Disclaimer : les personnages de MFB ne m'appartiennent pas.

Voici le dernier arc de La ville écarlate. Il sera fini en deux ou trois chapitres. Il se situe après La ville écarlate et Lueur d'espoir. Il vaut mieux lire les deux, avant, pour la compréhension du texte.

Chapitre 1 : Renaissances

Ryûga observait Kyoya pendant que celui-ci, les sourcils froncés, regardait le paysage défiler derrière les vitres. Nile conduisait la voiture dans laquelle ils étaient réunis et se concentrait uniquement sur la route. Ils venaient de quitter un refuge. Encore. Étant incapable de se détacher des habitudes de son ancienne vie, Nile les poussait à bouger constamment. Cela faisait plus d'un mois qu'ils avaient quitté Scarline pourtant, Ryûga ne parvenait pas à savourer sa liberté si chèrement acquise. L'état physique de Kyoya s'améliorait mais il ne pouvait pas en dire autant de son état émotionnel : il n'interagissait que rarement avec eux, pourtant, à chaque fois, il semblait un peu plus instable. De plus, Ryûga était incapable de savoir où en était leur relation : par moments, Kyoya appréciait sa compagnie, allant même jusqu'à se blottir contre lui, à d'autres, il l'ignorait voire le détestait. Il avait même essayé de le poignarder un jour, en l'accusant d'avoir fait échouer ses projets.

Leur véhicule s'immobilisa.

-C'est ici? demanda Nile, les mains crispées sur le volant.

Ryûga jeta un coup d'œil à travers le pare-brise. Ils se trouvaient sur un chemin de terre battue, entouré par plusieurs rangées d'arbre. Au bout du chemin, une vaste et assez luxueuse maison se dressait.

-Oui, confirma-t-il.

-Tu es sûr que ta famille ne pensera pas à cet endroit?

Ryûga ricana. La question de Nile était d'une telle naïveté.

-Vu comment ils l'ont obtenu, ils vont tout faire pour que personne ne le trouve. C'est un endroit sûr pour nous.

Nile opina avec sérieux. Il ne semblait pas convaincu mais il ne fit aucune remarque.

-Je vais garer la voiture.

Comprenant qu'il s'agissait d'une invitation à descendre, Ryûga quitta le véhicule. Kyoya fit de même, à contrecœur. Il regardait ce qui les entourait avec un air dégoûté tandis que la voiture s'éloignait.

-Ça ne te plaît pas? se moqua Ryûga.

Kyoya fit un pas hésitant vers la maison, comme s'il risquait de marcher sur quelque chose de répugnant. Il jeta un coup d'œil à la rangée d'arbres qui coupait la résidence du reste du monde.

-C'est tellement... vert.

Ryûga retint la première remarque cinglante qui lui vint à l'esprit.

-Quoi? Tu n'aimes pas la nature? Ni les promenades romantiques au clair de lune et sous les étoiles?

Kyoya se figea, son regard devenant soudainement lointain. Ryûga s'arrêta et l'observa. Il ne comprenait pas sa réaction. Pas plus qu'il ne comprenait celles qu'il avait ces derniers jours. Il n'essayait plus de les comprendre.

Kyoya se secoua comme s'il essayait de se débarrasser de quelque chose qui collait à sa peau. Il se redressa, comme si de rien était.

-Tais-toi.

Ryûga haussa un sourcil.

-Pardon?

Kyoya se tourna vers lui, le fusillant du regard.

-Je ne veux plus t'entendre. Tu ne me causes que des ennuis depuis que je te connais.

-C'est ce que tu penses?

Kyoya fit un geste de la main, englobant tout ce qui les entourait.

-Si tu ne t'étais pas mis en travers de ma route, je serais toujours à Scarline pas... ici. Je serais roi et la ville serait à mes pieds.

Il le pointa du doigt.

-Tu as tout gâché.

Kyoya lui tourna le dos puis entra dans la maison. Agacé, Ryûga le suivit. Il en avait assez de subir ses sautes d'humeur. Surtout qu'il n'existait aucune raison pour que Kyoya change d'état d'esprit aussi souvent et aussi vite.

Quand Ryûga entra dans la maison, Kyoya s'enfermait déjà dans une pièce pour ne plus les voir Nile et lui. Un soupir échappa à ses lèvres.

Ce séjour risquait d'être très long.

Ryûga balaya la pièce du regard. C'était un hall d'entrée assez large et ses meubles étaient enveloppés dans des bâches plastiques pour les protéger de la poussière. Il ôta le plastique qui recouvrait un fauteuil et s'installa dessus, pas très loin de la chambre que Kyoya s'était attribué. Nile le rejoignit quelques minutes plus tard, portant un sac dans ses bras. Il le posa sur une table, sans prendre la peine d'enlever le plastique qui la recouvrait.

-Il ne nous reste plus grand chose, déclara-t-il. Nous allons devoir rationner nos provisions tant que nous resterons ici.

-Vous n'êtes pas censés être plus débrouillards que ça?

-Le gosse de riche que tu es ne peut pas survivre à un rationnement? répliqua Nile, moqueur.

-Je pensais qu'on avait fait une trêve. Tu veux qu'on reprenne nos anciennes habitudes?

L'idée ne le dérangeait pas le moins du monde. Ça lui ferait passer le temps, au moins. Attendre que Kyoya se décide à aller mieux finissait par devenir lassant. Quoi que le chef – enfin, l'ancien chef pour être exact – des Crocs Sanglants avait, il n'irait jamais mieux. Il ne fallait pas compter là-dessus. Ryûga n'était pas du genre à nourrir des espoirs. C'était complètement inutile. Kyoya dérivait de plus en plus loin et aucun d'eux ne pourrait le rattraper.

Nile secoua la tête, visiblement fatigué.

-Non. La situation est assez pénible comme ça. C'est juste que... je me suis laissé emporter. Ça ne se reproduira plus.

Ses paroles ressemblaient à des excuses. Ryûga n'en attendait pas tant. Ça montrait à quel point la situation était désespérée.

Ils passèrent les minutes suivantes dans le silence. Ils n'avaient rien à se dire. La seule raison qui les poussait à se côtoyer était Kyoya et ce dernier faisait de son mieux pour les éviter.

-Merci.

Ryûga haussa un sourcil.

-Tu n'étais pas obligé de partir à la recherche de Kyoya, ni de nous accompagner.

-Je n'ai pas fait ça pour vous. C'était ma seule chance de quitter Scarline.

Nile le dévisagea, comme s'il tentait de lire en lui. Ses yeux émeraude, par contre, demeuraient parfaitement indéchiffrables. Il hocha lentement la tête.

-Soit. J'imagine que nos chemins se sépareront bientôt alors.

-Comment ça?

-Dès que Kyoya ira mieux, il voudra retourner à Scarline.

Ryûga émit un ricanement moqueur. Dès que Kyoya irait mieux.

-Qu'y a-t-il de drôle?

Ryûga se tut et le dévisagea.

-Tu crois vraiment que Kyoya va aller mieux?

Nile se crispa imperceptiblement mais il avait une profonde maîtrise de lui-même: rien ne transparaissait dans son regard.

-Que veux-tu dire?

-Tu n'es pas si bête que ça. Kyoya n'ira jamais mieux. Il est complètement fichu.

Nile pinça ses lèvres, les sourcils froncés. Il semblait réfléchir à quelque chose. Avait-il perdu son sens de la répartie? À voir le temps qu'il mettait à répondre, on pouvait le croire.

-Je connais Kyoya depuis bien plus longtemps que toi. Il ira mieux. Il lui faut juste un peu de temps.

-Hn! s'exclama Ryûga, peu convaincu.

-Il a déjà vécu pire. Pourtant, il s'est relevé.

L'ombre d'un sourire apparut sur le visage de Nile pourtant son regard demeura étrangement froid.

-D'ailleurs, ça ne va pas tarder. Ceci sera notre dernier séjour hors de Scarline.

-Tu as l'air bien sûr de toi.

-Il n'existe plus personne qui le connaisse mieux que moi.

-Encore à évoquer ce quelqu'un. Vous êtes ridicules avec ça. Vous mettez un souvenir sur un piédestal et vous vous languissez pour lui.

Nile franchit avec une rapidité surprenante la distance qui les séparait mais Ryûga ne cilla pas. Les yeux émeraude brûlaient d'une colère non-contenue. Il se montrait si réservé et calme d'ordinaire qu'il était facile d'oublier qu'il faisait intégralement partie des Crocs Sanglants. C'était le genre de personne à pouvoir tuer sans aucun remord ceux qui se mettaient en travers de son chemin. Et vu son grade – lieutenant – , il devait être particulièrement dangereux.

-Je ne te permets pas de dire ça.

-Tu crois pouvoir me donner des ordres?

-Ce n'est pas un ordre, Atsuka. Il vaut mieux pour toi que tu ne redises jamais une chose pareille.

-Une menace alors? rectifia-t-il, amusé.

Nile n'avait vraiment rien d'effrayant, à ses yeux.

-Exactement. Tu n'as aucune idée de ce qu'il était.

Ryûga eut un sourire.

-Une personne à qui il pense quand il est soûl et qui le fait déprimer. C'est pas difficile à deviner. Le pauvre petit roi a un chagrin d'amour dont il est incapable de se remettre.

-Tu cherches les ennuis?

-Je n'ai rien à craindre de toi. Tu me menaces et tu me détestes depuis un moment mais tu n'as jamais rien fait contre moi.

-Parce que tu n'as jamais été un danger pour Kyoya jusqu'à présent. Continue comme ça et je veillerai à ce que tu ne sois plus rien.

-Oh, si c'est pas mignon.

Un mouvement interrompit leur échange et leur fit tourner la tête. Une porte qui s'ouvrait. Nile se crispa, hésitant clairement sur la situation à adopter. Il prit une profonde inspiration pour se calmer et s'éloigna tranquillement de Ryûga. Un œil extérieur aurait été bien incapable de deviner la scène précédente.

Kyoya vint les rejoindre. Il se plaça devant Nile, sans même adresser un regard à Ryûga qui ne put s'empêcher d'être vexé. Il y avait quelque chose d'étrange dans son attitude mais Ryûga n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Ça le dérangeait.

-Je n'ai pas d'autres nouvelles des Crocs Sanglants que celles je t'ai donné hier, déclara Nile.

Ryûga était surpris. Ils arrivaient à avoir des nouvelles des autres Crocs Sanglants et ils parvenaient à le lui cacher? Ils n'étaient peut-être pas devenus totalement incompétents dans le fond.

-Je sais. Ce n'est pas ça.

Le ton de Kyoya était... éteint. Il se tenait droit, aussi fièrement que d'habitude, mais ses épaules crispées donnaient l'impression qu'il luttait pour maintenir cette position.

-Tu m'as trahi. Je ne peux pas te le pardonner.

Même si Ryûga n'appréciait pas Nile, il trouvait Kyoya injuste avec lui. Il avait toujours fait tout ce qui était en son pouvoir pour le protéger, quitte à être blessé ou à mettre de côté sa fierté.

-Je m'en tiens à mon rôle. Je dois te protéger qu'importe les conséquences.

Kyoya ferma les yeux un instant, l'air de souffrir, puis les rouvrit. Il semblait déterminé mais l'éclat de ses yeux s'était terni.

-Après ce que tu as fait, je ne veux plus de toi parmi mes Crocs Sanglants.

Nile plaça un poing sur son cœur et s'inclina. Son expression était indéchiffrable.

-J'accepte ta décision. J'y survivrai tant que tu feras de même.

Kyoya hocha la tête, les lèvres pincées, les poings serrés. Son corps tremblait quelque peu. Il leur tourna le dos et s'éloigna. Il retournait se réfugier dans sa chambre. Ce ne fut que lorsque la porte se ferma que Nile se redressa. Il fixa le battant derrière lequel son chef s'était réfugié. Aucune colère, aucune rancœur, ne marquait ses traits.

-Mais c'est quoi votre problème? fit Ryûga, estomaqué.

Nile esquissa un sourire empreint de tristesse.

-Si Kyoya est capable de prendre ce genre de décision, c'est qu'il va mieux. Je t'avais bien dit qu'on retournerait bientôt à Scarline.

Il semblait... fier. Ryûga ne comprenait pas.

-Il vient de te chasser. Il n'y a plus de "on" qui tienne.

Nile lui adressa un regard méprisant, comme s'il lui disait quelque chose de complètement stupide.

-Kyoya ne veut plus de moi parmi les Crocs Sanglants mais il ne m'a pas chassé. Je ne suis plus son lieutenant. J'ai perdu ma place dans la hiérarchie et le droit de donner des ordres aux subalternes, c'est tout.

Il semblait s'en moquer éperdument. Pourtant, ce genre de place devait être important et convoité dans un gang, surtout un aussi dangereux que les Crocs Sanglants.

-Je vais pouvoir continuer mon travail.

Il avait murmuré cela, comme si ces mots franchissaient ses lèvres sans qu'il y fasse attention. Sa nouvelle situation semblait lui convenir tout à fait.

Ryûga ne le comprenait décidément pas. Il n'avait aucun doute sur la nature de son travail: protéger Kyoya de tous les dangers, notamment de lui-même. Il ne devrait pas être aussi dévoué à une personne qui ne tenait pas réellement à lui et qui était si prompt à l'abandonner.

XXX

Souvenir

XXX

Kyoya se passa une main sur la joue. Les bandages qui les recouvraient l'embêtaient au plus haut point. Il avait hâte de les enlever. Tout le monde le dévisageait bizarrement en plus. Il serait plus discret sans cela...

Sans doute. Sauf si les marques restaient gravées dans sa peau. Dans ce cas, tout le monde continuerait de le dévisager.

Il adressa un regard noir à un adulte qui fronça les sourcils et marmonna quelque chose. Ce n'était pas la réaction qu'il voulait. Lui, il voulait qu'on s'écarte sur son passage et que les gens s'inclinent devant lui. Mais cet adulte comptait sûrement faire appel aux services sociaux. L'envoyer loin de son quartier. Kyoya se secoua puis s'éloigna. Il prit plein de détour dans les ruelles qu'il connaissait par cœur et s'enfonça dans le cœur de Scarline. Un jour, il n'aurait plus à fuir.

Un mouvement lui fit tourner la tête. Un enfant, de son âge, qui glissait entre les étalages d'un marché. Il avait des cheveux bruns et des yeux d'un vert incroyable et profond. Sa peau avait une teinte chaude. Sa main traîna sur l'un des étalages puis agrippa quelque chose qu'il cacha immédiatement. Son mouvement avait été vif, sûr. Kyoya leva la tête. Personne d'autre ne semblait l'avoir remarqué. Il se débrouillait plutôt bien, mais certainement pas aussi bien que lui.

Kyoya se demanda s'il devait aller lui parler, le bousculer ou se contenter de l'ignorer. Le temps qu'il se décide, l'autre enfant avait déjà disparu de sa vue.

XXX

Kyoya se laissa tomber sur son lit. Il posa ses poings serrés sur ses paupières closes et s'efforça de respirer calmement. Il devait repousser la douleur qui le déchirait en deux et ne plus y penser. Même s'il regrettait sa décision. Même si c'était une des pires choses qu'il ait jamais eu à faire.

Il se mordit les lèvres pour retenir un cri de rage qui laisserait à nu trop de ses autres sentiments – la tristesse, la douleur, le regret. Il ne devait pas ressentir tout cela. Il n'y avait que les faibles pour se laisser toucher par ce genre d'émotions.

Un goût métallique emplit sa bouche. Une douleur pulsa dans ses lèvres. Pourtant, cela ne suffit pas à repousser ce qu'il ressentait.

Un autre cri enfla dans sa poitrine, manquant de l'étouffer. Il se recroquevilla sur le côté et essaya d'éloigner tout cela.

Voilà ce qu'on recevait en accordant sa confiance. De la douleur. De la déception. Les gens finissaient toujours par trahir leurs promesses et par l'abandonner. Pourquoi continuait-il de faire cette erreur? Il aurait déjà dû apprendre sa leçon. Qu'est-ce qu'il pouvait être stupide! Il devait avancer seul et ne compter sur personne. Ses Crocs Sanglants n'étaient qu'un outil qu'il utiliserait pour se hisser au sommet. À présent, il ne laisserait plus personne l'approcher. Il avait déjà eu cette résolution, mais il ne l'avait pas tenue. Cette fois-ci, ce serait différent. Il y arriverait. Il l'avait abandonné et Nile l'avait trahi. Ils n'étaient plus rien pour lui à présent. Les deux seules chaînes qui le retenaient s'étaient rompues. Il était libre à présent. Il devrait être fou de joie. Pas pleurnicher comme il le faisait.

Kyoya se força à se redresser. Il était un roi, de ceux qui conquéraient leur victoire sur un champ de ruine. Que lui importait les sacrifices qu'il faisait tant qu'il atteignait le sommet? Il y parviendrait seul et, une fois là-haut, plus rien n'aurait d'importance. Il regarderait avec mépris les émotions qui tentaient de le dominer aujourd'hui.

Machinalement, il prit le poignard qui était suspendu à sa ceinture et se mit à le faire tournoyer entre ses mains. Chaque éclat de lumière se répercuta sur le métal.

-Il n'y a plus que toi et moi Leone. Il n'aurait jamais dû y avoir personne d'autre que nous deux.

Il s'allongea de nouveau sur le lit, un peu plus léger. Il contempla les éclats changeants, perdu dans ses pensées. Il n'y avait plus qu'eux deux. Un sourire prédateur étira ses lèvres.

-Toi et moi, nous allons nous débarrasser de cet imbécile de maire. Je l'avais prévenu, pourtant, de ce qui allait lui arriver s'il osait se mettre en travers de mon chemin.

Oui. Il lui ferait payer.

Voilà comment il devait réfléchir. Bientôt, il pourrait agir.

XXX

Souvenir

XXX

Kyoya revit l'autre enfant longtemps après l'avoir rencontré la première fois. Des jours. Il ne savait pas combien exactement. Il n'avait pas compté. À quoi bon tenir le compte?

Il était entouré par trois adolescents qui faisaient tous deux fois sa taille. Kyoya regarda la scène de loin. Il ne comptait pas l'aider. Le seul moyen de s'en sortir était de se débrouiller seul et de ne s'occuper que de soi-même. Cependant, quelque chose l'intriguait. L'autre enfant n'avait pas peur.

-Je veux juste m'en aller.

-Tu crois qu'on va te laisser faire? Tu viens de voler mon oncle.

L'enfant secoua la tête. Ses mèches brunes volèrent dans tous les sens.

-Tu me traites de menteur?

Il ancra ses yeux à ceux de l'adolescent.

-Oui.

Kyoya s'approcha tout doucement. Le poids de Leone sur la hanche. Il n'y avait que des proies. Son regard croisa fugacement celui de l'enfant qui se remit à l'ignorer. Il ne l'utilisa pas pour détourner l'attention sur lui. La décision de Kyoya fut prise. Il se glissa entre les adolescents qui sursautèrent et se plaça à côté de lui pour leur faire face.

-Il y a un problème?

-T'es qui toi?

-Mon cousin, répondit l'autre avec flegme.

Il devait y avoir une aura étrange autour d'eux car les adolescents ne semblaient plus aussi sûrs d'e leur supériorité. La main de Kyoya se resserra autour de Leone. Aurait-il à se battre? Au fond de lui, il l'espérait. Il en avait envie. Mais les adolescents soupirèrent et marmonnèrent des explications, selon lesquelles ils avaient mal vu et mal interprété les choses. Ce n'étaient pas des excuses. Ils fuyaient.

Dommage.

Ils s'éloignèrent, le laissant seul avec l'autre enfant. D'un même mouvement, sans avoir besoin de se concerter, ils partirent.

-Tu as volé quoi à son oncle?

L'enfant lui tendit une brioche.

-Ceci. Tiens.

-J'en veux pas, grogna Kyoya en reculant.

Même si elle avait l'air très appétissante et que la faim lui tordait le ventre. Il ne devait pas accepter d'aide. Jamais. Sinon, il aurait des dettes à payer.

Un frisson de dégoût le parcourut à cette pensée.

-J'en ai plusieurs. J'aurais pas pu les garder sans toi. Considère que je paie ma dette.

Kyoya se redressa, aux aguets. L'enfant avait raison. Dans ce cas...

Il prit la brioche et plongea ses crocs dedans. Un goût de viande emplit sa bouche. Il se lécha les babines. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé quelque chose d'aussi bon.

-On s'est croisés au marché, non? demanda l'enfant.

-Tu m'avais repéré? s'étonna Kyoya avant de prendre une autre bouchée.

L'enfant opina. Il s'arrêta. Kyoya fit de même. Il lui tendit la main.

-Je m'appelle Nile. Je me débrouille comme je peux.

Kyoya regarda la main tendue puis l'accepta.

-Kyoya. Futur roi.

Nile haussa un sourcil.

-Sérieux?

Kyoya eut un sourire.

-Oui. Quitte à choisir, autant aller haut.

-Ravi de te rencontrer, ton altesse, répondit Nile en esquissant une courbette.

Sauf que son ton n'était pas aussi moqueur qu'il aurait dû l'être.

XXX

Kyoya avait presque réussi à se persuader qu'il allait mieux – il surmonterait la trahison de Nile – quand la nuit commença à tomber. Sa chambre avait deux immenses fenêtres qui occupaient deux murs différents et qui laissaient voir un ciel d'une pureté incroyable: aucune lumière de la ville ne le polluait... Kyoya quitta son lit d'un bond, abandonnant Leone sur le matelas, et se mit à marcher de long en large. Il ne voulait pas voir la nuit. Il ne voulait pas. Quel genre de cinglé avait autant de fenêtre dans une chambre? Oh. C'était vrai. Il était dans une maison secondaire des Atsuka. Les gens riches... Aucun sens des priorités. Sérieusement, qui voudrait voir... ça?

Les souvenirs recommençaient à se préciser un peu trop. Comment Kyoya pouvait l'oublier si le monde s'évertuait à lui faire penser à lui?

Il prit un des draps qui recouvrait son lit et tenta de l'accrocher à la fenêtre. Une porte s'ouvrit. Kyoya se figea avant de se retourner. Ryûga entrait dans sa chambre. Il ne manquait plus que lui. L'affolement le gagnait peu à peu. Il n'avait pas besoin qu'il soit là, surtout pas maintenant.

-Qu'est-ce que tu fais?

-Ça se voit.

-Une nouvelle déco?

Kyoya lui adressa un regard noir. Pourquoi cet imbécile se permettait encore de se moquer de lui? Il grogna. C'était de sa faute, et seulement de sa faute. Il s'était conduit n'importe comment les derniers jours et, à présent, Ryûga se croyait tout permis avec lui.

Kyoya attrapa machinalement les cheveux qui constituaient sa queue-de-cheval sans cesser de regarder la fenêtre. Il avait plus important à faire pour l'instant que de faire attention à cet abruti.

-Je ne veux plus voir ça.

-Et pourquoi?

-Je n'aime pas, fit-il avec un détachement feint.

Il était hors de question que Kyoya en parle à Ryûga. Il avait beau l'avoir abandonné, Kyoya ne laisserait personne salir sa mémoire. Il était à lui et rien qu'à lui.

Ses mains se crispèrent sur le drap.

-Je ne te crois pas.

Kyoya pâlit et serra le tissu contre lui.

-Je ne te demande pas de me croire.

Sa voix était moins assurée qu'il l'avait espérée. Pourquoi devait-il être si faible?

Ryûga poussa un soupir. Il attrapa la couverture et l'installa sur la fenêtre. Kyoya se sentit quelque peu soulagé en voyant le bout de nature et de ciel disparaître. Quand Ryûga eut fini, il se tourna vers lui. Kyoya lui montra l'autre fenêtre. En levant les yeux au ciel, Ryûga alla la couvrir aussi. Dès que le crépuscule eut disparu de sa vue, Kyoya put respirer à nouveau. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait retenu son souffle. Ryûga lui jeta un regard.

-Ne me remercie pas surtout.

-Je n'ai pas à remercier un serviteur. Je suis un futur roi.

Ryûga s'approcha de Kyoya qui recula jusqu'à ce que son dos soit collé au mur. Il se figea. Il était pris au piège. Ryûga posa un doigt sous son menton et le força à relever la tête. Le cœur de Kyoya se mit à battre plus vite. Son souffle se bloqua dans sa gorge.

-Il y a des choses que je ne supporterai pas, même de ta part.

Ryûga se pencha un peu plus. Kyoya se plaqua contre le mur. Son visage se mit à le brûler. Les lèvres de Ryûga frôlèrent les siennes puis brossèrent sa joue.

-Même si tu es toujours aussi adorable quand tu rougis, mon chaton.

Sur ces mots, il se redressa et partit. Kyoya se laissa glisser jusqu'au sol, choqué. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer.

Qu'est-ce qu'il lui prenait? Il réagissait toujours bizarrement avec le fils Atsuka mais là... Il se secoua. Il devait se reprendre. Personne ne devait se permettre d'agir ainsi avec lui. Ryûga n'était rien. Bien moins que Nile et, surtout, bien moins que lui.

Une pure détermination brilla dans les yeux bleus.

La prochaine fois que Ryûga se permettrait un écart pareil, ce serait la dernière.

XXX

Souvenir

XXX

-Qu'est-ce que tu me veux encore Nile? soupira Kyoya d'une voix agacée.

-J'ai promis que je t'aiderai.

-Je n'ai pas besoin d'aide, surtout pas de la tienne.

Nile ne s'en offusqua pas. Ses immenses yeux verts, sérieux, ne montraient pas la moindre trace de contrariété. Il était toujours si calme. Kyoya avait du mal à comprendre comment il y parvenait. Surtout qu'il savait qu'il avait aussi mauvais caractère que lui – Kyoya arrivait le pousser à bout très facilement des fois.

-C'est ce que tu dis pour l'instant.

-Comment ça?

-Je te propose de travailler avec moi.

-Je n'ai pas besoin d'une équipe.

-Moi non plus mais ça simplifiera les choses.

Kyoya hésita. Il n'avait pas vraiment tort. Un enfant seul était une cible facile. S'ils s'alliaient, ils pourraient très facilement se débrouiller. Nile était très débrouillard. Lui aussi. Une fois leurs savoirs et leurs compétences associées, rien ne pourrait leur résister.

-D'accord mais dès que tu me ralentiras, je te planterai, compris?

Un sourire amusé dansa dans les yeux de Nile.

-Ce serait plutôt à moi, de dire ça.

XXX

Assis sur le perron, devant un crépuscule qui laissait peu à peu place à la nuit, Ryûga songea qu'il devrait partir. Il était enfin libre. Il pouvait faire tout ce qu'il voulait, à présent. Alors pourquoi restait-il?

Il connaissait la réponse.

Kyoya.

Comme s'il avait besoin de ça. Rester auprès de quelqu'un de complètement instable et incapable de s'occuper de lui-même.

Il était encore plus ridicule que Nile, finalement.

XXX

Souvenir

XXX

-Tu dis que tu veux être roi... mais de quel royaume?

-De Scarline, bien entendu. Je grimperai au sommet et j'écraserai tout ceux qui se trouveront sur mon chemin. Ils le méritent, après tout.

-Et tu comptes faire ça tout seul?

Kyoya se redressa sur les coudes pour regarder Nile.

-Comment ça?

-Même si tu es fort et que tu sais te débrouiller, tu ne pourras pas y arriver seul. Tout roi a besoin d'une armée.

Kyoya se laissa tomber sur le sol, plongé dans ses réflexion. Une armée... Nile avait raison. Aucun roi ne pouvait conquérir un royaume sans une armée pour vaincre les ennemis. Il pourrait y arriver, bien sûr, mais ça prendrait bien trop de temps. Il s'assit de nouveau et regarda Nile.

-D'accord, lieutenant. Où tu crois qu'on peut les trouver, nos soldats?

Les yeux émeraude s'écarquillèrent. C'était bien la première fois que Kyoya le voyait exprimer de la surprise. Ça prouvait qu'il avait fait un bon choix. On ne pouvait pas compter sur les personnes qui espérait un grade. Ils en voulaient toujours plus et finissaient par trahir leur roi.

De la fierté illumina les yeux de Nile. Kyoya avait vraiment fait le bon choix.

-Je ne sais pas encore, ton altesse. Mais je te promets de chercher.

-On va bien s'amuser...

XXX

-Je vais retourner à Scarline, déclara Kyoya.

Nile et Ryûga le regardèrent. Nile n'était pas surpris. Il savait que Kyoya retournerait à Scarline dès l'instant où il avait quitté la ville. Les blessures de Kyoya avaient fini de cicatriser, ses Crocs Sanglants étaient prêts à se lancer à l'attaque. Il n'avait aucune raison de rester ici plus longtemps.

Ils n'avaient passé qu'une nuit dans cette affreuse maison mais ça semblait être une éternité. Il était plus que temps de partir.

Nile s'inclina, poing sur le cœur.

-Bien. Quels sont tes ordres?

Kyoya le dévisagea un instant. Son regard trahissait les émotions qui se battaient en lui. Nile aurait voulu faire quelque chose pour l'aider mais il en était incapable. Kyoya devait se débrouiller seul avec ses sentiments. Tout ce que Nile pouvait faire, c'était rester à ses côtés et ne jamais l'abandonner. Il savait que Kyoya comptait sur lui, d'une certaine façon.

-Tu ne fais plus partie des Crocs Sanglants.

-Je sais. Mais ça ne veut pas dire que ma loyauté ne t'es plus acquise.

-Vous êtes ridicules, soupira Ryûga.

Ils se tournèrent tous les deux vers lui. Le fils Atsuka était affalé sur son fauteuil, la joue posée sur la paume de sa main.

-Qu'est-ce que tu as dit? s'énerva Kyoya. N'oublie pas à qui tu t'adresses.

-À un type qui poursuit des rêves de gamin et qui va se planter à cause de ses caprices.

-Comment oses-tu?

-C'est la vérité.

Nile se pinça les lèvres pour s'empêcher d'intervenir. De quel droit il manquait de respect à Kyoya celui-là?

Kyoya grogna.

-Tu dis que tu veux régner sur Scarline mais tu laisses tomber la seule personne qui ne te trahira jamais et qui ferait n'importe quoi pour toi.

Kyoya se mit à trembler. Nile se plaça entre Ryûga et lui.

-Mêle-toi de tes affaires. Qu'est-ce que tu peux comprendre, hein? Aux dernières nouvelles, tu es toujours un riche héritier.

Ryûga ne fit même pas attention à sa remarque. Son attention était toujours focalisée sur Kyoya.

-Tu vois? Même alors que tu l'as abandonné, il est prêt à te défendre. Il gâche son énergie.

-Ryûga, ça suffit.

Kyoya fit un pas en arrière, l'air complètement perdu. Puis son expression changea. Totalement. Un masque froid et dénué d'émotion se plaqua sur son visage. Son regard devint impassible.

-Tu n'as pas à me dire ce que je dois faire.

-La vérité est trop douloureuse à entendre?

Kyoya poussa Nile puis s'approcha de Ryûga d'un pas saccadé. Le blanc le regardait avec amusement. Le sang de Nile se figea dans ses veines. Non. Il bondit sur Kyoya alors qu'il dégainait Leone pour poignarder le blanc. Ryûga n'eut qu'une coupure sur la joue. Ses yeux s'écarquillèrent, montrant le choc qu'il ressentait. Nile plaqua Kyoya au sol. Ce dernier gigota pour se libérer de son emprise.

-Lâche-moi! Je vais le tuer! LE TUER!

-Kyoya...

Kyoya tenta une fois de plus de se dégager. Nile appuya son genoux sur ses côtes sans lâcher son poignet. Il se pencha vers lui.

-Calme-toi, souffla-t-il en espérant que Ryûga ne l'entendrait pas. Tu ne veux pas faire ça.

-Qu'est-ce que tu en sais? siffla-t-il.

-Tu ne veux pas tuer Ryûga. Calme-toi maintenant.

-Je vais le tuer.

-Non, Kyoya.

Le regard de Kyoya changea.

-Je dois le tuer.

Nile ne voyait pas ce qu'il pouvait répondre à ça. Mais Kyoya s'était calmé. Alors sa prise se desserra et il se releva. Kyoya prit un peu plus de temps. Il leur adressa un regard noir, teinté de peine, avant de quitter la pièce. Nile soupira.

Qu'allait-il bien pouvoir faire maintenant?

XXX

Kyoya était blotti sur son lit. Il était retourné se réfugier dans sa chambre, comme un gamin, mais, pour l'instant, il se moquait éperdument de l'impression qu'il donnait.

-De quoi il se mêle? murmura-t-il. Comment il pourrait savoir ce que je veux ou pas?

Pourtant, tu l'as écouté.

Kyoya grogna. Il plaqua ses mains sur ses oreilles.

-J'ai pas besoin de ton avis. Tu m'as déjà poussé à... à m'attacher à... lui. À le croire. Toi, je ne te fais pas confiance.

La voix ne répliqua pas. Tant mieux.

-Je vais récupérer mon royaume et m'en contenter, continua-t-il. Je ne veux pas du monde, juste de Scarline, même si c'est un minuscule royaume. Il sera suffisant pour moi.

La voix ne revint pas. Kyoya se passa les mains sur le visage. Ça n'allait pas mieux. Ça n'irait jamais mieux... Des coups frappèrent à la porte. Il s'assit sur son lit, essayant de paraître moins désespéré.

-Foutez-moi la paix.

-C'est moi.

Bien sûr. Nile. Ryûga ne se serait pas montré aussi poli.

-Entre, ordonna Kyoya avant d'avoir pu s'en empêcher.

Nile vint dans la pièce et referma la porte derrière lui. Il agenouilla devant Kyoya et le regarda droit dans les yeux. Il n'était pas en colère. Il n'avait pas l'air de se sentir trahi. Quelque chose se tordit en Kyoya. Quel besoin Ryûga avait-il eut de dire tout cela? Kyoya savait que Nile ferait n'importe quoi pour lui et c'était dangereux. Il ne pouvait pas faire confiance à quelqu'un à ce point.

-Je ne pouvais pas te laisser faire.

-Pourquoi?

-Si tu veux que Ryûga meurt, donne-m'en l'ordre et je m'en chargerai.

-Quelle différence?

-C'est important Kyoya. Si tu le souhaites, j'y vais maintenant et je te débarrasse de lui.

Nile tiendrait sa promesse mais Kyoya ne comprenait pas.

-C'est parce que tu le détestes? Tu veux être le seul à pouvoir le tuer?

Non, ce n'était pas ça. Ça ne ressemblait pas à Nile. Mais alors... pourquoi?

Nile se mit debout, sans répondre.

-Repose-toi bien. Une longue journée t'attend demain si tu veux reconquérir ton royaume.

Il ne doutait pas de lui. Jamais. Il s'éloigna et se dirigea vers la porte.

-Nile?

Il s'arrêta et se retourna pour le regarder. Kyoya se crispa. Il ne voulait pas qu'il parte. Il avait besoin qu'il reste avec lui. Qu'il était faible de penser ainsi.

L'expression de son lieutenant – non, ancien lieutenant – s'adoucit.

-Je vais chercher un truc à manger. Tu veux que je te rapporte quelque chose?

Kyoya opina silencieusement. Nile sortit. Kyoya resta immobile une seconde supplémentaire avant de se laisser tomber sur son lit. Pourquoi Nile le comprenait si bien?

XXX

En se réveillant le lendemain matin, Kyoya avait pris une décision. Ce serait aujourd'hui qu'il partirait à la conquête de Scarline. Rien ni personne ne pourrait l'en empêcher cette fois.

Ce fut avec cette pensée en tête qu'il quitta sa chambre et entra dans le hall où Nile et Ryûga avaient passé le plus clair de leur temps. Nile vérifiait le contenu des sacs, sachant déjà qu'il allait partir. Ryûga l'observait d'un air ennuyé depuis son fauteuil. Il n'adressa même pas un regard à Kyoya quand il entra dans la pièce. Tant mieux.

Kyoya prit une profonde inspiration. Il avait pris toutes les décisions nécessaires à la réussite de son projet.

-Lieutenant?

Nile sursauta avant de se retourner et de le dévisager avec des yeux ronds. Kyoya ne l'avait jamais vu aussi déstabilisé de sa vie. Bien. Cela signifiait qu'il ne s'attendait pas à récupérer son poste.

Nile se reprit vite et s'inclina.

-Que veux-tu?

-As-tu bien contacter tous les nôtres?

-Ils seront au rendez-vous, sois-en sûr.

Kyoya hocha lentement la tête puis se tourna vers Ryûga qui l'ignorait au mieux.

-Toi.

Ryûga tourna la tête vers lui, l'air encore plus ennuyé.

-Sache que je ne tolère aucun manque de respect de la part de mes Crocs Sanglants. Si tu veux partir, fais-le maintenant.

Ryûga fut tout aussi surpris que Nile et tout aussi incapable de le cacher. Kyoya le toisa avec mépris.

-C'est bien compris?

Toujours sous le choc, Ryûga opina lentement. Kyoya les regarda l'un après l'autre. Ce n'était que des pièces d'échec utiles. Il n'avait aucune envie de les garder auprès de lui. Il faisait ça pour son projet. Rien d'autre.

-Dépêchez-vous, nous n'avons pas toute la journée.

Il leur tourna le dos et sortit.

À présent, il allait reconquérir Scarline.

Fin du chapitre 1