Sois heureuse…
Chapitre 1: Pourquoi...?
Les premiers rayons du soleil venaient caresser les toits en bois et faisaient revivre les visages de pierres. Peu à peu, les rues de Konoha redevenaient animées. Les fenêtres s'ouvraient, laissant passer l'air frais du matin, les habitants sortaient de chez eux, les enfants commençaient à jouer et à rire sous l'œil attendri de leurs parents, les oiseaux chantaient à la gloire de l'aurore, les chats s'étiraient gracieusement pendant que les chiens accompagnaient gaiement leurs jeunes maîtres dans leurs jeux. Aujourd'hui, il faisait bon vivre à Konoha, les rues grouillaient de monde maintenant et l'odeur du bon pain chaud venait chatouiller les narines des adeptes de la grasse matinée – qui ne tardèrent pas à se lever d'ailleurs.
Seulement, au milieu de tout ce bonheur, une personne dépérissait lentement.
L'hôpital de Konoha se trouvait à l'ouest du village. Un grand bâtiment blanc. À cette heure-là, il n'y avait que très peu de blouses blanches pour très peu de malades. Les infirmières allaient et venaient, leurs carnets en mains, dans les rares chambres occupées pour s'assurer que tout allait pour le mieux. Au fond d'un de ces couloirs lisses, une salle était occupée, et pourtant, personne n'y avait encore pénétré.
Une porte de bois totalement blanche s'ouvrait sur une pièce aux murs de même couleur. Au centre de cette pièce trônait un lit. Dans des draps immaculés on pouvait apercevoir une fragile silhouette. Une jeune fille aux cheveux roses étalés en auréole autour de sa tête était allongée. Ses yeux étaient clos, elle semblait dormir profondément, mais son teint était pâle, beaucoup trop pâle. Un masque à oxygène recouvrait une grande partie de son visage, il était relié par un tuyau à une machine où figurait une ligne verte parcourue de pics réguliers. À gauche du lit de la patiente, un vase rempli de fleurs fraîchement cueillies se dressait sur un petit meuble à la hauteur du lit.
Cette chambre était noyée par la lumière du jour mais il y régnait une atmosphère dérangeante. Le parfum subtil des plantes se mêlait à l'odeur du désespoir et de la mort. Un silence oppressant remplissait cet endroit, entrecoupé par le bruit régulier de l'appareil auquel la malade était reliée et le son de sa lente respiration.
C'était la chambre de celle qui était considérée comme « perdue ». Tout espoir avait disparu depuis bien longtemps. Ils avaient tout essayé, mais son cœur plongeait maintenant dans les abysses du désespoir, les ténèbres s'étaient emparées d'elle pour ne plus jamais relâcher leur emprise sur leur proie. Il lui arrivait parfois de sortir de son cauchemar lorsqu'elle recevait une visite, mais elle y replongeait sitôt qu'elle se retrouvait de nouveau seule. Elle était rongée par un mal dont personne ne pouvait la guérir. La jeune fille mourrait lentement.
Pourquoi ? Comment en était-elle arrivée là ? Pour le savoir, il faut remonter à quelques mois de cela…
« Suite à une mission, ils avaient fini par trouver le repaire d'Orochimaru. Yamato, Sakura, Sai et Naruto y avaient de nouveau pénétré après avoir ramené leur coéquipier Sai et capturé Kabuto. Celui-ci avait été neutralisé grâce aux liens de bois de Yamato – anbu de son état – en personne, qui l'avait laissé sous la surveillance d'un clone. À l'intérieur de la grotte, l'équipe s'était séparée en deux binômes qui devaient chercher chacun dans une direction différente, mais pour retrouver la même chose, ou plutôt…la même personne. Ainsi, Sakura avait fait équipe avec son supérieur, le capitaine Yamato.
Ils parcouraient tout deux de sombres couloirs avec pour seuls compagnons le silence absolu et la vigilance. Un seul moment d'inattention pouvait leur valoir la mort, ils le savaient, et c'est dans ce climat d'oppression qu'ils marchaient.
Cet endroit était comme le maître des lieux, froid et traître. Les murs de roche étaient gravés de courbes évoquant avec simplicité, ou rudesse, des vagues ondulant à la surface de l'eau. Il faisait froid et une désagréable odeur flottait dans l'air. L'odeur du sang. Cette pensée la terrifia à un tel point que pendant un instant elle ne put contrôler les tremblements de son corps. Mais Sakura était plus déterminée que jamais, elle était si près du but, de son but…de leur but. Naruto et elle avaient passé tellement de temps à attendre ce moment, à l'imaginer, et maintenant ils le vivaient. Elle n'abandonnerait pas si facilement ! Elle n'abandonnerait jamais !
À chaque bifurcation, Yamato et la jeune fille s'arrêtaient pour ne pas se faire surprendre au détour d'un couloir, puis une fois leurs craintes écartées, ils avançaient à nouveau.
Soudain, ils virent enfin une porte. Sakura plongea sur elle et l'ouvrit à la volée, ignorant les avertissements de son capitaine.
Personne. Ce n'était qu'une salle vide. Toute l'énergie qu'elle avait mit à ouvrir cette porte semblait s'être envolée avec ses espoirs, ou en réalité…ses illusions.
Puis, elle sentit Yamato poser une main sur son épaule. Elle se retourna alors vers lui.
- Il y en a encore des tas, dit-il simplement.
Sakura jeta un œil dans le couloir. En effet, il y en avait encore beaucoup, ce n'était pas la peine de désespérer pour si peu.
- Mais la prochaine fois, ajouta-t-il. Évite de briser toutes les portes que tu rencontres.
Sakura esquissa un sourire gêné en observant les débris de bois éparpillés sur le sol. Elle y avait mit un peu trop d'enthousiasme.
Puis ils repartirent dans leur course effrénée contre la montre. Ils ouvraient toutes les portes qu'ils trouvaient, mais celles-ci ne révélaient à chaque fois que des pièces vides. Comment pouvait-on avoir autant de salles qui ne servaient à rien ?!
Soudain, Yamato s'arrêta.
- Naruto ! Il y a un problème !
Le visage de Sakura se figea.
- Allons-y !
Ils coururent aussi vite qu'ils le purent sur le chemin du retour qui sembla à Sakura bien plus long que celui de l'aller.
Seulement, au détour d'un couloir, ils tombèrent sur celui qu'elle n'espérait plus. Il se tenait là, à quelques mètres devant eux. Ils s'arrêtèrent. Elle l'avait enfin retrouvé !
Il n'avait guère changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu, il y a presque trois ans. Il était juste beaucoup plus grand et son physique se rapprochait maintenant davantage de celui d'un homme. Mais il avait toujours ces mêmes cheveux d'ébènes, ces mêmes yeux noirs et cette même prestance. Les quelques mèches qui retombaient devant ses yeux n'enlevaient rien à son charme qui s'accentuait avec les années. Vêtu d'un pantalon aussi sombre que son regard et d'un haut de kimono blanc à demi ouvert, révélant une bonne partie de son torse, Sakura ne put s'empêcher de penser qu'il était beau, incroyablement beau, et son rythme cardiaque s'était accéléré malgré elle.
C'était bien le digne descendant de célèbre clan Uchiha.
- Qu'est-ce que vous foutez ici ?
Son ton était agressif, ils n'étaient pas les bienvenus. Elle avait su d'avance que ça se serait passé ainsi, mais elle avait tout de même espéré un peu plus de tact.
Sasuke lui jeta un regard, puis un sourire méprisant apparut sur son visage.
- Tiens ! Naruto et Kakashi ne sont pas avec toi ? remarqua-t-il ironique.
- Je remplace Kakashi, mais Naruto est ici, répondit Yamato. Il te cherche lui aussi.
En entendant le nom de Naruto, Sasuke émit un sifflement de mépris.
- Il te considère comme son frère ! intervint alors Sakura. Qu'as-tu fait de lui ?
- Je n'ai qu'un seul frère…
- Que fait-tu de Naruto et moi ?!!
- Il faut juste que je finisse ce que j'ai commencé avec lui…
- Finir…quoi ? hésita-t-elle soudain.
- De le tuer.
- C'est tout…c'est tout ce qu'il est devenu pour toi ? demanda-t-elle d'une voix radoucie par la déception qui l'envahissait.
- Oui. Quelqu'un à tuer pour obtenir la puissance.
- Juste…pour ça…
Pourquoi était-il devenu ainsi ?
Elle observa le visage du jeune homme, mais cela ne fit qu'accroître sa peine.
- Sasuke ? hasarda-t-elle.
Mais il lui jeta un regard si froid qu'elle n'osa plus reprendre la parole.
Puis, en à peine quelques secondes, il fut sur elle. Il porta sa main à la gorge de la jeune fille, la souleva et la plaqua contre le mur avec une violence inouïe. Le choc brutal arracha un cri de douleur à Sakura. La main autour de son cou la serrait, toujours plus fort, elle suffoquait. Elle enserra le poignet du jeune homme, mais rien n'y fit, il ne lâchait pas prise. Elle ne parvenait plus à reprendre son souffle, elle ne respirait plus.
Allait-elle vraiment mourir ici ? De sa main ? »
Son pouls s'était soudainement accéléré, de plus en plus vite puis d'un coup, plus rien. Le bruit strident et continu de l'appareil alerta alors le personnel. Trois infirmières pénétrèrent dans la chambre. L'une d'entre elles jeta un œil à la ligne verte rectiligne de l'électrocardiogramme et déclara d'un calme saisissant :
- Arrêt cardiaque. Sa tension a chuté.
Un médecin entra à son tour dans la salle et analysa rapidement la situation. Après ces quelques précieuses secondes, il enfila des gants stériles, prit l'appareil dont il avait besoin et ordonna :
- À 300 joules !
Il frotta les deux poignées du défibrillateur l'une contre l'autre pendant qu'une infirmière découvrait la jeune fille de ses draps, puis il choqua le corps inerte qui sous l'impulsion s'arqua soudainement.
Aucune réaction.
- Mettez-le à 320 !
« Yamato se décida enfin à intervenir et sépara à l'aide d'une barrière mokuton l'agresseur et sa victime qui s'écroula sur les genoux. »
Nouvelle décharge.
Le corps se courba de nouveau et enfin, le médecin entendit ce qu'il désirait pouvoir écouter, le bip court et régulier avait remplacé le long sifflement de l'appareil dont la ligne verte était à présent parcourue de pics. Son cœur était reparti et sa respiration lente et régulière se faisait de nouveau entendre.
- Ce n'était pas grand chose, annonça le docteur avec un certain fatalisme dans la voix, une simple rechute. Mais il faut tout de même que cet incident en soit référé à Hokage-sama. Elle a ordonné que tout ce qui arrive à son élève lui soit rapporté.
- Je vais aller la voir, proposa une des trois infirmières.
- Très bien Miki, n'oubliez pas de lui préciser qu'il s'agit de la petite Haruno Sakura.
Miki acquiesça et partit sur le champ. Le médecin s'approcha de Sakura et posa une main avec douceur sur son front.
- Pauvre enfant, soupira-t-il. Elle ne mérite pas ce qui lui arrive…personne ne le mériterait.
Les deux femmes en blouses blanches eurent un regard teinté de tristesse et l'une d'entre elles la recouvrit de ses draps avec délicatesse.
- Si jeune et si jolie…le destin est bien cruel…
« Yamato fit disparaître sa barrière et prévint Sasuke :
- Ne la touche pas !
Sasuke se retourna vers l'anbu, les yeux métalliques. Ce type n'allait certainement pas se permettre de lui donner des ordres.
- Trop faible, répliqua-t-il alors en jetant un regard hautain à Sakura.
À genoux, les mains autour de son cou, elle tentait avec difficulté de reprendre sa respiration.
- Détrompe-toi gamin, cette jeune fille est la disciple de Godaime Hokage.
Disciple d'un Hokage…Et alors ? Qu'est-ce qu'il voulait que ça lui foute ? « Gamin »…Pour qui se prenait-il ? Il fallait qu'il lui donne une bonne leçon, pourtant…
- Pfffff !
Il leur jeta un dernier regard condescendant dont il avait le secret, leur tourna le dos et partit.
Sakura se leva enfin et voulut lui répliquer quelque chose, n'importe quoi, mais il fallait absolument qu'elle lui parle, ne pas rester là sans rien faire, quitte à envenimer la situation. Malheureusement, l'anbu l'en empêcha :
- Naruto est notre priorité pour l'instant, lui rappela-t-il.
- Oui, vous avez raison, reconnut-elle.
Sur le chemin, Sakura ne put s'empêcher de repenser à cette altercation et se trouva ridicule. Elle ne l'avait même pas sentit arriver. Mais le pire, c'est qu'elle n'avait même pas songer à le frapper lorsqu'ils l'étranglait. Pourtant, elle avait eu les mains libres. Quelle imbécile elle avait été ! Pourquoi n'avait-elle pas essayé de se défendre ? Pourquoi n'avait-elle pas pu ? Car c'était ça la vrai question…pourquoi n'avait-elle pas pu… ? Que lui dirait Tsunade si elle venait à l'apprendre ? Elle aurait sûrement honte de son élève, tous ces entraînements et ces sacrifices pour en arriver là. Mais en réalité, c'était surtout elle qui avait honte d'elle-même, elle s'en voulait d'avoir réagi de cette manière ou plutôt…de n'avoir pas réagi. Bon sang ! Elle était une kunoichi ! Un ninja de Konoha ! Et pas n'importe lequel, elle était la disciple de l'Hokage ! Sa réaction avait été pitoyable.
Quelques minutes plus tard, Sakura dut écourter son sermon, car ils avaient retrouvé Naruto et Sai, et leur ennemi n'était autre qu'Orochimaru en personne. L'heure n'était plus aux monologues, aussi constructifs soient-il.
- Tu es faible Naruto, ricana le serpent. Beaucoup trop faible.
Que s'était-il donc passé ? Sai était aussi calme qu'à son habitude, mais Naruto semblait essoufflé. Se serait-il battu contre lui ? Il n'y avait aucun doute là-dessus.
- Néanmoins, continua Orochimaru, je vais vous laisser la vie. Il est bien probable que vous nous soyez utiles pour détruire l'Akatsuki. Nous avons un ennemi commun.
Il commença s'en aller, mais se retourna une dernière fois, un immense sourire aux lèvres.
- Au fait, je vous conseille de déguerpir de cet endroit si vous ne voulez pas finir enterrés vivants.
Et il disparut sous leurs yeux.
- Qu'est-ce que c'est que cette menace ?! s'écria Naruto.
- Calme-toi, ça ne sert à rien de t'énerver comme ça, fit sagement Yamato.
- Sale type…grommela tout de même le blond.
La terre se mit soudain à trembler. Le sol devenait instable et les murs de la grotte commençaient à s'effriter.
- Même si ça ne me plaît guère, je crois que nous ferions mieux de suivre son conseil, admit leur chef d'équipe.
Les trois membres approuvèrent en silence et le suivirent, évitant les pierres qui pleuvaient maintenant du plafond rocheux. Les rochers qui tombaient se faisaient de plus en plus gros au fur et à mesure qu'ils avançaient. Malheureusement, l'un d'entre eux s'écroula et alla percuter l'arrière du crâne de Sakura qui s'écroula sur le choc. Elle se releva rapidement et passa sa main à l'endroit où elle avait reçu le coup. Elle sentit alors un liquide chaud couler entre ses doigts, elle saignait. Tant pis ! Elle se dépêcha de rejoindre les autres, qui ne l'avait pas vu s'arrêter, avant que tout ne s'écroule. Elle ne tenait vraiment pas à les inquiéter, surtout Naruto. »
Aujourd'hui, Ino rendait visite, elle venait tous les jours. Elle ouvrit doucement la porte et apparut dans l'encadrement, des fleurs à la main. Puis, comme si c'était une vieille habitude, elle se dirigea vers le vase sur le meuble de chevet, enleva les fleurs fanées et y plaça celles qu'elle avait apporté.
- Ah ! Je vois que Naruto et Lee sont venus eux aussi, remarqua-t-elle en retirant les fleurs mortes.
Une fois son rituel terminé, elle prit une chaise dans un coin de la chambre, s'installa à côté du lit de son amie et l'observa. Elle avait tellement maigri depuis ce jour-là, ce n'était plus que l'ombre d'elle-même.
- Tu ne manges même plus Sakura, commença-t-elle sur un ton de reproche, les médecins sont obligés de te nourrir par perfusions maintenant.
Comme toujours, Sakura ne répondit pas. Elle dormait. Peu importe, Ino replaça les quelques mèches désordonnées qui barraient son pâle visage. Sakura ouvrit alors les yeux et voyant son amie, sourit faiblement.
- Ton état empire, tu maigris à vue d'œil, observa Ino. Si seulement on pouvait faire quelque chose pour toi, si seulement je pouvais t'aider en quoi que ce soit, si seulement…tu ne l'avais jamais connu…
Le regard émeraude de Sakura se voila pendant quelques secondes, et elle sombra de nouveau.
- Je me sens…tellement inutile…
Des larmes perlèrent sur le visage d'Ino, alors elle se leva et sortit en refermant sans bruit la porte derrière elle. Sakura était de nouveau enfermée dans ses propres ténèbres.
« L'équipe de Yamato avait réussi à sortir sain et sauf de la caverne et reprenait maintenant le chemin du village dans un silence pesant.
Ce fut de retour chez elle que cela commença…
Elle rentra, sans un mot, s'enferma dans sa chambre et s'assit sur son lit entourant ses genoux de ses bras. Elle pensait. Elle ressassait sans arrêt sa rencontre avec lui depuis qu'ils étaient partis. Cela ne la quittait plus.
N'éprouvait-il donc plus rien pour ceux qui l'aimait ?
Cette simple idée l'horrifia.
Comment était-ce possible ? Avait-il vraiment tiré un trait sur son passé ? Sur eux ?…C'était impossible !
« Mais pourtant vrai. » répliqua un petite voix à l'intérieur de sa tête.
Non ! Il ne pouvait pas effacer tous ces moments qu'ils avaient vécu ensemble !
« Et pourquoi pas ? » glissa sournoisement la voix.
Parce qu'ils l'aimaient !
« Et lui ? »
…Comment pouvait-elle être sûre que lui aussi les aimait ?…
Quoi qu'il en soit, même s'il l'effaçait de sa vie, il ne partirait pas de la sienne. Elle ne pouvait tout simplement pas l'oublier. Il était là et il y resterait…à jamais.
Mais…pourquoi était-il devenu ainsi ?
« Le pouvoir » répondit une nouvelle fois sa voix intérieur.
Sakura passa sa main sur sa gorge endolorie et repensa à celle de Sasuke autour de son cou.
La tuer ?Il avait vraiment voulu la tuer à ce moment-là ?
Cette fois, elle avait espéré que la voix lui répondrait, mais elle n'obtint aucune réponse.
Pourquoi ne disait-elle rien ?Elle aurait tellement voulu une réponse…cette fois…
Elle commençait à ressentir une petite douleur au niveau de ses tempes. Et plus elle pensait, plus la douleur empirait.
Était-ce la violence de Sasuke ou sa propre faiblesse qu'elle regrettait ? Peut-être les deux…Peut-être le regrettait-elle simplement lui…
Épuisée, elle s'écroula sur son matelas et s'endormit. Mais son sommeil fut loin d'être réparateur, cela la hantait, de jour comme de nuit.
Le lendemain, elle se réveilla avec un mal de tête horriblement douloureux et si l'on rajoutait sa blessure dut à la chute de pierres, le résultat était plus que désastreux. Elle s'efforça de ne pas penser à sa douleur, mais elle devint bien vite intolérable.
Un peu plus tard, quelqu'un sonna à sa porte, elle l'ouvrit. C'était Naruto. Il voulait l'inviter à Ichiraku, mais remarquant son visage crispé par la douleur et ses cernes, il s'interrompit.
- Sakura, ça va ?
Et voilà qu'il s'inquiétait !
- Oui oui, ça va ! mentit-elle en esquissant un geste de la main. J'ai juste passé une mauvaise nuit.
Naruto fronça les sourcils, dubitatif.
- T'es sûre ?
- Mais oui, j'te dis ! s'exaspéra-t-elle.
Soudain, les yeux de Naruto s'écarquillèrent de stupeur, puis une ombre recouvrit son regard azur. Sakura n'en comprit pas la raison. Seul lui la connaissait.
- Ce ne serait pas à cause de…
- Bon ! On va les manger ces râmens ou quoi ?!
- Ah !…Euh…oui, on y va !
- J'te préviens, c'est toi qui paye !
- Argh ! T'es dure…
Elle avait détourné la conversation, mais Naruto en était désormais certain. Il savait maintenant quelle était la cause de l'état de son amie, même si elle tentait de tout faire pour le lui cacher. Ils se mirent donc en chemin pour le restaurant préféré du blondinet.
Mais Sakura se maintenait debout avec difficulté, elle tanguait et son mal de tête était tel qu'elle commençait à voir trouble. Elle n'arrivait même plus à marcher droit, heureusement Naruto n'y faisait pas attention. Arrivés à Ichiraku, elle s'installa sur une chaise à côté de Naruto qui commandait deux bols de râmens avec enthousiasme. Sakura était d'ailleurs certaine qu'il ne s'arrêterait pas à un seul bol. Mais…elle n'aurait pas le temps de le vérifier. Elle avait la tête qui tournait dangereusement et elle n'arrivait même plus à distinguer le visage des gens autour d'elle.
- Sakura ?
Elle ne répondit pas.
- Sakura ?
Puis ce qui devait arriver arriva. Elle perdit connaissance et s'écroula sur le sol.
- Sakura !!!
Lorsqu'elle se réveilla, elle se trouvait dans une chambre d'hôpital, Tsunade à ses côtés.
- Ça va ? demanda-t-elle doucement.
- Oui, mentit Sakura en souriant.
- Tant mieux, parce que beaucoup de monde se fait du soucis pour toi. Je pense que tu t'es un peu trop surmenée, il faut que tu te reposes maintenant pour pouvoir sortir plus rapidement.
Puis, Tsunade s'éclipsa sans savoir que Sakura était désormais condamnée à ne plus quitter ces murs.
En effet, la semaine qui suivie, son état s'aggrava sans que quiconque ne puisse trouver un remède. Tsunade en personne vint l'examiner et ne trouva rien d'anormal. Pourtant…Sakura dépérissait lentement sans que personne ne puisse y faire quoi que ce soit.
L'Hokage, assise près de son lit, observait son élève. Que lui arrivait-il ? Son visage reflétait une infinie tristesse…Mais qu'avait-elle donc ?…
Soudain, Tsunade fut prise d'un gros doute. Sakura était revenue de sa mission il y avait à peine plus d'une semaine et c'était au lendemain de sa mission qu'elle s'était retrouvée ici. Comment n'avait-elle pas pu y penser plus tôt ?!
L'Hokage se leva brusquement et quitta l'hôpital pour se rendre à son bureau. Elle ouvrit brutalement la porte, manquant de la faire sortir de ses gonds. Elle fouilla dans ses tiroirs, dans ses dossiers et finit par trouver ce qu'elle cherchait dans son capharnaüm de paperasses habituel. Elle lut rapidement le rapport que Yamato avait fait sur leur mission, mais malheureusement, tous les détails n'y étaient pas forcément inscrits. Hors, ce détail pouvait revêtir une importance capitale. Elle convoqua donc le capitaine et lui ordonna de lui raconter tout ce qui s'était passé au cours de cette mission, sans rien omettre. Yamato la lui décrivit alors dans les moindres détails.
Bien plus tard, lorsque l'anbu sortit, L'Hokage avait une mine étrangement sombre. Elle savait maintenant ce qu'avait sa disciple, mais cela ne l'avançait à rien, car son remède était inaccessible. Tsunade retourna alors à l'hôpital pour avertir les médecins et infirmières en charge de son élève.
- Elle souffre de l'absence de quelqu'un, déclara-t-elle. Elle s'est refermée sur elle-même et rien ni personne ne pourrait l'aider.
- C'est une sorte de…dépression ? hasarda une infirmière.
- En quelque sorte, oui.
Et seul lui pouvait l'en sortir, mais c'était malheureusement irréalisable.
- Nous ne pouvons rien faire…sinon attendre, ajouta Tsunade.
Attendre…Attendre quoi ? Qu'il revienne ? Impossible…Qu'elle se remette seule ? Impossible…Qu'elle meure ? C'était inéluctable. »
Voilà pourquoi une jeune fille désespérait à en mourir dans un lit d'hôpital. Voilà pourquoi elle était sous assistance respiratoire. Voilà pourquoi elle était sous perfusion. Voilà pourquoi…elle disparaissait lentement dans les ténèbres.
Était-ce la faute de Sasuke ou de l'amour inébranlable qu'elle lui portait ? La vengeance ou l'amour ? Il n'y avait pas vraiment de réponse à cette question. Il n'y avait aucune certitude concernant son avenir, mais une hypothèse semblait plus que probable : la mort.
Devrait-elle en arriver là ? Pour ça ?…Pour lui ?…
Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip…
Qui viendrait ?…
