CHAPITRE 1 : Comme une grande sœur
Trois jours. Trois jours que la fusillade avait eu lieu, trois jours que Calleigh avait vidé son chargeur sur une voiture qu'elle croyait occupée par des terroristes, des ennemis de l'Amérique, des assassins, jusqu'à ce que la vitre explose, et que se soit le visage d'Eric qui apparaissait. Le visage d'Eric, avec une expression de colère et de concentration alors qu'il donnait un coup de volant pour éviter une nouvelle rafale de balles, le regard d'Eric quand il avait fixé Calleigh, un regard qui restait gravé en elle, comme si il la fixait encore. Un regard qui ne l'a quittait plus depuis trois jours.
FLASHBACK
-Vous allez bien? demanda Franck au père d'Eric, encore couché et sous le joule d'Horatio et de Calleigh
-Oui, répondit ce dernier en se relevant
-Attention! Vous êtes plein de sang. . . lança alors Horatio
-Mais. . .
C'est alors que Calleigh comprit, et lorsque le Russe la fixa pour dire ces mots, elle aurait pu les citer à l'avance
-Ce n'est pas le mien.
FIN DU FLASHBACK
Calleigh s'appuya contre le mur de son labo pour combattre le vertige qui l'assaillait à nouveau. Depuis trois jours, elle n'arrivait pas à dormir plus de deux heures par nuit, se réveillant sans cesse, en sueur, avec le regard d'Eric incrusté en elle. Elle se levait alors pour aller prendre une douche, mais elle ne pouvait se résoudre à retourner dormir. Alors elle prenait ses clés et se rendait au QG des CSI. Elle conduisait presque mécaniquement, trop occupé à essayer d'oublier ce regard, son regard. . . Elle arrivait ensuite au labo, saluant le gardien de nuit qui avait apprit au fil des années à ne pas questionner les CSI sur leurs étranges habitudes. Mais depuis quelques jours, il avait remarqué cette femme blonde, Calleigh Duquesne qu'elle s'appelait, il l'avait remarqué plus qu'en 5ans de poste dans le bâtiment. Ses yeux bleus qui brillaient depuis quelques mois d'une lueur malicieuse semblaient éteints, comme si la vie c'était arrêtée dedans, comme si elle avait perdu sa raison de vivre. Mais elle l'avait perdu. . . Lui, Eric. . .
FLASHBACK
Eric était assis sur une chaise, devant un lit d'hôpital dans lequel se trouvait Calleigh, plongée dans le coma et nécessitant un moniteur pour l'aider à respirer.
-Il faut que tu t'accroches Calleigh, car je n'imagine pas le boulot sans toi.
Eric eu un petit rire nerveux, il fixa Calleigh et reprit, plus doucement avec une mine grave
-Je n'imagine pas ma vie sans toi. . .
[. . .]
Désormais, on pouvait voir Calleigh, réveillée dans son lit d'hôpital, alors qu'Eric rentrait dans sa chambre
-Hey!
-Hey!
Eric s'arrêta et fixa le poignet gauche de Calleigh, auquel il avait fixé sa montre
-Je te l'ai mise pour que tu saches que j'étais là, au cas où tu te réveilles. . .
-J'ai vu. . . Merci. Mais. . . Je savais déjà que tu étais la.
-Oh. . . Tu as entendu ce que j'ai dis. . .?
-Oui, c'était comme un rêve.
-C'était pourtant la réalité.
FIN DU FLASHBACK
Et Calleigh n'imaginait plus la vie sans Eric, ou peut-être ne l'avait-elle jamais vraiment imaginée sans. Calleigh donna un coup de poing rageur contre le mur, serrant très fort ses paupières. Si Eric mourrait, elle savait que se serrait sa balle que l'on retrouverait dans sa cuisse. Il y aurait une enquête, bien sur, elle serait innocentée et Eric passerait pour un ripou. Son père passerait en jugement ou il ferait pleurer tous les jurés en leur disant qu'Eric avait risqué sa carrière pour le sauver, qu'il y avait même laissé la vie. Il regarderait le jury dans les yeux afin de leur scander son innocence et celle de son fils. L'histoire tiendrait debout, il écoperait de cinq ans avec sursis et il se rendrait deux, voir trois fois sur la tombe de son fils, pour faire bonne figure auprès de la presse, et après, hop, plus rien, Eric n'existerait plus. Il resterait présent dans les esprits pendant quelques années comme le flic qui avait échappé à une fusillade, qui consultait un psy' et qui était bouleversé par la rencontre avec son père, qui était aux yeux de la justice, un terroriste russe. Non, Calleigh sera le poing, non, tout cela ne se passerait pas parce qu'Eric n'allait pas mourir. Elle et les autres agents CSI le retrouveraient avant qu'il ne soit trop tard, après tout, ils étaient l'élite de Miami! Elle ne pu réprimer un sourire ironique, l'élite. . . Un bruit soudain la ramena à la réalité. Elle sursauta et posa sa main sur son revolver, prête à dégainer. Mais quand elle reconnut sa sonnerie de portable elle se détendit. Calleigh s'appuya contre le dossier d'une chaise pour ne pas tomber. Depuis quand n'avait-elle pas manger? Pff, elle ne comptait même plus, de toute façon elle n'avait pas faim. Elle attrapa son téléphone et décrocha, laconique
-Duquesne.
-Calleigh? C'est Ryan, je voulais juste savoir si c'était toi dans le labo, attends j'arrive.
-Okay
Elle raccrocha et soupira elle n'avait vraiment pas envie de devoir parler en travaillant. Malheureusement Ryan était de ceux qui aimaient parler lorsque quelque chose allait mal ou lorsqu'un membre de l'équipe avait des problèmes personnels. Calleigh avait tout de suite apprécié Eric, sept ans plus tôt car il n'était pas du genre à parler, du moins pas lorsqu'il savait que le silence était préférable, et maintenant, Calleigh aurait préféré le silence.
-Hey! lança Ryan en poussant la porte du labo, je me demandais si j'étais le seul à travailler à cette heure, mais apparemment non.
-J'ai du suffisamment dormir la nuit dernière pour ne pas avoir sommeil, et comme le temps est précieux en ce moment. . .
Elle laissa sa phrase en suspend et s'absorba de nouveau dans sa tâche. Ryan la contempla un instant, n'importe qui aurait pu remarquer aux cernes de Calleigh qu'elle n'avait pas dormi suffisamment depuis au moins trois jours. Trois jours. . . Ryan continua de fixer sa collègue; ses long cheveux blonds encadraient son visage, ses yeux bleus semblaient ternes et froid, comme un saphir brut, alors qu'avant ils évoquaient plutôt un ciel gris-bleu, éclairé par quelque chose qui donnait à ses yeux leur teinte si particulière. Calleigh n'était plus que l'ombre d'elle même, bien sûr, elle devait se sentir coupable d'avoir tiré sur Eric, même s'il s'agissait d'un pur accident, d'un malheureux concours de circonstances, d'un pur hasard! Mais Ryan était convaincu qu'il y avait plus. Depuis plusieurs mois, lui et Natalia plaisantaient à propos d'une éventuelle relation entre Eric et Calleigh, car après tout, Eric avait déjà couché avec Natalia, mais c'était surtout une relation corporelle, il n'y avait pas de sentiments. Alors que là, rien qu'a regarder sa collègue, Ryan savait qu'elle était réellement ébranlée, bien plus que ce qu'elle même voulait admettre.
-Alors, euh. . . Quoi de neuf? demanda Ryan en tentant de fixer l'écran de l'ordinateur le plus proche, se voulant une attitude nonchalante.
-Et bien, j'ai analysé les échantillons de sol dans un rayon de 2o mètres autour de la voiture, j'attends encore les résultats.
-Je ne parlais pas de ça Calleigh, je parlais de toi, comment est-ce que tu vas? Sa fait trois jours que tu es là la première, que tu travailles sur le plus d'indices, que tu retournes encore et encore les moindres recoins de la scène de crime, que tu. . .
-Tais-toi, Ryan, s'il te plaît tais-toi. . .
Calleigh s'accrocha fermement aux recoins de la table d'analyse, tentant de s'intéresser aux données que l'ordinateur tentait de faire correspondre avec d'éventuels indices sur le lieu ou se trouvait Eric. Elle tentait d'ignorer la douleur qui montait en elle, tentant de refouler le regard qui commençait à s'imprimer sur sa rétine, tentant de ne repenser aux yeux d'Eric, qui l'avaient vu, il ne l'avait pas seulement vu, il l'avait aussi regardé. Il l'avait reconnu, mais il n'avait rien manifesté, rien. Sur son visage à elle avaient déferlées mille et une expressions, panique, rage, tristesse, incompréhension, désarrois. . . Tant de choses, alors que pour Eric, rien. Elle aurait espéré, elle ne savait pas, peut-être un peu de honte, de tristesse ou même une demande d'excuse. Mais non, elle n'y avait vu que colère et détermination. Et Ryan qui commençait à vouloir la faire parler. . .
-Ecoutes Calleigh. . .
Mais un bip strident, provenant de l'ordinateur sur lequel Calleigh travaillait le coupa dans sa tirade. Calleigh secoua sa tête et se pencha devant l'écran de l'ordinateur. Elle était trop fatiguée pour réussir à regarder et à comprendre avec la distance normale. L'ordinateur avait repéré d'infimes traces de fibres couleurs caramel. . . Ryan se pencha sur les résultats et émit un léger sifflement.
-Calleigh, tu te souviens comment Eric était habillé?
-Oui, il portait une chemise noire à manches courtes, et son pantalon. . . Son pantalon. . .
Calleigh s'assit dans sa chaise et enfouit sa tête dans ses mains en retenant un gémissement de rage
-Je ne me rappelle plus Ryan, je ne sais plus de quel couleur était le pantalon d'Eric. . . Cette fibre pourrait appartenir à n'importe qui, et si je me trompe en affirmant que cette fibre appartient bien au pantalon d'Eric, nous risquons de perdre énormément de temps, mais si je néglige cette preuve. . . Oh mon dieu, comment puis-je être aussi stupide? J'aurais du retenir ce genre de détails, j'aurais du les noter, j'aurais. . .
Ryan fixait Calleigh avec étonnement, elle ne pouvait pas prendre sur elle cet imprévu, ce n'était pas sa faute! Comment pouvait-elle se rappeler des habits d'Eric? Sa faisait trois jours qu'il avait disparu et avec toutes les émotions par lesquelles Calleigh était passé, c'était tout à fait normal qu'elle n'arrive pas à se rappeler comme ça, d'un coup, de la couleur du pantalon d'Eric.
-Hé! Calleigh! Ce n'est pas ta faute! Personne ne se rappelle d'un petit détail, comme ça! Tu m'entends? Ce n'est pas ta faute! Et puis, d'autres personnes ont vu Eric le jour de sa. . . Enfin de la fusillade, Horatio, Natalia ou peut-être même Kyle! Tu n'es pas responsable Calleigh! Ou alors si tu l'es, tu l'es autant que nous tous! Ce n'est pas ta faute!
Calleigh n'avait pas bougé pendant la tirade de Ryan, elle se mit alors à trembler, légèrement puis de plus en plus fort. Son teint déjà très pâle devint encore plus blafard et elle ferma les yeux. Ryan s'avança prudemment vers elle et lui demanda d'une voix mal assurée
-Calleigh, ça va?
Mais Calleigh n'eu pas le temps de lui répondre, elle recula en chancelant et s'assit sur la chaise derrière elle en se prenant la tête dans les mains.
-Je suis désolée Ryan, je. . . Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'a cette fusillade, qu'a la voiture, tu sais, j'aurais peut-être pas du tirer, elle n'était pas une menace directe, elle tentait juste de s'enfuir alors que devant moi, des tas de personnes nous tiraient dessus, j'aurais du commencer par là. . .
-Non.
Ryan avait parlé plus doucement que la fois précédente mais aussi plus fermement
-Non, tu te trompes, cette voiture essayait de forcer le périmètre de sécurité, elle n'est passée qu'a quelques mètres de toi Calleigh! Tu as eu un réflexe que tous les bons flics ont; un mélange de savoir faire et d'instinct de survie.
-Tu crois?
A cet instant précis, Calleigh ressemblait plus à un petit enfant apeuré qu'à un agent CSI. Ryan remarqua que ses yeux commençaient à se remplir de larmes et ils ne savaient pas comment intervenir. . . Il n'avait jamais vraiment su gérer les états d'âme des femmes, mais là il s'agissait de Calleigh. Une de seules femmes avec laquelle il n'avait jamais imaginé finir au lit. Il se considérait plus comme son petit frère à la traîne à qui elle devait expliquer de nombreuses choses sur la police ou sur la vie, mais parfois, mêmes les grandes sœurs ont besoin d'un peu d'aide de leur cadet. Alors, n'écoutant que la voix qui lui soufflait de l'aider, Ryan s'approcha de Calleigh et la pris dans ses bras, il la senti se raidir mais ne relâcha pas son emprise pour autant, et, petit à petit, Calleigh se détendit et se laissa aller dans ses bras; elle se mit à pleurer silencieusement, Ryan sentait ses larmes mouiller sa chemise et ses soubresauts dus à sa respiration irrégulière. Il la serra un peu plus fort et il lui parla
-Aller, chuuuuut Calleigh, c'est pas grave ça va aller, aller, chuut, c'est finis. . .
-Ryan. . . murmura Calleigh entre deux hoquets
-Oui?
-Le pantalon d'Eric. . . Il était bien couleur caramel, j'en suis sûre parce qu'. . . parce que juste avant qu'il quitte les locaux, on c'est parlé et. . . Et je lui ai dit que je ne pensais pas que son père était une fréquentation très adéquate. Et quand il est parti, il s'est retourné en souriant et en me disant que je me faisais des idées. . . Que son père était un mec bien et qu'on reparlerait de tout ça plus tard. . .
-Tu vois, c'était pas la peine de te mettre dans tous ses états, je te promets qu'on mettra tout en œuvre pour retrouver Eric, qu'on va découvrir ce qui c'est passé dans cette lande et qu'on le retrouvera, et quand on l'aura retrouvé, je te promets que. . . Que. . . Bah tiens! Que j'achète un braque?
Sa collègue fut tellement étonnée par cette remarque inattendue qu'elle releva brusquement la tête et éclata de rire, bientôt rejoint par Ryan. Cela faisait du bien de rire à nouveau. . . Comme la tête recommençait à lui tourner, Calleigh se rendit compte qu'elle commençait à avoir faim, timidement, elle releva la tête vers Ryan et lui demanda, presque en chuchotant
-On pourrait peut-être emporter tout ça -elle désigna le rapport sur les fibres que l'ordinateur avait finit d'imprimer- dans la salle de conférence et s'acheter de quoi manger pour éplucher ces nouveaux élément...?
Ryan sourit et acquiesça, les saphirs était redevenus le ciel d'après un orage, il savait que Calleigh n'allait toujours pas bien, non, elle allait juste mieux.
-Allez viens, je te paye le ptit-dèj'.
