Malgré le carnaval, c'était une journée normale au lycée Fustel de Coulanges. Comme à son habitude, la TSTG2 faisait régner le chaos dans la salle de classe 106, au grand dam de la prof d'économie qui s'évertuait malgré tout à dicter son cours. Seuls quelques élèves suivaient tant bien que mal ce cours sur "L'économie dans l'Union Européenne". Parmi eux, un semblait particulièrement blazé de cette classe de "cas sociaux" comme il les surnommait. Cet élève s'appelait Thomas, dit Tom.
Soudain, alors qu'Otman balançait une énième boulette de papier sur Loïc, une série de bruits ressemblant à des pétards se firent entendre et en un éclair, plusieurs comprirent ce qu'il se passait et plongèrent sous les tables à l'instant précis où la porte s'ouvrait à la volée, évitant ainsi in extremis de se faire toucher par des coups de feu tirés au même moment. Puis, aussi vite qu'ils avaient commencés, les coups de feu cessèrent. Dans la salle de classe du moins car le vacarme des coups de feu et des cris continuait de retentir au loin dans les couloirs du lycée.
Dans la salle de classe, l'heure était maintenant venue de compter les blessés, voir les morts. Outre la prof qui était morte sur le coup, pas moins de la moitié des élèves avaient été touchés, plus ou moins grièvement. Certains, tels que Kévin, Maëva ou Timothée avaient été seulement touchés à la jambe ou au bras et s'en sortaient donc sans grand mal. D'autres comme Remy, Eptyssem ou Mourad étaient plus grièvement touchés et nécessitaient des soins rapides ou bien ils rejoindraient Cynthia, Tricia et Benjamin à la morgue. Enfin, plusieurs d'entre eux tels que Daphné, Alexandre et Tom s'en étaient sortis indemnes, ayant eu le bon reflexe de d'utiliser les tables comme refuge.
Regardant la scène avec effroi, la première pensée de Tom alla, non pas vers ses camarades de classe, mais vers ses amies, prisonnières au même étage. Alors que les autres élèves encore valides se précipitaient vers ceux qui ne l'étaient pas afin de les aider, lui fonça tête baissée vers la porte et fut stoppé net par Daphné au moment où il allait s'engouffrer dans le couloir.
"Mais t'es fou, qu'est-ce que tu fais? Tu t'es pris pour James Bond ou quoi? Tu veux vraiment te faire descendre?
- Oh arrête un peu tu veux! Comme si ça t'en avais vraiment quelque chose à faire!
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- Que mis à part quelques uns, je ne manquerais absolument à personne ici... Alors maintenant, si tu veux bien m'excuser, je préfère mille fois mourir en essayant d'aider mes vraies amies plutôt que d'attendre bien sagement le retour de ces types en votre charmante compagnie. Et j'ajouterais même une chose: après un an et demi, le nombre de personnes ici-présentes que j'apprécie réellement peut se compter sur les doigts d'une seule main, peut-être deux si on considère ceux que j'arrive à supporter."
Avant de partir, il ajouta:
"Sincèrement, je vous souhaite à tous bonne chance. Mais il y en a très peu que je souhaite revoir après ça..."
Il sortit dans le couloir, sans même un regard vers le reste de la classe, qui restait sans voix de ses révélations. Une fois dans le couloir, il se mit à réfléchir précipitamment. Laquelle des deux était la plus proche?
"Justine!" chuchota-t-il pour lui-même.
Il savait qu'elle se trouvait dans la salle 108 à cette heure-ci, soit la salle adjacente à la sienne. Il entra donc dans la pièce en quatrième vitesse, cherchant son amie du regard et finit par la repérer assise au sol, près de la fenêtre. Elle semblait indemne... Paniquée, mais indemne.
"Ca va, t'as rien? demanda-t-il, sa voix laissant enfin transparaître son état de panique.
- Euh... Ouais, je crois." répondit-elle, encore sous le choc.
Il l'aida à se relever et entendit une voix qui l'appelait du côté de la porte.
"Thomas, on a réfléchit et...
- Ecoute Thabsum, combien de fois faudra-t-il que je te le dise? J'en ai rien à foutre de vous et de vos excuses, c'est clair? Cette fois, la coupe est pleine! J'en ai marre de vous et de vos réflexions! Il peut vous arriver n'importe quoi, je m'en balance! Et...
- Tom, ta baguette! s'écria Justine.
- Quoi ma baguette?"
Il jeta un coup d'œil à sa baguette accrochée à sa ceinture et se frotta les yeux... Ce qu'il avait toujours considéré comme un simple accessoire s'était mise à lancer des étincelles bleues et or! La saisissant par le manche, il continuait de la regarder avec de grands yeux ronds tout en s'adressant à Justine:
"Tu crois que...
- Essaye! Qu'est-ce que tu risque?"
Tom pointa la baguette sur la fenêtre la plus proche et prononça:
"Alohomora!"
La fenêtre s'ouvrit à la volée, sous les yeux ébahis de toutes les personnes présentes.
"Cool... murmura-t-il.
- C'est génial! dit Thabsum. Tu vas pouvoir ressusciter les autres!
- On ne peut pas faire renaître les morts, révise un peu tes classiques! Je suis désolé, mais sur ce coup-là, je suis tout aussi impuissant que toi. Et non, je ne peux pas non plus les soigner, c'est des potions qu'il me faudrait et je n'ai ni le temps, ni les ingrédients nécessaires. Par contre, je peux vous enfermer dans la salle de façon à ce qu'ils ne puissent plus vous atteindre. C'est la seule chose que je peux et que j'accepte de faire pour vous. Et après, je ne veux plus jamais entendre parler de vous..."
Sans attendre sa réponse, il se précipita dans la salle voisine avec elle et Justine, récupéra ses affaires puis ressorti aussi sec en claquant la porte derrière-lui.
"T'as été un peu dur avec elle non? fit remarquer Justine pendant qu'il lançait un Collaporta sur la porte.
- Ils l'ont cherché... Cette fusillade, c'est exactement le genre de stimuli dont j'avais besoin pour leur lancer leurs quatre vérités! Enfin bref, tu sais où est Sarah?
- Je crois qu'elle avait cours dans la 107, viens!
- Une minute..."
Il posa au sol son sac, son manteau et sa cape et les réduisit jusqu'à ce qu'ils puissent tenir dans la paume de la main. Il fourra ensuite le tout dans sa poche et suivi Justine jusqu'à la fameuse salle 107.
