"Les Dalton, vous êtes d'une incorrigibilitude infernale!" s'emportait le directeur Peabody devant les quatre plus célèbres bandits de l'Ouest. "C'est la 38ème tentative d'évasion cette semaine!"

"Et on n'est que mardi." Fit remarquer Pete.

"Vous cherchez donc la peine à perpétuitude?"

"Pardon, mais 728 ans chacun, c'est largement suffisant non?" Rappela Emmett.

"On aurait pu s'échapper facilement si cet abruti n'avait pas tout fait foirer!" Joe accusa son benjamin.

"N'importe quoi. T'es juste pas assez intelligent pour avoir un plan qui fonctionne." Répliqua Averell en croisant les bras.

"Tu t'fiches de moi? C'est toi qui est sorti de la caravane pour dire bonjour à un bison!"

"Et on a bien compris que les bisons, ça comprend pas notre langue." Ajouta Jack d'un ton aigre.

"Une fois sur deux on se fait choper à cause de toi!" s'énerva Joe. "Des fois, j'me demande même si tu ne le fais pas exprès!"

"Même pas vrai!"

"Attendez, j'ai fait des statistiques." William sortit un calepin de sa poche.

"Depuis quand t'as ça, toi?" Demanda Joe. "Ça sert à quoi d'abord?"

"Bah à trouver la meilleure façon de s'évader, tiens." Répondit fièrement William.

"Et tu pouvais pas nous montrer ça plus tôt, idiot?"

"Je l'aurais bien fait s'il ne fallait pas suivre tes plans à toi tout le temps."

L'aîné Dalton se retint d'en mettre une à son frère, soupira et poursuivit:

"Et qu'est-ce que ça raconte ton machin?"

"Alors, d'après mes calculs, ce qui fait échouer nos évasions c'est… Averell à 99,9%." Déduit William d'un air dépité alors que le premier concerné tiqua à l'écoute de son prénom.

"Ah! Qu'est-ce que je disais?" Railla Joe.

"Hein? C'est même pas un vrai chiffre! Tu sais pas calculer William!" Se vexa Averell.

"Eh, qui a eu un 10/10 au devoir de maths la semaine dernière?"

"Je confirme! William est le premier de sa classe en cours de maths." Ajouta Miss Betty avec un grand sourire. "En cours de chimie aussi. Et d'histoire. Et... de français. Et… et de tous les autres cours en fait." réalisa-t-elle.

"Oui oui, c'est un génie, il est fort, il est beau… bref! Ça confirme juste ce dont j'me doute depuis un moment." Grogna Joe.

"C'est quoi, Joe?" Demanda Jack.

"Que cette grande asperge est aussi un gros boulet!" S'écria le petit bagnard colérique en montrant ladite asperge. "Y'a aucune chance de s'évader avec cette andouille dans les pattes!"

"Ah ouais? Ben moi je pourrais très bien m'évader tout seul!" Affirma Averell. "Et sans avoir besoin de tes plans idiots!"

"Ha! J'aimerais voir ça! Et comment tu comptes t'y prendre, monsieur l'émancipé?" Ricana Joe.

"Miss Betty m'a dit que je serais dehors depuis longtemps si je restais pas avec vous!"

Tous se tournèrent vers l'assistante du directeur.

"Vous avez dit ça, Miss Betty?" S'étonna Peabody.

"Euh… oui, en effet." Bégaya-t-elle en rougissant. "Mais c'est simplement la vérité, monsieur le directeur. A part les quelques vols de nourriture à la cantine, Averell a un comportement exemplaire. Surtout comparé au reste des détenus. Souvenez-vous quand il nous a aidé à refaire la décoration du pénitencier ou quand il a été le seul à réussir son examen de pompier. S'il ne suivait pas ses frères, il aurait facilement une remise de peine."

"Oui, pas faux." Reconnut le directeur.

"Ou même une amnistie!" S'exclama Miss Betty devant le regard incrédule des Dalton.

"Euh dites, ça vous fait rien de dire tout ça juste devant nous?" se défendit Jack.

"Ouais, on est encore là!" s'indigna William.

"Ça se fait pas de séparer un Dalton de ses frères, pas vrai Joe?" Estima Jack.

Son aîné ne répondit rien.

"Joe?" insista-t-il.

"'Joe', 'Joe', toujours 'Joe'! Et moi? Et si moi j'ai envie de faire comme a dit Miss Betty? Si moi j'ai envie d'avoir une 'mnistie'?" S'emporta Averell.

"Bonne idée! Ecoute môman Betty, ça nous fera de l'air!" explosa le petit roquet à rayures.

"Joe, t'es malade!" lui reprocha Jack.

"Tu peux pas chasser notre petit frère comme ça!" Ajouta William.

"Et pourquoi pas? C'est qui le chef ici?" vociféra un Joe rouge de colère.

"Dans ce bureau, certainement pas vous, Joe Dalton!" se leva Peabody.

"T'es pas un chef, Joe! T'es qu'un petit excité tyrannique avec un énorme complexe d'infériorité!" Répliqua Averell.

Tous restèrent bouche bée.

"Averell, c'est...c'est toi qui vient de parler?" demanda un Jack choqué.

Une certaine assistante rousse tenta de se faire toute petite.

"C'est… c'est Miss Betty qui me l'a dit! Et… eh ben elle a raison!" affirma le dernier des Dalton.

Tous, exceptés Joe et Averell qui se toisaient, la regardèrent à nouveau.

"Ben t'as qu'à rester avec elle puisque vous vous entendez si bien!" incita l'aîné.

"Assez, Joe!" prévint le directeur qui en avait effectivement assez qu'on oublie sa présence dans son propre bureau. "Pete! Emmett! Ramenez cet enragé dans sa cellule!"

"Ben j'vais peut-être le faire!" se défendit Averell avec une voix plus hésitante.

"Averell, vous devriez vous calmer." conseilla Miss Betty qui se sentait un peu coupable de cette altercation et un peu vexée qu'on ne lui demande pas son avis.

"Vas-y! J'te retiens pas!" hurla Joe alors que les deux gardes essayaient tant bien que mal de le faire tenir en place. "Sans toi, on sera au Mexique d'ici demain!"

"Allez Joe. On va gentiment rentrer dans sa petite cellule." se moqua Pete.

"Épouse-la si ça t'chante!" rugit le petit prisonnier.

"J'veux plus te voir, Joe!" s'écria Averell en s'essuyant les yeux.

"Et moi j'ai jamais pu t'voir en peinture! Ha ha! Vous avez entendu, les gars? J'fais des jeux de mots, maintenant!" éclata Joe d'un rire gras. "Eh ben, vous riez pas?" s'impatienta-t-il.

"Euh Joe, toi aussi, tu devrais te calmer." bégaya William qui ne trouvait pas si drôle d'utiliser la plus grande passion de leur frère pour le rabaisser.

"Mais pourquoi me calmer puisque j'suis un excité? Hein?" s'emporta Joe. "Vas-y! Reste avec ta petite copine, imbécile! J'suis peut-être pas encore évadé, mais rien que le fait de n'plus trimballer un boulet comme toi, c'est déjà une grande libération!" S'époumona-t-il avant de sortir, porté par Pete et Emmett.