Hello le monde !

Mauvais temps par ici, l'été s'en est allé. À croire qu'il n'attendait que ça -.-'

Voilà, nouvelle histoire... Spécialement écrite pour lalilig, il y a des mois maintenant ! lol

Elle fait une dizaine de chapitres et je ne publierai pas trop régulièrement, j'aime autant me laisser du temps pour ne pas tout foirer.

Sinon, pour ceux qui ont demandé pourquoi j'ai supprimé « Larme de Lune », simplement pour la réécrire en œuvre originale. Voilà

encore un milliard de mercis pour vos messages et votre fidélité.

Bonne lecture... j'espère !

CHAPITRE I

The mauvaise idée

La nuit venait de tomber sur la ville de Beacon-Hills. La lune de ce mois d'août semblait chasser l'obscurité, donnant à cette soirée des allures d'aurore. Le quartier central était calme et peu de lumières brillaient aux fenêtres.

À cette heure pourtant tardive, la plupart des habitants étaient loin de chez eux, savourant leurs vacances et le temps agréable qui perdurait depuis quelques semaines. Dans les rues désertées, certains chats errants profitaient de la sérénité des lieux pour se faufiler dans les ordures humaines, brisant la quiétude par intermittence au grès de leurs recherches minutieuses.

À l'angle d'une rue perpendiculaire à l'artère centrale, deux adolescents se cachaient, regardant partout autour d'eux s'ils étaient suivis. Ils tenaient le bras de l'autre pour s'empêcher mutuellement de marcher.

— Attends, chuchota le plus grand des deux.

Il était nerveux et agitait son visage de tout côté, s'agrippant au maillot de son ami. Sa tenue lâche cachait sa silhouette, même si aucune chemise à manche courte n'aurait pu calfeutrer ses larges épaules. Ses cheveux sombres étaient dressés sur sa tête. L'astre argenté mettait en évidence sa peau pâle et les constellations qui la décoraient dans un joli hasard.

— Tu peux juste me rappeler pourquoi c'est moi qui fais diversion ? murmura-t-il rapidement, les sourcils froncés.

— Mec, il peut pas nous entendre d'ici, tu peux parler normalement, répondit le plus petit en s'apprêtant à avancer.

Il soupira quand la main de son pote chercha à l'en empêcher en s'accrochant avec plus de force à son tee-shirt. Blasé, il se retourna pour lui faire face. Sa peau sombre contrastait avec celle du jeune homme crispé. Il vrilla ses prunelles noires dans les siennes et se détacha de sa poigne sans effort. Son maillot blanc ne cachait pas grand-chose de son torse musclé et son jean épousait ses formes athlétiques.

— Parle pas si fort, chuchota hâtivement le pâlot en tentant encore de le rattraper par sa frusque.

— Stiles, râla l'autre en serrant les dents, sa mâchoire légèrement décalée se crispant pour en accentuer le défaut.

Il se dégagea et ils bataillèrent comme des gosses pendant quelques secondes. Ils entendirent un bruit sourd suivi de plusieurs échos et se figèrent instantanément.

— Les chats, dit celui à la peau sombre en tendant l'oreille.

Il se retourna pour observer Stiles soupirer de soulagement et secoua la tête, un sourire moqueur sur les lèvres.

— Mec, Derek ne nous entend pas, arrête d'être sur le qui-vive comme si on chassait un meurtrier, conseilla-t-il en le lâchant.

— Mais pourquoi c'est moi qui dois faire diversion ? lui demanda Stiles dans un murmure chuintant. Je crois que tu devrais me laisser aller chercher les plans pendant que tu fais diversion, se hâta-t-il sur le même ton.

— Je suis le loup-garou qui peut surveiller ses arrières si ta diversion ne marche pas, Stiles, on en a déjà parlé, lui dit son pote en se retournant pour quitter le coin de la rue.

— A-attends, Scott ! râla Stiles presque silencieusement.

Il retint de nouveau la manche de son ami agacé qui lui fit face en expirant d'impatience.

— Derek me déteste, mec, rappela Stiles, contrarié. OK, ses Bêtas sont pas là, admit-il en fronçant le visage. Mais sérieux, Scott ? Moi j'irais voir Derek pour lui parler, juste comme ça ? Toi t'as l'excuse de lui demander des trucs de loup-garou, de problème d'épilation ou d'aboiements irrépressibles, mais moi, Scott ? réclama-t-il en se pointant lui-même, son chuchotement perdant en discrétion. J'ai rien à dire à ce gars, à part des conneries qui vont lui donner des envies de meurtre !

— Stiles, tenta Scott avec patience, mettant les mains sur ses épaules pour le calmer. Quand tu es dans le coin, Derek est totalement déconcentré, OK ? Une diversion revient à distraire suffisamment quelqu'un pour laisser le temps à celui qui a des sens surdéveloppés de faire ce qu'il a à faire, expliqua-t-il lentement.

Stiles se passa une main sur la nuque en dévisageant son pote.

— Dans ce cas-là, ça revient à faire l'appât, Scott, précisa-t-il, tendu. Derek rêve de m'épingler sur son mur comme un insecte ! Et toi, tu lui offres la bestiole et les épingles. J'ai pas signé pour ça, baragouina-t-il en regardant au-dessus de l'épaule de son ami.

— Mec, tu es bruyant comme pas deux, insista Scott, campé sur ses positions. Si je te laisse fouiller le loft, on se fera prendre avant même d'avoir mis un pied là-bas. Ton cœur bat déjà à mille à l'heure alors qu'on est à deux rues du point culminant.

— Évidemment que mon cœur bat à mille à l'heure, reprocha Stiles, agacé, en lui jetant un mauvais regard. Tu me demandes de divertir le grand méchant loup, Scotty ! C'est comme dire au chaperon rouge : "ta grand-mère vient de se faire bouffer, mais continu à jouer le jeu et demande au prédateur déguisé en drag-queen quinquagénaire pourquoi il a les dents longues" !

— Stiles, remets-toi dans le dossier et laisse tes ressentiments de côté, OK ? râla Scott. Tu sais très bien que c'est la seule solution et Isaac ne va pas rester loin pendant six heures. Alors soit on y va maintenant, soit on abandonne et on se démerde autrement pour les plans de la banque, posa-t-il fortement, incapables de cacher son agacement grandissant.

— Tu me devras le dernier jeu de guerre et un smoothie à la fraise, pesta Stiles en se passant une main dans les cheveux.

— Promis, sourit l'autre en secouant la tête.

— J'rigole pas, Scott, grogna-t-il en le fusillant des yeux. Et si je meurs, je te hanterai toute ta vie. Et si je finis paralysé tu devras t'occuper de moi comme un esclave dévoué, et si…

— Promis, répéta Scott en riant avant de lui tapoter l'épaule avec compassion. Bon, part devant, aucune discrétion requise fait un max de bruit, conseilla-t-il en regardant la rue déserte.

— Je lui demande quoi ? s'inquiéta Stiles en grimaçant.

Scott soupira en l'observant silencieusement et Stiles leva les paumes en l'air.

— OK, d'accord, j'ai rien dit, pesta-t-il en se retournant pour se rendre au loft de Derek. Démerde-toi mon vieux Stiles, t'es bon qu'à faire l'appât de toute façon, baragouina-t-il en traversant le quartier pour rejoindre l'artère principale.

Arrivé en bas de l'immeuble délabré dans lequel vivait l'homme, Stiles leva la tête pour regarder si le deuxième étage était éclairé.

Lumière.

Il soupira et se passa une main nerveuse sur la nuque. Il pouvait le faire. Parler c'était son truc. Divertir c'était son truc. En fait, son hyperactivité était très utile quand il s'agissait d'assommer les autres avec des monologues décousus qu'il était le seul à comprendre.

Stiles franchit l'entrée, plissant le nez à l'odeur désagréable que portaient les lieux abîmés et rouillés. Il se demanda comment Derek faisait pour vivre dans cet endroit dégueulasse. Il regarda la cage d'escalier métallique, puis l'ascenseur moyenâgeux pourvu d'une porte grillagée tordue qui ne cachait rien du vide durant l'ascension. Il choisit les escaliers.

L'écho de ses pas rapides le fit grimacer. Bon, c'était vrai que la discrétion et lui, ce n'était pas vraiment une grande histoire d'amour.

Stiles monta quatre à quatre les marches, passant cinq fois la main dans ses cheveux légèrement humides de sueur, inconscient de les hérisser. Arrivé devant la porte, il s'arrêta, gonfla les joues et s'apprêta à frapper. L'énorme porte rouillée coulissa avec un grincement qui lui fit serrer les dents.

— Qu'est-ce que tu veux ? demanda durement l'homme, ses sourcils noirs et épais se rejoignant presque.

Derek portait un maillot blanc, presque transparent en raison de l'humidité qui le collait à sa peau. Ça ne cachait rien de son torse imposant ni même des poils qui le recouvraient. Sa tronche sévère rendait ses yeux presque plus irréels que quand ils s'illuminaient de surnaturel. Ses cheveux noirs étaient trempés et dégoulinaient par intermittence sur ses tempes et ses épaules baraquées. Son jogging pendait lâchement sur ses hanches sportives et ses pieds nus laissaient des traces mouillées sur le sol du loft.

— Sympa l'accueil, pesta le jeune en s'imposant carrément dans l'appartement presque vide.

Il regarda l'immense pièce archaïque qui contenait tout juste de quoi dormir et une grande table de monastère sans une chaise pour s'y installer. Les murs avaient une couleur brunâtre délavée et on devinait sans peine les longues coulées d'eau qui avaient tracé leurs chemins dans la saleté.

Au moins, cette salle au plafond trop haut avait le mérite d'être fraiche et Stiles souffla en savourant cette atmosphère. L'adolescent fit un tour sur lui-même, faisant face à l'homme qui, bras croisés, était resté à l'entrée pour le dévisager.

— Comment tu fais pour vivre dans ce taudis ? demanda Stiles. Ça fait presque plus peur qu'une maison hantée. En dehors de la baie vitrée, il est bon à démolir ce truc. Sérieux, mec, y a une douche ici ? s'étonna-t-il.

Il laissa son regard dériver sur les empreintes de pieds que Derek avait fait pour venir lui ouvrir et fut incapable de retenir son sourire en voyant la trace des orteils parfaitement dessinés.

— Y a même pas de cuisine ! continua-t-il sans relever le visage fermé de l'aîné qui n'avait pas bougé d'un pouce. En fait, j't'ai même jamais vu bouffer… réfléchit-il sérieusement.

Stiles souleva son tee-shirt pour imprimer un courant d'air sur sa peau.

— Ne m'appelle pas mec, ordonna Derek. Qu'est-ce que tu veux ? réclama-t-il sans se défaire de son faciès hargneux.

— T'es un mec ? demanda Stiles.

Il tendit une main vers Derek avant de la rabaisser aussitôt en gesticulant comme à son habitude.

— Enfin, oui, je veux dire, je vois bien que t'es un gars… Fin', une nana comme toi ce serait pas franchement féminin. Pas que tu sois laid, hein !? C'est juste que tu serais pas concrètement sexy en nana quoi, les poils, tout ça, grimaça-t-il en secouant la tête à l'idée. Bon, j'imagine que si t'étais une gonzesse, t'aurais pas non plus cette pilosité. Tu serais du genre grande et un peu trop musclée pour moi, mais tu plairais sans doute à un tas de gars avec ton regard clair et de longs cheveux noirs…

— Stiles, grogna l'autre entre ses dents serrées.

L'exaspération se lisait autant sur lui que dans son timbre autoritaire.

— Heu… Ouais… Donc, j'me disais…, continua Stiles en déglutissant. Comme t'es un gars très masculin, sans la moindre touche de féminité et avec des cheveux noirs très courts et une pilosité de loup-garou mouillé très musclé, baraqué comme une armoire et qui ne laisse aucun doute sur ta nature de mâle accro à la testostérone. Donc y a cette fille…

— Dehors, ordonna Derek en se décalant pour l'inviter promptement à partir.

— Quoi ? s'insurgea l'adolescent. Mais j'ai même pas encore demand…

— Dehors, répéta Derek, bouche pincée.

— Non ! refusa Stiles, vexé, en essayant d'imiter la position de son aîné. Y a cette fille qui me plait...

Il délaissa sa posture contraignante et commença à trépigner sur place. Ses gestes étaient nerveux et il jeta régulièrement des regards à l'homme exaspéré.

— Eh bon, se reprit-il. J'suis pas vraiment doué pour faire craquer les gens tu vois. Bon, c'est vrai que tu parles autant qu'un muet polyglotte des sourcils, mais tu pourrais peut-être m'aider, dit-il en s'arrêtant pour le dévisager. Donc il y a cette fille, genre, d'une autre catégorie tu vois ? Admettons que je suis une jeep, en précisant que j'aime être une jeep, et qu'elle, ben c'est... une Camaro tiens ! dit-il en tendant une main dans sa direction.

Derek avait l'air perplexe et Stiles recula. Il fallait vraiment qu'il l'éloigne de la porte s'il escomptait laisser Scott entrer en toute discrétion.

— Donc…

— La ferme, grogna Derek en fermant les yeux d'irritation. Sors d'ici, Stiles, soupira-t-il en tentant de garder patience.

Et peut-être que ça sonnait comme un conseil avisé.

— Allez, dis-moi juste pourquoi une voiture rutilante ne pourrait pas craquer pour un utilitaire, Derek ! T'enseignes à Scott à être un loup, tu peux m'apprendre à comprendre cette philosophie de "nous n'avons pas les mêmes valeurs" et m'expliquer comment être cool malgré… Bah, ma carrosserie quoi, bouda Stiles en se montrant vaguement.

Il se dirigea vers la baie vitrée pour regarder la rue en contrebas.

— Scott est déjà un loup-garou, rétorqua Derek en s'avançant, énervé.

Stiles se retourna, offensé.

— Merci vieux, c'est clair que t'as l'air super cool là, râla-t-il en déglutissant à l'approche prédatrice de l'homme qui allait sans doute le foutre dehors par la peau du cou. Vous, les belles bagnoles, vous êtes tous pareils, maugréa-t-il en fusillant l'aîné des yeux. Toujours à relever le nez sur les autres, à vous prendre pour des véhicules prioritaires sous prétexte de bonne conception et de prix exorbitants. C'est injuste, Derek !

Il en oublia la vraie raison de sa venue et une aigreur particulière lui remonta dans la gorge.

— Tu divagues, grogna méchamment Derek.

Stiles aurait juré voir passer un éclat douloureux dans ses iris absinthe.

— Sûr, ironisa l'adolescent en croisant les bras avec irritation. Pas comme si toi ou Lydia ou Jackson ne vous sentiez pas naturellement supérieurs, continua-t-il, sa voix dégoulinante de sarcasme. Vous êtes là, fières de vos atours, vous fichant complètement de savoir à quel point vous n'êtes pas pratiques. Mais tu oublies, derrière ta misérable quatre portes aux deux places arrière impraticables et ton cuir et ta peinture immaculée, qu'une Jeep peut supporter bien davantage, tant dans la conduite que dans son espace, Derek. Pourquoi vous relevez le nez ? Pourquoi j'ai pas le droit de conduire un bolide ? Pourquoi l'argent ferait de vous des majestés ? Vous n'êtes que des véhicules vitrines, Derek, des potiches faire-valoir pour des personnes aussi matérialistes que vous, reprocha-t-il sans savoir d'où lui venait cette rancœur nouvelle.

L'homme le regardait étrangement. Sa face contrariée dévoilait une forme de peine qui ne ressemblait pas à de la pitié, mais à autre chose que Stiles n'arrivait pas à identifier.

— Dans ce cas, pourquoi tu nous envies ? exigea durement Derek.

Il avait retrouvé son masque habituel et se rapprocha d'un pas, un sourire mauvais ourlant ses lèvres fines.

— Je vous envie pas, refusa Stiles en haussant les épaules. Je dis juste qu'on a les mêmes droits, les mêmes routes, même si on les passe pas à vive allure. Je dis juste que… Eh ben, qu'une Jeep de merde devrait pouvoir côtoyer une Camaro sans qu'elle en prenne offense comme si ça la polluait, baragouina-t-il en les désignant à tour de rôle.

— Dégage de chez moi, Stiles, exigea lentement Derek en arrivant à hauteur de l'adolescent qui recula jusqu'au mur.

Un bruit se fit entendre et Derek tendit l'oreille. Stiles écarquilla les yeux, choppa la nuque de l'homme pour détourner son intention et colla sa bouche sur la sienne. Derek, le regard rouge, le repoussa hargneusement.

— Désolé, désolé, se précipita Stiles, paume en l'air, outré de cette improvisation désastreuse.

Derek fixa la porte, sourcils froncés et Stiles, totalement paniqué, s'accrocha au cou du gars pour l'embrasser de nouveau. L'homme, grognant de colère, l'attrapa par le colbac pour le virer violemment. Il le colla au mur, le dévisageant comme un meurtrier.

— OK, OK, là c'était vraiment la dernière fois, se défendit rapidement Stiles.

Le cœur dératé, il ferma les yeux en enfonçant la tête dans les épaules, prêt à encaisser les coups. Au bout d'une minute, il les rouvrit, hésitant, la poigne puissante de Derek toujours sur son torse.

Les prunelles alpha du garou étaient effrayantes, presque trop froides par rapport à la couleur brûlante qu'elles arboraient. Son visage était tendu comme jamais et ses doigts se crispaient sur la chemise de l'adolescent figé.

— Tu… Me fais mal, Derek, murmura Stiles.

L'aîné ne lâchait pas son regard et paraissait prêt à l'égorger. Il avait l'air de chercher le meilleur endroit pour cacher son corps.

— D…, s'étouffa Stiles.

Derek appuya beaucoup plus fort et le cœur de Stiles fit une embardée. L'air quitta ses poumons d'un seul coup. Les iris du loup semblèrent reprendre vie et il lâcha sa victime prestement. Stiles glissa le long du mur et posa une main à l'endroit où la poigne l'avait étouffé et meurtri. Peinant à respirer, il frotta son torse en douleur.

— OK, mauvaise idée… Très mauvaise idée, souffla-t-il, yeux clos, en rejetant la tête en arrière.

Son cœur ne retrouvait plus un rythme normal et l'air semblait s'amoindrir. Son corps devint fébrile. Alors qu'il mordait sa joue violemment, le goût du sang envahit sa bouche.

— Dégage d'ici, ordonna Derek.

Stiles souleva les paupières, un vertige désagréable faisant tourner la pièce autour de lui.

— Juste… Juste une seconde…, murmura-t-il sourdement, endolori.

Il tenta de se redresser sur ses pieds et échoua plusieurs fois. Derek l'attrapa par le bras avec force et le mit brutalement debout. Stiles bascula contre le mur, la respiration erratique.

— Me touche pas, souffla-t-il en déglutissant avec peine.

Derek se figea et le lâcha lentement. Son regard s'adoucit de manière étrange. Stiles se décolla du mur gauchement. Il fixa la sortie pour garder l'équilibre, sa démarche mal assurée empirant sa respiration. Derek vint à sa rescousse et Stiles se dégagea rapidement de sa prise au point de risquer la chute.

— Me touche pas, putain, dit-il entre ses dents serrées.

Il dévisagea le garou et recula, la nausée envahissant sa bouche pour exacerber le goût du sang sur sa langue. Il se détourna en inspirant fortement et rejoignit la sortie.

Une fois la porte franchie, l'adolescent ferma les yeux et respira lentement. Il passa une main sur sa cage thoracique où un bel hématome aurait bientôt sa place. Stiles ravala sa salive et entreprit de partir, se maudissant de tous ces films qui avaient influencé ses pensées.

L'embrasser pour faire diversion. Fallait vraiment qu'il change sa vidéothèque.

Il s'éloigna de l'immeuble avec hâte et traversa les rues pour rejoindre celle où Scott et lui s'étaient donné rendez-vous. Son ami l'attendait déjà, une drôle de mimique sur sa bouille contrite.

Sans dire un mot, Scott lui montra son téléphone et les photos des plans. Stiles acquiesça silencieusement et ils partirent tous deux rejoindre la jeep. Le loup-garou lui jetait régulièrement des regards, inconscient de l'agacer.

Arrivé à la voiture, Stiles s'installa au volant en claquant la portière, un Scott penaud s'asseyant à ses côtés.

— Ho, ça va, Scott, j'suis encore en vie, pesta-t-il en mettant le contact sans le regarder.

Il tourna la tête en posant le bras sur le siège passager pour faire son créneau.

— Pourquoi tu l'as embrassé, mec ? demanda Scott, ahuri.

— Quoi, c'était pas ma mission de faire diversion ? ragea Stiles en prenant la route. Je sais pas, OK ? Il a entendu du bruit et j'ai paniqué, putain ! lâcha-t-il.

Il se frotta le torse par réflexe, yeux rivés droit devant lui et dents serrées.

— Sti…

— La ferme, Scott, je crois que je suis prêt à t'en foutre une juste pour me soulager là, alors, ferme là, coupa Stiles hargneusement en s'arrêtant à un feu rouge.

Il frappa un coup dans son volant et pesta dans sa barbe inexistante.

— OK, la prochaine fois on fait l'inverse, dit doucement Scott, son regard de chiot battu braqué sur lui.

— C'est maintenant que tu le dis ? s'offensa Stiles, fâché.

Scott se mordit la lèvre en peinant à retenir un sourire. Sa lippe trembla d'un rire irrépressible et il pouffa, les larmes aux yeux.

— J'te déteste, bougonna Stiles dans un sursaut de rire contrarié.

— T'aurais vu sa tête et la tienne, s'amusa l'autre, plié en deux.

— Merci, mec, mais j'étais aux premières loges, râla Stiles en riant gauchement.

Il passa une paume vibrante sur son visage en redémarrant sa caisse.

— Oh, mon dieu, rigola Scott, une main sur le ventre. T'as embrassé Derek Hale pour faire diversion ! s'esclaffa-t-il de plus belle.

Il alla jusqu'à rejeter la tête sur le repose-tête pour laisser son rire s'épancher bruyamment.

— Ta gueule, abruti, rit Stiles en le regardant de biais. T'imagines pas comme il pique.

Il tourna dans l'allée de Scott et se gara devant la maison.

— Dégage, mima-t-il en tentant d'avoir l'air de Derek.

Scott quitta la voiture avec mal, incapable d'arrêter son hilarité larmoyante alors que Stiles secouait la tête, amusé et dépité à la fois.

— Tu me dois un jeu vidéo quand même, j'ai failli mourir, précisa-t-il pendant que son pote claquait la porte.

— T'auras même ton smoothie, mec, jura l'autre en passant sa bouille basanée par la fenêtre ouverte. J'te laisserais jamais oublier ça, promit-il en riant.

Scott lui offrit un clin d'œil et recula, faisant un vague signe avant de filer chez lui.

— J'te déteste, murmura Stiles, conscient que le loup qui gloussait encore l'entendait parfaitement.

Scott se retourna et marcha à reculons. Il s'embrassa la main pour lui envoyer un baiser. Stiles grogna et lui fit un beau doigt d'honneur avant de démarrer.

Arrivé dans sa salle de bain exiguë à l'éclairage douteux qui conférait à la pièce des nuances de jaune peu agréable, Stiles jeta un œil aux miroirs de l'armoire à pharmacie. Il plaqua l'un des pans bancals qui fracturait son reflet et détailla sa mine blafarde. Il finit par l'ouvrir pour prendre son Aderall et soupira, avisant la douche.

Il retira sa chemise sans enlever les boutons et geignit au geste qui lui rappela son nouveau bleu. L'adolescent observa son torse et écarquilla les yeux devant l'hématome de la taille d'un poing. Derek n'y avait pas été de main morte. Il finit de se déshabiller et ouvrit l'eau pour lui donner le temps de chauffer, râlant du rideau qui collait au carrelage.

— Et c'était même pas agréable, bougonna-t-il en songeant aux baisers ridicules qu'il avait imposés à ce crétin d'alpha.

Stiles se lava rapidement. La douleur s'éveillait à chaque geste trop brusque de ses bras. Il sortit de la douche et détrempa le tapis de bain sans le moindre scrupule. Il attrapa sa serviette bleue pour se sécher les cheveux et le corps avant de l'enrouler autour de sa taille. Il ramassa ses fringues pour les fourrer dans le bac vide et sortit de la pièce, plus contrarié que quand il y était entré.

En franchissant la porte de sa piaule presque rageusement, Stiles sursauta en arrière, une main sur son cœur soufflé. Derek, le visage fermé, l'attendait au centre de la chambre.

— Putain, soupira Stiles, le cœur détraqué.

Il finit par entrer et dévisagea méchamment l'intrus.

— Qu'est-ce que tu fous là, Derek ? demanda-t-il tout en se dirigeant vers son armoire.

Il l'ouvrit pour y prendre un boxer qu'il enfila sous sa serviette humide avant de la délaisser à même le sol. Le silence le fit se retourner. Derek n'avait pas bougé. Son regard clair lâcha le sien pour descendre au bleu impressionnant. L'adolescent soupira et se détourna pour chercher un teeshirt et le mettre à la hâte.

— Bon sérieux, mec, si t'attends des excuses, tu peux toujours courir, râla Stiles avec humeur.

Il enfila un jogging lâche et avisa l'heure sur le réveil de sa table de nuit. 23 h 20. Il se frotta les cheveux. Il avait encore le temps de trainer un peu.

— Je considère avoir largement payé l'addition, continua-t-il.

Stiles dépassa Derek pour se mettre à son bureau. Il ouvrit le clapet de son ordinateur et l'alluma.

— Puis au moins c'est une langue que tu piges ça, ne pas s'excuser, ne pas dire merci…, palabra-t-il sans s'assoir.

Il rentra son mot de passe avant de se retourner pour voir l'autre le fixer durement.

— Si t'es venu m'achever, magne-toi, Badwolf.

— Je m'excuse, répondit Derek, jetant un coup d'œil rapide à son torse mutilé.

Il y avait une tristesse particulière dans son regard mitigé. C'était tellement inhabituel que Stiles fronça les sourcils.

— C'est pas le premier bleu que tu me fais, Derek, balança-t-il, énervé, en secouant la tête. Mais j'm'excuserai quand même pas, assura-t-il en croisant les bras.

Derek déglutit et serra les mâchoires. Mais ce qui perturba davantage le jeune, ce fut cette sincérité qui transparaissait dans ses iris céruléens.

— Pourquoi t'as fait ça ? exigea Derek en perdant toute douceur, sa tension apparente montant d'un cran.

— J'avais envie de mourir, mais tu m'as dissuadé. Pas par ton talent pour les baisers j'te rassure, juste, j'préfère avaler des cachetons, moins douloureux.

Stiles tint tête au loup malgré son palpitant rapide et la petite voix dans son esprit qui lui conseillait d'arrêter de chercher l'homme contrarié.

— Stiles, grogna Derek entre ses dents.

Il avança d'un pas et se campa à moins d'un mettre de l'adolescent qui déglutit.

— Sérieux, part Derek, demanda Stiles d'une voix qu'il ne se connaissait pas tant elle était cassante.

Derek tendit une main et Stiles recula en la regardant se fermer sur le vide.

— On va continuer à s'éviter, toi et moi, reprit Stiles. C'est pas mal comme résolution, mieux que du 640/1024. Aller, on a rien à se dire.

Sa gorge se serra dans une colère qu'il ne comprenait pas lui-même. Derek, la bouche pincée, baissa un instant le regard avant de le fixer à nouveau. Il acquiesça rudement et partit par la fenêtre.

Stiles soupira et s'adossa au bureau. Fébrile, il se passa une paume sur le visage. Il ferma les yeux et pencha la tête vers le plafond en se demandant c'était quoi son problème. Il s'était attendu à quoi en embrassant le gars ? Stiles devait s'estimer heureux d'être encore en vie.

Son pouls se remettait à peine de ses émotions qu'il sentit une poigne puissante le tirer en avant. Son cri de surprise s'étouffa dans le torse musculeux de Derek. Derek qui l'entoura de ses bras imposants.

Stiles, bras ballants, écarquilla les yeux, son cœur trébuchant dangereusement. L'homme le plaqua davantage contre lui et glissa son visage dans son cou. Le jeune ne savait pas du tout comment réagir. Le souffle chaud de Derek frôla son oreille alors qu'il remontait une main brûlante sur sa nuque dans une caresse beaucoup trop tendre.

— Je suis désolé, murmura suavement Derek à moins d'un centimètre de son lobe.

Un frisson étrange parcourut le cou de Stiles qui se tendit un peu plus.

— O-OK… Heu… OK… C'est bon… On peut… Heu… Se lâcher…, tenta-t-il en essayant d'échapper à ce câlin bizarre.

Derek lui massa la nuque du bout des doigts avec une puissance vraiment trop agréable. Il continua quelques secondes, passant son nez sous l'oreille de Stiles qui ravala sa salive. L'alpha fit trainer sa bouche sur son lobe avant d'embrasser légèrement le creux fragile juste dessous.

Stiles serra les dents, incertain, le cœur fou. Derek le lâcha en douceur et partit en le laissant complètement perdu au milieu de sa chambre.

— O-Kay… Ça, c'était vraiment bizarre, murmura-t-il dans sa piaule silencieuse. O-K…

Il se frotta vivement l'arrière du crâne comme pour chasser le fantôme des doigts du loup-garou et se détendit inutilement la nuque.

— Bon, se reprit-il en se retournant vers le bureau. Oublis ça, mon vieux, se conseilla-t-il.

Stiles s'installa sur son siège et passa plusieurs fois sa paume vibrante sur son visage.

Verdict ? Dois-je partir me cacher sous ma table de salon ? XD

Bisous les chatons, profitez du soleil pour ceux qui l'ont, ne faites pas vos griffes n'importe où et n'oubliez pas de ronronner ;)

Gali