Toute petite "fiction délire" en total AU… l'école existe vraiment, mais vous ne connaîtrez son nom que plus tard ^_^.
J'ai pris beaucoup de libertés avec l'état des lieux, l'âge respectif des personnages et le contexte. Mais après tout, nous sommes en Univers Alternatif, non ? Alors je peux faire tout ce que je veux.

Petit clin d'œil au passage pour la protection de la nature: allez-vous le remarquer ?

Grande nouveauté pour moi: je commence à publier alors même que je n'ai pas terminé la rédaction. Soyez patients, je promets de poser les chapitres suivants de façon régulière. Merci de votre visite et à bientôt de lire vos commentaires :-).

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Don't fight with the boys !

Chapitre 1: Elle

Sa petite main serrée au creux de celle de sa mère, la petite fille avance lentement vers la directrice de l'école. Elle jette autour d'elle des regards plein d'appréhension. Non qu'elle soit peureuse ou inquiète d'intégrer une nouvelle école. Elle n'a tout simplement pas envie de passer ses journées loin de sa mère. Ses premières années ont été baignées de tendre présence, de jeux, de complicités telles qu'elle doute pouvoir en tisser de nouvelles avec ses camarades de classe.

La directrice, une femme de belle prestance, aux cheveux noirs coupés courts, l'accueille avec un large sourire. Elle lui tend la main, comme si elle traitait la nouvelle recrue en adulte. La fillette redresse le buste, relève le menton avec un petit air de défi et tend courageusement sa menotte.

Le bâtiment dans lequel elle se trouve lui fait l'effet d'une prison, confortable certes, mais un immense dédale de couloirs si longs qu'elle pense qu'il doit être génial de les parcourir en rollers. Cette idée la fait sourire et elle se jure qu'elle tentera l'expérience un jour ou l'autre. Les murs de celui-ci sont fraîchement repeints dans une teinte de vert clair qui évoque les premières pousses de la nouvelle saison. D'autres couloirs affichent des teintes orangées ou jaunes. « Les couloirs du printemps » songe la petite fille. Le long de chaque classe, on peut voir les petits porte-manteaux au-dessus desquels une affiche indique le nom de l'élève. Une photo complète chacune d'elles. La petite fille songe qu'elle demandera à sa mère de prendre une photo d'elle spécialement pour l'occasion. Une photo sur laquelle elle prendra un air bravache, pour faire comprendre à ses futurs camarades qu'il ne faut pas lui chercher des noises.

Au bout du couloir, la directrice leur indique son bureau, sur la droite. Lorsqu'elle y pénètre, la petite fille regarde attentivement autour d'elle, tandis que sa maman prend place en face de la directrice.

- Tu ne veux pas t'asseoir un instant ? demande celle-ci.

- Non, répond la petite fille, d'un ton très autoritaire.

- Comme tu veux. Je vais m'entretenir un instant avec ta maman. Pendant ce temps, si tu le souhaites, tu peux feuilleter les livres qui sont sur la table basse, là, ajoute-t-elle en pointant du doigt une pile de bandes dessinées.

La petite fille tourne la tête un instant pour regarder dans cette direction. Puis elle a une moue de dédain et reprend son enquête visuelle. Le bureau n'est pas très grand, mais il dégage une atmosphère cossue. Sur les étagères s'entassent un tas de choses: des livres de pédagogie, des classeurs avec des dates, quelques beaux livres sur la géographie et des livres de droit, ce qui attire plus particulièrement son attention. Tandis qu'elle s'en approche, la main tendue, la directrice émet un toussotement discret.

- Tss tss, je préfèrerais que tu ne touches pas à ceux-là. S'ils t'intéressent, je t'en parlerai plus tard.

La directrice reprend sa conversation avec la maman.

- Elle est d'une nature très curieuse, je vois.

- Vous n'avez pas idée. Mais elle est très respectueuse et soigneuse. Vous pouvez lui faire confiance, elle ne détériore jamais ce qui ne lui appartient pas.

- Je vois. Donc, je vous disais que notre programme d'enseignement a ceci de particulier que les enfants gardent le même instituteur durant deux ans d'affilée. Ainsi, ils développent une meilleure assurance dans le suivi de leur apprentissage. Les enfants s'appellent obligatoirement par leur prénom, contrairement à certaines écoles où le nom de famille est de rigueur. Personnellement, je trouve ça plutôt froid. Cette règle vaut également pour les enseignants entre eux et avec les enfants. Nous formons tous ici une grande famille.

La maman a un sourire rassuré. Elle songe que c'est la meilleure des solutions pour sa fille, qui n'a jamais connu qu'un monde d'adultes chez elle. Elle va enfin pouvoir se faire des relations de son âge.

- D'autre part, toutes les activités sont données en anglais et en espagnol. Ainsi, nous préparons les petits à une meilleure compréhension des autres cultures. Ils seront à même de respecter les différences au fil des ans. Dans une ville comme la nôtre, l'éducation sur ce point doit commencer dès le plus jeune âge.

- Je suis tout à fait d'accord avec vous, répond la maman. Ma fille parle déjà quelques mots de français également. J'ai l'impression qu'elle sera douée pour les langues.

- Fabuleux ! Je me réjouis d'autant plus que vous ayez choisi notre établissement. Je lis dans ses yeux l'attitude d'une future battante.

- Vous êtes en dessous de la vérité. Elle a un caractère bien trempé.

La directrice fronce les sourcils.

- Que voulez-vous dire ?

- Elle sait ce qu'elle veut, et surtout, ce qu'elle ne veut pas !

- Nos méthodes sont adaptées à tous les jeunes. Ne vous en faites pas. Je dois dire que nous avons eu quelques spécimens qui avaient besoin d'un recadrage, mais tout se passe bien, en général.

- Oh, je n'ai aucune inquiétude à ce sujet. Elle ne vous donnera pas de fil à retordre. C'est juste que… elle peut se montrer extrêmement têtue parfois.

- J'entends ce que vous dites. Dois-je m'attendre à devoir sévir à l'occasion ?

- Oh non. Pas du tout. Une main ferme dans un gant de velours et tout se passera bien.

- Parfait. Dans ce cas, je suggère de présenter votre fille à sa nouvelle classe immédiatement.

Les deux femmes se lèvent de concert. La maman appelle sa fille qui se détourne du livre devant lequel elle semblait en admiration.

- Je vais te présenter tes camarades de classe, annonça la directrice avec un large sourire.

Toutes trois reprennent le chemin des longs couloirs du printemps. Sur la porte de chaque classe s'étale un dessin sur une feuille A3 qui représente chacune un animal différent. La petite fille a répertorié successivement un tigre, un éléphant, un panda géant, une tortue marine, une baleine, un ours blanc. La porte devant laquelle elles s'arrêtent est décorée d'un jaguar. Lorsque la directrice frappe à la porte et l'ouvre dans la foulée, les enfants se lèvent et la saluent respectueusement en chœur.

- Bonjour, Madame Jaeger!

La petite fille reste en retrait sur le seuil un instant, jusqu'à ce que la responsable de la classe s'avance vers elle pour la présenter. Ce n'est pas idéal d'arriver le deuxième jour de l'année, alors que tout le monde connaît déjà tout le monde. La petite nouvelle sent tous les regards braqués sur elle. Si le rouge lui monte aux joues, elle fait de son mieux pour n'en rien laisser paraître.

- Bonjour les enfants, je vous présente Katherine Beckett, votre nouvelle camarade.

- Bonjour Katherine, répondent les enfants à l'unisson.

- Bienvenue dans ta nouvelle classe, Katherine, dit la directrice. Et voici Mademoiselle Copeland. Tu peux l'appeler Julia.

- Bonjour Katherine, je suis heureuse de faire ta connaissance, dit Julia, un immense sourire aux lèvres et la main tendue.

Katherine la serre franchement, le menton relevé, les yeux légèrement plissés.

- Bonjour.

Puis elle se tourne vers sa mère. L'heure de la séparation a sonné.

- A ce soir, ma Puce, dit-elle en s'agenouillant près de sa fille.

Elle hésite à lui faire un énorme câlin, comme elle le fait si souvent, pour ne pas la gêner devant ses camarades. Elle connaît trop bien sa fille et ne doute pas une seconde de la réaction de la gamine si elle esquisse un geste de tendresse en public.

- A ce soir, Maman. Répond la petite en plantant un bisou sur la joue de sa mère.

Après quelques secondes d'hésitation, Katherine va poser son petit sac à dos sur le bureau indiqué par Julia et se dirige vers un groupe de petits garçons qui sont en train de dessiner leur classe sur une immense feuille de papier.

La mère de Katherine sourit, puis elle s'éclipse discrètement, suivie par la directrice.

Lorsqu'elle a fermé la porte, celle-ci rassure la maman.

- Tout ira bien, vous verrez.

La mère de Katherine pousse un léger soupir.

- Je n'en doute pas une seconde. C'est juste que c'est la première fois qu'elle quitte la maison.

- Toutes les mamans réagissent ainsi. C'est une loi immuable.

Les deux femmes prennent congé.

La directrice regagne son bureau. Avant de s'asseoir pour signer les documents administratifs préparés par sa secrétaire, elle s'approche de sa bibliothèque et ne peut s'empêcher de sourire.

Le livre à la couverture de cuir rouge et aux lettres d'or que Katherine observait avec tant d'attention s'intitule « Code of Federal Regulations »

(À suivre)