Chapitre 1 : Une rencontre inattendue
La nuit était tombée sur la ville de Tôkyô, l'air était chaud, presque étouffant malgré l'absence du soleil, mais tel était le climat du Japon. Le bâtiment était calme, comme on peut s'y attendre durant la nuit, certains jouaient aux cartes, d'autres piquaient un somme. Mais des crissements, accompagnés de bruits sourds et régulier retentissaient au premier étage. Le frottement des baskets sur le parquet créait toujours cette mélodie unique qui avait le don de le fasciner et la mélodie était parfaitement accordée avec le rythme qu'il imposait au ballon qui frappait le sol. Il était essoufflé, mais ne perdait pas son sourire lorsqu'il jouait, tournant, dribblant et finir par un dunk parfait qui avait fait toute sa réputation. La sueur perlait sur sa peau pâle et ses cheveux aux reflets cuivrés se collaient à son front. Sans relâche, il jouait, ça lui rappelait tant de souvenirs du lycée. Ses camarades, ses matchs, ses rivaux et cette fameuse coupe qu'il avait remportée aux côtés de son équipe, la consécration de leur rêve. Chaque fois qu'il touchait un ballon de basket, un sentiment d'exaltation mêlé à de la nostalgie s'emparait de lui. Plus qu'une passion, c'était pour lui une drogue. Il se dirigea vers le banc du gymnase et s'y assis en soupirant. D'une main, il attrapa sa serviette et s'essuya le visage tandis que l'autre porta sa bouteille d'eau à sa bouche. Il but d'une traite la moitié de celle-ci, ne manquant pas de faire maladroitement couler le liquide le long de ses lèvres. Il finit par décoller totalement celle-ci de ses lèvres, toujours inclinée vers le bas, laissant couler l'eau au-dessus de sa tête. Lorsqu'elle fut vide, il la laissa tomber à ses pieds. Il resta interdit, plongeant son regard perçant dans le vide. Il ne pouvait pas s'en cacher, ces années lui manquaient terriblement. Il n'avait pas gardé contact avec tout le monde, ce qu'il regrettait par ailleurs… Il saisit son portable et fouilla dans son répertoire. Une subite envie de parler à un de ses amis lui avait prit, sans qu'il ne sache réellement pourquoi. « Alex » « Hyûga » « Kise » « Kuroko » « Midorima » « Tatsuya » « Teippei » la liste défilait devant ses yeux et il hésita un instant à appeler Kuroko ou Kise. De tout ses contacts, ces deux-là étaient ceux de qui il était le plus proche. Pour Kuroko, ce n'était pas étonnant à vrai dire, puisqu'ils faisaient équipe tout les deux, formant un duo redouté. Pour Kise, leur relation était rapidement devenue amicale, ce dernier étant très sociable et sympathique. Et ça ne lui déplaisait pas de jouer de temps en temps contre lui lorsqu'ils se retrouvaient. Les yeux rubis de Kagami se froncèrent lorsqu'il remarqua l'heure, 2h45 du matin…Ce n'était pas une heure pour appeler quelqu'un. Remarque, Kise travaillait souvent tard le soir, c'est ce qui leur avait d'ailleurs permis de nouer une amitié sincère, il était le seul avec qui il pouvait sortir puisque leurs horaires s'accordaient souvent. Il allait appuyer sur la touche lorsqu'une alarme retentit. Sans perdre une seconde, Kagami rangea son téléphone dans sa poche tout en se levant. Il couru jusqu'au coin droit au fond du gymnase et s'accrocha à la barre de fer du long de laquelle ils e laissa glisser pour atteindre le niveau inférieur du bâtiment. Pas le temps de souffler, il enfile rapidement sa combinaison anti-feu et se précipite dans le camion.
- On se grouille les mecs ! S'écria Kagami de sa voix puissante.
- Toujours au taquet, hein, Kagami ? Taquina un de ses collègues, Yamada, qui s'installa derrière le volant, jusqu'à côté de Taiga.
- Faut bien, on est pas là pour rigoler ! Des vies sont en jeux !
- Toujours sérieux, hein ?! Allez, c'est partit. S'écria-t-il avant de soupirer : Moi qui pensais qu'on aurait eu une nuit reposante…
Le camion enclencha sa sirène et les gyrophares. Kagami s'accrocha un peu plus à la poignée au dessus de sa portière, il n'arrivait décidément pas à s'habituer à la conduite de son collègue. Il jeta un regard en coin à l'homme qui souriait de façon inquiétante. Yamada avait la particularité incroyable de changer de personnalité dès qu'il se retrouvait derrière un volant, devenant presque un chauffard. Il zigzaguait entre les voitures, les frôlant dangereusement manquant à chaque croisement.
- Putain mec, fais gaffe ! Ou c'est nous que tu va envoyer à l'hôpital ! S'écria Kagami en resserrant ses doigts autour de la poignée et s'accrochant de son autre main à son siège, enfonçant ses ongles dans celui-ci.
- Mais non ! Ah ! Putain vire-toi de là, toi ! Hurla-t-il après une voiture, qui, paniquée par la sirène, hésitait sur quel côté s'écarter.
Le conducteur donna un coup de volant et passa rapidement le carrefour, manquant de créer un carambolage. Kagami pria tout les dieux possibles et imaginables de l'épargner. Ils arrivèrent enfin sur le lieu de l'incendie. Il y avait déjà pas mal de monde qui s'agitait face à l'incroyable feu qui dévorait un bâtiment de trois étages. Rapidement, les soldats du feu descendirent et se préparèrent au combat à venir.
- On se dépêche ! Il faut maîtriser rapidement le foyer où le feu risque de se propager ! Cria Kagami.
La police était déjà sur les lieux, et un des policiers accouru en direction de Kagami.
- Vous êtes là ! Nous avons monté un périmètre de 200 mètre autour de la zone et évacué la plupart des habitants ! Mais trois de nos collègues sont restés à l'intérieur ! Je vous en prie, sortez-les de là !
- C'est pas vrai…Murmura Kagami pour lui-même. Ok, les gars ! Occupez-vous des flammes ! Yamada, avec moi !
Kagami se précipita en compagnie de Yamada à l'intérieur du bâtiment. Les flammes dévoraient tout et grimpaient le long des murs, se refermant autour de leurs victimes dans un terrible piège. Kagami ordonna à Yamada de le suivre, et, ensemble, ils prirent l'escalier qui leur faisait face. La chaleur était étouffante et le feu plus violent. Ils firent quelques mètres avant de trouver de trouver les deux policiers ainsi qu'un homme, tout les trois au sol. Deux d'entre eux étaient inconscient et le dernier suffoquait.
- Monsieur ! Est-ce que tout va bien ? Vous pouvez vous lever ? Demanda Yamada.
- Je…Mal….Respirer… Dit-il en toussant.
- Ne vous inquiétez pas, on va vous sortir de là ! Dit Kagami en l'aidant à se lever.
Taiga prit l'un des policiers sur son épaule et Yamada l'imita en prenant l'autre homme. Le deuxième policier titubait mais semblait pouvoir marcher.
- Yamada ! Ouvre le chemin ! Ordonna Kagami.
Le pompier s'exécuta, suivit de près par le policier et Kagami fermait la marche. Ils gagnèrent la sortie et aussitôt, des ambulanciers prirent la relève, prenant soin des blessés. Mais le policier conscient attrapa la manche de l'uniforme de Kagami, l'intimant à l'écouter.
- Il reste un de mes collègues… Il…Il faut l'aider !
- Où est-il exactement ?
- Troi…Troisième étage…Il…Aider…Une fillette…
- C'est pas vrai…J'ai compris ! Je vais y aller !
Le policier, rassuré, se laissa tomber sur la civière, lâchant enfin prise. Kagami tourna les talons, prêt à retourner dans le feu mais il fut intercepté par Yamada.
- Kagami ! Qu'est-ce que tu crois faire, là ?! Tu veux mourir ? On ne peut plus rien faire !
- Je fais ce pour quoi je suis payé ! Je sauve des vies ! Maintenant écarte-toi et sois utile, va préparer de quoi nous permettre de sortir du troisième !
- Putain mec…T'es taré quand même ! Répondit Yamada en esquissant un sourire d'excitation.
Kagami sourit à son tour à son collègue avant de retourner en enfer. La fumée se fit plus épaisse et les flammes plus grandes, la fournaise devenait insupportable et tandis qu'il grimpait les marches lentement, privilégiant la prudence à l'impulsivité. Sa gorge était en feu et chaque marche franchie était un pas de plus dans cet enfer. Kagami sentait que le bâtiment n'en avait plus pour longtemps, il fallait faire vite. Il arriva enfin au troisième étage, là où était la dernière position connu des deux victimes. Le pompier s'avança à travers la bâtisse, les cherchant désespérément.
- Est-ce qu'il y a quelqu'un ? Hurla-t-il.
Malgré le boucan infernal qui régnait autour de lui, Kagami perçut une voix. Il s'avança encore, s'enfonçant un peu plus dans le foyer. De loin, il aperçut enfin une silhouette recroquevillée dans le coin de la pièce, protégée par une couverture.
- Par ici ! S'écria une fois encore la voix du policier.
Kagami se précipita vers lui et ne put cacher sa surprise lorsqu'il reconnu le visage qui lui faisait maintenant face.
- A…Aomine ?!
- Kagami ?! Répondit-il sur le même ton.
Ils restèrent interdits pendant quelques secondes, mais bien vite, Kagami reprit ses esprits.
- Nous n'avons pas le choix, nous devons sortir par la fenêtre, tu peux te lever ?
- Oui.
Aomine ouvrit alors la couverture et celle-ci dévoila une petite fille accrochée à son torse, tremblante. Le policier prit le soin de l'enrouler avec la couverture humide avant de se lever. Kagami brisa la vitre de la fenêtre à l'aide de sa hache. Il fut rassuré de voir que l'échelle avait été préparée et il fit signe à ses collègue de la diriger vers eux. L'opération fut rapidement exécutée, et tout les trois furent sortit de là. Aussitôt la petite à terre, celle-ci réclama son père en larme, complètement paniquée.
- Yamada, conduis-là à son père, veux-tu ? Demanda Kagami en ôtant son casque.
- Oui, viens avec moi petite.
Kagami observa son collègue s'éloigner en compagnie de la petite. Il ne put s'empêcher de soupirer, il avait eu chaud cette fois. Soudain, un bras se posa autour de ses épaules et un visage connu se plaça juste à côté du sien.
- Je ne savais pas que tu étais devenu pompier. Mais ça ne m'étonne pas de toi ! S'exclama Aomine en souriant.
Kagami fut surprit par le contact du beau policier mais ne put s'empêcher de lui sourire. Ça lui rappelait leur premier match où l'as de Touhou l'avait volontairement provoqué. Aomine resta interdit quelques secondes, ne s'attendant pas à ce sourire.
- Par contre je ne peux pas en dire autant de moi ! Qui aurait cru que Ahomine deviendrait policier ? Taquina Kagami en esquissant un sourire hautain.
- Que veux-tu ! Soupira le policier en enlevant son bras. On change !
- C'est le moins qu'on puisse dire… Marmonna le pompier.
Aomine perdit son regard dans la contemplation de son ancien rival. Ses cheveux, qui avaient légèrement poussés, luisait d'un reflet cuivre aussi vif que les flammes du feu duquel il avait échappé de justesse, ses traits s'étaient légèrement durcit, le rendant plus mature et ses deux rubis brillaient plus que jamais. Fasciné, il resta immobile. Kagami, de son côté, se mit à soupirer et il se posa contre le capot de la voiture de police.
- Dis Kagami. Ça te dirait de boire un coup un de ces quatre ? Proposa Aomine.
Kagami observa l'air un peu gêné du policier qui le fuyait du regard tout en se grattant la nuque. Le pompier fut amusé du comportement inhabituel du garçon qu'il avait pourtant connu toujours si sûr de lui.
- Avec plaisir ! Répondit-il en souriant de toutes ses dents.
Le sourire figea le policier, subjugué par l'incroyable expression que lui offrait le pompier.
- Kagami ! S'écria Yamada au loin. On y va !
- Bon, je dois y aller ! À plus !
Kagami s'éloigna, rejoignant son camion dans lequel l'attendait ses collègues. Et alors qu'il disparaissait de son champ de vision, le visage d'Aomine se transforma, et sur ses lèvres se dessina un sourire prédateur.
