Cette Fic a été écrite pour Nanthana14 [FAITES UN VOEU 201-Forum Papotage,Ecriture, Lecture et Bonne humeur]. Tu avais demandé de pouvoir lire une fic sur Gandalf et je sais que tu adores ce personnage, alors j'ai essayé.

Pour être honnête, c'est la première fois que j'écris pour quelqu'un alors j'espère de tout cœur qu'il te plaira et qu'il vous plaira aussi.

Bonne lecture

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Voilà longtemps que Gandalf vit à Valinor, en compagnie de Bilbo Baggins et de Frodo longtemps qu'il ne se souvient plus quand il a quitté Arda. Si longtemps que Sauron a été tué. Si longtemps qu'il connait la paix durable. Si longtemps qu'il n'avait pas couru mille dangers pour sauver une Terre du Milieu de la destruction ou sauver une compagnie de Nains et d'un Hobbit. Si longtemps que Gandalf s'assoit chaque jour sur ce banc.

Gandalf regarde l'horizon. Comme à son habitude, il s'est assis sur le banc à l'est de Valinor, celui qui surplombe cette mer qui l'avait amené sur Arda. Gandalf pense à cette Terre qui l'a abrité pendant deux millénaires. Il avait cherché des années, enfin plutôt deux cent siècles, à vaincre Sauron, ennemi des Elfes, des Nains et des Hommes. Il soupire, il a tant de souvenirs de cette Terre du Milieu, des bons comme des mauvais. Il avait vécu la mort de tellement de compagnons qu'il s'en veut mais il doit maintenant honorer ces êtres chers perdus au combat. Il y a eu tant de vies sacrifiées. Lui aussi, un jour, il s'est sacrifié pour ses amis. Il avait fait de son corps une barrière lorsque le Balrog de Morgoth a attaqué la compagnie de l'Anneau dans les mines de la Moria. Ce souvenir lui fait couler une goutte de sueur dans son dos. Il a gardé des traces indélébiles de ce combat. Il était Mithrandir,Gandalf le Gris et il est devenu Gandalf le Blanc, celui qui ne se fera pas corrompre par l'ennemi. Perdu dans ses sombres souvenirs, il ne voit pas débarquer deux joyeux compères. Bilbo et Frodo arrivent en fumant de l'herbe à pipe.

Ils s'arrêtent un moment et regardent Gandalf. Il s'accroche à son bâton comme un bateau s'accroche à une ancre, ses cheveux blancs flottant dans le vent, les yeux vers la mer. Il fredonne la chanson de Durin pour la quête de l'Arkenstone. C'est encore un souvenir douloureux pour ce Maiar envoyé par les Valars. Il a les larmes aux yeux tant de morts pour cette chanson.

Un roi il était, sur un trône sculpté

Dans des halls de pierre aux nombreux piliers,

Au toit doré et au sol argenté,

La porte de runes de pouvoir ornée

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Bilbo se souvient, lui aussi, de cette chanson et de la quête qui en découlait. Le plus vieux des Hobbits chante avec le magicien. Il voit devant ses yeux la compagnie des nains : Kili, Fili, Balïn, Dwalïn, et aussi Dori, Nori, Ori, Oïn, Gloïn, et pour finir Bofur, Bombur, Bifur et Throïn. Ces derniers sourient Throïn, portant la couronne de son grand-père, d'un léger hochement de tête ressemblant à une révérence. Bilbo frémit, il se rappelle encore du vent dans les grands pins, de l'eau coulant des rivières et plongeant dans des cascades. Il peut encore sentir sous ses pieds la fraicheur de l'herbe de la Comté, de celle de Fond-Combe. Il porte sa main à sa poche et vit qu'il avait son mouchoir, pensant encore aux souvenirs qu'il avait eu avec des Nains l'emmenant dans une aventure sans un mouchoir. Bilbo chuchote « mes amis », en laissant tous ses souvenirs remonter à la surface comme si tous voulaient revenir aujourd'hui. Il en était envahi.

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Frodo observe, lui aussi, pense à Arda, à la Comté. Il repense à Bilbo et ses contes sur les Elfes, Nains et Hommes. Il se souvient de Gandalf et tout ce qu'il a fait pour vaincre Sauron. Gandalf le Gris, ainsi le surnommait-on à cette époque, a vaincu des monstres, ceux de Sauron. Il est sage et humble mais surtout, cet ami est bienveillant. Ce sont ces trois qualités qui font de lui le plus admirable des Maïars. Il aurait fait n'importe quoi pour que chacun puisse être libre et accomplir ses rêves. Gandalf a voué sa vie sur Arda de rendre les peuples heureux. Il le faisait car c'était sa mission. Frodo le sait mais il sait également que ce Maïa a laissé à chaque peuple le pouvoir de choisir et le pouvoir d'être libre. Le magicien est un héros de l'ombre, chaque peuple le connait sous différents noms, différents visages. Frodo le sait, cet immortel a son bon côté qui triomphe toujours. Même quand son regard semble froid et insensible, il a son cœur qui le supplie pour qu'il se lève et qu'il aille défendre les vivants. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour les garder en vie. Bilbo et Frodo, ainsi que toute la Communauté de l'Anneau et la Compagnie de Nains savent quelle est la vraie nature de ce Maïa.

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Gandalf chante encore. Il se souvient de toutes les vies qu'il n'a pas pu sauver. Il le sait qu'il n'y pouvait rien. Il a l'amère sensation de ne pas avoir réussi sa mission. Il devait sauver les peuples de l'emprise de Sauron, il l'a fait mais seulement de nombreux compagnons sont morts. Eru l'avait mandaté pour cette mission de la plus haute importance avec d'autres Maiars. Malheureusement il ne sait pas pourquoi il a cette sensation d'avoir échoué, enfin du moins en partie. Ce n'est pas acceptable. Il se devait de protéger les peuples et les réunir pour vaincre l'ennemi. Cet ennemi puissant et destructeur qui n'avait pour objectif que pouvoir et destruction. Lui et ses serviteurs avaient réussi à détruire une bonne partie de cette Terre créée par Eru. Ce missionné est fatigué des guerres, des complots, des manigances, des serviteurs, des dominations, de la politique. Il est si épuisé. Il avait vu les secondes, les heures, les années et les siècles passer avec une rapide lenteur. Une lenteur telle qu'il a fallu attendre que les différents peuples s'unissent quand le temps était compté mais il aurait voulu rester plus longtemps auprès des peuples qui occupent le monde créé par Eru.

Il regarde l'océan, le royaume d'Ulmo, qui ramène des nouvelles de là-bas. Le soleil est caché, il remarque les deux hobbits. Seulement dix ans sont passés sur Valinor mais il a l'impression d'y être resté une éternité. Il tourne le dos à la mer et il est face à la terre des Valars. Il s'arrête de chanter et sourit. Il ne doit pas se laisser à abattre.

Bilbo et Frodo observent Gandalf, ils sont sortis de leurs souvenirs à l'instant même où le magicien a arrêté de chanter. Des gouttes d'eau roulent sur ses joues, sa barbe, ses yeux rouges sont tournés vers cette maison divine. Il semble qu'il porte sur ses épaules un fardeau trop lourd, une peine paraissant insupportable. Il tremble, mais pourquoi ? Il ne saurait le dire. Son corps se souvient de chacun de ses mouvements et des blessures reçues. Il se tourne vers la mer, celle qui emporte vers Arda. Il regarde cette étendue d'eau salée, celle dont le bleu resplendit au soleil. Il soupire. Le voila de retour à Valinor.