Chapitre Premier
Razorin :
Toujours un pas de plus en avant, voila à quoi ressemble ma fuite... Et à chaque pas je sens tout cet attirail métallique qui me sert de viscères… Si sa ne me faisait pas un mal de chien je crois que j'en rigolerais...
Aïe ... ça commence à devenir noir , je crois que cette fois-ci j'y passe , pas de victime dans les environ , pas de sang , game over mon cher.
Pourquoi j'ai accepté ça ?... ah oui je me souviens, j'ai pas eu le choix. Le souvenir du sourire du gentil scientifique qui m'a fait ça lorsque qu'il m'a annoncé d'un ton jovial que je devrais me nourrir beaucoup plus souvent que les autres...
Les autres, les vampires, les miens en quelques sortes, même si je ne peux pas les encaisser, enfin, en fait qu'est ce que j'en sais, seulement qu'on m'a appris sûrement des conneries, comme tout le reste après tout, ici mentir est normal...
Ca y est, ce qui me reste de centre d'équilibre vient de partir avec le vent... et mes genoux ont décidé de prendre une pause, mes chères lames essayent tant bien que mal de m'éviter de percuter le sol même si je ne vois presque plus rien ; je sens leurs pointes effilées se planter dans la terre molle... et qui fait un bruit bizarre…
Et je sens autre chose, cette odeur, une odeur de cadavre, de cadavre frais!
Je me tape complètement de ce que sa peut être, il y a du sang dans cette carcasse, et il va être mien! Je plante mes crocs dans la masse visqueuse, sûrement une goule, le sang est frais, autant que peut être frais celui d'une goule, la pression fait gicler le sang contre mon palais, je sens l'énergie me revenir, comme le moteur d'une vieille voiture dont le starter vient de s'enclencher, ma vision revient, et ma faim ne s'en fait que plus grande, je mords au hasard dans toute cette chair à la recherche d'autre point épargné , et pour tout résultat je mâche un bris métallique ... Je relève la tête, et une silhouette bercée dans les nuages rouges se tient en face de moi.
…Je crois que je viens de trouver le préparateur de mon repas...
Entropia :
Je suis Entropia. Je suis vampire. Voilà tout ce que je sais.
Tuer est mon métier. Mes semblables ont l'amour du sang. Je n'aime que l'ordre. Je tue pour garder l'ordre. Le sang, c'est un besoin, un mal nécessaire. Je ne bois que du sang en bouteille. Je me refuse à toucher mes victimes. Je me refuse à toucher qui que ce soit. Tuer, oui. Mais pas me nourrir sur mes victimes. Ce n'est pas hygiénique.
Je ne suis pas folle. Je suis tout à fait saine. De corps et d'esprit. La pensée doit rester chirurgicale. La passion du meurtre conduit au désordre. Le désordre conduit à la folie. La folie conduit à la perte.
On m'apprécie pour cela. Pour mon ordre. Je suis un assassin, un assassin royal. Tuer pour mourir. Je suis payée pour cela. Grassement. Je suis la meilleure. Non pas que je sois la plus forte. Mais je suis la plus rapide, la plus discrète. La plus ordonnée. Les assassins ont tendance à se disperser. Ils font leur métier parce qu'ils aiment cela. Moi, je le fais par défaut.
La Dystopie, ma terre d'exil. Je crois m'y être attachée avec le temps. Ils m'ont accueilli avec réticence. Ils n'ont jamais apprécié les vampires. Moi non plus. Ma race est décadente. Ils se prennent pour des seigneurs, mais ils n'ont aucune notion de l'ordre. Sans ordre, une race, quelle qu'elle soit, n'est rien. L'ordre est primordial.
«Lady Entropia, on a retrouvé un vampire dans le Désert ! »
Encore un ennemi de l'ordre. Un de ces êtres décadents qui se prennent pour la race supérieure.
« Dans le désert ? Encore un qui s'est pris pour un Dieu des Limbes. »
L'Impératrice Perfidie, dans sa grande bonté, m'a offert une garde personnelle. Je lui ai dit que je n'en avais pas vraiment besoin, mais elle a insisté. Ils sont devenus mes hommes de main. Je leur confie les basses besognes, l'administration en somme. Je n'ai pas besoin de détruire les corps. On ne me retrouve jamais. L'ordre est la clé. Mon Lieutenant, Ashaar, est un reptile de 3 mètres de haut. Bien que les plus impressionnant chez lui soit son corps couvert de griffes et ses puissantes mâchoires hérissées de crocs. Une garde personnelle pour le moins impressionnante il est vrai.
« On vous l'a ramené, on s'est dit qu'il pourrait peut être vous servir…
-Comment un vampire pourrait-il me servir ?
-Sauf votre respect, quand vous le verrez vous comprendrez où je veux en venir. »
Razorin :
...Si je chope l'abruti qui a encore éteint la lumière ...
De la façon dont mes genoux glissent avec la grâce d'une baleine sur le sol je dirais que je suis en train de me faire traîner. Je mordille ce qui a l'air de me servir de couvre-chef, pouah! Du tissus et pas de la première jeunesse en plus, je crois que je viens d'embrasser la moitié d'une colonie de goule en faisant ça.
Argh, une douleur fulgurante a l'épaule! La chose qui me tire doit s'être rendu compte que je m'étais réveillé, faisons la masse, en advienne que pourra… Mes mains sont liées, je le sens, complètement enrobé comme une sucette dans un papier, ils n'ont pas eu la possibilité de m'enlever mes lames, personne ne peut le faire… Hum, ils ont dû se rendre compte que je gigotais, j'entends comme un bruit de...
(L'énorme Dragonide réajusta sa masse à sa ceinture après avoir percuté le crâne de son colis, elle continua à traîner le vampire, dont le sang s'écoula un instant de la plaie puis se referma prestement, ne laissant que des gouttes de sang visqueux suinter à travers ses cheveux.
La masse de muscle ne se souciait guère de l'état du vampire, il le traînait, faisant racler les genoux contre l'acier sale qui dallait le couloir, les lumières des torches reflétant sa peau verdâtre et boursouflée telle du plastique fondu.
Il pris le vampire sur son dos pour parcourir encore quelque mètres, puis déposa le vampire dans un grand siège couvert de piques, lui attacha les membres et appuya de sa main sur son visage pour bien faire rentrer les piques dans sa chair. La chose partit enfin, laissant le vampire attaché et clouée sur le fauteuil morbide.)
« Razorin, » murmure une voix dans mon esprit. « Razorin, lève toi soldat. »
Cette phrase me percute comme une balle de 12.7, je me réveille dans un paysage que je connaissais avant, mon ancienne vie...
Je me lève, mon armure émettant un grincement, cette chère bonne armure de combat qui m'a sauvé tant de fois la vie, je l'ai peinte avec amour, avec le sang de ceux que j'ai tué. Je ressens ces sensations que j'avais oublié, la faim, le froid, mais la douleur… elle, je ne l'ai jamais oubliée...
Mon chef me parle, le commandant Marcillac, même si je n'écoute pas un mot de ce qu'il me dit, je m'en souviens totalement :
"Nous sommes débordés, les mujaydin approchent, la plupart de nos frères sont tombé au combat pour protégé la race blanche… » Et bla bla bla... même si je suis un raciste je n'ai jamais vraiment collé a leur idéologie, mais ils m'ont permis de tué, et ça j'aime, j'adore, j'en suis fou...
Je réactive mes vibro-lames de poigne et me dirige vers la muraille 56 du château, celle qu'ils ont détruite lors du dernier assaut, on va tous crever mais je m'en cogne, on va bien s'amuser aussi, j'abrège les souffrances de mes tympans en balançant a fond une bonne vieille dose de death metal, et je me prépare à l'assaut, de toute façon je suis déjà mort.
Alors autant partir en faisant le plus de bordel.
Entropia :
Je jette un œil par le judas de la cellule. Je ne distingue rien d'autre qu'une forme sombre, plus ou moins assise. Ligotée évidemment, même si le mot « emballée » serait plus exacte. Un grognement de mépris roule dans ma gorge. Ashaar me signale que l'individu est neutralisé. Je rentre dans la cellule, une main sur mon empaleur.
Mes yeux s'habituent sans mal au manque de lumière. Mais quand je parviens à distinguer l'être affalé sur la chaise mortuaire, le dégoût me monte au bord des lèvres. Comment une telle créature peut-elle être affiliée à la race des vampires ?
« C'est une plaisanterie ? »
L'ordre. Où est l'ordre dans une telle créature. Contre-nature. Les vampires eux-mêmes ne sont pas des êtres aussi dénaturés. Ashaar me fixe bêtement.
« Quelle idée avez-vous eu de me ramener une créature pareille ?
-Mais Lady Entropia, il ferait une excellente recrue…
-Une excellent recrue… »
Un rire nerveux s'échappe de ma gorge nouée. Je ferme les yeux un instant, j'entends un espèce de sifflement en fond sonore, au fond de mon crâne. L'instant d'après j'ouvre les yeux, ma main est crispée sur le larynx d'Ashaar. Je ne m'en suis pas rendue compte. Ma voix est calme, froide, chirurgicale.
« Cher, cher Ashaar. Peux-tu me dire ce que c'est que cette chose ? » En réponse, de vagues gargouillis. Je desserre mon poing et mon lieutenant avale une grande goulée d'air.
« Un vam… vampire… Lady… Il a été modifié, sûrement par des Techno Prêtres…
-Modifié ? C'est bien le mot. » Je m'approche de la créature. Sa mâchoire inférieure a été remplacée par une mandibule mécanique. Le reste de son corps est emprisonné dans des couvertures à la propreté douteuse.
Ce désordre me rend malade.
« Et que veux-tu que j'en fasse ? » Le hurlement m'écorche les oreilles. Je ne saurais dire exactement qui a hurlé. Je pense que c'est moi cependant.
La … chose commence à remuer. En un mouvement ample et rapide, je dégaine mon empaleur et place le canon sur ce qui reste de peau sur le front de ce monstre. A-t-il du sang dans ses veines ? « Voilà la seule utilité qu'il puisse avoir. Une expérience scientifique. »
Razorin :
Une sensation me ramène à la réalité de ma mort, je suis accueilli par un joli canon qui me regarde dans ce qu'il me reste d'œil… Au bout de ce canon se trouve une vampire qui n'a pas l'air des plus enchantées de me voir, je jette un bref coup d'oeil autour de moi, je suis attaché, et solidement fiché dans une chaise de torture, j'ai une faim atroce qui me tiraille le ventre, et je ne suis pas seule avec elle.
Je décide d'ouvrir ma gueule, et d'essayer de m'expliquer, au pire elle mettra fin à ma phrase avec un point final en forme de pieu.
« Bonjour! Ça va vous ? Hum… est-ce que quelqu'un aurait l'extrême amabilité de bien vouloir m'expliquer ma présence ici, et dans cette état-là ?"
- Ne t'en fais pas, un de mes lieutenants a commis l'erreur de te sortir du désert et de te ramener dans notre belle cité de Dolon, mais je vais te renvoyer directement vers l'Enfer d'où tu viens…
- La proposition est tentante mais je préférerais la décliner, j'ai pas fait tout ce chemin pour mourir arrivé à destination. Enfin… vous allez sûrement m'éclater la figure avec cet empaleur, vous les vampires vous êtes tous les mêmes, un pas de travers et hop à dégager...
- AHAH! C'est bien à toi de dire cela... tu connais sans doute mieux ma... "race" que moi. Mais effectivement, tu ressembles assez à un pas de travers sur le chemin de la décadence de notre maudite espèce...
- Remplacez décadence par expérience, ma chère, je ne connais les vampires que de ce qu'on a bien voulu m'en dire, je n'ai pas eu le choix de ressembler à ce que je suis, comme nous n'avons pas eu le choix de naître comme nous sommes...
Elle finit par baisser son empaleur :
« ...Tout cela m'intrigue. Bien, racontes-moi qui tu es et d'où tu viens, et si ton histoire à l'heur de me plaire, peut-être que j'épargnerais mon lieutenant... et toi par la même occasion.
- Trop aimable ... Avant de débouler ici, j'était un soldat en ... 2089, un membre des CRS. Ce qui me revient par flashs brefs et douloureux de mon passé n'est que guerres, assassinats et morts. On me surnommait Razorin, et j'ai gardé ce nom ici. Quand je suis arrivé, un étrange véhicule volant m'as trouvé et embarqué prestement, je suis ensuite passé sur le billot, où des docteurs maboules m'ont charcuté dans tout les sens, me transformant en la choses que vous avez sous les yeux. Ils aimaient beaucoup me parler pendant que je me faisais ouvrir et refermer comme un sac, c'est de cette façon que j'ai appris l'histoire de Résurrection, enfin les bribes ... J'ai réussi à me sortir de ce merdier pendant un des test de finalité, je me suis grassement payé sur tout ce qui avait des veines pendant le processus. A force d'errance sur les différents morceaux de terre de cette planète pourrie, j'ai entendu parlé de la Dystopie, comme d'un endroit où l'on pouvait trouver ce que l'on voulait si l'on savait se battre, et comme c'est a peu près la seule chose que je sais faire, à part me mettre dans des situations compliquées, je me suis décidé à y aller… En tout cas je vous remercie d'avoir écourté mon trajet…
- Qu'espère tu trouver en Dystopie? tu n'es pas sans savoir que ce pays est l'ennemi juré de la Draconie, terre de notre "race"... c'est l'ennemi de pratiquement toutes les nations de Résurrection d'ailleurs."
- C'est un point de détail qu'on a oublié de me souligner... je cherche juste à me faire de la monnaie d'échange, pour pouvoir remplacer mes pièces, de toute façon je ne peux pas saquer les vampires... enfin la plupart…
- C'est sans doute notre unique point commun... Tu cherche donc à devenir mercenaire, si je comprends bien."
- Ca peut se traduire comme ça, toute ma vie on m'a donné des ordres, je n'ai que faire de mon libre-arbitre."
La vampire réfléchit un court instant, et range enfin son empaleur :
« Bon. Je te laisse 2 jours pour faire tes preuves. Voyons ce que tu as dans le ventre. La Dystopie pourrait peut-être avoir besoin de tes services.
J'éclate de rire et réponds : « J'ai surtout du métal dans les tripes... 2 jours suffiront bien assez !
- Nous verrons. Relâchez-le. »
Je la regarde sortir de la cellule, escortée par ses lézards de compagnie. Alors comme ça, elle croit me mettre à l'épreuve, hein? Les êtres remplis de chair écoutent vraiment trop leur coeur, j'aurais été à sa place, j'aurais tiré aussi sec, je ne laisse pas sa place au doute, ni aux considérations.
J'ai été relativement bien traité, mais bien sûr, je suis toujours enfermé dans une cellule, enfin, sans pics dans la chair pour me ramener à la réalité...Elle m'a laissé une période pour que je prouve mon utilité ; peut-être vais-je mettre à profit ce temps pour me barrer d'ici... Mais en même temps, je crois que je peux rester ici un moment, ça fait si longtemps que je n'ai pas eu de mission…
…Ca me manque...
