Pourquoi ai-je peur d'écrire ? Je suis devant mon journal intime, et c'est bien la première fois que je suis pétrifiée à l'idée d'y mettre ce que je ressens. Qu'est ce que je ressens d'ailleurs ? Je ne devrais pas être amoureuse de lui, 'fin j'veux dire c'est stupide ! Il est beau, sportif, fascinant ( et se moque également de moi) et moi je suis Kim, l'intello, pas très jolie et pas du tout populaire. Et je suis persuadée que Jared ne s'intéresse absolument pas à moi. J'avais décidé de l'oublier, mais dès que je le vois dans les couloirs du lycée, mes yeux sont inexorablement attirés vers lui...
Il est 1h20, il faut que je me dépêche si je ne veux pas être en retard à mon rendez-vous. Je sors discrètement par la fenêtre de ma chambre, et me met à courir dans la nuit vers l'arrêt de bus. James est déjà là. Je monte dans sa voiture et il me dépose devant la bar où je me produis. Enfin « produire » est peut-être un grand mot. Disons que j'y chante et j'y danse tout les soirs, et que j'ai un petit job de serveuse pour avoir un peu d'argent. J'ai commencé i peu près un an, quand mon frère est mort dans un accident de voiture, ça me permettait d'évacuer la douleur. Je rentre donc tous les matins vers 4h voire plus. Mes parents ne sont pas au courant... enfin, ils n'ont de parents que le nom. Après la mort d'Enzo, ils se sont enfermés dans une sorte de bulle de tristesse et de douleur, ils n'ont jamais vraiment acceptés que leur fils chéri disparaisse brutalement. Attention, j'adorais mon frère, et j'aime mes parents, mais ils m'ont comme oubliée, malgré mes efforts pour les rendre fiers. Enfin bref, après le spectacle, une fois dans ma chambre, je me met en pyjama et me couche, demain je commence les cours à 8h.
La sonnerie stridente du réveil m'arrache de mon rêve. C'était encore ce même rêve, celui où l'homme de mes rêves venait et m'avouait ses sentiments, et alors et je me jetais à son cou et... et le réveil a tout arrêté. Je me lève péniblement et vais prendre une douche. Je m'habille simplement, jean slim, sweat et jette un œil dans le miroir. J'ai d'énorme cernes que je ne prend pas la peine de cacher. Je me fais quand même un trait d'eye-liner, et attache mes longs cheveux en une queue de cheval, assez haute. Mes cheveux doivent bien être la seule chose que j'aime chez moi. Ce n'est pas que je suis moche, ni quelconque, mais j'ai quelque chose de différent qui éloigne les autres élèves. J'ai des yeux gris, une peau cuivrée ( comme tous les Quileutes de la réserve d'ailleurs...), je suis plutôt fine et j'ai quelques formes bien placées... Quant à mes cheveux, ils descendent en cascade jusqu'au creux de mes reins et sont blancs. Mais pas blanc/gris comme les personnes âgées, non, un blanc immaculé comme la neige. Ça donne un côté exotique à mon physique, que j'aime bien. Un regard à ma montre m'informe que je suis en retard, je me dépêche donc de prendre mon sac, mon portable, d'avaler un verre de jus d'orange et de courir prendre mon car. Grâce à ma course, j'arrive quelques minutes en avance. Je salue le conducteur, et rejoins Christie, celle qui ressemble le plus, pour moi, à une amie.
Oh, je vois que tu es de mauvaise humeur...
Comment tu sais ?!
Tes cheveux, ils sont bouclés quand tu t'énerves, mais tout lisses quand t'es de bonne humeur...
Christie est très observatrice, en voici la preuve. Je l'apprécie vraiment, et j'aimerais lui confier ce que je fais la nuit, mais je n'étais pas sûre de lui faire assez confiance. Comme si elle lisait dans mes pensées, elle me dit
Tu peux me faire confiance tu sais... même si c'est grave !
Merci Christie, mais je ne suis pas encore prête à me confier...
Cela ne sert à rien de nier, elle ne m'aurait pas crue... On parle donc de sujets différents et je la remerciais intérieurement de ne pas insister. Elle organise une fête samedi prochain, et je lui promit de réfléchir à son invitation. On est lundi, cela me laisse une semaine pour trouver une excuse...
Ne songes même pas à ne pas venir, c'est pour mon anniversaire, tu es ma meilleure amie donc tu viens !
Il faudra que tu m'expliques comment tu fais pour lire dans mes pensées ! Et puis tu sais bien que je ne sais pas comment me comporter en groupe !
S'il te plaît !
Avec sa petite voix suppliante, ses yeux de chien battu et sa moue madeinChristie, je ne peux pas résister !
C'est d'accord, je te jure que je viendrais à ta maudite fête !
Elle me fait un sourire resplendissant, parfois je me demande comment une personne pouvait être aussi belle et souriante ! Christie ressemblait à un mannequin, grande, blonde avec un teint de poupée, ça se voyait tout de suite qu'elle n'est pas originaire de La Push. Elle était arrivée il y a un an, un mois après la disparition de mon frère, et elle m'a aidée, en partie, à remonter la pente. Elle avait tous les garçons à ses pieds, mais elle gardait la tête froide et sortait depuis quelques semaines avec Embry, quelqu'un de très gentil.
Une fois arrivées au lycée, Christie part rejoindre son « âme sœur », comme elle se plaît à appeler Embry, et moi je vais récupérer mes livres dans mon casier. Je ne les fuis pas, mais les voir ensemble me rappelle que je suis seule... À cette pensée, je claquais violemment la porte de mon casier et me dirigeais vers ma salle d'histoire. Habituellement j'étais placée à côté de Jared, mais depuis quinze jours, il avait tout simplement disparu de la circulation comme Paul, son meilleur ami, j'avais donc perdu l'espoir de le revoir un jour. J'arrivais la première dans la salle et pris le temps de m'installer. Les élèves arrivèrent les uns après les autres, et cinq minutes après la sonnerie, le prof arriva, mais pas de Jared à l'horizon. Le cours commença, toujours aussi passionnant que d'habitude, ce prof avait de réelles capacités à transmettre et partager. J'étais entièrement absorbée par la Guerre de Sécession, quand des coups frappés à la porte interrompirent le prof. Jared entra, il était encore plus beau quand dans mon souvenir ! Il devait frôler 1,85 mètres, avec pleins de muscles, un véritable dieu ! Je me rendis compte que j'avais la bouche grande ouverte, et la fermais précipitamment, en m'empourprant et en baissant les yeux. Jared s'installa nonchalamment à côté de moi et sort ses affaires. Il marmonna quelque chose que je ne compris pas, et soudain je sentis sa main me toucher le coude. Je tournais la tête vers lui et restais stupéfaite par la beauté et la profondeur de ses yeux noirs, comme l'encre.
Jared POV
Je me suis imprégné ! Et moi qui pensais que ce n'était qu'une idée farfelue de Sam, voilà que je suis subjugué par Kim Conweller ! Je ne lui avais jamais parlé, elle était ce genre de fille bizarre qui ne parle pas, qui n'a pas beaucoup d'amis et qui n'est pas très populaire. Paul lui faisait souvent des blagues de mauvais goût à l'école primaire, et depuis j'ai l'impression qu'elle nous déteste, malgré mon innocence.
J'étais déjà choqué par ma nouvelle nature de loup-garou, mais m'imprégner dès mon retour au lycée, c'est carrément flippant ! Bref, quand je suis rentré dans cette salle de cours, je ne pensais pas me retrouver lié à Kim. Je me suis installé en faisant abstraction des regards sur moi, et j'ai demandé un crayon à ma voisine. Vu qu'elle ne m'a pas entendu, j'ai effleuré son coude, et j'ai ressentis comme une décharge électrique. Elle s'est tournée vers moi et j'ai eu le souffle coupé ! Elle était splendide ! C'est comme si le temps s'était arrêté, il n'y avait plus qu'elle, je me fichais du reste. Un frisson me parcourut et je me sentais comme apaisé. Je l'observais attentivement et remarquais ses cernes : que faisait elle la nuit, bon sang !? Elle paraissait si fragile, même si elle le cachait bien. Je n'ai qu'une envie c'est de la découvrir et qu'elle me fasse confiance. Quand la sonnerie retentit, elle rassembla ses affaires et quitta la salle. Elle est tellement belle dans son sweat trop grand et dans son slim, qui lui faisait des fesses parfaites. Oui, bon, imprégnation ou pas, je reste un mec ! Il faut que j'aille parler à Sam, pour lui demander comment faire, je ne m'imagine pas lui révéler tout de suite ma nature lupine.
Je quitte donc sans remords le lycée, pour rejoindre mon alpha et sa fiancée chez eux. À peine arrivé, Emily me demande la raison de ma présence, inquiète. Sam n'est pas là.
Non, ça va, enfin je me suis imprégné...
Mais c'est génial ! Tu la connais ?
Non, juste de nom, c'est Kim, Kim Conweller...
Oh...
Quoi « oh... » ?! Tu la connais ?
Je commençais à trembler, quand soudain Sam entra dans le cottage.
Jared, calmes toi, tout de suite !
Mes tremblements s'arrêtèrent, c'est fou le pouvoir que Sam avait sur nous. Quand je pense à Paul qui s'emporte pour rien, je me dis que finalement ça pouvait sauver des vies, et notre secret par la même occasion... Emily reprit alors la conversation :
Je connais un peu ses parents... Elle a perdu son frère dans un accident de voiture il y a environ un an, et depuis, d'après ses parents, elle a changé...
Changé comment ? demanda Sam
Elle sort par la fenêtre de sa chambre la nuit, elle ne leur parle quasiment plus... Ils sont inquiets, surtout qu'ils travaillent beaucoup et n'ont pas vraiment de temps à lui consacrer...
Et moi, comment est ce que je peux l'aborder ?
Ah, ça c'est à toi de voir, mais va à son rythme, surtout ne la brusque pas... tu devrais pas être en cours toi ?
J'y retourne !
J'arrivais juste à temps pour le cours de sport, le deuxième cours que j'avais en commun avec Kim. J'espère simplement qu'il n'y aurait personne qui la materais. On faisait de la course, avant ça m'aurait saoulé, mais maintenant on pourrait faire une compétition avec Paul. Ou alors j'en profiterais pour parler à Kim... À l'échauffement, je suis surpris de voir à quelle vitesse elle courais, elle était en tête, devant tout les mecs ! Elle n'est même pas essoufflée, elle doit s'entraîner régulièrement. Sa tenue de sport, short et débardeur, mettais en valeur ses jambes fines et musclées.
Attention, tu baves ! me dit Paul, en éclatant de rire.
Je ne fais pas attention à sa remarque, et, après que le prof ai donné les consignes, j'allais la voir, pour lui proposer de faire les exercices ensemble.
Kim POV
Il me regardait fixement depuis cinq minutes. Et mon cerveau était en beug. Pourquoi est ce qu'il restait là ?! Ah oui, il m'a posé une question !
Euh, mais Paul, il va faire avec qui ?
T'es débile Kim ou quoi ? Le mec de tes rêves vient te voir, et tu l'envoies bouler, t'étonnes pas si il part maintenant !
T'inquiètes pas pour lui, il est grand !
En effet, 2 mètres c'est énorme !
Il se mit à rire, sûrement un des plus beau son de la planète.
Cameron, Conweller ! Bougez-vous ! cria le prof.
Bon ba, c'est d'accord alors, murmurais-je
Cool, viens !
Le cours se passa plus que bien, j'aimais courir et avec Jared, c'était encore mieux, mais cet intérêt soudain pour ma petite personne me troublais... Peut-être avait-il fait un pari ? Surtout après tout ce qu'il m'avait fait, enfin surtout Paul, mais il n'était pas le dernier à rire... Cette pensée me rendis triste, mais aussi méfiante. Il ne fallait pas que je me laisse dépasser par mes sentiments.
À force de rêver, j'ai loupé mon bus ! Me voilà donc obligée de rentrer à pied, sous la pluie, avec toutes les voitures qui m'éclaboussent et une horrible douleur à la cheville, que j'ai tordu dans les escaliers en sortant des vestiaires. En gros, j'étais d'humeur massacrante, alors quand une Jeep aux vitres teintées s'est arrêtée à mon niveau, j'ai explosé :
C'est bon, j'suis pas une pute, vous pouvez passer votre chemin ! Dégagez !
Euh... je voulais juste te proposer de te ramener...
Hé merde, c'était Jared...
Désolée, je... c'est une mauvaise journée...
C'est à cause du cours de sport ?
Sa voix était inquiète ? Triste ? Déçue ? Je n'arrivais pas à me décider...
Non au contraire, c'était sûrement le meilleur moment de ma journée ! Oh non, ne me dis pas que j'ai dis ça à voix haute... tu veux toujours me ramener ?
Il eu un sourire en coin, qui était juste... Whaouh !
Ouais bien sur, montes !
Je peux te demander...euh, pourquoi est ce que tu fais tout ça ?
Tout ça ?
Oui, me parler, faire le sport avec moi, me ramener...
Je suis sur que t'es quelqu'un de bien, et en fait j'ai envie de te connaître...
Et c'est après des années de moquerie et une maladie que tu t'en aies rendu compte ?
Sans le vouloir, ma voix est devenue cassante.
Euh, ouais, ouais... Disons que la grippe ma fait ouvrir les yeux sur certaines choses...
L'épidémie de grippe n'est pas encore arrivée, marmonnais-je, plus pour moi même que pour alimenter la conversation. Bizarrement, il entendit ma remarque et ça le rendit nerveux...
Ok, bien joué, je te jure que je te le dirais la vérité mais pour l'instant je peux pas... Et je comprend que tu te poses toutes ces questions, mais je te promet que je ne me moque pas de toi et je te trouve vraiment... exceptionnelle !
L'émotion lui avait fait accélérer son débit de parole et j'étais hyper-concentrée pour tout saisir. Au bout de quelques minutes, je n'avais toujours pas répondue et je vit sa mine inquiète... Sûrement pour la santé mentale... et ce fut lui qui rompit le silence :
Désolé, je n'aurais pas du dire ça...
Non ! Ne le sois pas, j'aurais du te répondre plus vite, mais les connections entre mes neurones disparaissent mystérieusement quand t'es dans les parages, et je voulais te dire que, enfin, je me sens bien avec toi, comme si j'étais apaisée... Mais j'avoue que j'ai l'impression d'être liée à toi et ça me fait peur, je veux dire je ne fais pas confiance facilement et donc... oh on est arrivé ! Merci !
Je lui fit un rapide baiser sur la joue, sortit et couru m'enfermer chez moi ! Qu'est ce que je pouvais être nulle en relations ! Et je ne parle pas des relations amoureuses, même avoir des amis était une épreuve pour moi ! À l'heure qu'il est, Jared ne m'approchera probablement plus jamais, y'avait pas idée d'interrompre une conversation comme ça aussi...
