît des Terres du milieu.

--Nous vivons dans un monde d'Hommes. Il faut les accepter ou partir.

--Pouvons-nous seulement les accepter ?

Arwen ne répondit pas, le regard perdu dans le vague. Galadhwen esquissa un pâle sourire, et son visage se tourna vers les murs de la cité. Comme ils étaient tristes et sévères dans leur grandeur ! La Galadhrim était venue pour comprendre le départ des siens, et ce qu'elle voyait ne faisait que confirmer ce qu'elle savait depuis longtemps dans son cœur : les Elfes n'avaient plus leur place en ce monde. Ils ne pouvaient supporter de vivre dans des cités privées de toute vie, blanches et froides dans leur coque de pierre. Les Hommes façonnaient le monde à leur image. Les forêts, si belles, havres de paix, étaient craintes et évitées. Les bois, abandonnés, n'avaient plus leur splendeur d'autrefois. Les Elfes ne pouvaient vivre dans le monde des Hommes.

--Je déplore le sort de mon peuple, mais je ne regrette pas mon choix, avoua Arwen. Il était depuis longtemps écrit que nous disparaîtrions peu à peu d'Arda, et le temps est venu. J'ai préféré suivre le destin des Mortels et vivre un bonheur éphémère plutôt que de pleurer pour l'éternité ce qui ne sera plus.

--Il n'y a ni de juste choix ni de mauvais choix. Nous devons accepter notre destin et ce qui est, dit Galadhwen.

La Reine hocha la tête. Elle n'avait pas choisi de tomber amoureuse du Rôdeur Aragorn, et elle n'avait que suivi la volonté de son cœur. Elle ne regrettait rien, et observait avec joie ses enfants grandir. Ses deux filles aînées, Vanimeldë et Ancalimë, son fils, Eldarion, et les deux petites dernières, Silmariën et Miriel, étaient si chers à son cœur ! Elessar était un grand Roi, et elle le respectait énormément. Chaque jour, jusqu'à présent, avait donné sa part de bonheur.

--Je vous comprends, et j'aurais fait la même chose à votre place, assura Galadhwen. Moi aussi, j'ai connu la joie et la douleur de l'amour.

Arwen fut grandement étonnée par cette révélation, mais elle n'en montra rien et n'insista pas. Elle ne savait au fond que peu de choses sur Galadhwen, qui était simplement connue pour certains dons étranges. Elle lui avait plusieurs fois parlé dans sa jeunesse, alors qu'elle résidait dans les bois de Lorien, mais avait été intimidée par la froideur déconcertante de la Galadhrim, de cinq siècles son aînée. Maintenant elle savait que c'était sa nature de paraître distante, et les deux Elfes se respectaient mutuellement. Galadhwen était venue la veille, et Arwen, heureuse de retrouver quelqu'un de son peuple, l'avait accueillie du mieux qu'elle le pouvait. Mais elles avaient peu parlé ensemble.

Un vent frais se leva alors, secouant les branches du pommier. La lumière de la lune se fit aussitôt plus intense, car le feuillage s'écartait pour se refermer aussitôt. Dans une de ces brèves illuminations, Arwen aperçut une larme, unique, qui perlait sur la joue de Galadhwen. Les yeux gris de la Galadhrim fixaient le vide, son esprit était plongé dans ses souvenirs et les mystères de son passé. Son visage s'était soudain empreint de mélancolie, mais l'Elfe reprit le contrôle de ses émotions alors que la brise se calmait.

--J'ai été mariée, un jour, avoua Galadhwen. Mais Il est mort. Emporté par un de ces ignobles combats. Pourtant il le savait. Avant de partir, il m'a dit : « Si je devais mourir, ne te laisse pas abattre par la tristesse. Je ne veux pas emporter de vie innocente avec moi. Continue à vivre, pour moi. Continue ton combat pour la survie. » Je pense que vous le connaissiez.

La Galadhrim se tut à nouveau. Elle se répétait sans cesse ces mots qui resteraient à jamais gravés dans son cœur. Elle avait essayé d'y obéir, et espérait avoir réussi. Quand elle avait appris la mauvaise nouvelle, elle avait voulu mourir. Mais alors elle s'était souvenue, et s'était relevée. Ces mots étaient exacts, Eru avait encore besoin d'elle sur Arda. Sa mission n'était pas encore terminée, mais l'Elfe savait qu'un jour elle partirait. Inévitablement. Elle comprenait instinctivement qu'elle serait la dernière de son peuple à quitter les Terres du milieu. Tel était son destin, de veiller encore sur ce monde d'Hommes.

--Il s'appelait Haldir, continua Galadhwen, c'était le chef de la garde royale de Lothlorien.

Arwen ne dit rien. Il n'y avait rien à dire, les mots étaient inutiles en cet instant. Elle repensa aux phrases qui avaient permis à la Galadhrim de continuer à vivre. Elles étaient sages, mais elle savait qu'elle ne les suivrait jamais. Elessar allait un jour mourir, et elle le suivrait dans la mort, emportée par le chagrin. Elle avait choisi ce destin, elle avait choisi le destin des Mortels. Son fils Eldarion prendrait alors la relève, et continuerait à construire ce monde d'Hommes.

--Je suis désolée, d'avoir réveillé des souvenirs pénibles, répondit enfin la Reine du Gondor.

--Vous n'avez pas à être désolée, ce qui n'est plus ne sera plus. Le passé est le passé, nous ne pouvons rien y changer, répliqua Galadhwen.

Arwen sentit soudain une pointe de nostalgie transpercer son cœur. Son père et ses frères lui manquaient, et elle ne les reverrait jamais. Elle se consolait en observant ses enfants, éclatants de jeunesse. Vanimeldë avait déjà vingt-deux ans, et ressemblait énormément à sa mère, les mêmes cheveux d'ébène et les mêmes yeux clairs. Ancalimë, dix-sept ans, était très différente de sa sœur, mais avait de nombreux points communs avec sa grand-mère Celebrian. Eldarion avait presque tout hérité de son père, et faisait déjà preuve d'un grand courage malgré ses quatorze ans. Silmariën, douze ans, et Miriel, neuf ans, étaient quant à elles un savant mélange de leurs deux parents. Oui, la Reine se consolait avec ses enfants, les êtres qu'elle chérissait le plus au monde à présent, avec Elessar.

--Mais nous pouvons tirer des leçons du passé, ajouta la Galadhrim.

Arwen ne répondit rien, songeuse. Son esprit était tourné ailleurs. Soudain, elle demanda :

--Pourquoi êtes-vous venue ici ? Nul Elfe n'est plus retourné en Gondor depuis le couronnement du Roi, mon époux !

--J'essaye de comprendre pourquoi les Elfes sont si différents des Hommes, dit simplement Galadhwen.

--Peut-être est-ce parce que leur vie est trop courte…supposa la Reine du Gondor.

--L'immortalité… un don et une malédiction…

Galadhwen soupira doucement, et laissa son regard se poser sur une des pommes de l'arbre sous lequel elle se tenait. Le fruit était plus petit que les autres, mais sa surface était lisse et semblait sans défaut. Retrouvant le sourire, l'Elfe le cueillit lentement, et croqua joyeusement dans la chair tendre et juteuse de la pomme. Elle savoura longuement cette première bouchée, profitant du goût sucré et prononcé du fruit. Puis elle le fit tourner dans sa main, et ses yeux se perdirent dans le vague. Ils étaient gris, pareils à deux lacs glaciaires perdus quelque part dans une immensité de glace et de neige. Des reflets vert d'eau parsemaient ses iris, très clairs. Mais une lourde frange de cils bordait ses paupières, si bien que son regard semblait de loin sombre.

L'Elfe aperçut en contrebas dans la ville une faible lueur qui se déplaçait timidement dans les ruelles, et la suivit du regard. Mais très vite la lumière disparut, et Galadhwen devina sans peine ce qui s'était passé : quelqu'un avait dû être obligé de sortir momentanément dans la nuit, et avait emmené une lanterne. Une fois sa tâche accomplie il était certainement rentré le plus vite possible chez lui, et avait éteint la source lumineuse. La Galadhrim soupira. Les Hommes avaient-ils donc si peur de la nuit ? Certes, l'obscurité était le royaume des Orques et du Mal, mais devait-on craindre les créations d'Elbereth et de Yavanna, les étoiles et la lune ? Il était évident qu'il fallait les admirer, et non les redouter !

--Quand je me suis levée pour me rendre ici, dit brusquement Arwen, je suis passée devant la chambre d'Eldarion. Il était éveillé à cause d'une forte fièvre, et m'a entendue, car il a hérité de l'ouïe des Elfes. Il a été très déçu de ne pouvoir m'accompagner à l'extérieur comme il le fait de temps à autre, car il adore regarder les étoiles. Mais il pouvait à peine se lever…

--Il doit avoir plusieurs de nos caractéristiques, mais est vulnérable aux maladies comme les Mortels, répondit Galadhwen.

L'épouse d'Elessar acquiesça. Son visage s'était assombri, car elle s'inquiétait pour son fils. Malgré sa grande science de la médecine, elle n'arrivait pas à faire baisser la fièvre. Le père et Roi n'était pas là, elle le savait quelque part en guerre contre les pirates, en compagnie du Roi Eomer. La guerre, toujours la guerre ! Elle en avait assez ! La guerre lui avait fait perdre sa mère, avait causé la mort d'amis, et maintenant la privait momentanément de son mari. Pourquoi certains cherchaient-ils sans cesse le combat ? Qu'avait-il d'attrayant, à part envoyer des dizaines de guerriers et d'innocents dans les cavernes de Mandos ? Sauron avait été enfin vaincu, alors pourquoi certains Hommes cherchaient encore à semer le chaos, même s'ils savaient que c'était peine perdue ? La Reine se tourna vers la Galadhrim, et ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais au dernier moment elle changea d'avis et esquissa un pâle sourire.

--J'ai été heureuse de vous parler, mais je m'inquiète pour mon fils, dit-elle enfin. Je vais me retirer, je dois surveiller la fièvre d'Eldarion.

--Je vous retrouverai à l'aube alors, conclut Galadhwen.

La Reine acquiesça d'un signe de tête, sembla hésiter encore quelques instants, puis fit volte face, et s'éloigna gracieusement dans un tourbillon de jupes avant de disparaître dans le palais royal, sous le regard pensif de la Galadhrim.

A suivre…