Titre : La Douane
Fandom : Crossover Gravity Falls/Rick & Morty
Rating : PG-13
Genre : aventure dimensionnelle ? XD

Commentaire : Cette histoire débute durant le pilote de Rick et Morty, et s'inspire d'éléments qu'Alex Hirsch (le créateur de Gravity Falls) a dévoilé concernant Ford Pines dans une interview donnée en convention.


Stanford avait réussi à obtenir de faux papiers. Il faisait la queue parmi les milliers de voyageurs venant des quatre coins de l'univers, tout essayant de passer aussi inaperçu que possible, bien qu'il soit le seul être humain présent.

Ce n'était pourtant pas bien difficile de ne pas se faire remarquer, car la foule était incroyablement disparate et de nombreuses espèces se côtoyaient sans éveiller le moindre soupçon de curiosité, hormis chez Ford.

Malgré le temps qui avait passé depuis qu'il se déplaçait de dimensions en dimensions, il restait toujours émerveillé par la diversité des populations que l'on trouvait dans ces spacegares immenses aux allures d'aéroports gigantesques.

Les yeux bien cachés derrière ses larges goggles, qui dissimulaient le tiers de son visage, il s'autorisa à examiner en détail, avec un intérêt tout scientifique, l'énorme moustique qui lui faisait face - Psorophora ciliata giganticus, nota-t-il mentalement pour l'écrire plus tard dans son journal – et qui faisait passer les gens au compte-goutte. C'était presque au tour de Ford, et plus il se rapprochait, plus le nœud dans son estomac se resserrait. Il espérait que son passeport faisait suffisamment vrai pour passer l'inspection sans problème. Pourvu qu'on ne le reconnaisse pas.

Dans la petite cabine du contrôleur, Ford pouvait voir une affiche de recherche à son nom, avec sa photo – il se demandait vaguement où ils avaient bien pu la trouver, car il était jeune dessus, bien trop jeune et souriant – ainsi que le prix de la récompense qu'offrait Bill à quiconque l'attraperait. Il remonta nerveusement son col contre son menton et avança en tendant ses papiers.

Le douanier ne lui accorda même pas un regard, ses yeux globuleux fixés sur son passeport intergalactique sans le voir, et qu'il tamponna d'un geste d'expert. Il lui désigna d'un geste las le portique métallique orné de tubes bleus qui représentait pour Ford la dernière marche vers un monde plus accueillant – peut-être pas le sien, mais un où il n'y aurait pas encore d'affichettes avec son nom et son visage, placardées partout, sur chaque mur, et faisant de lui une cible rêvée pour tous les chasseurs de prime en herbe rêvant d'une grosse récompense.

De plus, il avait entendu dire que les armes de la dimension où il se rendait étaient particulièrement évoluée. Assez peut-être pour éliminer Bill. Bien sûr, cela n'allait pas sans risque, car c'était également un endroit dangereux perpétuellement en guerre. Mais au moins, personne ne ferait attention à lui...

Ainsi, il s'apprêtait à franchir le portique, lorsque des bruits de bousculade et des hurlements retentirent. Il se retourna juste à temps pour apercevoir deux silhouettes s'enfuir en courant, poursuivies par toute une escouade de gardes armés jusqu'aux dents – qu'ils n'avaient pas, puisqu'il s'agissait de moustiques, comme tout le personnel de la spacegare.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? », demanda quelqu'un derrière lui, bientôt repris en chœur par d'autres touristes nerveux ou impatients.

Ford récupéra prestement ses documents – le douanier ne l'en empêcha pas, tout occupé qu'il était à parler d'un ton urgent dans un talkie-walkie blanc aux allures futuristes.

Il passa le portique sans s'arrêter et se dirigea vers la porte d'embarquement. Il pouvait profiter du chahut pour s'éclipser en vitesse, ce qui serait fort judicieux car les gardes allaient sans doute renforcer les mesures de sécurité après ces événements.

Marchant d'un pas rapide, il s'interrogeait tout de même sur ce qui avait causé tout ce remue-ménage, comme tout le monde autour de lui. Ça devait être grave pour causer une telle pagaille. Cela ne le confortait que davantage dans son intention de prendre la tangente.

Un long cri, comme le grincement d'un portail rouillé, retentit au-dessus de lui et au moment où il levait la tête, deux personnes tombèrent du plafond, atterrissant sur un bloc de gélatine rose en train de discuter avec un colosse muni de trois yeux.

Les fauteurs de trouble ne s'attardèrent pas sur leur forfait – leur meurtre, corrigea Stanford dans sa tête – et reprirent leur course effrénée, toujours suivis d'un essaim de moustiques géants.

La scène s'était déroulée devant lui avec une brutalité propres aux attentats. Le colosse continuait d'observer les fluides roses étalés sur lui, l'air hébété. Les réactions autour étaient diverses et variées, et bientôt les tueurs furent hors de vue. Cependant, Ford avait eu le temps de remarquer qu'ils étaient humains.

Il appuya sur un bouton, sur ses goggles, afin d'enregistrer les images qu'il venait de voir, et les fit défiler à nouveau. Il revit les deux criminels atterrir brusquement sur le tas de gélatine – un archanan, se souvînt Ford – avant de reprendre leurs esprits. Stanford mit la vidéo sur pause : l'un était vieux, de ce qu'il pouvait en juger, et portait une blouse de laborantin, tandis que le second était un adolescent à peine pubère, de petite taille, et les deux portaient des chaussures anti-gravité – Ford savait à quoi ça ressemblait, en ayant construit lui-même.

Il fit un zoom sur la blouse du vieil homme, et remarqua un appareil intéressant, qu'il identifia rapidement comme un portal gun. Quelque chose dont il aurait volontiers fait usage pour retourner dans sa dimension d'origine, malheureusement inaccessible par les portes légales – le Système solaire ne faisant partie d'aucun circuit touristique, il avait vérifié. Mais un portal gun serait la solution – bien sûr, c'était interdit d'en avoir, et Ford mourait d'envie de savoir comment l'homme s'en était procuré un. Il avait dû coûter une véritable fortune.

A moins qu'il l'ait fabriqué ?

Ford secoua la tête et les images s'effacèrent, ses verres redevenant translucides. Impossible. Seul un génie en serait capable – et qu'est-ce qu'un génie ferait dans une spacegare avec un adolescent, poursuivi par...

Il marqua un temps d'arrêt, tourna la tête et croisa le regard de son reflet dans un immense tube d'incubation vide – contrairement à ceux qui l'entouraient, dans lesquels dormaient diverses créatures flottant dans un liquide verdâtre.

Oh.

Il fallait absolument qu'il retrouve cet homme. Il avait beaucoup de questions à lui poser.