Acteurs pour la bonne cause.
Nda : cette histoire fait suite à la fiction "Les neiges éternelles" et se déroule une dizaine d'années après "Vol à haut risque" (crossover avec Cat's Eyes)
Chapitre 1 : Une demande bien particulière
Cela allait bientôt faire une semaine que Ryô et Kaori étaient revenus de leur séjour à la neige. Bien que la guérison de son mollet fût en bonne voie, Kaori continuait d'utiliser les béquilles pour se déplacer, préférant attendre l'aval de Kazue qui la suivait pour les petites séances de rééducation.
Noël avançait à grands pas, mais les comptes en banques commençaient à faire grise mine. Malgré sa bonne humeur suite à un réveil des plus agréables, Kaori n'avait pas le cœur en liesse. L'absence de travail se faisait sentir de manière significative, aussi fût elle agréablement surprise en trouvant une jeune fille en train d'écrire un X.Y.Z. sur le tableau à message… Mais une jeune fille, pas sure que Ryô accepte la demande.
Son sourire se transforma en soupir. Elle observa ensuite la silhouette de la future cliente qui maintenant indiquait le lieu du rendez-vous… Au Cat's Eyes. Ce n'était certes pas une femme plantureuse, mais la jeune étudiante était déjà bien formée pour son âge. Puis la silhouette lui sembla très familière et Kaori en retrouva le sourire.
La jeune femme s'arrêta d'écrire au contact d'une main douce et fine sur son épaule. Elle se retourna très lentement, surprise.
— Bonjour, Yuka, sourit la partenaire de Ryô.
— Ha ! Bonjour, Kaori, répondit-elle étonnée ne s'attendant pas à la voir si tôt. Comment vas-tu ? Demanda-t-elle ensuite.
— Bien, merci et toi ?
— Je vais bien… Puisque je t'ai sous la main, aurais-tu un peu de temps à m'accorder ?
— Bien sur. Je t'offre un café ?
— Avec plaisir, répondit Yuka en un grand sourire.
… Plus tard, café Cat's Eyes…
Falcon était en train de faire la vaisselle lorsque la porte s'ouvrit en faisant tinter la petite clochette.
— Bonjour, Kaori. Bonjour, Yuka, salua-t-il sans lever la tête.
— Bonjour, Umibozû, Miki n'est pas là ? remarqua Kaori.
— Elle avait quelques courses à faire. Elle ne devrait plus tarder. Installez vous pendant que je m'occupe du reste, rétorqua-t-il de sa grosse voix.
— Tiens, tu as de la clientèle aujourd'hui, nota Yuka.
— Depuis quelques jours un peu plus que d'habitude, expliqua platement Falcon.
Il y avait effectivement trois tables bien remplies par des étudiants et des touristes de passage. Yuka et Kaori allèrent s'installer à la table habituelle, un peu à l'écart. Kaori soupira, soulagée d'être enfin assise.
— Comment va ta jambe ? S'inquiéta Yuka.
— Bien mieux, rassures-toi. Cela tiraille un peu, il n'y a rien d'alarmant à cela. Et comment se passe les études pour toi ?
— Je travaille d'arrache-pied, sourit la jeune Nogami… J'ai loupé de quoi écrire une bonne nouvelle. J'aurais aimé être à la neige avec vous, soupira-t-elle ensuite alors qu'Umibozû déposa un café et un chocolat chaud sur la table devant elles.
— Je ne suis pas certaine que cela aurait été une bonne idée avec ce pitre de Ryô, ricana Kaori.
— Puisque tu en parles… Où en êtes-vous tous les deux ? Demanda Yuka tandis que Kaori avait commencé à boire son café.
Elle recracha aussi sec le liquide doux-amer pour ne pas s'étouffer avec. Yuka, juste en face d'elle, évita de peu le jet.
— Excuse-moi, fit Kaori en toussant et récupérant son souffle.
La jeune Nogami ne su que penser de cette première réaction.
— Évite ce sujet si tu ne veux pas mourir jeune, fit Kaori si froidement que Yuka reposa le stylo et le carnet qu'elle venait de sortir pour prendre des notes.
— Désolée, je ne voulais pas t'embarrasser, tenta-t-elle pensant alors que la relation avait enfin évolué.
— Tu ne m'embarrasses pas, dit Kaori un peu mal à l'aise avant de soupirer tristement.
En un certain sens, la situation était presque de nouveau au point mort et Ryô avait reprit ses vieilles habitudes… Les beaux jours à la neige lui semblaient si loin… Pourtant, elle sentait que son partenaire n'était pas franc. Par moment il n'hésitait par à lui montrer sa tendresse et parallèlement il faisait le pitre. Était-ce une façade ? Était-ce sa manière de donner le change face à des voisins très curieux comme Reika et Mick ? Elle n'avait pas eut l'occasion d'aborder ce sujet avec lui et cela commençait à la miner même si ce matin...
Le visage soudain triste de Kaori donna à Yuka sa réponse. Même silencieuse, celle-ci lui paraissait évidente… Rien n'avait bougé.
Et pourtant, elle était bien loin de se douter qu'elle était complètement dans le tort.
'Bon, j'ose espérer qu'après cela la situation sera plus claire' songea la jeune étudiante une étincelle de malice dans son regard.
— Venons en au fait, s'exclama soudainement Kaori en reprenant un sourire
— Je vais être directe. J'essaie de monter une pièce de théâtre en guise de spectacle de charité pour l'orphelinat où travaille Mayuko et j'aimerai que Ryô et toi fassiez partis de la troupe.
— Pour ma part je n'y vois aucune objection. J'ai simplement une demande supplémentaire.
— Je t'écoute.
— Pouvons-nous inviter les enfants et les personnels de l'orphelinat de Nozawa Onsen ?
— Celui pour lequel tu as participé au biathlon ?
— Celui-là même, rétorqua Kaori souriante.
— Pas de souci, je m'arrangerai.
— Merci pour eux.
— Crois-tu que tu réussiras à convaincre Ryô ?
— Je ne sais pas trop, mais je te promets que je ferai le maximum. Le mieux serait peut-être que tu sois là lorsque je vais lui en parler. Quand avais-tu prévu de nous faire part de ta demande si je ne t'avais pas interrompu à la station ?
— Demain, 12h, ici-même. Cependant nous ne serons pas seuls, j'ai aussi convié les autres participants.
— Pas de soucis, nous ferons ainsi connaissances, sourit Kaori.
— Oh ! Mais vous…
— Kaori, Yuka, bonjour, les interrompit Miki qui venait d'arriver.
— Bonjour, Miki, rétorquèrent-elles.
La conversation changea complètement de sujet. Miki demanda des nouvelles à Kaori, puis Yuka s'en alla après avoir regardé l'heure. De ce fait Kaori n'en su pas plus à propos de la pièce que Yuka voulait monter.
Regardant l'heure à son tour, Kaori salua ses amis avant de partir. Seule avec son époux, Miki se tourna vers lui.
— Sais-tu si Yuka a fait mention de notre présence ?
— Elle allait lui en faire part lorsque tu es arrivée et que tu les as saluées. Par ailleurs je n'ai pas pu en apprendre plus quant à la pièce qu'elle souhaite présenter. Je te préviens, si mon rôle est trop long il est inutile d'espérer me voir participer, rougit-il.
— Voyons, Falcon, c'est pour la bonne cause, sourit Miki en s'appuyant amoureusement contre son torse le faisant rougir davantage.
…
En chemin Kaori accéléra un peu le pas malgré ses béquilles. Elle sentait qu'elle avait été prise en filature mais ignorait encore qui et pourquoi. Profitant de la foule croissante, elle se faufila dans une petite ruelle et fit disparaître sa présence comme le lui avait appris Miki. Beaucoup de monde passa, mais un couple se démarqua de part son comportement suspect. Les deux personnes cherchaient quelqu'un du regard, elle en était certaine. Le couple n'avait rien d'anormal en dehors de cela.
Kaori attendit un instant avant de continuer son chemin dans cette petite ruelle. Lorsque finalement elle arriva sans avoir ressenti d'autre menace, elle remarqua Ryô devant l'immeuble qui observait la ruelle dans laquelle elle se trouvait. Son regard parlait pour lui, il était glacial et menaçant. D'un pas assuré il se rapprocha d'elle.
— Tout va bien ? Demandèrent-ils d'une seule et même voix avant d'échanger un sourire.
Sans un mot, ils se dirigèrent vers l'immeuble. À l'aura qu'il dégageait Kaori compris qu'il y avait une menace quelconque à proximité menace qu'elle ressentit finalement et qui lui sembla familière à celle qu'elle avait ressentit dans la rue principale quelques minutes plus tôt.
— Était-ce vraiment une bonne idée de la suivre à nouveau ? Questionna l'homme.
— Ne t'inquiètes pas, ils ne nous ont pas remarqué, fit la femme hautaine.
— Je n'en serai pas si certain… Premièrement je ne pense pas que nous ayons perdu trace de cette femme par hasard tout là l'heure deuxièmement, se frotter à City Hunter c'est se frotter au diable en personne.
— Tu as peur, admets-le !
— Peur ? Non, je suis plutôt prudent et cette demande aurait été faite par une autre que toi j'aurai refusé d'emblai. C'est uniquement parce que c'est toi, petite sœur, que je fais cela.
— Ne me dis pas que la place de numéro 1 ne t'attire plus.
— Mais je suis déjà le numéro 1, sourit-il diabolique.
— Et bien alors qu'attends-tu ?
— Le moment propice… Il n'est pas un adversaire à prendre à la légère.
— Qu'importe puisqu'il n'est pas ta cible.
— Il est avec ELLE, c'est ce qui m'importe. Nous avons loupé notre chance pour aujourd'hui. Continuons notre chemin l'air de rien cela devrait suffire à calmer son attention, expliqua l'homme avant de lever les yeux vers l'immeuble voisin et de sourire à une jeune femme accoudée au balcon. Celle-ci retourna poliment son sourire avant de rentrer chez elle. Puis l'étrange couple disparu du quartier.
…
Appartement de Ryô et Kaori.
— Il y a longtemps qu'ils te filaient ? Demanda Ryô refermant la porte derrière eux et se dirigeant vers la cuisine.
— Je pensais m'en être débarrassé… Je les avais remarqué un peu après avoir quitté le Cat's Eyes et j'ai profité de la foule pour prendre la petite ruelle. C'était un couple lambda, mais leur comportement me semblait très suspect. J'ai attendu un moment avant de reprendre la route, mais à priori, expliqua Kaori en baissant les yeux.
— Ils se sont faits plus discrets lorsqu'ils t'ont retrouvé.
— Désolée, dit-elle en baissant les yeux.
— Hé ! Tu n'as pas à t'inquiéter pour cela, dit-il en lui relevant la tête deux doigts sous le menton et plongeant son regard dans le sien. S'ils avaient voulu te nuire ils en auraient profité avant… Sinon, quoi de neuf ? Demanda-t-il en lui relâchant le visage.
Elle soupira brièvement.
— Nous avons rendez-vous au Cat's Eyes demain à midi avec notre cliente, sourit-elle.
— Une cliente ? Cela faisait longtemps, dit-il béatement.
Kaori soupira de nouveau, elle n'avait pas le cœur à se mettre en colère et par ailleurs elle n'en avait pas besoin au vue de l'âge de la cliente.
— Que me caches-tu ? Demanda-t-il devant l'absence de réaction de sa partenaire.
— Que… Je… Mais je ne te cache rien du tout, balbutia-t-elle.
— Alors dans ce cas, que ne me dis-tu pas ? Insista-t-il en l'attrapant par la taille et la menant dans un angle de la pièce.
— Je… Tu m'exaspères, lâcha-t-elle finalement. J'ai l'impression de faire marche arrière alors que nous avions avancé d'un grand pas, et…
Ryô l'interrompit en l'embrassant tendrement.
— Navré de te faire languir, Sugar Boy. Je voulais m'assurer de trouver des pièces où nous aurions réellement notre intimité.
— Et la cuisine est l'une d'elles ? Questionna Kaori le feu aux joues et souriante.
— Pas tout à fait, mais l'angle dans lequel nous nous trouvons est un angle mort et il paraitrait suspicieux d'y rester trop longtemps, expliqua-t-il avant de l'embrasser de nouveau… Qui est la cliente ? Tenta-t-il ensuite.
— Il s'agit de Yuka… Sa demande est si particulière que je préfère attendre qu'elle t'en parle elle-même. Il n'y a rien de dangereux ni même de menaçant avec celle-ci.
— Elle ne veut pas nous prendre comme modèle pour sa prochaine histoire j'espère, dit-il en la relâchant et reculant vers la fenêtre avec un air boudeur.
— Pas du tout. En tout cas, elle n'en a pas fait mention bien qu'elle aurait souhaité être avec nous durant notre séjour à la neige.
— Il se serait sans doute passé autrement si elle avait été là, sourit-il brièvement avec un petit air espiègle.
— Je ne le lui ai pas dit ainsi mais j'ai simplement mentionné tes pitreries.
— Mes pitreries ? Répéta-t-il en croisant les bras, blessé.
— Oui… Je n'allais pas lui parler de tes dons de masseurs, rougit-elle en le faisant sourire discrètement.
— À propos, j'ai croisé Kazue quelques minutes avant que tu n'arrives. Elle m'a demandé de te dire que tu pouvais désormais te passer des béquilles.
— C'est une bonne nouvelle ça, sourit-elle délaissant alors les béquilles dans le coin de la cuisine et retournant au salon avec précaution.
Là, elle prit place sur le canapé, songeuse.
— À quoi penses-tu, partenaire ? Questionna Ryô la voyant si pensive.
— Je pense à ce drôle de couple. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que nous allons rencontrer des ennuis.
— Peut être, peut être pas… Cependant c'est plutôt rare de te voir si inquiète, fit-il remarquer.
— Ce n'est pas vraiment de l'inquiétude, c'est juste que j'ai un étrange pressentiment.
— Je vais m'occuper de cette histoire, et puis… Tu as un garde du corps à demeure, rappela-t-il en lui faisant un clin d'œil.
— C'est vrai, sourit-elle avant de regarder l'heure. Bon ce n'est pas tout ça, mais j'ai la cuisine qui m'attend, dit-elle en se relevant.
— Tu veux de nouveau nous empoisonner ? Voulut-il ironiser.
Bien mal lui en prit, la massue 'Réfléchit avant de parler' tomba sur lui sans crier gare.
'Elle ne me manquait pas celle-là' songea-t-il cachant un sourire.
Le restant de la journée fut somme toute normal. Kaori profita de sa liberté de mouvements sans béquilles pour parfaire le ménage que son partenaire s'était efforcé de faire pendant sa convalescence. Ryô l'observa un instant avant de disparaître discrètement de l'appartement.
…
Lorsqu'il revint, tout était brillant et Kaori venait de se coucher dans son lit, gagnée par la fatigue soudaine. Elle ne s'était même pas aperçu que son partenaire était sorti. Ryô la retrouva ainsi, dormant profondément. Il profita que les volets étaient d'ores et déjà baissés pour se permettre un instant de tendresse supplémentaire. Il prit la couverture qui se trouvait au bas du lit et l'en recouvrit avec avant de déposer un doux baiser sur son front et de se diriger vers la cuisine.
'Cette fois, c'est à moi de nous empoisonner.' Songea-t-il avec amusement.
…
Durant le courant de la soirée, bar quelconque à Kabuchiko, deux hommes d'âge bien différents discutent autour d'un verre.
— Tu dis qu'il fait des recherches sur un jeune couple ? fit un des deux hommes un peu surpris.
— Comme je te dis. Je n'ai pas su quoi le dire ceci-dit, ses portraits étaient plutôt vagues.
— Il est sur le qui vive en somme, conclut le plus jeune.
— En effet… Je ne sais pas quelles sont les personnes qui souhaitent se frotter à lui, mais ils ont tout intérêts à y réfléchir à deux fois.
— Pour sur, dit le jeune homme en vidant son verre d'un trait. Bon je te laisse, la tournée est pour moi, affirma-t-il en allant régler les deux verres.
— C'est sympa, l'ami. Bonne soirée à toi
— Bonne soirée, rétorqua le jeune homme avant de sortir du bar.
Là, il retourna à l'hôtel où il était descendu et alla frapper à la chambre voisine à la sienne. La porte s'ouvrit sur une femme à peine plus jeune que lui.
— Oh, c'est toi ! Que veux-tu ?
— Une simple mise en garde, nous n'avons pas été assez discrets cet après-midi. Il fait des recherches à notre sujet.
— Ne t'en fais donc pas, personne ne nous connait ici. Va te coucher, demain est un grand jour pour nous deux, nous allons rencontrer du beau monde.
— Puisque tu le dis, soupira-t-il dépité de ne pas être pris au sérieux.
