Bonsoir! Eh oui, une autre nouvelle histoire! ;) Je me sens très inspiré en ce moment, je crains que vous allez pleurer lors du prochain chapitre de Mon Bel Inconnu. Pas de quoi vous faire un arrête cardiaque, rassurez-vous, je vous réserve ça pour plus tard. ;D
J'espère que ce chapitre va vous plaire sérieusement, j'ai jamais eu autant de mal de toute ma vie pour écrire. Je savais ce que je voulais faire mais j'étais jamais contente. Vous connaissez ce sentiment? C'est très chiant, je vous jure.
Navrée pour les fautes d'orthographes et de frappes, je n'ai pas le courage de me relire, veuillez me pardonner :(
[Il est aussi revigorant qu'une bouffée d'air frais. Je ne sais jamais à quoi m'attendre avec lui, et j'adore ça.]
C'était long mais court. Exaltant mais énervant. Facile mais dur.
Je marchais sur un pied, ne sachant pas me décider. Je ne savais pas quoi ressentir ni éprouver dans une telle situation. Y avait-il un mode d'emploi? Des règles, des consignes à suivre et à respecter? Devrais-je me sentir triste où soulagé d'être proche du but? Impatient où tout faire pour retarder ce moment inévitable, que j'avais moi-même choisi de créer? Il n'y avait rien, aucune démarche à suivre, aucun truc sur lequel m'appuyer, sur lequel me raccrocher. Que faire? Que dire? Je ne savais pas et même si c'était plus qu'imminent, je ne serais pas plus, demain matin.
J'étais là, devant chez lui. Devant chez cet homme.
Tout était incroyablement silencieux. Il n'y avait aucun bruit qui filtrait, aucun son, aucun mouvement. Le monde entier semblait s'être mis sur pause, bloqué sur cet instant, cet instant dont j'avais tant rêvé et craint à la fois. Je fixais la petite maison, éclairé faiblement par un lampadaire usé. Il n'y avait pas de lumière aux fenêtres, la maison donnait l'impression d'être sans vie, inhabité. Mais c'était la sienne, j'en étais certain. Jean m'attendait. Il attendait que je me décide à faire quelque chose. Il m'observait silencieux, presque respectueux. Il n'était pas à l'aise mais il se forçait pour moi. Il était là pour moi.
En l'observant, je me demandais toujours ce qu'il fichait ici, avec moi. Nous n'étions pas les pires ennemis du monde, pas plus que des autres, mais quand j'y repensais, dans mes derniers souvenirs, j'essayais de lui faire manger les feuilles de son cahier de maths. Alors, je trouvais ça curieux qu'il soit présent, pire qu'il ait décidé d'être là, pour s'assurer que je n'allais rien faire de répréhensible par la loi. Il a beau être un sacré abruti, c'est un abruti sur qui je pouvais compter. Sa présence me rassurait un peu mais plutôt marcher sur des mines de serpents venimeux que de le reconnaître devant lui où devant tout être vivant.
J'étais mal. Extrêmement mal.
Tout était insupportable à mes yeux. Insupportable, irritant, énervant, chiant. Aucun de ces mots n'arrivait à décrire mon état, j'étais dans un état indescriptible, proche de l'explosion. Je serrais fortement les pieds et serrais les dents à m'en péter la mâchoire. Mon cœur battait trop fort et trop vite dans ma poitrine qui me brûlait férocement. J'étais fébrile, on aurait dit que j'allais avoir une crise cardiaque.J'avais si mal. Si peur. Trop peur. Une haine féroce et dévastatrice coulait dans mes veines, ne demandant qu'à être apaisé. Elle me démangeait, m'incendiais. Je n'avais pas l'habitude d'éprouver autant de rancune, toute cette colère me troublait presque. J'étais plutôt posé comme garçon, pas non plus un saint, loin de là même, mais je n'étais pas ce qu'on pourrait appeler un adolescent problématique. Enfin, je pense. Où peut-être pas pour que mon propre père décide de m'abandonner.
Je ne savais tout simplement pas quoi dire. Ni faire. Qu'est-ce que j'étais censé faire? Étais-je censé faire un truc, tout court?
Des questions, j'en avais des centaines. J'avais conscience que certaines ne seraient jamais assouvies ni même formuler à voix haute. Les questions, c'était le plus facile. Elle grouillaient, tels des vers dans ma tête, depuis si longtemps, qu'à présent, elles me semblaient stupides et inutiles. Sans grand intérêt. Des questions si communes. Pourquoi as-tu fais ça? Comment as-tu pu vivre avec ça sur la conscience? Qu'est-ce qui t'as pris? Quel genre d'homme laisse son enfant de huit ans avec sa mère qui faisait une dépression? C'était fou, j'y avais tellement pensé à cet instant où je le confronterais face à face avec mes questions exigeantes aux réponses mérités. Maintenant, ça me paraissait juste pathétique. J'étais pathétique d'attendre encore quelque chose de lui alors qu'il avait tout fait pour s'effacer de nos vies, à Maman et moi, il n'était jamais revenu, il n'avait jamais fait l'effort de s'assurer si nous étions toujours de ce monde elle et moi. Il s'en fichait pas mal. Je le sais, ça, je le sais tellement.
Mais c'est mon père. Je veux juste savoir pourquoi. Seulement pourquoi?
J'y avais droit, du moins, j'estimais être dans mon droit de savoir pourquoi il nous avait abandonné, alors que Maman était malade et que je n'avais que huit ans, à peine. J'avais besoin de lui. Maman avait besoin de lui. Il était notre famille, nous étions la sienne. Longtemps, quand ma mère était aux portes de la mort, j'avais imaginé qu'il apparaîtrait comme par magie, qu'il nous sauverait, qu'il aiderait la femme à qui il a juré fidélité et amour jusqu'à sa mort. Les promesses chez lui, ça ne valait pas grand-chose. Ce n'était que des mensonges. Il n'était pas venu, j'avais dû m'occuper de ma mère tout seul. Je l'avais encouragé, soutenu, épaulé, alors qu'elle remontait petit à petit la pente après la perte de son bébé. La perte de ce qui aurait dû être son deuxième enfant, l'avait détruite. Et le départ de mon père l'avait plongé directement en enfer. Et moi avec.
Mais on s'en était sortis, elle et moi. Et désormais, c'était ça: elle et moi contre le monde.
Elle aimait souvent plaisanter à propos de ça mais je percevais bien la douleur soudaine dans ses yeux dès qu'elle le faisait. Se faire quitter sans explication, sans un mot, c'était pire que l'abandon. Il était sorti de nos vies sur la pointe des pieds, d'une façon si sournoise et imperceptible qu'on ne s'était même pas rendu compte de sa disparition. Après ça, j'étais devenu l'adulte de la maison. J'étais bien obligé pour elle.
J'avais très peur mais j'étais déterminé, je ne reculerais pas. Il y avait si longtemps que j'avais attendu ça, je m'étais imaginé cette scène de si nombreuses fois depuis mon enfance que j'avais peine à croire que ce n'était pas une autre scène imaginé par mon subconscient. C'est drôle, on rêve d'une chose durant toute une vie et quand ce rêve est sur le point de se concrétiser, on ne sait pas comment agir. J'avais retrouvé sa trace brutalement, comme si je m'étais pris une grande claque sur la joue. Je ne croyais pas à ma chance, je ne pouvais pas y croire, ce n'était pas possible de retrouver un homme aussi facilement sans le chercher, alors que ça faisait neuf ans que je tentais de le retrouver.
Cet enculé s'était remarié. Avec la nouvelle infirmière de mon lycée.
Quand je l'avais appris, j'avais ressenti le besoin incontrôlable de briser le cœur de cette pauvre femme, qui parlait de lui avec des étoiles pleins les yeux. Quelques années plus tôt, ces étoiles-là étaient dans les yeux de ma mère. Cette pauvre infirmière, Mme Kejys (Dieu merci, il avait eu la décence de ne pas lui donner notre nom de famille) n'avait rien mais je l'avais haï si fort que Christa m'avait embarqué d'urgence avant que je n'explose. Elle n'y était pour rien, cette histoire ne la concernait pas, mais elle l'avait épousé et ça, c'était plus que suffisant. Je revoyais sa tête blême quand je m'étais présenté comme le fils de son mari. Visiblement, elle était pas au courant. Je ne l'avais pas mise au courant par cruauté ni par vengeance, mais parce qu'elle devait savoir que l'homme qu'elle avait épousé, avait tendance à larguer sa famille au moindre problème. Au cas, où elle déciderait vraiment de bâtir sa vie avec lui.
Ensuite, j'avais bataillé pour obtenir l'adresse plus le numéro de téléphone de mon père. Elle n'avait pas voulu. Elle voulait le garder pour lui. Alors, je lui avais raconté que mon père s'était sauvé parce que ma mère commençait une dépression nerveuse. Elle me l'a donné immédiatement.
Et j'étais là, devant chez lui. A me torturer à l'esprit. A me rendre malade.
J'avais préféré le voir plutôt que de l'appeler. Son numéro ne servirait qu'en cas d'ultime secours.
J'avais très envie de vomir.
Jean était le seul à qui avait demandé pour venir. Je soupçonnais qu'il était plus là pour me surveiller. Les autres n'avaient pas compris. Je les comprenais, la plupart d'entre eux m'avait connu au bac à sable, il m'avait connu alors que je devenais petit à petit une vraie teigne violente. Quand j'étais devenu plus qu'une loque. Ils ne voulaient plus me voir comme ça. Ça leur avait fait autant de mal à qu'à moi. Alors ils m'avaient supplié de renoncer, de tourner la page. Mais la page ne voulait pas se fermer. Ça faisait assez longtemps comme ça qu'elle était ouverte. J'avais écouté leurs conseils, même Ymir m'avait déconseillé de le faire. Sans arrière-pensée.
Ce qui était très étrange. Ça lui plaisait de me voir courir, sans réflexion, bras grands ouverts, vers les problèmes. C'était comme si elle m'ouvrait même, en grand la porte. Une fois, elle m'a quasiment encouragé à me battre avec un adulte qui m'avait bousculé. J'avais fini au poste de police avec un coquard à l'œil. Je peux donc en déduire qu'elle cherche à me causer du tort. Son envie de me nuire me dépasse. Peut-être que c'est parce que j'ai fais croire à ses parents qu'elle faisait partie d'une secte satanique, visant à ramener le démon Lucifer lui-même, sur terre, un an plus tôt. D'après Christa, ils ont fait venir un exorciste et un prêtre. En toute innocence, je peux certifier que je ne pensais pas que ça irait aussi loin. Je voulais juste me marrer un petit peu à ses dépends. Je croyais qu'elle avait oublié cette vieille histoire mais apparemment, non. Cette fille a vraiment la rancune tenace. Faudrait qu'elle extériorise un peu, tous ces sentiments négatifs. C'est mauvais pour la peau, à ce qu'il parait.
Ils n'étaient pas d'accord mais ils avaient respecté mon choix. Après tout, si l'un d'entre eux était à ma place, il ne voudrait pas savoir?
J'avais très froid. Je remontais machinalement la fermeture de ma veste, les yeux dans le vide. Mes jambes tremblaient, mes genoux s'entrechoquaient, mes dents claqués. Un immense froid m'envahissait. Je ne m'étais toujours pas décidé à agir et Jean attendait. Avec une crainte dissimulé dans les yeux. Avait-il peur que je lui découpe la tête avant de me balader avec celle-ci au bout d'une pique comme un sauvage du Moyen-Age? N'aie crainte Jean, ce scénario est prévu pour mon géniteur, pas pour toi. Je te tuerais peut-être plus tard, voir dès demain, quand tu auras recommencé à me gaver.
Voyant que je n'arrivais pas à agir, je choisis de faire un peu d'humour:
- Bon. Tu vas entendre des hurlements et des appels au secours. Tu les ignores.
Je rigolais bêtement à ma propre bêtise, pas du tout drôle d'ailleurs. Mais Jean ne releva pas, ce qui n'aurait jamais manqué de faire en temps normal. Me rabaisser, c'est son hobby de malsain.
J'arrêtais de rire avant de fixer un point invisible sur le trottoir avant de reprendre la parole:
- Qu'est-ce que je peux dire? Tu diras quoi à ma place? demandais-je en murmurant.
Il ne répondit pas tout de suite.
- Honnêtement, je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu'on peut dire dans un moment pareil! Mais je crois... je crois que frapper à la porte, pour commencer, ça serait pas mal.
Je hochais de la tête, le remerciant silencieusement de sa réponse avant de souffler un bon coup. Et je fis un pas. Et puis un autre. Vers cette porte, vers sa porte. Je n'entendais que le bruit sourd de mes pas sur le sol, le martèlement de mon cœur, le vent devenu bruyant d'un seul coup. Ba-boum. Ba-boum. Ba-boum. Je retenais mon souffle alors que je fus stoppé par cette porte si sombre. Je ne respirais plus. Je ne pensais plus.
Je frappais à la porte.
J'attendis. Encore et encore. Je me triturais les mains, stressé comme jamais. Je ne devrais pas me sentir aussi tendu et stressé pour lui, il ne méritait pas. Il méritait que je le déteste, que je souhaite sa mort. Et là, je paniquais à cause de lui. Pathétique, je vous dis.
Il n'y avait toujours aucune lumière qui s'allume ni aucun bruit derrière la porte. C'était très calme et paisible. Alors je frappais à nouveau. J'ai frappé à plusieurs reprises mais toujours rien. L'appréhension me quittait peu à peu, la fureur était en train de me gagner. Au bout de quinze minutes à frapper, j'ai dû me rendre à une terrible évidence.
Il n'était pas là.
J'avais demandé son adresse et son numéro, il y a deux jours.
Il s'était absenté le seul soir où j'avais décidé de lui parler.
Il avait prévu le coup, il savait que je viendrais d'ici peu.
Il ne voulait pas me parler.
Il y eut un long instant de silence. Avant que je n'explose pour de vrai. Fini la panique et le stress! Je me mis à hurler rageusement, à hurler si fort au point de rameuter tout le quartier. Je cognais désormais sur la porte, j'étais prêt à démonter la porte de ses gonds. J'allais le faire jusqu'à ce que deux mains tentèrent de me saisir à la taille pour m'éloigner de cette maudite maison. Jean, qui d'autre? Je me débattis comme un forcené, lui donnant quelques coups par mégardes mais la colère brouillait trop mon jugement pour m'en soucier. Tandis qu'il essayait de me retenir, je criais:
- LÂCHE-MOI! IL L'A FAIT EXPRÈS! IL L'A FAIT EXPRÈS! JE VAIS BRÛLER SA BARAQUE A CET ESPÈCE DE LÂCHE! NEUF ANS SANS NOUVELLES, ET IL N'A MÊME PAS LES COUILLES D'AFFRONTER CE QU'IL A FAIT! JE VAIS LE TUER!
Je n'étais plus que fureur et rancune. Une rancune répugnante et abjecte mais que j'avais besoin d'évacuer. J'en avais rien à foutre des voisins, des autres, de quiconque. Putain mais comment on peut faire ça? Il espérait tant que ça ne jamais avoir à s'expliquer?! Je suis sûr qu'il s'était tiré à un hôtel pour au moins un mois, dans l'espoir que je finirais par abandonner. Abandonner, c'est ce qu'il sait faire de mieux, c'est son truc ça, pas le mien! Même si je devais guetter cette foutue maison de merde pendant dix ans, je resterais là. Il finirait par revenir! Et demain, je chopperais cette garce d'infirmière, elle était complice! Au lieu de l'encourager à agir comme un adulte et affronter ses démons, elle se sauvait avec lui! Ces putains d'enculés s'étaient bien trouvés!
Jean me tenait fermement. C'était devenu dur de bouger correctement.
- Eren, eren calme-toi bon sang!
Jean n'utilise que mon prénom que lors d'une situation grave où importante. Je pouvais donc présumer que c'était une situation grave où importante.
- Eren, il faut que tu calmes! Les voisins vont appeler les flics! Et j'ai pas envie de finir ma nuit à dormir près d'ivrognes où de brutes épaisses avec des tatouages Fuck You sur les bras!
- Tu apprendras la vie à la dure, comme ça!
- Ça me fait pas rire!
Je me battais presque contre lui maintenant. Je lui tirais les cheveux pour le forcer à lâcher prise sur ma personne. Mais rien à faire, il était aussi tenace qu'une punaise! Si quelqu'un, vivant dans une de ces maisons, avait la bonne idée de regarder par sa fênètre, il aurait une charmante vue sur deux adolescents se battant presque au sol, en s'arrachant mutuellement les cheveux. Y a pas que les filles qui utilisent cette méthode très efficace, il faut l'accorder. Mon souffle était rapide, je respirais lourdement sous l'effort tout comme Jean. La lutte devenait fatiguante et ce n'était même pas une vraie bagarre, sinon Jean serait déjà en route pour le cimetière.
J'avais une envie folle de déchirer sa peau avec mes ongles, presque sadiquement mais, je me laissais troublé par ma haine envers mon père. Ma colère me faisait divaguait, je commençais à tout confondre. Il fallait que je me reprenne et vite, sinon je me verrais dans l'obligation d'expliquer à la mère de Jean, comment son fils s'est retrouvé enterré dans une boite sous terre, avec une pierre tombale portant son nom. Et ça non merci.
Bizarrement, ce fut Jean qui me fit retrouver mes esprits avec une simple phrase hurlée avec acharnement:
- Putain de bordel, pourquoi tu l'appelle pas?!
Je me figeais sur le champ avant de l'observer avec ahurissement. Il dégagea sa tête de mon bras avant de me regarder furieusement. Bye-bye le gentil Jean, bonjour le Jean con! Moi, j'étais toujours sous le choc. Je reprenais une respiration normale malgré ma poitrine qui s'élevait à un rythme effréné. J'étais courbatu et mes poignes me lançaient suite aux coups répétés sur la porte. Je serrais les dents: j'allais avoir de sacré bleus demain. Comment j'ai pu ne pas penser à une chose aussi simple? Et surtout, c'est la honte que ça soit Jean qui m'y ai fait pensé!
Sans perdre une seconde de plus, je repoussais Jean définitivement avant de m'emparer avec frénésie mon portable et de chercher avec empressement, le petit bout de papier sur lequel j'avais noté le numéro de téléphone. Il était dans ma poche arrière de mon jean. Je le sortis et faillis le déchirer en le dépliant. Ma nounou me fixait, main autour de son cou, peinant à retrouver son souffle de fumeur invétérée. La fumette, c'est pas bien.
Je composais le numéro avec violence, maltraitant le pauvre portable. Je n'éprouvais plus la moindre peur. J'étais trop énervé pour ça, j'avais besoin de déverser mon venin, de faire sortir toute cette haine trop lourde pour moi. Au bout de deux tonalités, il décrocha. Je ne lui laissais pas le temps d'ouvrir la bouche et l'attaquais sur le champ:
- Salut. C'est Eren, tu sais, ton fils? L'enfant que tu as eu avec ta femme. Ta première femme, pas l'autre garce qui t'encourage à te sauver sans assumer tes responsabilités. Parlons-en de tes responsabilités. La moindre des choses quand tu décides d'abandonner ta famille parce que tu n'es même pas fichu d'affronter les problèmes, entre autre, la dépression de MA mère, c'est d'avoir suffisamment de tripes pour accepter de parler à ton fils et affronter la réalité. Parce que MA réalité, aussi pourrie soit-elle, c'est que tu es un parfait enculé!
Silence radio au bout fil.
- Je peux même pas croire qu'on puisse te considérer comme être humain, tout court, espèce de sale merde! Les gens comme toi, faudrait leur faire couper les couilles, d'abord pour les empêcher de se reproduire et ensuite parce qu'apparemment, elles ne servent à QUE DALLE à part baiser et forniquer. J'espère que tu fornique bien avec ta salope, sale petit enculé de bon à rien de merde! Je trouve même pas de mot assez fort qui pourrait te convenir, je crois pas que ça existe! Brûle en enfer, et j'espère de tout mon âme, que c'est Lucifer lui-même qui sera ton guide et ton tortionnaire durant une longue vie de souffrances et de douleur bien mérités!
Je me tus, totalement apaisé et la gorge enrouée. J'avais trop hurlé, ma gorge était toute irrité et ma voix n'était plus qu'un mince filet. Mais j'allais mieux. Un tout petit mieux. Lui dire en face m'aurait soulagé entièrement mais savoir qu'il avait au moins écouté. Jean me regardait, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Il ouvrit la bouche, blanc comme un linge:
- Euh, tu as vérifié si c'était bien lui? Je veux dire, elle aurait pu te filer un faux numéro, cette fille.
- Pourquoi je devrais vérifier si c'est bien lui? demandais-je, l'irritation revenant à grands pas.
- Peut-être parce qu'il pourrait s'agir d'une erreur, dit une voix étrangère à l'autre bout du fil.
Hein?
Depuis quand mon père a une voix aussi sexy et sensuelle? Dans mon souvenir, elle ne me donnait pas des frissons.
Cette fois, ce fut à mon tour de devenir blanc comme un linge. Un mal de ventre se fit ressentir. Je n'osais plus parler ni faire un geste. Jean me fixait, inquiet. Pour ma part, j'étais toujours en mode What the fuck? Mon cœur se remit à battre à une vitesse phénoménale dans ma cage thoracique en réalisant l'énorme connerie que je venais d'accomplir. Une de plus, une de moins. J'humidifiais mes lèvres, devenues soudainement sèches.
Sainte mère de Dieu.
- Alors morveux, qu'est-ce que tu disais? demanda la voix la plus sensuelle de l'univers.
