Les jolies choses.
Chapitre 1
L'être humain est une bête bien curieuse et très complexe et pourtant c'est si simple parfois, simple à en crever les yeux, simple à en devenir bête, mais non, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué...
Le soleil était si lourd et puissant dans ce monde que personne n'osait sortir entre le levé du soleil et le couché sous peine de se faire griller jusqu'à la chair. Tout se passait donc le soir ou la nuit. Le monde à l'envers quoi. Sauf, dans une des maisons au bord de la ville où vivait notre joyeux troupeau de moutons. Fye essayait de faire fonctionner le four par tous les moyens possibles pour préparer la nourriture à ses compagnons affamés et affalés comme des légumes cuits sur les canapés. Pendant que le jeune homme s'agitait dans la cuisine Kurogane l'observait attentivement du coin d'un oeil fatigué et las.
Increvable le magicien...
Il
était si souriant et pourtant si distant. Comme s'il
acceptait de donner de l'amour mais ne voulait pas en recevoir en
retour, même pire, juste le fait qu'on l'apprécie lui
faisait peur. Il ne voulait pas qu'on le touche tout bêtement.
Trop de miel devient amer. C'est la même chose pour le sourire
de Fye. Au début, ils y croyaient, mais au fil du temps ce
sourire leur semblait de plus en plus forcé et même
partiellement factice jusqu'à devenir une grimace. Une fois
que chaque membre du groupe comprit qu'il n'était d'aucune
utilité d'essayer de gratter plus loin que ce que le blondinet
montre, ils se prirent à lui faire la morale sur son
comportement lui assurant que tout le monde savait que son instrument
favori était le "gros pipeau". Et, même avec
ça, le sourire du blond restait increvable et les remarques
semblaient lui rentrer par une oreille pour ressortir de l'autre
côté. Cette situation ne semblait arranger personne sauf
lui.
Depuis deux semaines que le groupe s'était installé dans une petite maison en ruine, néanmoins elle n'en devenait pas moins confortable. Le toit avait des fissures un peu partout mais étant donné qu'il ne pleuvait pas ça n'était pas un gros problème. Les habitants étaient sympathiques et accueillants au point de faire peur avec leur gentillesse. Le sol était complètement sec et en manque d'eau, cette même eau que les habitants allaient chercher au fond d'un trou placé au centre du village. Il fallait prendre un petit escalier qui tournait sur lui même pendant au moins 50 mètres avant d'atteindre un énorme pièce ou il y avait un espèce de petit ruisseau. Et forcément c'était Kurogane qu'y s'y collait à chaque fois, après tout il était le plus baraqué du groupe, c'est donc logique qu'il se tape le sale boulot. Là aussi, tout le monde était d'accord, sauf lui. Quand c'était pas l'un c'était l'autre.
La journée arrivait à son comble et le soleil se couchait tout doucement derrière les montagnes de sable. C'était au tour de Fye de s'affaler comme une loque sur le canapé juste à côté de Kurogane, Celui-ci grogna comme d'habitude pour manifester son mécontentement (et même s'il s'en foutait un peu il grognait quand même, question de principe) avant de se pousser légèrement afin de laisser un peu de place pour le corps du mage. Fye esquissa un sourire en remerciement avant de se laisser complètement ramollir par la chaleur.
-Où sont les mômes ? La voix de Kurogane était plus que lourde et complètement rouillée.
-crois qu'ils sont sortis pour découvrir la ville...
-ah...
Depuis un moment aucune conversation entre les deux adultes n'allait plus loin que ça. Peut être que c'était l'effet de la chaleur ou d'un autre facteur climatique, mais quand le silence s'installait, aucun des deux ne pouvait le supporter très longtemps et c'était celui qui craquait en premier, qui sortait. Au bout de quelques minutes Kurogane craqua et se leva en prétextant qu'il devait aller se laver. Fye ne bougea même pas connaissant la vraie raison qui poussait le jeune brun à partir. Encore, quand les gosses étaient là ça allait, la conversation n'était pas directe, c'était beaucoup plus simple.
Kurogane monta lourdement les marches
pour rejoindre son ami, la douche. Il referma doucement la porte puis
en posant son dos contre celle-ci, il se laissa glisser le long pour
venir s'asseoir sur le sol agréablement froid. Ça
devenait plus que gênant maintenant. La situation stagnait sur
le même point depuis deux mois et ça commençait à
sérieusement lui casser les couilles. Il soupira lourdement en
tendant la main afin d'allumer le robinet. Peut être qu'une
douche allait l'aider.
Il pestait contre lui même parce
qu'il était tout simplement impuissant devant cette situation.
Et, qui aime l'impuissance ? Le jeun brun finit par se glisser
doucement dans la douche tout habillé. Après une courte
bataille contre le tissus, l'eau finit par atteindre sa peau
ruisselante de sueur. Quel délice. Kurogane soupira de bien
être et ferma les yeux pour sombrer dans le sommeil sans s'en
rendre compte.
L'eau coulait toujours sur son corps lorsqu'il ouvrit péniblement les yeux. Il faisait déjà nuit et la ville était en pleine activité. Kurogane s'appuya avec ses deux mains sur les rebords de la douche pour se relever et éteignit le robinet. Il se sentait lourd et avait des courbatures un peu partout. La douche n'était pas le meilleur endroit pour faire un somme. Chaque pas qu'il faisait laissait une large flaque d'eau sur le sol, il poussa faiblement la porte pour retrouver Fye assis contre le mur d'en face. Le brun souleva un sourcil interrogateur étonné de retrouver son compagnon ici.
- Qué ...?
- tu ronfle quand tu dors ...
Kurogane esquissa un sourire
sans vraiment chercher plus loin, c'était pas la peine avec
Fye. Cependant la présence du blond devant la porte l'avait
troublé. Ils se fixèrent pendant un moment.
En cet
instant il ne sentait plus rien, il se perdait peu à peu dans
le néant qu'étaient les yeux bleus de son ami. Une
vague de torpeur envahit tout son corps comme si il venait de sentir
un parfum des plus exotiques.
Le ninja se laissait complètement
envahir par une sensation, qui lui était totalement inconnue.
Et cette même sensation était provoquée par la
personne qu'il supportait le moins, rien que par son air gamin et son
sourire aussi faux et amère que dix kilos de miel d'un coup.
Mais comment refuser. Malheureusement le brun ne remarqua pas que la
source de son extase commençait à bouger. Fye se releva
lentement avant de passer devant Kurogane et se faufiler dans
l'ouverture de la porte de la salle de bain.
Kurogane s'agenouilla lentement les yeux toujours voilés et la bouche entrouverte. Il posa une main tremblante contre son torse sentant son coeur battre férocement à travers le tissus. Il n'y comprenait plus rien et ne cherchait même pas à comprendre. Non pas parce qu'il n'était pas curieux mais parce que c'était plus simple. Au fond, il ne voulait pas gâcher ce sentiment par des questions inutiles, il voulait le garder intacte de toute logique et de toute explication. Cependant, il n'était pas habitué à quelque chose d'aussi puissant. De plus, tout ce que l'être humain ne connaît pas lui fait peur, que ce soit quelque chose de vivant ou un simplement sentiment. La solution radicale était alors de le rejeter. Haletant, le brun se releva doucement et se sentit vaciller dangereusement. Il ferma les yeux s'adossant à la porte essayant de vider son esprit de toute nouvelle intrusion aussi puissante que la précédente.
Fye se tenait adossé à la porte. Un sentiment
de confusion naissait en lui tout doucement pendant que les yeux qui
avaient envoûté Kurogané fixaient l'autre coin de
la salle de bain. Ses mains pendaient lamentablement de chaque côté
de son corps fatigué.
Il avait laissé en plan
Kurogane parce que depuis le début il se battait contre cette
puissance, qui venait écorcher son muscle de vie, mais cette
fois, elle avait redoublé de puissance. Ça faisait mal
à en mourir mais pourtant si agréable. Un papillon se
rapprochait toujours de la lumière sans savoir qu'il allait se
brûler les ailes. Fye était un papillon qui ne courait
pas le risque et préférait rester dans l'ombre à
l'abri de la lumière. Alors la lumière venait à
lui. Dans un moment de faiblesse le jeune blond avait succombé
et venait tout juste de s'y brûler les ailes...
-Monsieur Kurogane, la nourriture est prête vous pouvez venir manger. Vous pouvez prévenir Fye-san , s'il vous plaît ?
L'interpellé ouvrit les yeux et fixa la gamine ne sachant trop quoi faire, même s'il n'y avait rien à faire. Sakura, sentant ses joues prendre feu, détourna son regard du grand brun avec un sourire timide collé aux lèvres. Puis elle plaqua ses mains sur sa bouche avant de se retourner et descendre en bas. Le ninja n'avait vraiment pas un air commode quand on venait l'interrompre dans ses pensés. Il attendit que la jeune gamine soit partie pour toquer doucement à la porte et sans mot dire, il se dirigea vers l'escalier, quelques secondes après il entendit la porte s'ouvrir. Il savait parfaitement que Fye avait entendu tout ce que Sakura avait dit, mais il l'attendit quand même en bas des escaliers histoire d'être totalement sûr dans ses prédictions. Le blond descendit à pas lent en bas et stoppa juste devant Kurogane. Encore quelques minutes silence. Et le plus insupportable était qu'à ce moment précis rien ne passait par la tête. Fye ouvrait la inutilement la bouche en la refermant quelques secondes après ne trouvant rien à dire. Il n'arrivait même pas à placer une quelconque connerie pour énerver le ninja, va savoir pourquoi.
Il fallait oublier. Tout. Ils voulaient devenir esclave pour
ne plus avoir à se prendre en charge et oublier la brûlure
que ce sentiment leur laissait en souvenir. Oublier pour rester
présent, pour ne pas mourir. Pourtant, vouloir oublier
quelqu'un ou quelque chose, c'est y penser. Les poing du jeune blond
se serraient lentement et l'envie de frapper son compagnon montait de
plus en plus. Pas parce qu'il enrageait contre son ami, non, parce
qu'il se haïssait lui même. La peur mène à
la colère, la colère mène à la haine, la
haine mène à la souffrance. Les ongles du blond
s'enfonçaient progressivement dans la paume de ses mains. Il
se perdait dans l'ivresse de la douleur et de la solitude rageant
parce que celui qui était la source de ces sentiments était
en vie, parce qu'il existait. Ses muscles se contractaient lentement
dans sa main droite jusqu'à ce que le coup parte, puissant et
rapide en direction de la joue gauche du jeune brun. Celui-ci ne s'y
attendait pas et vacilla en retrouvant peu à peu l'équilibre
regardant perplexe son ami. Un fin filet de sang coulait de son nez
descendant le long de son cou pour s'engouffrer dans les vêtements.
Un nouveau coup s'abattit sur la même joue encore plus puissant
que le précèdent.
Le brun se retrouva projeté
contre le mur. Ces coups étaient-ils indirectement destinés
à le remettre à sa place ? Il passa une main sous ses
narines pour enlever le peu de sang qu'il y avait. Fye desserra
doucement ses poings tremblotant légèrement, étonné
de ses propres actes. Il n'y a que les amis pour savoir ou frapper
pour faire mal. Lui, il le savait, mais avait totalement raté
son coup, volontairement ou pas. La vérité était
qu'il avait peur de le toucher moralement ou psychologiquement parce
qu'il savait que les douleurs du coeur sont plus atroces que les
autres. Il se retourna doucement regardant le sol n'osant pas
affronter le regard de son compagnon.
- on va bouffer ? je crois que les gosses nous attendent...
Puis, il s'approcha du victime de sa colère et posa les bouts de ses fins doigts contre une joue rosie. Un seule frisson se fit resentir par la peau fine du jeune magicien avant qu'un sourire vienne se dessiner sur ses lèvres pâlies par la peur du rejet. Ses doigts glissaient lentement le long de la peau pour venir lamentablement pendre dans le vide près des hanches du blond.
Tout deux, fixaient un point différent de la pièce n'osant pas se regarder dans les yeux. De toute façon il n'y avait rien à dire. La situation était déjà assez complexe et essayer de clarifier les choses ne ferait qu'aggraver le tout. Sakura entra dans la pièce pour retrouver les deux jeunes hommes face à face mais ne se regardant pas. Elle s'approcha tout doucement des deux adultes et avec un timide sourire et leur rappela qu'il était temps de manger. Fye lui adressa un énorme sourire semblable à une banane avant de quitter la pièce suivit de près par la jeune fille et par Kurogane.
Le repas était plutôt animé avec Monkona qui piquait toujours la nourriture de la fourchette du brun. Celui-ci pestait et ripostait avec une fourchette et un couteau ou une carotte bien taillée. Tout le monde rigolait jusqu'à en pleurer en voyant Kurogane s'énerver de la sorte, mais tout le monde savait aussi que ce n'était que des menasses dans l'air. La routine, mais une routine très distrayante. Une fois le repas animé finit, Sakura et Shaolan se dirigèrent dans leurs dortoirs respectifs (non, ils ne dorment pas ensemble, pas encore du moins ). Fye s'apprêtait à partir afin d'éviter, à lui et au ninja, un silence trop pesant, mais une voix l'interrompit dans sa marche.
- Tu veux boire ?
Fye se retourna lentement, le visage vierge de tout sourire idiot, juste détendu et calme. Il pencha la tête légèrement sur le côté avant de venir rejoindre le ninja à la table en saisissant deux verres au passage dans un placard. Il les déposa devant Kurogane afin que celui-ci les remplisse de saké. Ils ne se regardaient pas, comme d'habitude, ils ne se parlaient même pas. Ça n'en valait pas la peine, aucune des deux ne trouverait quelque chose d'assez consistant pour démarrer une vraie conversation. Kurogane sirotait son verre tapotant des doigts sur la table. Ils étaient suicidaires ou quoi ? Depuis le début chacun savait qu'il valait mieux ne pas rester dans la même pièce seuls plus de deux minutes et pourtant ils y restaient sans savoir pourquoi, sans en chercher la raison.
Les secondes semblaient
s'étirer en minutes en les minutes en heures interminables.
Des voix parvenaient de la rue jusqu'aux oreilles des deux amis,
preuve que l'animation ne manquait pas dehors. Il était
environ 5 heures du matin, la chaleur n'allait pas tarder à
s'abattre comme une montagne sur les rues du petit village. Fye
soupira lourdement reportant son regard vers un point opposé
de la pièce essayant d'éviter le regard rouge braise de
Kurogane. Une ambiance de gêne commençait à
naître entre les deux personnages mais en définitif
c'était pas plus différent que d'habitude. Les doigts
du ninja tapotaient de plus en plus nerveusement la table, mais cette
façon de déstresser ne semblait pas être de grand
remède. L'image de Fye le frappant courrait toujours dans sa
tête et le concerné semblait faire comme si de rien
n'était...bon.
Soulever des questions était trop
risqué ...Bordel...
Ca faisait pour la troisième fois que le jeun brun se resservait et ne sentait toujours pas l'alcool affluer dans ses veines. Contrairement à lui, Fye avait les joues roses et les yeux voilés. Ca lui allait vraiment pas de boire, il avait l'air encore plus idiot que d'habitude, mais contrairement à d'habitude, maintenant ce n'était pas volontaire. Le jeune blond posa ses bras sur la table posant la tête par dessus en enfouissant son visage le plus profondément possible dans le tissus. Quelques instants plus tard Kurogane entendit sa respiration devenir plus silencieuse qu'avant, preuve qu'il s'était endormit. Les yeux du brin voyageaient lentement le long du corps de l'ivre arrivant à son visage serein, à moitié caché par les vêtements. Pendant une seconde il eut la tentation de tendre sa main pour s'assurer que ce visage n'était pas un masque secondaire qui allait tomber en poussière dès que ses doigts l'auront touchés. La raison se fit entendre et Kurogane saisit l'épaule de son ami et le secoua doucement.
- Réveille toi, loque humaine, jveux pas faire ta baby-sitter toute la nuit.
Sa respiration restait toujours aussi calme. Rien à y faire, il dormait toujours. La main du brun restait sur l'épaule de l'endormi agrippant légèrement le tissus. Pendant que ses yeux se concentraient sur les lèvres entrouvertes du jeune mage, sa main relâcha la pression exercée sur l'épaule de celui-ci et ses doigts remontèrent lentement le long de sa clavicule cherchant plus de chaleur. En arrivant à son cou, il frôla légèrement une mèche de ses cheveux d'or. Une vague de frisson parcourut son corps tandis que son index s'engouffrait toujours plus loin dans la nuque sous la chevelure du blond. La chaleur y était plus présente et plus agréable. Kurogane se pencha légèrement pour plonger délicatement son nez là où se trouvaient ses doigts. Une agréable odeur de cannelle se dégageait de la peau jeune blond qui semblait être profondément endormit. Le ninja ferma les yeux cherchant le coin où l'odeur de cannelle était la plus forte. Il remonta jusqu'au lobe de son oreille s'arrêtant pendant un instant en découvrant une nouvelle senteur. Son cerveau était quelque part au niveau de sa cuisse gauche en progression vers le fond de son pied. Le lobe de l'oreille de Fye vint se présenter juste devant la bouche du jeune brun qui s'empressa de le prendre entre les dents. Après un bref mordillement, ses sens le guidèrent vers la tempe du jeune blondinet. Une scène bien étrange. Le grand ninja se penchait au dessus d'un Fye endormit pour engouffrer son nez dans la chevelure de celui-ci. Le temps s'écoulait gouttes à gouttes jusqu'à ce que ...
Boum...
Un seul bruit suffisait pour que le jeune brun revienne à la réalité et relève précipitamment la tête tout en redressant la colonne vertébrale. Sa peau commençait à rapidement se recouvrir d'une couche de sueur froide de manique. Une bouffée de panique formait un bouchon au fond de sa gorge et il se retrouva la respiration coupée pendant quelques secondes. Cependant, le calme revient peu à peu et il vint s'asseoir le plus doucement possible espérant que le mage dormait toujours aussi profondément. Il commençait à s'imagine des trucs de dingue. Peut être que quelqu'un prenait possession de son corps ...mais il se rappelait parfaitement que ses gestes entraînaient un saisissement d'émoi. Plonger ses membres dans une telle chaleur était un vrai délice qu'il se devait de savourer à sa juste valeur. Le brun soupira de bien être se remémorant se bouillonnement qui agitait son corps pendant qu'il parcourait la fine peau de soi avec son nez et ses doigts.
Pendant qu'il considérait la situation Fye leva mollement la tête les joues rosies par l'alcool vivant encore dans ses veines. Ses yeux firent le tour de la pièce avant de se poser sur Kurogane. Celui-ci remarqua bien vite le réveil de son compagnon et sursauta légèrement en se crispant sur sa chaise en bois. La bouffé de panique revenait se coincer dans sa gorge empêchant la moitié de l'air de passer.
- qu'es tu veux ?
- Rien
- Pourquoi tu me regarde avec ces yeux de merlan frit alors ?
-T'as l'air bizarre quand tu pense Kuro-chan...
Le dit "bizarre" soupira lourdement avant de presser la tête du mage afin de l'encourager à repartir dans son monde des rêveries.
- Dis pas de conneries...
Fye esquissa un sourire moqueur avant de passer une main à l'endroit exacte ou était passée celle de Kurogane. Le concerné se sentit rougir l'espace d'un instant, mais pas trop longtemps, c'était pas son genre. Le blondinet le regarda d'un air amusé et dirigea sa main vers les joues encore un peu rouges du jeune brun. Il passa doucement ses doigts dessus.
- Heh, c'est pas ton genre de rougir de cette façon, il y a un problème ?
Kurogane ne répondit pas à la question et se retourna faisant mine de regarder par la fenêtre pour cacher sa gêne. Fye abandonna l'affaire et se leva avant de se diriger vers la porte d'entrée.
- Allé, Kuro-kuro, c'est ton heure, l'heure d'aller chercher de l'eau, je t'accompagne si tu veux !
Tentative classique et
désastreuse pour combler le vide...
Kurogane se leva sans
mot dire et passa devant son compagnon perplexe d'une telle docilité.
Les rues étaient très calmes et les villageois saluaient les deux voyageurs avec toute leur gentillesse débordante à en faire peur. Fye souriait comme un niais pendant que Kurogane grognait essayant d'éloigner les habitants un peu trop chiants à son goût. Il n'était pas habitué à tant de bonne humeur et même si ce peuple était pacifiste c'était pas une raison pour câliner chaque personne qui passe. Contrairement au grand brun, Fye s'y sentait plutôt à l'aise. Il saluait tout le monde comme un automate avec un large sourire collé sur la tronche.
Cette soirée était particulièrement agréable car il ne faisait pas spécialement chaud contrairement aux autres soirées. Les habitants redoublaient donc en gentillesse. Un vent frais vint soulever doucement les cheveux d'or de Fye et lui caresser agréablement la peau. Celui-ci en profita et stoppa pendant un instant savourant les choses simples de la vie avec bonheur. Il écarta les bras et ferma les yeux essayant de resentir au mieux cette petite brise de vent froid. Kurogane observait le blond d'un oeil amusé et en même temps exaspérer pour ne pas casser son mythe de vieux grincheux chieur. Il s'était même préparé à sortir un de ses commentaires tranchant et super désagréable mais se retint en voyant son compagnon. Il y avait quelque chose de fantasmagorique dans cette scène et le brun se laissait charmer a son insu par cette vue exquise d'un blond qui donnait l'impression d'être sur le point de jouir. Mais cette vision prit trop vite fin car le blond remarqua que la moitié des passants le regardaient d'un mauvais oeil. Il esquissa un sourire avant de rejoindre rapidement Kurogane qui était un peu (beaucoup ) plus imposant que lui. Et hop, plus personne ne le regardait. C'était fou à quel point tout le monde avait peur de Kurogane.
Il n'y avait personne, Kurogane s'engagea dans les escaliers suivit de très près de Fye. Sa taille imposante l'obligeait à incliner la tête sur le côté pour éviter les lampes à huile accrochés au plafond. Une fois descendus Fye lâcha un grand "whaououh" étant donné que c'était pour la première fois qu'il se retrouvait au sous-sol. Gros toutou leva les yeux au ciel pour manifester son habituelle exaspération dans ce genre de situations. En fait, il était même plutôt amusé de voir les yeux de son compagnon s'illuminer de mille feux. Il avait l'impression de déjà tout savoir sur cette personne et pourtant il le redécouvrait à chaque fois qu'ils se retrouvaient à bavarder ensemble. Et même si ces heures de bavardage sans blancs étaient rares, ils étaient très agréables.
Pendant que Kurogane puisait l'eau dans le ruisseau grâce à des pots vides, Fye observait le concerné d'un oeil distrait. Il ne se rendait même pas compte qu'il matait furtivement depuis un bon bout de temps le cul de son compagnon de voyage. Ses yeux parcouraient librement le corps de son vis-à-vis remontant lentement vers la nuque et descendant vers ses épaules imposantes. C'était comme si ses propres mains parcouraient, tâtaient cette peau bronzée. Ces pupilles savouraient chaque parcelle de ce corps avec délectation. Il était sur le point de ronronner et un sourire désireux se dessina sur son visage. Puis le blond commença à se mordiller la lèvre inférieur essayant aussi bien que mal de retenir le ronronnement pressant contre ses lèvres.
L'excuse aurait pu être "j'aime bien les jolies choses, c'est tout ..." Mais on matte pas les jolies choses pendant trois heures avec un filet de bave qui dégouline le long du menton. Fye se l'essuya immédiatement détournant rapidement son regard pour se remettre de ses émotions. Les joues du blondinet étaient déjà en feu et rien ne semblait pouvoir les éteindre, même pas la fraîcheur de la grotte. La tentation devenait trop grande et le blondinet se leva lentement fixant le dos de son compagnon en se rapprochant tout doucement. Le brun remarqua l'arrivée de Fye et se retourna pour se retrouver nez à nez avec une paire de yeux bleus débordant de désire.
Les mondes qu'ils s'étaient construits individuellement commençaient à se détruire lentement autour d'eux. Leurs cerveaux se vidaient progressivement jusqu'à laisser cette passion bestiale dominer le reste de leurs corps. Dieu savait à quel point se perdre enfin dans ses sentiments était agréable parce qu'il n'y a rien d'autre que ca. Aucune peine ne venait embrumer l'esprit des deux jeunes hommes posés face à face se regardant enfin dans les yeux. La main du brun montait lentement le long du bras du blond en frôlant la peau pâle de celui-ci jusqu'à atteindre la joue de son convoité. Peu à peu une bouffée de chaleur enveloppait les deux êtres en les laissant succomber à quelque chose qu'ils se sont refusés jusqu'à présent par peur. La solitude n'existait plus, elle reculait , poussée pour cette avalanche de dévotion et de ferveur. Les mains du blondinet se posèrent doucement sur les épaules de son élu avant de le pousser dans l'eau et se retrouver sur lui allongé le long de son corps qu'il épousait parfaitement. La bouche entrouverte ses lèvres se posèrent sur le front du brun qui en profita pour retrouver une odeur de cannelle bien connue. Il sentait l'eau froide lui frapper avec toute la force qu'elle avait au niveau des côtes mais rien n'avait vraiment d'importance maintenant. Le brun finit par passer ses bras derrière la taille du mage et se retourna afin de se retrouver au dessus du corps frêle du jeune Fye. Leur respiration devenait de plus en plus hachée tandis que le tissus des vêtements du blondinet se gorgeaient d'eau jusqu'à atteindre sa peau blanche.En fin de compte, au fond des deux coeurs il y avait un germe de tendresse qui n'attendait qu'un signe chaleureux pour se développer. Uns fois qu'ils y auront goûté, s'abstenir de cette douce chaleur sera quasiment impossible. La tendresse tue. L'absence de tendresse assassine.
Encore quelques battement de coeurs...
Le blond s'élança afin de prendre possession des lèvres de Kurogane mais fut stoppé par deux doigts posés sur ses lèvres. Le brun le fixa avant de descendre lentement et déposer un baiser sur une joue, puis, passer à la deuxième jusqu'à atteindre les babines. Le calme s'installa pendant qu'ils savouraient se premier contacte désiré depuis si longtemps. Une langue affamée vint caresser des lèvres fiévreuses demandant accès. Les deux bouches étaient parties dans un échange de caresses buccales intensifié par les mains qui parcouraient librement les deux corps enflammés par l'envie d'apaiser cette puissante vague de sensations. Aucun des deux ne savait combien de temps s'était écoulé pendant qu'ils étaient allongés l'un sur l'autre en plein milieu du ruisseau. Position bien désagréable mais aucune importance. Kurogane empoigna son compagnon plaquant ses mains de chaque côté de son corps pour avoir plein pouvoir sur le blondinet. Le tissus qui recouvrait les deux corps devenait de plus en plus gênant et l'envie de s'en débarrasser devenait pesante. Le blondinet se libéra de l'emprise de Kurogane et redoubla d'effort en exerçant une pression sur la nuque de celui-ci afin de goûter encore plus loin la caverne humide qui formait la bouche du brun.
Il n'y avait plus rien à part eux deux. Pourtant ils se gardaient à l'ombre dans cette grotte, à l'ombre des regards. Avaient-ils peur ? Ou est ce que la vie jugerait ça comme un égarement, une faiblesse pour deux âmes se recroquevillant dans la solitude. Peut être qu'ils se cachaient pour préserver un secret qui n'aurait jamais dû être. La vague de raison commençait à doucement monter dans les corps emmêlés les enveloppant d'une couche de frayeur. La crainte soudaine de s'être laissé faire par une partie d'eux mêmes qu'ils redoutaient tant. Ils se séparèrent d'un geste sec. La soudaine fraîcheur de la pierre frappa en plein fouet la peau du jeune blond, qui frissonna en haletant.
Une distance considérable les séparait à présent. Aucun des deux ne bougeait pour ne pas briser la transe commune que subissaient les deux esprits. Fye venait de douloureusement se brûler les ailes au contacte de la flamme que lui offrait Kurogane. Il soupira posant sa tête contre la roche humide sentant nettement l'eau couleur sous ses pieds. Kurogane ferma les yeux sentant la morale lui taper dans les oreilles avec deux casseroles. Les deux organismes redemandaient de cette chaleur exquise, pourtant inaccessible.
On ne désire pas les choses parce qu'elles sont belles, mais c'est perce qu'on les désire qu'elles sont belles.
