Comme tout les matins, en me levant je devais coiffer et tresser mes longs cheveux bruns. Je crois que j'aime bien mes cheveux, ils sont légèrement ondulés et me donne l'air d'une princesse. Avec un léger sourire matinal, je pris la couronne en cristal qui sommeillait sur ma coiffeuse et la posait sur ma tête, c'est Albus qui me l'a offerte. Je sais qu'il la façonné lui-même, et c'est sûrement l'un de mes objets préférés, même s'il a rendu Abelforth jaloux. Décidément, je ne comprendrais jamais ce qu'il se passe entre eux. Repoussant mes cheveux derrière mes épaules je descendit les escaliers avec un sourire, il fallait toujours sourire. Je m'arrêtais à la dernière marche, le silence oppressant qui venait de s'installer m'indiqua qu'ils étaient en train de parler de magie. Ils n'en parlaient jamais en ma présence, pas plus qu'ils ne lançaient de sortilèges. Ils avaient tous de la peine pour moi à cause de cette stupide lettre que je n'avais pas reçu. Je n'étais pas une sorcière, et je n'en serais jamais une.

" Bonjour Kendra. "

Cela faisait quelques mois que je n'avais plus besoin de me mettre sur la pointe des pieds pour embrasser la joue de ma mère, je réservais cela à mes frères qui me dépassaient toujours. Après avoir salué toute ma famille je m'installais à table, leurs yeux brillaient d'envie de me poser une question, toujours la même après 14 ans de vie. « Est-ce que tu as réussi à faire de la magie. » Et j'étais contrainte de leur offrir un sourire innocent, une moue d'enfant avec cette stupide couronne posée sur mes cheveux. J'avais perdu tout espoirs concernant la magie, et ils auraient tout aussi bien fait d'abandonner eux aussi. Chaque jour elle adoptait ce même comportement enfantin, comme pour leur faire croire que ce n'était pas leur faute, qu'elle était différente. Mais elle n'avait simplement pas eu la chance d'avoir droit à la magie.

" Ariana, je penses que ce soir est une nuit parfaite pour aller se promener, souffla Kendra en affichant un sourire qui aurait presque pu paraître sincère si elle avait été une bonne comédienne.

- Je n'en doute pas mère. Il fera assez noir ce soir pour que les étoiles brillent encore plus. "

J'ignorais le regard triste qu'elle me lançait, n'avait-elle toujours pas compris que je savais qu'ils me cachaient, avaient-ils honte de moi à ce point ? Je regardais la paume de mes mains, j'aurais tellement aimé être une sorcière, juste pour pouvoir les rendre fier, vivant. Ne pas les empêcher de vivre. Mordillant l'intérieur de ma joue j'attaquais mon déjeuner avec voracité, je ne voulais pas les entendre, pas aujourd'hui. Albus commença à parler de ce qu'il allait faire aujourd'hui avec son nouvel ami. Grinderwal ? Grindelwar ? Je n'avais pas cherché à retenir son prénom, tout ce que je voyais à travers la fenêtre de ma chambre c'était les yeux doux que lui faisait mon frère.

" Est-ce pour lui que tu te laisses pousser la barbe ?

- Ariana ! "

L'exclamation était venue de mes parents, j'avais envie de leur dire de ne pas se voiler la face. Mais c'était leur choix. Abelforth me regardais avec amusement, comme pour me supporter.

" Tu devrais mettre du gloss, il paraît que c'est mieux pour embrasser. "

Victime d'un sermon de ma mère je sentis la main d'Abelforth serrer la mienne, et je souris. Il avait toujours été là, c'était le seul qui m'aimait dans cette famille. J'avais été exclue, parce que je n'étais pas magique. Mais lui, mon grand frère il m'avait emmené dehors, dans la rue. Il m'avait fait jouer dans une prairie, il avait pris des risques pour moi parce qu'il n'avait pas honte de ce que j'étais. Et à chaque fois que je doutais, à chaque fois que je flanchais, je plongeais mon regard dans ses yeux bleus et je me sentais plus forte.

" La barbe t'irais bien à toi Abel, lançais-je en me levant. J'ai terminé mon repas. "

Je grimpais les escaliers, ma chambre était comme une prison, je ne pouvais même pas ouvrir mes fenêtres. Laissant mes doigts glisser sur les meubles je me laissais imaginer le jour où je pourrais enfin partir, abandonner tout ça. Vivre une nouvelle vie, loin de tout ce cinéma et cette déception. Ils seraient tous bien plus heureux sans moi.

La lune grimpait dans le ciel, toujours plus belle. Je lissait les plis de ma robe, comme si quelqu'un pouvait me voir, ma mère prenait soin de me sortir quand il n'y avait personne. Déposant ma couronne sur ma coiffeuse je descendit lentement les marches, je voulais le faire seule ce soir. Je voulais sentir la liberté effleurer ma peau, je voulais pouvoir la toucher, sachant que je ne l'attendrais pas. Je passais devant ma mère avant de refermer la porte devant elle, murmurant un « s'il te plait » les yeux embués de larmes. J'appuyais ma tête sur le mur de pierre, si seulement j'avais pu partir en courant. Si seulement .. Il y eu alors un craquement, puis une voix, douce, grave et étrangère.

" Enfin un peu de témérité.. "