Hello !
Cette histoire est une TRADUCTION de l'histoire de dawnstruck sur AO3, et je traduis/publie avec son accord. Je n'ai aucun mérite pour ce texte, si ce n'est le passage anglais/français, et j'espère que ma traduction vous paraîtra agréable !
Voici le lien de la fic originale : archiveofourown / works /6931183 / chapters / 15810316 (supprimez les espace et rajoutez 'point org')
Il s'agit donc d'un Royed omégaverse, pour ceux qui ne sont pas familiers avec le concept voilà une petite explication résumée de la base :
La société humaine est divisée en trois classes : alpha, beta, et oméga, sur le modèle des meutes. Les alphas étant la classe la plus haute, les élites, plus forts, les beta les gens ordinaires et les oméga la classe la plus basse, plus faibles.
La classe des personnages devient également un second sexe/genre. Dans la plupart des fics, les oméga sont des hommes nés avec un utérus et la capacité d'avoir des enfants, ils produisent des phéromones et ont aussi des périodes de chaleurs. Les alphas peuvent entrer en rut au contact des phéromones d'un oméga et perdre le contrôle d'eux-même. Les betas fonctionnent exactement comme un homme et une femme lambda fonctionnent, et ils émettent aussi une odeur propre, différente des alphas et des omégas. Dans cette fic, les omégas ont leurs chaleurs mais ne peuvent pas tomber enceinte, l'auteur a un peu réarrangé le concept, je ne vais pas vous spoiler ;).
Pour reprendre ses mots, l'auteur a voulu éviter le pwp et ne s'est pas servi du concept comme d'un tremplin pour du mpreg, et s'est majoritairement basé sur la construction sociale de l'omégaverse, son histoire, les lois possibles, les tabous ainsi que les restrictions. C'est surtout la construction d'un monde, même s'il y a du smut.
Je l'ai vraiment adoré, alors j'espère que vous passerez un bon moment en lisant vous aussi !
Bonne lecture ! :)
"Lay where you're laying, don't make a sound
I know they're watching, they're watching
All the commotion, the kiddie like play
Has people talking, talking"
Fullmetal est rentré de sa mission, et il est de mauvaise humeur, pénible, médisant.
Il a les talons sales de ses bottes en l'air sur la table à café, se renfonçant là où il est avachi contre le coussin du canapé, tirant sur son col, le tripotant, se plaignant de la chaleur sèche du radiateur et du temps gris de janvier.
Roy arrache son regard du rapport désorganisé qu'il était en train d'essayer de décrypter, se concentrant sur le gamin qui apporte le chaos avec lui partout où il passe.
« Fullmetal, » commence-t-il durement, sèchement, « le moins que tu puisses faire serait de montrer une once de respect. »
Ed sursaute un peu au coup de fouet de sa voix, mais enlève finalement ses pieds du bois poli, dans une lente réticence, enfonçant plutôt ses semelles dans le pauvre tapis, s'asseyant droit.
Il a toujours les épaules voûtées, mais c'est moins irrespectueux et plus… peut-être pas de la déférence… mais comme s'il essayait de paraître plus petit. Une notion ridicule pour Edward Elric qui s'est toujours répugné à admettre être de petite stature.
Roy plisse les yeux mais il les baisse ensuite sur le papier. Il a d'autres chats à fouetter.
Edward est ce à quoi les gens comme Garcia se référent gentiment en tant qu'éclosion tardive. Lent à pousser, lent à atteindre la maturité, lent à se présenter. À l'âge de quinze ans, Ed est encore bien heureusement préservé du désordre que la puberté cause sur le corps humain. C'est une bonne chose, il faut le dire, parce que quelqu'un d'aussi motivé et déterminé que lui aurait détesté être distrait par quelque chose d'aussi futile que les hormones.
Mais, comme toujours, même cette idylle doit finir par être brisée.
Fullmetal débarque fraîchement (1) dans le bureau extérieur avec rien d'autre qu'un geste de la main, et il fait déjà irruption par la porte, faisant grincer tout le monde quand elle claque en se refermant.
Roy relève la tête, le dévisage, son nez se dilate – et ensuite tout mots faiblissent dans sa bouche.
« Filez-moi une mission, » lui dit Fullmetal, faisant nerveusement les cents pas devant son bureau, « Sur le terrain, de la recherche, n'importe quoi. J'ai besoin de quelque chose à faire. »
« Fullmetal, » dit Roy, doucement parce qu'il ne peut pas le croire à l'instant, mais la preuve est indéniablement là, droit devant lui.
Roy a le nez sensible et Edward Elric empeste.
« Quoi ? » s'irrite Ed, toujours en train de s'agiter comme un tigre en cage, faisant courir une main dans ses cheveux, « Sérieusement, c'est pas vous qui me faites toujours le sermon d'être plus enthousiaste pour le travail ? Maintenant vous m'avez, montrant de l'initiative. Vous êtes pas fier ? »
« Fullmetal, » répète Roy dans son exaspération, mais ensuite il s'arrête. « Tu… ne t'en es pas encore rendu compte, n'est-ce pas ? » Il le réalise, regardant Ed s'arrêter.
« M'être rendu compte de quoi ? » demande Ed, sa tête se penchant sur le côté, clairement inconscient.
Roy a du mal à réfréner le besoin de plonger son visage dans sa main. Quand il avait recruté le garçon, la possibilité de cette situation ne lui était absolument jamais venue à l'esprit. Mais Fullmetal n'avait pas de parent, et son frère n'avait plus le sens de l'odorat. Comme la chance l'a voulu, le plaisir douteux d'avoir la conversation avec lui tombe maintenant sur son officier commandant.
« Ça peut être une surprise pour toi, » fait Roy, essayant de l'aider un peu à encaisser, « mais il semblerait que tu viennes de te présenter.
—Présenter de quoi- » commence Ed, fronçant les sourcils, mais ensuite ils se gèlent sur son visage et il se regarde de bas en haut, bien que ça pourrait nécessiter une explication plus approfondie. « Non, » nie-t-il, secouant la tête, « Non, quoi ?! »
Roy se passe un doigt sous le nez, essayant de ne pas inspirer trop profondément, mais le goût est déjà sur sa langue de toute façon.
« Il s'avère, » il ne sait pas comment le dire autrement, « que tu es un oméga. »
Roy est un alpha, ils sont nombreux chez les hauts gradés, et il n'est pas très fier de savoir que son statut a été une addition pour l'aider à s'élever parmi les rangs.
Le reste de son équipe, au contraire, se constitue solennellement de bêtas non liés qui sont probablement les plus faciles avec lesquels travailler dans cette institution qui s'appuie sur une hiérarchie si stricte. Ils peuvent à la fois donner les ordres et les suivre, ça dépend toujours de ce dont il y a besoin au moment précis. Ils n'ont pas de partenaire ou de famille qui pourraient venir entre eux et leur devoir.
Roy ne les as pas choisi précisément pour cette raison, mais surtout car il pense que leur statut donne à leur bureau un bon équilibre et une ambiance agréable.
Fullmetal a toujours été l'épine dans son pied, au regard de cette affirmation. Il a toujours été bruyant et belliqueux, pas plus qu'il n'appréciait d'être à la botte de quelqu'un d'autre.
Il devait être un alpha, c'était sûr, Roy l'avait pensé et n'avait pas été le seul. Ça ne devait être qu'une question de temps avant que ça soit officiel.
Pourtant… il y a ça.
« C'est pas possible, » clame Ed, et c'est avec ce ton qui suinte le déni au lieu de la conviction, « Je ne suis pas… Je ne me sens pas du tout différent.
—Mais ton odeur a changé, » souligne Roy, « et tu es plutôt agité. Tes premières chaleurs pourraient-
—Ne vous avisez pas, » grogne Edward, c'est bien une raison pour laquelle c'est si difficile de l'imaginer être un oméga, « ne vous avisez pas d'en parler si franchement, enfoiré.
—Je n'essaie pas de t'embarrasser, » soupire Roy, « mais c'est un sérieux problème. On doit convenir d'une stratégie.
—Mais pourquoi ? Ça n'a rien à voir avec vous, alors fermez-
—Edward, tu es un oméga, mineur et non-lié, et je suis ton officier commandant. » Roy rétorque sèchement. « Ça a tout à voir avec moi. »
Traditionnellement, seuls les omégas liés sont acceptés au sein de l'armée, et même dans ce cas, ils sont peu enclins à s'élever dans les rangs, plutôt employés en tant que secrétaires, ingénieurs, ou cachés en secret.
Personne n'a jamais entendu parler d'un oméga major.
Mais là encore, ce n'est pas la première fois qu'Edward Elric vient à défier les spéculations.
Fullmetal doit savoir ça, lui aussi, parce qu'il devient soudainement silencieux.
« Est-ce que… Est-ce qu'ils vont me virer ? » Il se mord la lèvre inférieure.
Très rapidement, de multiples scénarios vacillent dans l'esprit de Roy.
L'Alchimiste d'Acier est un atout, mais il est aussi une responsabilité. S'il était en effet décidé qu'il devait être licencié, alors tout ce qui a été accompli jusqu'à présent serait réduit à néant. Les quatre dernières années auraient été gâchées pour quelque chose qui n'aurait pas obtenu de résultat pour la quête des frères Elrics. Et cela signifiait que, encore une fois, Edward se blâmerait pour l'emprisonnement de son frère au sein de l'armure.
La décision est facilement prise.
« Je défendrai ton cas auprès de mes supérieurs, » promet Roy, poussant sa chaise en arrière et se levant, « mais on doit trouver une réelle solution pour ton odeur. »
Le garçon semble gêné, et il faut admettre que c'est étrange de penser qu'il ne s'en rend peut-être même pas compte lui-même alors que tout le monde de Roy est rempli de cette odeur.
« Ben… », Ed semble douter, « J'ai entendu parler de ces parfums et ces trucs –
—N'y pense pas, » le coupe Roy, « ça ne marche pas. Ils ne font que t'asperger en plus des phéromones naturelles et, laisse-moi te le dire, ce n'est pas une excellente combinaison. »
Au lieu de ça, Roy commence à déboutonner son uniforme et enlève la chemise en-dessous.
Ed le regarde, « Euh, qu'est-ce qui se passe, là ? »
Mais Roy lui envoie la chemise et marche jusqu'au placard dans le coin de la pièce pour s'en prendre une nouvelle.
« Porte-la, » ordonne-t-il par-dessus son épaule et il croise l'expression dégouté d'Edward.
« Pourquoi ?
—Lave-toi le soir et porte-la pour dormir, » Roy lui donne ces instructions, déroulant la nouvelle chemise et glissant sa tête dedans, « mon odeur devrait suffire pour garder les autres loin de toi. »
Il se retourne juste à temps pour voir la compréhension filer à travers les yeux d'Ed, sauf qu'il ne semble pas prêt d'acheter l'idée.
« Je veux pas sentir comme vous, espèce d'enfoiré ! » se plaint-il.
« C'est un marquage par procuration, » explique Roy, « mes phéromones te protégeront. »
Parce que même hors des chaleurs, les omégas étaient toujours une source d'intérêts pour les alphas, et ça pouvait à la fois être une menace directe pour Edward et aussi rendre les hauts-gradés moins disposés à le laisser maintenir sa place dans l'armée.
« Si tu préfères, » ajoute Roy avec un rictus alors qu'il retourne derrière son bureau, « je peux, évidemment, te transférer directement mon odeur.
—Beurk, » Edward frémit, « Non, non merci.
—Je l'aurai parié, » Roy émet un petit rire, une part de la tension le quittant finalement. « Reviens dans quelques jours pour me rendre la chemise et je t'en donnerai une autre. »
Les coins de la bouche d'Edward se retroussent mais au moins il hoche la tête en signe d'accord. « Rien d'autre ? »
Roy soupire.
« Je ne peux pas croire que je te dise ça, » commence-t-il avec réticence, « mais marque un point d'honneur à prouver aux autres que ta nature n'affecte pas tes décisions. Personne ne doit penser que n'importe qui, surtout hors de l'armée, pourrait te faire suivre ses ordres juste parce que tu es un oméga. »
Edward se marre.
« Cela, » annonce-t-il avec un sourire diabolique, « ne sera absolument pas un problème. »
Une fois que Fullmetal est de nouveau parti, Hawkeye entre dans le bureau.
« Monsieur ? » demande-t-elle quand elle voit Roy debout devant la fenêtre ouverte.
« Je fais rentrer un peu d'air frais. » lui dit-il aimablement, ce qu'elle n'avale pas ne serait-ce qu'une seconde.
« Je ne pense pas que le reste de l'équipe s'en soit aperçu encore, » souligne-t-elle, « Il était là et est parti si vite. Alphonse semblait ne pas savoir non plus.
—Il s'en rendra vite compte, » Roy le sait. Ce soir, au plus tard, quand Edward sera forcé d'expliquer pourquoi il dormirait avec une chemise qui n'était évidemment pas la sienne.
« Comment va-t-on procéder à partir de maintenant ? » Elle s'interroge, le regardant s'assoir derrière son bureau et retourner à sa paperasse une fois de plus.
« Comme toujours, » dit-il et il fait tournoyer son stylo plume entre ses doigts, « On va prendre les choses comme elles viennent. »
C'est un mauvais timing et Roy aurait dû le prédire, mais les premières chaleurs de Fullmetal frappent lorsqu'il est en mission sur le terrain au Nord.
Il revient épuisé et embarrassé, et son rapport spécifie son absence plus longue qu'à la normale comme rien d'autre qu'une 'complication imprévue'. Ce qui voulait probablement dire qu'il s'était enfermé à l'endroit quelconque où il se trouve qu'il séjournait et a simplement attendu.
Pendant un instant, Roy a senti un pic d'inquiétude à la pensée qu'un étranger pourrait avoir tiré avantage de la situation, mais la senteur d'Edward n'a pas changé et sa nuque n'est pas marquée.
« Est-ce que quelqu'un t'a causé des soucis ? » Roy demande néanmoins et ils savent tous les deux que ce n'est pas de la mission dont ils sont en train de parler.
« Non, » répond Ed, ses yeux filant dans un coin de la pièce, « Les chemises ont fonctionné. Et… Al a gardé la porte. Alors. »
Alors personne n'a osé s'approcher trop prêt de l'oméga sans doute délirant. Étrange de penser que la condition d'Alphonse lui permettait d'être totalement insensible aux odeurs et comportements de n'importe qui. Tentant, menaçant, ou peu importe. Il pourrait bien être la raison pour laquelle Fullmetal serait capable de continuer à assurer ses missions.
Roy a un rapide hochement de tête.
« À partir de maintenant, nous ferons un calendrier pour tes missions pour qu'elles ne soient pas compromises par tes cycles, » rétorque-t-il, ignorant le braillement indigné d'Ed, « Aussi, je te conseille de quitter les dortoirs durant ces périodes et de louer une chambre dans une commodité appropriée. »
Il y avait des aménagements spéciaux pour les omégas où ils pouvaient rester jusqu'à la fin de leurs chaleurs, le personnel consistant seulement d'autres omégas qui étaient indifférents aux phéromones. Les bons – et les discrets – étaient peut-être une affaire onéreuse mais ce n'était pas comme si un alchimiste d'état ne pouvait pas se le permettre. C'était beaucoup mieux que d'avoir la moitié des troupes en désarroi parce qu'ils pourraient sentir Fullmetal à travers le maigre interstice sous la porte.
« Hm, » fait Ed et il traîne un peu des pieds, « J'ai entendu que des gens utilisaient des cachets bloqueurs et-
—N'y pense même pas, » l'interrompt Roy, « Ce ne sont rien que des cocktails potentiellement dangereux faits de produits chimiques. Leurs effets secondaires n'ont pas encore été correctement étudiés. Tu pourrais irréparablement contrarier ton level d'hormone. C'est pour ça que la plupart sont illégaux et seulement trouvable au marché noir. »
Il envoie au gamin un regard sévère « Tu n'achèteras aucun de ces médicaments, Fullmetal.
—C'est bon, » persiffle Ed, « Calmez-vous, j'demandais juste.
—Je comprends qu'expérimenter tes chaleurs seul est inconfortable, » se corrige Roy, « mais le mieux est de les endurer jusqu'à la fin.
—Facile à dire pour vous, sale enfoiré, » lui crache Ed et ses joues sont d'un rouge distinct que Roy ignore aussi ensuite.
Quelques mois s'écoulent ; Fullmetal demande quelques jours de congés sans avoir à ajouter quoique ce soit.
Ce n'est pas vraiment un problème, considérant que le gamin ne prend généralement aucun arrêt maladie, à part quand il est blessé au boulot, ce qui est aussi une des raisons pour lesquels les supérieurs de Roy ont été étonnamment ouvert quand Roy leur a expliqué la situation.
Ça, et parce que ça n'aurait pas plu à l'opinion public si l'Alchimiste du Peuple était congédié à cause de sa classe. Probablement qu'il y aurait eu un tollé, ce qui était une chose que les militaires souhaitaient toujours éviter.
Alors c'est quelque peu un choc quand tôt le mardi matin, Alphonse Elric fait irruption dans le bureau, semblant aussi stressé que son visage vide le permet.
« Colonel Mustang, » dit-il, sonnant presque essoufflé, dès qu'il a fermé la porte derrière lui, « Quelque chose ne va pas avec mon frère. »
Et immédiatement Roy est alerté parce qu'il a beaucoup plus confiance en le jugement d'Al qu'en celui d'Ed.
« Qu'est-ce qui s'est passé ?
—Je ne sais pas, » Alphonse se tord les mains, « Ses, um, ses chaleurs ont commencé alors on est allé dans un hôtel, mais ce matin il agissait vraiment bizarrement et maintenant il ne réagit plus du tout.
—Bordel, » Roy se lève de sa chaise jusqu'à la porte en une fraction de seconde, se rappelant à peine d'attraper son manteau, « Est-ce qu'on a besoin d'une voiture ?
—Ce n'est pas loin, » dit Alphonse, pendant que Roy fait un geste de la main méprisant à Havoc qui s'était déjà brusquement redressé à l'emplacement de son bureau.
« Est-ce qu'il a dit quelque chose ? » s'enquit Roy. Lui et Al dévalent les marches ensemble, l'armure cliquetant à chaque pas.
« Juste du charabia, » répond Alphonse, « Mais je ne savais pas si je devais appeler un docteur ou pas, parce que... »
Parce que peu importe ce qu'Ed avait fait, ce qu'il avait pris pouvait être illégal.
« La dame qui gère l'hôtel prend soin de lui en attendant, » ajoute Al, le guidant sur le chemin à travers les rues, « mais elle était très en colère parce que mon frère a été contre les règles de la maison. »
Roy jure entre ses dents et se contente d'accélérer la cadence.
Quand ils arrivent à l'hôtel, il a le visage rouge et transpire, mais la flopée d'escaliers qu'ils doivent emprunter n'est rien qu'un autre petit handicap. La réceptionniste, cependant, s'écrie au moment où elle le voit :
« C'est interdit aux alphas ! » Elle lui crie dessus, sonnant paniquée. Et pas sans raison car un alpha agité au milieu d'omégas en chaleurs pourrait causer une dangereuse menace.
« C'est pour affaire militaire, » aboie-t-il en retour, sachant qu'il aura une lettre de plainte à lire en premier le lendemain matin. Le lendemain matin.
« C'est par ici, Colonel, » dit Alphonse, il le guide le long d'un couloir et ouvre une porte ensuite, ne se donnant même pas la peine de cogner.
« Nom d'un chien- » une femme d'âge mûre se lève de là où elle était assise à côté du lit, « Quel culot ! D'abord vous amenez de la drogue dans mon établissement et maintenant vous ramenez un alpha !
—Je suis terriblement désolé, Madame, » Alphonse s'incline aussi bas que possible, « Je ne savais pas quoi faire.
—Comment va-t-il ? » coupe Roy, marchant à grand pas dans la chambre. Les phéromones dans l'air sont complètement âcre alors il respire par petites bouffées par la bouche. C'est encore pire quand il s'agenouille à côté du lit et supprime le cocon de couvertures dans lequel Fullmetal s'était enveloppé.
« Hmmm, » Edward bredouille avec apathie. Ses épaules sont nues et ses cheveux sont en désordre.
« Alphonse, » fait Roy, analysant rapidement la chambre à la recherche de preuve, « Tu sais s'il a acheté une sorte de bloqueur ?
—Il ne m'a pas dit, » Alphonse répond avant d'ajouter humblement, « Mais je crois qu'il était en train de faire ses propres expériences. »
L'estomac de Roy fait un saut périlleux. Penser que quelqu'un comme Fullmetal était assez idiot pour essayer de créer son propre type de bloqueur était presque ridicule.
Il tend le bras, son pouce relevant l'une des paupières d'Edward. Comme attendu, ses pupilles sont vides et inconscientes.
Du valium, Roy le suspecte, ce qui n'est pas méconnu comme moyen d'aider une personne pendant ses chaleurs. Mais c'est obligé qu'Edward ait fait une overdose, probablement en pensant qu'il pourrait supprimer la plupart si ce n'est tous les symptômes.
« On va avoir besoin d'appeler un médecin, » déclare Roy, regardant en direction de la propriétaire. « Maintenant. »
La femme roule presque des yeux. « Je l'ai déjà fait, » dit-elle sèchement, « Je suis dans ce business depuis longtemps, jeune homme.
—Merci, » réplique Roy et il se force à rester calme.
Sur le lit, la main d'Edward a trouvé la sienne et il presse contre son visage la paume, ronronnant silencieusement.
Quand la semaine est finie et que Roy peut en toute sureté supposer qu'Ed n'est plus drogué ni en chaleur, il va rendre visite à l'adolescent à l'hôpital où il était gardé pour observation.
Ed ne le regarde pas quand la porte s'ouvre, il a dû s'être attendu à cette visite au moment où la mécanique de son cerveau est revenue à un level normal.
« Ne commencez pas, » fait-il d'une voix traînante alors que Roy sent un coup de colère monter en lui.
« Crois-moi, j'aimerai que nous n'ayons pas à avoir cette conversation, » répond-t-il avec un pique dans sa voix, « mais il semble que nous le devons.
—Ouais, ouais, » Ed croise les bras devant sa poitrine. « Alors parlez.
—Tu m'as promis, » lui rappelle Roy, « que tu n'essayerais pas d'utiliser aucune sorte de bloqueur.
—Non, » rugit Ed, « Vous m'avez dit de ne pas en acheter. Ce que je n'ai pas fait. Et aussi, quand ai-je vraiment suivi vos ordres ?
—Ce n'est pas un sujet de plaisanterie, Fullmetal, » réplique Roy, s'approchant plus prêt, pas pour attraper la chaise qui se tient à côté du lit mais pour le sermonner plus efficacement, « Tu aurais vraiment pu te tuer. »
Ed n'a pas l'ombre d'un sursaut, mais ses épaules se dressent défensivement.
« Ce n'était pas mon intention, » il murmure.
« Ce n'est pas le problème, » Roy secoue la tête, « Je ne te comprends pas. Tu as enduré de la chirurgie pour un automail enfant et maintenant tu n'es pas capable de souffrir pour quelques jours d'inconfort ? »
Finalement, Edward tourne les yeux vers sur lui, et quand il le fait il le fusille.
« Comment vous pouvez le comparer à ça ? » crache-t-il. « J'ai eu l'automail pour pouvoir aider Al. Ces… Ce truc d'oméga n'est rien d'autre qu'un fardeau. C'est pour ça que j'ai pris la drogue en premier lieu.
—En quoi ça t'a conduit à aller mieux ?
—J'ai pensé que si je dominais les symptômes, je pouvais au moins être capable de continuer mes recherches, faire quelque lectures, » Ed expire durement par le nez, « Et au départ ça marchait, mais les effets sont à courts-terme. Alors j'en ai pris plus. Ensuite, ben, je pense que j'ai fait une overdose.
—Tu penses ? Ton frère a cru que tu allais mourir, Fullmetal. »
Cette fois, Edward tressaille.
« C'est juste…, » il murmure, plus pour ses mains serrées que pour quelqu'un d'autre, « que quand je perds du temps avec ces fichues chaleurs on n'est pas prêt de récupérer son corps. Je me sens… Je me sens inutile. »
Et une fois de plus tous les vices d'Edward Elric sont expliqués par chacune de ses vertus.
Roy prend une longue inspiration.
« Tu ne risques pas de l'aider en planant comme un avion, » pointe-t-il, « et je présume qu'il te pardonnera, que tu perdes quelques jours ou non.
—Ouais, » Ed fait un vague hochement de tête, « Il a dit ça aussi.
—Alors si tu ne me crois pas, » lui fait Roy, « Crois-le lui. »
Roy croyait qu'il en aurait fini avec tout ça mais avec les Elrics ce n'est tout bonnement jamais le cas.
Trois mois plus tard, quand Roy s'y attend le moins, on cogne à sa porte, très tard dans la soirée.
« Fullmetal, » s'exclame-t-il de surprise quand il voit le garçon debout sur le pas de sa porte et la première chose qu'il trouve à dire est : « Mais comment tu sais où je vis ?
—J'ai mes sources, » répond énigmatiquement Edward avant de le pousser pour entrer dans la maison.
« Tu n'es pas censé être en congé ? » attaque Roy, les mots ayant à peine quitté sa bouche qu'il ressent l'odeur du gamin.
« Tu es cinglé ? » s'étouffe-t-il, couvrant la partie inférieure de son visage avec sa main, « Tu es en chaleurs et tu te balades au milieu de la r-
—Ouais, m'voyez, c'est ce que j'aime pas à propos de ça, » crache Ed, s'arrachant ses bottes comme s'il prévoyait de rester un moment. « Pourquoi c'est toujours la faute des omégas quand les alphas sont pas capables de se contrôler ? En quoi c'est juste, hein ?
—Fullmetal, si tu prévois de joindre un groupe de débat, s'il te plaît fais-le lors de ton temps libre, mais pas chez moi. Ou en mon immédiate présence, » Roy ne peut pas s'empêcher de grogner, « je suis aussi un alpha, au cas où tu l'aurais oublié.
—C'est pour ça que je suis venu ici, en fait. » Ed ne fait pas grand cas de son manteau non plus, se hissant sur la pointe des pieds pour le mettre sur le porte-manteau. « Je dois dire que putain, je suis impressionné par votre self-control. La plupart des alphas auraient déjà essayé de me sauter depuis longtemps. En dépit du fait que je sois couvert de votre odeur et tout. »
Et il est là, debout, vêtu de son pantalon en cuir ridicule et l'une des chemises que Roy lui avait donné quelques jours auparavant. La chemise qu'il était censé porter pour dormir était aussi pour que l'odeur le suive le jour suivant. Pas pour s'en couvrir des pieds à la tête comme une marque d'appartenance.
« Fullmetal, » commence Roy très calmement, même s'il se bat contre lui-même pour savoir s'il doit faire un pas en arrière ou en avant, « qu'est-ce que tu fais ici ?
—Voilà le truc, » dit Ed, « Les bloqueurs sont pas bien, hein ? Et patienter jusqu'à la fin me rend taré et prend des plombes. Alors pourquoi ne pas s'abandonner aux instincts biologiques ?
—Bon sang, de quoi est-ce que tu es en train de parler ? » persiffle Roy car il y a déjà un soupçon qui grimpe en lui.
« Des chaleurs sans alphas s'écoulent en moyenne sous une durée de cinq jours, » explique Ed comme s'il récitait l'article d'un journal scientifique. Ce qu'il fait probablement. « Mais avec un partenaire, dans le pire des cas c'est réglé en seulement deux jours. C'est une énorme différence.
—Non, » refuse Roy et cette fois il recule bel et bien, recherchant à l'aveugle le manteau rouge du gamin pour le lui lancer, mais tout ce qu'il fait c'est jeter plus de phéromones dans l'air. « Tu délires. Ce ne sont que les instincts biologiques qui s'expriment actuellement.
—Je ne suis pas encore assez à l'ouest, » se vexe Ed, « et j'y ai déjà pensé avant. »
Il lève une main à son visage, sentant le revers de la trop longue manche qui est retroussée autour de son poignet, « Je m'en suis déjà aperçu la dernière fois, en fait. Vous ne sentez pas si mauvais. Donc je pense que ça va.
—Edward, » Roy serre les dents, espérant que l'usage de son prénom raisonnera l'adolescent, « Je suis ton officier commandant. Je ne peux pas être ton partenaire de chaleur.
—Je porte votre odeur depuis des mois, maintenant, » Ed l'ignore. « Personne ne doit savoir. »
Nous le saurions, nous, l'esprit de Roy le lui hurle. Et ensuite quoi ? Combien de temps ça durerait ?
« Tu es trop jeune, » est ce qu'il répond plutôt.
« Je viens d'avoir seize ans, on s'en branle, » Ed roule des yeux. « Aussi, je sais de source sûre que vous n'avez pas d'autre partenaire en ce moment, sinon vous ne me prêteriez pas vos chemises comme ça. Et… et si vous ne le faîtes pas alors je serai forcé de partir trouver un autre alpha. Et comme je n'en connais pas beaucoup, je prendrai n'importe qui. Littéralement n'importe qui, genre, le premier que je rencontre dans la rue une fois que je serai sorti d'ici. »
Roy le dévisage.
« Est-ce que, » demande-t-il doucement, « tu es en train de me menacer avec la perspective d'aller jeter ta virginité ?
—Ouais, » répond Ed, « Alors ? »
Après cette réponse flippante, Roy se dresse le plus droit possible, les mains sur les hanches, sachant très bien que ça lui donne une apparence intimidante.
« Tu ne peux pas me contraindre et tu ne peux certainement pas me séduire, » déclare-t-il, tentant de faire plier Edward par son regard, « Je ne ferai pas ça juste parce que ça te conviendrait mieux.
—Bordel, ce n'est pas ça que je- » Edward semble quelque peu coupable mais surtout frustré. « C'est juste que je… Je dois faire ça. »
Et il tourne des yeux suppliant sur Roy.
Qu'il aille se faire voir. Qu'il soit maudit, lui et son génie ainsi que sa détermination. Parce que débarquer ici au début de ses chaleurs, quand il n'aurait pas pu sentir plus bon et alors qu'il sentait déjà l'odeur de Roy depuis des mois était simplement sournois. Sans oublier que, voyant que Fullmetal était son protégé, Roy était déjà plus incliné envers l'envie de l'aider. Tous les instincts de Roy lui disaient que c'était une idée merveilleuse, et la toute petite part de sa rationalité qui objectait contre tout ça perdait rapidement le combat.
« Allez, » supplie Ed, s'approchant plus près tout en tirant maladroitement la manche de Roy.
Roy inspire, réalisant trop tard que ça ne fait qu'empirer les choses. Mais là encore, sa décision est déjà prise.
« On n'en parlera jamais au bureau, » ordonne-t-il, bannissant le tremblement de sa voix. « On ne peut pas se permettre qu'il y ait des conséquences.
—Putain, enfin, » dit Ed sur un rictus.
Scientifiquement parlant, la biologie derrière tout cela est plutôt simple. Les instincts ne sont rien de plus qu'un reste d'une étape précédente de l'évolution. Les omégas mâles ne peuvent plus concevoir à présent mais maintiennent quelques caractéristiques ataviques. Hormis leurs chaleurs et leurs phéromones, une morphologie plus petite est commune, mais il y en a d'autres moins évidentes.
Si Edward gardait la face quand il s'est pointé devant chez lui, dès que Roy met les mains sur lui, ça devient apparent qu'il est plus sous l'influence de ses chaleurs qu'il ne voulait le laisser entendre au départ.
Sa peau bout presque sous la chaleur. Peu après, ses yeux sont vitreux de fièvre.
Roy ne savait pas vraiment comment les faire parvenir à la chambre avec l'adolescent qui essaie de se frotter çà et là contre lui. Finalement, il soupire et le jette simplement par-dessus son épaule.
« Enfoiré, » siffle Ed en acte d'outrage, mais il y a un tremblement dans sa voix qui trahit que c'était exactement ce que voulait une part de lui.
Fullmetal porte bien son nom, il faut le dire, il n'est pas exactement un poids plume. Alors, une fois dans la chambre, Roy le balance sans plus de cérémonie sur le matelas, le faisant rebondir et le fusiller du regard depuis sa frange défaite.
Et c'est la partie que Roy déteste. Parce qu'il se révèle là-dedans, révèle combien ce moment particulier est défini par leurs rôles de prédateur et de proie. Beaucoup d'oméga abandonnent le faux-semblant assez facilement et se rendent, mais Edward Elric est d'un calibre différent. Même s'il est celui qui a initié ça, il ne rendra pas les choses faciles pour Roy. Il va vouloir une chasse.
Il suffit d'une fraction de seconde pour que leurs yeux se rencontrent, une lueur de vacillement pour réaliser qu'ils ont tous les deux compris où en était l'autre.
Roy ne parvient plus très bien à suivre les pensées qui se pressent dans son propre esprit. À un moment, il attend simplement, et à l'autre, se jette sur Edward qui escalade le lit. Roy l'attrape par la cheville de son automail, Ed donne un coup de pied, se libère, et roule, descendant du matelas. Il avance vers la porte mais Roy se baisse et lui coupe littéralement l'herbe sous le pied. Ed glapit, tombe, se rattrape, fait la bêtise de perdre du temps et de jeter un regard par-dessus son épaule.
Avant qu'il ne puisse cligner des yeux, Roy l'attrape par le bout de sa natte, tirant sa tête en arrière. Il l'attrape ensuite par la peau du cou, le secouant vigoureusement comme on le ferait à un chien désobéissant.
Ed bat une main indignée vers lui mais ne peut pas l'atteindre, recommence à donner des coups de pieds, jusqu'à ce que Roy le soulève plus haut et qu'il soit obligé de se balancer sur ses orteils.
Ed grogne, lance des regards furieux, griffe les mains de Roy en essayant simultanément de s'y agripper, essayant d'alléger un peu le poids sur son cuir chevelu. Cependant Roy n'est pas le moins du monde intimidé, l'entraîne juste à remonter sur le lit, puis la petite merde rigole parce que c'est évident qu'il aime ça.
Le petit combat n'a servi qu'à relâcher leurs phéromones, Roy parvient à se rendre compte qu'Ed en est presque étourdi. Roy lui-même est capable de plus de retenue, mais ce n'est pas comme s'il n'était pas affecté.
Cette fois, quand il est poussé sur le lit, Ed y va de bonne volonté, et Roy suit encore, bougeant pour se mettre au-dessus de lui. Le visage d'Edward est rouge maintenant, ses pupilles dilatées, et il regarde Roy avec quelque chose de similaire à la faim.
Ils pourraient très vite passer aux choses sérieuses à présent, mais Roy se retient et prend consciencieusement un moment délibéré pour se concentrer.
Durant leur précipitation folle, l'élastique des cheveux d'Ed a dû se perdre et maintenant sa natte est défaite à la fin. Roy s'autorise à tendre le bras, à passer ses doigts à travers les cheveux et, doucement, les défaire. Sous lui, la respiration d'Ed s'accélère. Roy s'émerveille.
Il n'a jamais touché le gamin avant, n'est-ce pas ? La plupart de leurs interactions physiques ont au moins cette sorte de violence sous-jacente, une extension naturelle de leurs joutes verbales constantes. Il n'y a plus rien de désobligeant. Un certain genre de tension, comme barrage sur le point de rompre. Ou, en une vision moins sévère, deux gouttes de pluie sur le carreau d'une fenêtre qui glissent doucement l'une vers l'autre, en convergence. Avec hésitation, Roy fait courir sa main le long du corps d'Edward tandis qu'Edward le regarde attentivement, comme s'il le mettait en garde de faire le moindre faux mouvement.
Le pouce de Roy caresse le cuir dur du pantalon d'Ed avant qu'il déboucle la ceinture, débarrasse ses hanches de la du tissu étroit jusqu'au bas de ses jambes. La seule vue de toute cette peau découverte, en revanche, envoie un choc dans son cerveau. La dernière chose dont il se rend compte, c'est qu'il atteint la chemise qu'Ed porte, cette chemise qui mixe délicieusement leurs senteurs. Le 'pop' des boutons, la couture qui craque, puis le torse d'Ed et son ventre sont exposés eux aussi, doré comme tout son corps, à part son épaule droite où le sombre tissu de peau se transforme en métal propre.
Ed semble se ficher de voir son passé révélé d'une telle manière, il se débarrasse avec passion des lambeaux restant de la chemise. Est-ce le besoin qui l'empêche d'être mal à l'aise ? Ou est-ce carrément causé par quelque chose de différent, quelque chose qu'est Edward Elric au fond de lui ?
Roy n'a pas beaucoup de temps pour sa contemplation. Ed est déjà en train d'inverser la tendance, entreprenant de lutter pour lui ôter ses vêtements également, des petits grognements agacés fuyant de ses lèvres tendues. Cela se change en un petit gémissement, finalement, quand il atteint Roy, la dualité du touché chaud et frais étant comme de l'électricité pulsant à travers le corps de ce dernier. Il renverse alors Ed et le porte au-dessus de son poitrail exposé, l'étreignant par derrière. C'est une position parfaite pour l'échange d'odeur. Ed penche sa tête en arrière pour que Roy puisse frotter son visage contre sa nuque.
Néanmoins, Roy a autre chose en tête, et il met d'abord sa main sur le nombril d'Ed comme un avertissement avant de descendre de plus en plus bas. Ed sursaute en anticipation. Quand les doigts de Roy se faufilent sous l'élastique de son sous-vêtement, il laisse échapper un doux son, comme un miaulement.
Roy n'est rien si ce n'est provocateur, alors, avec insistance, il effleure le sexe dur d'Ed, mais il glisse plutôt en bas. Ici, juste en dessous de la base du pénis, il trouve la petite strie inégale où se trouvaient les lèvres. Un endroit très sensible, Roy le sait. Ses doigts la longe avec précaution, Ed se tortille. C'est seulement après qu'il enroule une main chaude autour de son sexe.
Il prévoit de le masturber, de l'arrêter au bord de la jouissance avant qu'ils aillent plus loin. La patience n'a jamais été une vertu d'Edward. Avant qu'il atteigne son orgasme, il attrape le poignet de Roy et éloigne sa main, même s'il se fait couiner en réaction au manque de contact.
Ensuite il se rue sur ses genoux, dandine pour se débarrasser de son caleçon, et se présente le cul en l'air, la tête dans l'oreiller. La part la plus gentleman de Roy se révolte à la pensée de le prendre comme ça, mais il sait aussi que c'est la position la plus facile pour la première fois d'Ed. Il avance jusqu'à Ed, caressant d'une main douce la courbe de sa colonne vertébrale frémissante. De l'autre main, il tâtonne la table de chevet, ouvrant un tiroir qu'il parcoure à la recherche de lubrifiant et préservatifs.
Par chance, Madame Christmas l'a bien élevé. Ainsi, il s'approvisionne toujours en cas de nécessité pour un scénario similaire. Pas que Roy ait déjà été dans une situation aussi délicate mais séduisante que celle-ci, mais ça ne fait pas de mal d'être prêt.
Littéralement, dans leur cas. Roy procède doucement, méthodique, de façon ouvrir Edward. Edward lui-même semble coincé entre se délecter des sensations, le désir de se plaindre, et sa confiance en l'alpha pour savoir quoi faire.
Bientôt, Ed est au point de non-retour, ses phalanges blanches agrippées aux draps. Roy sait qu'ils sont tous les deux prêts. Il déroule le préservatif et roule soigneusement jusqu'en bas de sa longueur. Ed regarde depuis le coin de ses yeux, la tête renversée, les pupilles dilatées, un soupir gémissant quittant ses lèvres. De l'impatience, de l'appréhension.
Roy avale sa salive, la gorge sèche, et il s'ajuste, le pouce de son autre main caressant en guise de réconfort la hanche d'Ed par des mouvements circulaires. Sa peau est encore marquée de l'impression du tissu de son pantalon. Et il le pénètre.
Ed se cambre, pas sûr de savoir comment réagir, voulant s'enfoncer et s'avancer en même temps, alors Roy le retient, le tenant en place, lui donnant le temps de s'habituer avant de s'enfoncer plus profondément.
« Respire, » dit-il. C'est le premier mot prononcé depuis qu'ils sont entrés dans la chambre. C'est un rappel pour chacun d'eux.
Ed libère la respiration qu'il avait retenue et il prend une inhalation frémissante.
« Mmmhh, » il geint, incapable de rien d'autre, et il semble vibrer à cause de ça.
Roy le sait, techniquement, la pénétration n'est pas nécessaire. Techniquement, ce serait assez de se faire jouir tous les deux, de laisser leurs senteurs se mêler, de prolonger le contact de la peau. Les omégas mâles ne peuvent pas tomber enceinte et l'évolution les a débarrassés des organes sexuels correspondant, mais ce sentiment d'urgence est toujours là. Ce besoin d'être pris, baisé sans douceur.
Ed se débat, se serre autour de lui, alors Roy se penche, courbe son menton au-dessus de la chair de ses épaules et ses bras entourent sa poitrine pour l'étreindre étroitement. Comme ça, ce serait facile de le marquer, de mordre le carré de peau attrayant qui semble n'attendre que Roy pour ça. Mais il se restreint, il serre les dents et donne le premier coup de rein vicieux, suivi par un autre, et encore un autre. Sous lui, Ed craque, devient défait. Sous lui, Ed jouit.
Roy va chercher quelque chose à boire et leur fait des sandwiches, comme Edward l'a appréhendé avant qu'il ne puisse manger et que son estomac ronchonne en guise de plainte. Il ne doute pas qu'Edward est affecté de la même façon.
Pourtant, quand Roy pose le plateau et les verres sur la table de chevet, Ed reste recroquevillé sous les couvertures, seul le bout de son nez osant sortir.
Et ça n'a été que leur première crise, pense Roy.
« Tout va bien ? » demande-t-il gentiment, s'asseyant sur le matelas, parce que pour une fois ce n'est pas le moment de taquiner Ed, ça ne mènerait à aucun résultat plaisant. Néanmoins, Ed reste silencieux pour un long moment, jusqu'à ce que Roy tende le bras et n'ôte les draps de devant son visage.
Ed le regarde avec ses yeux jaunes, grands ouverts et curieux.
« Est-ce que… c'est toujours comme ça ? » Il veut savoir, avec quelque chose comme de la trépidation dans sa voix.
Roy enlève quelques mèches de cheveux de son front, gardant un toucher doux et réservé, « Comme quoi ?
—Si… intense. » Un frisson parcourt Ed alors qu'il essaie d'y mettre un mot. « Comme à rendre fou.
—Je ne sais pas, » répond honnêtement Roy, « J'ai toujours entendu que ça devenait meilleur avec le temps. »
L'âge et l'expérience aidaient, sans compter le lien de deux partenaires. Sauf que pour le moment, Ed était coincé en ayant à endurer la perte de contrôle sur lui-même encore et encore.
Espérant lui offrir du réconfort, Roy s'allonge à ses côtés et lève ses bras dans une invitation silencieuse. Après un moment d'hésitation, Ed plonge en avant, se pressant étroitement, jusqu'à être à l'abri mais sans aucun poids oppressant.
« Je déteste ça, » il grommelle contre le torse de Roy, « Je comprends pas du tout pourquoi les gens voudraient grandir.
—Et bien, » songe Roy, tout en sachant très bien qu'il sera amené à le regretter, « pour parler franchement, tu n'as pas tout à fait grandi. »
Évidemment, Ed essaie immédiatement de l'étouffer avec un oreiller mais quelque part ça semble avoir valu le coup.
À suivre…
(1) L'expression originale était 'To sweep through' qui veut dire au sens premier se répandre/se propager mais que les anglais utilisent pour parler de quelqu'un qui arrive avec une idée de mouvement brusque comme un déplacement d'air, et ça crée bien évidemment un double-sens avec l'odeur que renvoie Ed en tant qu'oméga. Comme garder l'expression littérale n'a pas de sens chez nous, j'ai choisi de le remplacer par 'débarque fraîchement', pour garder une connotation à une sensation :).
Voici pour ce premier chapitre ! J'espère que l'histoire vous aura autant emballé que moi :3.
N'hésitez pas à laisser des reviews ! La suite ne viendra pas avant 1 mois ou 2, car je suis pas mal occupée par mes projets perso, la fac et traduire prend du temps, mais du coup comme ça je ferai mon max pour rendre au mieux le texte de l'auteur et ses idées :). La suite sera un peu plus angsty d'ailleurs x3.
Merci d'avoir lu !
