Petite note : Cette histoire ne devrait pas dépasser 5 000 mots… Et sera écrite d'autant plus vite si vous prenez le temps de me laisser un petit commentaire pour me dire ce que vous en pensez
Bonne lecture !
Chapitre 1 : Norberta
Ils la trouvèrent un matin de mars au début de leur ronde, au pied d'un nid de Norvégien à Crête. Nue et roulée en boule, elle avant sans doute tenté de se réchauffer avant d'abandonner. Immobile, telle une statue de glace, ils pensèrent qu'elle était morte dans la nuit. L'un d'entre eux s'approcha tout de même et s'accroupit à ses côtés. Il dégagea sa nuque blanche cachée par des mèches d'un châtain gelé et posa deux doigts contre son cou. Il tâtonna un moment avant de sentir un léger battement.
Vivante.
Lorsque la jeune fille se réveilla, un long frisson parcouru son corps et elle se redressa sur son lit. Trop brusque. Un feu d'artifice éclata dans son esprit alors qu'elle retombait lourdement sur ses oreillers. Que s'était-il passé ?
Son premier souvenir la heurta de plein fouet. Sa course éperdue à travers la forêt maudite. Sa peur qu'Il la retrouve. Son cœur se comprima. Sa mémoire lui revint d'un coup et son mal de crâne disparu. L'avait-il retrouvée ? Elle était dans un lit. Elle ne se souvenait pas avoir demandé l'asile. Il l'avait donc à nouveau capturée. Elle ne survivrait pas à Ses sévices encore une fois.
Sortir. Elle devait s'enfuir. Il ne fallait pas qu'Il la retrouve.
Elle repoussa les peaux de bêtes qui dégringolèrent sur le sol et tomba plus qu'elle ne descendit du lit. Les couvertures amortirent sa chute. Elle tenta de se mettre debout, mais vacilla et s'écroula à nouveau. Ses jambes ne la soutenaient pas. Et les Korrigans avaient décidés de reprendre leurs danses et leurs chants dans sa tête. Elle se mit donc à genoux et traversa la pièce à quatre pattes – les vertiges étaient beaucoup moins forts si elle restait près du sol. Arrivée de l'autre côté, elle s'agrippa à la poignée de la porte pour se remettre debout et appuya dessus pour qu'elle s'ouvre. Elle n'était pas fermée à clé. La jeune fille sortit sur le seuil de la case et observa ce qui l'entourait. D'autres cases similaires lui faisaient face. Il semblait n'y avoir personne. Et il faisait grand jour. Elle tangua lorsqu'elle lâcha la poignée de la porte qui se referma derrière elle sans un bruit. Mais elle tint debout. D'un pas lent et mesuré, elle contourna la construction de bois dans laquelle elle avait dormi, se soutenant aux planches jointes.
Elle n'avait aucune idée d'où elle était. Il fallait qu'elle continue à avancer. Mettre un pied devant l'autre. Atteindre la lisière de la forêt.
Ce fut Charlie qui fut désigné pour s'occuper de leur invitée. Parce qu'il avait une sœur et que donc il savait comment s'occuper d'une femme en détresse. Il n'avait absolument pas compris comment les autres en étaient arrivés à cette conclusion. Toujours était-il qu'il s'était bien fait avoir et qu'il se dandinait maintenant devant la case où avait été mise la jeune fille qu'ils avaient trouvée trois jours plus tôt en se demandant ce qu'il devait faire.
Le Médicomage amené en urgence avait donné des potions pour la soigner qui l'avait plongée dans un long sommeil. Le temps que sa vitalité se régénère. Elle avait eu beaucoup de chance leur dit-il après l'avoir auscultée. S'il l'avait trouvée ne serait-ce qu'une demi-heure après, ils n'auraient découvert qu'un cadavre. Elle avait dû avoir une extraordinaire volonté de survivre. Il avait tout de même pris à part le Responsable de la Réserve, Valeriu Balasko et le Dragonnier en Chef, Charles Weasley, pour leur parler des marques qu'il avait trouvé sur le corps de la jeune fille. Et de la grande balafre qui partait du milieu de son front, traversait son œil droit avant de se terminer sur le cou à la base de son oreille. Il ne savait pas dans quel état psychologique leur survivante serait au réveil. Il leur conseilla fortement d'appeler un Psychomage de sa connaissance s'il y avait un problème. Lui-même ne pouvait pas aider plus, cela ne faisait pas partie de ses compétences. Sinon bien sûr qu'il serait resté pour aider. Bon, maintenant qu'il leur avait dit quoi faire, il fallait qu'il rentre chez lui, après tout on était dimanche et il était déjà bien assez gentil de s'être levé à leur appel de cheminée.
D'après ses indications, la rescapée devait se réveiller d'un moment à l'autre. Charlie décida de frapper deux petits coups secs à la porte et d'attendre une réponse. Au bout de quelques minutes sans invitation à entrer, il finit par trouver le temps long et l'air trop froid et ouvrit la porte en s'annonçant. La première chose qu'il vit fut le tas de couverture par terre et le lit vide. Il regarda rapidement autour de lui et dû se rendre à l'évidence. La jeune fille avait disparue. Autant pour le Médicomage et ses estimations.
- Et merde, jura le Dragonnier avant de se sortir rapidement.
Il regarda autour de lui. Elle n'avait pas dû aller bien loin, le Médicomage ayant dit qu'il lui faudrait sans doute de nombreux jours avant de recouvrir toutes ses capacités. Elle n'avait pas pu passer par le village car quelqu'un l'aurait vue ou entendue à coup sûr. Elle avait donc dû contourner la petite bâtisse et vouloir rallier la forêt. Quand il passa derrière la caste, il remarqua rapidement une trace de pas trainants, en direction de la lisière. Il estima qu'il n'était pas nécessaire d'appeler un de ses collègues en renfort et suivit la piste encore fraîche. Elle ne devait pas avoir plus d'une heure d'avance et semblait marcher lentement. Il ne fit aucun doute qu'il la retrouverait rapidement.
Après une heure passée à fouiller les sous-bois, il dut se rendre à l'évidence. La fille était maline. Et il l'avait sous-estimée. Il retourna donc à l'orée du bois et réfléchit. Que ferait quelqu'un qui essaye de s'enfuir pour brouiller les traces ? Il tourna sur lui-même pendant quelques instants, plongé dans ses pensées. Ce fut une trace au sol qui lui donna la réponse.
- Mais quel crétin !, s'exclama-t-il en courant vers le lieu ou il savait y trouver la jeune fugueuse.
Il arriva sur place une dizaine de minutes plus tard. La dragonne était dans son nid, soufflant doucement sur quelque chose qu'il ne voyait pas. Il marcha tranquillement vers elle, ne la regardant pas. C'était la base de leur apprentissage. Ne jamais avoir l'air d'un prédateur. Marcher d'un pas mesuré, mais pas trop lent, faire du bruit mais pas trop et surtout, ne jamais regarder un dragon dans les yeux. Sauf si vous souhaitiez raccourcir drastiquement votre ligne de vie.
Lorsqu'il parvint à destination, la dragonne leva sa tête monstrueuse au-dessus de lui et un courant d'air chaud le traversa. Les yeux rivés à la base du nid, il attendit que la dragonne termine son inspection. Le nez à la hauteur du visage de l'humain, la dragonne l'étudia avec attention avant de finalement s'en désintéresser et revenir s'occuper de ce qui se trouvait au centre de son nid. Elle le reconnaissait et savait qu'elle n'avait rien à craindre.
Charlie en escalada la paroi avant d'atterrir près des pieds de la dragonne. Son regard fut tout de suite attiré par la chevelure châtain qu'il distingua de l'autre côté du nid. Il prit soin d'enjamber les différentes parties du corps du Norvégien à Crête pour ne pas lui marcher dessus et parvint sans encombre auprès de la jeune fille. Celle-ci ne le remarqua pas tout de suite, captivée par les mouvements du dragon au-dessus d'elle.
Le Dragonnier en profita pour la détailler. De taille moyenne, elle semblait encore plus maigre que le jour où ils l'avaient retrouvée, congelée au pied de ce même nid. Elle était assise sur la paille qui le composait, ses jambes n'ayant pas dû la supporter très longtemps. Elle n'avait qu'un œil d'ouvert, d'un gris anthracite. L'autre était fermé pour l'éternité, marqué par l'immense balafre qui lui mangeait le visage. Charlie se sentit pris d'un élan de pitié envers leur inconnue et ce qu'elle avait dû subir avant d'arriver ici.
- Je n'en ai pas besoin, murmura une voix à ses côtés.
- Pardon ?, demanda le Dragonnier surpris. Il avait failli sursauter, mais s'était heureusement retenu à temps. Généralement, les gens qui faisaient des gestes brusques auprès des dragons ne vivaient pas très longtemps.
- De ta pitié, répondit la jeune fille sans le regarder, toujours accaparée par la dragonne.
- C'est vous qui m'avez retrouvée la nuit dernière ? Continua-t-elle.
Charlie s'abstint de lui faire remarquer que trois jours avaient passés et se contenta d'hocher la tête.
- Pardonnez-moi de m'être échappée. Je pensais qu'Il m'avait retrouvé.
Le jeune homme roux n'osa pas lui demander qui était ce « Il ». Il préféra lui poser une question dont il était sûr de connaître la réponse.
- C'est la première fois que tu en vois un ?
Ce fut au tour de son inconnue d'hocher la tête, avant de finalement détourner son regard vers lui.
- Ils n'existent pas. Dit-elle simplement.
Ce n'était pas une affirmation, se rendit compte Charlie, c'était une simple constatation. Comme si elle faisait part d'un rapport écrit. Il comprit que la jeune fille n'allait pas bien. Elle avait dépassé le stade de la surprise ou de l'incompréhension. Elle ne faisait que voir sans réfléchir.
Le Dragonnier s'assit à ses côtés sans la toucher. Ne pas brusquer un animal blessé.
- Tu as de la chance d'être tombée sur Norberta. Elle et nous avons une longue histoire en commun. Je te la raconterai un jour si tu veux.
Nouvel hochement de tête en guise d'assentiment.
- Tu t'appelles comment ?, lui demanda l'homme aux cheveux roux d'une voix douce.
- Léto.
- Et bien Léto, acceptes-tu que je te ramène dans ta case pour que tu puisses te reposer ? Tu es en sécurité ici.
Il ne sut pas ce qui l'avait poussé à rajouter cette dernière phrase, mais comprit qu'il avait bien fait quand il vit le visage qui lui faisait face se détendre imperceptiblement.
Et voilà ! :)
J'espère que ce premier chapitre vous aura plut.
Je répondrais avec plaisir à toutes vos reviews ! Pour les anonymes, s'il y en a, j'y répondrai au début du chapitre suivant.
A bientôt !
Titietrominet
