Bonjour à tous !
Je reprends à partir d'aujourd'hui la traduction de la fiction "When a lioness fights" de Kayly Silverstone, originellement traduite par Lanassa Ayla. Le travail de Lanassa s'achève sur le chapitre 52 de la fiction, j'ai donc repris la traduction à partir du chapitre 53. Je poste également les chapitres 54 et 55 aujourd'hui et je publierais par la suite un chapitre par semaine.
Pour lire le début de l'histoire c'est par ici : "Quand la Lionne se bat", traduction de Lannassa Ayla : s/2566386/
Je vous souhaite une bonne lecture !
53. Entre peur et admiration
Ne tombe pas dans les pommes avant même d'avoir quitté l'école ! se sermonna Hermione alors qu'elle marchait, ou plutôt trébuchait le long de l'interminable tunnel profondément enfoui dans les entrailles du château. Severus ou n'importe quel membre de l'Ordre l'aurait volontiers accompagné jusqu'au point de transplanage, mais elle avait besoin de ce moment de solitude pour à la fois mettre au point une stratégie et monter un ensemble de souvenirs crédible dans son esprit.
Voldemort serait en effet très intéressé.
La première partie était facile, certainement plus facile que s'orienter sur le domaine de Poudlard avec un esprit à moitié absorbé et un corps à moitié mort d'épuisement. Seule la très puissante potion de Pimentine que Severus lui avait administrée la gardait sur ses jambes et cohérente, mais le temps qu'elle atteigne l'arbre creux où sa cape d'invisibilité était dissimulée, elle avait ajouté une fin acceptable à sa séquence de souvenirs.
Dépassant les limites de l'école, elle prit une grande inspiration et transplana.
Il n'avait pas été difficile de manquer de la distinction qu'elle mettait d'ordinaire dans ses pas et ses mouvement quand elle arpentait l'enceinte du QG de Voldemort. Ni de passer la barrière des Mangemorts intrigués envoyés s'occuper d'elle, à la fois dérangés par son comportement d'ivresse présumée et par l'état de ses cheveux et de son visage. Elle avait vérifié son apparence en conjurant un miroir, près de l'arbre, et s'était ajouté une autre série de méchantes ecchymoses ainsi qu'un peu de saletés pour faire bonne mesure
Au plus elle s'approchait de la salle du trône de Voldemort, au plus les tunnels souterrains étaient remplis. Il n'y avait pas de réunion du premier ou du second Cercle ce soir, mais un nombre croissant de Mangemorts préféraient vivre dans la sombre forteresse de Voldemort plutôt que dans le monde extérieur. Au cours de derniers mois, Severus et elle avaient travaillé à révéler au monde l'identité du plus grand nombre possible d'entre eux sans risquer la position d'Hermione. Ils avaient pensé à les tuer bien sûr, mais bien qu'ils puissent attribuer la connaissance de leur identité à la mémoire de Severus ou à une source inconnue, leurs agissements exacts étaient un peu plus compliqués à décrire, et exposer ces connaissances revenait à écrire en rouge "espion" sur leur front.
Une fois que l'identité d'un Mangemort avait ouvertement été annoncée ou indirectement donné à la presse - Hermione n'avait jamais complètement abandonné son emprise sur cette bonne femme Skeeter -, ses possessions étaient confisquées, ses noms et visages divulgués dans toute la Grande Bretagne. Une confortable petite vie de sang-pur se transformait soudain en perpétuelle chasse à l'homme, avec comme chasseur l'entièreté de la nation.
Et quand finalement le dernier membre de la famille ou le dernier ami vous laissait tomber - et généralement ça arrivait assez rapidement ces derniers temps - la vie ici semblait infiniment plus attirante. Vivre dans une forteresse souterraine avec un Seigneur fou semblait un maigre prix à payer pour huit heures de sommeil ininterrompues par nuit.
Hermione avait sa propre chambre également, comme tous les membres du premier Cercle, mais elle ne l'utilisait que pour stocker quelques vêtement et robes de rechange, ou occasionnellement pour se reposer un peu quand un rassemblement était trop éprouvant pour transplaner immédiatement. Mais habituellement elle restreignait ses visites en ce lieu au strict minimum.
Hermione était juste heureuse que l'école lui donne une excuse valide pour rester loin de ce repaire de gamins la plupart du temps.
Je suis entourée de gamins, et je suis sur le point de leur voler leur jouet préféré, pensa t'elle alors qu'elle sentait les yeux des Mangemorts sur elle, certains la reluquant ouvertement, certains désapprobateurs. Quelques uns la saluèrent de la tête ou avec une légère révérence, mais elle remarqué qu'ils ne se comportaient pas avec autant de respect que deux nuit auparavant. Dans leurs yeux, son état d'évident épuisement faisait d'être une faible, une proie facile pour la colère de Voldemort et ils ne voulaient pas être vus en train de soutenir la sang-de-bourbe juste au cas où sa courte carrière parmi eux s'achevait ce soir.
Ils devaient pourtant savoir que les Mangemorts avaient excelleme mémoire. Si jamais elle perdait la grâce de Voldemort, ses associés se retrouveraient sans pouvoir dans la semaine.
Mais ça n'arriverait pas ce soir. Ce soir, elle parierait, et jouerait son rôle, et gagnerait. Après ce soir, sa suprématie serait indiscutable parmi les Mangemorts, et avec un tout petit peu de chance des questions commenceraient à germer dans leurs esprits, des questions comme pourquoi le Seigneur des Ténèbres protégeait une sang-de-bourbe de ses fidèles sang-pur.
Des questions qui pourraient avoir de grandes conséquences.
Elle atteignit les grandes portes de fer de la salle du trône, décorées avec, évidemment, des serpents - concernant la décoration d'intérieur, Voldemort manquait certainement de style - et les ouvrit avec force. L'élan mis dans ce geste la déséquilibra et quand elle sentit ses jambes céder, elle ne les en empêcha pas, s'étalant sur le sol de pierre dans un grossier enchevêtrement de vêtements, membres et cheveux.
Presque immédiatement, l'attention de toute la salle se tourna vers elle.
Normalement, elle demeurait dans l'ombre un peu plus longtemps, observant et mémorisant l'identité des nouveaux Mangemorts, scrutant les regroupements à l'affut de nouvelles alliances ou d'alliances fraîchement brisées, étudiant la hiérarchie dans la pièce et épiant les conversations. Mais ce soir, la scène était à elle.
"Pardonnez-moi, Monseigneur" gémit-elle, assez fort pour interrompre la moindre conversation. Rapidement, assez bien au fait que leur Seigneur n'aimait pas attendre, les Mangemorts dégagèrent le chemin qui la séparait du trône. Elle pouvait sentir ses yeux, rouges et malveillants, sur sa silhouette brisée, et elle les accueillit avec joie.
"Une telle interruption est en effet difficile à pardonner, sang-de-bourbe. Qu'y a t'il ?"
Comme si tu avais mieux à faire de ta soirée, pensa-elle dans un coin secret de son esprit, alors qu'elle élevait volontairement son visage vers ses yeux et qu'un tremblement se propageait dans tout son corps.
"Pardonnez ma lâcheté, Monseigneur. Je suis venue accepter mon châtiment. La vie qui m'anime est vôtre, Monseigneur, si tel est votre souhait."
C'était la partie la plus délicate de son plan. S'il était d'assez mauvaise humeur, il n'attendrait pas de poser des questions. Il la punirait simplement sur ces entrefaites et elle n'était pas entièrement sûre de survivre à un autre déferlement de sortilèges pour le moment.
Mais il semblait qu'elle n'avait pas encore épuisé sa chance. Voldemort fronça les sourcils, une expression presque comique sur son visage d'extraterrestre, et étendit un long bras blanc pour l'inviter à le rejoindre.
"Viens là, Hermione" ordonna-il, et elle rampa sur le sol dans sa direction, aussi vite que lui permettait sa douleur, aussi lentement que lui imposait sa douleur. Ce n'était qu'en partie joué. Elle n'avait pas menti quand elle avait dit à Severus qu'elle ne serait pas capable de se relever. Maintenant que son corps était entré en contact avec le sol, il refusait de continuer à fonctionner, mais elle utilisa simplement ce problème au bénéfice de son apparence extérieure.
Elle put voir Lucius, qui se tenait debout au côté de son Maître comme à l'accoutumée, détourner les yeux d'elle avec dégoût. Elle avait l'air affreuse, donc. Très bien.
"Pardonnez-moi Monseigneur, je vous ai déçu ! Prenez ma vie et ma culpabilité avec", s'autorisa-elle à babiller le long du chemin qui avait été dégagé pour son personnage de Mangemort et elle ajouta un léger tremblement de lèvres. Voldemort n'était pas sensible aux yeux de chien battus, mais le profond désespoir et la peur marchait toujours assez bien sur lui.
Il suffit de savoir ce que désire un homme.
Bredouillant et sanglotant, elle se demanda quand il en aurait assez et lui demanderait de s'expliquer clairement. Il détestait admettre son ignorance, mais ça ne pouvait être satisfaisant que s'il prenait l'initiative de faire le premier pas.
Plus très longtemps, pensa-elle, et comme pour lui donner raison, elle put entendre sa voix glaciale au dessus de sa tête.
"Tu épuises ma patience, sang-de-bourbe," siffla-il. "Regarde moi dans les yeux et dis-moi de quoi tu parles."
Sa tête se leva violemment comme si elle avait été giflée et des murmures s'élevèrent parmi les Mangemorts. Le supplément saleté et ecchymoses avait été une bonne idée, semblait-il.
"Mais…" balbutia-elle, les yeux agrandis par l'étonnement. "À propos des hommes que vous avez envoyé pour me tuer, Bolstring et Karsev et les autres. Pardonnez-moi de vous avoir déçu une fois de plus, Monseigneur ! "
La force de son entrée dans son esprit renversa sa tête et elle se retrouva une nouvelle fois étendue sur le sol, ses pieds s'étalant devant elle, son nez ne mettant à saigner sous la pression de l'intérieur de sa tête.. Il fut impitoyable, ne s'embarrassant d'aucune précautions alors qu'il prenait possession de son esprit et de ses souvenirs.
Alors, elle sentit sa conscience se figer à l'intérieur d'elle, comme un homme qui aurait découvert l'impensable. Une fois de plus, il examina le souvenir qu'elle avait construit moins d'une demi heure auparavant, soigneusement et très minutieusement. Elle pouvait sentir sa rage enfler en son sein, chauffant sa peau et son sang jusqu'à lui donner envie de hurler.
Il s'extirpa, retournant dans son propre corps. Et quand elle leva les yeux vers lui, ses lèvres et ses membres toujours tremblants, elle eu un mouvement de recul dicté par la peur. Elle n'avait jamais vu une telle fureur sur son visage.
"Je n'ai pas envoyé ces hommes. Ils ont agi contre mes souhaits et mes ordres," murmura-il. Il n'avait pas besoin d'un enchantement pour que sa voix porte dans toute la salle.
Elle émit un faible gémissement de soulagement et relâcha brutalement son expression faciale. Pour ceux qui l'observaient, elle avait dû paraître rajeunir en quelques secondes, redevenant l'inoffensive petite élève sans défense qui avait si bien marché sur Fudge et tant d'autres.
"Alors vous n'êtes pas déçu de moi, Monseigneur ?" murmura-elle. "Vous ne vouliez pas prendre ma vie pour me punir ?"
"Non, je n'ai pas voulu ceci". L'air se refroidit sous l'effet de sa colère et elle gémit une nouvelle fois, bien qu'évidemment elle sache qu'elle n'était pas dirigée contre elle. "Viens là, mon petit animal de compagnie."
Maladroitement, elle avança en rampant, montant les marches vers le trône. Il tendit une main et la posa sur sa tête.
"Je suis fier de toi, Hermione. Tu t'es défendue avec la sauvagerie d'un vrai Mangemort, et bien que tu t'attendais à mourir ce soir, tu es revenue pour faire ma volonté. C'est du vrai courage, de la vraie loyauté."
Il me traite comme une enfant, réalisa-elle en entendant le ton paternel qu'il avait pris, inhabituellement chaleureux. Il essaie de me consoler, me faire me sentir en sécurité. Voyons si on peut l'amadouer un peu plus.
Elle sanglota, bruyamment, comme si ces mots lui avaient ôté ses dernières miettes de contrôle de soi, et elle pressa sa tête contre sa main, son corps contre sa jambe, comme un petit chien qui aurait été blessé par sa meute.
Et l'inimaginable arriva.
Voldemort, Seigneur des Ténèbres et haïsseur des sang-de-bourbe, mille fois assassin, souleva l'ourlet de sa cape et l'enroula autour d'elle, en signe de protection contre le monde.
Elle se fit toute petite, aussi petite d'une enfant, jusqu'à ce que seule sa tête avec les griffes de Voldemort toujours dessus ne s'échappe des sombres robes. Elle ouvrit les yeux sur un océan d'expressions choquées.
"Bolstring, Deanston, Mulhannon. Avancez," commanda Voldemort, la voix de nouveau glaciale, mais Hermione pouvait sentir sa main caresser ses cheveux. De toutes ses forces, elle imagina que c'était Severus assis auprès d'elle, et cette pensée lui donna assez de force pour se serrer encore plus près contre sa jambe. Doucement, elle laissa le tremblement de ses lèvres se calmer, comme si sa présence l'apaisait.
"Lucius", dit-il. "Va me chercher Karsev, Askaron et Melling. Amène les maintenant et prend garde à ne pas les laisser s'échapper."
Lucius s'inclina sans un mot, bien que l'expression sur son visage criait presque sa curiosité, et s'éloigna du trône.
"Ma Pensine, Darren," ordonna le Seigneur des Ténèbres, et un autre homme en habits noirs disparut du cercle qui les fixait du regard. La foule s'écarta pour laisser passer Bolstring, puis Deanston et Mulhannon, et Hermione renforça à nouveau le tremblement de ses lèvres, comme si la vue de ses tortionnaires l'effrayait de manière irrationnelle.
Voldemort observa les trois hommes en silence, le regard froid, faisant sans aucun doute rage dans leurs cerveaux en quête de motivations, signes de trahison ou de faiblesse. Il en trouverait probablement plein, pensa Hermione avec colère. Les hommes assez stupides pour se vanter et fanfaronner avant un assassinat étaient également assez stupides pour critiquer leur Maître entre eux.
Darren revint en moins de cinq minutes, bien que ce temps ait paru une éternité pour le groupe rassemblé dans la salle du trône, la Pensine flottant devant lui. Ce fut seulement quand il l'eut positionnée soigneusement sur un piédestal en face du trône de Voldemort que le Seigneur des Ténèbres se redressa et parla.
"Cet après-midi, ma volonté et mes plans se sont vus contrariés de façon extrêmement grave, un acte qui n'est qu'aggravé par l'identité de ceux qui m'ont défié."
Silence. Hermione put voir Mulhannon frissonner légèrement, manifestement conscient de ce qui viendrait et pourtant incapable de trouver une issue de secours. Pas surprenant, puisqu'il n'y avait pas de moyen de s'en sortir à ce stade. Aucun de ces hommes ne survivrait à cette nuit, et depuis sa position près du genou de Voldemort, Hermione pouvait lire sur leurs visages qu'ils le savaient.
Ça la remplit d'une profonde satisfaction.
"Mulhannon. Bolstring. Deanston," Voldemort se tut, et soudainement la porte de la salle du trône s'ouvrit, montrant Lucius Malfoy avec les trois autres hommes entrant dans la pièce. Voldemort devait avoir senti Lucius revenir, pensa Hermione, sinon le timing n'aurait pas pu être aussi parfait. En tout cas cela produisit assurément l'effet désiré.
"Karsev. Askaron. Melling," Il se tut de nouveau pour laisser son regard glacé voyager d'un visage à l'autre et Mulhannon ne fut plus le seul à frissonner. "Je vous demanderais de vous expliquer, si je n'avais pas déjà vu vos âmes et la faiblesse qui les corrompt. Mais bien que j'aie vu et jugé, j'estime sage de laisser mes véritables fidèles voir votre traitrise."
Sur ce, il leva sa baguette jusqu'à sa tempe et en sortit un long fil argenté de mémoire qu'il fit léviter jusque dans la Pensine. Il donna un autre coup de baguette et les figures fantomatiques de dix Mangemorts s'élevèrent, les six condamnés parmi eux, attendant silencieusement dans une petite clairière.
Soudainement, dans un plop, Hermione apparut parmi eux, portant les robes coutumières des rassemblements de Mangemorts. L'expression de son visage quand elle se vit entourée par ces hommes était totalement abasourdie.
Donc c'est à ça que je ressemble quand je suis surprise, pensa-elle alors qu'elle se regardait tuer deux d'entre eux avec un grondement féroce avant que celui qui était derrière elle ne lui lance un sort vicieux dans le dos et que Karsev ne lui expulse la baguette de la main. Une bonne raison supplémentaire de ne plus jamais être surprise, donc.
Hermione grimaça quand elle fut témoin d'un mauvais coup de poing lui fracassant l'os de la joue. De l'extérieur, l'attaque avait l'air encore pire que ce qu'elle avait ressenti sur le moment, surtout maintenant que l'adrénaline et la peur n'atténuait plus la perception de la douleur. Elle n'avait pas non plus réalisé que la destruction méthodique de son corps avait pris autant de temps. Les minutes avaient été comme des secondes pour elle, semblait-il, jusqu'à ce qu'elle trouve finalement un moyen de s'enfuir.
Elle ne put s'empêcher d'être fière alors qu'elle se regardait étendre son bras gauche intact et laisser s'échapper deux sorts mortels successifs, achevant les deux hommes qui la maintenaient à terre. Elle se déroba vers l'arrière, les yeux fixés sur les autres attaquants, qui semblaient un instant figés par le choc. Avant qu'ils puissent rassembler leurs esprits et l'assaillir de nouveau, elle avait atteint la limite du sortilège d'anti-transplanage, négligemment proche du lieu où ils l'avaient capturée, et transplané.
Elle s'attendait à ce que les images fantomatiques s'arrêtent à cet instant, mais apparemment Voldemort avait décidé de montrer à ses Mangemorts comment elle avait réussi à survivre après une attaque d'une telle ampleur. Peut-être était-ce une façon silencieuse de faire son éloge.
Non qu'elle ait eu besoin de d'éloges supplémentaires après sa démonstration de ce soir.
Mais quand même elle put voir l'admiration sur le visage des Mangemorts alors qu'elle se regardait apparaître aux limites du domaine de Poudlard - pas le véritable endroit où elle était arrivée, bien sûr, elle ne donnerait pas cette information à de potentiels ennemis - et descendre potions sur potions de son stock caché.
Admiration, bataillant avec la peur alors qu'ils la voyaient redresser sans délicatesse son bras cassé et se soigner alors que le sang coulait à flot de ses blessures et souillait le sol. Hermione déglutit. Elle avait fabriqué cette scène à partir d'anciens souvenirs, souvenirs tirés des temps sombres avant que Severus n'ait décidé de l'aider, et la fière détermination qu'elle lisait sur son visage un peu plus jeune l'effraya elle même. Elle voyait seulement maintenant comment Severus avait adouci son âme, comment il l'avait détournée de l'amertume et rendue à une existence plus humaine. Soudainement, elle fut remplie d'un amour si profond qu'elle cacha son visage dans la cape de Voldemort, craignant que l'émotion puisse se lire sur son visage malgré ses épais boucliers d'Occlumens.
Elle rata le souvenir d'elle s'évanouissant et gisant dans tas sanglant et froissé au pied d'un arbre, avant de s'éveiller après quelques temps - Voldemort avait bien sûr accéléré cette partie là, sinon ils l'auraient regardée gésir là pendant des heures -, se nettoyer et finir de se soigner et retransplanner à la forteresse, avec sur son visage la volonté d'accepter la punition choisie, quelle qu'elle soit.
"Tout ça," dit froidement Voldemort dans le souvenir fut finalement achevé. "Tout ça après que j'aie explicitement ordonné qu'Hermione ne soit pas blessée. Vous m'avez désobéi. Vous avez semé la discorde dans ce groupe. Vous avez attaqué un Mangemort dévoué, un qui est bien plus haut placé que vous dans mes faveurs."
Cette fois, elle ne vit pas seulement des réactions sur les visages des six hommes condamnés. Bien que tous ceux capables de ne pas se voiler la face puissent avoir remarqué la façon dont Voldemort la favorisait, leurs préjugés les avaient empêché de réaliser qu'une sang-de-bourbe était devenue la Reine de leur propre foyer. Mais ils le voyaient maintenant, et ils n'aimaient pas ça du tout.
"En conséquence," continua le Seigneur des Ténèbres. "J'ai décidé de ne pas déterminer votre punition moi même. Vous avez amené la discorde, et l'harmonie doit être restaurée. Ainsi, je remets votre sort dans les mains d'Hermione, qu'elle en dispose à sa guise."
Hermione se demanda s'il put voir le choc qui se propagea à travers la pièce à ces mots, ou s'il en avait conscience tout en ignorant ce que ça signifiait pour son autorité. Il était allé au delà de ce qu'elle avait espéré pour cette soirée, lui livrant des pouvoirs d'une magnitude encore supérieure à celle de Lucius. Il lui avait donné le pouvoir sur des hommes étant sous son commandement. Il lui avait offert la vie de sang-pur.
Pendant une seconde, elle fut sévèrement tenté d'accepter l'offre.
Mais ensuite ses instincts politiques reprirent le dessus et elle secoua sa tête dans un geste humble, leva le regard vers lui, le visage irradiant d'adoration et de fanatisme.
"Vous me voyez comblée, Monseigneur," murmura-elle. "Mais j'oublierais ma place si j'acceptais ce cadeau. Ils m'ont peut-être blessée, Monseigneur, mais ils ont aussi défié votre volonté. En comparaison, l'offense qui m'a été faite est insignifiante."
Elle put voir qu'il aimait cette réponse, bien qu'il attende normalement de ses larbins qu'ils acceptent joyeusement les présents qu'il donnait si rarement. Mais avec ce refus, il était important de lui montrer que la pensée de sa propre grandeur et de ses propres pouvoirs ne lui montait pas à la tête. Qu'il demeurait, en premier et avant tout chose, son Maître et elle sa servante.
"Ca sera la mort, dans ce cas", annonça-il paresseusement, et le groupe de Mangemorts grimaça de concert, comme s'ils n'y avaient pas cru avant la toute fin qu'il tuerait vraiment six d'entre eux pour leur offence envers une sang-de-bourbe.
"Endoloris."
Hermione les regarda se convulser et se tortiller sur le sol sous l'effet de sortilèges de torture variés sans la moindre parcelle de compassion. C'était ce qu'on gagnait à faire montre de stupidité dans ce monde de ténèbres et de noirceur. Elle avait bravé le feu et la douleur pour atteindre cette position au pied de Voldemort, et elle en était sortie victorieuse. Comment aurait-elle pu avoir pitié des sang-pur qui avaient initié ce jeu de peur et de cruauté en premier lieu, juste parce qu'elle jouait mieux que ce qu'ils n'auraient jamais pu espérer ?
Ce fut très étonnamment rapide. A l'évidence, la colère de Voldemort avait dépassé sa volonté d'infliger de la douleur cette fois, et alors qu'Hermione posait les yeux sur les corps mutilés à ses pieds elle dû admettre qu'elle en était contente. Elle était soulagée qu'ils soient morts, et satisfaite qu'elle ait pu prendre sa revanche, mais personne ne méritait d'être torturé pendant des heures.
Elle se reposait toujours contre le genou de Voldemort, et le Seigneur des Ténèbres n'avait pas retiré sa main de sa tête alors qu'il punissait ses attaquants. Maintenant, il baissait les yeux sur elle avec une expression généreuse.
"Maintenant que justice a été faite," dit-il. "Tu ferais mieux de retourner à l'école. Tu as besoin de repos et nous ne voulons pas que Potter se demande ce qu'il t'es arrivé, n'est-ce pas ?"
"Non, Monseigneur," murmura-elle, toujours dans son rôle de sang-de-bourbe conciliante. "Merci pour votre générosité."
"Ce n'est rien," répondit-il avec un ton qui s'approchait de la gentillesse. "Pars maintenant."
Elle relâcha sa prise sur son genou et recula en rampant, se relevant doucement quand elle eut presque atteint la porte de la salle du trône. Il était crucial de ne pas montrer d'arrogance à ce moment, pas de fierté, ou les sang-pur se précipiteraient sur elle comme une horde de furies.
Son esprit fut envahi par un brouillard de fatigue alors qu'elle marchait vers le point de transplanage, mais ça n'était que le soulagement qui rendait ses membres lourds. Elle avait presque atteint l'entrée de la salle hautement surveillée quand elle sentit une présence derrière elle. Et d'après le son des pas et la pointe de parfum qui chatouilla ses narines, ça n'était pas n'importe qui.
"Lucius," le salua-elle calmement, ralentissant ses pas pour qu'il puisse la rattraper, mais ce qu'elle voulait vraiment dire était Pas maintenant !
"Hermione," répondit-il gravement, passant son bras sous le sien pour la guider délicatement. "Es-tu assez en forme pour transplaner par toi même ?"
Derrière ses boucliers d'Occlumencie, elle était stupéfaite. Elle ne s'attendait pas cette question mais plutôt à l'ordre de la suivre sans ses appartements ou un endroit pire.
"Oui, merci," répondit-elle doucement. " Je devrais m'en sortir."
"Je voulais juste te dire, Hermione," continua-il après une courte pause. "C'est que si jamais quelque chose de ce genre se arrive encore, et que tu as besoin d'aide, tu peux te tourner vers moi, quelle que soit la situation."
Cette fois, elle autorisa son élan de surprise, levant la tête vers lui, rencontrant son regard et observant attentivement ce qu'elle pouvait voir sur son visage.
Elle vit de l'obsession, et de l'inquiétude et un sentiment qui la fit frémir et frissonner intérieurement. Forte de toute l'expérience des étranges humeurs de Lucius qu'elle avait, elle ne se serait jamais attendue qu'il ressente de la tendresse pour elle.
Alors elle pensa à Severus, et à la façon dont il l'avait portée dans ses bras cette nuit, et quand elle le regarda à nouveau, ses yeux ne montraient rien d'autre que de l'amour et de la gratitude.
"Merci," murmura-elle. "Que ferais-je sans toi." Tiens, je te contrôle finalement, Lucius. Voyons comment on peut se servir de ça.
Elle l'enlaça un moment, pas sûre de la façon de manier un Lucius tendu, ensuite elle recula avec un léger hochement de la tête dans la salle de transplanage. Ses yeux restèrent fixés dans les siens jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans un plop.
Son transplanage et la route jusqu'au château se firent dans un élan de triomphe, la faisant progresser directement et rapidement malgré l'épuisement. Ce sentiment s'estompa seulement quand elle arriva devant la tapisserie. Mais c'était là que Severus l'attendait, et il la protégerait à partir de là. Elle put enfin laisser ses forces l'abandonner.
Ses bras la cueillirent alors qu'elle avait à peine trébuché à travers la tapisserie. Il la serra contre lui avec précaution, refusant de céder au soulagement qui déferla en lui comme une vague, ramenant avec lui l'épuisement et la lassitude de sa veille. D'abord, il devait l'amener en sécurité et s'assurer que rien de mal ne lui soit arrivé depuis qu'elle était repartie.
Ses yeux balayèrent son visage et son corps, cherchant attentivement des signes de blessure, et ses oreilles captèrent ce qu'elle murmura avant qu'elle ferme les yeux et semble s'endormir, l'enregistrant pour s'en rappeler plus tard, mais toute son attention était tournée vers la forme chaude, respirante, et en vie qu'il avait recueilli dans le cercle de ses bras.
Sans un regard, sans un mot supplémentaire, Severus traversa la tapisserie qui reliait ses appartements au quartier général.
Il ne s'arrêta pas dans la bibliothèque, ne prenant pas la peine d'enlever ses robes ou d'alerter Jane. Si Jane avait remarqué ce qui s'était passé, elle serait déjà allée au quartier général, exigeant des actes et des réponses. Elle n'aurait probablement pas laissé Hermione repartir.
Quand il eut atteint sa chambre à coucher, il lança un sort réchauffant pour préparer les couvertures d'un mouvement de poignet. Ensuite, il cessa de bouger.
Il baissa la tête vers ses cheveux et inspira longuement son parfum unique, pas le moins du monde atténué par la douleur et le sang et les nombreux sorts de nettoyage.
Elle était de retour. De retour dans le domaine de sa responsabilité. Il pouvait la garder en sécurité maintenant. Et il le ferait.
"Severus," s'éleva la voix fatiguée d'Hermione après un moment. "Tu peux me lâcher maintenant. Pas besoin de me porter tout le reste de la nuit."
Il hocha la tête, oubliant qu'elle ne pourrait pas voir le geste dans l'obscurité de la chambre, mais d'une façon ou d'une autre son corps avait dû lui transmettre le mouvement et elle leva le bras, touchant doucement sa joue, la caressant avec des doigts pas très assurés.
"Je suis de retour," murmura-elle, comme si elle savait exactement ce qu'il ressentait à cet instant. Elle le savait probablement.
"Je suis sauve pour ce soir, Severus. Tu as respecté ta promesse, et maintenant je vais respecter la mienne en t'autorisant à me soigner et en me reposant." gloussa-elle, et même si le son était rauque et fatigué, il pu déceler sa belle et chaude voix à travers sa lassitude. "Mais pour me laisser faire ça tu vas devoir me déposer sur le lit, tu sais ?"
"Oui," répondit-il, la douleur dans sa voix reflétait la sienne. Mais même, il ne bougea pas jusqu'à ce qu'elle tire doucement sur son bras, lui intimant silencieusement de la laisser descendre. Alors seulement il la déposa sur le lit.
"Souhaites-tu prendre une douche?" demanda-il.
"Je ne saurais pas rester sur mes jambes assez longtemps," répondit-elle doucement, s'appuyant sur sa main. "Mais j'aimerais être propre… Severus… me laverais-tu encore, comme tu l'avais fait à Noël ?"
Un coin de son esprit il savait ce qu'elle était en train de faire alors qu'il invoquait l'éponge et un bassin rempli d'eau chaude. Elle avait surmonté assez rapidement le choc. Aussi fou que cela paraissait, il n'avait fait que dire la vérité à l'Ordre quand il avait décrit l'attaque comme "purement physique". La douleur et la peur ne pouvaient plus l'atteindre. Elle ferait des cauchemars, mais dans son esprit cette soirée était devenue un triomphe, une chasse sauvage après ses agresseurs qui l'avait laissée victorieuse. Aussi douloureux que ça ait été, la récompense avait été bien plus grande.
Elle savait que le gros du prix à payer avait été supporté par lui, qui voulait la garder saine et sauve et qui l'avait néanmoins laissé aller au devant du danger, qui l'aimait et l'avait laissé traîner parmi ceux qui la détestaient pendant qu'il l'attendait silencieusement dans les noirs tourments de son esprit.
Il pouvait sentir ses mains trembler légèrement alors qu'il laissait glisser l'éponge humide le long de sa peau. Elle avait fermé ses yeux dans un plaisir silencieux, lui montrant sa confiance et son amour sans le brusquer.
Il avait gardé ses émotions pour lui tout le long de la soirée, avait continué à avancer malgré tout. Maintenant il pouvait sentir le contrecoup s'installer et il n'y avait que sa lumière, que sa chaleur pour garder ce sentiment glacial loin de lui.
"Je t'aime, Severus," murmura-elle. "Et je veux m'endormir dans tes bras, et me réveiller dans tes bras. Pour ce soir, je ne veux rien d'autre que la paix. Rien d'autre que nous."
Et ainsi, il les changea tous les deux en vêtement de nuit d'un enchantement murmuré, se glissa dans le lit à ses côtés, l'enlaçant et sentant ses bras s'enrouler autour de sa taille, l'enlaçant en retour. Il reposa son menton sur son front, écouta les petits bruits qu'elle faisait toujours quand elle s'endormait et s'autorisa finalement à se détendre intégrant la certitude qu'elle était là, sauve, et - au moins pour ce soir - à lui.
Ils lui rendirent visite aux alentours de midi le lendemain. Draco avait attendu avec les autres au quartier général jusqu'à bien après minuit, essayant de travailler sur la prophétie avec Harry et échouant lamentablement tandis que ses oreilles guettaient le bourdonnement de la tapisserie, et que ses yeux traquaient l'éclat doré de sa magie.
Mais quand ils s'étaient produits, Severus s'était précipité vers l'entrée magique avant même que Draco les ait remarqués.
Quand elle avait traversé la tapisserie, trébuchante, ses mouvements empâtés comme si le moindre d'entre eux demandait un effort trop grand pour elle, Severus l'avait attrapée et, après un coup d'oeil à son visage qui semblait des dizaines d'année plus âgé et à peine encore humain, l'avait saisie derrière les jambes et prise dans ses bras.
"Au lit, maintenant" fut la seule chose qu'il dit aux autres rassemblés autour d'eux dans un anxieux demi cercle.
Draco l'avait vue hocher la tête, ses yeux déjà fermés et sa tête roulant déjà sur le côté comme si elle était à moitié endormie.
"Ils sont morts. Le Seigneur des Ténèbres les a tués tous les six devant moi," avait-elle murmuré à peine audiblement.
Mais avant qu'ils puissent réclamer d'autres détails, ou même lui souhaiter une bonne nuit, Snape l'avait emmené à travers le passage vers sa chambre sans un regard en arrière.
Draco n'avait pas été certain de savoir à quoi s'attendre quand la note de Severus les avait finalement informés qu'elle était réveillée et apte à les recevoir - peut-être à une Hermione fatiguée mais néanmoins en train de travailler dur sur un devoir à rendre, ou un Maître espion déjà rétabli complotant ou travaillant sa technique de combat, mais ça n'était définitivement pas le cas - une Hermione très endormie et très détendue était couchée dans son lit comme une enfant de six ans attendant son histoire avant de dormir.
C'était une image difficile à réconcilier avec la personnalité affutée comme un couteau dont elle avait fait preuve la veille au soir, ou avec la Hermione habituelle qui semblait toujours occupée ou sur les nerfs.
"Tu es si différente aujourd'hui," lâcha Drago quand tout ce qu'elle fit pour les saluer était lever la tête et leur sourire. Elle n'essaya même pas de se redresser un peu plus que la position semi-assise que ses oreillers formaient.
"C'est parce qu'on a un deal," répondit Hermione avec un petit sourire fatigué. "Il n'intervient pas tant que ma mission n'est pas terminée, peu importe ce qu'il en pense, et une fois que je suis de retour, je me laisse traiter comme un gentil petit agneau." Elle renifla, mi irritée, mi amusée. "Il a fait du remue ménage autour de moi toute la matinée. Je ne peux même pas me rappeler combien de trucs il m'a fait ingurgiter à la petite cuillère. Je n'aurais pas osé bouger le petit doigt, même si j'en avais été capable.
"Je suis heureuse d'entendre ça, parce que je n'aurais absolument pas aimé devoir t'attacher au lit," annonça une petite voix piquante derrière eux.
Draco ne put s'en empêcher - il sursauta. Cet elfe de maison de Severus était franchement terrifiante, apparaissant toujours quand on ne l'attendait pas, toujours pleine de bons conseils et de critiques. Un elfe de maison se devait d'être silencieux et obéissant et tout à fait stupide. Cette… Jane n'était juste pas normale !
"Jane," la salua Harry assez courtoisement. Il l'avait eu facile - elle ne s'était pas juste prise d'affection pour lui dès le début, il avait aussi été dans ses petits papiers à cause de Dobby, qui était, à ce propos, l'exacte raison pour laquelle elle semblait mépriser Draco.
"Monsieur Potter. C'est bon de vous revoir. Je crois que notre petite héroïne vous a fait une belle frayeur hier ?"
Harry acquiesca, clairement amusé par cette description d'Hermione, qui ne fit rien d'autre que faire un sourire amusé et demander une autre tasse de thé.
"Et l'héritier Malfoy," salua-elle Draco moins que ravie.
Draco se redressa de manière impérieuse et lui jeta le regard. Il l'avait emprunté à son père et perfectionné en s'inspirant de Severus. Il faisait même reculer Mrs. Weasley. Malheureusement, Jane semblait être immunisée.
"Non, n'essaie même pas," dit-elle, bougeant ses mains comme s'il n'était pas digne d'être regardé. "J'ai assez souffert en regardant Severus grandir. Les adolescents maussades sont des abominations de la nature, je vous jure."
"Oh Jane, arrête ça," grogna Hermione depuis son lit. "Ce n'est pas sa faute s'il a été éduqué comme un sang-pur Serpentard plein de préjugés."
"Merci beaucoup," commenta sèchement Draco. "Tu sais comment me faire me sentir mieux, Hermione !"
"De rien," répondit-elle aimablement. "Maintenant dis-moi, est-ce que Mrs Weasley se plaint encore ?"
"Au contraire," gloussa Draco. "Elle est toute préoccupée et plein de remords maintenant. Apparemment elle a fini par réaliser que tu étais bien plus que ce que tu laissais paraître, et que Snape savait réellement comment gérer cette démence que tu as."
Il se déroba de façon experte alors Hermione lui jetait un coussin, mais il l'aurait largement manqué de toute façon. Ce fait indiquait plus que tout autre chose à quel point elle était faible - normalement Hermione était une experte en jetage d'objets sur lui. D'après le regard inquiet qu'il lui jeta, Harry devait avoir remarqué, lui aussi.
"Est-tu déjà remise ?" demanda-il avec hésitation. "Je ne voudrais pas pousser, mais je pense toujours que ça n'était pas raisonnable que tu y retournes hier."
Hermione soupira et sirota son thé. "Qui connait mieux le Seigneur des Ténèbres, toi ou moi?" demanda-elle sèchement.
Harry parut vouloir argumenter ce point, puis décida apparemment qu'être attaché sur une tombe par quelqu'un ne vous amenait pas au genre de relation dont Hermione voulait parler.
"Mais tu étais en danger !"
"Ne pas être en danger et être espion s'excluent l'un l'autre, Harry," dit Hermione, s'attirant un regard désapprobateur de Jane. Elle grogna quand l'elfe de maison retira abruptement un oreiller de son dos et commença à le frapper violemment.
En son for intérieur, Draco approuva. L'elfe de maison était dangereuse, il l'avait toujours su. Mais au moins elle appréciait le comportement d'Hermione autant que lui.
Il tourna la tête vers Harry, lui signalant d'un regard qu'il avait assez fait montre d'inquiétude pour aujourd'hui. Il connaissait Hermione depuis assez longtemps maintenant et il était sûr qu'elle ne changerait pas d'avis là dessus de toute façon.
"Donc, tu seras sur pied pour la réunion de ce soir ?" demanda Harry, dans une tentative absolument pas subtile de détourner la conversation des habitudes de Voldemort.
"Nope," répondit-elle joyeusement. "Severus a annoncé qu'il ne me laisserait pas sortir du lit avant demain. Il ne sera pas présent non plus."
"Mais ne dois tu pas planifier ce bal à l'avance ?" demanda Draco. Il avait été légèrement fâché à propos du fait qu'il ne pouvait pas les accompagner. Bien sûr, ça aurait été plus qu'étrange de la part de Dumbledore d'amener le fils d'un Mangemort connu à un tel événement, surtout quand le Survivant avait accepté l'invitation à contrecoeur.
Il avait eu sa part d'amusement en examinant les robes de soirée de Harry d'un oeil critique et en les gratifiant de beaucoup de remarques moqueuses et de commentaires snobs, et même plus que de l'amusement quand il avait appris à danser à Harry, mais attention, vraiment danser cette fois, pas ce désastreux boitillement trébuchant qu'il avait montré pendant le bal de Noël en quatrième année.
Mais il avait néanmoins espéré connaître leurs plans à l'avance. Il adorait juste voir Hermione planifier quelque chose, et s'il avait un tant soit peu raison, ça serait vraiment une nuit mémorable.
"La plupart des préparatifs sont terminés," répondit-elle calmement, ses yeux étincelant comme si elle savait exactement ce qu'il avait à l'esprit. Elle savait probablement. "Je n'ai besoin que de détails sur les préférences de Dougall et sur le dressing code du bal."
"Mais cela ne prendra-il pas du temps à préparer aussi?" se lamenta Draco, conscient qu'il passait pour puéril mais il s'en fichait. Bien qu'elle ait l'air détendue, il pouvait encore distinguer les marques de l'épuisement autour de ses yeux et de la bouche. Elle avait besoin de chaque moment d'amusement qu'il pouvait lui apporter.
"Les uniformes et les vêtements peuvent être métamorphosés demain. Je suis une sorcière, tu sais," répondit-elle d'un air suffisant, lui rappelant sa façon de penser à propos des nés moldus.
Il fronça son nez de dégoût feint. "À peine," jugea-il finalement et il récolta un coup sur l'épaule de la part de Harry en représailles.
"Ça sera un après-midi bien rempli, avec nous qui allons présenter la formulation de la prophétie aussi," commenta Harry, et Hermione leva les yeux, soudain curieuse.
"Vous avez terminé ?" demanda-elle. "Comment avez-vous tourné la dernière phrase alors?"
Draco eut un rictus. "Tu aimerais le savoir, n'est-ce pas ?" dit-il d'une voix traînante et il partagea un regard amusé avec Harry. "Mais j'ai bien peur que ça nous amène dans le domaine du travail, et comme tu viens de le dire, tu dois te reposer aujourd'hui. Donc si ça ne te dérange pas, nous allons retrouver Severus en bas maintenant, et discuter d'affaires importantes pendant que tu restes au lit à boire du thé…"
Son expression outragée fut la dernière chose qu'il vit avant de fermer la porte avec un sourire satisfait.
Hermione était sauve, Harry apprenait à plaisanter de manière éloquente, et demain ils présenteraient leur premier projet indépendant à l'Ordre.
La vie était belle.
