Bon, comme je l'avais prévu depuis un petit temps, je me lance^^. Non ce n'est pas la première fanfiction que j'écris, mais oui c'est la première concernant Shaman King. Cela fait un bout de temps que je n'ai pas lu de texte en français (je lis beaucoup en anglais en fait...) mais je ferais des efforts.

Tout commentaire, appréciation, critique, remarque sont les bienvenus bon comme mauvais. Je ne vais pas faire ma chochotte et me planquer dans les jupons de ma mère parce que le premier lecteur manquant de tact me sortira un "c'est nul" catégorique.

Enfin, je le dis une bonne fois pour toute:

-les couples: si je vous le dis maintenant vous allez partir en courant...sachez simplement que je n'aime pas changer ce qui est à l'origine dans le manga, alors inutile de vous attendre à des relations comme "Yoh/Hao, Yoh/Ren, Horohoro/Ren etc." Je préfère m'arrêter là, j'en ai mal au crâne rien que de m'imaginer écrire ce genre de chose (je dis pas que je n'aime pas...j'ai toujours été très attirée par cette étrange ambiguïté entre Yoh et Hao =_=)

-le rate: comme à chaque fanfiction que j'écris...il reste indéterminé. Je pourrais du jour au lendemain péter les plombs et raconter l'apocalypse avec du sang partout, des violes à chaque coin de rue, du massacres qui feraient pâlir Chucky et sa fiancée...bref. Vous l'aurez compris, je pense rester quand même dans le cadre d'une fanfiction assez correcte, correspondant au monde de Shaman King...même si je vais y ajouter mon petit grain de sel concernant...certains trucs bien importants.

-l'appartenance: Aucun des personnages dont vous serez susceptibles de reconnaître et d'assimiler à une personne d'animation ou autre préexistent ne m'appartiennent. Les noms inventés sont obtenus à partir d'un générateur de nom. Toute ressemblance avec une autre fanfiction, qu'elle soit hasardeuse ou non, n'est que pure fruit de la coïncidence aussi ne sera-t-elle pas l'objet d'une réédition de ma part.

-Enfin, si vous avez des questions sur un passage incompris, sur des évènements restés obscures, ou autre concernant la fanfiction, sachez que je suis à votre entière (ou presque j'ai ma vie aussi) disposition. Question, commentaire et autre sont les bienvenus, du moment que cela reste dans le cadre d'une bonne entente et d'un respect de soi et de l'autre.

Merci pour l'attention porté à cette petite introduction et place à la lecture.

Bonne Lecture à tous.

PS: Au cas où vous ne le devinerez pas dans l'immédiat, ma fanfiction suit les épisodes de Shaman King à partir du moment où ils arrivent en Amérique. Vous pouvez toujours aller revoir ces épisodes pour plus de compréhension de certains faits obscurs, au cas où la timidité vous empêcherais d'en demander davantage.

PS 2: (oui je sais je suis lourde) Je suis une flemmarde de première qui passe cette année trois concours d'entrée. Même si je n'écris pas à l'origine pour cela, je dois admettre que recevoir des reviews est une chose plaisante qui a tendance à nous motiver nous autres auteurs pour écrire la suite. Aussi, même si la flemme est avec vous, j'accepte n'importe quel type de message du moment que cela me dit que vous me suivez (même un "suite" me donne des ailes^^). Aller je vous laisse^^'

Eru.

Chapitre 1 : L'innocence et l'oiseau noir

« Mahana…..

Mahana………

Mahana…………

Qui est-ce ?

Mahana…..

Qui est Mahana ?

Toi….

Mahana ? C'est moi ?

Mahana…trouve le…

Trouver quoi ?

Trouve le…cherche le…qu'importe où il te conduira…suis le…Mahana…

Que dois-je trouver ? Et qui êtes vous ?

Trouve le Mahana…trouve le…. »

Les ténèbres qui jusqu'ici demeuraient translucide s'opacifièrent tout autour de moi pour former un nuage noir m'encerclant.

L'étrange surface miroitante sur laquelle reposait mon corps se mit à ondoyer. De grands cercles lumineux naquirent de mon corps pour s'étendre lentement au loin, dans un arceau infini, se perdant dans un horizon invisible.

Ma concentration revenait sans cesse sur les nouveaux cercles oubliant ceux qui ont existés, ceux qui sont partis loin, très loin.

Quand j'y repense, un nouvel arc de cercle attire mon attention, et il brille tant que j'en oublie l'ancien.

Qu'est-ce…donc ?

Une voix m'appelait. Féminine…enfantine…mais aussi ferme, douce, voilée et pourtant nette.

Chaque mot qu'elle prononçait s'élançaient autour de moi en d'innombrables échos, comme ci une femme parlait en premier, et avant qu'elle n'ait eu le temps de terminer, une autre voix répétait la même chose, et encore une autre…et une autre….et une…autre.

Mahana…Mahana…

Je suis Mahana…

Qui est Mahana… ? Mahana c'est moi…

Les ténèbres autour de moi…elles essayaient de m'égarer. Mais la voix m'a réveillé.

Mahana c'est moi…

Qui est Mahana ?

Les ondes bleutées qui s'écartent de mon corps…elles naissent en même temps que la voix. Qu'est-ce que tout cela ?

Où suis-je ?

Mahana…c'est moi n'est-ce pas ? Alors qui est-ce qui me parle ?

Mahana…Mahana…elle m'appelle encore…

Mais je ne l'entendais pas. Je n'entendais plus rien. Les ténèbres m'avaient-elles déjà engloutie ? Pourtant les ondes bleutées ne cessaient d'auréoler mon corps.

Mon corps…allongé sur cette surface miroitante. Je vois le reflet de mon corps allongé.

Il est différent.

Mes cheveux étaient noirs…et là ils étaient blancs.

Mes yeux étaient normalement bleu…et là ils étaient…blancs…

Ma peau pourtant si vivante, d'une couleur pêche…n'était qu'un fin tissu de soie couleur ivoire, satinée, livide…

Mon visage…mon visage si triste…il était…vide.

La surface miroitante me renvoyait l'image d'une autre moi…sans l'être…

Qu'était-ce ? Qui était-ce ?

Mahana…

Encore la voix…Pourquoi me parlait-elle ? Que voulait-elle ?

Mahana…Mahana…trouve le…cherche le…qu'importe où il te conduira…suis le…Mahana…

Je n'eus pas le temps de répondre de quoi que se soit.

Une brillante lumière pourfendit les ténèbres tel une lance argentée, déchirant avec elle l'étrangeté de ce monde, ces mystères, ces voix étranges, ces reflets différents…

Et alors que toutes notions de conscience s'estompaient, je me surprise à songer que peut être…tout ceci n'était en fin de compte qu'un délire de ma personne.

Mes yeux s'ouvrirent subitement, comme commander par un ordre muet. Ils se refermèrent tout de suite. La lumière n'était pas un problème pour moi, c'était plutôt…l'inhabitude.

D'aussi loin que je me souvienne, j'avais toujours vu le monde de cette façon. Pourtant…à chacun de mes réveils, il m'était difficile de m'adapter immédiatement.

J'avais besoin d'attendre pour laisser à mon organisme le temps nécessaire afin de s'habituer aux changements.

Les rêves de ce genre n'étaient pas rares. Alors, pendant que petit à petit, mon esprit reprenait conscience du corps dans lequel j'étais, et de l'environnement dans lequel je me trouvais, je laissai mes pensées retourner vers cette étrangeté qu'était ce rêve.

Au bout de quelques secondes, je me sentis enfin prête à rouvrir les yeux et à affronter une nouvelle journée.

La première chose que je… « vis », fut Aura.

Lumineuse incarnation de blancheur dont la variation des couleurs et des différents fluides donnaient l'apparence d'une fillette au teint pâle, les cheveux argentés cascadant infiniment par delà un corps composé d'une longue toge couvrant épaules, torse, avant-bras et bassin.

Aura n'apparaissait jamais entièrement.

En fait, j'étais persuadée que cette unique toge composait son corps entier.

Il n'y avait rien d'autre, à part son visage, ses cheveux ondoyants, et sa toge d'ivoire.

Elle était là, flottant en face de moi, le regard dirigé vers le mien.

Je discernais sans mal les différentes émotions qui la régissaient à l'instant. Troublée elle était.

Les diverses courbes de ses épaules ainsi que les traits de son visage vibraient légèrement, comme si les fluides de sa personne étaient constamment perturbés par une force extérieure.

Sans même faire davantage attention aux autres fluides nous entourant, j'adressai à Aura l'un de mes plus beaux sourires et la rassurai :

« -Je crois que Nede-sama m'a parlé Aura-san.

-…

-Elle m'a dit de le trouver.

-…

-Je ne sais pas. Je n'ai pas tout compris. Elle m'a dit trouve le, cherche le, qu'importe où il te conduira…suis le.

-…

-Peut être parlait-elle comme tu le dis de la voie sacrée. Je ne sais pas, soupirais-je en me redressant légèrement.

-…

-Ne t'inquiète pas, je commence à m'habituer à la transe divine. Bientôt je serais en mesure de m'adresser aux esprits de la nature…

-…

-Je le serais Aura, je serais prudente. »

Et sur cette phrase, j'analysai enfin mon environnement.

Entrer dans une transe divine n'est pas chose aisée, et y revenir prend toujours un certain temps, surtout pour l'accoutumance.

Il semblerait qu'à première vue, je me trouvais dans une forêt.

Bien que je ne pouvais voir aucun des troncs et des buissons qui m'encerclaient, je ressentais parfaitement les fluides énergétiques qui se dégageaient de chaque esprit, ainsi que ceux qui ressortaient de chaque auras.

Ils étaient limpides, exaltants aussi, frais comme la matinée. Une inspiration profonde m'informa du taux d'humidité dans l'air.

J'en conclus que c'était le matin. La rosée déposée sur les feuilles et fleurs émettaient de douces vibrations violettes qui donnaient aux auras verdoyantes des plantes, de jolies couleurs éthériques.

Rassemblant mes affaires à l'aveuglette, Aura et moi-même reprîmes notre route.

Me diriger était facile. D'une part parce que j'avais l'habitude de ces courants énergétiques, d'autre part parce qu'Aura me guidait grâce à la pierre.

Au bout de quelques heures de marche, et après avoir partagées les fruits de Nede-sama que je n'avais pas manqué de remercier par une offrande généreuse, nous atteignîmes l'orée de l'immense forêt.

L'étrange brume verte qui flottait autour de moi s'estompa subitement, laissant place à de vagues effluves jaunes dansant par delà l'horizon. Les fluides jaunes semblaient glisser sur une surface dure et marronnâtes que je devinais être de la terre.

Si je devais traduire selon la normalité des choses : nous venions de quitter la douce forêt verdoyante pour de grandes plaines éventées et sableuses.

Je notai avec un léger soupire l'absence d'herbe au sol et devinai que le chemin qui nous restait serait éprouvant.

Heureusement pour Aura, la chaleur ou la soif ne l'atteignait pas. Ce premier point me rassura aussitôt. J'avais encore un peu d'eau dans ma gourde.

Avec un peu de chance, et la bénédiction de la Puissante Créatrice, nous aurons le temps d'atteindre une source d'eau ou un village avant de mourir déshydratés.

Je sentis Aura s'agiter légèrement à mes côtés.

Elle ne semblait pas à l'aise à l'idée de traverser ces immenses étendues sableuses avec si peu de moyen.

Les fluides qui constituaient son corps se remirent à trembler.

« -Tu t'en fais trop Aura, tout ira bien.

-…

-Je ne suis pas une grande buveuse et j'ai suffisamment d'eau dans ma gourde.

-…

-Je le sais Aura, mais la voie sacrée est par là, je lui offris un sourire pour la rassurer, et puis s'il m'arrivait quoi que se soit, je suis certaine que tu iras chercher de l'aide aussi vite.

-…

-Je ne serais pas seule ! Expliquais-je, Sylphe ne me quitte pas d'une semelle et tu le sais. Et puis, tu oublies que je suis sous la protection de la Puissante Créatrice.

-…

-Merci Aura, tout se passera bien. »

Rassurée, Aura entama la descente avec prudence, vérifiant toujours à ce que je ne glisse pas ou ne tombe. La pente n'était pas très raide, pourtant le vent avait suffisamment poli les pierres pour les rendre glissantes à souhait.

Une petite dizaine de minutes passèrent ainsi durant lesquels j'accommodais mon corps au changement de température ainsi qu'aux nouveaux efforts physiques demandés.

Je n'ai jamais été très endurante…du moins de ce que je me souvienne.

Aura le savait, puisqu'elle aussi semblait prendre son temps pour avancer.

Quand nous atteignîmes enfin le sol plat, se fut avec un soupire de soulagement que j'accueillis l'étendue sableuse.

M'étirant le dos en pointant les bras vers le ciel, je me mis à tourner sur moi-même comme une gamine, chantonnant un petit air de remerciement pour les esprits des vents et des rochers de m'avoir épargnés une chute mortelle.

Quand ma petite prière fut terminée, et que mes enfantillages puérils s'achevèrent sur un rire satisfait, je me remis en route vers la voie sacrée.

Les vents semblaient relativement calmes, parce qu'ils ne me perturbaient pas plus que cela. Je savais que les vents de ces vallées n'étaient pas toujours cléments et pouvaient parfois envoyer de violentes rafales poussiéreuses, aussi remerciais-je mentalement ces derniers de leurs confiances.

« -Je traverse les terres des esprits des vents et des sables, la paix au cœur, l'amour à l'âme, psalmodiais-je en marchant à un rythme soutenu.

Nulle ne sait ce que désirent le cœur de la rose que le vent caresse, nulle ne connaît les désires du sable et de la pierre qui frôlent leur frère libre.

Je connais pourtant vos mœurs et vos coutumes fils des brises du désert, car je suis fille de la Grande et amante du Monde.

Frère des vents, sœurs de terre et de poussières, je chante cette prière en votre honneur. Mon amour est ma voix et mon bonheur votre plaisir.

Par ce chant comprenez, amis de ce monde, l'honneur qui vous est dû et que je vous rends. »

Ce fut un bruit sourd et lointain qui fit cesser mes prières improvisées.

Alerte, Aura dirigea son regard vers le ciel, l'endroit d'où provenait ce brouhaha. Je sentais également que les divers esprits qui jusqu'ici m'avaient accompagnés, venaient de se dissiper à tout va dans tous les sens, fuyant cet immonde gêne sonore.

Suivant le regard d'Aura, ce que je vis me fit froid dans le dos.

Une sorte de tâche d'encre noir et démunie de toute vie trônait telle une menace sur l'immensité colorée du ciel.

La tâche noire semblait s'effondrait tel un oiseau en détresse au loin, tombant lentement en direction de l'ouest.

Puis, il y eut un grand bruit, je vis les divers flux énergétiques se saccadés irrégulièrement et de manière anarchiques, puis se calmer enfin et revenir à l'état originel harmonieux.

Regardant pensivement Aura, cette dernière resta silencieuse quelques instants avant d'étancher ma soif de curiosité :

« -…

-Un avion ? Qu'est-ce que c'est ?

-…

-Et ça permet aux humains de voler comme des oiseaux ? M'émerveillais-je. Incroyable !

-…

-Mais alors cela signifie qu'il y avait des gens à bords de cette machine ! M'inquiétais-je subitement.

-…

-Non, je n'ai vu aucun flux énergétique autres que celui de la machine. S'il y avait eu des personnes dans cet avion au moment de sa chute, je l'aurai vu.

-… »

Je frappais mes mains devant tant de logique :

« -Mais bien sûr Aura ! Ils ont dû quitter l'appareil pendant sa chute ! Alors ils ne doivent pas être trop loin !

-…

-Bien sûr que si cela nous concerne ! Et s'ils étaient blessés ? Non, je regrette. Mon devoir est d'aider mes frères et sœurs pas de les abandonner ! Aller viens ! »

Et sur ce, Aura et moi-même nous précipitâmes vers le lieu du crash.

Mais quelques minutes plus tard, une autre source d'énergie attira mon attention.

C'était l'énergie de la Puissante Créatrice. Je le reconnus immédiatement. Elle était sous sa forme originelle et brillait légèrement au loin.

Je regardai Aura dans les yeux et d'un commun accord, nous nous dirigeâmes vers cette bulle d'énergie qui disparut rapidement de notre champ de vision.

La terre sableuse était brulante sous nos pas, et les nuages de poussières qui se soulevaient témoignaient de la sécheresse de la terre.

Concentrée sur les divers flux perturbés par l'apparition de l'oiseau noir, je n'eux pas le reflexe de me fier à Aura et ne vis donc pas le précipice devant moi.

Aura fut la première à remarquer mon absence à ses côtés.

Je le vis se retourner en toute hâte et voler, inquiète, jusqu'à moi. Les courbes de son esprit vibraient avec intensité et je pouvais discerner les traits de son visage tirés à cause de l'inquiétude.

Heureusement pour moi, le précipice n'était pas bien haut. Une chute de un ou deux mètres tout au plus. Je m'en étais sortie avec seulement des égratignures et une cuisante douleur au fessier.

« -Aille, marmonnais-je à moi-même, on peut dire que je ne l'avais pas vu celui là.

-…

-Ils sont ici ? Demandais-je soudainement concentrée sur l'entourage. »

En effet.

Je pouvais discerner des formes et des courbes étrangères, laissant évader de leurs auras des fluides uniformes et étroitement liés entre eux.

Un groupe d'ami, ce fut la première pensée qui vint éclaircir le mystère des fluides liés.

Certains étaient plus liés que d'autres, mais tous étaient rattachés à un être en particulier.

Je le devinais assez grand, par rapport à ma taille, et une aura apaisante s'échappait de son esprit.

Ils ne semblaient pas dangereux…du moins à en juger par les divers courants énergétiques qui les habitaient et qui me permettaient de les identifier.

L'un d'eux s'avança vers moi. Les ondes de ses fluides étaient étirées presque tendues à l'extrême, la conséquence d'une haute méfiance à mon égard certainement.

Il était légèrement plus grand que moi et son aura brillait d'une chaleureuse lueur rougeâtre. Le rouge est la couleur passionnel des valeureux et des guerriers.

Ce garçon devait être un véritable combattant, se battant pour ce en quoi il croyait.

Il s'arrêta à quelques mètres de moi, portant une arme à sa main.

« -Qui es-tu ? Me demanda-t-il d'une voix menaçante. »

Je retins de justesse un frisson et tentai de me relever sans grands résultats. Voyant la naissance de ma détresse, Aura la timide, apparut courageusement entre l'individu et moi.

« -Une shaman ! S'étonna le garçon à l'aura rouge, est-ce toi qui a attaqué notre avion ? »

Ne comprenant pas trop de quoi il parlait, mais préférant éviter un combat inutile, je me redressais avec efforts et ôtai la poussière de mes vêtements.

Ceci fait, je me retournai vers le garçon qui n'avait toujours pas bougé et lui offrit mon plus beau sourire :

« -Aura, ils ne sont pas méchants, juste méfiants. Pas la peine d'intimider…

-…

-Tout va bien, répondis-je à ses larmoyantes inquiétudes. Je suis désolée, m'adressais-je au groupe. J'ignore ce qu'est une shaman, mais je sais ce qu'est un avion. Et non je ne l'ai pas attaqué. »

Bien qu'il ne fût pas rassuré, un coup d'œil vers un autre garçon, celui qui liait tous les flux entre eux, sembla lui suffire pour abaisser son arme.

« -Désolé, s'exclama le garçon en question, mon ami est assez méfiant dans son genre. Je suis Asakura Yoh, l'entendis-je se présenter.

-Enchantée, saluais-je. Je m'appelle…Mahana, et voici Aura, présentais-je.

-Voici Amidamaru, expliqua Yoh en montrant la forme fantomatique d'un samouraï à l'aura argenté, c'est mon esprit gardien. Le garçon qui t'a attaqué au début c'est Tao Ren. »

Ce dernier grogna légèrement dans sa barbe, mais cela ne m'empêcha pas de le saluer sourire aux lèvres, yeux fermés.

« -Son fantôme gardien s'appelle Bason, poursuivit Yoh. Le garçon aux cheveux bleu là-bas, c'est HoroHoro.

-Salut à toi charmante créature, fit le dénommé HoroHoro. Permets-moi de te présenter mon fantôme Kororo.

-Enchantée HoroHoro-sama et de même Kororo-sama.

-Tu peux m'appeler Horo si tu veux, fit ce dernier en se grattant joyeusement la tête.

-Et moi je m'appelle Ryu, Bokuto no Ryo, s'exclama un grand énergumène dont l'aura rosée flambait agréablement. Et voici mon fantôme gardien Tokagero. »

Ce dernier apparut.

L'aura qui se dégageait était légèrement rose comme celle de son ami.

Pourtant, en dépit des différentes couleurs qui désignaient parfaitement leurs caractères, ils m'apparaissaient tous comme…exceptionnel.

Des humains j'en avais vu plein. Leurs auras baignaient le monde de magnifiques couleurs, tantôt sombre, tantôt pastel. Les humains avaient les couleurs les plus brillantes mais ce que j'aimais le plus, c'était les diverses formes qu'adoptaient leurs auras.

Certaines vibraient, d'autres glissaient, d'autres encore semblaient danser. Les auras des humains étaient particulières car elles pouvaient se lier, se défaire, rester, changer, tellement de fois.

Leur liaison créait de magnifique tableau de formes et de teintes différentes. Cela me faisait découvrir un monde magnifique et beau.

Secouant la tête pour revenir à mon cas, je m'approchais légèrement du dénommé Yoh, celui dont l'aura bleutée apaisait mon esprit dans une sérénité presque volatile.

« -L'un d'entre vous a mentionné tout à l'heure le mot de shaman, commençais-je les yeux toujours fermé avec un sourire aux lèvres. Je suis pleine de curiosité. Qu'est-ce qu'un shaman ?

-…

-Hé ! Aura tu le savais ? M'écriais-je surprise.

-Un shaman est une personne qui relie ce monde au monde des esprits. Seuls les shamans et quelques humains d'exception peuvent voir les esprits et interagir avec, m'informa Yoh d'une voix légère.

-Incroyable tu es une shaman et tu ne sais même pas ce que c'est ? Demanda le garçon à l'aura rouge…Ren je crois.

-Ah, vous les appeler Shamans je vois, soufflais-je lucide. Et puis-je savoir ce que des shamans font perdus en plein milieu du désert ?

-On pourrait te retourner la question, mademoiselle je sors de nulle part avec son air innocent, rétorqua Ren guère contente.

-Ren, réprimanda Ryu, ce n'est pas une façon correcte de s'adresser à une demoiselle !

-Peut être que vous autres imbéciles aveugles êtes trop niais, mais moi je ne suis pas stupide. Je n'ai pas confiance en cette Mahana ! S'exclama le garçon. »

Sur ce, il se détourna de la conversation et attira son attention ailleurs. Mais je sentais quand même que son aura toute entière était dressée vers moi, me surveillant de prêt.

« -Je peux vous répondre si vous voulez, tentais-je. Je suis à la recherche de la Voie Sacrée.

-La Voie Sacrée ? Se demanda Horohoro.

-Oui, hochais-je la tête. En fait, j'ignore tout de ce que je suis ou fus. Mes derniers souvenirs remontent il y a environ un mois.

Tout ce que je sais, c'est que je dois marcher sur la Voie Sacrée et le trouver.

-Trouver quoi ? S'enquit Yoh concentré.

-Je ne sais pas, soupirais-je en souriant, la voix de la Puissante Créatrice résonne dans ma tête. Elle me dit de le trouver. De marcher sur la Voie Sacrée et de le trouver.

-Ho…c'est embêtant, marmonna Ryu, peut être s'agit-il de ta mémoire ?

-Je ne sais pas, j'ai donc marché longtemps, attirée par quelques choses au loin. Puis un jour, un étrange monsieur est venu et m'a demandé de choisir entre la vie et la mort ! »

Ils se concertèrent du regard pendant deux secondes, semblant savoir de quoi il en retournait. Le dénommé Ren détourna subitement les yeux de son occupation et revint vers nous, curieux de connaître la suite.

« -Cela devait être un membre du conseil du Shaman Fight, fit Yoh.

-Le Shaman Fight ? Questionnais-je en sentant Aura surveiller Ren, alerte.

-Le Shaman Fight est un tournoi organisé tous les 500 ans pour élire le Roi des Shamans, celui qui obtiendra le Great Spirit, poursuivit Yoh.

-Le Great Spirit… »

Je sentis Aura revenir vers moi. L'esprit guère apaisé, elle scrutait les moindres mouvements du groupe, retenant une particulière attention aux armes qu'ils portaient.

« -Le Great Spirit, c'est le Roi des Esprits, tenta d'expliquer Yoh. C'est l'esprit le plus puissant du monde, on dit que tous les esprits viennent de lui et reviendront à lui. Quiconque possède le Great Spirit voit ses rêves se réaliser. »

J'hochai la tête pensivement, assimilant lentement cette vague subite d'informations. Ce Great Spirit me rappelait étrangement quelque chose, mais je n'arrivais pas à mettre la main dessus. Pourtant il le fallait, mais pas moyen de m'en souvenir.

« -Je comprends, et pourquoi alors ce monsieur m'a-t-il demandé de lui porter un coup ? M'enquis-je en me souvenant de l'épreuve que ce fut.

-Afin de tester ta force, répondit Ren l'esprit plus calme. As-tu réussi à lui porter un coup ? »

J'hochai fermement la tête.

En fait, j'ignorais encore comment j'avais fais. Mais un instant son aura brûlait d'une combattivité intense, et la seconde d'après, je m'étais retrouvée au-dessus de lui.

Il était allongé par terre et demeurait surpris. Je n'avais pas compris ce qu'il s'était produit.

Plus tard, je compris, après d'amples explications de Sylphe, qu'elle s'était chargé de répondre à sa volonté et avait porté un puissant coup afin de répondre à ses attentes.

« -Il m'a donné une espèce de machine bizarre qui sonnait parfois, soupirais-je.

-Et tu ne l'as pas regardé ? S'écria Ren complètement sidéré.

-Doucement Ren, le calma Yoh. As-tu eu à combattre après ces sonneries ? »

Vu la manière avec laquelle il me posait des questions, je pouvais en conclure qu'il avait eut ce genre de traitement lui aussi.

En effet durant ce mois de convalescence, et après l'apparition de l'étrange monsieur, la machine avait sonné à trois reprises et à chaque fois des personnes que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam m'avaient lancé un défis.

« -Oui, soupirais-je légèrement attristée. Je ne comprenais pas pourquoi ils me voulaient du mal. Je me suis dis que peut être j'avais fais quelques choses d'horrible avant. Comme je ne me souvenais de rien…

-Et que c'est-il passé alors ? Demanda Ryu attentif.

-Je ne sais pas, souriais-je. »

J'entendis des bruits sourds, comme des chutes de corps, ainsi que quelques froissements de tissus.

« -Je sais juste qu'à chaque fois, ils n'étaient plus là à mon réveil.

-Tu n'es pas croyable comme fille ! S'exclama Horohoro.

-Heu les gars, interrompit Yoh. »

Tous se tournèrent vers lui. Je lui offris une tête penchée en guise d'attention.

« -Amidamaru est revenu. »

En effet, pendant que nous discutions de la raison de ma présence, le fantôme avait disparut. Et je ne l'avais même pas remarqué. Le groupe reporta son attention sur le fantôme du samouraï qui semblait nerveux, à en juger par les vibrations de son aura.

« -J'ai vérifié les environs et j'ai trouvé un village, raconta-t-il. Seulement…le village est à une journée de marche.

-Comment !!!! S'écria Horohoro.

-Elle est loin, soupira Ryu lui aussi découragée.

-Bah, je crois qu'il va falloir aller là-bas, fit Yoh toujours aussi calme.

-Mais une journée de marche !

-Et après ! Intervint Ren, de toute façon on n'a pas le choix. On ne sait rien du village et on a besoin d'eau et de nourriture pour continuer. Se plaindre ne servira qu'à te fatiguer davantage.

-Si c'est comme ça que vous voyez la situation, soupira Horohoro la mine défaitiste. »

Ils commencèrent à rassembler leurs affaires sans même m'accorder davantage d'intérêt. Comprenant qu'ils allaient reprendre leur voyage, et qu'aucun d'entre eux n'étaient blessés, je commençais à reprendre mon propre chemin, Aura devant moi.

Ce fut la voix de Yoh qui m'arrêta :

« -Où tu vas Mahana ? Demanda-t-il.

-Je dois aller sur la Voie Sacrée, expliquais-je encore une fois. Et puis, je n'étais venue que parce que j'étais inquiète qu'il y ait des blessés…

-Tu es une shaman. Et si j'ai bien compris, tu dois te rendre au village Pache dans moins de trois mois, comme nous, remarqua Yoh. Pourquoi ne pas venir avec nous ?

-Sur ce coup Yoh a raison, ajouta Horohoro. Voyager toute seule dans un désert n'est pas très prudent…

-Je ne suis pas seule, répondis-je en adressant un tendre sourire. J'ai Aura et Sylphe. Et puis, je n'ai rien à craindre. Je suis sous la protection de la Puissante Créatrice.

-La Puissante Créatrice ? Reprit Ryu. Qui est-ce ?

-La divinité de mon peuple, résumais-je en reprenant mon sac. C'est elle qui guide mes pas.

-Mais et le Shaman Fight ? Demanda Horohoro.

-Je n'avais à l'origine aucune intention d'y participer. J'ignore encore de quoi il en retourne. Je sais juste que je dois suivre le chemin qui m'a été tracé.

-Dans ce cas nous n'avons qu'à faire un petit bout de chemin ensemble, proposa Yoh. Et le jour où nos chemins se sépareront, nous partirons chacun de notre côté. Ca te va ? »

Je me retournai et ouvris les yeux pour mieux voir la réaction d'Aura. Elle me souriait tendrement, comme à chaque fois qu'elle était persuadée que quelque chose de bien allait m'arriver si je faisais ce choix.

Je lui rendis son sourire et hochai pensivement le menton avant de refermer les yeux et de me retourner :

« -Cela nous convient.

-Super ! S'exclama Ryu et Horohoro ensemble. »

Et sur cette nouvelle joie, nous reprîmes la route ensemble. J'ignorais si j'avais trouvé ce que la Déesse m'avait demandé de chercher, mais en tout cas j'étais relativement heureuse de baigner mon esprit parmi ses auras chatoyantes et colorées.

Cette petite promenade se transforma bientôt en une longue et difficile marche. La chaleur du soleil, aidé par l'environnement typiquement sec et découvert, nous faisait ralentir. Le terrain accidenté et glissant par certains endroits, nous empêchait de poursuivre la route, nous obligeant à prendre des détours plus long.

Bien qu'au début, une ambiance relativement amicale trônait dans l'assemblée, elle fut vite remplacée par le silence induit de la fatigue. L'épuisement mental ainsi que physique coutant toujours plus qu'un bon bavardage, et la nécessité de faire quelques économies d'énergie étant primordiale, j'accueillais le silence sans anxiété ni gêne.

Moi-même n'étant guère très sportive, j'avais du mal à suivre le rythme imposé. Mais les longues journées passées à traverser vallées et forêts m'avaient endurcies plus que jamais.

Et puis c'était sans compter l'aide de Sylphe et d'Aura qui toutes deux m'évitaient parfois un gros rocher ou une plaque glissante au sol.

Au bout de ce qui m'apparut comme étant une éternité, Horohoro craqua et se laissa tomber au sol, le corps dégoulinant de sueur.

« -J'en peux plus, fit-il d'une faible voix de martyr.

-Courage, le rassura Yoh, nous ne sommes plus très loin.

-Sais-tu ce que signifie la phrase « une journée de marche » ! Le rabroua Horohoro. On n'a même pas fait la moitié ! »

Je sentis une légère modification dans les effluves venteux. En effet, les vents avaient changés. Ils étaient plus…humides.

Relevant légèrement la tête, je sentis dans l'air la différence de température et d'humidité. La terre aussi, à mes pieds, étaient différentes. Les fluides secs et dépourvus de couleurs froides s'ombrageaient d'une teinte légèrement verdâtre, presque bleuté.

Souriant, je compris ce que Yoh avait en tête :

« -Je vois, fis-je enfin attirant l'attention de tous. Nous approchons d'une Oasis.

-Gagné, ricana Yoh.

-Une Oasis ! S'écria Horohoro.

-Quand as-tu…, commença Ren en regardant Yoh. »

Il ne termina pas sa phrase, plongeant dans les méandres de ses pensées. Pour ma part, j'aidais Horohoro à se relever.

« -Je sens qu'elle n'est plus très loin, assurais-je à Yoh.

-Voila un mystère qu'il faudra que tu éclaircis, proposa Yoh en se grattant la joue, tout sourire aux lèvres. »

Et sur cette bonne nouvelle, nous prîmes le chemin de l'humidité et d'une promesse de détente.

Quelques minutes plus tard et après avoir grimper une colline plutôt encombrante, nous atteignîmes enfin l'Oasis.

Les garçons se jetèrent littéralement dessus. Je fus la première à boire son contenu, avant que Ryu ne s'y glisse discrètement en caleçon.

Souriante, je retournais sur la rive après avoir rafraichi mes membres engourdis. Adressant une légère prière aux esprits de l'oasis, je finis par m'allonger sur la berge et me détendre, me délectant des couleurs éphémères et ondoyantes que m'offrait le ciel.

J'entendis quelqu'un s'assoir à mes côtés et tandis que mon corps se détendait subitement, je me surpris à sourire de l'accoutumance rapide que j'avais obtenu à l'égard du groupe.

Je n'étais pourtant pas le genre à m'adapter facilement et socialement avec autrui. Ces gens étaient vraiment différents des autres. Etait-ce parce qu'ils étaient shamans ?

Yoh s'allongea lui aussi, à côté de moi.

Son regard devait être lui aussi dirigé vers le ciel, puisque je ne le sentais nullement sur moi.

Il resta silencieux quelques secondes, appréciant le paysage puis se décida finalement à lancer la conversation :

« -Je suis désolé pour tout à l'heure, fit-il d'une voix apaisante et fluette.

-Pour ? Demandais-je légèrement surprise.

-Quand Ren t'a grondé parce que tu n'avais jamais regardé ta cloche oracle.

-Oh, ne t'en fais pas, je ne l'ai pas mal pris. Et puis, tu dois être le seul ici à avoir remarqué.

-As-tu toujours été…

-Aveugle ? »

Ma question sembla en ébranlé plus d'un car les chamailleries de ses compagnons s'arrêtèrent subitement. Je sentis leurs regards surpris sur moi, attendant une réponse à leurs muettes questions.

« -Oui, précisa Yoh en soupirant.

-Je ne le suis pas…totalement, expliquais-je. Je ne vois pas la même chose c'est tout.

-Ah… pourquoi gardes-tu tes yeux fermés dans ce cas ? S'enquit Yoh. »

Je savais que les autres écoutaient malgré leurs occupations physiques. J'adressai un sourire au ciel avant de continuer :

« -Je peux me diriger les yeux fermés, expliquais-je. J'ai appris à les fermer en présence de personne parce que…en règle générale ça les dérange.

Ce qui est tout simplement stupide parce que, à part la couleur, ils restent des yeux.

-Je peux voir moi ? Demanda Yoh soudainement excité.

-Bien sûr. »

Je me redressai et cherchai en tâtant son visage, histoire de l'avoir bien en face. Il me laissa toucher son menton, puis sa mâchoire.

Quand je fus certaine, j'ouvris lentement les yeux et les dirigeaient vers ce que j'avais calculé comme étant les siens.

Visiblement j'avais raté, je devais regarder autre chose car il me fit redresser légèrement la tête. Il était plutôt difficile de rester focaliser sur un objet particulier, surtout quand on identifie les personnes qu'avec des formes changeantes et des fluides de couleurs.

« -Blancs, murmura Ren.

-Ouah, tes yeux ils sont tout blancs, poursuivit Horohoro en revenant.

-Jolie…, souffla Yoh.»

Je les refermai aussitôt, sentant une pointe d'inquiétude naître dans mon estomac. Pourtant, je remarquai avec soulagement, qu'aucune de leur aura n'avait changé subitement. Aucune ne tremblait ou vibrait ou même se tendait. Elles restaient identiques.

Ce qui signifiait qu'ils l'avaient accepté d'une façon plutôt agréable…pour moi.

« -Merci, fis-je en brisant le silence. »

Aucun d'eux ne répondit. Ils se remirent debout et attendirent que j'en fasse autant.

Nous reprîmes finalement la marche, les gourdes pleines, le cœur léger.

Moi aussi j'étais contente.

Pour la première fois depuis un mois, je me sentais protégée et entourée. Aura trembla légèrement à mes côtés en captant mes pensées.

Je la rassurai d'une discrète caresse.

« Tu es et resteras pour toujours ma meilleure amie, Aura. »