Auteur : Yakigane
Source : The GazettE, miyavi, LM.C
Titre : A Bug's life
Disclaimer : Aucun de ces sept-là ne m'appartient... Dommage. Très dommage.
Genre : Romance, conneries ?
Note de l'auteur : J'avais tenu à finir cette fic avant de la publier... C'est la toute première fois que je structure autant une fic, et pourtant c'est pas beaucoup o.ô Je sais que vous attendez la suite de Page Vierge, mais soyez encore un peu patients s'il vous plaît, elle va arriver.

Aoi

Quelques notes. Et puis, petit à petit, une voix. Le mélange m'enivre, je me sens vivant, bien que mis à nu. C'est comme si tout le monde pouvait voir mes forces et mes faiblesses. Comme si la honte n'existait plus. Comme si enfin je me montrais tel que je suis réellement. Il n'y a pas de lumière artificielle, pas de mensonge, pas de point de vue. Je suis moi, tout le monde le sait et j'adore ça.

Ca, c'est moi maintenant, tel que je suis lorsque je joue, sur scène, en studio ou simplement chez moi, au calme. Ou quand j'écoute de la musique, n'importe quand. Maintenant. Je n'ai pas toujours été aussi proche de la musique, bien au contraire. Gamin, je ne l'écoutait pas tant que ça. Bien sûr, mon frère mettait toujours de la musique, dans la voiture, et il m'arrivait d'en écouter, seul dans ma chambre. Des cassettes, souvent. Et puis, un jour, des années plus tard, j'ai commencé à jouer de la guitare. Alors je me suis approché un peu plus de la musique. Fébrilement, avec une légère appréhension, mais j'y suis allé quand-même... Et quand j'y repense, ça ne fait que trois ou quatre ans que je me sens réellement amoureux de la musique.

C'est en hiver que ça a commencé, ça je m'en souviens encore très bien. Je regardais, par la fenêtre, la neige tomber. Un peu plus loin, Kai se réchauffait en jouant sur sa batterie, Reita et Uruha discutaient, et Ruki prenait un thé "pour réchauffer ses cordes vocales" selon lui. Nous savions tous très bien qu'il aurait en réalité trouvé n'importe quel prétexte pour avaler quelque chose qui le réchaufferait, et plusieurs fois, des membres du STAFF étaient venus lui apporter un plaid, qu'il s'obstinait à refuser, allez savoir pourquoi. A force de regarder par la fenêtre, je réalisai que la nuit tombait petit à petit, et que le tournage n'avait toujours pas commencé. Pourquoi ? Parce que les cameramen n'étaient pas arrivés, bien qu'on leur ai précisé plusieurs fois la date et l'heure à laquelle ils se devaient d'arriver. Je n'attendais, n'espérais même plus leur arrivée, et me contentais d'attendre, là, devant la fenêtre, à regarder la neige tomber sur le parking quasi-désert de l'hôtel qui avait été loué pour tourner le clip. Je crois que j'étais perdu dans mon monde, tout ce qui m'entourait avait disparu et je sursautai lorsqu'un souffle chaud vint se glisser dans mon cou.

"C'est beau..." avait-il simplement murmuré. "La neige qui tombe lors d'un coucher de soleil, c'est vraiment très beau," ajouta la voix de Kai en réponse à mon expression que je devinais intriguée.
"Oui," avais-je répondu, une fois la surprise passée. "C'est dommage que personne ne puisse profiter de cette neige..."

Derrière nous, on remballait quelques affaires, discutait un peu plus vivement. Il était tout simplement trop tard pour tourner, alors le STAFF avait proposé à tout le monde de prendre un repas, et, peut-être, d'aller se coucher. Sans doute les cameramen injoignables étaient-ils pris dans la neige et arriveraient-ils le lendemain matin... Sans se poser de question, chacun accepta, le cerveau trop engourdi par le froid pour seulement imaginer une seule seconde de refuser la proposition. A table, les discussions allèrent de bon train, et j'oubliais bien vite la neige, ainsi que la mélodie que j'étais censé jouer lors du tournage du prochain clip. Il faisait sombre dehors, et les lumières un peu trop violentes du restaurant s'étaient allumées. Des néons de toutes les couleurs illuminaient la salle, m'aveuglaient, et ce soir-là, je n'avalais presque rien. C'est d'un pas lourd et triste que j'avais rejoint ma chambre. Je me sentait atrocement vide, et ce sans la moindre raison. Et puis je suis allé me coucher, comme ça, sans vraiment prendre la peine de me déshabiller. Je ne sais plus trop qui m'a réveillé, Kai, sans doute, dans son éternelle bienveillance presque maternelle à notre sujet. C'était un matin comme je les détestais. Froids, et solitaires. Oh j'avais l'habitude d'être seul dans mon lit, mais cette nuit-là m'avait paru plus glaciale que toutes les autres. Et puis... Non, je refusais de penser à ce qui me trottait en réalité dans la tête, et préférais focaliser mon esprit sur le tournage qui devait avoir lieu le jour-même - si les cameramen arrivaient. Une fois prêt, je descendis prendre le petit-déjeuner, où tout le reste du groupe m'attendait déjà, l'air sidéré et encore endormi devant quelques hommes qui s'inclinaient plus bas que terre, d'énormes sacs posés à leurs côtés.

"Nous sommes désolés," commença une voix.
"Nous pensions que le tournage devait débuter demain," ajouta une autre.

Entre temps, Reita en avait profité pour sortir sa caméra, et, de son air toujours aussi perdu, filmait la scène, sans doute pour pouvoir en rire quand il aurait repris ses esprits. Uruha avait croqué dans une tartine de pain et ne la lâchait plus, Ruki avait haussé un sourcil et la cuillère dans laquelle était posé le sucre qu'il comptait ajouter à son thé s'était arrêtée en chemin, quant à Kai, un fou-rire s'était emparé de lui, et il tentait d'expliquer que la raison de leur retard n'était pas trop grave, bien qu'il avoue qu'elle eut pu être gênante. Certains membres du STAFF, ainsi que notre manager, se contentèrent d'un sourire hypocrite et de messes basses. Personnellement, j'étais trop ailleurs pour penser à réagir à ce qui se passait. Mon esprit était loin, très loin d'ici, à des kilomètres, à vrai dire. Du côté de mon bloc d'appartement. Je n'avais qu'une hâte : tourner le clip une bonne fois pour toute, et rentrer chez moi, me faire un bon café, et passer la journée à me prélasser, ma guitare à la main... Ce serait ma récompense, pas vrai ? Courage Aoi, quelques efforts à faire et tu seras libre... Oui, c'est toujours beau de se faire des illusions. C'est toujours terriblement douloureux de tomber nez à nez avec la vérité. Les journées de tournages passèrent, et lorsque nous fûmes rentrés, je n'éprouvais qu'un seul besoin : celui de dormir. Aussitôt dit aussitôt fait, je me retrouvai plus vite que je ne l'avais imaginé entre mes draps. Quelle ne fut pas ma surprise, au réveil, de voir que deux jours entiers avaient passé, et que j'avais loupé quelques dizaines d'appels ! Un mail sur mon portable, tout particulièrement, attira mon attention :

'Ne, Aoi-chan, personne n'a de nouvelle de toi... (éoè)/ Rassure-moi, tout va bien, hein ? Les autres m'ont dit que la dernière fois qu'ils t'avaient vu, tu t'apprêtais à roupiller un bon coup... Tu en as de la chance, de pouvoir dormir, moi j'dois encore préparer mon album... (p-T)o Oops, je tombe dans le racontage de vie pas bien intéressant... Je m'inquiète, Yuu, donne-nous des nouvelles...'

Je clignai des yeux, sans trop comprendre. Le mail venait de miyavi, et vu l'heure de l'envoi, il était en plein travail. J'adressai sans raison un sourire à mon portable, répondis au mail, et me levais, la bouche pâteuse, un semblant d'envie de vomir qui me prenait l'estomac, et pourtant une faim atroce qui me le tiraillait. Prenant mon courage à deux mains, je me dirigeais vers... La salle de bain, et y prenais une douche, histoire d'avoir les idées un peu au clair. L'eau chaude sur mon corps douloureux était un véritable bonheur. J'aurais préféré prendre un bain, mais mon petit appartement loué pour pas très cher n'en comportait pas, alors je devais me contenter de ma petite douche. Peut-être irai-je faire un tour dans une source chaude dans l'après-midi, si je m'en sentais le courage. Quoiqu'il en fut, je devais pour le moment me contenter de ce que j'avais, et je dois avouer que, malgré la médiocrité de ma douche, c'était un véritable réconfort auquel j'avais droit. J'y passai plusieurs heures, du moins ce qui me semble encore aujourd'hui plus d'une heure et demi. Je sortis à peine vêtu d'un boxer, et ma serviette posée sur ma crinière d'où il m'avait fallu retirer tout le gel. Je me sentais propre et calme, comme si m'épuiser aussi bien physiquement que mentalement puis me reposer m'avaient fait un bien fou. Lorsque je retournais dans ma chambre, mon portable m'indiquait encore un nouveau mail reçu, en plus de tous ceux que je n'avais pas encore lus. Je commençais par le plus récent, reçu pendant ma douche.

'Yattaaaaa ! Enfin des nouvelles ! v(o)v Si tu savais le soulagement que c'est de savoir que tu n'as rien... Tu sais, je me suis sérieusement inquiété quand tu m'as dit que tu avais dormi deux jours... Yuu, s'teuplaît, dis-le moi quand ça va pas, d'accord ? J'suis pas un génie et j'suis encore moins doué pour rassurer les gens, mais je t'écouterais... Je me fais peut-être du souci pour rien, en tout cas, je suis rassuré que tu ailles bien... Ah, et si tu es malade, JE T'INTERDIS DE VENIR BOSSER ! Pas question que tu t'épuises encore plus. Bonne journée de repos, moi je repars bosser ! (3)/'

Je regardais le téléphone d'un air que mon miroir me reflétait comme ahuri. C'était bien entendu une réponse à celui que je lui avais envoyé un peu plus tôt, mais c'était la toute première fois que je voyais l'autre grand alien multicolore exprimer aussi ouvertement ses sentiments ! D'habitude, lorsqu'il s'inquiétait, il le cachait, faisait des pitreries, et même si tout le monde voyait bien qu'il mentait, il cherchait tout de même à sauver les apparences et à se faire passer pour un homme sans le moindre souci aux yeux des étrangers. Je soupirais, puis passais au mail suivant. Celui-là venait d'Uruha, ce qui me surpris beaucoup là encore, puisqu'il passait souvent ses journées libres soit en famille, soit avec une inconnue qu'il avait séduite.

'Eh, Aoi, il paraît que personne n'a de nouvelles de toi. Qu'est-ce qui t'arrive ? Je sais que ton portable est pas éteint, je peux dire merci aux accusés de réception des autres membres du groupe pour me l'assurer. Alors où est-ce que tu es ? Sérieux, si t'as fait la moindre connerie je me ramène chez toi et je te frappe, après, on en parlera.'

Le langage du mail me rassura un peu : visiblement, ma soi disant disparition le dérangeait dans sa semaine 'détente et plaisirs', et il n'avait envoyé le mail que parce que les autres avaient insisté. Mais il semblait réellement s'inquiéter, ce qui m'arracha un petit sourire, mine de rien même seul et loin du boulot il pensait à nous... J'adressais quelques excuses à mon homologue, sûr et certain qu'à cette heure, son téléphone était éteint, puis passais à la suite de ma liste de mails.

'Aoi ! Arrêtes tes conneries et réponds aux mails/commentaires et autres appels qu'on t'envoie ! Sérieux, j'ai peur, j'me demande tout le temps s'il t'es pas arrivé un truc ! Je suppose qu'on aurait été au courant si t'avais fini à l'hosto ou quoi que ce soit, mais quand-même ! C'est pas ton genre de pas donner de nouvelles pendant deux jours, même quand c'est des jours de libres ! Si qui que ce soit t'a fait du mal, je te préviens que je lui défonce la gueule... Et réponds à ce p de mail !!'

Ca, c'était Ruki. Il faisait mine de rien mais s'inquiétait quand-même... Il veut jouer les durs, mais c'est juste pour impressionner : il a un coeur d'or. Je répondais à son mail par mille excuses et le rassurait quant à mon état physique. J'indiquais seulement qu'il s'agissait de fatigue, comme je le faisais à chaque fois, puis tirais la langue à mon téléphone, comme si je m'adressais à mon chanteur. La liste des mails étaient encore longue, et les suivants venaient de Kai, Reita, Ruki, Kai, Ruki, Reita, Ruki, Kai, Reita, et Ruki. Certes, j'avais pour habitude de répondre immédiatement à tout mail reçu, et surtout de ne laisser personne sans nouvelles pendant plus de douze heures, alors forcément, ils avaient paniqué après dix-huit heures. Le seul qui ne semblait pas atteint était le seul auquel je n'envoyais jamais de mails en dehors des journées de travail, sachant parfaitement qu'il préférait passer du temps avec des minettes dont il ne connaissait pas le nom et oublierait aussitôt le visage qu'avec les membres de son groupe qu'il voyait environ trois cent soixante jours par an. Quant à miyavi, il avait sans doute jugé bon de ne m'envoyer qu'un mail, auquel il savait qu'il aurait la réponse quand je pourrais la lui donner - voilà qui était fait depuis quelques heures déjà. Laissant ces pensées de côté, j'allais me servir un copieux petit déjeuner, principalement constitué de café chaud et de tartines de nutella, pour oublier la grisaille et le froid de nos hiver japonais. Et finalement, j'allais fermer d'un geste rageur le rideau de la fenêtre de la cuisine. Je ne voulais pas voir la neige. La fenêtre donnait sur un lieu si difficile d'accès que personne ne s'y rendait jamais : ainsi la neige qui y tombait ne serait-elle jamais souillée et aucun bonhomme de neige, aucune bataille de boules de neiges ne s'y déroulerait. Et moi qui, gamin, aimait tant jouer dans la neige...