Le personnage de Sherlock Holmes ne m'appartient pas, il est le fruit de l'imagination de Sir Arthur Conan Doyle.
L'univers de cet OS s'inspire de celui de la série.
J'ai écrit ceci d'une traite tard le soir, donc c'est peut-être un peu bizarre. J'espère que vous apprécierez quand même.
Insupportable...
Tout ce bruit... Tout ce vacarme...
C'est vraiment...
Insupportable.
Sherlock se sent oppressé. Pris au piège. Au loin, devant l'immense tableau noir, le professeur de chimie est en train de parler d'acide acétique et de soude. Sa voix parvient à peine jusqu'à ses oreilles. Autour de lui, à côté de lui, devant lui, des jeunes gens « de son âge » sont assis. Certains bavardent sans écouter le cours, certains essayent de suivre ce que raconte le professeur, certains écrivent frénétiquement sur leur feuille, d'autres notent à peine deux ou trois formules, mais tous, tous autant qu'ils sont, produisent une cacophonie assourdissante. Sherlock n'arrive pas à faire taire tout ce bruit dans sa tête. Il voit tout, partout. Il sait que son voisin trompe sa copine, il sait que celui assis devant lui ne s'est pas lavé depuis trois jours, que celle-là a passé sa nuit à réviser, que cette autre est allée en boite la veille et tous, tous, avec leur morose banalité et leur affligeante évidence, sont aussi bruyants les uns que les autres.
Il n'en peut plus de tout ce bruit.
Il aimerait un peu de silence.
Du silence.
Taisez-vous...
Tous autant que vous êtes...
Fermez-la !
Il se met à ranger ses affaires avec empressement (de toute façon, il ne note pas le cours) puis se lève brusquement et se dirige vers la sortie de l'amphi. Comme d'habitude, il s'est assis au fond. C'est encore-là que le bruit est le moins bruyant. A son passage, il y a quelques rires, quelques regards blasés ou interloqués. Le professeur ne relève même pas son départ. Ce n'est pas la première fois que le jeune Holmes part en plein milieu du cours. Sherlock referme la porte de l'amphi derrière lui, mais... Le bruit est encore là. Il frappe contre ses temps avec violence, bourdonne incessamment dans ses oreilles. Sherlock va dans les toilettes pour hommes et s'enferme dans une cabine. Sa respiration est saccadée. Il étouffe. Le monde l'étouffe. Il essaie de calmer sa respiration, n'y parvient pas.
Il n'y a qu'une solution.
Et il n'aime pas ça.
Taisez-vous...
Il ouvre son sac, se met à fouiller dedans, en sort un élastique, une seringue... Il retire sa veste, remonte la manche de sa chemise jusqu'à son épaule, met l'élastique autour de son bras pour faire un garrot...
C'est mal..
Je sais, mais je n'ai pas le choix...
C'est le seul moyen pour que le bruit cesse...
Ses veines ressortent en relief tout le long de son bras. Il prépare la seringue.
C'est faux. Il y a forcément un autre moyen.
S'il existe un autre moyen, alors je ne le connais pas...
Je croyais que tu savais tout, pourtant...
Il approche l'aiguille de la seringue de son avant-bras, au niveau du renflement bien visible d'une veine gonflée par le sang qui pulse dans sa chair. Sa main tremble légèrement. Il hésite. Ses yeux le piquent.
Aidez-moi...
S'il vous plaît, aidez-moi...
L'aiguille traverse sa peau, s'enfonce dans sa chair.
Aidez-moi...
Il appuie sur le piston.
Aidez-moi !
...
Taisez-vous !
La drogue, tendre poison, pénètre son organisme, se diffuse dans son corps tout entier, monte jusqu'à son cerveau en ébullition. Un soupire d'extase franchit ses lèvres tandis que ses paupières se ferment.
Le bruit...
Le bruit cesse enfin.
