bonjour les filles (et garçons!?) voilà une nouvelle fic, qui sera peut-être un peu dure au début mais apportera de la douceur par la suite. J'espère que vous aimerez!
Chapitre 1.
On entend un bruit. Un bip régulier, lent. Qui sonne dans le vide d'une chambre de réveil aux soins intensifs. Le panneau au bas du lit indique le nom du patient, son sexe, son âge, son infection, la liste d'interventions, le traitement. Dean Winchester, homme, 16 ans, leucémie lymphoblastique aiguë, maladie neucosomiale dûe à son système immunitaire déficient, pneumonie. Il a failli mourir il y a quelques heures. Il a même été cliniquement mort pendant quarante neuf secondes. De battre son cœur s'est arrêté. Puis sans savoir pourquoi, il a repris. Peut-être grâce à cette infirmière si entêtée, de son massage cardiaque, ou de la dose de morphine supplémentaire. À moins que ça ne soit le moral du jeune Winchester, qui s'est battu même après la mort. Qui sait.
Il est juste là, inconscient dans cette chambre de réveil. On l'a volontairement endormi, c'est le meilleur moyen pour qu'il reprenne des forces, voilà ce qu'ont dit les médecins. Lui n'a plus la capacité de dire s'il est d'accord ou non. Affaibli par des jours de chimiothérapies, de radiothérapies ou bien encore par les antibiotiques qui soutiennent son système immunitaire. Il aurait dû en avoir fini de tout ça. Trois semaines d'aplasie, post-chimio, où on a surveillé toutes ses constantes. Sa moelle osseuse devait être analysée par myélogramme lundi, dès huit heures. Et à la suite de ça, les médecins auraient pu lui dire s'il était sur la voie de la rémission.
Mais il ne sait rien de tout ça. Il s'est écroulé samedi soir. Sans savoir pourquoi. Ses parents pestent contre le personnel hospitalier de l'avoir sorti trop vite de sa chambre stérile. Mais c'est eux aussi qui ont réclamé sa sortie, ne supportant plus le non-contact. Ils sont perdus. Leur fils, leur grand fils a failli mourir. Il n'y a rien de pire pour un parents que de perdre son enfants. Les Winchester l'ont appris par horreur.
La petite sœur, Lise, contemple son frère à travers la baie vitrée. Bien sûr qu'elle n'est pas autorisée à entrée. Mais elle reste là. Fidèle à son frangin. Ce grand chieur mais aussi son meilleur compagnon de jeu. Du haut de ses six ans, elle assiste sans broncher à tout ce remue-ménage. Les mots de myélogramme, leucémie, lymphome, scanner, ECG lui sont étrangers. Elle ne comprend que les mots plus simples.
« Je peux aller voir Dean Maman ? Il va mieux ?
- Pas encore ma chérie, pas encore… »
La mère renifle. Elle se cache dans l'épaule creuse de son mari, aussi grand et osseux que leur fils. Vincent Winchester caresse les cheveux noirs de sa femme, Hélène. Ils attendent, ils ont l'impression de ne faire que ça depuis quatre mois. Depuis qu'ils sont arrivés à Cassis, dans le sud, pour le moral de leur petite famille qui n'allait déjà pas très bien. S'ils avaient su… Rester à Paris n'aurait bien sûr rien changé. Rationnellement c'est ce qu'on se dit. Mais où passe la raison que son fils est au bord de la mort ? On se met à croire à la destinée, au fatalisme ou bien à l'espoir, la croyance. C'est pourquoi Hélène entre dans la petite chapelle de l'église. Prier pour son fils.
Lise s'est écroulée sur un fauteuil. Son papa caresse sa petite frimousse endormie, calme, saine. Sa petite fille. Il ne faut pas l'oublier, elle avec ses doux cheveux chocolats qui descendent en bol sur son visage où s'éparpillent des tâches de rousseurs, héritées de sa maman. Ses yeux marrons intenses, les mêmes que son frère d'ailleurs. Quand on regarde les photos d'eux bébés, ils ont le même de regard. Encore aujourd'hui d'ailleurs.
Vincent la prend dans ses bras. Il passe voir Hélène et lui annonce qu'il rentre. La petite a besoin d'avoir son lit. Il reviendront demain tôt, pour prendre le relais. Il sait que sa femme a les nerfs solides. C'est pour ça qu'il accepte de la laisser seule cette nuit.
À travers la vitre, il dépose un baiser à son fils. Il veillera sur lui à distance cette nuit.
Autre étage, autre service. Moins d'entourage par contre.
Les infirmières discutent dans le couloir, elles sont agacées, ne peuvent rien faire. Le jeune dans la chambre vient de se réveiller. Mais il ne parle pas. Rien du tout. Il ne veut rien dire.
Cela fait des heures qu'il s'est réveillé, et pourtant il n'a appelé personne pour le dire, pour demander où il était. Quand l'infirmière l'a trouvé comme ça, elle a commencé à lui parler. Mais rien.
« Pourquoi tu ne dis rien Castiel… ?
- …
- Ecoute, je comprends, mais est-ce que tu entends ce que je te dis ? Je dois changer ta perfusion, ton bandage et regarder ta tête…
- … »
Le jeune homme regarde le vide. Castiel Novak regarde le mur blanc, le bord de la fenêtre. L'infirmière elle soupire et tente d'attirer son attention. Pourtant il la laisse prendre son bras. Il la laisse dénouer les multiples tours de bande stérile. Dessous, quelques points de sutures là où c'est trop profond. La chaire tailladée à coups de cutter, ça ne pardonne pas.
La jeune femme reste dans le silence alors qu'elle nettoie la plaie. Castiel serre les dents, les larmes coulent de ses yeux. Il regrette.
Pas d'avoir fait ça. Mais de s'être loupé.
Son bras ramené contre son torse, il se redresse pour qu'on regarde sa tête, les quelques points sur son crâne, dans les cheveux. Pas sa faute.
Il est tombé. Juste après avoir avalé la boîte de somnifères, il a eu un vertige et s'est redressé. Tombé de son lit. Il s'est cogné la tête, a crié. Et c'est son frère, Gabriel, qui l'a entendu. Sans avoir de réponse, il a essayé de rentrer dans la chambre. Fermée à clef. Il a appelé. Puis défoncé la porte. Son frère, son frère jumeau, par terre dans une marre de sang.
Et aujourd'hui… Là tout de suite. Castiel a été sauvé, c'est ce que ses parents disent, ce que son frère a dit. Que personne n'a anticipé. Mais il est sauvé ! Après un lavage d'estomac, après avoir été en réanimation, être cliniquement mort pendant presque une minute.
Pourtant Castiel ne se sent pas sauvé. Il s'est raté. Rien d'autre à penser, il n'aurait pas dû se lever. Pas bouger.
Il y a celui qui a voulu se donner la mort et l'autre qui lutte pour survivre. À croire qu'ils sont des opposés. Rien à voir entre le jeune suicidaire et le cancéreux.
Ce dernier a d'ailleurs fini par ouvrir ses petits yeux. Il veut bouger mais il a mal de partout. Sa masse musculaire est quasi inexistante depuis quelques semaines. L'infirmière à son chevet lui annonce qu'il a été fort, encore une fois, il a surpris tout le personnel. Et ses parents aussi. Hélène tambourine contre la porte vitrée, son fils le regarde même s'il est dans les vapes.
« J'ai besoin de les voir... »
Il mime ceci du bout des lèvres. L'infirmière l'empêche de parler. Dean se remet à tousser. Ça le brûle. Ça lui apprendra à vouloir courir avant de marcher. Mais l'infirmière promet d'aller chercher ses parents le plus vite possible. Sa mère enfile déjà une combinaison. Même s'il n'y a pas lieu, c'est un principe de précaution.
Dean est faible. Il reçoit une caresse de sa mère, des nouvelles de Lise puis réclame à nouveau du sommeil. Le moindre effort vide ses faibles batteries. Mais Hélène Winchester revit, puisque son fils aussi.
Dans le bureau du psy Castiel reste muet. L'homme en blanc, lui ne dit rien non plus. Il sait qu'il ne pourra rien lui sortir. Son patient est muré dans le silence depuis qu'il est là. Personne ne peut rien lui tirer. Pas un mot, ni même un regard. Il n'a rien mangé non plus, bois à peine.
Il retourne dans sa chambre.
Dans la perfusion, anxiolytiques et antidépresseurs.
Il a fallu une semaine. Une semaine pour se remettre plus ou moins de ce nouvel affront de la mort. La maladie a trouvé un nouveau terrain de jeu en la personne du jeune Winchester. Un corps usé, un esprit terrassé, un jeune homme démoralisé. Il était si près de la sortie mais une main sournoise est venue le chercher. Non. Non, il n'était pas prêt à partir. Et il s'est battu comme un lion pour rester ici et après, sortir.
Un atelier est ouvert tous les après-midi pour les jeunes malades de l'hôpital. Hélène et Vincent Winchester ont conseillé à leur fils d'y aller. Juste jeter un coup d'œil. Ils savent la facilité de leur fils en tout et du coup sa faculté à se lasser vite. Mais c'est une bonne occasion de voir du monde. Eux travaillent et Lise est à l'école. Et puis maintenant qu'il arrive à marcher avec le déambulateur. Oui c'est bon pour son moral de petit chef.
Alors il traîne sa carcasse livide jusqu'à la salle où sont regroupées une dizaines d'adolescents. Il reconnaît deux d'entre eux. Ils allait à la même chimio. Alors il va s'installer avec eux. L'animateur n'est pas encore là, mais ils sont entourés de personnel soignant.
Dans un coin, Castiel est assis sur un canapé. Personne n'est venu le voir, on l'a tout simplement forcé à venir ici. Les soignants l'ont fait se lever, enfiler un tee-shirt et un pantalon. Puis on l'a collé ici.
Il s'en fout, il attend que ça passe. C'est tout.
Dean regarde autour de lui alors naturellement, ses yeux tombent sur ce petit brun. Il est tout voûté, a croisé les bras. Il regarde par terre. De ce que Dean se souvient des conseils de sa mère, ce genre d'attitude montre quelqu'un d'ultra renfermé.
Le cancéreux continue de le regarder de sous la visière de sa casquette. Comme tous les gens qui refusent de se plier à la norme, il l'intrigue.
Alors il se lève. Et va vers lui. Bah ouais comme ça. Il n'a rien à perdre de toute façon.
Castiel ne bouge pas. Pourtant il sent un regard brûlant sur sa nuque. Ça chauffe. Alors qui aujourd'hui à encore envie de venir le déranger ? Pourquoi est-ce qu'il ne peut pas rester au calme sans susciter l'intérêt de tous le monde ? Parce qu'il est à part. Et qu'ici, encore plus que dehors, la normalité est primordiale. Tout doit rentrer dans des normes. Taux de globules blancs, de plaquettes, cholestérol et compagnie. Tout est surveillé. On prend l'habitude.
Dean est en plus doté d'un esprit critique important. Critique et curieux.
Quand il sent qu'on s'assoit à ses côtés, Castiel détourne les yeux. Pour regarder le mur. Bien mieux. C'est la même personne qui le regardait il est certain. Il a raison. Dean ne lui dit rien au début. Il attend qu'il le regarde. Et puis de toute façon, l'animateur est arrivé, avec un pianiste. Introduction à la musique, au solfège. Mais Dean n'a pas besoin de ça.
Alors il se tourne vers son voisin et commence à lui parler.
« Hey toi, t'es nouveau non ? Je t'avais pas encore vu dans les couloirs de l'hôpital ! »
Le petit brun l'ignore. Bien que la voix soit agréable. Il reste fixé à son mur. Blanc. Blanc cassé plutôt.
Pourvu qu'il parte. Tout ce qu'il veut c'est la tranquillité, qu'on le laisse. Mais Dean s'entête. Il croit - il espère plus exactement - que le petit brun ne l'a pas entendu. Le piano, il n'en a rien à faire, il connait déjà ça sur le bout des doigts. S'intéresser à de nouvelles personnes, c'est bien mieux.
« Euh... J'm'appelle Dean et toi ? »
Castiel s'agace un peu. Sa main sur le bandage de l'autre bras se serre un peu. Il ferme les yeux. Qu'il fasse comme les autres, qu'il finisse par abdiquer !
Dean détaille ses réactions avec attention. C'est plus facile car le jeune homme ne le regarde pas faire. Bandage au bras, pansement à la tête... Il ne faut pas longtemps à Dean pour s'imaginer les choses les plus sombres. Les malades comme lui n'ont pas souvent de plaies apparentes. C'est l'horloge interne qui se détraque, le mécanisme du corps qui rouille. Là, les blessures, c'est les bagarres, les agressions... Ou autre chose.
Dean élude ses réflexions. Il répète.
« J'suis Dean. Je sais que tu me connais pas mais bon, on peut parler non ? À moins que tu veuilles apprendre le solfège ? » sourit-il
Castiel plisse les yeux dans le vide. Qu'est-ce qu'il s'efforce à faire ?
Il finit par tourner la tête vers le jeune homme. Et là quelque chose se met à le déranger dans la poitrine. Sous ses yeux, le dénommé Dean, blanc comme un linge, la peau presque transparente, les yeux sombres mais pétillants, en contradiction avec son corps maigre, maladif, les joues creuses…
Ça chatouille sous ses côtes…
Dean esquisse un sourire. Il a son regard. Ça va être plus facile pour lui parler. Mais alors qu'il va recommencer, une quinte de toux le prend. Il sent le goût de sang qui remonte, ses voies respiratoires s'irriter. Il commence à avoir l'habitude malheureusement.
Une infirmière vient près de lui. Elle le soulève et lui dit qu'il doit regagner sa chambre. Un médecin passera d'ici un quart d'heure. Dean ne discute pas. Un dernier regard au petit brun puis il quitte l'atelier. Un peu déçu.
Castiel lui a ouvert la bouche en voyant ça se passer sous ses yeux. Inquiet. Pourquoi est-ce qu'il s'est mis à tousser comme ça ? Pourquoi on l'a emmené ?
Cette fois c'est sa poitrine qui se serre.
Il se lève et décide de retourner à sa chambre. Ne pas rester ici, seul il est mieux.
Dans le couloir Dean demande à Amandine l'infirmière de le briefer sur le nouveau venu. Amandine c'est un peu sa copine ici. Elle est douce et puis elle lui a dit qu'il était son patient préféré. Depuis il en profite un peu. Mais jamais trop.
Amandine lui dit qu'il a été admis en psychiatrie, que c'est tout ce qu'elle sait.
« Tu pourras te renseigner chez tes copines de psy ?
- Non mais oh Dean, j'espère que tu feras pas médecin, le secret médical, tu t'en fous ! rit Amandine en vérifiant ses constantes.
- Pfff mais attends j'ai rien à faire à part faire mon curieux ! »
Amandine rigole. Elle avait prévu de rester un peu mais elle est bipée en urgence pour une intervention, laissant Dean tout seul.
Castiel, lui, ne demande rien. Il relit la lettre que lui a écrite son frère. Malgré lui il lui en veut, même si c'est son jumeau. Ne pas le sauver, c'est tout ce qu'il aurait dû faire.
Mais visiblement le sort en a décidé autrement. À nouveau il a envie de pleurer. Allongé en position fœtale sur son lit, les bras repliés sur son torse. Il tente de lutter. Mais rien ne retient sa douleur. Raté, raté, raté. Même ça il le rate. Une infirmière vient le voir. Elle tente de savoir pourquoi il a quitté l'atelier. Mais avec Castiel Novak, le bruit court qu'il ne faut pas attendre de réponse. Non. Aucune.
Jusqu'au soir, même après la visite de sa famille, Castiel ne dit rien. Il laisse sa mère bavasser. Elle se sent coupable, il le sait juste en entendant le son de sa voix. C'est logique aussi. Mais elle ne comprend pas son silence. Personne ne le comprend.
Pourtant il devrait, même à sa mère. Eux qui n'ont le droit de visite que deux fois par semaine… Les soignants songent à réduire ce droit. Pour le secouer. Mais visiblement il s'en fout. Rien ne marche avec lui. Pas les menaces, pas les soins, pas la compassion, pas l'ignorance, Rien.
Amandine s'est renseignée. Parce que Dean lui a promis qu'il lui donnerait un bout de la tarte au citron meringuée de sa mère, seule gourmandise que l'hôpital lui autorise de temps en temps. De toute façon il ne mange presque plus... Bref, Amandine lui apprend deux jours plus tard que le p'tit nouveau s'appelle Castiel et qu'il a fait une TS samedi d'il y a deux semaines, quand lui il a fait sa pneumonie. Dean est maintenant habitué au langage hospitalier qui dédramatise tout grâce à des noms de code et des initiales. Mais bon. Une tentative de suicide... Il comprend un peu mieux le mutisme du jeune homme.
Malgré tout, sa curiosité n'est pas rassasiée. Dans l'après-midi, alors qu'il fait sa petite balade, il demande à Amandine de l'amener en psychiatrie.
« Il ne parle à personne tu sais...
- J'suis sûr qu'à moi oui. La dernière fois il m'a regardé. Et puis je tourne en rond en ce moment alors je suis partant pour le défi impossible ! »
L'infirmière se demande comment Dean fait pour penser à tout ça malgré sa maladie. Elle ne peut rien lui refuser. Mais elle limite le temps de visite. Le médecin doit venir le voir en plus.
103. C'est le nombre de la chambre de Castiel. Il y est seul. Voilà, c'est tout ce que Dean sait alors qu'il tape doucement à la porte.
Castiel sur son lit, ne donne pas l'autorisation de rentrer, mais ne l'interdit pas non plus. Il reste juste là avec son livre sur les genoux. On l'a mis sous perf de vitamines comme il refuse de manger. Ça lui fait mal à la main.
Dean pousse la porte avec son déambulateur. Il rentre. La chambre sent le renfermé. Pas de fleurs, rien de personnel. Il ne distingue même pas la télé.
« Euh salut... J'te dérange ? » demande Dean, avisant son livre.
L'interrogé ferme juste son livre après avoir marqué la page ou il en était. Les yeux sur la couverture abîmée, il sent à nouveau cette sensation dans sa poitrine. Autre que la douleur.
Le déambulateur de Dean cogne dans un coin, un bruit métallique résonne sourdement dans la pièce silencieuse. Dean s'en veut presque. Qu'importe, il continue. Il est fatigué, il a besoin de s'asseoir et choisit le pied du lit. Il prend le livre et lit à haute voix le titre.
« Sac d'Os. De Stephen King. Très bon choix. » commente-t-il.
Castiel est étonné. Quand même, sans savoir son prénom, ce garçon a réussi à le retrouver ici. Pourquoi est-ce qu'il peut l'intéresser ? Lui qui ne dit rien ? Et puis pourquoi est-ce qu'il a besoin de ça pour marcher ? Il n'aime pas ce truc, ce n'est pas un petit vieux. Dean suit son regard jusqu'à son déambulateur.
« Tu veux savoir pourquoi ? » demande-t-il.
Castiel relève les yeux vers lui. Oui il veut savoir. Ça l'étonne que quelqu'un prenne le temps de suivre son regard. Dean sourit. Miracle, il a son attention.
« En échange, tu m'expliqueras pourquoi tu dis jamais rien ? »
Evidemment il ne pouvait pas avoir de réponse sans retour. Il se contente de lever les épaules. On verra.
« Bon c'est pas grave sinon. » sourit Dean.
Il s'essuie le front, la casquette le fait transpirer quand il s'agite.
« J'ai un cancer en fait et j'ai fait une pneumonie assez grave y'a deux semaines. J'avais du mal à marcher au début, ça me permettait de me reposer. Mais bon depuis j'ai eu la flemme de changer, j'y pense pas et puis j'y suis habitué maintenant. »
Castiel fronce à nouveau les sourcils, lui un cancer ? Bah merde… C'est ce qui explique la casquette et son extrême faiblesse… Il le plaint mais pas trop, il sait que c'est insupportable. Chez Castiel, la compassion s'exprime à travers le regard. Ou peut-être ce pli au coin de l'œil. Dean essaye de le déchiffrer. C'est important le langage du corps, et puis il aime bien apprendre Dean.
« C'est gentil mais ça va, ne t'inquiète pas ! rit-il. C'est long mais bon… »
Castiel pince un peu les lèvres, comme un sourire contenu. Il n'en revient pas qu'on veuille s'intéresser à lui, sans pour autant le supplier de parler de lui… Il ne le fait pas, il n'a pas de regard inquiet quand il le regarde. Tant mieux.
« Enfin bon voilà, je passais te voir, t'avais l'air tout seul la dernière fois… Je sais que normalement tu peux pas sortir de ton service mais appelle Amandine sinon, l'infirmière, elle est gentille. Elle t'amènera à ma chambre si tu veux… Enfin tu vois. »
Castiel attend la blague, ou la chute qui va avec sa phrase… Mais rien ne vent. Il semblerait que la proposition de… Dean ? (Il n'est pas certain). Soit honnête. Bah merde… Alors là il est vraiment sans voix. Il pourrait faire un effort peut-être…
D'une toute petite voix, à peine murmurée, il se fait enfin entendre, après deux semaines de silence obstiné.
« Merci… »
La voix est rouillée, enrouée. Mais c'est le plus beau mot que Dean ait cru entendre jusque là. Il l'aime bien cette voix en plus. Il voudrait encore l'entendre. Alors il lui fait un immense sourire et secoue, lui disant qu'il l'attend dès ce soir ou demain. Amandine, il répète.
Il reprend son déambulateur et s'en va de là. Il a tiré un mot à Castiel. Défi impossible possible finalement. Castiel lui aime ce sourire. Sans savoir pourquoi à nouveau ça s'agite dans son ventre… Il a bien retenu, Amandine. Aussi faut-il qu'il puisse la demander…
Dean trépigne dans sa chambre. Pour la première fois depuis un moment, il attend quelque chose de positif. Sa mère s'étonne de son entrain à se lever le matin. Il a même réussi à manger un peu. Hélène en est venue à le film quand il a dit « J'ai faim. ». Elle est fière, Lise lui a même fait un bisous pour le féliciter.
Mais maintenant que toute sa cour est partie, Dean attend Amandine. La jeune femme vient le voir lors de sa tournée des chambres. Pendant qu'elle lui donne ses médicaments, elle sent bien que son jeune patient a quelque chose à lui demander. Dean n'hésite pas alors qu'elle prend sa tension, il demande :
« Tu veux pas faire un tour en psychiatrie aujourd'hui ?
- Non merci, je suis saine d'esprit Dean !
- Mais non c'est pas ça que j'veux dire pfff…
- Qu'est-ce que tu lui veux au petit muet ?
- Il est pas muet, arrêtez. Faut juste avoir du temps. Les soignants vous en avez pas et moi j'en ai à revendre.
- Il a parlé ? ouah les filles de psy vont t'engager ! Et toi tu devrais surtout rester au lit pour te reposer…
- J'y reste., sourit Dean. Tu peux aller le chercher ? S'il te plaîîîîîîît Amandiiiiiine !
- Mais j'ai pas le droit Dean ! Et me regarde pas avec ces yeux là…, soupire-t-elle, fondant.
- Mais si tu restes avec nous ? faut juste qu'il soit surveillé…
- J'ai du boulot Dean ! Et puis j'ai pas ma spécialité en psychiatrie tu sais.
- Mais il est pas dangereux. Il fait rien, il dit rien., soupire Dean.
- Il a pas le droit aux visites… Je sais qu'il est pas dangereux. La seule chose que tout le monde craint, c'est qu'il tente encore de se suicider. Il mange même plus rien, il se laisse dépérir… C'est une catastrophe ce petit.
- Mais j'suis pas une visite, j'suis quelqu'un à l'hôpital pfff… Et je te promets, il se suicidera pas avec moi. Même, on a qu'à parier., fait Dean tout content. Si j'arrive à lui faire manger un truc, je peux le revoir. Sinon j'arrête mon défi impossible et je laisse les infirmières de psy s'en occuper.
- Bon… Tu me désespères. J'irai le chercher après ma tournée.
- Yes ! Et arrête je sus sûr que t'es trop amoureuse de moi en fait ! rit Dean.
- N'importe quoi ! Et toi tu te sens tellement seul que tu vas chercher la compagnie d'un suicidaire ! Qui est le pire hun ! Allez j'y vais, je reviens dans une petite heure. »
Dean lui tire la langue et la laisse partir. Lui de son côté se lève et décide de ranger un peu. Bon il se doute que Castiel ne fera pas de commentaires mais bon...
A suivre...
