Dernières volontés et testament

Une fiction de Hasapi. Traduction par la pitchoune.

Chapitre 1 : Quand il y a une volonté.

Draco s'appuya sur la tête de son lit en acajou, observant l'horloge de grand-père sur le mur lointain de sa chambre spacieuse. 12:07. Il devait rencontrer le notaire de son père à 1:00 pour la lecture des dernières volontés et du testament de Lucius. Il soupira, levant les yeux sur le dais d'un vert-sombre de son lit à baldaquin. Il n'était même pas sûr de la raison pour laquelle il y allait. Après tout, il était le fils unique de son père, il était donc évident qu'il hériterait de tout.

Mais quand il avait tenu ces propos à M. Janis, le vieil homme avait hésité, son visage âgé se ridant dans un froncement de sourcils, et avait dit « Je ne considèrerais rien comme acquis, mon garçon. » Il avait secoué sa tête grise, accordé au jeune sorcier un demi-sourire, et était parti.

Draco soupira. M. Janis, selon toute vraisemblance, savait de quoi il parlait –et de toute évidence, il savait quelque chose que Draco ignorait. C'était une situation qui avait toujours ennuyé Draco. Il détestait quand quelqu'un savait quelque chose qu'il ne savait pas, parce que cette personne le regardait toujours de haut. C'était la raison pour laquelle il mettait toujours un point d'honneur à savoir tout ce qu'il pouvait d'une situation avant de s'y engager. Il supposait que ça avait un rapport avec les restes de l'entraînement des Aurors qui imprégnaient encore sa conscience.

A la vérité, il était encore un peu effrayé. Lucius avait découvert pendant la bataille finale que la loyauté de Draco allait à Dumbledore, pas à Voldemort, et avant d'avoir été envoyé à Azkaban, l'aîné des Malfoy avait rencontré M. Janis. Draco ne pouvait que supposer que Lucius avait mis à jour son testament, ce que Lucius n'avait pas fait depuis, pour autant qu'il sache, la naissance de Draco.

Draco secoua la tête, passant une main dans ses mèches blond-clair. Il les avait coupées assez court, au moins ce qui aurait été court du point de vue de son père. Il n'était même pas sûr de la raison pour laquelle il se souciait encore de ce que son père pensait –cet homme était mort après tout. Il était mort deux ans après son retrait d'Azkaban. « Bon débarras », murmura Draco, se levant soudainement et marchant jusqu'à l'armoire placée à quelques pas de son lit. Il ouvrit d'un coup sec le tiroir du haut, fouillant sans cérémonie entre les paires de chaussettes et les sous-vêtements.

Il trouva finalement ce qu'il cherchait –une photo de sa mère. Sur celle-ci, elle était… heureuse, une émotion qu'il ne l'avait jamais vu montrer durant tout le temps où il avait vécu et grandi auprès d'elle. Les chevaux blond clair qu'il avait toujours vus confinés dans un chignon strict volaient sur ses épaules et ses yeux riaient, la fille du portrait lui faisait des clins d'œil et retroussait son nez de temps en temps. Il soupira, se demandant encore pourquoi il ne l'avait pas laissé dehors alors qu'il semblait la regarder tous les jours.

Il connaissait la raison, vraiment. Ca lui faisait penser. Ca lui faisait penser à sa mère, et ça lui faisait penser à son père, et ça lui faisait penser à leur mariage… Et ça lui faisait se demander si jamais il se mariait, s'il entrerait jamais dans l'horrible état que l'on considérait comme 'le mariage'.

Draco remit lentement le portrait sous les vêtements, les arrangeant de façon à ce que la photo soit couverte. Il ferma le tiroir et reposa sa tête contre le sommet de l'armoire, se demandant ce qui avait fait que sa mère avait perdu son sourire. Est-ce que ça avait été soudain ? Y avait-il eu un événement qui avait tout changé ? Ou avait-ce été un lent processus par étapes, si lent qu'elle n'avait pas remarqué ce changement avant qu'il ne soit trop tard ?

Il ne savait pas pourquoi il s'inquiétait. Tout irait bien.

Hermione Lynne Granger, vingt-trois ans, un mètre et cinquante-sept centimètres (Note de la traductrice : en anglais dans le texte, ce sont des mesures, je vous le donne en mille... anglaises. Alors, pour ceux qui sont intéressés, Hermione fait en réalité cinq pieds et deux pouces ce qui correspond très exactement, parce que j'ai calculé, à 1,5708 mètre…) de hauteur, les cheveux ondulés châtains qui lui tombaient au milieu du dos quand ils étaient mouillés, était assise sur le bord du canapé au cuir lisse et mauve dans le salon de l'appartement qu'elle partageait avec son amie Elizabeth. Elle fixait une feuille de parchemin, ses cheveux, qui étaient dénoués, cachant son visage ; la feuille disait dans une écriture fine et précise :

Mlle Hermione Granger, la Compagnie de Janis et Gregory requière votre présence pour la lecture des dernières volontés et du testament de Lucius Xavier Malfoy. Vous êtes nommée dans le testament. S'il vous plaît, soyez présente à 1:00 de l'après midi ce lundi 28 février.

Veuillez agréer, Mademoiselle, l'expression de mes sentiments les meilleurs,

M. Edward Janis.

Hermione n'avait toujours pas décidé si elle y allait ou pas. Elle regarda l'horloge. 12:31. Elle avait moins d'une demi-heure. Elle n'avait aucune idée de la raison pour laquelle elle était nommée dans le testament. Il n'y avait aucune raison pour elle d'y figurer, à moins que l'aîné des Malfoy ait décidé de la maudire une dernière fois ou quelque chose du genre. Il avait fait ça assez souvent, bien sûr, tout au long de la guerre, mais peut-être avait-il décidé que ce n'était pas assez. Elle savait qu'elle n'arrêterait jamais de le maudire que ce soit dans l'espace privé de son propre esprit ou tout haut.

Mais elle ne saurait jamais ce que le testament disait à moins d'y aller. Sa colocataire avait été catégorique à ce propos.

« Mione », Elizabeth avait insisté pour lui donner un surnom à la seconde où elles s'étaient rencontrées, malgré toutes ses protestations, « vas-y, tout simplement. Je sais que les Malfoy haïssent les moldus et les nés-de-moldus et tout mais et si… je ne sais pas, et s'il t'avait laissé un peu d'argent ? Tu sais que ce travail au Ministère ne paie pas tellement, et tu travailles là-bas depuis trois ans sans avoir eu de promotion ! »

Hermione soupira en se rappelant les paroles de son amie. C'était vrai. Elle n'avait pas réalisé quand elle s'était engagée –et avait donc accepté- que ce travail était une voie de garage. Mais une fois encore, un emploi au Ministère n'était pas facile à obtenir. Elle avait peur d'avoir été un peu comme Percy quand elle avait commencé –cherchant à plaire, et s'en fichant quand on lui marchait dessus (de façon figurative, bien sûr). Alors, maintenant, tout le monde le prenait pour acquis. Seulement, c'était pire que Percy parce qu'elle était une femme et née-de-moldue aussi, deux caractéristiques qui la discriminaient assez.

Toute cette discrimination l'agaçait, et elle s'en serait occupée –si elle en avait eu le temps. Ce travail lui mangeait la plupart de son temps et elle était payée le même salaire même quand elle faisait des heures supplémentaires –pas de temps comptabilisé en plus pour les employés du Ministère, pas de bonus…

Au moins elle avait Jeff. Elle sourit à cette pensée. Lui aussi était allé à Poudlard, bien qu'il ait été à Serdaigle, aussi bien que deux ans après elle. Elle ne se le rappelait pas de leur période d'école, mais une fois encore, elle n'avait pas fraternisé avec beaucoup de monde en dehors de sa propre maison et de ses classes. Ils s'étaient rencontrés officiellement au Ministère, à une soirée de rencontre entre collègues qui était tenue en l'honneur du premier anniversaire de la défaite de Voldemort, et ils sortaient ensemble depuis presque deux ans maintenant.

Malgré les potins qui disaient le contraire (ils sortaient ensemble depuis deux ans), ils n'avaient pas couché ensemble. Elle avait été tentée –oh oui, elle avait sans aucun doute été tentée. Viktor Krum, l'été après sa quatrième année ; bien qu'il n'ait rien tenté… de façon fâcheuse, ils étaient devenus assez proches quand elle avait paniqué. Ron, durant leur courte romance en sixième année, n'avait pas fait mieux que toute autre adolescent en termes de contrôle sur soi. Seamus, avec qui elle était sorti pendant une période de six mois pendant leur septième année, bien qu'elle doive admettre que c'est avec lui qu'elle avait été le plus proche. Et bien sûr, Jeff. Mais elle avait toujours dit non. Et heureusement, ils avaient toujours respecté ses souhaits.

Hermione était à peu près certaine que Jeff allait lui demander de l'épouser bientôt. Après tout, ils sortaient ensemble depuis deux ans. Certainement, la prochaine étape était le mariage ? Elle savait qu'il pensait que la prochaine étape était le sexe, mais il ne l'avait pressée pas, ni même ne lui avait demandée depuis au moins deux mois. A son avis, il ne respectait pas seulement ses souhaits, mais il la laissait aussi se faire à l'idée d'eux ensemble. Il y avait aussi le fait qu'elle avait entendu d'une source très fiable (ne prêtez pas attention au fait qu'elle l'avait surpris en cachette d'un des ragots au travail) que Jeff avait été vu dans une bijouterie sur le Chemin de Traverse. Elle regarda encore l'affichage de l'horloge digitale. Il était 12:58 : le moment de se décider.

La née-de-moldus de vingt-trois ans se leva, se concentra –et elle était partie.

Draco entra dans le bureau de M. Janis, un mauvais pressentiment au creux de son estomac. Il n'y avait vraiment rien qui pouvait expliquer un tel pressentiment, puisque M. Janis s'était toujours assuré de garder dans son bureau une atmosphère légère et insouciante. Normalement Draco était vraiment calme et composé mais là tout de suite, il était assez à l'opposé. Deux secondes plus tard, ce sentiment sembla bien placé quand il vit Hermione Granger, cheveux touffus et tout, assise en face du bureau de M. Janis.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? », lui sourit-il avec mépris. Elle portait une robe d'un bordeaux sombre qui était vraiment lâche –ça n'avait sûrement pas été taillé sur mesure- et ses cheveux touffus étaient noués à la base de son cou, quelques boucles sauvages échappées reposant sur son cou. C'était ces cheveux qui l'avaient déstabilisé comme il n'en avait jamais vu sortir de son chignon. Elle lui avait toujours rappelé assez étrangement McGonagall, surtout quand il l'avait vue aux réunions de l'Ordre du Phénix après leur remise des diplômes.

Elle se tourna et le fixa, ses yeux marrons lançant des éclairs. Draco connaissait ce regard : en général il arrivait juste avant qu'elle ne fasse une remarque sournoise à propos de son héritage ou spéculait sur combien inné il était. Avant qu'elle ne puisse parler –ce pour quoi Draco fut reconnaissant- une voix s'élevla derrière lui.

« Mlle Granger est là sur ma demande, M. Malfoy. Il semble qu'elle soit nommée dans le testament de votre père. » Les sourcils de Draco se levèrent. M. Janis –comme c'est lui qui avait parlé- continua, de l'ennui presque dans sa voix. « Prendrez-vous un siège M. Malfoy ? »

Draco s'assit dans la seule chaise disponible –qui se trouvait être à côté de Granger. M. Janis marcha derrière son grand et impeccablement propre bureau (les avocats étaient assez effrayants de ce domaine, surtout Janis), disposant une pile de parchemin jaunis sur la surface brillante. Il sourit et s'adossa à son siège ; Draco aurait pu jurer que le costume noir qu'il portait était amidonné comme il avait vaguement entendu un craquellement tandis que le tissu ployait sous le poids de son propriétaire.

« Alors, une autre personne était censée être là », Janis jeta un coup d'œil aux notes écrites dans une petite écriture d'une main méticuleuse, « une Mlle Parkinson. Mais j'ai bien peur qu'elle ne puisse venir comme elle est en Grèce pour sa lune de miel. » M. Janis sourit, ses yeux bleus brillant d'une joie feinte (bien que certains l'attribueraient à son vieil âge). « Aussi, nous allons commencer. »

M. Janis se racla la gorge. « J'ai besoin que tous les deux, vous signez la déposition indiquant que vous n'allez pas contester quoi que ce soit dans le contexte de ce testament ou faire aucune tentative de le changer, que ce soit par la fore physique ou par la force de votre volonté. » Il ouvrit un tiroir, en sortit deux feuilles de papier et les tendit à Draco et Mlle Granger. Cette dernière fronça des sourcils, parcourant l'article dans son intégralité, pendant que Draco semblait ennuyé et levait un sourcil à Janis, attendant que l'avocat lui tendît une plume avec laquelle signer.

La bouche de Janis se tordit. Le garçon Malfoy grandissait pour ressembler de plus en plus à son père, qu'il le sache ou non. Tout aussi exigeant et pas moins clément. Tel père, tel fils. Janis tendit à Draco sa plume, poussant vers lui le flacon d'encre. Draco signa d'un geste théâtral, faisant d'étranges gribouillis avec le y à la fin de son nom ; Janis avait vu la signature de Draco –et vu le garçon signer- assez souvent pour savoir précisément à quoi elle ressemblait même si elle était retournée.

Draco lui rendit la plume, ignorant délibérément la main tendue d'Hermione. Janis la lui tendit, levant un sourcil à Draco. En temps normal, il était un jeune homme assez gentil, surtout envers les femmes. Janis ne pouvait que deviner ce qui, chez Mlle Granger, faisait que Draco la haïssait autant. Il aurait pensé qu'elle était la maîtresse de Lucius, mais ayant lu le testament… Bien, il supposa que c'était toujours une possibilité, mais il connaissait Lucius –mieux qu'il ne l'aurait voulu en fait.

Janis rassembla les parchemins et les plaça sur le côté droit de son bureau, le plus près de lui possible. Il ouvrit le testament à la première page et commença à lire.

« Section 1.a

Moi, Lucius Xavier Malfoy, au moment de ma mort, laisse tous mes titres, propriétés et terres en ma possession à mon fils, Draco Lucius Malfoy. »

Hermione roula des yeux, s'adossant à sa chaise tandis que Draco souriait. Au moins, elle n'aurait pas à rester assise ici pour trop longtemps, comme Lucius laisserait probablement tout à Draco avant de la maudire une dernière fois. Au moins, l'avocat semblait assez gentil. C'était une faible compensation mais c'était mieux que rien.

« Section 1.b

Cependant, seulement dans le cas de son mariage avec Mlle Granger devront absolument tous les fonds en mon nom lui être transférés. »

Draco eut le souffle coupé, ses sourcils se fronçant de confusion, de choc et de rage. Certainement, son père ne pouvait pas faire ça ? C'était juste… Ca ne pouvait pas être légal, de lier son fils à un mariage arrangé sans son assentiment, et sans aucun doute à son insu ! Ca devait être illégal.

Voyant leurs expressions incrédules, M. Janis parla. « Oui, il peut le faire. J'ai bien peur que cela », il tapota le testament de ses petits doigts, « soit tout à fait solide légalement parlant. Et avant que vous ne vous mettiez dans la tête que vous pourriez vous marier et ensuite divorcer rapidement aussitôt les fonds transférés, M. Malfoy s'est préparé à cela aussi.

Section 1.c

En cas de divorce, tous les fonds précédemment à mon nom, devront être transférés à Mlle Parkinson. »

« Je ne comprends rien de tout ça », cracha Draco, sa voix dure et froide. « J'ai de l'argent à moi. Et je peux vendre les propriétés qu'il m'a laissées. » Il y en avait certainement assez pour qu'il ne soit jamais dans le besoin. La propriété au Pays de Galles à elle seule vallait plus d'un million de gallions.

« En fait, M. Malfoy », dit calmement le notaire, comme s'il était habitué à parler affaire avec des jeunes hommes furieux (ce qui était sans aucun doute le cas), « vous ne pouvez pas. De plus, savez-vous combien l'entretien de ces terres coûte ? » Il feuilleta le testament, cherchant quelque chose. « Ah ! La voilà :

Section 3.d

Absolument toutes les terres précédemment à mon nom ne doivent pas être vendues pour faire du profit à moins que les exigences de la Section 1.b ne soient satisfaites. »

Draco fixa le vieil homme, la colère bouillonnant dans son estomac. Il écrasa son poing sur l'accoudoir du fauteuil dans lequel il était installé, lançant un regard mauvais à Granger. Elle semblait aussi choquée et horrifiée à propos de tout cela qu'il l'était, ses mains serrées sur ses genoux tandis qu'elle étrécissait ses yeux face à M. Janis. Mais elle ne pouvait sûrement pas être aussi en colère qu'il l'était. Il était outré que son père lui fasse une telle chose à lui, son seul héritier ! « Je ne comprends pas pourquoi il ferait ça », dit calmement Draco, la colère évidente dans sa voix.

M. Janis opina du chef pensivement, ses courts cheveux gris emportés tout aussi doucement. "Oui, votre père a pensé à ça aussi », dit-il lentement, choisissant ses mots avec précaution. « Il m'a dit de vous remettre ceci si vous aviez cette réaction. » Il tendit au jeune homme un morceau de parchemin, plié dans le sens de la hauteur.

Draco l'ouvrit lentement, une émotion étrangère qu'il reconnu à peine comme de la peur montant dans son ventre, et commença à lire.

Draco,

Tu m'as déçu. As-tu pensé que tu pourrais t'en tirer comme ça ? Espionnant pour Dumbledore. A quoi penses-tu que ressemble la sensation que c'est de réaliser que mon fils soit un traître au Seigneur des Ténèbres, aussi bien qu'à moi ? Bien, vu que tu as creusé ta propre tombe, comme ces moldus pour lesquels tu sembles avoir un faible, tu dois y reposer.

Ton père (bien que ça me peine de l'admettre)

Lucius Xavier Malfoy.

L'emprise de Draco se relâcha sur la feuille de parchemin, mais M. Janis l'attrapa avant qu'elle puisse tomber, le regardant calmement. Comment pouvait-il être aussi calme ? se demanda silencieusement Draco. Tout son monde s'effondrait autour de lui, et Janis agissait comme s'ils étaient à un brunch un dimanche, discutant du dernier roman-mystère de J.R. Brown. Soudain, le sorcier plus âgé sourit. « Donc », dit-il, « Finissons-nous la lecture, alors ? »