Bon et bien voilà, une ch'tite histoire à propos de Lancelot et de quelqu'un d'autre. Bon comme pour les autres, à part le perso qui dis "je" tous les autres appartiennent au film et aux légendes. En tout cas j'espère que ça vous plaira.:) Premier chapitre. c'est une histoire courte, je pense que 3 ou 4 chapitres feront le tour! ;) Bonne lecture!

"Lanceloooot!!!!!!" Ma voix lui parvint malgré le tumulte du champ de bataille, il se tourna lentement vers moi, la flèche fichée à côté du cœur. Son regard se teinta un court instant de surprise, puis il eut un infime sourire alors qu'il tombait doucement. Lorsqu'il toucha le sol, il ne respirait déjà plus, et son regard était fixé dans ma direction.
Des larmes me brouillèrent les yeux alors que je me taillais un chemin au travers de mes ennemis pour le rejoindre, tranchant tous les saxons qui se trouvaient sur ma route. Mes jambes se dérobèrent quand je parvins enfin à ses côtés et je tombais à genoux alors que mon cœur lui venait de se briser en mille morceaux. Il faisait maintenant un bruit de métal brisé au fond de ma poitrine, et le simple fait de respirer m'arrachait des gémissements de douleur et de peine.
Je venais de perdre Lancelot.
Lancelot.
Des larmes roulaient sur mes joues alors que mes mains, dans un geste mécanique passaient sous son corps pour le soulever et le serrer contre moi, pour la première fois depuis des années. Et la dernière.
"Ne me laisse pas maintenant Lancelot.. Pas maintenant.."
Ma voix devint un murmure et je n'entendais plus la bataille qui faisait rage autour de moi. Je répétais son nom comme une prière, comme pour le faire revenir, je parlais dans la langue de nos ancêtres ou celle des pictes… Lancelot.
Je ne sus combien de temps je restai agenouillée ainsi, son corps inerte serré entre mes bras, à murmurer des phrases inaudibles, mais ce fut le soudain silence du champ de bataille qui me ramena un peu à la réalité.
Je levai les yeux et vit Guenièvre, en larmes devant moi. Et Arthur qui accourait vers son ami.
Il ne fallait pas qu'il me voit, sinon il poserait des questions et… Et je ne voulais pas qu'ils sachent.
Mes yeux embués se posèrent une dernière fois sur le visage de Lancelot alors que je le déposais lentement sur le sol.
"Ne me laisse pas…"
Sans laisser le temps à Guenièvre de faire quoi que ce soit je me sauvais, courant à en perdre haleine sur le champ de bataille pour rejoindre la forêt. Plusieurs fois je m'embronchais dans les corps, tombait presque pour repartir aussitôt.
"C'était ma vie qu'il fallait prendre!!! Pas la sienne!! Pas la sienne!!" Le cri d'Arthur me parvint du lointain et acheva de me briser le cœur… J'aurais moi aussi donné ma vie pour que Lancelot ne tombe pas. J'étais venue pour cela, et j'étais arrivée trop tard… A l'entrée de la forêt je fus stoppée dans mon élan par deux bras puissants, qui m'étreignirent avec force pour que je ne m'échappe pas.
Je n'en avais plus la volonté. Et de ces bras se dégageait une douceur qui m'apaisa un instant.
"Que t'arrive-t-il petite fille?"
Le son de cette voix, profonde comme les entrailles de la terre, je l'avais déjà entendu.
Merlin.
Je levai des yeux dont les larmes ne cessaient de couler et il m'observa en fronçant les sourcils.
"Tu n'es pas romaine. Et tu n'es pas Picte. Qui es tu?"
Voyant que je ne répondais pas il me serra d'avantage contre lui.
"Aucune importance. Tu ne veux aucun mal. Viens. Suis moi. Nous allons parler un peu. C'est toi qui a crié le nom de ce chevalier n'est-ce pas?"
Il m'entraîna plus avant sous les arbres sans attendre de réponse, comme s'il lisait dans mon âme sans la moindre difficulté.
"J'ignorais que quelqu'un d'autre qu'Arthur se souciait de lui. Sa mort cependant m'attriste, puisqu'elle brise deux âmes en même temps, dont une plus fragile que l'autre. Viens, assieds toi. Bois un peu. Tu en as besoin."
Il me tendit une gourde pleine et resta le bras en l'air jusqu'à ce que j'approche les mains pour la prendre. Ce fut à cet instant, lorsque mes doigts effleurèrent les siens contre le cuir, qu'il eut un sourire pour moi, et que je sentis en même temps quelque chose qui entrait en moi et se répandait lentement comme une douce chaleur, comme un soulagement.
Je l'observais en silence quelques secondes, mes pleurs s'étaient taris à mes yeux, et même si mon cœur me déchirait toujours la poitrine à chaque battement, je me sentais plus sereine.
Lui pouvait faire quelque chose.
Cette idée folle germa dans mon esprit sans que je puisse rien faire, et avant que ma conscience lui ait barré la route, un espoir immense s'était implanté dans mon âme.
"Je vous connais Merlin. On parle de vous dans toute la Bretagne.. Et je sais quels sont vos pouvoirs…" Je baissais les yeux alors que ma voix se brisait, puis reprit lentement. "Vous pouvez faire quelque chose n'est-ce pas? Je ferais n'importe quoi pour qu'il vive encore.. Prenez ma vie en échange, je vous la donne, même si elle n'a que peu de valeur… Je vous en prie…"
Il resta imperturbable quelques instants, écoutant mes suppliques le visage grave, puis se leva et s'éloigna.
Avant de disparaître entre deux arbres, il se tourna vers moi.
"Es-tu vraiment prête à donner ce que tu as de plus cher au monde pour le ramener?
- Oui… Vous avez ma parole."
Il hocha la tête.
"Dans ce cas, rejoins moi ici ce soir, à la nuit tombée. Et que cela reste scellé au fond de ton esprit."

Ce dernier sursaut d'espoir allait me rendre folle, mais il était la chose qui me maintenait en vie alors que les heures qui me séparaient de la tombée de la nuit avançaient. Jamais je n'avais connu de jour plus long que celui ci… Jamais je n'avais eu tant de hâte à voir les ténèbres engloutir la terre. Cela faisait des heures et des heures que j'étais sous les arbres, agenouillée au sol à dessiner des choses incertaines dans la terre avec mes ongles.
Il n'en restait pas grand chose d'ailleurs, mais cette douleur n'était rien en comparaison de celle de mon cœur dont les morceaux ne cessaient de me déchirer les poumons à chaque battement. Comme j'aurais souhaité mourir aussi lors de cette bataille.. Comme j'aurais donné ma vie pour sauver celle de Lancelot.
Lancelot….
La seule évocation de son nom me fit monter les larmes aux yeux mais je les effaçais d'un geste rageur. Il n'était plus question de pleurer. Car au fond, qu'est ce que cela changeait ? Rien.
Seule restait la certitude que cela n'avait rien effacé.
Un bruit de pas se rapprochant me fit relever la tête, et par un prompt réflexe je me retrouvai debout, épée en main avant même que mon esprit ait analysé la nature de ces pas… Car si il l'avait fait il aurait vu qu'ils n'étaient en rien agressifs, et qu'ils ne cherchaient pas à se dissimuler.
« Tu es nerveuse petite fille. Mais une combattante très douée assurément… » Merlin eut un petit rire en s'approchant. Mais mes yeux ne le voyaient plus.
Ils s'étaient fixés sur le visage pâle et sans vie de Lancelot posé contre la poitrine de Merlin qui le portait comme s'il s'était agit d'un enfant endormi.
« Il m'a fallu user de milles ruses pour subtiliser le corps… Heureusement que mon rang de druide m'est utile parfois.. » De nouveau un petit rire, alors qu'il posait le corps avec précaution.
Il avait été lavé du sang, la flèche avait été retirée et sous la chemise propre, la peau avait été recousue.
Ma main s'avança sans que je puisse rien y faire et elle se posa sur le visage de Lancelot avant de glisser pour effleurer son corps jusqu'à rejoindre sa main. Elle était froide et lourde. Pourtant je restai un long moment ainsi, à contempler son visage serein et cette main froide que je serrai comme pour la réchauffer. Merlin resta assis en face de moi sans bouger pendant tout ce temps, puis il alluma un feu à proximité du visage de Lancelot.
Les flammes s'élevèrent très rapidement et dessinèrent sur le visage sans vie des ombres qui semblèrent lui rendre un sourire et un semblant d'âme.
Il sorti quelques gourdes de sous sa toge avant de me prendre doucement la main et de me relever le visage, mon regard se faisant aussitôt happé par le sien.
« Tu vas devoir me laisser seul avec lui, car ce que je m'apprête à faire ne doit être vu que par des druides ou des mages. Or tu n'es ni l'un ni l'autre. Dans quelques jours, le seigneur Lancelot reviendra. Je t'en donne ma parole. » Mon cœur vint à battre une fois sans me faire mal, alors qu'une ombre de sourire se dessinait sur mon visage. Il allait le ramener….
« Il est un moment après la mort où l'âme erre un peu sur ses terres, juste avant de trouver la voix vers les dieux. Lancelot est encore là. Alors pars. » Je baissais les yeux vers le visage de mon si vieil ami que j'aimais par dessus tout et depuis des années, avant de revenir à Merlin.
« Pourrais-je le voir ?
- C'est là que je te demande mon dû pour cet office.
- Quel est-il ?
- Tu dois me donner Lancelot. » Mon cœur manqua un battement. Qu'entendait-il par là ?
« Comment pourrais je vous donner quelqu'un qui ne m'appartient pas ?
- Tu as juré me donner ce que tu avais de plus cher au monde pour lui n'est-ce pas ? Et ce que tu as de plus cher au monde, c'est Lancelot lui même.
- Oui… Mais…

- Le prix à payer sera sa mémoire. Il ne se souviendra pas de toi. C'est ce que j'entends par «me donner Lancelot ». » La signification de ses paroles me laissa sans voix durant quelques instants… Lancelot allait m'oublier ? Alors que je venais enfin de réapparaître dans sa vie… Pourquoi avait-il fallu que j'arrive si tard sur cette terre ? Pourquoi n'avais-je pas réussit à arriver à temps pour le sauver et le serrer dans mes bras.
Des larmes roulèrent de nouveau sur mes joues alors que j'effleurais de nouveau son visage.
« Il m'aurait certainement dit que j'avais été folle d'entreprendre pareil voyage pour le trouver… Mais il m'aurait dit aussi sans doute qu'il était fier de moi.. S'il ne se souvient pas de moi que me reste-t-il ? » Une idée vint s'imposer devant le voile de mes larmes, et ce fut les yeux plus sombres que jamais que je fixais Merlin à mon tour.
« J'accepte. Mais prenez ma mémoire également. » Cette fois ci ce fut lui qui parut surpris quelques secondes avant de me regarder de nouveau sereinement.
« Es-tu sûre de cela ?

- S'il ne se souvient pas de moi, ou s'il ne peut être ramener, je n'ai plus de raison d'errer sur cette terre, alors ôtez le de ma mémoire.
- Bien. Si tel est ton choix. » Il fit un geste vers les cieux, puis traça un symbole abstrait dans le noir, puis… Puis… Plus rien.
La dernière chose que je vis fut un signe tracé au couteau sur la poitrine d'un corps allongé.. Et ma dernière pensée fut que je devrais retrouver ce symbole, car il m'appartenait.

« Vous n'avez pas pu vous en empêcher Merlin… Il faut toujours que vous rendiez les gens heureux…

- Il est de mon devoir de chef de protéger mon peuple et de le rendre heureux ! De plus regarde ces deux là, aurais-tu eu le cœur de les séparer définitivement ? » Guenièvre se pencha dans la lumière des flammes pour voir Lancelot et la jeune fille du champ de bataille, tous les deux allongés. Merlin avait lié leurs mains entre eux, elle avait un collier ancien autour du cou qui devait représenter son peuple, lui avait le même symbole gravé au couteau au dessus du cœur.
Elle eut un sourire attendri.
« Non certainement pas… Mais comment vont-ils …

- Seul le destin nous le dira. Nous verrons alors si j'ai eu raison de les soigner ainsi. » La main de Lancelot bougea un court instant sur celle de la jeune fille.
Une larme roula sur la joue de Guenièvre : il respirait de nouveau.