Titre: Ma tante et moi.

Auteur: Baka-Yohko

Source: Harry Potter

Disclamer: Rien, rien, rien n'est à moi. Snirf! Madame Rowling a bien de la chance…

Notes: Les retours dans le temps sont mon genre favori de fics. Aussi, j'ai voulu apporter ma pierre à l'édifice. Vu que j'ai commencé a écrire alors que le tome six n'était sortit qu'en anglais, veuillez pardonner les fautes qui se seront glissées dans l'histoire et prendre cette fic comme la suite d'un tome six probable. M'en voulez pas.

Harry et Hermione se retrouvent une fois de plus embarqués dans une aventure inter temporelle. Mais, il faut bien quelqu'un pour veiller sur eux. Quelqu'un de responsable, sérieux, intelligent, raisonnable. Qui de mieux que leur professeur de métamorphose?

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Chapitre un: Les meilleures vacances de la vie d'Harry Potter.

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La chaleur infernale de l'été battait son plein dans le quartier résidentiel assez BCBG de Privet Drive. Les enfants profitaient avec plaisir des piscines de leurs parents ou trouvaient le moyen de se faire inviter chez quelqu'un qui en possédait une. Se pliant aux exigences de leurs petites têtes blondes, les parents avaient privilégié le remplissage de leur piscine à l'arrosage des pelouses habituellement coupées au brin près. Les beaux carrés verts dont les habitants étaient si fiers n'étaient donc plus que des morceaux jaunâtres se ratatinant sous la morsure du soleil.

Mais les enfants s'amusaient. Ou tout du moins une grande partie.

Au numéro 4, à l'étage, un adolescent, ou plutôt un jeune homme, était sereinement allongé sur son lit, les mains sous sa tête et appréciant le contact sur son visage d'un léger courant d'air provenant de la fenêtre entrouverte. Soulevant quelques mèches noire, la brise découvrit un instant la cicatrice en forme d'éclair qui découpait le front du garçon. Se réjouissant de pouvoir contempler le ciel de sa position, Harry Potter vrilla ses yeux émeraude sur le plafond de ce qui était sa chambre depuis ses onze ans. Il en connaissait par cœur le nombre de tâches, de chewing-gums collés, de trous de défauts.

Harry s'ennuyait.

Contrairement à tous les enfants il détestait la période des vacances d'étés et son seul souhait était de retourner à l'école. En effet, il n'était pas "normal". Harry Potter était un sorcier.

Cela expliquait les livres aux noms étranges éparpillées dans tous les sens, les plumes, les bouteilles d'encre, les bibelots singuliers entassés sur son bureau et la présence d'une cage de chouette dans la chambre d'un jeune homme de maintenant dix-sept ans.

A tâtons, le sorcier se saisit du bouquin qu'il avait laissé tombé un peu plus tôt et continua sa lecture, se tassant dans son oreiller. Hermione Granger, sa meilleure amie et sorcière aussi, aurait été ravie de voir qu'il se remplissait le crâne avec des choses utiles. Il aurait, de toute façon, été bien en peine de faire quoique ce soit d'autre. Vernon Dursley lui avait interdit de s'absenter de la maison, menaçant de sceller sa porte s'il tentait une évasion, depuis qu'il avait remarqué que son neveu sortait régulièrement pour faire un tour matinal du quartier en courant. Bref, il était coincé et ça commençait à lui porter imperceptiblement sur les nerfs.

Harry ferma les yeux et souhaita que Dumbledore, comme l'année précédente, viendrait l'arracher à son tourment. Malheureusement, c'était impossible, et il le savait. Car Albus Dumbledore, le directeur de Poudlard, l'école de magie de Grande-Bretagne, était mort. Abattu par traîtrise par la baguette même d'un homme en qui il avait eu toute confiance, l'ex professeur de potion de Poudlard, Severus Rogue.

Mû d'une impulsion aussi violente que brève, Harry donna un coup de poing rageur dans son matelas qui absorba mollement le choc. Rogue avait toujours été un salopard fini avec lui, mais il avait pensé, à tort, qu'il avait quand même un bon fond. Quel crétin il avait été! Après la mort de Sirius, il s'était juré d'empêcher qu'un autre de ses proches ne soit assassiné par Voldemort, et pourtant…pourtant qu'avait-il fait pour éviter ça? Il n'était pas devenu plus fort. Il n'avait pas traqué les mangemort avec l'ordre du Phénix. Il s'était contenté de rester les fesses assises sur les bancs de Poudlard à attendre que les gens qu'il aime se fassent descendre les uns après les autres.

Et ça, il ne pourrait jamais se le pardonner.

Le monde magique allait déjà assez sans avoir perdu le plus grand sorcier de tous les temps, alors maintenant... Les journaux ne parlaient plus que de ça. La Gazette du Sorcier titrait "Le monde magique en deuil". Articulés autour de cette pensée, nombre d'autres journaux espéraient qu'une personne viendrait prendre sa place pour la lutte contre Voldemort. Et cette personne était bien sûr toute désignée.

-Moi, grogna le Survivant en serrant convulsivement son poing engourdi.

Il se mit sur ses pieds et se traîna à la fenêtre, l'ouvrant entièrement, quand un Grand-Duc vint y frapper avec son bec. Le hibou tendit la patte où une lettre cachetée au sceau de Poudlard était attachée. Harry passa un ongle dessous pour le faire sauter.

-Ca y est! Qu'est-ce que j'ai encore fait? soupira t-il en présentant distraitement le bol d'eau d'Hedwige au coursier pour le remercier du voyage

Monsieur Potter,

Sachant tous deux que l'endroit n'est plus sûr pour votre sécurité, je viendrais vous chercher chez vous pour vous ramener au Q.G. où vous passerez le reste des vacances d'été. Des cours particuliers vous seront fournis durant cette période par le corps professoral. Je vous prie de rassembler toutes vos affaires le plus vite possible, en gardant bien à l'esprit qu'il serait étonnant que vous remettiez un jour les pieds chez vos tuteurs.

Minerva McGonagall.

Harry haussa un sourcil soucieux. Sa directrice de maison n'avait pas indiqué le jour et l'heure où elle viendrait. Il remarqua un post-scriptum au bas de la missive.

P.S.: Et ne me faites pas attendre.

A l'instant où il eut quitté de yeux la dernière lettre, la sonnerie de la porte d'entrée retentit dans toute la maison. Un grand sourire s'étala sur le visage du sorcier.

Son professeur de Métamorphose resterait toujours la même.

Il agrippa joyeusement sa valise et fourra pêle-mêle vêtements, souvenirs, livres prêtés par Hermione, cape d'invisibilité, plan de son école, balais volant, chouette mécontente, et autres.

La pièce ayant toujours été petite et singulièrement vide, Harry eut vite fait de faire le tour. Lorsqu'il fut certain de n'avoir rien oublié, il rétrécit sa malle et s'élança dans l'escalier, sans un ultime regard en arrière.

Dans le salon, la tante Pétunia faisait un rempart inefficace de son corps d'asperge à son fils tremblant, débordant des deux côtés comme une de ces gelées dont la femme détenait l'ignoble secret (et c'était heureux), tandis de Vernon se tenait devant la nouvelle directrice de Poudlard, le torse ridiculement bombé. Mineva regardait tout ce beau monde d'un regard froid qui reflétait parfaitement sa joie de se retrouver ici.

-Alors comme ça tu t'en vas! s'exclama son oncle, et puis rapidement, presque de peur que son neveu ne change brusquement d'avis et ne retourne dans l'ancienne chambre de Dudley qu'ils lui avaient aimablement donné, il ajouta avec un ton théâtral très convainquant: Très bien! Fais comme bon te semble! Nous ne te retiendrons pas!

-Ce brusque changement d'attitude envers moi me laisse sans voix, très cher oncle, fit le jeune sorcier dans sa barbe, mais assez fort que tout le monde l'entende. Sur ce…

Il ne fit pas trois pas que la main de son professeur de métamorphose le retint dans le salon. La femme avait laissé ses lèvres s'étirer dans un micro sourire qui ne augurait rien de bon pour la brochette de moldus.

-Potter, je crois qu'il reste encore un ou deux détails à régler avant de pouvoir quitter ces… gens.

L'oncle d'Harry et sa tante tiquèrent à la nuance particulièrement péjorative que l'animagus chat avait glissée. Mr Dursley n'allait certainement pas accepter qu'encore une de ces personnes anormales vienne l'insulter sous son propre toit. Inacceptable! L'autre barbu à l'odeur nauséabonde de citron de la dernière fois avait largement suffit! Il rassembla tout son courage et son souffle pour répliquer vertement à cette bonne femme insupportable de quel bois il se chauffait.

Harry, habitué aux petites sautes d'humeur de son oncle, le vit devenir plus rouge au fil des secondes et se demanda stoïquement si il allait réussir à battre le record mondial d'apnée avant d'exploser. Tante Pétunia sentit l'orage arriver, telles les poules qui préviennent des tremblements de terre, et poussa son encombrante progéniture derrière le canapé.

Mais McGonagall était apte à gérer les crises de colères depuis sa première année d'enseignement, aussi, elle choisit le plus beau regard de sa panoplie des "Ne-Joue-Pas-A-Ce-Jeu-Avec-Moi-Petit-Con-Ou-Je-Te-Retourne-Sur-Mes-Genoux-Et-Je-Te-Met-La-Plus-Belle-Fessé-De-Ta-Vie".

Monsieur Dursley se dégonfla comme un ballon de baudruche. Le coin gauche de sa bouche s'affaissa infimement quand il saisit là où la sorcière menait la conversation. Il ne doutait pas un moment que son cafard de neveu avait dû affabuler sur des mauvais traitements et n'avait pas perdu une occasion de calomnier des tuteurs aussi généreux qu'eux, mais il y avait ce petit soucis… là… celui dont il s'était bien gardé de mentionner à ce petit parasite.

-Je crois que vous voyez où je veux en venir, monsieur, fit le professeur d'une voix polaire que même Rogue, avec son affection pour les cachots humides, aurait trouvé insupportablement glacée. En effet, lorsque le professeur Dumbledore vous a confié monsieur Potter, il à eu la sagesse de ne pas le laisser complètement à vos crochet.

Elle considéra d'un œil critique les vieilles frusques de Dudley refilées à Harry qui ne parvenaient cependant pas, malgré qu'elles soient amples, la maigreur du garçon.

-Je n'ose imaginer quelle serait alors la situation actuelle…

-Quoimaisnonjenevoispascequevousvoulezinsinuerenfin! bredouilla l'oncle Vernon à la manière d'un gosse que sa mère aurait pris la main dans le bocal à cookies.

-Je serais, continua t-elle en louchant assez peu discrètement sur un vase de prix, curieuse de savoir où à bien pu passer la pension que le ministère de la magie vous versait, et vous verse encore, tous les mois pour subvenir aux besoins du garçon.

Harry s'était toujours demandé comment la Grunnings, l'entreprise dirigée par son oncle, pouvait bien faire pour ne pas péricliter avec un patron comme le sien. Notamment pour une fabrique de perceuses.

Maintenant il ne se posait plus de questions.

-Aussi, j'ai demandé à une connaissance du ministère de vérifier rapidement dans quelles poches atterrissait cet argent. J'ai donc sur ce papier tout ce que vous avez fait avec…

Tandis qu'elle sortait un morceau de parchemin de sa poche avec une lenteur calculée devant un Vernon statufié, le Survivant perçut un faible gémissement provenant du canapé. La tête de la tante Pétunia émergea petit à petit de son bunker et sous les yeux circonspects des deux sorciers, et celui atterré de son époux, elle fondit en larmes. Elle pointa son mari du doigt.

-C'est lui! C'est son idée! Il disait que… que c'était une mince compensation pour accepter un… monstre chez nous! l'accusa t-elle en pleurnichant.

-Comme si tu avais craché sur les cadeaux que je vous ai offerts, toi et ton dégénéré de fils! vociféra Monsieur Dursley en faisant redoubler les pleurs de sa femme.

-Dudley… n'est… pas… un… dégénéré! hoqueta t-elle en triturant un mouchoir en soie que son cher et tendre lui avait offert l'an passé.

Ecœurée par un tel comportement, Minerva jeta un œil à celui qu'elle était venue chercher. Les mains dans les poches, Harry regardait, sans véritablement le voir, le couple s'enguirlander, blasé.

-Comment un garçon aussi…droit a t-il pu rester tel qu'il est dans une telle famille? se navra t-elle.

-Donc vous admettez avoir détourné l'argent destiné à Potter pour votre propre profit? demanda une voix que les Dursley auraient préféré oublier, elle et son propriétaire.

Maugrey Fol Œil s'avança devant les Dursley, horrifiés, son pas claudiquant résonnant comme des coups de tonnerre dans le silence mortel du salon. La tante Pétunia faillit s'étouffer avec ses larmes de crocodile à la seule pensée qu'une de ses voisine pouvait très bien voir ce qui se passait à l'intérieur par la fenêtre de la pièce, ce qu'elle faisait régulièrement elle-même.

Consterné, Monsieur Dursley se retourna vers le professeur de métamorphose en bégayant.

-Ou… oui, mais…

Narquoise, Minerva lui présenta le recto de la feuille qu'elle avait sortit tantôt.

Il était vierge.

Harry se mordit violemment les joues pour ne pas exploser de rire: la tête de son oncle valait son pesant de cacahouète. Norbert et Touffu jouant à cache-cache dans le jardin seraient passés inaperçus tant l'homme était épouvanté.

-Vos déclarations ont étés consignées et…

La feuille noircie d'encre qu'il tenait dans la main disparut dans un petit mouvement du poignet.

-… et envoyées au ministère pour y être étudiées. Evidemment, si Potter n'était pas le Survivant, l'espoir actuel du monde sorcier doublé d'un gamin bourré de plus de talents que vous n'en aurez jamais dans la patate qui vous sert de nez, Dursley, alors… alors que peut-être vous en seriez vous sortis avec juste une grosse amende. Mais vu les circonstances... et du fait que j'ai un grand ami dans la section juridique du ministère… fit Maugrey d'un air mauvais en regardant les époux Durley se serrer comme des sardines dans une boîte trop petite et en ricanant la dernière phrase.

Harry se demanda si Maugrey avait véritablement pensé qu'il était talentueux ou si c'étai juste pour faire plus d'effet sur son oncle et sa tante. L'auror le plus paranoïaque de l'histoire lui avait en effet donné quelques cours de duel à l'occasion, mais il n'avait jamais eu droit à autre chose que "bougez mieux que ça, Potter" ou " vous offrez une cible trop facile". Il croisa son regard et ce qu'il y vit lui prouva qu'il était sincère.

-D'autant plus qu'on pourra sans doute ajouter "mauvais traitements" et "non-assistance à personne en danger", ajouta, mine de rien Minerva en ôtant une poussière imaginaire de son ongle. Si je me souviens bien, il y a deux ans vous avez bien failli le jeter dehors tout en sachant pertinemment ce qu'il risquait sans protection.

-Maismaismais!

-Maismaismais, rien, Dursley. Vous recevrez une notification à comparaître au ministère de la magie dans les deux jours qui suivent.

Une bombe aurait explosé dans le salon que l'effet n'aurait pas été différent. Livide, Monsieur Dursley porta sa main à son cœur, simulacre d'attaque cardiaque.

-Et c'est pas passé loin, songea Harry en remarquant que sa tante s'était évanouie et qu'elle faisait un tas sur la moquette.

Magnanime, ou juste calculateur, Maugrey attendit que le moldu ait reprit son souffle avant de reprendre.

-Bien sûr, considérant vos… réticences envers le monde magique, nous pouvons imaginer de régler cela à l'amiable.

-Combien? fit brusquement l'oncle d'Harry, pour dissimuler son appréhension.

Sachant à l'avance qu'il aurait précisément cette conversation avec cet homme, Maugrey tira de sa veste un papier à moitié froissé et le tendit à son vis-à-vis. Méfiant, celui-ci décida de le quitter des yeux à peine un moment pour voir de quoi il retournait. S'apprêtant à marchander à haut cri la somme, ses revendications se coincèrent dans sa gorge. Il manqua d'aller rejoindre sa femme par terre. Reculant par reflex, il écrasa la main de celle-ci qui traînait, lui faisant pousser un couinement de douleur, signe qu'elle n'était pas si évanouie que ça.

-Ne soyez pas ridicule! brailla l'homme. Ca représente…

-Les quatre cinquièmes du total de la pension de Potter versée jusqu'à ce jour, coupa Minerva en le fixant de son regard perçant. Vous êtes libre de refuser. Toutefois, je doute que le ministère vous en demande moins.

Vernon Dursley regarda les sorciers présents, s'attardant à peine sur son neveu, en train de bailler allègrement, adossé sur le chambranle de la porte. Il savait que ses visiteurs indésirables ne lui laissaient pas vraiment le choix.

-Je suppose que vous acceptez les chèques, grogna t-il avec une nuance de hargne dans la voix.

-Très certainement, et même les cartes de crédits, ajouta le professeur de Poudlard, ironique jusqu'au bout des ongles.

Harry s'amusait beaucoup. A vrai dire, c'était simplement la première fois qu'il rigolait autant dans cette fichue baraque. Qui aurait pu se douter que la directrice des Griffondor était aussi Serpentarde sur les bords?

Le stylo de marque de son oncle s'agita furieusement sur le rectangle de papier et il finit par tendre le chèque à l'animagus. Elle ne prit même pas la peine de vérifier que le compte y était bien. Le moldu n'avait pas les tripes de les tromper.

Monsieur Dursley fusilla méchamment son neveu du regard.

-J'espère qu'avec ça je ne te reverrais plus!

Harry haussa les épaules

-Si cela n'avait tenu qu'à moi, je n'aurais pas eu besoin de me faire payer pour quitter cet endroit.

Il entendit un rire provenant de Maugrey. Voyant que les deux adultes se tournaient vers la porte pour prendre congé, et que l'auror marmonnait quelque chose comme " aller à square Grimmaurd", Harry fit un tour de la pièce des yeux. Son oncle fulminait, sa tante rampait discrètement en direction de la cuisine, et quant à Dudley… et bien Dudley n'avait pas bougé de la cachette où l'avait fourré sa mère et s'était tout simplement endormi là. Un filet de bave s'écoulait de ses lèvres entrouvertes et un léger ronflement donnait un cadre irréel à la scène qui venait de se jouer.

Emboîtant le pas aux deux autres sorciers, un grand sourire s'étala sur le visage d'Harry Potter.

Ca, il s'en souviendrait longtemps, de sa dernière journée à Privet Drive.

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Harry, McGonagall et Maugrey apparurent frigorifiés dans le hall du 12, square Grimmaurd. Une fois n'est pas coutume, l'homme à l'œil magique avait insisté pour qu'ils fassent maints et maints détours avant de pouvoir se poser.

-Il faut décidément que j'apprenne officiellement à transplaner, grogna le plus jeune en ébouriffant ses cheveux trempés durant le voyage.

Dégrafant sa cape et l'accrochant sur un portemanteau, l'auror lui désigna d'un doigt sinueux la salle à manger.

-Tes amis sont là, Potter.

Mais à peine avait-il terminé sa phrase, qu'une tornade rousse sauta sur Harry sans crier gare, l'observant sous toutes les coutures et l'écrasant de questions auxquelles il n'avait même pas le temps de répondre. Le jeune homme manqua de trébucher et la directrice des Griffondor eut un froncement de sourcil mi-soucieux, mi-amusé.

-Molly, je crois que Potter à besoin de respirer…

Madame Weasley sursauta, s'excusa platement, et conduit Harry d'une poussée péremptoire en direction de la cuisine.

-Merlin, mais ils ne te donnent rien à manger?

Harry se retint de rétorquer: il s'était quand même remplumé grâce aux paquet de nourriture envoyés par ses amis et le Quidditch l'avait plutôt bien musclé. Mais de toute évidence, pour Madame Weasley, il ne serait jamais assez nourri puisqu'elle avait déjà préparé à manger pour lui.

-Harry!

Le sandwich qu'il ingurgitait se retrouva brusquement coincé dans sa gorge quand une forte tape dans le dos le lui fit avaler de travers.

-Ron! Toi alors! s'écria Hermione en fustigeant son ami.

Le sandwich trouva finalement son chemin et Harry inspira de grandes goulées d'air pour retrouver sa couleur d'origine.

-Ca va, Harry?

-Keuf, keuf! Je… recolle mes… poumons et… je te répond,… 'Mione…

-Ha, les garçons! Joyeux anniversaire en retard Harry, fit Hermione en poussant Ron qui bredouillait des excuses incompréhensibles et, déposant le carnet qu'elle avait avec elle, serra affectueusement son ami dans ses bras.

-Heu… désolé, vieux frère… et joyeux anniversaire.

-Je te pardonne… à la seule condition que tu me raconte ce qui s'est passé pendant que j'étais cloîtré chez les Dursley.

Trop heureux de s'en sortir à si bon compte, et soulagé qu'il ne pète pas un plomb comme deux ans auparavant, Ron se mordilla la lèvre.

-Ben… pour ce qu'on en sait, pas grand chose, mais vu que… enfin que… Dumbledore n'est plus… heu, il guetta une réaction violente de son ami, mais ne scruta que du vide dans ses prunelles vertes. … C'est McGonagall qui est devenue gardienne du secret. Et on pense qu'elle reprendra le poste de directeur à Poudlard.

-Et pour Rogue et Malfoy? On les a vu?

Ron et Hermione s'entreregardèrent, gênés. Le brun sentit l'embrouille.

-Ron. Accouche.

-Tu sais que Dumbledore était un peu… hum…. cinglé, demanda t-il à brûle-pourpoint.

Le Survivant renifla. Il ne l'aurait jamais deviné!

-Vol… enfin, Tu-Sait-Qui… avait demandé à Malfoy de tuer Dumbledore à la fin de l'année. Seulement, il lui avait dit que s'il ne réussissait pas, il le tuerait, lui et sa mère, reprit Hermione. Et le professeur Rogue s'est retrouvé mêlé à l'histoire sans trop le vouloir: il avait promis à Narcissa Malfoy par un serment de sorcier que si Draco n'accomplissait pas la tâche imposé par V… bref, ce serait lui qui s'en occuperait.

-Laisse-moi deviner: il ne savait pas en quoi consistait cette "tâche" soupira Harry en passant outre les hésitations d'Hermione sur le pseudonyme maudit.

En son fort intérieur, Hermione fut ravie de constater qu'il arrivait enfin à utiliser sa matière grise. Peut-être avait-il lu les livres qu'elle lui avait prêtés. Si ça marchait pour lui, sans doute que tout espoir n'était pas perdu pour Ron.

-'xact! Et quand Dumbledore l'a appris, plutôt que de ruiner la couverture d'espion de Rogue… il lui a demandé de le tuer… quand je disais qu'il était fou, finit Ron avec des trémolos dans la voix.

Un lourd silence s'abattit dans la cuisine désertée. Il fut brisé quand les yeux d'Harry tombèrent sur le carnet qu'Hermione avait reprit et serait contre elle.

-C'est quoi?

-Hein? Ho, ça! C'est…

-Granger, Weasley, Potter, si vous n'avez vraiment rien d'autre de plus intéressant à faire que vous regarder dans le blanc des yeux, interpella une voix inimitable aux accents mielleux, peut-être nous ferez vous l'honneur de nous éclairer de vos illustres présences.

Après un regard du style "Pourquoi-vous-ne-m'avez-pas-dit-qu'il-était-là-je-vais-vous-tuer", Harry se retourna et offrit un sourire ingénu à son ex-professeur de potion. Il n'avait pas changé physiquement (quoique ses cheveux fussent peut-être un poil de cul de mouche plus gras).

-Puisque vous en exprimez un si vif besoin, ce serait cruel de vous décevoir, rétorqua t-il en se levant de sa chaise et en agrippant ses amis pour les traîner jusqu'à la salle à manger, ignorant Rogue.

Rogue qui, seul, laissa échapper ce qui, dans sa panoplie d'expression, ressembla le plus à un sourire.

Rassemblés autour de la table allongée magiquement, l'ordre entier était là. Il connaissait une petite moitié des gens présents: Tonks lui adressa un signe de la main, Hagrid parlait à voix basse à Remus, Maugrey claudiqua jusqu'à un fauteuil, tous les Weasley sauf Ginny et bien sur Percy étaient là, ainsi que d'autres personnes qu'il avait croisé mais où il n'arrivait pas à mettre de noms dessus. D'autres lui étaient complètement inconnus. Ses yeux se fixèrent néanmoins sur un visage très familier. Draco Malfoy, tassé dans une chaise à moitié défoncée, levait un regard presque craintif sur tous les individus qui passaient à moins de cinq mètres de lui.

-On s'est dit que tu le prendrais mieux si tu… heu… t'en apercevais tout seul, baragouina Ron sous le regard las du brun.

-Tu sais, tenta Hermione, il n'a pas eu non plus une vie facile, non plus. Je suis sûre qu'il… gagne à être connu.

-Je n'irai pas jusque là, 'Mione, nuança Ron.

Mais Harry ne les écoutait plus.

Draco sursauta vivement à la vue d'une paire de chaussure immobile devant lui. Il releva la tête pour constater que son ennemi juré (ainsi que le propriétaire de la maison où il se trouvait) l'observait platement. Pour la première fois de sa vie, l'héritier de la plus grande fortune d'Angleterre ne savait pas quoi dire. Son parrain l'avait traîné dans un pub miteux et, la chambre insonorisée, avait mis les points sur les i. Soit il poursuivait dans sa voie, tout en sachant que Voldemort continuerait à utiliser sa mère comme moyen de pression pour lui faire exécuter toutes les bassesses inimaginables (auquel cas l'homme aux cheveux gras se chargerais de lui faire oublier toute la conversation), soit Severus annonçait qu'il avait failli à sa mission, s'était fait tuer par Dumbledore et ainsi se retrouvait protégé par l'Ordre. Passer pour mort n'avait pas enchanté outre mesure le sang pur, encore choqué que son parrain soit un espion, mais passer sa vie à ramper et à bisouiller les robes de quelque sorcier que ce soit (d'un sang-mêlé, avec ça. Erck!) merci bien. Il avait encore son honneur, lui, pas comme son père. Et si pour échapper à ça, il fallait s'allier avec le balafré, hé bien…

-Je…, commença t-il avant d'être coupé dans son élan par une main tendue dans son champ de vision.

Harry souriait tranquillement.

-Il y a six ans, je t'ai envoyé paître. Maintenant, c'est moi qui te tends la main.

Le blond était sans voix. Potter. Le grand Harry Potter était prêt à tracer un trait sur l'inimité qu'il les avait opposé durant six longues années? Comme ça, devant tout le monde? Il retint un coup d'œil à son parrain pour savoir ce qu'il en pensait. Non, à partir de maintenant, c'est lui qui prendrait ses décisions. Il s'était assez fait manipulé comme ça.

Il se leva pour se mettre à la même hauteur que le garçon à la cicatrice qui n'avait toujours pas retiré sa main. Draco le regarda dans les yeux.

-Satisfait de voir que tu ne fais pas deux fois les mêmes erreurs, Potter, fit-il narquoisement.

Les deux sorciers se sourirent et leurs mains se lièrent pour le meilleur et surtout pour le pire. Quand ils se séparèrent, chaque personne se retourna comme si elle n'avait jamais cherché à écouter la discussion. McGonagall ramena l'attention sur elle en toussotant. Chacun prit un siège et se tut.

-Nous sommes tous réunis aujourd'hui..., débuta t-elle en levant les bras pour englober l'assembler.

-Prions, mes frères, chuchotèrent en cœur Fred et Georges de leur place.

La future directrice de Poudlard ainsi que Madame Weasley les foudroya littéralement du regard et les jumeaux rentrèrent prudemment la tête dans les épaules.

-Comme je le disais, l'heure est grave... Voldemort (il lui avait fallu respirer profondément avant de pouvoir prononcer le nom du mage noir) reprend sa montée au pouvoir. De la même façon qu'il y a vingt ans, il replace progressivement ses mangemort au sein du ministère. Plusieurs familles ont étés menacées de mort si elles ne se joignaient pas à Lui.

-La routine, quoi! grogna Maugrey. Est-ce qu'il y a une seule bonne nouvelle?

Hagrid bougea et tous se tournèrent vers lui. Le demi géant semblait gêné d'être ainsi le centre de l'attention et se tortilla un moment en se demandant intérieurement s'il devait se lever ou pas. Mais puisque de toute façon, assis, on le voyait aussi bien que Minerva, debout, il resta sur son siège.

-Olym… enfin je veux dire Madame Maxime et moi, on est allé cherché des géants qui s'raient pas encore fidèle à Vol… Vous-S'vez-Qui, bref, et on en a trouvé… seul'ment ils veulent pas non plus s'allier 'vec nous.

McGonagall grimaça. Hagrid reprit précipitamment la parole.

-Par con'te, en France, y a pas mal de gens qui veulent bien nous d'ner un coup d'main. Des étudiants d'Beaubâton d'septième année, amis avec la p'tite Delacour.

-Merci Hagrid. Nous savons que la dernière fois, Voldemort a obtenu l'aide de hordes de vampires. Qu'en est-il maintenant, Sarah?

Sarah Porte se pencha à demi au dessus de la table.

-Les vampires de la forêt noire n'ont pas donné de signes de mouvements mais on ne peut être sûr de rien avec eux. Vous savez qu'ils sont très secrets. Tout ce qu'on peut vraiment faire c'est se tenir attentif des disparitions de groupes de personnes.

-Nous, entreprit Draco sous les regards scrutateurs de l'assistance, je veux dire, la famille Malfoy, loge depuis un certain moment un vampire dans le plus haut donjon du manoir… Père ne m'en parlait pas souvent, mais j'ai cru l'entendre dire qu'il venait de la forêt noire. Je peux vous faire entrer pour que vous lui posiez des questions.

-Vous êtes certain qu'il nous répondra? questionna Sarah, dubitative.

-Il est forcé d'obéir au maître des lieux. Et en l'occurrence, c'est moi, répondit-il en cachant à peine son agacement.

Harry se mit à penser que c'était le principe des elfes de maison était similaire. Hermione du arriver à la même conclusion puisqu'il l'entendit très nettement renifler. Minerva réfléchit un instant et hocha la tête, ravie.

-Sarah, Maugrey, veillez à accompagner Monsieur Malfoy chez lui le plus tôt possible.

Le reste de la réunion se passa normalement, le professeur de métamorphose distribuant des ordres à la pelletée. Ce ne fut que tard le soir, ou tôt le matin, qu'ils purent enfin aller trouver leur lit.

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Agonisant, Harry se laissa tomber lourdement sur le divan bouffé aux mîtes d'une des chambres de la maison. Il venait de passer deux heures en compagnie de l'éponge graisseuse la plus renommée de la communauté magique. Dire qu'il était sur les rotules était un euphémisme. Renâclant une malédiction particulièrement sordide à l'encontre de son professeur de poti... non de magie noire à présent, le Griffondor grinça des dents et jura ignoblement quand un ressort vicieux s'enfonça dans ses côtes. Se replaçant pour être plus à l'aise, il croisa le regard fortement réprobateur d'Hermione, qui recopiait des passages d'un énorme grimoire dans son calepin, celui amusé de Ron qui battait Draco à plate couture aux échecs. Ce dernier grommela quand sa reine se fit éjecter du plateau, rejoignant une bonne partie des pions, les fous et un cavalier.

Vautré avec délice, Harry se contorsionna et fit tomber sa tête dans le vide, de manière à voir la pièce à l'envers. Une tour rejoint ses camarades dans le tas des pièces prises par Ron.

-Ca a donné quoi chez toi, Malfoy? questionna t-il pour sortir le blond de ses envies de suicide.

Cela faisait cinq jours que la réunion avait pris fin, et la veille, Draco avait ouvert les portes de sa maison aux deux représentants de l'Ordre. Il était revenu légèrement verdâtre.

-Hé bien, Berrit, Berrit Janisz, c'est le nom de notre vampire, leur à expliqué pas mal de choses et ils ont semblé content.

Il s'autorisa un sourire satisfait lorsqu'un de ses pions prit une des tours de son adversaire.

-Janisz, Janisz, répéta faiblement Hermione en mâchouillant le bout de sa plume.

Elle avait déjà entendu ce nom, mais où? En désespoir de cause, elle le nota dans une marge.

-Et tu n'as pas écouté ce qu'ils ont dit? s'étonna distraitement le rouquin en prenant le pion incriminé et en se plaçant devant le roi du Serpentard qui fit la grimace. Echec.

-Non, très cher, j'étais trop occupé à fixer les monticules d'os, et de machouillis de viande, d'origine suspecte qui s'entassaient aux quatre coins de sa "chambre".

Ron frissonna tandis qu'Hermione agitait furieusement sa plume, passant du livre au calepin à une vitesse effrayante. Harry qui sentait le sang lui monter à la tête reprit une position normale. Sa magie était entièrement engourdie et il lui fallait réciter un mantra pour la régénérer rapidement. Alors qu'il allait se plonger en transe la porte du couloir se rouvrit, faisant apparaître McGonagall.

-Potter, Granger, j'aurais besoin de vous pour un moment.

Hermione hocha la tête pour montrer son assentiment et fourra son carnet dans la poche arrière de son jean.

Harry eut soudain une très mauvaise intuition. Du genre la même qu'il avait eue à chaque fois qu'une couil... gros problème lui tombait sur le coin de la gueule. Style format gros serpent baveux…mais vu qu'un basilic n'était rien en comparaison d'une Minerva McGonagall en colère, Harry se leva en vitesse du canapé et, calant son pas sur celui de son amie, avec la tête du condamné qui va à l'échafaud, envoya un signe d'adieux aux deux garçons.

-Où va t-on? demanda t-il à sa directrice en la suivant à travers les couloirs.

-A Poudlard, nous allons...

Un rugissement de colère provenant de la cuisine l'interrompit dans sa phrase et ils s'entreregardèrent, l'une suspicieuse et l'autre blasé.

-Soit ils ont laissé Buck sortir de sa chambre, soit madame Weasley a trouvé quelque chose à reprocher à son mari, devina Harry, tel Trelawney dans ses bons jours.

Hermione s'apprêta à protester pour la forme mais la remarque pince-sans-rire qui suivit de son enseignante préférée lui cloua le bec.

-J'opterais pour la seconde hypothèse, Potter.

En effet, plus ils s'approchèrent de la cuisine, plus les hurlements devinrent compréhensibles. Madame Weasley menaçait son époux du bout de sa baguette magique, le pauvre homme se protégeant d'un plateau pour éviter un mauvais sort.

-... de ne pas ramener ce genre de chose à la maison, Arthur? rugit t-elle.

-Mais… ma chèrie, … mon petit sucre! Calme-toi!

-Hors de question!

-Ecoutes, … je l'avais déjà depuis un moment au garage, et comme ici c'est la maison de Harry, je supposais que...

-Cette… CHOSE était au Terrier depuis seize ans! glapit-elle, ses cris redoublants d'intensité.

-Que ce passe t-il, ici? s'enquit McGonagall, esquivant de justesse une tasse qui vint rendre l'âme sur le mur derrière elle.

-Ho, Harry, tu tombe bien, s'écria Arthur de soulagement en prenant le garçon par les épaules. J'ai ton cadeau d'anniversaire, tu sais!

Les sourcils de Molly se froncèrent d'une manière effrayante et sa mâchoire se contracta, signe avant-coureur d'une explosion imminente. Expert en Mollytologie confirmé, l'employé du ministère entraîna Harry et le nouveau chef de l'Ordre dans le hall, histoire de ne pas prendre les conséquences de son idée de cadeau en plein dans la tête. Pointure quarante-deux, les conséquences.

McGonagall sursauta et écarquilla les yeux en reconnaissant un objet qu'elle n'avait vu qu'une fois, un fameux soir de Juillet. Une magnifique cylindrée, quoiqu'un peu poussiéreuse, trônait près de la cheminée. Elle devait avoir traîné des années dans un coin ou quelque chose dans le genre car une dizaine d'araignée ronchonnantes quittait leur abri. Harry n'avait jamais pris le temps de s'intéresser aux motos, mais il devait avouer que celle-ci était un petit bijou.

-Mais, c'est… Arthur... bégaya McGonagall sans pouvoir terminer sa phrase.

-C'était celle de Sirius, annonça Arthur, fier de lui. Tu vois, Harry, il l'avait prêté à ce bon vieux Hagrid pour qu'il t'emmène à Privet Drive. Mais quand il a voulu lui rendre, Sirius a refusé. Elle à donc tout naturellement atterrit dans mon service! Quand je l'ai vue, elle m'a chuchoté "sors-moi d'ici, Arthur, je n'en peu plus!" alors je me suis dis qu'elle serait aussi bien au Terrier plutôt que de finir à la casse au bout de cinq ans.

Harry devina qu'il avait dû examiner la moto sous tous les angles, avec la fièvre qui lui était inhérente dès qu'il tombait sur un objet moldu, et avait sans doute tenté de reproduire l'effet avec une certaine Ford Anglia…

Hermione tordit le cou à ce qui subsistait de respect de la loi et pensa qu'il ne valait mieux rien dire sur les méthodes peu légales de l'homme. Mais elle persistait a se demander comment il faisait pour ne pas se faire pincer avec tous les bidules qu'il ramenait chez lui. D'ou la réaction incendiaire de Molly, par ailleurs. Arthur risqua un œil vers la cuisine, s'attendant à tout moment de voir sa femme débarquer.

-Bref, en rangeant le garage, cet été, je suis retombé dessus et je me suis dis qu'elle te ferait plaisir.

Ne voyant pas Harry bouger, ni parler, la tête basse, Arthur crut qu'il avait commis un impair. S'affolant, il baragouina en vitesse que s'il n'en voulait pas, ce n'était pas grave, qu'il pouvait toujours la ramener au ministère en douce. Mais, a son immense soulagement, Harry émit un petit reniflement et lui fit le plus grand sourire jamais vu de sa part depuis plus de deux mois. La mère de Ron qui arrivait pour finir d'expliquer son point de vue, fondit en voyant le jeune sorcier effacer quelques larmes de ses paupières. Se reprenant, elle mit ses poings sur ses hanches.

-Harry Potter, il est hors de question de garder ce nid à poussière ici!

Arthur et Harry grimacèrent, mais, contre toute attente, Molly sourit et leva sa baguette.

-Récurvite!

Les chromes étincelèrent à nouveau ainsi que les cylindres, la majestueuse mécanique retrouvant sa beauté d'antan. Arthur, qui décidément avait pensé à tout, agita une mince chaînette d'argent sous les yeux interrogatifs de l'ami de son fils.

-Tu connais le sortilège de réduction, non? Se sera plus simple de l'emporter avec toi, comme ça, badina t-il.

Et d'un coup de réducto, la moto se retrouva à l'état de jouet miniature qu'Harry glissa le bout de la chaîne par l'un des rayons de la roue. Hermione l'aida à l'accrocher à son cou. La deux-roues de Sirius se balançait maintenant en rythme avec ses pas.

Une fois qu'il eut remercié profondément les parents de son ami, McGonagall se rappela à son bon souvenir en lui tapotant l'épaule.

-Nous serons de retour probablement avant la nuit, annonça t-elle calmement en saisissant une poignée de poudre de cheminette et de la jeter dans un feu qu'elle venait tout juste de faire apparaître. Poudlard, bureau du directeur.

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Les portraits des précédents directeurs quittèrent leur cadre pour apercevoir la personne qui avait bien pu utiliser la cheminée. Harry, en évitant de se vautrer sur le tapis avec son arrivée peu discrète, nota rapidement que l'endroit n'avait pas changé. Il s'attendait presque à entrevoir Dumbledore surgir d'un pan de mur pour lui proposer l'un de ses satanés et célèbres bonbons au citron ou Fumseck survenir en volant pour squatter ses cuisses et quémander des caresses.

Sa meilleure amie le dépassa, un peu verdâtre. Elle non plus n'appréciait pas la poudre de cheminette.

C'est en pensée qu'il se mit sur le côté pour laisser passer la nouvelle directrice. McGonagall se redressa en émergeant de l'âtre et protesta à mi-voix de l'exiguïté de celle-ci.

-Petit privilège, mes… bref! Bien! Potter, Granger, nous allons faire du rangement! décréta t-elle avec force après avoir grommelé.

Harry la regarda avec des yeux ronds comme des souafles.

-Avec tous les machins tordus qu'il y a ici! Au mieux, on fait exploser Poudlard! s'exclama t-il en fixant une espèce d'horloge aux rouages apparents, de peur qu'elle ne lui saute dessus.

-Au pire, on raye la Grande-Bretagne de la carte! compléta sinistrement Hermione.

-C'est vrai, concéda l'enseignante. Et c'est justement pour ça qu'il faut trier. Faisons ce jeu: toute la paperasse administrative, là-dedans, dit-elle avec flegme et en faisant apparaître une série de cartons, les bidules non-identifiés ici, les machins sans intérêts, là. Tout ce qui vous semble important, sur le bureau… d'ailleurs, je suppose qu'on pourra refiler certains bouquins à madame Pince… ajouta t-elle, pour elle-même en saisissant "Les subtilités du crochet" de Jean Fil.

Le professeur de métamorphose paraissait moins strict en privé. Un peu comme la fois où elle avait hurlée de joie avec le reste de la foule écarlate et embrassé l'attrapeur sur les deux joues en troisième année, lorsque Griffondor avait gagné la coupe de Quidditch. Harry se dirigea vers une étagère qui croulait sous le poids des affaires entassées sur ses rayonnages. Il agrippa le choixpeau, "quoi de plus important?", et l'épée de Griffondor, toujours aussi belle "et coupante", remarqua t-il en suçotant le doigt qu'il venait de s'entailler peu profondément. Il entr'aperçut son professeur se tamponner les yeux avec un mouroir gentiment oublié sur une commode par son élève favorite.

-Elle aussi à été affecté par sa mort, pensa t-il tristement en retournant à sa tâche.

Après un registre des élèves pesant une tonne, une collection de bonnets de nuit, une service à thé qui hurla haut et fort à l'enlèvement quand il retira une tasse du lot, quelques comics, des paquets de Curly vides cachés derrière des livres, des cartes magic, une figurine en résine de sourie noire bipède affublée d'un short rouge et d'une paire de chaussure jaunâtre, des chaussettes décolorées et désunies, une flasque de whisky ayant appartenue à McGonagall "Eeeep! Donnez ça, Potter!", Harry tomba sur un ordinateur portable dernier cri.

-Tous les sorciers ne sont pas des arriérés, contrairement à ce que vous semblez penser, rétorqua McGonagall en glissant discrètement sa flasque dans une poche intérieure. Un procédé magique assez simple permet de faire fonctionner les appareils moldu dans le monde magique. Sinon vous auriez été libéré de l'acharnement photographique de monsieur Crivey.

-Hn, 'ffectivement, grogna le Survivant en pensant au jeune paparazzi et en posant délicatement le portable sur le barda du bureau.

Hermione chancela sous le poids d'un grimoire antique dont les pages, quand elles se détachaient, se pliaient automatiquement en cocotte de papier.

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Dehors, le jour déclinait. Il jeta un coup d'œil à l'horloge. Presque huit heures.

-Pas étonnant que j'ai faim, tiens! se dit-il en décrochant un calendrier défraîchi du mur dont les cases se cochaient automatiquement. Il indiquait le quinze Août.

Les livre faisaient une pile conséquente sur le sol, aussi l'animagus chat lui demanda d'en remettre plusieurs dans la bibliothèque, juste à côté. Disparaissant sous une montagne d'ouvrage, Harry tituba un moment et arrivé à destination, posa l'ensemble dans un équilibre précaire pour souffler. Là, une lueur argentée attira son regard. Dans un coin du meuble, une petit objet était coincé dans un renfoncement, normalement dissimulé par ma présence des livres. Prudemment, il tendit le bras pour s'en saisir, de peur qu'un piège se déclenche. Mais rien ne vint.

Interloqué, Harry fit sauter un retourneur de temps dans sa main. Encore plus petit que l'ordinaire, il était argenté, contrastant avec la couleur bronze de celui qu'avait eu Hermione pour sa troisième année. D'autre part, il n'y avait même pas la petite molette qui servait à le remonter. Enfin, plus besoin de se demander comment Dumbledore faisait pour toujours savoir ce que manigançaient ses élèves.

-Professeur, l'usage des retourneurs de temps n'est pas interdit sans l'autorisation du ministère?

L'Ecossaise fronça les sourcils, ne comprenant pas. Il agita le retourneur devant lui et elle ferma le classeur qu'elle compulsait pour le rejoindre. Hermione se rapprocha et sembla aussi noter les différences. Harry n'était pas spécialiste ès retourneur, mais si Hermione confirmait son constat…

-Mais qu'est-ce que ça fait là, ça? marmonna t-elle en voyant l'item pour la première fois et s'en emparant pour l'examiner à la lumière.

Mais au moment où le retourneur rentra en contact avec les mains de la femme, le sablier se mit à tourner à folle allure sur lui-même.

-Hu ho… firent les trois sorciers.

Harry et Hermione agrippèrent un bout de la chaîne en catastrophe tandis que McGonagall commençait déjà à disparaître après un juron sanglant, ayant trait aux habitudes sexuelles et d'autosatisfaction de "l'infâme et sombre petit couillon qui avait eu la connerie monumentale d'inventer ces saloperies de machines diaboliques un jour de solitude pesante" (dixit, version épurée).

Notant au passage que son professeur, digne de son ascendance écossaise, aurait pu en apprendre aux jumeaux en terme d'injures fleuries et colorées, le bureau directorial s'effaça sous les pieds d'Harry et un blanc passa devant ses prunelles. Il avait l'impression que son cœur s'était retrouvé entre ses oreilles, tellement il l'entendait distinctement. Tout à coup, aussi vite que ça avait commencé, le sol redevint tangible sous leurs semelles. Minerva scruta attentivement la pièce, les yeux à demi-clos, attentive au moindre changement.

-Bieeeennn, il semblerait qu'on ne soit revenus que quelques heures en arrière, fit-elle lentement en regardant l'horloge qui indiquait sept heures et quart.

-Heu…Professeur? fit Harry qui observait un peu trop fixement une certaine étagère.

-Quoi, Potter? dit-elle en faisant la liste mentale de tout ce qu'elle devait recommencer.

Remettre en ordre la collection de cartes de chocogrenouille une par une, retrouver les bavboules disséminées un peu partout et les ranger dans leur étui et puis…

-Je me disais juste…si on a remonté juste quelques heures, alors on devrait être là, non? Je veux dire, nos nous du passé…et pour ce que j'en sait, l'épée de Griffondor est resté dans cette vitrine depuis ma deuxième année, or, là, elle n'y est pas…

McGonagall voulut d'abord se pincer. Potter venait de sortir quelque chose d'intelligent, miss Granger avait dû faire quelque miracle! Puis l'atrocité de la chose la frappa de plein fouet.

-Je...

-Minerva? demanda un Dumbledore un peu surpris de voir sa collègue, un de ses élèves, et une parfaite inconnue débarquer dans son bureau sans prévenir.

Bouche bée, Minerva leva un doigt tremblant vers le vieux sorcier barbu.

-Vous n'auriez pas fait quelque chose à vos cheveux? s'enquit-il poliment, curieux du mutisme de la femme avec qui il travaillait depuis plus de dix ans.

Les pupilles de l'animagus se révulsèrent progressivement et elle s'effondra en arrière, dans un grand mouvement de robe verte. Hermione glapit et se jeta au chevet de son professeur de métamorphose. Dumbledore écarquilla les yeux et mettant une main devant sa bouche, s'approcha du professeur qui s'était évanouie.

-Mince, je ne pensais pas qu'elle le prendrait comme ça, balbutia t-il en la hissant sur un fauteuil. Monsieur Potter, vous voulez bien aller me chercher Madame Pomfresh, je vous prie?

Hermione, qui avait failli avoir la même réaction que son guide spirituel, tiqua à la mention du "monsieur". En temps normal, Harry se serait aussi étonné de s'entendre appelé "monsieur Potter" par Dumbledore (particulièrement si celui-ci était mort quelques semaines plus tôt), lui qui avait toujours utilisé son prénom, mais là, il avait dépassé son seuil de surprise pour la journée. Détournant lentement son regard du calendrier qu'il avait tantôt décroché, ou qu'il décrocherait plus tard, Harry considéra placidement son ex-directeur qui donnait de petites tapes sur la main de McGonagall pour lui faire reprendre ses esprits.

-Monsieur le directeur, je crois qu'il y a une légère méprise.

Son interlocuteur leva la tête, étonné.

Le calendrier indiquait bien le quinze Août. Mais pas 1997.

-Je ne suis pas James Potter.

1978 était marqué en gros chiffres rouges.

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OoO

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Aloooooors?