Et voici une nouvelle histoire !

Pas mal de changement par rapport aux autres : c'est prévu pour être une fic à chapitre, et plutôt drama.

Un bisou et merci à toutes les filles du forum, qui m'ont motivé à écrire de nouveau Et spéciale dédicace à Sid et Moon, pour le cadeau de nanniv' !

J'espère que ce premier chapitre vous plaira, et n'hésitez pas à me laisser des reviews !

Disclaimer : pas à moi, évidemment.

Situation de base : début du tome 6.



Harry était allongé sur le dos, les mains croisées derrière la tête, dans le lit de Fred ou Georges Weasley. Malgré sa fatigue, il lui était impossible de fermer les yeux. La journée avait été longue et chargée en surprises, tous les évènements se bousculaient dans son crâne sans lui laisser un instant de répit.

D'abord, l'attente angoissante de Dumbledore : viendrait-il vraiment ? Après tout, il l'avait presque totalement abandonné l'année précédente ! Malgré ses explications, Harry n'avait pas pu pardonner au directeur.

Puis la rencontre surprenante avec le professeur Slughorn. Harry avait été terrorisé par la maison dévastée comme après une attaque de Mangemorts, ses souvenirs les plus angoissants lui étaient revenus instantanément en mémoire et l'avaient laissé dans un état désagréable. Qui donc était cet homme pour se permettre de jouer avec les pires craintes de toute une population ?

Il n'avait d'ailleurs toujours pas saisi en quoi sa présence avait décidé Slughorn à revenir à Poudlard. Mais au moins, il avait l'air de s'y connaître en maléfices divers, ce qui était appréciable autant que rare pour les professeurs de DCFM à Poudlard !

Et finalement, il y avait eu cet entretien avec Dumbledore dans la cabane à balais des Weasley : des cours particuliers ! Harry débordait de curiosité à ce sujet, sans pouvoir se débarrasser de cette pointe d'inquiétude qui ternissait tous ses rapports avec le directeur depuis l'an passé. Même s'il savait qu'il ne pourrait plus jamais faire confiance au directeur comme il avait pu le faire auparavant, il ne pouvait s'empêcher de se poser des questions, et d'attendre impatiemment le début de ces séances : est-ce que ce seraient des cours de Défense ? Pourrait-il en faire profiter les membres de l'AD ? Il n'était même pas certain que celle-ci se reformerait...

Enfin, la fatigue et le stress l'emportèrent, et Harry sombra dans un sommeil agité, avec une dernière pensée pour ses retrouvailles du lendemain avec Ron et Hermione.

OoOoOoOoO

Au petit matin, Harry se sentit peu à peu émerger, accompagné par des chuchotements incessants. Ces murmures le dérangeaient beaucoup, lui rappelant quelque chose de négatif, mais qu'il n'arrivait pas à préciser.

Et soudain, il se redressa, les yeux écarquillés : le Voile ! Les voix, elles venaient forcément du Voile ! Sirius !

Il cria.

Hermione et Ron chuchotaient, inquiets. Ils étaient venus pour réveiller Harry mais ils ne pouvaient s'empêcher de le regarder s'agiter dans son lit, comme en proie à un cauchemar. Ils se demandaient ce qu'ils devaient faire, quand Harry fit brusquement un bond dans son lit. Ils le regardèrent ouvrir des yeux affolés, le souffle haletant, et ils sursautèrent quand il cria le nom de son parrain. Mais Harry sembla se reprendre, vite conscient de la réalité, et ils sourirent quand ses yeux se posèrent sur eux.

Hermione ne put se retenir plus longtemps, et piailla en lui sautant dans les bras :

« Harry, enfin ! Nous sommes si heureux de te voir, et en bonne santé ! »

Dans son dos, Ron grimaça : Harry ne lui semblait pas réellement être en bonne santé. Il était maigre, avec de grands cernes sous les yeux et ses cheveux n'avaient jamais été aussi hirsutes. Enfoui dans la masse brune de la tignasse d'Hermione, Harry ne remarqua pas cette moue, mais il savait très bien qu'il n'était pas en bonne santé, et que cela se voyait. Pourtant, comme toujours, il choisit de jouer le jeu de son amie, se voiler la face et faire bonne figure. Tout pour éviter d'être regardé comme un malade, d'être plaint et pris en pitié. S'il disait qu'il allait bien, les autres n'insisteraient pas et il pourrait vivre sa vie tranquille.

Quoique ce serait sûrement difficile dans cette maison pleine de gens qui se souciaient lui, même si c'était pour de mauvaises raisons.

Après Hermione, ce fut au tour de Ron de venir le saluer d'une accolade qui le réconforta. Par sa pudeur, Ron était le seul dont il était certain qu'il ne poserait aucune question.

Mais aussitôt après, quand son ami s'écarta, il remarqua un détail : Ron et Hermione se tenaient par la main.

« Ca alors, ça y est ! Vous sortez enfin ensemble ! »

Ses deux amis rougirent instantanément, mais affrontèrent son regard. Hermione répondit :

« Oui, ça y est ! Cet été nous a beaucoup rapproché. Tu n'étais pas là, il n'y avait pas grand-chose à faire ici... Donc nous avons pris le temps de discuter, et voilà ! »

Elle regarda Ron avec un grand sourire, et le regard qu'il lui renvoya n'était que tendresse.

« Discuter, hein ? » Harry n'avait pas eu l'intention d'être sarcastique, mais cette nouvelle relation entre ses deux amis lui donnait un goût amer dans la bouche. Il se sentait plus délaissé que jamais, et ne réussissait même pas à regretter son égoïsme. Cet été infernal chez les Dursley l'avait vraiment changé.

Heureusement, le couple ne perçut pas la critique et prit la réflexion d'Harry comme une gentille taquinerie amicale.

« Oh, ça va, hein, répondit Ron en rougissant. Après tout, on a passé l'âge de jouer au docteur ! »

« Ron ! Tu exagères ! Je ne crois pas que ce genre de détail intéresse Harry ! »

Effectivement, Harry se serait bien passé de ce genre d'images mentales. Il y avait mieux au réveil que de penser à Ron et Hermione ensemble.

Il fut sauvé d'une éventuelle réponse embarrassante par un piétinement dans l'escalier qui se rapprochait dangereusement de la porte. Celle-ci s'ouvrit dans un grand fracas pour laisser le passage à une furie rousse qui semblait avoir le diable à ses trousses. Elle s'écria :

« Fleurk ! »

« Hein ? » Alors qu'Harry ne pouvait que s'interroger si gracieusement sur l'étrange onomatopée que venait d'émettre Ginny, la nouvelle venue, le visage de Ron prit un air extatique et celui d'Hermione sembla marqué par une jalousie féroce.

Hermione, jalouse ? Harry se tourna vers Ginny pour lui demander des explications.

« Mais de quoi tu parles, Ginny ? »

« Oh, Harry ! Salut, je suis contente de te voir. Ca a été, tes vacances ? »

« Oui, merci. C'est sympa d'être ici, néanmoins. Mais c'était quoi, ce son étrange, là ? »

Ginny prit un air désespéré.

« Oh non, c'est vrai que tu n'es pas au courant. Bill est ici, et il nous a ramené sa petite amie ... »

« C'est vrai ? C'est cool ! Elle est sympa ? »

« Ce n'est pas sa principale qualité », répondit Ginny, sarcastique.

Et Hermione hocha vivement la tête, tandis que Ron fixait toujours la porte.

Harry finit par comprendre pourquoi quand elle s'ouvrit sur la magnifique, blonde, vélane Fleur Delacour.

Oh non, gémit Harry intérieurement. Je veux partir d'ici. Elle va encore me casser les pieds avec ma santé, mon héroïsme, sa sœur. Pourquoi est-ce que Bill l'a choisie, elle ? Et avec Ron hypnotisé et Hermione verte de jalousie, ça va être horrible. Il y en a encore beaucoup, des rencontres à surmonter, dans cette maison ?

OoOoOoOoO

Malheureusement, Harry n'était effectivement pas au bout de ses peines. A peine habillé, il dut descendre pour le petit déjeuner. Et à l'étreinte de Fleur succédèrent celles de Mr Weasley, de Mme Weasley, puis de Tonks, sous le regard bienveillant de divers membres de l'Ordre présents pour un quelconque meeting.

La matinée passa laborieusement. Il semblait à Harry que cela faisait des jours qu'il était là, à vivre dans une routine ennuyeuse, même si très différente de sa vie chez les moldus. Même les nouveautés comme les couples de Ron et Hermione ou Bill et Fleur lui semblaient être enfoncés dans leurs habitudes. Ron et Hermione ne cessaient de se chamailler, pour se réconcilier ensuite dans les rougissements. Fleur était totalement en adoration devant Bill, qui paraissait un peu moins subjugué mais se laissait aller avec plaisir aux attentions que sa compagne lui portait.

La conversation avait un moment tourné autour des réunions si mystérieuses de l'Ordre du Phénix, mais comme personne parmi les jeunes n'avait pu intercepté la moindre information, Harry s'était vite ennuyé des suppositions tirées par les cheveux qu'émettait Ron.

Seule Ginny, totalement délurée, apportait un peu de joie dans cette maison à l'atmosphère plombée par la guerre latente.

Mais le coup de grâce arriva dans l'après-midi, sous la forme d'un professeur de potion tellement honni. C'était vraiment la dernière personne qu'Harry souhaitait voir.

« Monsieur Potter, j'aurai du me douter que seule notre célébrité nationale pouvait déclancher un tel remue-ménage, au point que j'en sois dérangé ! »

Harry sentait la colère monter en lui, comme cela lui arrivait parfois depuis que Voldemort avait pris possession de lui au ministère. Il la sentait comme un vague, enfler dans son ventre, dans sa gorge, manifestation physique réelle de son mal-être. Il ne put se retenir.

« Putain, qu'est-ce qu'il fout là, lui ? » Gronda t'il devant tout le monde.

Chacun le regarda, surpris et choqué par cette réaction violente. Pourtant, Harry n'y prit pas garde et continua, le regard rivé sur cette personne qu'il haïssait.

« Comment pouvez-vous l'accepter dans votre maison ? Il a tué Sirius ! C'est de sa faute si mon parrain est mort ! »

« Harry ! »Le cri de Mme Weasley interrompit cette diatribe. « Harry, comment oses-tu te comporter ainsi ?! Dois-je te rappeler que c'est Severus qui a alerté l'Ordre pendant que vous étiez au ministère ? Tu lui dois la vie ! »

Alors que Harry s'apprêtait à répliquer, Snape dit :

« Merci Molly, mais je suis capable de me défendre seul de ces accusations ineptes mais dignes du filleul de feu Mr Black. Je connais l'opinion de Mr Potter à mon égard, et elle m'indiffère au plus haut point. Pourquoi devrais-je me soucier d'un morveux qui rejette sa faute sur un autre ? S'il n'est pas assez mature pour assumer les conséquences de ses actes, c'est que le peu de temps dont il a disposé avec son ch... son parrain a suffi à lui faire intégrer toutes les caractéristiques de celui-ci. »

Harry rugit littéralement, et bondit en avant pour frapper son professeur. Comment osait-il se permettre de telles insinuations ?! Cet homme était un tel ...

Mais avant même qu'il n'ait pu toucher Snape, il se retrouva maintenu par les poignes de Bill et Ron. Il se débattit férocement sans réussir à les faire lâcher prise, d'autant plus énervé que son professeur n'avait pas bougé d'un centimètre.

Alors il cria, vindicatif :

« Sirius est mort par votre faute ! A cause de vos méchancetés, parce que vous avez refusé de m'écouter le soir du ministère ! Vous le regretterez ! »

Le rictus de Snape fut sa seule réponse, puis le professeur tourna les talons et quitta la pièce. Alors seulement, la tension disparut des muscles d'Harry, les deux frères le lâchèrent. Aussitôt, il suivit Snape dans le jardin, mais il avait déjà transplané. Harry était dans une telle rage qu'il tremblait. Il se laissa tomber au sol, enfonça son visage entre ses mains et, contre la terre, il cria.

Dans la maison, la consternation régnait. Qu'était-il donc arrivé à Harry pour qu'il réagisse de façon si violente ?

Nul ne pouvait comprendre les souffrances qu'il avait enduré, entre la mort de Sirius, l'incompréhension de Dumbledore – celui qu'il avait longtemps considéré comme un mentor – et l'horreur de la vie avec les Dursley qui le forçaient à se contrôler, l'empêchaient d'exprimer sa peine et l'obligeaient à renier sa vie de sorcier.

Tout le monde sursauta au cri déchirant le silence, mais personne n'osa se porter au secours de cet adolescent plongé dans la souffrance.

Harry resta dans le jardin jusqu'à la nuit. Quand il revint, le repas était terminé mais les membres de l'Ordre étaient encore rassemblés au salon.

Il avait finalement décidé, après une douloureuse réflexion, de ne plus montrer de tels mouvements d'humeur à la famille Weasley et à leurs invités. De toute façon, ils ne pouvaient rien pour lui, et il ne servait à rien de leur rajouter des ennuis avec ses humeurs. Ils avaient assez de problèmes à gérer pour ne pas avoir à se soucier de lui en prime. Mais, et même s'il le gardait pour lui, il ne leur pardonnerait pas pour autant d'avoir invité Snape.

« Pardonnez-moi de vous dérangez, dit-il très formellement. Je voulais vous présenter mes excuses pour ma conduite de cette après-midi. Vous connaissez notre mésentente, avec le professeur Snape, et j'espère que vous comprendrez que je ne désire pas le revoir. »

« Harry, intervint Mme Weasley, c'est d'accord pour les excuses, même si ta conduite a été inqualifiable. Ta virulence nous a beaucoup surpris, mais tu as eu un début d'été difficile, et tu dois être fatigué. Est-ce que tu veux manger ou tu préfères monter maintenant ? »

« Merci, je crois que je vais monter. Bonne soirée à vous. »

OoOoOoOoO

Harry rejoignit rapidement l'étage, regagnant la chambre des jumeaux dont il bénit l'absence qui lui permettait d'avoir un endroit pour s'isoler dans cette maison surpeuplée. Sans doute la sollicitude de Mme Weasley n'était pas étrangère à cette marque de favoritisme.

Il pouvait imaginer les commentaires sur son comportement, tels que devaient les lancer tous les adultes réunis au salon, il pouvait certifier de l'inquiétude d'Hermione et de l'incompréhension de Ron.

Il se jeta à plat ventre sur son lit. Que devait-il faire ? Il se sentait si mal, ici... Si déplacé, avec sa tristesse et sa colère, dans une maison qui tentait tant bien que mal de résister à ces démons amenés par la guerre !

Les couples, la bonhomie de Tonks, le sérieux de Kingsley, la folie douce de Ding, tout l'énervait prodigieusement alors que tous ne souhaitaient que le réconforter.

Mais cette lueur de pitié dans leur regard... Après seulement une journée, il n'en pouvait plus. Qui aurait pu comprendre ? Sirius, lui, aurait compris. Lui qui avait perdu son meilleur ami, son presque frère ! Lui qui avait vécu l'incompréhension, l'injustice, l'enfermement ! Mais Sirius était mort, et si Harry souffrait tellement, c'était justement à cause de cette absence. Il lui manquait tant !

« Sirius, je voudrais que tu sois là. Je ne sais pas quoi faire. Il me manque quelqu'un. A quoi est-ce que je peux m'accrocher pour vivre ? Il ne me reste rien. Voldemort m'a tout pris, tout ce qui pouvais me rester, ma moindre trace de joie... Ma famille ! Sirius ... » Les sanglots contractaient sa gorge, son cœur semblait peser comme du plomb dans sa poitrine.

Il fallait absolument qu'il trouve quelque chose à faire pour s'occuper l'esprit, ou quelqu'un à qui parler.

Il s'endormit doucement sur cette pensée, épuisé de douleur et de colère, sans avoir trouvé la force de se changer pour la nuit.

Et il se réveilla le lendemain matin avec la réponse à ses deux problèmes.

Quelqu'un à qui parler : Remus, évidemment ! Il se serait frappé de ne pas y avoir pensé plus tôt. Restait à le trouver ...

Quelque chose pour s'occuper : Square Grimmaurd ! Dumbledore lui avait dit la veille qu'il en avait hérité, il avait le droit de réclamer pour y aller. C'était sa maison ! Et Kreatur avait été envoyé à Poudlard, donc ce n'était certainement pas lui qui se chargeait de garder la garder en bon état. Est-ce que la maison était encore occupée par l'Ordre ?

Il allait s'occuper de ça dans sa journée !

Et ainsi Harry se leva de bien meilleure disposition que la veille, avec un but à suivre et une personne chère à retrouver.

A suivre ...


Fini pour ce chapitre ! Alors, verdict ?

J'espère que ça vous a plu, et surtout que vous avez envie de continuer !