fTitre :Space Monkeys
Auteur : Psy「Kyô」
Base : Dir en Grey, Tsukasa et heu, vu l'age du machin et son prénom, on va dire Due le Quartz '' pis p'tet d'autres gens, j'aviserai XD
Genre : Gay Drama XD
Pairing : Et puis quoi encore hein ? w
Disclaimer : La seule qui m'appartient, bien entendu, c'est la vieille… çç
Déclaration de l'auteur : J'écris j'écris, mais pitié ne mêlez plus Aya à tout ça !!! éè
Space Monkeys
Chapitre 1
« Un Martini, s'il te plaît. »
L'adolescent hocha la tête et s'empressa de s'éloigner le plus possible du comptoir. Kaoru eut un petit sourire. Le jeune serveur que sa mère avait engagé, Miyabi, était vraiment un drôle de garçon. Extraverti à la limite du vulgaire avec les autres membres du personnel et les clients, il se comportait avec Kaoru comme s'il avait été en face de l'Empereur du Japon en personne.
« Servi dans le verre, si tu peux, Mibi-kun », ajouta-t'il en remarquant le tremblement inquiétant de la main qui tenait la bouteille.
Le jeune homme le servit en répandant autant d'excuses que d'alcool sur le comptoir. Après lui avoir assuré que ça ne faisait rien et qu'il ne méritait certainement pas de faire seppuku avec une cuillère à café pour si peu, Kaoru se mit en devoir de chercher du regard celui qu'il était venu voir, tout en sirotant tranquillement ce qu'il avait réussi à obtenir de sa commande. Il ne tarda pas à le trouver, et pour cause : en complet bleu ciel, Toshiya passait difficilement inaperçu. Il avait simplement retenu ses longs cheveux noirs par un bandeau aux couleurs acidulées et était assis sur une table, riant aux plaisanteries d'un homme mûr d'aspect plutôt strict. S'il voulait lui parler, Kaoru devait attendre. Il était sûr que son ami ne partirait pas avec cet homme. Premièrement, parce que Toshiya ne se prostituait pas ; il avait suffisamment de succès pour coucher avec qui bon lui semblait. Ensuite, parce que la patronne ne le tolèrerait pas ; il le savait, c'était sa mère.
Yumemi Niikura sortit justement des cuisines, redressant avec mauvaise humeur son tablier rose. A la vue de son fils, son visage s'éclaira d'un lumineux sourire.
« Ka-chan !!! »
La tornade intégralement fuschia fondit sur ledit Ka-chan à la vitesse de l'éclair, et l'instant d'après deux baisers sonores furent appliquées sur ses joues fleurant la lotion après-rasage.
« Comment ça va bien, fiston ? s'enquit Yumemi en passant de l'autre côté du comptoir. Nom de dieu, Miyabi, tu peux pas faire gaffe à ce que tu fais ?
- Ca va, m'man », répondit Kaoru en regardant avec pitié le jeune serveur s'applatir devant l'autorité de cette femme excentrique, aux cheveux roses et à la voix grave, à qui il ressemblait tant physiquement que de par sa force de caractère. Il la regarda s'allumer tranquillement une Pink Elephant qui exhala son lourd parfum de vanille, et attendit qu'elle en rejette la première bouffée avant de demander à voix basse :
« C'est encore le vieux Andô, avec Totchi ?
- Ha ! Qui veux-tu que ce soit ? s'exclama Yumemi en haussant les épaules. Il est là quasiment tous les soirs et il le monopolise ! Heureusement que j'ai le p'tiot pour m'aider à assurer le service, sinon… »
Elle acheva sa phrase par une petite tape sur les fesses de Miyabi qui, de surprise, manqua de lâcher le plateau qu'il portait. Avec une expression totalement désabusée, Yumemi se retourna vers son fils :
« Oublie ce que je t'ai dit… »
Ce fut le moment que choisit un jeune éphèbe aux longs cheveux teints en blond pour venir passer commande. Ecartant le jeune serveur maladroit qui se précipitait pour s'en charger, Yumemi s'occupa du client avec zèle et savoir-faire, jetant de temps à autres un regard noir à Miyabi qui n'en menait pas large.
Kaoru mit cet instant de supplice à profit pour observer le bar et ses habitués. Les murs jaunes étaient recouverts d'arcs-en-ciels, et de posters d'hommes plus ou moins vêtus. Au centre de la pièce, un petit espace dégagé permettait à ceux qui le souhaitaient – et ils étaient nombreux – de venir se déhancher sensuellement sur la musique que diffusaient les baffles de la scène vide qui occupait le fond de la salle. La vue de tout ce monde concentré sur un si petit espace donna le vertige à Kaoru, qui prit une profonde inspiration. Pour la première fois, il remarqua la forte odeur d'alcool qui saturait l'air et, plus ténu, un mélange de parfums plus ou moins luxueux, de sueur, de nourriture et d'autres délicats arômes dont il préféra ignorer l'existence. Une nausée brutale lui souleva le cœur.
« Où tu vas, chéri ? demanda Yumemi en le voyant se lever de son tabouret. Tu abandonnes déjà ta mère ?
- Non, je vais… »
Il désigna du menton la porte des toilettes, disparaissant à moitié derrière les enceintes, et se fraya un chemin parmi les clients qui dansaient, ignorant autant que possible les mains qui venaient accidentellement se poser sur ses fesses et une partie de son anatomie que des mains masculines, à part celles de Kaoru lui-même, n'étaient aucunement autorisées à toucher. Lorsqu'il parvint aux toilettes, il s'engouffra dans une cabine et s'adossa à la porte, le souffle court. Son malaise semblait s'être dissipé. Décidément, s'il était une chose qu'il n'avait pas héritée de Yumemi, c'était sa résistance à l'alcool. Un Martini, se dit-il, ce n'était pas cela qui allait le rendre malade. Puis il repensa au délicieux saké de table qu'il avait tant apprécié le midi avec ses collègues, puis aux quelques – le chiffre lui faisait trop peur – demis qu'il avait bû avec ces mêmes collègues en quittant le bureau. Tsukiai 1 ou pas, il se promit de décliner toutes les invitations de ce genre qu'on pourrait lui adresser à l'avenir.
« A croire que le salaryman japonais moyen est payé à picoler… »
Il se redressa, et constata avec satisfaction que dans cet endroit frais et désert, il parvenait sans trop de mal à tenir debout. En y repensant, il ne s'était pas senti très bien non plus, dans le métro… Il avait mis ça sur le compte de la fatigue, mais maintenant qu'il y repensait…
… maintenant qu'il y repensait, il n'allait pas passer sa soirée dans les toilettes, bien que les murs fussent garnis d'une lecture parfaitement appropriée à la distraction d'un jeune cadre qui a le mal de mer et redoute de retourner dans une fournaise bondée et sentant l'homme à plein nez. Il rajusta donc avec soin sa chemise et sa cravate aussi chiffonnées que sa mine, et s'apprêtait à sortir lorsque des voix se firent entendre de l'autre côté de la porte :
« Je t'ai dit qu'on ferait mieux d'aller chez moi… »
Un autre homme répondit par un grognement sourd, suivi du claquement d'une porte. Regardant dans l'embrasure de son cabinet de toilettes, Kaoru assista à une scène qui le pétrifia… sans double sens pourri de la part de l'auteur, cela va de soi.
Le jeune homme blond aperçu plus tôt au bar était assis sur le bord du lavabo, fort occupé à apprécier les soins dont un autre garçon gratifiait la manifestation évidente de son enthousiasme. Sentant le vertige revenir au grand galop, Kaoru referma la porte le plus discrètement possible, en ferma le loquet et s'assit sur l'abattant de la cuvette. En définitive, il avait tout le temps de lire tous ces graffitis… Ecarlate de la pointe du bouc jusqu'à la racine de son brushing parfait, Kaoru s'efforça de ne pas prêter attention aux sons qui lui parvenaient, gémissements, halètements, petits bruits mouillés et, de temps à autres, une supplique articulée avec peine par l'un ou l'autre des deux hommes. La tête entre les mains, il priait pour qu'ils en aient vite fini, refoulant vaillamment les longs frissons qui parcouraient son corps.
« Aaaaaaaaah… plus fort…. Plus… »
« La ferme… »
« Foooooooort !!!! ah… »
« BORDEL, MAIS LA FERME !!! »
Non, Kaoru n'était pas tendu. Pas du tout. Enfin, si, juste un peu…
oOoOoOoOoOoOoOo
Tooru inspira profondément. L'air tiède et humide de la salle de bain était chargé du parfum de framboise qu'exhalaient le bain moussant et les bougies parfumées qu'il avait allumées sur les bords de la baignoire et devant le grand miroir. L'adolescent frissonna en laissant glisser son yukata le long de ses épaules. A la seule lueur dorée des flammes, son corps lui semblait totalement étranger. Etranger et désirable, lui, la petite poupée gracile qu'on avait peur de briser, la petite chose disgracieuse, disproportionnément, ridiculement minuscule et rachitique.
Le yukata tomba à ses pieds dans un froissement de soie. Il suivit sa chute des yeux, rougissant, honteux de tant de narcissisme, lui qui n'était qu'un petit bout d'homme à peine sorti de l'enfance, et pas vraiment des plus charmants. Il attribua à la luminosité vacillante le dessin délicat des muscles fins de ses bras, de ses cuisses et de son ventre, le velouté de sa peau qui appelait la caresse, la teinte d'or clair de son regard candide, la fragilité qui émanait de toute sa silhouette. Qu'il allume la lumière, et il ne resterait plus qu'un adolescent blafard aux proportions grotesques, complètement nu en face d'un reflet bien trop fidèle. Le cœur serré, la gorge nouée, il entra dans le bain où la mousse dissimulerait pour un temps ce corps ni vraiment enfantin, ni tout a fait adulte, dont personne ne voulait et ne voudrait jamais.
Loin de le détendre, comme c'était le cas autrefois, le contact de l'eau chaude accrût son malaise. La caresse était presque voluptueuse, le parfum était enivrant, l'ambiance tout à fait propice à des rêveries auxquelles Tooru n'osait s'adonner. Il croisa ses bras sur son ventre et se laissa aller contre son coussin pneumatique, cherchant une sérénité qu'il avait, ces derniers temps, de plus en plus de mal à trouver. Et qui, une fois de plus, se déroba.
Pour une fois, il ne pensait pas aux sermons interminables que lui faisaient subir ses parents, ni aux brimades dont il était victime au lycée. Tout cela lui paraissait même étrangement lointain. Cependant, la douce torpeur qui commençait à l'envahir était quelque peu gênée par une étrange agitation qui faisait battre son cœur à une vitesse effrénée. Il se sentait bien, très bien, excessivement bien. Et pourtant, pourtant…
Les doigts de sa main droite, instinctivement, se mirent à bouger sur son flanc gauche, effleurant légèrement la peau douce et sensible. Frisson. Les battements de son cœur s'accélérèrent encore, presque imperceptiblement, faisant monter à ses joues l'écarlate de la pudeur. C'était tellement stupide… Tellement pathétique… S'il n'avait pas été si troublé, il aurait ri de sa propre naïveté.
Et pourtant… pourtant il avait tellement envie, parfois, que quelqu'un daigne s'intéresser à lui, lui offrir la chaleur, la tendresse, l'affection dont il avait besoin. Il se prenait parfois à imaginer qu'il n'était pas si laid et que peut-être, un jour, un jeune homme finirait par lui donner ce qu'il voulait.
Il se mordit la lèvre.
Un jeune homme, il en était un lui-même, quoi qu'à son sens il ressemblât plus à un petit crustacé rosâtre et difforme. Un garçon n'était pas supposé aimer un autre garçon, surtout s'il était, comme Tooru, le fils unique d'une famille très riche et très influente. Et pourtant, ce vice-là était à ajouter à la longue liste des pensées coupables qui occupaient ses interminables solitudes. Tooru était seul, toujours seul. « Alors », se dit-il, « pourquoi ne pas en profiter ? »
Il culpabilisa à l'idée de ne plus culpabiliser, et cette pensée fit fleurir un sourire sur ses lèvres pleines au dessin parfait. Il avait toujours été un enfant soumis et docile, qui avait accepté sans renâcler tous les préceptes que ses inflexibles et autoritaires parents et aïeux lui avaient inculqués. Ne pas se caresser dans son bain en désirant ardemment prendre ledit bain en compagnie d'un autre homme en faisait plus ou moins directement partie….
… Ce qui n'empêcha pas sa main de remonter lentement vers son torse, agaçant deux petites perles de chair brunes qui révélèrent des propriétés jusqu'alors insoupçonnées. Intrigué par une sensation qu'il n'arrivait pas à qualifier avec certitude, il s'enhardit à effleurer son ventre, ses flancs de nouveau, l'intérieur sensible de ses cuisses, faisant naître dans son bas-ventre un fourmillement qui, sans être désagréable, était d'autant plus gênant qu'il n'avait jamais sû comment s'en défaire. Il s'émerveilla de sentir sous ses doigts une peau qu'il ne se savait pas si douce, une chair qu'il n'imaginait pas si tendre. Sa main effleurait de temps à autres son sexe durci, envoyant dans tout son corps de brèves mais puissantes décharges électriques qui manquaient à chaque fois de lui arracher un gémissement. En face de lui, le miroir lui renvoya le reflet d'un garçon superbe, au regard troublé, voilé par le désir, aux joues rougies, aux lèvres entrouvertes, aux longs cheveux d'ébène plaqués contre un visage exsudant l'érotisme. La vision le surprit, le choqua, l'ébranla au tréfonds de lui-même. Que son propre visage puisse être celui d'un garçon aussi désirable lui semblait encore improbable, mais il décida de croire ce qu'il voyait et, repoussant les dernières barrières qui le retenaient d'aller plus loin dans sa recherche du plaisir, il laissa ses mains exécuter des gestes qu'elles n'avaient jamais appris. Avec précautions, l'une s'empara de son sexe et le caressa délicatement, avec l'hésitation qu'impose la peur de l'inconnu, tandis que l'autre progressait doucement vers l'intérieur de sa cuisse, hésitant à atteindre une certaine partie de son anatomie qui réclamait ses soins. Une partie de son anatomie qu'il n'aurait pas crû capable de lui procurer tant de plaisir, jusqu'à ce qu'un de ses doigts s'y insinue et entame un lent mouvement de va-et-vient.
La tête renversée en arrière, les yeux clos, abandonné à ces perceptions nouvelles qui envahissaient son corps par vagues brûlantes et dévastatrices, Tooru se sentait, pour le moment du moins, réconcilié avec son corps. Il osa, dans un accès de courage, glisser un second doigt en lui, et retint un gémissement. La douleur tout autant que le plaisir qu'il en éprouva lui firent ouvrir les yeux. Devant lui, sa fleur de douche rose flottait dans la mousse. Il avait dû la faire tomber sans s'en rendre compte en entrant dans le bain… Saisi d'une impulsion soudaine, mû par une volonté de découvrir tout ce que cette enveloppe de chair jusqu'alors tant haïe pouvait lui réserver, il s'en saisit, et recommença à se caresser, avec cette fois-ci le tissu gorgé d'eau et délicieusement rêche entre sa main et son érection. Il se sentait si bien, en une telle harmonie avec lui-même, qu'il dût refouler les larmes que cette émotion faisait monter à ses grands yeux clairs. Il avait l'impression d'imploser à chaque mouvement, de plus en plus rapide, de sa main sur son sexe, il se sentait la fragilité d'une poupée et la grandeur d'un dieu légendaire, à la fois ridicule et nimbé de sa propre gloire, comme si après presque dix-sept années d'errance, il se trouvait enfin, lui-même, tel qu'on l'avait toujours empêché de se voir. Il se mordit furieusement la lèvre lorsque le textile mouillé imprima à l'extrémité de sa verge une légère succion. La déferlante enflait dans son bas-ventre, le brasier au creux de ses reins devenait insoutenable. Il savait instinctivement ce qui allait se produire, et était conscient du fait qu'il ne pourrait pas se retenir très longtemps. Accélérant la cadence de ses mouvements, les accompagnant de coups de bassin frénétiques, il se libéra dans un long râle rauque qu'il étouffa du mieux qu'il pût et demeura un moment immobile, les yeux de nouveau clos, le souffle court. Puis, au bout de quelques minutes, quand les effets de ce plaisir destructeur se furent dissipés, il s'assit au fond de la baignoire, les bras autour de ses genoux repliés, et regarda de nouveau son reflet.
Tout ce qu'il y vit, c'était un garçon brisé, anéanti par une satisfaction qu'il ne méritait pas.
1 Tsukiai : obligation sociale
