Il n'y avait en ce monde de chose plus exquise que Laura Dumont et son sourire vermeille.

Je l'ai vue pour la première fois un matin d'octobre, je crois. Elle marchait de cette démarche que les femmes ont parfois, celle qui peut rendre fou un homme.

Oh! elle m'a rendu fou, je peux vous le dire.

Très coquette, elle ne s'habillait que de rouge et de blanc, quel que soit le temps. En été, une petite robe et des escarpins lui suffisaient la plupart du temps. En hiver, elle portait un trench-coat et des bottines, une écharpe démesurément longue enroulée autour du cou. Ses longs cheveux châtain volaient au vent en automne et ses yeux noisettes riaient au printemps, alors qu'elle dansait joyeusement sous les feuilles, insouciante.

Laura, je ne la voyais que deux fois par jour : une fois le matin, lorsqu'elle se rendait à son travail -elle était banquière- et le soir, lorsqu'elle en revenait. Je la suivait toujours du regard, tout le temps où elle passait devant moi. Mais je n'ai jamais pu l'approcher.

Pourtant, à Laura, j'aurais pu lui chanter des chansons d'amour, j'aurais pu l'embrasser sur les mains, sur les joues, dans le cou et partout ailleurs. J'aurais pu lui offrir des bijoux, des voyages, tout l'or du monde, et même la lune, si elle l'avait voulu. Mais je n'en ai jamais rien fait, j'en étais incapable.

Alors tous les matins et tous les soirs, j'attendais impatiemment de voir Laura Dumont passer devant moi sans qu'elle ne me voie -moi, absolument invisible sur la grande place. Pour elle, je n'avais jamais été qu'un élément du décor, ses yeux n'avaient jamais accroché mon regard.

Mais un soir, elle n'a plus été seule. Il y avait un homme avec elle. Grand et beau, bien habillé, souriant et habile en parole, un homme rêvé. Et elle riait, pendue à son bras, heureuse.

Elle ne me voyait toujours pas.

Si j'avais eu un cœur, il se serait brisé ce soir là. Mais les statues n'ont pas de cœurs, tout le monde sait ça.


J'ai beaucoup hésité avant de poster cette petite nouvelle... Il faut avouer que je manque pas mal de confiance en moi, et que je juge rarement mes écrits comme étant suffisamment bien pour être partagés.

Mais il faut savoir prendre des risques, alors voilà. N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce premier essai.

Je m'excuse à l'avance pour les fautes, toute aide est accueillie avec joie et gratitude!

Merci d'avoir lu,

Helios.