Devant la psyché de la salle de bain, elle passe au crible sa silhouette fine. Ses doigts démêlent la chevelure ondulante, poursuivent leur route sur les joues creuses, sur la bouche que le rouge à lèvre n'arrive plus à illuminer, sur la petite poitrine, sur le ventre plat. Elle n'est pas une femme. Elle a encore ce physique de petite fille qui alimente aussi vite les fantasmes qu'il ne les détruit.
Rapidement, elle enfile un tee-shirt kaki qui dissimule les dessous marqués à l'effigie de Betty Boop. Encore une preuve de son manque total de sex appeal, songe-elle tristement. Le chagrin, tapi là, juste derrière la colère, tente une embuscade. Réajuster la barricade, vite. Elle inspire aussi profondément que possible et fait volte-face.
Derrière elle, béantes, les valises attendent. Elle y a déjà fourré le tee-shirt taché, ainsi que tous les autres. Et puis les jeans, et puis les ballerines. Il ne manque plus que le nécessaire de toilette. Voilà, c'est fini.
Une valise dans chaque main, elle sort de la pièce. Elle se prépare, ferme son visage. Il est là … bien évidemment. Il ouvre la bouche, elle réplique par un regard orageux qui le transperce d'un éclair. Elle passe devant lui, sans un regard, et dépose une clef sur le guéridon devant la porte d'entrée.
« Tu pourras la donner à Madison la prochaine fois que tu la verras. »
