Préambule.

« Reviens ici tout de suite ! »

Le ton était autoritaire, nerveux, sans appel. La jeune fille ne prit même pas la peine de se retourner.

« Belléropha !

- Arrête de m'appeler comme ça ! Je m'appelle Belle ! »

Son visage, furieux, se calma soudain. Elle ne ressentait plus aucune colère, juste une immense panique. Sans qu'elle ne s'en rende compte, les larmes ruisselèrent sur ses joues. Bon sang, qu'avait-elle fait ? Ses traits se crispèrent. Elle détestait qu'on la voie pleurer, elle voulait paraître forte, toujours. La femme regarda sa fille avec un sentiment de pitié.

« Allons, ne pleure pas. Ce qui est fait est fait. Nous trouverons une solution. Je pourrais te donner cours à domicile ? »

Elle essuya ses larmes.

« Non. »

D'un geste, elle reprit contenance et se retourna. La porte de sa chambre claqua violemment, et il ne fallut pas longtemps pour qu'un air de rock en ressorte et voyage au sein de la maison, libre et vagabond.

Belle se réveilla à l'aube. Elle mit un certain temps à se souvenir des évènements de la veille, mais la lettre sur le bureau l'arracha à ses rêves. Le sceau de l'école magique de BeauxBâtons y était appliqué, en dessous de quelques mots calligraphiés, dont les plus importants scintillaient même dans l'obscurité, à savoir : « grave violation du règlement » et « renvoi définitif ». C'était trop bête, il ne lui restait plus qu'un an à finir ! Belle s'auto flagella mentalement, énervée par sa propre stupidité. Si seulement elle avait été plus prudente… Elle jeta un rapide coup d'œil à sa chambre. Son antre était la parfaite copie de son âme. Une partie sorcière, et fière de l'être, une partie moldue, avec sa guitare dans un coin et son étagère de CD à côté d'un ordinateur portable. Elle mélangeait la magie à la technologie, et le résultat lui convenait parfaitement.

La jeune fille descendit les escaliers, tordus, et atterrit dans la salle à manger. Dieu qu'elle avait faim. Elle avait zappé le repas de la veille au soir, et à présent son estomac lui demandait réparation. Elle commença donc à avaler tout ce qui lui passait sous la main, dévalisant le frigo et les armoires. Elle n'en était qu'à son sixième toast au Nutella lorsque un hibou plana au-dessus du pot de chocolat, entré par la fenêtre ouverte. Par réflexe, elle le couvrit de sa main.

« Pas touche, sale bête ! »

Elle comprit sa stupidité lorsqu'elle remarqua la lettre qui lui était portée. Les hiboux étaient des messagers, pas des voleurs de Nutella ! Elle lui arracha presque l'enveloppe, inquiète, avec dans les yeux une lumière d'espoir. Et si la directrice de BeauxBâtons avait changé d'avis ? Mais il n'en était rien, le sceau était rouge, non bleu, et un P y était gravé, au centre d'arabesques hypnotiques.

Juste au dessus, le nom de « Poudlard » était inscrit d'une écriture fine et sensible.