Notre Odyssée
Bonjour à tous =)
Voici ma première fic sur Orgueil & Préjugés, et la première que je poste sur ce site. J'espère qu'elle va vous plaire! L'histoire se déroule de nos jours en Angleterre (Londres surtout), et Lizzy a vingt-trois ans. Vous découvrirez la suite par vous même ;-)
Chapitre 1 Mudblood
Lizzy ouvrit un œil vitreux ce matin là. Elle se renfonça dans son oreiller, avant qu'une curieuse sensation ne lui chatouille l'estomac. Une sensation qui lui disait que quelque chose clochait. Une sensation vérifiée rapidement par le réveil posé sur sa table de nuit, qui indiquait 10h et quelques minutes déjà.
La jeune femme se redressa violement dans son lit, les cheveux en bataille, un air catastrophé sur le visage. Dix heures ? Elle se débattit avec sa couette avant de bondir hors de son lit. Elle avait promis à sa mère qu'elle serait à Meryton pour le déjeuner, or le trajet depuis Londres mettait bien deux heures et demie (s'il n'y avait pas d'embouteillages, ce qui était fort probable car Noël approchait à grand pas, et les dimanches étaient toujours chargés) et Lizzie n'avait même pas encore préparé sa valise.
Elle sortit d'un placard un sac de voyage rouge, qu'elle remplit de tout ce qui lui passait sous la main. Sous-vêtements, bonnet, jeans… Elle allait le fermer lorsque la voix de sa mère résonna dans son esprit : « Oh et surtout ma chérie, n'oublie pas une tenue de soirée à peu près convenable ! Les Lucas ont invité toute la ville pour le bal de Noël traditionnel. Il y aura, paraît-il des jeunes hommes très convenables, l'un deux… »
Etrangement, la fin de la phrase refusa de lui revenir. Ce qui n'était pas si étrange que ça finalement, car après 23 ans de vie aux côtés de Mrs Bennett, Lizzy avait appris à trier les propos incohérents et fortement inintéressants de sa mère. Après dix minutes de fouille dans toute sa chambre, Elizabeth dénicha la robe de soirée qu'elle avait achetée récemment en compagnie de Jane. Elle admira un instant la douceur du tissu vert sombre (« exactement comme tes yeux ! » avait dit Jane), puis l'emballa dans une housse et la plia soigneusement dans son sac. Elle passa à la salle de bain en catastrophe, enfila un jean noir, des baskets et un gros pull abandonné là par un quelconque petit ami d'université, et essaya tant bien que mal d'arranger la crinière brune qui lui servait (occasionnellement) de cheveux.
A dix heures et demie tapantes, Lizzy était assise dans sa vieille voiture, pestant contre le moteur qui faisait un bruit horrible et attirait ainsi l'attention de tout le quartier sur elle.
Elle quitta Londres sans perdre trop de temps ; il était encore tôt et la circulation était fluide. La famille Bennet se retrouvait au grand complet, comme chaque année, pour les vacances de Noël. Pour Jane et Lizzy, il s'agissait plus de deux semaines de tortures que de vacances à proprement parler (même si Jane n'aurait jamais pu l'avouer tant sa gentillesse et sa bonté étaient grandes). Et comme chaque année, leur mère essayait tant bien que mal de les caser avec un riche avocat, médecin, colonel, PDG et un même dresseur de tigres (Lizzy soupçonnait fortement sa mère d'avoir apprécié plus qu'elle n'aurait du le faire le jeune homme vêtu uniquement d'une peau de léopard en guise de slip lors d'une de ses représentations) et Jane et Elizabeth passeraient leurs vacances à batailler entre leurs sœurs en pleine crise d'adolescence, leur mère hystérique et leur père indifférent.
Lizzy étouffa un bâillement. Meryton n'étant à présent plus qu'à une heure de route, elle ne serait en retard que d'une heure si le reste de son voyage se déroulait sans encombre. Au moment même ou ces pensées traversaient son esprit, elle se retrouva bloquée dans ce qui se trouvait être le plus gros embouteillage qu'elle n'ait jamais vu. Ses râlements furent interrompus par la sonnerie de son téléphone portable. Jane.
-« Liz, t'es où ? Maman veut qu'on passe à table… »
-Ah ? Euuh… Je ne suis pas tout à fait là…
-Lizzie !
-Janie, il y a vraiment un gros embouteillage. Je vais prendre un raccourci en sortant à la prochaine sortie de l'autoroute, mais ne m'attendez pas pour manger !
-D'accord. Mais n'oublie pas le bal de ce soir. Ne m'abandonne pas, maman me promet déjà à un certain Bingley…
-Bingley comme… les sacs Bingley ?
-Tout à fait.
Lizzy fit une moue surprise. La marque Bingley marchait du tonnerre en ce moment, des affiches géantes promouvant leurs produits étaient placardées dans tout Londres. Que pouvait bien faire un homme d'une telle envergure à Meryton ?
-Bon je te laisse Janie. Je t'appelle quand j'arrive.
Six heures plus tard, Lizzy arriva enfin à Meryton. Elle avait eu quelques ennuis… Il se trouve que le raccourci qu'elle pensait prendre n'en n'était en fait pas un, que sa voiture était tombée en panne en pleine campagne, que le garagiste avait mis deux heures à arriver et qu'il lui avait demandé son aide (cela expliquait pourquoi elle était pleine de boue). Elle avait prévenu Jane qui lui avait dit de les rejoindre directement au bal des Lucas, elle devait donc se changer dans sa voiture. Elle batailla quelques minutes avec la fermeture éclair de sa robe (il faisait -5° et ses doigts étaient gelés) et essaya de se coiffer en se regardant dans le rétroviseur. Elle opta pour un chignon lâche (elle ne pouvait vraiment pas faire mieux) et fit son entrée dans la salle de bal. Jane se précipita vers elle, rayonnante dans une robe bleu nuit, ses longs cheveux blonds encadrant son doux visage. Les deux sœurs s'embrassèrent joyeusement.
-Oh Liz, je suis heureuse que tu sois enfin là. Figures toi que Charles Bingley est charmant! Et il est accompagné de son ami Mr Darcy.
Lizzy s'arrêta et dévisagea sa sœur :
-Darcy comme dans Marketing & Communication Darcy Corporation ?
-Et comme dans Darcy Editors, renchérit Jane, amusée devant l'ébahissement de sa sœur.
-Bon sang ! S'exclama Elizabeth. Maman fait vraiment fort cette année ! Alors, où sont ces richissimes gentlemen ? Ajouta-t-elle ironiquement.
Jane lui indiqua un petit groupe de personnes non loin d'elles, parmi la salle bondée, et l'y entraîna.
A peine avaient-elles fait trois pas qu'une voix stridente hurla :
-Elizabeth Bennett ! Six heures de retard et même pas une coupe de cheveux convenable, comme d'habitude!
Lizzy grogna en sentant tous les regards converger vers sa mère.
-Maman… ça me fait plaisir de te voir.
Sa mère lui épousseta les épaules rapidement avant de la tirer par la main pour la présenter. La jeune fille adressa un regard suppliant à Jane qui les accompagna, prise de pitié. Le groupe était composé d'une jeune femme aux cheveux roux flamboyants et à l'air suffisant, d'un jeune homme aux grands yeux clairs très souriant et d'un autre, plus grand, vêtu d'un costume noir. Ils les fixaient et avaient apparemment été témoins de l'accueil délicat de Lizzy par sa mère.
-Voici ma seconde fille Elizabeth, annonça Mrs Bennett fièrement.
Les regards des trois inconnus examinèrent silencieusement Lizzy, qui se força à sourire, choquée par tant de froideur.
-Charles Bingley, se présenta le jeune homme aux grands yeux. Ravi de faire votre connaissance, Elizabeth !
-Lizzy, répondit-elle en souriant.
Charles, voyant que ses amis ne semblaient pas vouloir se présenter, s'en chargea pour eux :
-Voici ma sœur Caroline, et mon meilleur ami, Fitzwi…
-William, coupa froidement le grand en costume. Vous avez de la boue sur le visage, Elizabeth.
Lizzy leva les yeux vers lui, et ne manqua pas de remarquer qu'il était extrêmement séduisant. « Tout à fait mon type », songea-t-elle en frottant sa joue pour ôter la boue. Il avait un physique plutôt athlétique, des cheveux noirs qui retombaient sur son front et qui faisaient ressortir ses yeux bleus clairs étrangement doux. Son visage avait beau être froid et distant, son regard trahissait une grande timidité. Qu'il lui parle néanmoins avec si peu de tact prit le dessus sur ses charmes,
-Ma voiture est tombée en panne en pleine campagne, se justifia-t-elle, et le garagiste s'est trouvé être assez incompétent.
Darcy ne répondit pas, se contentant de l'observer d'un air supérieur. A ses côtés, Caroline soupira. Lizzy croisa le regard de Jane et retint un rire. Il y avait très peu d'ambiance, et Elizabeth avait hâte de quitter Darcy et Caroline. Jane, en revanche, rougissait sous les regards admiratifs de Charles Bingley qui ne semblait plus être capable de penser à autre chose qu'à elle. La mère des deux sœurs, silencieuse depuis trop longtemps maintenant, revint à la charge :
-Lizzy vient tout juste d'être embauchée au London Times ! Vous savez, elle est sortie major de sa promo dans son école de journalisme, et ils lui ont immédiatement proposé un poste à la rédaction !
-Maman, l'interrompit Lizzy, gênée d'être mise en avant avec si peu de délicatesse, je ne crois pas que…
-Charlotte Lucas était dans la même classe que ma Lizzy, mais la pauvre fille n'était pas aussi douée. Oh, je l'ai toujours su, bien sûr, qu'Elizabeth serait une…
-Vous devez connaître John Wyatt, alors ? Coupa William Darcy sans s'excuser.
Surprise, Lizzy acquiesça, tandis que sa mère quittait leur groupe, vexée.
-En effet, c'est mon patron. Il prévoit un article à propos de votre compagnie, mais vous devez le savoir.
-La Marketing & Communication Darcy Corporation ? Demanda Caroline en posant une main sur le bras de William et en battant de ses faux cils.
Lizzy faillit éclater de rire lorsque Darcy se dégagea d'un mouvement de bras.
-Oui, je l'ai rencontré il y a peu de temps à ce sujet. Vous lui transmettrez mes amitiés.
Elizabeth hocha la tête, et Charlie entra dans la conversation :
-Tu as intérêt à faire bonne figure ce soir, Will ! S'exclama-t-il. Elle risque d'écrire des méchancetés sur toi sinon. Prends garde !
Darcy se contenta d'un léger sourire poli tandis que Jane et Lizzy éclataient de rire. Charlie invita Jane à danser, et Caroline annonça qu'elle allait chercher « quelque chose de pas trop dégoutant » à boire. Comme William ne semblait pas vouloir engager la conversation, Lizzy lui sourit :
-Eh bien Mr Darcy, je suppose alors que nos chemins se recroiseront bientôt.
Il acquiesça en silence, et, soulagée, Lizzy partit à la recherche de Charlotte Lucas.
Plus tard dans la soirée, après avoir retrouvé tous ses amis d'enfance et bu quelques verres, Lizzy alla respirer un peu sur la terrasse. Elle s'appuya contre une colonne et ferma les yeux, frissonnant sous l'air glacé de décembre. Elle allait retourner à l'intérieur braver ses jeunes sœurs –qui, à l'heure qu'il était, devaient danser sur des chaises à moitié nues- lorsqu'elle entendit les voix de Charles Bingley et William Darcy qui s'installèrent sur la terrasse. Ils ne pouvaient pas la voir, cachée derrière la colonne, aussi ne bougea-t-elle pas car le sujet de leur conversation semblait être Jane.
-Elle est tellement belle ! S'exclamait Charles. Et douce ! Elle est institutrice à Londres, m'a-t-elle dit.
-Je dois avouer qu'elle est très agréable, répondit William.
-Je pourrais danser avec elle toute la nuit, renchérit Charles qui semblait totalement envouté.
-Du calme, Charlie ! Le morigéna son ami en riant. Ne sombres pas dans un romantisme pathétique, et ne t'emballes pas trop vite. Mais vas donc danser avec elle au lieu de perdre ton temps avec moi !
-Tu n'as pas l'air de t'amuser. Viens avec moi, il y a plein de jolies filles avec qui danser ! Lizzy Bennet par exemple !
Elizabeth commençait vraiment à beaucoup aimer Charles. Il était tellement gentil ! On aurait dit Jane en homme, ces deux là étaient faits l'un pour l'autre. Elle laissa un sourire fendre son visage, mais il fut bientôt ôté par les paroles de William :
-Elle n'est pas trop mal. Je n'irais pas jusqu'à dire jolie. En tout cas, pas assez pour me faire danser avec elle.
-Tu es dur, Will ! Tu as toujours aimé les brunes dans son style en plus.
-Les brunes oui, mais pas celles qui ont de la boue sur le visage, qui n'ont apparemment aucun sens du respect des horaires, et une mère insupportable.
Lizzy serra les poings derrière sa colonne. Ignoble personnage imbu de lui-même, arrogant et orgueilleux ! Elle entendit Charles soupirer :
-Tant pis pour toi… Bon, je vais retrouver Jane.
Il y eu des bruits de pas, puis ce fut le silence. Elizabeth risqua un œil sur la terrasse, déserte. Darcy avait du suivre son ami. Elle entra dans la salle, avec le projet de prévenir Jane puis de rentrer, lorsqu'elle tomba nez à nez avec William qui était juste devant la porte qui menait à la terrasse. En voyant Lizzy apparaître, il blêmit, et la jeune femme sentit une grande satisfaction en elle lorsqu'elle vit qu'il semblait se demander si elle l'avait entendu. Jane et Charles se trouvaient à ses côtés, et Lizzy alla retrouver sa sœur.
-Je vais rentrer, Janie, annonça-t-elle. La journée a été rude, surtout avec ce bain de boue –elle se tourna vers William qui baissa les yeux- et mes six heures de retard –cette fois ci, il se mit carrément à rougir-.
-Tu peux conduire ? Demanda sa sœur, inquiète.
-Bien sûr, si ma vieille charrette daigne démarrer. Le garagiste m'a dit qu'elle rendrait très bientôt l'âme.
-Appelle moi si tu as un souci, je te ramènerai, dit Jane. Je reste encore un peu…
Lizzy lui fit un clin d'œil, salua Charles et très rapidement William, et pris le chemin de la sortie.
Elle grimpa dans sa voiture et démarra. Du moins, tenta de démarrer. Elle batailla pendant dix minutes avec le contact, puis, épuisée, elle ouvrit la portière, sortit, et donna un coup de pied dans la carrosserie de la voiture en jurant.
-Saloperie !
-Besoin d'aide ?
Lizzy sursauta. William la regardait faire, un sourire amusé sur les lèvres. Depuis combien de temps m'observe t-il ? Se demanda-t-elle, indignée.
-Non. Merci.
Elle grimpa à nouveau dans sa voiture, et inséra la clé. Le moteur vrombit deux secondes, et le silence revint. Lizzy laissa sa tête tomber sur le volant d'harassement, avant de sortir son téléphone portable. William s'était approché.
-Je peux vous ramener, proposa t-il.
-Jane peut aussi, rétorqua-t-elle.
-Elle préfèrera rester encore avec Charlie.
-Je peux attendre.
-Je peux te ramener.
Il l'avait tutoyée. Ils s'affrontèrent du regard. Etrangement, Lizzy se surprit à apprécier une fois de plus les yeux de Darcy (elle mettait cela sur le compte de la fatigue, jamais un tel crétin riche ne pouvait l'intéresser), et elle soupira.
-Bien, capitula-t-elle. Le bonheur de ma sœur passe avant le mien, je présume…
Darcy ignora la critique sous-jacente, et sortit des clés de sa poche, tandis que Lizzy attrapait son gros sac de voyage rouge. Elle verrouilla sa voiture, refusa l'aide que lui proposait William pour porter son sac, et le suivit jusqu'au bout du parking. Elle resta bouche bée devant l'énorme voiture noire aux vitres teintées qu'il ouvrit. Sans doute une voiture allemande, digne d'un ministre.
-Tu voulais me ramener juste pour frimer avec ta grosse voiture ?
Il laissa échapper un petit rire, et ouvrit le coffre pour qu'elle y dépose son sac. Elle s'installa sur le siège passager. Il la rejoint, et démarra en silence. Un silence gêné s'installa une fois qu'elle lui ait donné la direction à prendre, silence qu'il rompit (une fois n'est pas coutume) en se raclant la gorge.
-Je n'ai pas le talent de converser avec des gens que je rencontre pour la première fois, dit-il.
Lizzy l'observa un instant tandis qu'il conduisait en regardant droit devant lui, concentré.
-Demandes moi si je ne salis pas ton siège de cuir avec la boue que j'ai sur moi, proposa-t-elle en souriant.
-Désolé à propos de ça, lança-t-il.
Mais il ne semblait absolument pas désolé, et Lizzy se demanda s'il n'avait pas pensé qu'elle allait salir son siège avec de la boue avant qu'elle ne le dise. Le reste du trajet se déroula en silence, et ils arrivèrent bientôt devant la demeure des Bennett, une belle maison victorienne. La bibliothèque était allumée, et Lizzy en déduisit que son père n'était pas couché. Elle sortit de la voiture, ouvrit le coffre et attrapa son sac. William sortit à son tour.
-Eh bien, dit-elle, merci de m'avoir ramenée. C'est sympa.
-De rien.
Silence.
-Il paraît que Charles a acheté Netherfield Park ? Demanda Lizzy qui tenait l'information de Charlotte Lucas.
-Oui, en effet. C'est une belle maison.
-On se verra donc sûrement ces deux prochaines semaines ?
-Je repars demain à Londres, répondit William, mais Charles et Caroline seront là. Donc nous ne nous verrons pas avant janvier, pour l'article.
Lizzy se demanda alors pourquoi ses manières étaient si guindées. Elle faillit lui demander pour le mettre plus à l'aise, mais se rendit compte que ça aurait peut être l'effet inverse, et se tut.
-Bonne fin de soirée, alors, dit-elle. Et rentre bien.
-Merci.
Elle sourit, et se dirigea vers sa maison. Il la regarda marcher, pestant contre son comportement ridicule, et remonta dans sa voiture. Il ne savait pas pourquoi, mais les yeux verts et brillants d'Elizabeth Bennett refusaient de sortir de son esprit.
Lizzy vit par la fenêtre la grosse voiture s'éloigner dans la nuit, et rit doucement. Curieux, orgueilleux et insupportable Mr Darcy, grogna-t-elle. Quel gâchis !
Et c'est ainsi que s'acheva la première rencontre d'Elizabeth et William.
