Prologue
Du sang. Il y avait du sang partout autour d'elle. Du sang qu'elle avait versé et perdu, mais en ce moment rien n'avait plus d'importance que le corps agonisant de son jeune frère qu'elle tenait dans ses bras. Son regard n'exprimait rien d'autre que l'horreur, la terreur et une tristesse sans fin, elle s'agrippa au corps de son frère qui s'étouffait avec son propre sang. Elle tentait désespérément de compresser sa blessure au ventre pour garder son sang dans son corps mais rien n'y fit. Son frère était en train de mourir. Akira releva les yeux pour les poser sur un corps pas plus loin d'eux, complètement transpercé par des pics de cristaux. Le corps du meurtrier de son frère. Une haine sans égale s'empara de la jeune fille mais il fut vite remplacé par de la peur lorsqu'elle entendit son frère essayait de respirer et de parler.
« One-chan... J'ai mal... Dit avec difficulté l'enfant de sept ans dans ses bras.
Le cœur d'Akira se serra et elle éclata en sanglots.
- Ne pleure pas... Je n'aime pas quand One-chan pleure... Continua l'enfant mourant.
- Je ne pleure pas Fuyuko, lui mentit-elle alors qu'elle continuait à pleurer. Je... Je...
Akira aurait voulue dire quelque chose pour rassurer son frère mais elle n'y arrivait pas. Elle se sentait tellement faible. Elle était faible. Elle n'avait même pas réussie à sauver son frère.
- Tu mens. Tu as toujours été une mauvaise menteuse, One-chan... Rigola Fuyuko, mais son rire fut interrompu par une violente quinte de toux.
- Fuyuko ! S'écria Akira, paniquée alors que son jeune frère crachait du sang. J'ai mal... Ne me lâches pas ! Le supplia-t-elle. Restes avec moi ! Je vais trouvé un moyen de te sauver ! Il doit avoir un moyen de te sauver !
- Tu m'a déjà sauvé... Commença Fuyuko avec un sourire triste. Tu m'as fait sentie aimé. Fuyuko... - - - Je ne peux pas vivre sans toi ! Tu es tout ce qu'il me reste, ne part p-
- One-chan... Je veux que tu me fasses une promesse avant que je ne parte, fit l'enfant avec difficulté en coupant sa sœur.
- Ne dis pas des choses aussi idiote, idiot ! Je vais te sauv- Commença Akira avec force, mais elle fut de nouveau interrompu par son frère.
- Vis. Lui dit-elle. Promets-moi de vivre. »
Akira se figea alors que son frère la regardait toujours avec ses yeux aussi innocents et purs. La jeune fille se mordit l'intérieur de la joue et retint un cri de désespoir, elle ne voulait pas que son frère s'en aille. Il était sa seule famille, sa raison de vivre. Tout. Comment osait-il lui dire de vivre alors que lui ... ? Akira secoua la tête faiblement. Non. Elle ne pouvait pas vivre sans son frère.
« One-chan... Promets-moi de vivre, fit Fuyuko avec une voix suppliante. Je veux que tu vives. Pour moi. Ce n'est qu'ainsi que je ne serais pas oublié. Si tu meurs, alors tout ce qui reste de moi, mourras avec toi...
La jeune fille serra les poings et à contre-coeur, elle accepta. Elle allait vivre. Elle baissa les yeux vers le visage enfantin de son frère, ses cheveux aussi noirs que la nuit était imbibés de sang, mais ce qui fit le plus de mal à Akira fut de voir les yeux autrefois remplis de vie de son frère, se vidaient petit à petit.
- Fuyuko... Je ne veux pas que tu partes... »
Fuyuko ne dit rien et écouta seulement la voix suppliante de sa grande sœur. Elle sonnait comme une douce mélodie dans tout ce vacarme. Il se concentra sur ses mains qui caressaient son front, si douces, si chaudes, si rassurantes mais aussi si tremblantes. Puis il commença à fermer les yeux.
En voyant son frère s'en aller, Akira cria de plus belle pour le tenir à ses côtés. Encore un peu, pensa-t-elle désespérée. Juste un peu. Mais Fuyuko n'ouvrait plus les yeux. Il n'en avait plus la force alors il dit simplement.
« Racontes-moi une histoire... One-chan...
Le cœur d'Akira se serra et elle acquiesça avec difficulté.
- Il était une fois, une grande sœur qui aimait énormément son petit-frère, commença à raconter Akira alors que sa voix tremblait. Elle l'aimait plus que tout au monde, plus qu'elle même, plus que sa vie ! Fuyuko...
La jeune fille se pencha vers son frère et lui murmura d'une voix faible remplie de désespoir mais pourtant si sincère contre son oreille :
- Je t'aime.
Elle répétait cette phrase tel une litanie, sans s'arrêter.
- Moi aussi, je t'aime... One-chan... Susurra Fuyuko avec une voix faible qui tétanisa de peur Akira. »
Un sanglot s'échappa des lèvres de la jeune fille mais elle n'arrêta pas de répéter à quel point elle l'aimait. Elle voulait que son petit frère s'en aille en sachant que sa grande sœur l'a aimée. Tellement aimée. Elle continua jusqu'à ce qu'elle ne sentit plus le souffle de Fuyuko contre son visage puis elle se stoppa. Comme si qu'avec son frère, elle aussi avait cessé de respirer.
Akira secoua son frère pour le réveiller, elle savait qu'il était partit mais une partie d'elle ne l'acceptait pas. Son frère, si jeune ne pouvait pas mourir. Il ne pouvait pas partir ! Il va se sentir tellement seul là-bas...
Sur ses pensées, Akira le secoua de plus belle, puis en voyant que son petit-frère ne se réveillait pas, alors elle commença à crier son nom. De plus en plus fort, alors que le désespoir enveloppait son âme.
La jeune fille ne se rendit même pas compte, qu'autour d'elle, un froid glacial avait remplacé la chaleur de l'été. Le sol du village dans lequel elle se trouvait commencé à se cristalliser, englobant chaque maisons, plantes, animaux, personnes. Des cris s'élevèrent dans tout le village mais il se stoppèrent lorsque le cristal les attrapa et figea les expressions de peur et de douleur qui déformaient leurs visages, à tout jamais. Ils supplièrent Akira d'arrêter mais la jeune fille, les yeux vides, ne faisait rien d'autre qu'appeler son frère.
« Rendez-le ! Ordonna-t-elle en levant les yeux au ciel. Rendez-moi mon frère ! »
Akira ne fit attention à rien autour d'elle, elle ne se rendit même pas compte que les supplications avaient cessé et qu'il ne restait plus que ses cris à elle qui résonnaient dans le silence mortel de la nuit. Puis ses cris aussi se turent pour être remplacé par des larmes de douleur et de désespoir.
Elle resta ainsi jusqu'à l'aube, le corps sans vie de son frère dans ses bras, les yeux vides et secs. Puis avec une résignation douloureuse, elle porta le corps de son frère jusqu'à la rivière, laissant derrière elle, l'horrible spectacle d'un village entier, figeait dans du cristal.
Akira posa son frère devant la rivière et, après avoir déposer une dernière bise sur son front et avoir laissé couler sur sa joue une de ses nombreuses larmes, elle cristallisa son corps, puis elle le poussa contre la rivière, le laissant être porter par le courant de l'eau.
Elle observa le corps de son frère disparaître dans l'eau claire et pur de la rivière, puis sans y penser, elle se retrouva dans la rivière. À poursuivre son petit frère, comme elle l'avait toujours fait. Elle se sentait vide comme une coquille et morte. Comme Fuyuko.
Elle avança dans l'eau comme un pantin désarticulé et, à son tour, elle se laissa tomber à la renverse dans l'eau. Elle voulait tellement s'étouffer, que ses poumons brûlent et qu'elle sente sa vie s'en aller petit à petit et que enfin, elle puisse rejoindre ses parents et son frère mais alors que l'eau commençait à remplir ses poumons, elle se souvint de sa promesse. Elle avait promis à Fuyuko de vivre. Pour qu'il ne soit oublié.
Akira rouvrit les yeux sous l'eau et elle remonta à la surface avec hâte, elle toussota pour évacuer ses poumons de l'eau qui l'empêchait de respirer puis elle commença à respirer un grand coup. Elle avait promis à Fuyuko. Elle devait vivre. Elle devait acquérir de la puissance pour ne plus que ce genre de chose se reproduise.
La jeune fille sortit précipitamment de la rivière et elle se laissa tomber contre le sol. Vivante. Vide. Meurtrie.
Allongée sur le dos, elle observa le ciel bleu puis une image de son frère lui revint devant les yeux, Akira laissa échapper un sourire triste alors qu'elle revoyait le sourire idiot et éclatant de son petit-frère.
Si seulement... Une toute dernière fois, elle pouvait le revoir. Son sourire.
Puis, Akira ferma les yeux et laissa l'obscurité l'englobait, le cœur lourd et le corps vide.
