Je soupirai et m'agenouillai sur le bitume glacé, contrastant avec la chaleur d'Août, malgré les 3 heures de matin approchant à grands pas. Je retirai ma veste, crevant de chaud dans cette fournaise, qui ne faisait que grimper au fur et à mesure que les vapeurs d'alcool émanant du bar me montaient au crâne. Rejetant mes longs cheveux cendrés en arrière, je balançai ma veste derrière mon épaule et entreprit une petite promenade, pour me remettre le cerveau en place.
Tiens, pourquoi ne pas me présenter à vous ? Puisque vous êtes là à me lire, autant que vous me serviez à quelque chose…
Je m'appelle Natacha Kaznof, et non, je ne suis pas russe. Enfin… Si. Par mes grands-parents paternels, mais ça, on s'en fout pour le moment. J'ai tout pile 20 ans, et suis née et ai grandi en France, en Alsace… Que j'ai dû quitter pour la Côte d'Azur, afin d'y faire mes études. Je n'ai rien de particulier. Une fille normale, au physique normal. Quoi qu'extrêmement discrète et effacée, du moins selon les gens… On voit qu'ils ne m'ont jamais vue avec mes amis, ou après 3 ou 4 verres d'alcool… Bref.
A l'heure où je vous parle, je venais justement de me boire jusqu'à rouler sous la table avec mes amis, certains d'entre eux plutôt mal en point. Pourquoi ? Parce que, tout simplement, je venais d'achever ma deuxième année d'étude, et donc, pour la plupart d'entre nous, nos chemins se séparent sans doute ici… Mouais, ça doit pas vous parler. Vous comprendrez quand vous serez plus grand.
Enfin bon, reprenons. Comme dit plus haut, je n'ai rien de particulier, une fille normale, bonne élève, un petit boulot à mi-temps, un copain particulièrement affectueux… Bref, tout roule quoi. Et pourtant, je ne savais pas pourquoi, mais ce soir, ce soir précis du 05 Août 2014, un horrible pressentiment me guettait. Mes amis me disaient : « Maaais t'inquiète, tiens bois un peu ». Comme si l'alcool était un remède miraculeux. S'il suffisait de prendre une cuite pour résoudre nos problèmes, on serait en permanence bourré… Seulement, je sentais qu'un énorme problème allait se planter là, sous mon nez, et que je ne pourrais rien faire. Je haïssais ce sentiment de faiblesse omniprésent, face à un danger inconnu. Je vis une ombre, et relevais le nez. Quelqu'un ? A cette heure de la nuit ? Non… J'avais rêvé, le seul bruit que j'entendais était celui des voitures, de la petite brise d'été, je rêvais… Pourtant, la sensation de quelqu'un attrapant mon bras fut bien réelle. Et pour cause : elle l'était.
Mes yeux améthyste s'ouvrirent, et je vis une lame de rasoir tendue dans ma direction. Relevant le regard, je vis un homme un peu petit, mais pourtant, aux épaules si larges que me porter dessus ne lui poserait aucun souci. Le son de sa respiration me parvenait jusqu'aux oreilles, il haletait, de façon irrégulière, presque inquiétante. On avait l'impression qu'un homme agonisant nous tendait une arme, nous suppliant de lui accorder le droit d'euthanasie, si l'on ne s'arrêtait qu'à ces premières impressions. Ses vêtements étaient usés par le temps, et par la boue, qui en rongeait le tissu jusque la trame, laissant parfois apparaître un bout de genoux, ou un morceau d'épaule. Sa prise sur la lame de rasoir se resserra, je vis le métal s'approcher doucement de ma joue, par un homme aux mains tremblantes. De peur ? D'excitation ? Je ne savais pas, mais, lentement, je reculais mon visage, fixant mon agresseur dans les yeux.
« Ton portable, salope ! » M'ordonna-t-il d'une voix chevrotante, qui se voulait agressive.
Sa voix ne me faisait pas peur, il ressemblait juste à un de ces types par milliers à qui on a tout pris, et qui à leur tour, veulent prendre aux autres. La sensation du métal froid entaillant ma joue me fit en revanche bien plus peur, et une panique s'empara de moi en sentant le sang couler, glissant lentement jusque sous mon visage, commençant à couler le long de ma gorge. Lorsque le liquide atteignit la base de mon cou, ce fut là que mon cerveau sortit de son état de léthargie. De toute ma force, je poussai l'homme hors de mon chemin et commençai à courir. Je devais m'éloigner, vite. M'éloigner loin… Je l'entendais m'insulter, me traiter de tous les noms et sentais ses pas dans mon dos. Prise de peur, j'entrepris de me réfugier dans la rue parallèle, et traversai le goudron frais de la route, lorsque je la vis… La lumière… Une lumière m'envahissant et… Un choc. Je compris, en sentant mes os craquer, qu'un camion lancé à pleine allure m'avait heurtée, avant de me projeter plusieurs mètres plus loin. Je sentis mon crâne entrer en collision avec la pierre du trottoir, et la dernière sensation que j'eus fut le goût métallique du sang entre mes lèvres, avant de fermer les yeux, et de voir un néant profond et sans fin m'aspirer, délaissant mon corps pour plonger dans mon sommeil.
Pourtant, j'ouvris les yeux. Comme si de rien n'était, aussi fraîche que la veille au matin. Pas une courbature, même pas un mal de crâne, et pourtant, hier, j'étais pas dans le meilleur des états ! (Je vous passerai les détails, mais disons que si je suis sortie, c'est parce que j'avais recraché le contenu des mes entrailles.) Je regardais autour de moi, et tirais une mine exaspérée, avant de me frotter nerveusement le crâne. Je savais pas DU TOUT où j'avais atterri, mais le moins que je puisse dire, c'est que c'était pas Bordeaux. Ca ressemblait plus à ces décors devant lesquels vous bavez quand vous regardez les adaptations cinématographiques du Hobbit, ou la trilogie du Seigneur des Anneaux. Les genres de décors tellement enchanteurs que vous vous dites à coup sûr qu'en allant aux toilettes, vous croiserez des elfes. Je me remis sur mes jambes, essayant de rassembler mes souvenirs. Qu'avais-je fait pour parvenir en pleine cambrousse ? Surtout que je me RAPPELAIS avoir heurté un camion. Je me SOUVENAIS de la douleur ressentie lorsque mes os se brisèrent, et lorsque mon crâne claqua contre le trottoir, avec la même force que celle avec laquelle le véhicule m'avait projeté. Je ne pouvais pas avoir rêvé ! C'était bien trop réaliste. Je soupirai et me frottai les yeux. Apercevant une fontaine, j'y couru pour parvenir à me rincer la figure, pour me remettre les idées en place. En approchant mon visage de la surface aqueuse, je retins un sursaut. Mon visage… L'entaille ! L'entaille sur ma joue était bien présente ! Elle avait eu le temps de commencer à cicatriser, mais elle était bien là ! Ca signifiait que j'avais bien tout vécu ! Je me pinçais légèrement la joue blessée, pour m'assurer que je ne rêvais pas. Mauvaise idée. Une petite douleur me fit tressaillir de toutes parts, et la plaie se rouvrit légèrement, laissant une légère teinte rougeâtre envahir cette dernière. Mais j'étais sûre d'une chose : j'avais bel et bien été agressée et percutée. Et je ne pouvais pas avoir fait du coma : ma plaie sur la joue aurait, dans ce cas, disparue depuis bien longtemps, du moins, je le suppose. Ma collision avec le camion était réelle… Et je n'aurai pas pu m'en remettre en aussi peu de temps.
Probablement étais-je… Morte ?
Je m'éloignai doucement de la fontaine, ignorant si mes jambes répondaient à mes souhaits ou à ceux de mon inconscient, trop obnubilée par cette nouvelle.
Puis d'un coup, d'un seul, le poids de mon corps me parut écraser mes jambes, je tombais à genoux, encore sous le choc. Non seulement je découvrais qu'il existait bel et bien une vie après la mort, mais en plus, je le découvrais à 20 ans. A seulement 20 ANS ! Je n'avais même pas fini mes études ! Tous mes projets… Mes rêves… Envolés !
Ma première pensée fut pour mon petit ami, Nico'. Je n'osais même pas imaginer sa réaction lorsqu'il apprendrait que je n'étais plus de son monde. Je ne savais même pas dans quel monde j'étais ! Je ne savais même pas pourquoi j'étais toujours là ! Je sentis doucement mes yeux améthyste se baigner peu à peu de larmes. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Et… Pourquoi étais-je ici ? C'était ça qu'on appelait « Le Paradis » ? Je n'avais vu ni Saint-Pierre, ni Dieu, ni rien d'autres, d'ailleurs… Juste un profond sommeil, et un néant obscur. Je me remis sur mes jambes, pensant que marcher me ferait plus de bien que rester accroupie à fondre en larmes. Je disais ça, mais c'était la même promenade qu'hier qui avait déclenché tout ça… Une boule de sanglots se saisit de ma gorge, et je relevai le menton pour la faire passer, avant d'entreprendre d'explorer les environs. Un peu de nerfs, merde ! Je séchai mes larmes une bonne fois pour toutes (du moins je l'espère…) et entreprit mon exploration, partagée entre plusieurs sentiments. La peur de l'inconnue, l'admiration face à la beauté d'un simple paysage, rural ou urbain. Ce monde était beau. Il renfermait une grâce et une force si différente de notre bonne vieille France ! Aucun des bâtiments ne semblait soumis au temps. Ils arboraient fièrement tous des façades aussi belles qu'on les crut achevés la veille. Les végétaux m'étaient inconnus, tous. Ce fut probablement le seul endroit de ma vie où je ne vis pas une pâquerette, mais des fleurs aussi belles qu'elles n'étaient fragiles, aux couleurs aussi éclatantes et rares ! J'aurai pu passer tellement de temps à les contempler… Même l'herbe me paraissait pure et douce, comparée à lau gazon verdâtre et minuscule des parcs bordelais. L'odeur des savons et de la nourriture portée par le vent me guidèrent jusqu'à une grande place, où j'y découvris un marché regorgeant de… De… MONSTRES ?!
Attendez ! Attendez un peu ! Des… Centaures ? Des elfes ?! Des MINOTAURES ! Je reculai doucement, prise d'une certaine peur, jusqu'à ce que mon dos heurte un stand, qui me bloqua. Qu'est ce que c'était que tout ça ?! Où… Où est ce que j'avais atterri ! Je vis des regards se poser sur moi, je pâlis. Qu'allaient-ils me faire ? Que faisaient-t-ils aux humains ?! Ils… Ils…
« Mademoiselle, vous vous sentez bien ? » Entendis-je, dans mon dos.
Aussi pâle que le désormais cadavre ambulant que j'étais, je me retournai doucement, et vis mon interlocutrice. Enfin, je dus me pencher pour y parvenir. Il s'avérait que j'avais buté contre le stand d'une vieille vendeuse de fruits, qui devait être une naine, ou une quelconque créature fantastique de petite taille. Quoi ? J'y connaissais rien en mythologie, ne me blâmez pas !
« Hum… Euh… Je… Vais bien… Enfin, je suppose. Je… Où sommes-nous, madame ? » Demandai-je, avec un air ABSOLUMENT PAS suspect, du tout… (C'était ironique.)
La petite dame se mit à me rire au nez, ce qui, je l'avoue, ne me plut guère. Mais bon, mieux valait faire profil bas pour le moment, je n'étais pas chez moi, je ne connaissais rien de l'endroit où j'avais été envoyée. Fermer sa grande bouche contre des informations me paraissait un bon deal…
« Vous êtes dans la Cité d'Eel, ma petite ! C'est l'une plus grande ville du monde eldaryen ! »
J'écarquillai les yeux, en entendant le nom de territoire où je venais en quelque sorte d'élire domicile (contre mon gré). Eldarya ? Et tout ce… Métissage, c'était la norme ? Vu la mine pas du tout choquée de mon interlocutrice, j'en conclus que tout avait toujours été de la sorte, et que tout le serait probablement toujours. Je souris à la vieille dame, qui me tendit gentiment une pomme, d'un air tendre :
« Vous prendrez bien un petit fruit pour la route ? Vous n'êtes pas du coin, ça se voit ! Vous avez dû faire un bien long et fatiguant voyage…
- C'est peu dire. Merci beaucoup, Madame ! »
Alors que j'entamai la pomme, je fouillai ma poche, à la recherche d'un peu de monnaie, lorsque je me raidis : mon portefeuille ! Où était-il ?! Ne me dîtes pas que… Oh merde ! Il était dans ma veste, et quand je me suis réveillée… Je ne l'avais pas ! Merde, merde, merde ! Une parade, vite, il me fallait une parade !
Je n'eus le temps de réagir que la vieille avait visiblement compris à mon visage se décomposant lentement que je ne serai pas en mesure de la payer. Et cette vieille bique me prit de vitesse :
« AU VOLEUUUUR ! APPELLEZ LA GARDE, VITE ! ELLE VA S'ENFUIR !
- M-Madame, arrêtez enfin ! Nous allons trouver une solu-, Commençai-je, avant d'être interrompue,
- Kazel, qu'est ce qui t'arrive ?! , S'enquit une vendeuse à la forte carrure, aux écailles apparentes, et visiblement plus dures que la pierre,
- Cette étrangère est une voleuuuse ! » Répéta la naine, en s'offusquant et en me pointant du doigt.
Je ne pus protester d'une quelconque façon que la vendeuse baraquée me saisit par le bras, je sentis ses écailles se durcir sur ma peau, ce qui me fit grimacer de douleur.
« Eeeh l'étrangère, c'est pas ici que tu voleras ta bouffe, c'est clair ? T'as faim, tu payes, comme tout le monde ! , Me réprimanda-t-elle d'un air menaçant
- Mais puisque je vous dis que je ne voulais pas la voler ! Je me suis rendue compte que l'on m'avait volé mon portefeuille ! », Protestai-je en la fixant dans les yeux, ce qui visiblement, ne lui plut pas du tout.
Je la vis lever le bras pour me gifler, Madame ne semblant pas apprécier que je conteste son autorité et sa divine parole. Je fermai les yeux par peur. Est-ce que ça me ferait aussi mal que le camion ? Pourtant, rien ne vint, et j'entendis la grosse dinde qui me tenait le bras me le lâcher lentement, sous un râle de peur. J'ouvris un œil, puis l'autre, et chercher du regard mon sauveur… Ou plutôt ma sauveuse. Je la contemplai comme si j'avais eu devant moi un messie, et la détaillai. Elle était plus grande que moi, plus forte, également. Ses muscles saillants étaient visibles malgré ses vêtements, et même de dos, on parvenait à deviner la puissance de ce corps. Lorsqu'elle se retourna vers moi pour regarder si j'allais bien (probablement, du moins j'espère), je pus apercevoir son visage. Il était était fin, et sa peau était si blanche qu'elle semblait un prolongement de ses cheveux immaculés, pourtant courts, coupés en un carré plongeant, qui masquait l'œil gauche de la demoiselle. La même mèche qui masquait cette partie du visage de la jeune femme faisait exception à la blancheur de la chevelure : elle était bleue, s'accordant parfaitement avec son œil droit, d'un bleu pétant qui soulignait dans son regard des étincelles de vie et d'énervement. Elle portait des vêtements apparemment taillés pour le combat : des cuissardes noires, avec des protections pour tibias et genoux dorées, aux semelles épaisses et plates, un pantalon de toile indigo, avec une ceinture noire à la boucle circulaire et dorée, tandis que son buste était masquée par un haut bandeau bleu violet, par-dessous un gilet sans manches marrons, où se trouvaient des épaulières qui protégeaient ses fines, mais néanmoins fortes épaules. Ses bras étaient protégés par des mitaines beiges en peau de bête, et des coudières protégeaient ici encore l'articulation. Le tintement du métal attira mon attention : je remarquai une dague et un sabre accroché à sa hanche gauche, ainsi que diverses petites poches.
« Madame, ce que vous vous apprêtiez à faire n'est pas votre rôle. C'est à la Garde de gérer les malfrats. , Expliqua-t-elle, d'un ton posé et calme
- Mais puisque je vous dis que -», Commençai-je, avant de me stopper net.
La jeune femme m'adressa un regard glacial m'indiquant que si je ne lui obéissais pas au doigt et à l'œil, j'allais déguster. Je me tus donc, et attendis. Puis s'engagea une sorte de constat. Bla bla bla, hospitalité, bla bla bla, ingratitude, bla bla bla, voleuse ! Je n'écoutai même plus : ce ramassis de mensonges n'était pas digne de mon intérêt. Mon regard se perdit parmi les gens différents visages traversant la rue. Plus personne ne s'intéressait à cette perte de temps, les gens avaient bien raison. J'en ferai de même, si la situation me le permettait, mais malheureusement, j'étais au cœur-même du conflit. Je regardai donc les corps défiler, en cherchant un qui serait susceptible de capter mon attention. Je le trouvai. Des cheveux noirs corbeaux ébouriffés, une peau blanche mate et éclatante de vie, un sourire taquin, et tendre, et un œil gris bourré de petites étincelles malicieuses. C'était bien lui ! La même carrure, la même démarche, la même beauté… Je bondis sur mes jambes, plantant là les deux idiotes, pour lui courir après, les larmes me montant aux yeux. Il était là ! Mon amour ! Il ne m'avait pas laissé seule ! Je soupirai de bonheur et me jetait contre son dos pour l'enlacer tendrement, les larmes coulant à flot de mes yeux, tant j'étais heureuse :
« Nico… Mon amour, tu ne m'as pas laissée seule ! J'ai eu si peur, j'ai cru que… Je ne te reverrai jamais ! » Déclarai-je, la voix mi-étouffée par mes sanglots, tremblante, de bonheur tant j'étais heureuse de ne plus être seule, et de peur, comme si l'homme entre mes bras fut la chose la plus fragile que le monde ait porté.
Je sentis mon compagnon se retourner et poser ses mains sur mes épaules. Je fermais les yeux, pensant, qu'il m'embrasserait, mais à la place, une distance glaciale me fut imposée par ce dernier. Je rouvris les yeux, affichant un air incompris :
« Tu es bien mignonne mais… On se connaît ? » Déclara-t-il, en plantant son œil gris dans les miens.
Ce fut pour moi une douche froide. Je baissai le regard, sentant une nouvelle boule de sanglots me parvenir à la gorge :
« Mais… Nico… C'est moi… Nat'…, Balbutiai-je, d'une voix chevrotante.
- … Désolé, mais Nico, ça m'dit rien ! Moi c'est Nevra ! » Déclara-t-il, le plus nonchalamment du monde, comme si ma détresse ne l'alarmait pas.
Je ne le sentis pas me tapoter l'épaule, ni me dire que le Nico était bien chanceux de m'avoir pour lui seul, je n'entendis pas ses sous-entendus salaces, trop occupée à réaliser cette solitude face à l'immensité. Une solitude qui était maintenant mienne, et qui le serait toujours.
Je ne fis pas attention à la garde de toute à l'heure, qui me rattrapa, pour me prendre par le bras et me guider. Je suivais, tel un corps sans âme que l'on manipulait aisément. Qu'importait où j'allais, je n'avais plus d'endroit où rentrer…
