Titre: A New Era (The End of an Era 2)
Spoiler : aucun si ce n'est de ma 1ere fic The End of an Era et je ne tiens en aucun compte de la saison 3
Catégorie : drame, romance
Auteur : lenaJ
Avertissement :Rated M. Cette fic n'est pas tout public à cause de certaines parties osées.
Disclaimer : Les personnages de la série ne m'appartiennent pas, sont la propriété de la BBC, je n'obtiens aucun profit, à des fins de divertissement et non lucratives, blabla…
Note : Comme vous l'avez compris, cette fanfiction est la suite de ma fic intitulée : The End of An Era.
Je l'ai écrite entre juin et septembre 2008.
C'est la 2e fic que j'écris et j'avoue en être plus fière que la précédente. J'ai pris de l'assurance et me suis lâchée mdr.
J'ai introduit un nouveau personnage original, Kate (qui n'a rien à voir avec celle de la saison 3 et j'ai écrit cette fic avant de savoir qu'il y aurait une Kate ou même une Isabella dans cette saison). J'espère qu'elle vous plaira et vous fera autant rire qu'elle m'a fait rire.
Donc pour celles et ceux qui n'ont pas lu ma précédente fic, je resitue le contexte dans lequel commence cette nouvelle fic :
Les outlaws ont réussi à ramener le roi en Angleterre, qui a destitué Vasey et mis Allan à sa place de shérif.
Il a rendu ses terres à Robin et Much qu'il a anobli.
Will et Djaq vivent à Locksley à exercer le métier pour lesquels ils sont doués. Djaq et le meilleur médecin de toute la région, si ce n'est du pays. Et ils vont se marier.
Much à retrouver Eve et va aussi se marier.
Petit Jean s'est rapproché d'Alice et John pour passer du temps avec son fils.
Et Robin et Marian vivent heureux à Locksley avec leur fils Matthew et le 2e est en route.
Je veux aussi prévenir que Robin et Marian ne seront dans cette fic que des personnages secondaires car ils ont eu leur happy end et j'aurai du mal a relater une vie tranquille et pépère qui pour moi serait sans intérêts.
Mais ne partez pas, je vous promets une histoire riche en rebondissements et tout aussi palpitante voire plus.
J'espère que cette histoire vous plaira.
Et je n'ai plus qu'à vous dire : enjoy !
Et merci à ceux qui prendront le temps de lire cette histoire jusqu'au bout.
Bonne lecture.
Les reviews sont les bienvenues.
Merci.
PS : Il y a 46 chapitres que j'ai découpé en 4 parties.
1. Home sweet home
Kate inspira le bon air frais de l'Angleterre. Son Angleterre qu'elle n'avait pas revue depuis maintenant presque 10 ans. Elle eu un pincement au cœur…enfin elle rentrait chez elle, ce pays qui l'avait vu naitre il y a 23 ans.
- Il faut reprendre la route Milady ! lui dit le cocher de la voiture qu'elle avait louée à son arrivée à Portsmouth. Le jour va bientôt tomber ! Je propose de s'arrêter à Nottingham pour la nuit c'est plus prudent. Nous terminerons le voyage demain matin.
Elle acquiesça et remonta à l'intérieur. Elle était exténuée du voyage et dormir le plus tôt possible était son seul désir.
Elle passa les heures suivantes à regarder le paysage verdoyant du Nottinghamshire qui défilait sous ses yeux. Non… en fait, elle ne voyait rien. Elle pensait à ce qu'elle venait de quitter, son passé, ses angoisses et un frisson le long de la colonne vertébral la fit revenir à la réalité. Cette réalité qu'elle avait ardemment souhaité toutes ces années. Le passé est le passé ! se dit-elle. Oublie ! Une nouvelle vie s'offre à toi à présent.
C'est alors qu'elle vit le château imposant au loin. Ce château qu'elle avait bien connu et qui lui rappelaient des souvenirs d'enfance : période où elle était encore insouciante et naïve et pas encore meurtrie par la cruauté de la vie. Cette enfance qui, elle se rendit compte, lui avait apportée les seuls moments heureux de son existence.
La ville commençait à devenir paisible à cette heure tardive.
La voiture s'arrêta devant l'auberge et elle en descendit.
Elle poussa la lourde porte en bois et vit un petit homme trapu derrière le comptoir mal éclairé.
- Bonsoir ! J'aimerai deux chambres pour la nuit pour moi et mon cocher s'il vous plait.
L'homme ne lui répondit pas directement et s'adressa en hurlant à une jeune femme derrière elle qu'elle n'avait pas remarquée en entrant et qui nettoyait le sol.
- Louise ! Va préparer deux chambres pour ces messieurs dames.
La jeune femme stoppa aussitôt sa tache et disparu dans une pièce adjacente.
- Je suis désolée mais il va falloir attendre que ma fille ait fait les chambres !
Kate aurait aimé disposer de sa chambre tout de suite mais ne le montra pas. Elle posa 3 pièces sur le comptoir et fit un sourire polie à l'hôte en face d'elle.
- Pas de problème on va attendre !
Et elle sortit pour se diriger vers l'étable où Daniel le cocher s'occupait des chevaux.
- Il faut attendre pour les chambres ! lui dit-elle. Je vais faire un tour dans la ville. Vous avez votre soirée Daniel.
- Merci milady ! lui dit-il en se penchant en guise de révérence respectueuse. Mais soyez prudente ! Il va bientôt faire nuit et une femme seule dans les rues peut être la cible de malfrats.
Elle eut un petit rire cristallin devant la gentillesse maladroite de cet homme.
- Ne vous en faite pas Daniel ! Je connais cette ville presque comme ma poche. Et puis je suis une grande fille ! Bonne soirée ! termina-t-elle la conversation.
Et elle quitta l'étable et sa forte odeur.
La plupart des étales étaient vide et les retardataires finissaient de ranger leur marchandise pour la nuit.
Elle se revoyait, enfant, courant dans les rues et se faisant réprimander par les passants qu'elle bousculait. Elle sourit à ce souvenir et arriva aux portes du château sans même s'en rendre compte.
Elle leva la tête et essaya de distinguer son sommet sans fin quand un vacarme la fit sursauter.
Les portes venaient de s'ouvrir à toute volée et des dizaines de gardes en sortirent, visiblement pressés. Elle se fit bousculer par toute cette horde d'hommes en armure et un homme en cuir la fit tomber et continua son chemin sans même se retourner. Il était visiblement leur chef puisqu'il cria des ordres avant de monter sur son cheval et de partir au galop.
- Ahh les hommes vous êtes tous les mêmes ! Vous vous croyez au dessus de tout !
Mais elle ne parla qu'à une vague de poussière qui la fit toussoter et quand elle se dissipa, les cavaliers étaient déjà loin.
- Attendez je vais vous aidez à vous relever mademoiselle…Merci bien monsieur…Vous allez bien ?…Oui je crois, vous êtes aimable ! dit-elle en monologue, en se relevant et nettoyant la poussière sur sa robe, exaspérée et excédée par cette homme qui l'avait bousculé et qui visiblement ne s'en était même pas rendu compte.
-Mais où va la noblesse ? se demanda-t-elle à voix haute en secouant la tête, avant de retourner à l'auberge. Une bonne nuit de sommeil ne pouvait lui faire que tu bien.
2. Joyeuses retrouvailles
Kate se réveilla assez tard le lendemain. Elle avait besoin de ce sommeil réparateur et elle se sentait maintenant revigorée et en même temps apaisée. L'air de l'Angleterre peut-être ? Elle se prépara à la hâte et pris un petit déjeuner rapide. Il ne lui restait plus beaucoup de route mais elle était pressée d'arriver à destination.
Le trajet ne fut en effet pas long et elle arriva à Locksley en fin de matinée. Le village n'avait pas beaucoup changé de ce qu'elle s'en souvenait, mais elle y percevait de la sérénité et de la joie.
Elle arriva jusqu'au manoir et descendit de la voiture. Des enfants se courant après manquèrent de la bousculer. Elle s'approcha de la porte qui était ouverte et osa un regard à l'intérieur avant de frapper.
Une femme, assise dans un fauteuil, berçait un enfant. Elle reconnu Marian. Etrangement, elle ne fut aucunement surprise de la voir ici à Locksley.
Enfin elle frappa et la jeune maman releva la tête vers elle. Elle s'aventura sur le palier sans y avoir été invitée.
- Bonjour Marian !
La jeune femme plissa les yeux. Elle semblait réfléchir ; certainement à son identité car visiblement elle ne l'avait pas reconnu.
- C'est moi Kate ! Kate de Ruddington !
- Kate ? Oh mon dieu !
Marian se reprit de sa surprise et se leva.
- Mais ne reste pas là entre !
Kate lui fit un sourire jovial et sincère et les deux jeunes femmes s'enlacèrent.
- Oh mon dieu Kate de Ruddington ! Mais que fais-tu ici ?
- Et bien tu vois je suis revenue ! Enfin ! dit-elle d'un sourire triste.
- C'est si moche que ça la France ?
- Non mais c'est bon de rentrer au pays ! Mais qui est cet adorable bout de chou ? lui demanda-t-elle en caressant la joue du bébé, toujours dans les bras de sa mère à sucer son pouce.
- C'est mon fils Matthew !
- Matthew ? J'en déduis que c'est aussi celui de mon cher cousin ! dit-elle dans un sourire équivoque car elle avait déjà tout deviné à la vue de Marian ici avec un bébé dans les bras…. Voilà une belle surprise que j'ai pour mon retour !
Elle regarda encore le garçon puis sa mère pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
- Je n'en revient pas ! Je suis si contente pour vous ! A l'époque on savait déjà tous que vous finiriez mariés tous les deux. Je me souviens même que mon père me demandait de vous surveiller ! Il n'avait pas confiance en son neveu ! dit-elle explicite, en riant ce qui fit rire Marian aussi par cette anecdote.
- Mais assis-toi ! lui dit-elle en montrant le fauteuil qui se trouvait en face de celui qu'elle venait de quitter. Kate obéit et Marian s'assit aussi après avoir poser Matthew, qui se débattait, par terre.
- Il commence à marcher et il veut tout découvrir. Je suis obligée de le surveiller constamment et je dois avouer qu'il me fatigue.
- C'est vrai que le surveiller en plus de Robin, tu dois être exténuée ! dit-elle en riant.
- Oui ça c'est sûre !
- Il est magnifique ton fils ! Il a la chance de ne pas ressembler à son affreux père !
Marian fit des gros yeux feintés puis s'esclaffa. C'est incroyable comme la présence de Kate avait pu, en quelques minutes, la ramener aux bonnes joies de l'enfance.
- Mais au fait où est-il ton mari ?
- Oh tu le connais il ne peut pas rester à rien faire ! Il s'ennuyait alors il est parti chasser quelques pauvres lapins je pense !
- Ou étrangler les malheureuses poules du pauvre Blidworth ! ricana Kate.
- C'est vrai que c'était un sale gosse ! se remémora Marian en rigolant. Alors dit-moi, qu'est-ce que tu deviens ?
- Oh rien d'extraordinaire ! J'ai fais mes classes à la cour de France comme convenue auprès de la reine Isabelle de Hainaut et après sa mort je suis partie en Normandie. Mais maintenant qu'elle n'est plus anglaise je me suis dit que c'était l'occasion de rentrer !
La lueur triste et apeurée dans ses yeux fit sentir à Marian qu'elle ne lui disait pas tout. Fuyait-elle quelque chose ? Elle préféra ne pas lui demander.
Mais elle aurait de toute façon été interrompue par l'arrivée de Robin qui se précipita pour prendre son fils sans ses bras après s'être déchargé de son tableau de chasse et qui n'avait donc pas encore aperçu leur invitée.
- Ah Robin tu tombe bien ! Regarde qui est revenu de France pour nous rendre une visite !
Robin sembla ne pas la reconnaître mais cela ne dura que quelques secondes.
- C'est pas vrai Kate !
Il redonna son fils à sa mère pour pouvoir enlacer sa cousine et la fit même tournoyer dans les airs.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Marian te l'as dit je suis revenue !
- Pour de bon ?
- Oui je crois !
- Mais c'est génial ! La bézote est de retour ! lui dit-il dans un sourire radieux.
- Oh non ! Ne m'appelle plus comme ça ! Je n'ai plus 5 ans ! bouda-t-elle comme une enfant de 5 ans justement. Ce qui provoqua un regard entendu et un fou rire de la part des deux cousins.
- En tout cas je suis contente de voir que tu vas bien. Je dois avouer que je me suis inquiétée pour toi. Les croisades, puis ton séjour dans les bois…
Robin fut surpris qu'elle en ait eu connaissance. Elle lui expliqua sans qu'il le demande :
- Ta légende à traversé les frontières Robin ! Ou du moins la Manche ! sourit-t-elle. Puis elle redevint plus sérieuse : Je suis vraiment fière de toi. C'est extraordinaire ce que vous avez accompli. Vous avez quand même ramené Richard en Angleterre ! dit-elle admirative.
Robin, touché, l'étreignit, vraiment heureux de la revoir après tout ce temps.
- Bon et la France ! Comment c'était ?
Kate perdit son sourire.
- Bien !
- Tu n'as pas l'air convaincue ! dit Robin sceptique, mais Marian, se doutant qu'elle ne voudrait pas en parler vint à son secours.
- Bon ! Mais qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
- Je ne sais pas trop encore ! Vu que je n'ai plus vraiment de chez moi ! Au fait, comment est Ruddington maintenant ? demanda-t-elle, pleine d'appréhension.
- Bien ! répondit Marian. Le comte est un bon seigneur et les villageois sont plein de motivation et s'en sortent très bien ! la rassura-t-elle.
- J'en suis contente ! dit-elle d'un air triste.
- L'ennui c'est qu'on ne va pas pouvoir t'héberger ! continua la jeune maman. Un villageois s'est blessé à la jambe en travaillant au champ et comme sa chambre est à l'étage chez lui, nous lui avons proposé les chambres d'amis pour lui et sa famille le temps de sa convalescence.
- On va peut-être pouvoir s'arranger ! dit Robin à sa femme.
- Non je ne veux surtout pas vous déranger ! Je vais retourner à l'auberge de Nottingham elle est très bien.
- Dans ce cas va au château de notre part. Le nouveau shérif est un ami. Ils y ont assez de chambre pour pouvoir t'héberger je pense.
- Le nouveau shérif ? Mais ton père ! demanda Kate à Marian, surprise.
- C'est une longue histoire. Il s'est passé beaucoup de choses depuis ton départ. Mon père est décédé.
- Oh non ! Ce cher Edward ! Oh Marian je suis désolée.
- Ce n'est rien ! dit cette dernière d'un air triste. Robin l'enlaça par la taille pour la consoler. Je pense avoir fait mon deuil maintenant ! dit-elle à son mari pour le rassurer. Puis elle se reprit et changea de sujet : Je crois donc qu'on a beaucoup de choses à se raconter ! dit-elle à Kate en lui prenant lamain pour la faire asseoir. Puis Robin et Marian firent de même, Matthew sur les genoux de son père. Les deux époux passèrent le reste de la matinée et même le déjeuner à lui raconter les changements qu'avaient connu l'Angleterre et le Nottinghamshire depuis son départ. Robin raconta quelques anecdotes sur ses anciennes activités de hors la loi qui firent rire sa cousine. Mais tous les trois passèrent la majeure partie de la conversation à ressasser leurs bêtises d'enfance et leurs parties de cache-cache dans les rues de Nottingham, à l'époque où Edward était encore shérif et où Kate avait l'habitude d'accompagner Robin lorsque celui-ci rendait visite à Marian, en cachette de leurs parents.
3. Rencontre explosive
Kate partit de Locksley en fin d'après midi, le sourire aux lèvres mais mal au ventre d'avoir trop mangé et ri. Elle se sentait bien et heureuse. Revoir sa famille et se remémorer avec eux les seuls moments de sa vie vraiment beaux et tranquilles lui avaient rendus sa joie de vivre, qui lui faisait défaut depuis un certain temps.
Une page de sa vie venait de tourner et la suivante serait belle et merveilleuse elle le savait…Elle le voulait.
Tout irait mieux car elle était chez elle maintenant…
Enfin pas tout à fait. Il lui restait à s'imposer au château auprès de cet Allan que Robin avait prit un plaisir à décrire. De ce qu'elle savait maintenant de lui, elle ne comprenait pas comment cet homme avait réussi à se hisser au poste de Shérif. Mais il ne fallait pas juger trop prématurément, c'est ce que sa mère lui avait toujours appris. De toute façon, elle aura surement l'occasion de se rendre compte par elle-même de ses qualités et se forger son opinion sur cette personne ! pensa-t-elle.
Elle en était là de ses réflexions quand elle sentit la voiture s'arrêter.
- On est déjà arrivés ? dit-elle, surprise, à Daniel.
- Oui milady ! lui répondit-il en ouvrant la portière et en l'aidant à descendre.
Elle se trouvait maintenant au pied des marches du perron, et c'est avec une petite appréhension qu'elle ne comprenait pas qu'elle franchit la porte du château.
Un serviteur vint au devant d'elle :
- Madame ! Que puis-je faire pour vous ?
- J'aimerai voir le shérif !
L'homme parut gêné :
- C'est que…monseigneur ne reçoit plus à cette heure-ci !
- Il pourrait peut-être faire une exception pour moi ? dit-elle mielleuse.
Le serviteur finit par céder, intimidé et il faut l'avouer sous le charme de cette belle demoiselle.
- D'accord ! Suivez-moi !
- Merci mon brave ! lui répondit-elle en lui touchant le bras, ce qui sembla décontenancer le pauvre homme qui ne savait plus où se mettre.
Ahh les hommes ! pensa-t-elle. Ce sont eux les représentants du sexe faible !
Elle le suivit au travers de dédales de corridors et son cœur se mit à battre plus fort et plus rapidement.
Qu'est-ce qui se passe Kate ? Reprend-toi ! se dit-elle. Tu ne te soucis pas de ce qu'on pense de toi d'habitude !
Mais pour une raison qui lui échappait, elle voulait plaire à son hôte, et surtout faire honneur à Robin.
Elle arriva enfin devant une grande porte.
- C'est ici ! lui dit le serviteur.
Et à la grande surprise de Kate, l'homme s'en alla, en la laissant là, sans même l'avoir annoncer.
Elle essaya de se reprendre de sa stupeur et fini par oser ouvrir la porte qui découvrit une immense salle au plafond très haut fait de poutre en bois taillées.
La salle était presque vide hormis une magnifique table en bois de chêne qui trônait au milieu.
Des corbeilles de fruit ainsi que des verres y étaient posés.
Un homme châtain en cuir, plutôt jeune, avait la tête baissée. Kate s'aperçue qu'il écrivait.
Mais sans relever la tête, il prit une coupe dans sa main et la tendit vers Kate :
- Apportez-moi du vin !
- Est-ce que je ressemble à une servante ? lui répondit-elle, surprise.
C'est alors que l'homme daigna enfin relever la tête et montrer son visage.
Kate reconnu immédiatement celui qui l'avait mise en rogne la veille en la bousculant et en continuant son chemin comme si de rien n'était.
Une colère l'envahit et chauffa ses veines. Ainsi cet Allan, le nouveau shérif de Nottingham, c'était lui !
Dans ce cas, son opinion sur cet homme était déjà toute faite.
…
Allan releva la tête, surpris par cette voix si douce et en même temps si sûre d'elle et arrogante.
Il la détailla de bas en haut. Elle se tenait droite, fière, son menton fin et délicat relevé comme pour le défier. Il voyait dans ses yeux d'ailleurs, même si d'où il se trouvait ne pouvait pas en voir la couleur, de l'hostilité.
Elle portait une robe beige, simple mais bien ajustée à son corps élancé. Elle était assez jolie mais ses cheveux d'un noir de jais, relevés en un chignon parfait, la rendait sévère.
Son analyse lui assura que, malgré l'absence de toute parure ou d'objet de valeur sur elle, elle était de noble naissance.
Une noble fière et arrogante, juste parce qu'elle avait eu la chance de venir au monde dans la bonne famille.
Il détestait cette catégorie de gens qui pensait que tout leur était acquis de par leur rang.
Il se racla la gorge et répondit néanmoins à sa question :
- Non ! Excusez-moi !
Devoir porter des excuses à cette femme qui le prenait de haut lui en coutait mais la politesse l'y obligeait.
-Que puis-je faire pour vous ?
Kate essaya de se reprendre, respira profondément pour se calmer.
- On m'a dit que vous pourriez m'héberger !
- Je suis désolé, ce n'est pas un hôtel ici. Allez à l'auberge, la nourriture y est excellente ! ironisa-t-il.
Ouhhh, Kate bouillait. Mais pour qui se prenait-il ?
- Et de toute façon il n'y a plus de chambre de disponible ici ! dit-il en rabaissant la tête vers sa feuille, comme pour clore le débat.
Et il osait lui mentir en plus ! Elle n'allait pas se laisser faire.
- Je viens de la part de Robin et Marian ! De Locksley ! précisa-t-elle, se retenant un sourire satisfait devant l'expression béate d'Allan. Vous vous souvenez ? Votre ancien compagnon de jeu ! ironisa-t-elle à son tour. Je suis sa cousine ! Kate de Ruddington !
- Sa cousine ?
Bon sang ! Mais qu'avait-il fait au bon Dieu pour mériter ça. La cousine de Robin ! Il ne pouvait donc décemment pas lui refuser l'hospitalité. Il devait trop à son cousin pour ne pas lui accorder ce service.
Il soupira, résigné, et héla un serviteur :
- Montrez sa chambre à mademoiselle s'il vous plait !
- Ahh parce que vous en avez de disponible maintenant ?
Kate jubilait. Elle exultait de remettre à sa place cet arrogant personnage qui se croyait tout permis.
Allan secoua la tête mais ne répondit mots.
Kate suivi le serviteur avec un sourire victorieux qui ne fit qu'agacer Allan davantage. Mais elle stoppa son élan au seuil de la porte et se retourna :
- Ah au fait ! Ca vous arrive souvent de ne pas ramasser les choses que vous faite tomber ?
- Pardon ???
Allan ne comprenait pas du tout où elle voulait en venir. De quoi parlait-elle ?
- Non rien… !
Puis elle sortit de la pièce sur ces mots.
Cette femme l'exaspérait au plus haut point.
- Non rien ! répéta-t-il dans le vide, d'une moue dégoutée, comme le ferait un gamin de 10 ans vexé.
4. Ca commence bien !
Kate se réveilla assez tard le lendemain matin. Elle avait passé la soirée à ranger ses quelques affaires dans sa chambre après avoir donné congé à Daniel qui était reparti pour Portsmouth. Il lui manquerait ce vieil homme, charmant mais maladroit avec les Ladys, pensa-t-elle avec un petit sourire attendri.
Elle avait ensuite passé le reste de sa soirée et même une bonne partie de la nuit, à son grand regret, à penser à cet homme soit disant Shérif et à son altercation avec lui. Ahh ! Il n'arrivait pas à la cheville d'Edward ça c'est sûr ! Paix à son âme ! pensa-t-elle tristement.
Elle avait même demandé à ce que son souper soit servi dans sa chambre, de peur de le croiser. Elle avait besoin de se calmer et n'avait aucune envie de le voir. Mais même sans le voir, elle n'avait pas réussi à se le sortir de la tête et cela l'avait rendue de très mauvaise humeur en plus d'être en colère. En colère contre lui et surtout contre elle-même. En colère que ça la touche à ce point. Après tout elle n'en avait rien à faire de ce petit prétentieux. D'accord il était son hôte, mais ça ne voulait pas dire qu'elle était obligée de le côtoyer. Le château est assez grand ! tenta-t-elle de se rassurer. Mais elle avait toujours prôné l'harmonie et la paix et malheureusement, la cohabitation s'annonçait difficile, et cela la chagrinait.
Mais ce n'est pas de ta faute ! C'est lui le mal élevé, incapable de recevoir des invités comme il se doit !
Et c'est sur ces pensées confuses qu'elle avait réussi à trouver un sommeil loin d'être paisible.
Après s'être habillée et coiffée à la hâte, elle avait osée s'aventurer dans la grande salle pour le petit déjeuner. Elle fut heureuse d'apprendre par un serviteur qu'Allan l'avait déjà pris depuis bien longtemps et travaillait maintenant dans son bureau.
Elle eu donc tout le loisir d'apprécier son repas et de prendre son temps.
Quand elle eu terminée, elle décida d'arpenter les couloirs du château pour se remémorer ces lieux qu'elle avait bien connue. Elle eu même l'immense plaisir de retrouver Elisabeth, la vieille cuisinière qui leur faisait des bons gouters à Robin et elle quand ils venaient au château. Elle avait apparemment survécue à la tornade Vasey. Après d'émouvantes retrouvailles, elle continua son exploration et ses pas la menèrent sans le vouloir jusqu'au bureau du Shérif. Elle allait faire demi tour quand un garde, visiblement très pressé, lui passa devant et cogna à la porte puis entra sans en attendre l'ordre.
Sa curiosité la fit s'approcher pour écouter :
- Monseigneur ! dit l'homme, tout essoufflé. Nous avons retrouvé notre voleur.
Il eu à ses mots toute l'attention d'Allan.
- Où est-il ?
- Dans la cour ! A votre disposition pour son jugement !
- Parfait ! dit Allan avec un grand sourire satisfait.
Et il se leva en direction de la sortie, suivi du garde, et passa en coup de vent devant Kate qui n'eut pas le temps de voir venir et de s'en aller.
- La curiosité est un vilain défaut ! lui dit-il sans même s'arrêter et continuant son chemin vers la cour.
Kate rougit de honte d'avoir été prise en flagrant délit mais décida de les suivre. Après tout, la cour était un endroit public, elle avait le droit de s'y trouver, comme n'importe qui à Nottingham.
- Alors ! Te voilà ! dit Allan à l'homme à genoux, points liés, au milieu de deux gardes. Tu nous as donné du fil à retordre ! Mais il faut croire que tu n'es pas si malin que ça !
- Pitié messire ! dit l'homme, qui n'ayant plus rien à perdre, sollicita la clémence du shérif.
- Qu'as-tu fait du butin ?
- Je l'ai donné aux villageois monseigneur !
- Aux villageois ? Et tu pense que je vais te croire ?
- Vous et Robin des Bois êtes mes idoles ! J'ai simplement voulu faire comme vous ! tenta-t-il de se justifier, ce qui provoqua un rire feinté de la part d'Allan.
- Ne te fout pas de moi ! Les villageois ne sont pas dans le besoin. Moi et les nobles du Nottinghamshire y veillons personnellement ! Alors je répète la question : où as-tu mis l'argent, que tu as justement volé aux personnes que tu dis aider ? Car je t'apprends que cet argent leur était justement destiné !
L'homme voyant que ça tournait mal pour lui, décida finalement d'avouer :
- Dans la grange à Nettlestone ! A l'étage à droite dans un tonneau… Pitié, ne me faites pas de mal ! supplia-t-il.
Allan fit signe aux deux gardes :
- Relâchez-le !
- Messire vous êtes sûr ?
- J'ai dit relâchez-le !
Et les gardes obéirent à cet ordre qui n'amenait pas d'opposition.
L'homme, une fois libéré de ses liens, se leva et s'enfuit en courant sans demander son reste.
Allan le regarda faire avec un petit sourire en coin avant de rentrer à l'intérieur du château mais en fut empêché par Kate qui se trouvait sur le seuil et qui avait vu toute la scène.
- Pourquoi l'avoir relâché vous êtes fou ? Vous n'êtes même pas sûr qu'il ait dit la vérité !
- C'est moi le shérif ici milady, c'est donc moi qui décide !
- Et bien dans ce cas laissez-moi-vous dire que vous êtes un piètre shérif !
S'en était trop. Cette petite insolente allait trop loin.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Vous auriez préféré que je laisse mourir cet homme au bout d'une corde rien que pour faire plaisir ? dit-il, énervé et en même temps lassé de ce petit jeu.
Kate se radoucit :
- Non ! Bien sûr que non ! Mais une petite sanction aurait quand même été plus judicieuse !
Allan reprit son chemin alors qu'elle prononçait sa phrase, ennuyé de cette conversation, ce qui irrita Kate. Quel manque de politesse !
Elle lui courut après pour le rattraper afin de finir sa phrase :
- Cet homme va recommencer ses méfaits ! C'est ça que vous voulez ? Un petit séjour de quelques jours en prison en guise de punition lui aurait peut-être fait comprendre l'illégalité de ses actes et le tord qu'il a pu causer !
Allan s'arrêta brusquement, énervé. Kate, qui n'avait pas prévue ça lui rentra dedans, mais il commença à parler sans y prêter attention :
- Mademoiselle arrive, se crois tout permis, monte sur ses grands chevaux et se prend pour la meilleure ! Mais je vais vous dire une chose : je n'ai pas besoin de vos conseils ! Alors mêlez-vous de vos affaires !
Il avait crié cette dernière phrase, excédé.
Kate ne voulait pas se laisser démonter :
- Je pense que… !
- Oh non mon Dieu ! Au secours, une femme qui pense ! ironisa-t-il.
Kate, vexée, décida de frapper là où ça fait mal :
- Ahhh ça y est je comprends ! En fait c'est vous que vous n'avez pas voulu punir ! Cet homme c'est vous ! Un pauvre voleur minable qui n'est pas capable de gagner sa vie autrement !
Il y eu soudain un silence macabre au sein du château. Allan, hors de lui, leva la main en direction de son visage mais retint son geste juste à temps.
Kate prit soudain peur de cet homme. Mais elle vit qu'il avait les larmes yeux.
Allan rabaissa sa main lentement et après un moment à la regarder droit dans les yeux, lui tourna le dos et repartit, silencieux, en direction de son bureau.
Elle était allée trop loin. Elle s'en rendait compte à présent, et commença à regretter amèrement ses malheureuses paroles. Elle le regarda s'éloigner, pleine de remords.
5. On ne la fait pas aux Locksley
Le déjeuner fut servi assez tard dans la grande salle. Kate n'eu d'autre choix que de le partager avec le maître des lieux. Ils mangèrent ainsi dans le silence, chacun le nez dans son assiette, n'osant se regarder. La tension était palpable.
Kate savait qu'elle devait s'excuser, qu'elle devait faire le premier pas, mais elle n'y arrivait pas, c'était trop dur. Dès quelle s'apprêtait à ouvrir la bouche, elle se ravisait. Elle décida donc de remettre ça à plus tard. Après tout, ce n'était pas si urgent.
Mais Allan fini par briser le silence glacial :
- Au fait ! L'argent était bien là où il l'avait dit ! lui dit-il, content d'avoir eu raison sur ce point.
- C'est une bonne chose ! Je constate donc que les voleurs ne sont pas tous des menteurs !
- Est-ce que je dois le prendre pour moi ? se rebiffa Allan.
- Pourquoi ? Vous vous sentez visé ?
Allan ne répondit pas et reporta son attention dans son assiette.
Bon sang pourquoi elle avait dit ça ? Elle avait sorti ça comme ça, sans réfléchir. Quelle gaffeuse !
Sans pouvoir se l'expliquer, elle ne pouvait s'empêcher de le provoquer, c'était plus fort qu'elle. Pourtant ce genre de comportement ne lui ressemblait pas. Cet homme avait vraiment le chic pour la mettre hors d'elle.
Mais heureusement, la situation présenta une échappatoire en l'arrivée dans la grande salle de Robin et Marian.
Kate se leva à leur rencontre, le sourire jusqu'aux oreilles tellement elle était heureuse de les voir là, et alla enlacer son cousin.
- Robin !
- Qu'est-ce que vous faite là ? demanda Allan
- C'est comma ça que tu accueille de vieux amis ? lui demanda Robin dans une accolade pendant que Kate saluait Marian et Matthew dans ses bras.
Mais Robin n'attendit pas la réponse d'Allan pour répondre à sa question :
- Nous sommes venus nous assurer que tu avais bien reçu ma chère cousine !
Allan perdit intensément son sourire.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Robin.
Mais Kate vint à son secours :
- Très bien ! Mr A Dale est un excellent hôte et ma chambre est parfaite ! dit-elle dans un sourire pour le rassurer. Je suis très bien ici !
- Et bien c'est parfait tout ça !
- En fait nous sommes venus faire quelques achats en ville ! dit Marian. Mais Robin déteste ça ! Kate tu peux peut-être venir avec moi ?
- Oh oui avec plaisir !
Quitter un peu ce château et son propriétaire ne pouvait lui faire que du bien.
- On va les laisser entre hommes ! dit la jeune maman dans un clin d'œil en direction de Robin et Allan.
Et les deux femmes quittèrent la pièce, bras dessus, bras dessous.
- Alors là je dois dire que ma cousine me sauve la mise ! dit Robin soulagé de ne pas avoir à accomplir cette corvée.
- Ta femme te connaît bien ! lui dit Allan dans un sourire.
- Oui ça c'est sûr ! Elle est super ! Dis, ça te dirais un peu d'exercice ?
- Tu pense à quoi ?
- Un petit combat à l'épée par exemple !
- Tu t'ennuie de ton ancienne vie à ce que je vois !
Robin eu un regard explicite.
- Moi aussi ! confia Allan.
Et les deux hommes s'esclaffèrent, se moquant de leur stupide nostalgie.
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Kate et Marian se promenaient à travers les rues de la ville. Kate s'extasiait sur le bambin qu'elle tenait dans ses bras.
- Qu'est-ce qu'il est adorable ! Il a la marque des Locksley ! sourit-elle, son doigt caressant le menton du garçon.
Marian acquiesça, regardant amoureusement et tendrement son fils.
- Tu es heureuse ça se voit ! Tu en rayonne ! Ahh je suis tellement contente pour vous deux, après tout ce que vous avez traversé.
- Oui c'est vrai, je suis la femme la plus comblée du monde !
- Tu le mérite !
Marian lui sourit affectueusement puis s'éloigna un peu pour regarder les capes sur une étale :
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle à Kate qui fixait sa taille. J'ai mis ma robe à l'envers ou quoi ?
Mais Kate l'interrogea du regard et elle lui fit un grand sourire heureux en guise de réponse.
- Ohh Marian c'est merveilleux ! Ce que je peux être aveugle ce n'est pas croyable ! Mais pourquoi ne me l'as-tu pas dit petite cachotière ?
- Et bien, disons que l'occasion ne s'est pas vraiment présentée !
- Ahhh c'est super ! cria Kate tout excitée.
Marian s'esclaffa de sa réaction :
- Kate, tout le monde nous regarde !
- Et alors ! Qu'ils nous regardent on s'en fiche ! C'est magnifique une femme enceinte !
Et Kate enserra Marian.
- Félicitation ! Je vois que mon cousin ne perd pas de temps ! Il travail bien à ce que je vois ! plaisanta-t-elle.
- Chutt ! dit Marian, faussement indignée. Bon sinon, et toi ? Comment ça va ? demanda-t-elle pour changer de sujet.
- Bien !
Kate venait soudain de perdre son enthousiasme.
- Bien ? Et c'est tout ? Tu es bien installée au château ?
- Oui ça peut aller !
- Ca peut aller… ! Kate qu'est-ce qui se passe ?
- Rien, tout va bien je t'assure !
- Je ne te crois pas Kate !
Voyant qu'elle n'obtiendrait pas gain de cause face à Marian, Kate décida de lui raconter.
- C'est juste… ! C'est ce Allan qui m'horripile ! Ohh Marian, t'es sûre que je ne peux pas venir chez vous ? Je me ferais toute petite dans un coin je te le jure ! supplia-t-elle.
- Tu sais que c'est impossible pour le moment ! dit-elle, navrée. Mais qu'est-ce qu'il t'a fait ?
- Rien de grave. Il m'énerve c'est tout. Ce n'est qu'un gougeât mal élevé et prétentieux qui se croit tout permis sous prétexte qu'il est shérif !
Elle avait prononcé ce dernier mot avec un dégout manifeste.
Marian sourit à la réaction exagérée de la jeune femme.
- Et qu'a-t-il fait exactement pour obtenir ta sympathie ? ironisa Marian.
- Il m'a fait tomber et à continuer son chemin sans même m'aider à me relever !
Marian s'esclaffa pour de bon.
- Kate ! Tu ne crois pas que tu le prends trop à cœur ! Il n'y a rien de grave. Il ne s'en est certainement pas rendu compte c'est tout !
- Justement !
- Tu n'exagère pas un peu là ?
- C'est toi qui dis ça ? Je te rappelle que tu as fait la tête à Robin pendant un mois entier juste parce qu'il t'avait tiré les cheveux !
- Kate ! J'avais 10 ans ! s'exaspéra Marian. On est adulte maintenant, alors il faut essayer de réagir en tant que telle !
- Mais ce n'est pas que ça ! C'est son attitude « je me fiche de tout » et «c'est moi le chef » qui m'énerve.
- Je concède qu'Allan est un peu égoïste et imbu de sa personne ! Mais je ne comprends pas que ça te mette dans un tel état ! Tu te fiche éperdument de tout ça d'habitude !
C'est en prononçant sa phrase que Marian eu un éclair de clairvoyance qui la fit sourire. Elle venait de comprendre une chose que Kate comprendrait certainement aussi un jour, mais avec du temps.
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Le bruit de lames qui s'entrechoquaient dans la salle des armes résonnait dans toute l'aile du château.
Nos deux héros transpiraient à grosse goutte.
- Stop ! J'en peux plus ! dit Allan.
- Qu'est-ce qui se passe Allan ? Tu perds la main ? A moins que tu ne te fasses trop vieux !
- Allez Robin ! Avoue aussi que tu voudrais arrêter !
- Nan ! Moi je pourrais continuer jusqu'à la tombée de la nuit ! mentit Robin qui ne voudrais jamais admettre ça, et surtout pas à Allan (fierté quand tu nous tiens).
Mais il s'arrêta néanmoins pour reprendre son souffle.
- Au fait, merci d'avoir raconter ma vie à ta cousine ! dit Allan, ironique.
Robin fut surpris :
- Je ne pensais pas que ça te dérangerais !
- Ca ne me dérange pas à condition que les personnes au courant ne se servent pas de mon passé contre moi !
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Non rien… ! Laisse tomber, ce n'est pas bien important !
- Raconte ! Qu'est-ce qu'elle t'a fait ?
- Et bien ! Disons qu'elle n'est pas de compagnie reposante !
- Comment ça ?
Allan regarda son ami dans les yeux et ne put se résoudre à lui mentir.
- En toute honnêteté, ta cousine est invivable !
- Kate ?
- Arrogante et prétentieuse !
- Kate ?
- Exaspérante et horripilante !
- Kate ?
- Une gamine pourrie gâtée !
- Kate ?
- Mais arrête de dire « Kate ? » ! Oui Kate ! s'énerva Allan.
- La personne que tu me décris n'est pas ma cousine ! dit Robin, réellement surpris.
- Je t'assure que si Robin ! C'est une vraie peste ! S'il te plait, dis-moi que sa résidence au château n'est que provisoire ! Elle ne va pas rester longtemps hein ? espéra Allan.
- Et bien malheureusement je ne sais pas ! C'est vrai que cette situation est un peu batard. Mais on ne peut pas l'accueillir chez nous pour le moment. C'est pour ça que je me disais que tu pourrais me rendre ce service. Mais si vraiment elle te dérange, je vais essayer de m'arranger autrement ! dit Robin, embêté.
Allan s'en voulait de lui avoir dit tout ça. Bien sûr qu'il pouvait lui rendre ce service. Après tout ce qu'il avait fait pour lui, c'était la moindre des choses.
- Non Robin, ça va ! Elle ne me dérange pas. Elle peut rester t'en fais pas. Il faut juste que j'ai une petite conversation avec la demoiselle c'est tout !
Robin acquiesça, soulagé. Mais la description qu'Allan venait de faire de Kate le taraudait. Ca ne lui ressemblait vraiment pas. Mais il ne pensait pas qu'Allan lui ait menti, il n'avait aucune raison. Il ne voyait donc qu'une seule explication possible au comportement de sa cousine, et cela le fit sourire.
6. Nouveau regard
Après le départ de Robin et Marian en milieu d'après midi, Kate et Allan se retrouvèrent, à leur grand damne, seuls dans la grande salle.
Ils se regardèrent, sans que chacun n'ose dire quoi que se soit. Et c'est finalement en même temps qu'ils décidèrent de briser le silence :
- Je… !
Ils sourirent de la situation.
- Allez-y !
- Non je vous en prie !
Kate inspira profondément pour se donner du courage :
- Je suis désolée ! Pour ce matin ! précisa-t-elle. Mes mots ont dépassé ma bouche, mais je ne le pensais pas ! Pardon !
Allan acquiesça, content qu'elle s'excuse. Même si c'était la moindre des choses !
Il y eu un silence que Kate brisa :
- Et vous ?
- Quoi moi ?
- Vous aviez quelque chose à me dire il me semble !
- Ah oui ! Ecoutez Kate, nous sommes amenés à vivre ensemble pendant une période indéterminée. Je propose qu'on évite si possible de se prendre la tête, et le plus facile serait de nous éviter ! Que chacun vive sa vie ! Bien sûr il reste les repas, où je ne vais décemment pas vous laisser manger toute seule, mais je crois que pour ces moments où nous sommes obligés de nous côtoyer, il faut que chacun y mette du sien, pour le bien de tous et aussi notre confort de vie, vous ne croyez pas ?
- Si ! Tout à fait d'accord !
- Alors trêve ? demanda Allan en lui tendant la main, soulagé qu'elle voie les choses comme lui.
- Trêve ! répondit Kate en la lui serrant, comme pour sceller leurs paroles par le geste.
Et c'est ce moment que choisi un autre arrivant, que tous deux connaissaient, pour entrer.
- Much !!! s'écria Kate en s'élançant vers lui, l'ayant immédiatement reconnu. Tu n'as pas changé ! lui dit-elle alors qu'elle l'enlaçait en guise de bonjour.
Il fallut à Much attendre qu'elle s'écarte pour pouvoir regarder la femme qui venait de l'agripper et la reconnaître :
- Kate ! Oh mon Dieu ! Vous en revanche avez bien changé ! Vous êtes devenue une femme ! Et magnifique qui plus est !
Kate, se prenant au jeu, tourna sur elle-même dans un sourire resplendissant.
Allan la regarda d'un drôle d'air. C'était la première fois qu'il la voyait réellement sourire. Ou alors il n'y avait jamais prêté attention. Et Dieu sais que son sourire était magnifique ! Elle paraissait en fait moins sévère, plus jeune, resplendissante de joie de vivre. Il la voyait d'un autre œil. Qui sais ! Peut-être que Robin avait raison finalement ! Peut-être qu'elle pouvait se montrer gentille, douce et aimable.
- Ma parole c'est le jour des visites aujourd'hui ou quoi ? demanda Allan à Much, mais le pauvre ne comprenait pas.
- Tu viens de manquer Marian et Robin à l'instant ! lui expliqua la jeune femme.
Puis elle le détailla dans un sourire :
- J'ai appris la nouvelle ! Lord Much de Bonchurch !
Much lui répondit par un sourire fier.
- Je suis heureuse pour toi ! C'est incroyable ! Je suis revenue au bon moment on dirait. Quand tout va pour le mieux pour vous et l'Angleterre ! J'en suis ravie.
- Qu'est-ce qui t'amène ? demanda Allan.
- Et bien en fait, je me demandais si tu pouvais me prêter des tables et des bancs pour le mariage. Eve veut célébrer ça à Bonchurch mais nous ne sommes pas assez équipés pour recevoir tout le monde !
- Attends ! demanda Kate, surprise. Dis-moi que j'ai bien tout compris : tu vas te marier ?
- Oui ! La semaine prochaine !
- Ahhhh ! Mais c'est génial ! cria-t-elle en réenlaçant Much. Finalement, Robin ne lui avait pas tout raconté.
Allan leva les yeux au ciel, exaspéré devant tant de débordement de joie inutile. Décidément cette femme était contradictoire : un instant elle pouvait être d'une humeur de chien, et l'instant d'après sauter dans tous les sens de bonheur. Mais que ce soit dans un sens ou dans l'autre, elle était très démonstrative et spontanée, ça c'est sûr !
Much souriait de la réaction explicite de Kate. Puis regarda Allan, attendant toujours sa réponse :
- Ah oui ! se souvint-il. Oui vas-y, prend ce qu'il te faut !
- Merci !
- Tu as besoin d'aide ? demanda Kate. Et puis il faut absolument que je rencontre la future madame Much de Bonchurch maintenant !
Effectivement, deux mains de plus ne serait peut-être pas de trop finalement. Il acquiesça, se qui fit sourire Kate jusqu'aux oreilles. Mais ses yeux dévièrent vers Allan. Il la regardait bizarrement, et elle perdit son sourire, gênée. Mais elle fixa son regard, sans pouvoir en décrocher. Elle le remarquait enfin. Il avait des yeux magnifiques ! D'un bleu profond et intense. Elle n'en avait jamais vu de semblables. Comment ne les avait-elle pas remarqués plus tôt ?
Et au bout d'un moment, elle finit par baisser les yeux en espérant ne pas sentir le rouge lui monter aux joues. Mais Much vint à son secours sans le vouloir :
- Bon ! On y va ? J'ai beaucoup de choses à faire et je ne dois pas trainer !
Kate acquiesça vivement et le suivi, laissant Allan seul dans la grande salle, soudain bien vide.
7. Fiesta
Kate passa la semaine suivante à aider Much et Eve pour le mariage. Elle eut ainsi tout le loisir de faire la connaissance de la future mariée, avec qui elle s'entendait à merveille. Cela lui faisait du bien de rencontrer de nouvelles personnes aussi sympathiques.
Et les préparatifs du mariage prenaient tout son temps, ce qu'elle loua fort car de ce fait n'avait pas le temps de s'ennuyer et de s'apitoyer au château à éviter le shérif.
Elle n'avait pas eu vraiment l'occasion de lui reparler depuis leur dernière entrevue la semaine passée, mais elle avait maintes et maintes fois, malgré elle, pensé à ce regard qu'elle ne pouvait sortir de son esprit, et cela lui déplaisait fortement.
Ne te laisse pas voler ton cœur Kate ! se reprit-elle. Tu sais ce que ça a donné la dernière fois !
Le jour J arriva donc à la vitesse de l'éclair. Le mariage allait être célébré dehors, par un prêtre des environs. Much avait tout naturellement demandé à Robin d'être son témoin, ce que celui-ci avait accepté avec une grande joie, et Marian serait celui de la mariée. Quant à Kate, c'est avec un immense honneur qu'elle avait accepté d'être justement demoiselle d'honneur. Son rôle était de porter la traine et d'aider la mariée à s'habiller ; rôle qu'elle prit très à cœur car elle avait toujours adoré les mariages.
Ce fut aussi l'occasion pour elle de rencontrer le reste de la bande d'anciens outlaws. Elle se souvenait vaguement de Will, mais fit la connaissance de Djaq, sa toute récente épouse ; et de Petit Jean, accompagné de son fils.
Kate était admirative devant la jeune sarazine. Devant cette femme, qui, loin de son pays, s'était battue aux côtés des anglais pour une cause juste et noble. Elle avait tellement de connaissances et excellait dans son domaine : la médecine. Elle était belle, douce et généreuse en même temps d'être forte et d'un tempérament suffisant pour se faire respecter des hommes. Comme elle aimerait être comme elle ! avait pensé Kate lors de leur rencontre.
- Je ne peux pas faire ça !
- Qu'est-ce que tu ne peux pas faire Eve ? demanda Kate, qui ajustait la robe de mariée à la jeune femme.
- Me marier ! dit la jeune femme, sur un ton évident, en s'éloignant de Kate pour aller s'affaler sur une chaise. C'est trop dur ! Je n'y arriverai pas !
- Chut chut ! la rassura Kate. Evidemment que tu vas y arriver ! Parce que ce jour sera l'un des plus beaux et importants de toute ton existence.
- Mais justement ! paniqua Eve.
- Tu l'aime ?
Eve regarda Kate avec de grands yeux, surprise de sa question :
- Evidemment !
- Alors pourquoi cette réaction ? Si tu l'aime, tu n'as pas à te poser de questions. Fonce ! C'est l'homme de ta vie non ?
Eve acquiesça.
- Tu en es convaincu ? insista Kate.
- Oui !
- Redis-le !
- Oui !
- Plus fort !
- Oui !!!! hurla-t-elle.
Et les deux jeunes femmes se mirent à rire aux éclats, se moquant de ce stupide moment de panique.
- Merci ! dit Eve, redevenant plus sérieuse.
- C'est normal ! Je ne peux pas te laisser commettre la plus grosse erreur de ta vie en abandonnant ce pourquoi tu t'es préparée pendant des mois ! lui répondit-elle en l'étreignant. Allez, on y va ! Tu as quelque chose à accomplir aujourd'hui !
Eve commençait à se diriger vers la porte mais stoppa net :
- Est-ce que je suis jolie ?
Kate s'exaspéra de son manque de confiance en elle.
- Tu es plus que magnifique ! Ton futur mari ne va même pas en revenir !
La future mariée souri, soulagée, et se décida enfin à sortir de la maison pour aller rejoindre Much qui l'attendait près de l'autel, entouré de Robin et de Marian. Il y avait dans l'assistance toutes les personnes importantes pour lui, et qui donc l'étaient devenus pour Eve aussi.
Elle jeta un dernier coup d'œil à Kate derrière elle, et se décida enfin à remonter l'allée.
La cérémonie fut plutôt longue, et Kate passa la majeure partie du temps à jeter des regards furtifs vers Allan, élégant dans son costume neuf. Il avait l'air de vraiment s'ennuyer, et cela la fit sourire.
Mais vint enfin la fête qui s'ensuivi, et la joie et la bonne humeur gagna alors tous le monde sans exception.
Kate s'amusa à observer le shérif dans ce qui semblait être son environnement. Il buvait et riait de bon cœur avec ses anciens comparses d'anecdotes qu'elle ne comprenait pas bien ; et taquinait le pauvre Much qui visiblement n'était pas aussi offusqué qu'il voulait bien le faire paraître. Kate pensa même avec un sourire qu'il ne détestait pas tant que ça en réalité.
Puis vint le moment de danser. Much invita, avec une joie manifeste, son dorénavant épouse qui resplendissait de bonheur. Tous les regards convergèrent alors sur les deux jeunes mariés.
Puis ils furent rejoins par la majorité des invités, dont Djaq et Will qui respiraient le grand amour. Marian fini elle aussi par convaincre son mari d'accepter de danser avec elle. Il ne resta alors plus que Kate, Allan et Petit Jean à la table.
- Vous voulez danser ? proposa ce dernier à Kate.
- Oh non merci ! répondit-elle, timide.
- Allez ! Faut savoir se lâcher dans la vie ! lui dit Allan, tout en lui versant du vin dans son verre.
Mais elle y posa sa main pour l'en empêcher.
- Vous ne buvez pas ! Vous ne dansez pas ! Qu'est-ce que vous faite pour vous amuser ? demanda Petit Jean.
- Oh je crois que mademoiselle ne sais pas s'amuser ! lui dit Allan, provocateur.
- Bien sur que si je sais ! Evidemment ! répondit-elle d'un ton rude, vexée.
- Alors montrez-le nous ! la défia-t-il.
Kate le fixa droit dans les yeux, d'un regard aussi noir que la nuit.
Ah ça oui ! Elle allait leur montrer ! Elle allait LUI montrer qu'il avait tord ! Et avec grand plaisir ! se décida-t-elle en buvant son verre cul sec, devant Allan et Petit Jean qui en étaient tout deux abasourdis.
8. Tu t'es vu quand t'as bu ?
Kate se réveilla avec une migraine épouvantable. Elle eu un mal fou à ouvrir les yeux et mit quelques minutes à essayer de deviner où elle se trouvait. Quand elle eu prit ses repères dans la pièce qui tournait autour d'elle, elle essaya de se lever, mais un bras en travers de sa taille l'en empêcha. Elle se tourna alors vers l'obstacle pour comprendre et vit une tête brune enfouie dans l'oreiller. Mais c'est justement à ce moment qu'elle se retourna.
Kate ouvrit la bouche de stupeur à la vue de cet homme endormi là, dans son lit, à côté d'elle. Cet homme qui n'avait rien à faire là.
- Non c'est pas vrai ! C'est pas possible ! se dit-elle horrifiée. Ce n'est pas réel Kate ! tenta-elle de se consoler.
Mais malheureusement, une douleur entre les cuisses lui fit prendre conscience que ce cauchemar n'était en fait que l'horrible réalité. Elle avait eu du mal à se réveiller, mais là elle l'était pour de bon. Et elle se serait bien passée d'un telle « surprise ».
- Mon Dieu qu'ai-je fais ?
Elle essaya de se remémorer les événements de la veille pour comprendre comment elle avait pu en arriver là, mais en vain. La dernière chose dont elle se souvenait était d'avoir bu comme un trou pour montrer à cet homme justement qu'il avait tord. Elle avait réussi ! Et voilà où elle en était ! se maudit-elle.
- Te voilà dans de beaux draps ma fille ! Au sens propre comme au figuré ! rit-elle jaune.
Bon sang Kate ! Tu as réussi à préserver ta vertu pendant toutes ces années, non sans mal, et tout ça pour quoi ? Pour la donner à un homme que tu déteste et que tu ne connais que depuis une semaine.
Et le pire, c'est qu'elle ne se souvenait de rien. Mais à la réflexion : peut-être valait-il mieux finalement ! se consola-t-elle.
Elle se mit à rire devant sa bêtise et sa stupidité. Un rire nerveux et désespéré qui réveilla monseigneur le shérif qui ronflait à côté d'elle.
- Nan ! Maman laisse-moi dormir encore un peu !
- Je ne suis pas votre mère ! lui dit Kate en se levant et se parant de la couverture.
Cette voix douce mais si froide lui fit ouvrir les yeux. Quelque chose clochait. Il mit un temps à s'habituer à la pénombre qui régnait dans la chambre. Puis fini par apercevoir une femme. Elle avait de magnifiques cheveux bruns détachées qui ondulaient sur ses épaules. Elle était emmitouflée dans une couverture et semblait…nue ?
Allan se leva d'un bond en prenant conscience de la situation.
- Sortez de ma chambre ! lui cria-t-elle.
- Ahhh !!!
Pourquoi hurlait-elle ? Il avait un de ces mal de crâne. Il essayait de se rappeler ce qu'il fichait là, dans cette chambre qui n'était pas la sienne, quand des souvenirs confus lui revinrent en mémoire :
- Oh non ! Bordel de merde !
- Vous n'avez pas besoin d'être vulgaire ! Allez-vous-en !
- Et minute ! On se calme d'accord ?
- Sortez ! s'emporta-t-elle avec une voix suraigüe.
- Hé ! dit Allan offusqué. Je vous rappelle que vous êtes chez moi ici !
- Mais c'est MA chambre ! lui rétorqua-t-elle, en le mettant littéralement à la porte et lui fermant la porte au nez.
- Non mais je rêve !
Il resta planté là, complètement abasourdi, et n'ayant toujours pas clairement compris ce qui se passait réellement. Et même pas encore réveillé qui plus est.
Mais soudain, la porte s'ouvrit à toute volée et il se prit un vêtement en pleine figure avant qu'elle ne se referme aussitôt.
Le vêtement en question n'était autre que son pantalon, et ceci lui fit enfin prendre conscience qu'il se trouvait en fait en tenu d'Adam dans le couloir, ce qui éveilla sa colère.
Elle osait le mettre dehors ! De chez lui ! Décidément cette petite peste ne perdait rien pour attendre !
Il cacha rapidement son anatomie, et tout en paraissant le plus calme et digne qui soit, pas le moins du monde gêné de la situation devant ses gardes qui avaient vu la scène, il se jura intérieurement qu'il lui ferait payer très cher cette humiliation.
9. Dispute fracassante
Kate passa une bonne partie de la matinée à se morfondre dans sa chambre. A essayer de se calmer et de comprendre la situation. Pourquoi avait-elle bu ? Pourquoi avait-elle voulu relever le défi de cet homme ? Cet homme dont elle n'avait rien à faire qui plus est ! tenta-t-elle de se convaincre. Comment avait-elle pu être aussi stupide ? Et pourquoi ce gougeât avait-il profité de la situation ? Il avait bien du voir qu'elle n'était pas dans son état normal !
Mais ce qui est fait est fait, et il fallait absolument qu'elle trouve une solution à leur « problème ». Le mieux était de faire comme s'il ne s'était rien passé. Après tout, c'était presque vrai dans son cas ! Elle arriverait peut-être à s'en tirer sans trop de conséquences.
Elle décida donc enfin de sortir de sa chambre, et pris son courage à deux mains pour aller affronter Allan et lui exposer ses résolutions.
Elle le trouva dans la grande salle. Il était mal coiffé et habillé n'importe comment, assis à la table, un bras soutenant sa tête et le regard dans le vide. Il avait une sacrée gueule de bois visiblement. Bien fait pour lui ! pensa-t-elle méchamment.
Elle respira un grand coup et s'approcha, ce qui lui fit lever la tête dans sa direction.
- Tiens ! Quelle surprise ! dit-il ironiquement, n'ayant visiblement aucune joie à la voir.
- Je crois qu'il faut qu'on discute !
- Pas envie !
- Ne faites pas votre bébé et soyez un peu sérieux ! s'emporta-t-elle.
C'était déjà assez difficile pour elle d'amorcer la conversation et de devoir aborder ce sujet, alors il fallait mieux qu'il y mette du sien aussi.
- Non mais je rêve ! Je vous rappelle que j'étais tout apte à discuter moi ce matin. C'est vous qui m'avez fichu dehors !
- Oui c'est vrai ! Je vous demande pardon ! dit-elle, confuse. Mais comprenez-moi, j'ai paniqué c'est tout !
- Mmmmm !
Il avait l'air de se fiche complètement de ce qu'elle disait et cela raviva sa colère. Mais elle prit sur elle pour pouvoir continuer la conversation :
- Ecoutez Allan ! Ce n'était qu'un petit moment d'égarement sans grande importance ! Je pense qu'on devrait oublier ce qui s'est passé ! Vous n'êtes-pas d'accord ?
Il y eu un silence qui sembla durer une éternité et Kate cru même qu'il ne l'avait pas écouté. Mais il fini enfin par répondre à sa question :
- D'accord ! Après tout, ça ne devrait pas être trop difficile !
- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? demanda-t-elle, suspicieuse.
- Rien ! Juste que cette nuit n'avait rien d'inoubliable de toute façon.
Kate fut stupéfaite. Comment osait-il ?
- C'est peut-être parce que vous étiez rond comme une barrique que vous n'êtes pas capable de vous en souvenir ! dit-elle, vexée.
- Comme vous ?
Elle décida de ne pas répondre à sa provocation. Il continua :
- Ou c'est peut-être parce que ma partenaire n'avait rien d'extraordinaire !
Alors là s'en était trop. Kate ne put se contenir davantage. Elle prit un pichet sur la table et lui lança en pleine figure. Allan eu juste le temps de le voir venir et de l'éviter de justesse pour qu'il finisse sa course sur le mur derrière lui et de s'éclater dessus.
- Hé ! Un costume tout neuf ! lui dit-il, faussement indigné, car il venait de se prendre des éclaboussures de vin.
Il se retourna pour voir les dégâts sur la tapisserie :
- Faudra me rembourser ça ! la pointa-il du doigt.
Kate bouillait. Elle ne pouvait plus supporter ça. Elle se leva brutalement et quitta la pièce, furibonde ; et blessée dans sa fierté.
Comment osait-il ! Elle n'était pas extraordinaire, c'est la meilleure de l'année celle là ! Il était trop soûl pour s'en rappeler c'est tout ! Ca n'a rien à voir avec toi ! tenta-t-elle de se rassurer.
Kate marchait d'un pas rapide et enragé. Elle n'arrivait toujours pas à croire ce qu'elle venait d'entendre. Quel mufle ! Elle errait sans but à travers le château lorsqu'elle passa devant le perron et s'arrêta net. Elle décida de sortir faire un tour. Peut-être que le grand air la calmerait. Elle se dirigea donc vers les écuries et « emprunta » un cheval.
Elle pensait se changer les idées en galopant, mais ses pensés revinrent encore et toujours au même sujet : elle n'avait jamais rencontré d'homme aussi impoli, grossier, impertinent…
Mais toi aussi tu étais ivre Kate ! pensa-t-elle tout à coup. Mais ce n'était pas une raison pour être aussi désagréable ! se reprit-elle. Elle ne lui trouverait pas d'excuses ! Non ! C'était hors de question ! Elle n'était pas la seule fautive à ce qui venait de se produire... Et pourquoi ne se souvenait-elle de rien ? Elle n'avait quand même pas du boire à ce point là !
Soudain elle fit changer de direction à son cheval. Elle avait besoin d'éclaircir certains points.
Elle arriva à Locksley quelques temps après. Le village était en pleine activité et cela devait déjà faire plusieurs heures que les hommes travaillaient aux champs.
Elle trouva Marian dehors avec son fils. Elle l'aidait à marcher et son visage rayonnait. Elle ne semblait pas le moins du monde fatiguée et ne portait aucunes conséquences de la veille. Pas comme elle ! se dit-elle, ayant toujours mal à la tête.
Marian lui fit un grand sourire lorsqu'elle la vit :
- Qu'est-ce que tu fais là ? Je ne t'aurais pas pensé d'attaque de si tôt après la soirée d'hier !
- Oui justement ! dit-elle en descendant de sa monture. J'aimerai t'en parler. Robin n'est pas là ?
- Il dort encore ! répondit Marian sur le ton de l'évidence. Il est rentré tard hier soir !
- Pas toi ?
- Kate qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, surprise. Tu sais bien que je suis rentrée tôt à cause de Matthew.
- Et bien en fait non ! Je ne me souviens pas de grand-chose à vrai dire !
Marian eu un sourire qui en disais long :
- C'est marrant mais je n'en suis pas surprise !
- Pourquoi ?
- Disons que tu avais l'air de bien t'amuser quand je suis partie !
- Oh Marian ! S'il te plait arrête et dis-moi nom d'un chien! s'impatienta-t-elle en voyant que la jeune femme laissait planer le mystère.
- Mais il n'y a rien de grave ! la rassura-t-elle. Tu ne faisais que danser !
- Avec qui ?
- Avec Allan ! Tu n'as fais que danser avec lui toute la soirée !
Kate s'assis par terre tellement elle était déconcertée.
- Mais pourquoi m'as-tu laissé faire ?
Marian vint s'asseoir à côté d'elle, Matthew sur ses genoux.
- Mais je ne vois pas où est le problème ! Tu t'amusais et je ne vois pas pourquoi je t'en aurai empêché.
- Avec Allan ! T'as bien du voir que je n'étais pas dans mon état normal !
- Et alors ! Vous étiez en froid aux dernières nouvelles. On s'est dit que ça ne pouvait que vous aider et vous rapprocher un peu.
- Nous rapprocher un peu ! dit-elle, ironique.
Marian devint suspicieuse à sa réaction :
- Kate ! Est-ce qu'il s'est passé quelque chose que je devrais savoir ?
Kate prit alors conscience de la situation. Elle avait failli se vendre à cause de sa stupide colère. Il fallait absolument qu'elle redresse les choses. Personne ne devait savoir, c'était un impératif, dans quel cas elle et Allan serait dans une situation bien plus grave qu'elle ne l'était.
- Non rien ! se radoucit-elle. C'est juste que j'ai du mal à me rappeler des événements d'hier et que ça m'ennuie de savoir que j'ai dansé avec lui c'est tout.
- Oui je vois ça ! Ca ne peut qu'être grave pour que tu viennes ici en trombe à cette heure et dans cet état ! dit-elle, moqueuse.
- C'est juste que je n'aime pas perdre toute lucidité et je voulais savoir si je ne m'étais pas trop « compromise » hier soir ! se justifia-t-elle.
- Mmmm ! Non ! Pas à se que je sache en tout cas. Et puis je crois que Petit Jean à bien veiller sur toi, et surtout sur Allan ! dit-elle dans un rire.
Ouf ! Dans ce cas personne n'aurait de soupçons sur l'issue malheureuse de leur « danse » effrénée.
Marian décida de la taquiner encore un peu :
- En tout cas je peux vous dire que vous formiez un joli couple tous les deux ! Tous seuls au milieu de la piste dans cette danse endiablée ! Vous avez presque failli faire de l'ombre à nos jeunes mariés !
- Ahhhh non ! dit Kate en bousculant Marian affectueusement en guise de rébellion.
Marian s'amusait beaucoup de la situation. La réaction de Kate et sa perte d'inhibition « grace » à l'alcool de la veille n'avait que confirmer ce qu'elle savait déjà.
La jeune maman se releva dans les rires et Kate fini par s'esclaffer à son tour de sa bêtise en comprenant qu'elle ne faisait que plaisanter : elle était tombée droit dans le piège !
10. Faut pas énerver un shérif
- Le cheval est en vue messire ! Avec la lady !
Allan se précipita à la tour pour vérifier les dires de Keith, son second, par lui-même. Et effectivement, un cheval galopait en direction du château et la femme qui le montait semblait être Kate. Ahh ! Cette petite peste ne perd rien pour attendre ! Je vais lui montrer de quel bois je me chauffe. Il ne faut pas non plus me prendre pour un imbécile !
Et Allan quitta la tour d'un pas vif en direction de la cour.
Kate arriva en ville et fut surprise de l'inhabituelle activité qui y régnait. Quand elle fut près du château, elle fut même étonnée de voir une horde de garde, ainsi qu'Allan sur le perron et qui visiblement… l'attendait ? Et il semblait : en colère ? Mais qu'avait-elle fait encore ?
Elle descendit néanmoins de son cheval assez nonchalamment et monta les quelques marches du perron pour se diriger vers Allan, comme si de rien n'était.
- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle innocemment.
- Ce qui se passe ? s'énerva Allan. C'est pas vrai, elle me demande se qui se passe ! Je vous informe que mes hommes sont, depuis plusieurs heures, à la recherche du voleur de chevaux.
- Du voleur de chev… ?
Elle comprit alors.
- Mais je l'ai juste emprunté ! Ce n'est pas la peine d'en faire toute une montagne ! Je vous l'ai ramené non ?
- Quand on « emprunte » quelque chose mademoiselle, on demande la permission avant ! Je ne pouvais pas deviner que ce n'était que vous ! dit-il comme si elle était insignifiante et sans la moindre importance.
- Et vous avez mis toute une armée à ma recherche pour un malheureux cheval ?
- Vous apprendrez que je déteste qu'on me vole !
- Bah oui ! C'est le propre des voleurs ça non ?
A la vue de la réaction d'Allan et de la fureur dans ses yeux, elle regretta instantanément ses paroles.
- Dans le cas présent, c'est vous la voleuse ! Qu'on l'emmène aux cachots.
- Pardon ?
Kate parla en même temps que Keith, abasourdi par la demande d'Allan.
- Monsieur, vous n'y pensez pas ! continua le jeune homme.
- J'ai dit emmener là ! C'est un ordre ! hurla-t-il
- Mais vous n'êtes pas sérieux ? demanda Kate, incrédule.
Il plaisantait, ce n'était pas possible autrement ! pensa-t-elle.
- Mais je ne fais qu'appliquer vos conseils pour dissuader les voleurs de recommencer leurs méfaits, Milady ! « Un petit séjour en prison en guise de punition pour lui faire comprendre l'illégalité de ses actes et le tord qu'il a pu causer ! » Vous vous souvenez ?
Oh bon sang ! Oui elle se souvenait. Mais elle n'aurait jamais pensé qu'il oserait l'appliquer pour elle.
- Mais je n'ai rien volé ! se défendit-elle.
- Non ! Mais ça vous passera peut-être l'envie d' «emprunter » sans demander l'autorisation préalable au propriétaire.
- Vous n'êtes qu'un… !
- Allez-y ! Je rêverai de l'entendre ! la provoqua-t-il.
Elle se ravisa. Dans l'état de fureur où il était, mieux valait ne pas le provoquer davantage et aggraver son cas.
- Je vous déteste ! hurla-t-elle en se débattant pendant que deux gardes l'emmenaient malgré eux en direction des geôles.
- Si vous me permettez, je pense que Monseigneur y est allé fort avec cette jeune femme !
- On ne vous a pas demandé votre avis Keith ! Reprenez tous vos postes ! Le spectacle est terminé !
