Warnings : Rating M pour de nombreuses scènes sous la ceinture.

Notes : Pourquoi Yasuo & TF ? C'est seulement parti de leurs skins High Noon (western) que j'aime beaucoup personnellement. Bon, ça ne vaut pas un Underworld TF mais certains skins (certaines séries de skins) valent une fanfiction à eux tout seuls : les Underworld, les Arcade, les Pentakill, les Battlecast ou encore les Mecha... !

J'ai commencé cette fanfic avant le NaNoWriMo, auquel je participe cette année. Je vais essayer de la continuer lorsque j'aurais le temps et mon quota par jour sur mon Nano-roman, mais je suis décidée à ne pas la laisser inachevée.

J'espère qu'elle vous plaira ! N'hésitez pas à laisser des commentaires !

Dernier Soupir

1.

Ce n'était malheureusement pas son jour de chance. Jack venait de perdre pour la troisième fois de suite, et s'il continuait sur sa lancée, c'était avec des dettes plein les poches qu'il finirait la soirée. Et malheureusement, il n'avait pas le loisir d'être ruiné en ce moment. Le ranch commençait enfin à prendre son envol, et les commandes affluaient de Piltover. La ville était assez proche pour ne pas totalement en être déconnecté, mais assez loin pour vivre sa vie de fugitif tranquille. Jack, comme la majorité de la clientèle du saloon, n'était pas blanc comme neige.

Il n'était de toute façon plus blanc, à cause du travail en plein air : il arborait une peau mate couverte sur ses joues et son menton d'une barbe à peine taillée, et son visage carré était encadré par des cheveux ondulés coulant paresseusement en cascades brunes sur ses épaules. Sous ses airs de gentleman cambrioleur, il était un repenti plein de bonne volonté. Seulement, sur Runeterra, il était bien difficile de s'en sortir une fois que le destin vous avait mis la main dessus. Agrippé, chamboulé et secoué dans tous les sens, Jack avait fini par sombrer. Avec la nouvelle liberté que lui offrait, très ironiquement, le Dr Rath, il s'était enfui. Pour ne jamais revenir, soit dit en passant. Depuis, il avait vagabondé de taverne en taverne, arnaquant les naïfs et les amateurs au poker, et se souciant peu ou prou du lendemain. Sa vie de bandit continuait, inlassablement.

Jusqu'à ce qu'enfin, il se décide à poser sa valise dans ce petit village de campagne. Il y avait gagné un ranch lors d'une partie mémorable, et comptait bien faire fructifier ce gain. Seul hic : Jack n'était pas un homme d'affaires, encore moins un agriculteur. Il appris sur le tas, au contact des locaux qui, avec un enthousiasme grandissant, lui enseignèrent les rudiments de l'élevage. Bien intégré dans un environnement où on lui faisait confiance, où on ne se préoccupait pas de savoir quand ou qui vous plantera un couteau dans le dos, il s'était pris à rêver d'une vie normale. Vraiment normale.

Mais comment pouvait-on être réellement normal quand on avait la capacité surnaturelle de percevoir l'énergie des êtres vivants à proximité et, si besoin est, de se téléporter près d'eux ? Le destin de Jack était vraiment retors.

C'est ainsi qu'en sortant de la taverne tout en recomptant mentalement ses quelques gains – il avait réussi à finir dans le vert, ce qui n'était pas loin d'être un exploit – Jack sentit une aura faible. Du genre de quelqu'un qui est en train de mourir. Ou presque. Intrigué, il se dirigea vers cette aura, tout en se disant qu'il pourrait faire ses comptes plus tard. La piste le conduisit dans une ruelle sombre, l'une des rares de ce village reculé : derrière une poubelle gisait un homme.

« Hé ! Ca va ? »

Jack s'approcha du corps étendu, inerte, pourtant bien vivant. Enfin, pour l'instant. L'inconnu était trop faible pour parler : c'était à peine s'il arrivait à ouvrir les yeux ! En observant mieux son visage, on y lisait la déshydratation et la fatigue. L'homme était également grièvement blessé à l'épaule, l'œuvre de ce qui semblait être une arme blanche. Jack n'était pas assez fin limier pour savoir s'il s'agissait d'une hache ou d'une épée, mais il n'avait pas besoin d'être médecin pour deviner qu'il avait besoin de soins.

« Accroche-toi... »

Il n'avait pas le choix. Il posa une main bourrue sur le front de l'homme, désormais totalement inconscient, et l'instant d'après, ils disparurent.

2.

Si le plafond pouvait lui répondre, ils auraient sûrement eu une conversation passionnante. Cela faisait des heures qu'il avait planté ses yeux dessus, à défaut de pouvoir les mettre ailleurs. Son corps endolori refusait de bouger, ne serait-ce que d'un pouce. Ou du pouce. La machine s'était rebellée, et la mutinerie avait fini par atteindre le cerveau. Abruti de fatigue, trop faible pour songer à sa propre dignité, Yasuo se laissait faire par l'inconnu qui l'avait accueilli. Il avait vaguement l'impression qu'on tentait, tant bien que mal, de le maintenir en vie. Le bretteur était bien incapable de décrire la pièce dans laquelle il se trouvait, mais il était sûr d'avoir un toit au-dessus de la tête, et d'être allongé dans quelque chose d'assez confortable. Il y faisait bon, peut-être un peu chaud, ou était-ce de la fièvre ? Il ne savait plus. Il avait trop mal. Son épaule lui rappelait son existence, lançant vague après vague une douleur sourde. Le picotement des chairs entaillées coulait jusque dans son ventre, suivant le cours de la blessure comme le lit d'une rivière. Dans ces moments, où on venait verser quelques gouttes d'eau entre ses lèvres desséchées, Yasuo se demandait pourquoi on ne l'avait pas laissé crever. C'aurait été plus simple.

De l'autre côté de la pièce, refermant la porte sur un boulet plus mort que vivant, Jack se posait exactement la même question. Chassant cette pensée d'un froncement de sourcils, il posa la bouteille d'eau sur le guéridon au coin du couloir, et descendit les escaliers. Il était tôt le matin, et il fallait encore qu'il s'occupe de ses bêtes. Ah, si Eve voyait ça... ! Jack supprima un sourire sans joie de ses lèvres, et héla un cheval. Il était une fois, il y a bien longtemps, Jack affectionnait l'équitation car elle lui permettait de se vider l'esprit. Cette époque semble révolue : alors qu'il s'occupait du troupeau, il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour l'homme qu'il avait recueilli. Et s'il lui claquait dans les pattes ? Et s'il s'enfuyait ? Et s'il l'attaquait ? Pas que Jack ne sache pas se défendre, mais il n'avait vraiment pas envie que sa petite vie tranquille soit chamboulée à ce point, et surtout pas de cette manière. Cet inconnu, c'était comme une boule dans la gorge, quelque chose qu'il n'aurait pas su avaler. Ce n'était pas exactement douloureux, mais pas franchement agréable non plus. Pour la première fois de sa vie, Jack s'occupait de quelqu'un d'autre que lui. Ca craint, pensa-t-il.

Entre deux mouvements de troupeaux, il galopa jusqu'au village. Il pouvait s'y téléporter sans problèmes, mais il avait besoin de se défouler. Le bruit des sabots sous le cheval, le vent qui embrassait son visage, le paysage qui défilait, et l'odeur des champs sous le soleil... A côté de ça, la téléportation était désespérément vide et sombre. Ralentissant à l'approche des premières habitations, il avança au pas, droit comme un i sur son mustang. Impossible de manquer les oeillades des jeunes filles du village, qu'il connaissait bien – très bien – pour certaines. Il ne leur rendit pourtant pas leurs sourires : il avait d'autres chats à fouetter. Après avoir attaché son cheval près d'un abreuvoir, il alla trouver le seul médecin du bourg.

Sur le seuil, il s'arrêta. Les cheveux se dressèrent sur sa nuque, et il fut parcouru d'un frisson. Il avait le sentiment qu'appeler un docteur n'allait pas aider l'homme qui squattait son lit. Bien sûr, à court terme, cela lui serait d'un secours certain, mais après... On n'avait pas ce genre de blessures sans tremper dans des affaires un peu louches, d'autant plus que Jack l'avait quand même retrouvé dans une ruelle, comme s'il cherchait à se cacher. Moins il y aurait de personnes au courant de la présence de cet homme chez Jack, mieux ils se porteraient. Tous les deux. Jack non plus n'avait pas envie d'une visite surprise d'envoyés de Piltover un peu trop curieux. Et encore, l'inconnu ne semblait pas être originaire de la ville. Il venait sûrement de beaucoup plus loin. Dans de telles circonstances, Jack préférait ne pas éveiller les soupçons.

Il entra tout de même chez le médecin. Jack n'avait pas envie qu'on vienne fouiner chez lui, mais il n'avait pas non plus envie de creuser un trou d'un mètre quatre-vingt dans son jardin.

« Hé Doc' ! Quoi de neuf ? »

Le vieil homme leva la tête, derrière son comptoir. Il arborait un large sourire bienveillant.

« Oh Jack ! Ca va ! Toi aussi j'espère... ? »

Le grand brun ne put s'empêcher de sourire : il était rare qu'on vienne voir le Doc' sans une bonne raison. Et surtout, sans une santé relative. Avec ses années d'expérience, le petit homme chauve l'avait bien compris. Il y avait presque quelque chose de tragique à cela.

« Ne vous inquiétez pas Doc', ce n'est pas moi ! A vrai dire, c'est une de mes génisses. » Il leva une main, voyant que le vieil homme allait l'interrompre. « Je sais que vous ne vous occupez que des bêtes à deux pattes, mais je pense que vous saurez m'aider. V'voyez, la pauvre bête a été méchamment blessée... » Merde, le mensonge est si naturel ! « On a du la griffer ou l'attaquer dans la nuit, elle a une sale balafre, et je sais pas comment la soigner. J'suis encore débutant dans ce métier, v'voyez... »

Jack prit un air faussement penaud, attendant une réponse du médecin.

« Tu sais que je ne soigne que les humains, Jack... »

« J'vous demande pas de venir, ce serait trop que de vous faire déplacer. »

« Hmm... Comment est la plaie ? »

« Assez longue. » Jack mima. « Au moins ça ! »

Doc' arqua un sourcil, visiblement étonné. « Mets la sous antidouleur déjà, ça a l'air de rien mais ça aide à guérir. Tu sais coudre ? Si c'est trop profond ou large, faudra suturer. Un coup d'alcool pour désinfecter, tu recouds et après pansement bien serré, à changer deux ou trois fois par jour. »

Jack prit des notes mentalement. Cet homme avait bien de la chance, la seule chose que Jack savait coudre était de la peau. Cela datait de l'époque où il ne pouvait compter que sur lui, et où les emmerdes finissaient toujours par le retrouver. Il avait songé à recoudre directement, c'est vrai, mais s'était dit qu'un professionnel serait plus doué. Maintenant que le professionnel était hors-jeu, il allait devoir s'y coller lui-même. Il espérait juste ne pas faire pire que mieux. Il faisait toujours pire que mieux.

3.

La lumière du jour s'évanouissait, évanescente. Entre sommeil et éveil, Yasuo perdait la notion du temps. Les minutes passées à contempler le plafond entre deux siestes s'étiraient à l'infini. Engourdi, il rêva d'un homme passant le seuil de la chambre. Son frère, souriant, plein de ruse, venu pour l'achever. Yasuo ne le distinguait pas très bien, se noyant dans son propre flou mental. Il tenta de se redresser, clignant des yeux. Non. Yone ne pouvait pas être aussi moqueur, ce n'était pas lui. Ca ne pouvait pas être lui. Celui que Yasuo regardait, c'était lui-même.

Un hurlement monta de sa gorge. Hors de son corps, il devenait témoin de sa propre torture. A l'aide d'une aiguille courbe, son double lui recousait l'épaule.

« Arrête de bouger ! » maugréait-il, mais Yasuo ne pouvait rien faire. Il n'était plus aux commandes. « Les calmants ne font pas effet ou quoi... !? Ou alors j'en ai pas mis assez... »

D'une main, son double maintint le corps de Yasuo allongé le temps de vérifier quelque chose sur la fiole d'analgésiques. Il hésita un instant, puis sortit une nouvelle seringue et injecta une dose supplémentaire.

Les cris cessèrent, et lentement l'esprit de Yasuo s'apaisa, jusqu'à plonger dans un profond sommeil.

« Merde ! J'espère qu'il a pas clamsé... »

Jack s'efforça de ne pas laisser la panique prendre le dessus, et vérifia point par point que l'inconnu était toujours en vie. Il respirait, son cœur battait à un rythme un peu en-dessous de la moyenne, mais ça avait l'air d'aller. Le médecin improvisé prit une grande inspiration, et se remit à l'ouvrage. Ca n'allait pas être de la grande broderie, mais ça aurait au moins le mérite d'être efficace.

Son labeur dura de longues minutes, jusqu'à ce qu'enfin il noue le dernier point. Il essuya ensuite ses mains du sang qui les tachait, nettoya et pansa la longue estafilade qui barrait le corps du blessé. Restait à espérer qu'elle ne s'infecterait pas...

4.

Ce devait être la nuit, car le plafond n'avait pas cette teinte blanc cassé blafarde habituelle, mais se colorait de rouge et d'orange. La pleine lune éclairait le peu qu'il y avait à illuminer dans cette chambre rustre. En tournant la tête, Yasuo devinait une armoire, une table basse à sa gauche, près de la fenêtre. Dans un coin encore plongé dans l'obscurité gisait un monstre difforme et inerte, formation de choses qu'il n'arrivait pas à distinguer. Plus ou moins réveillé, il essaya une énième fois de se redresser, et fut étonné d'y arriver. Sa blessure était moins douloureuse maintenant, même si elle continuait à lancer. Il supprima une grimace, poursuivant ses observations : en face du lit se trouvait une porte, et une deuxième attendait, entrouverte, sur le mur à sa droite, presque juste après le coin. Tout à droite, après cette porte, on avait installé un canapé. Sur lequel dormait un homme : celui qui contre toute attente, avait sauvé Yasuo.

5.

Le lendemain arriva plus vite que prévu. Yasuo s'était rendormi sans vraiment s'en rendre compte : le soleil était déjà très haut dans le ciel lorsqu'il refit surface. Par réflexe, il se tourna vers le canapé, désormais vide. Cet homme mystérieux qui l'avait recueilli avait sûrement pléthore de choses à faire dans la journée, et ne pouvait pas veiller à son chevet indéfiniment. Yasuo s'assit dans le lit, prenant soin de ne pas trop tirer sur ses coutures grossières, et tenta de poser un pied au sol. Lentement, évitant les vertiges avec plus ou moins de succès, il se mit debout. Il chavira : son corps était encore trop faible pour se passer d'un appui, mais au moins était-il sorti du lit. Le blessé claudiqua jusqu'aux portes, et ouvrit celle de gauche. Elle céda en grinçant, laissant place à une salle de bains plus grande et confortable qu'on aurait pu l'imaginer, compte tenu de la simplicité de la chambre.

Depuis combien de temps ne s'était-il pas lavé, au juste ? Impossible de le dire, tant il avait perdu le compte des jours. Cependant, c'était assez pour que son odeur parle à sa place. Avec sa blessure qui n'était pas encore refermée, il était bien sûr hors de question qu'il prenne une douche. Il soupira en renonçant à cette cascade d'eau chaude, et se tourna vers le lavabo. En prenant soin de ne pas faire de gestes brusques, Yasuo fit sa toilette, assis sur un tabouret qui attendait seul sous la douche spacieuse. Il ne pouvait utiliser qu'une main ou presque, son épaule fendue refusant de bouger. Cela lui prit bien plus de temps que s'il avait été valide, mais d'une façon ou d'une autre, il sortit de cette salle de bains propre, les cheveux encore humides.

C'est seulement à ce moment-là qu'il remarqua que le tas d'objets informes dans un coin de la chambre était composé de ses propres affaires, jetées en pagaille. Son épaulière – peut-être devrait-il mettre ce mot au pluriel, maintenant que l'autre épaule, dégagée, avait été salement amochée ? - et son épée traînaient à même le sol, ainsi que d'autres effets personnels un peu moins précieux. Quoique. Sa flasque de saké commençait à lui manquer... Il esquissa un sourire. Pour l'instant, il préférait les laisser là où elles étaient. Ce n'était pas comme si elles pouvaient lui être utiles : aurait-il eu besoin de son sabre qu'il doutât de pouvoir le brandir dans l'état où il était.

Non, il prit plutôt l'autre porte, décidé à explorer la maison pendant l'absence de son hôte. Il fut vite stoppé dans son élan par un escalier qu'il hésitait à descendre. Appuyé contre le mur, rechignant à rester allongé le reste de la journée, il entama la descente, marche après marche. L'escalier donnait dans un grand salon, décoré de façon champêtre mais sans mauvais goût. Epuisé par ce petit effort, Yasuo s'assit un moment dans un des canapés qui s'offraient à lui. Après réflexion, il grogna de frustration. La contemplation ne le dérangeait pas, mais la sobriété était d'un ennui...