MàJ 06/2014 : juste pour vous dire : si vous venez à la Japan Expo (de 2014), sachez que j'y serai les 5 jours, donc si vous voulez me voir pour papoter ou quelque chose du genre, contactez-moi, ça me ferai très plaisir ^^
Nouvelle fanfic (à chapitres, cette fois-ci) pour le fandom Haikyû! bien qu'il n'y ait pas plus de monde...
Enjoy!
Histoire d'hommes handicapés de sentiments des clubs de volley-ball du japon
By Anja-chann
« -Dis, dis, elle était bien la réception ?
-Normalement, on réceptionne pas la balle par la tête, crétin !
-Maieuh… Tant qu'elle touche pas le sol, c'est bon… »
Kageyama soupira face à la stupidité d'Hinata. Comme le gymnase n'était pas ouvert le samedi, tous deux avaient décidé de s'entrainer en extérieur, dans un parc presque désert. A la vérité, c'est Kageyama qui avait invité Hinata à s'entrainer, et à dormir chez lui, et à rester chez lui le dimanche, et ce dans le seul but de le draguer. Il se retrouvait pourtant face à un problème de taille : il n'avait aucune idée de comment s'y prendre pour séduire quelqu'un, surtout quelqu'un d'aussi stupide qu'Hinata. Il avait pensé à lui acheter quelque chose, mais il ne connaissait rien de lui, si ce n'est qu'il aime le volley-ball, alors il avait pensé à faire une sortie quelque part, mais même problème. Plus il réfléchissait et plus il se rendait compte qu'il ne le connaissait vraiment pas. Comment était-ce possible ? Comment pouvait-il aimer quelqu'un qu'il connaissait si peu ?
La seule chose qu'il avait donc trouvée était de l'aider à s'entrainer à faire autre chose que smasher, mais il était vraiment mauvais en réception, et il commençait à se faire tard. Ils décidèrent d'arrêter – seulement après qu'Hinata ait réussi à convaincre Kageyama de lui faire smasher une de ses passes-, et le roux alla chercher quelque chose à boire au distributeur le plus roche. Kageyama le regarda courir et s'autorisa un sourire sincère.
« -Fu~ ! Il est mignon, pas vrai ? » s'exclama une voix dans son dos.
Kageyama sursauta de surprise et se retourna en reculant.
« -Oikawa… marmonna Kageyama en fronçant les sourcils.
-Salut, Tobio ! »
Il ignorait ce que son ainé lui voulait, mais son sourire en coin et ses yeux brillants de malice ne lui disaient rien qui vaille.
« -Tu veux quoi ?
-Rien de spécial, je passais juste dans le coin et je vous ai vu. Ca fait un moment que je vous observe, maintenant, c'est marrant que tu l'aies pas remarqué. En même temps, j'ai l'impression que ton attention était posée sur quelqu'un d'autre, non ?
-J'vois pas c'que tu veux dire, grommela-t-il, peu désireux de lui faire part de ses sentiments envers son coéquipier.
-Oh, allez, j'ai bien vu comment tu le regardais, fais pas ton timide. Tu lui as dit, déjà ?
-…
-Ah, pas encore, alors ? Tant mieux. Ca m'énerve de te voir aussi heureux. Dis, il se passerait quoi, si le minus sortait avec quelqu'un d'autre ? Tu serais désolé ? Anéanti ? Désespéré ?
-Où est-ce que tu veux en venir ?
-Tu le sais très bien. C'est chasse libre, et j'ai bien l'intention de te piquer ta proie. »
Kageyama frissonna. Ce garçon était un monstre… ! Il comptait séduire Hinata juste pour lui faire du mal. C'était effrayant, et affreusement cruel pour Hinata.
« -T'as pas intérêt à l'approcher, le menaça-t-il.
-Ha, essaie de m'en empêcher. »
Il avait raison, Tobio ne pouvait rien faire pour l'en empêcher. Il baissa les yeux, un irrésistible sentiment d'impuissance pesant sur son cœur. Niveau drague et relations humaines, il n'était largement pas à la hauteur face à Oikawa, il était évident qu'Hinata serait plus attiré par un garçon souriant et d'apparence sympathique que par un dictateur autoritaire qui ne faisait que le critiquer et l'insulter car c'était là la seule manière de communiquer qu'il connaissait.
Frustré, il serra les poings et la mâchoire. Malgré tout, il ne voulait pas laisser Hinata aux mains de ce type. Hinata était naïf, mignon, impulsif, très fidèle et incroyablement gentil, il ne pouvait pas le laisser se faire manipuler par Oikawa. Il devait le protéger, après tout, c'est bien lui-même qui avait mis Shôyô en danger, il lui devait bien cela. Il releva son regard déterminé vers Oikawa, qui l'observait toujours de son habituel air provocateur.
« -Je ne te laisserai pas lui faire du mal.
-Hoho, on devient protecteur à ce que je vois ? Ca te ressemble pas, majesté. Vas-y, protège-le du mieux que tu peux, ce sera encore plus drôle de te voir le perdre. »
Alors que Kageyama allait répliquer – il ne savait pas encore quoi, mais il trouverait quelque chose –, Hinata revint avec deux petites bouteilles d'eau. Il courait vers lui en souriant, et son sempiternel air innocent pinça le cœur de Kageyama qui l'imagina au bras d'Oikawa pour finalement se faire plaquer et sombrer dans le désespoir. Il ne pouvait définitivement pas laisser cela arriver. Lorsqu'il aperçut Oikawa, Hinata ralentit l'allure et perdit son sourire pour une expression plus réservée. Arrivé à sa hauteur, il le regarda avec curiosité sans oser lui demander ce qu'il faisait là.
« -Shôyô, c'est ça ? Salut, ça fait un bail ! Comment tu vas ? le salua Oikawa avec un sourire tout ce qu'il avait de plus sympathique.
-Bien, mais…
-Hmm ? Ah, tu dois te demander ce que je fais là ! Je passais juste dans le coin et je vous ai vu vous entrainer, alors j'ai voulu vous dire un p'tit bonjour ! » s'exclama-t-il en passant un bras autour des épaules de Tobio. « D'ailleurs, tu t'es pas mal amélioré, c'est franchement pas mal du tout pour quelqu'un qui s'entraine depuis si peu de temps.
-C'est vrai, tu trouves ? demanda Hinata en oubliant toute réserve et en lui offrant un sourire lumineux, des étoiles dans les yeux.
-Bien sûr ! Tobio ne te l'a pas dit ? glissa-t-il en lançant un regard sournois au dit Tobio.
-Non, d'après lui, c'est toujours aussi mauvais… marmonna-t-il d'un air boudeur.
-Ahaha, ça m'étonne pas de lui, ça ! » dit-il en lui frappant amicalement l'épaule.
Kageyama n'osait rien dire. Il n'était pas à l'aise d'être aussi prêt d'Oikawa. Il jeta un coup d'œil à Hinata qui le regardait avec reproche et baissa les yeux, impuissant et honteux. Hinata commençait déjà à tomber pour Oikawa, c'était insupportable. Il n'en pouvait plus. Il se dégagea du bras d'Oikawa s'excusa plus ou moins poliment, attrapa le poignet de son compagnon et s'éloigna. Il imagina sans mal le sourire satisfait de son sempai, et cela l'énerva un peu plus. Derrière lui, Shôyô râlait, lui demandant pourquoi il partait si soudainement. Il s'arrêta alors, se retourna pour le regarder, et lui ordonna :
« -Ecoute bien, je veux plus que tu lui parles, t'as compris ?
-Hein ? Pourquoi ça ?
-Ce type est dangereux, tu te rends pas compte !
-N'importe quoi ! C'est pas parce que toi tu l'aimes pas que moi j'ai pas le droit de devenir ami avec lui !
-C'est pas ce que je veux dire, crétin !
-Alors c'est quoi ce que tu veux dire ?
-C'est… que… il… ! Laisse tomber.
- ? Je comprends rien à ce que tu racontes !
-C'est bon, la ferme, j'ai dit laisse tomber.
-Si c'est comme ça, je préfère rentrer chez moi. »
Sur ces mots, il partit, laissant Kageyama seul avec ses regrets. Il n'avait pas su lui fournir une quelconque explication et avait abandonné en finissant par l'insulter, parce que c'était sa manière de faire. Il se détestait quand il agissait comme cela. Il savait qu'il ne devait pas lui donner d'ordre, ou l'insulter, ou le rabaisser, et il n'en avait d'ailleurs pas l'envie, mais il n'y pouvait rien, c'était un reflexe. Ce n'est pas comme cela qu'il le protègerait.
Démoralisé, il retourna chez lui, ruminant ses sombres pensées et maudissant sa propre impuissance. Il savait qu'Oikawa avait tout prévu et qu'il lui était quasiment impossible de perdre. Oikawa le connaissait trop bien, il savait bien qu'il se fermait et se montrait hargneux lorsqu'il était sous pression, et jouait là-dessus pour que Tobio se mette lui-même Hinata à dos. Le capitaine d'Aoba Jôsai n'avait presque rien à faire, Tobio se chargerait lui-même d'éloigner Hinata de lui, voilà ce qu'il devait se dire.
Et il avait raison.
Mais Kageyama voulait tout de même essayer. Il ne voulait pas perdre, mais s'il devait en être ainsi, alors il ne voulait pas perdre sans combattre, c'est le moins qu'il puisse faire. Arrivé chez lui, il attrapa son portable et entreprit de lui envoyer un sms. Il ne savait pas trop comment commencer son message et hésita quelques instants avant de finalement écrire :
« On se voit toujours demain ? »
Il attendit ensuite la réponse avec anxiété, et dès que son portable vibra, il se jeta dessus.
« Ca marche ^.^Même heure même endroit ? »
Kageyama eut un sourire heureux qui ressemblait plus à une grimace et s'empressa de lui répondre.
« Oui. A demain. »
Hinata lui retourna ses salutations.
Le lendemain après midi, il alla comme prévu retrouver Hinata, désireux de rattraper son lamentable comportement de la veille. Il fit des efforts pour essayer d'être sympathique, et aussi plus patient, et il essaya même de l'encourager. Tout cela était nouveau et pas si facile pour lui. Mais il se débrouillait pas si mal, et les deux garçons passaient un agréable moment ensemble. Enfin, jusqu'à ce que Kageyama aperçoive Oikawa à l'autre bout du parc.
Son expression se durcit et il se renfrogna instantanément. Bien sûr, il ne pouvait pas en être sûr vu la distance qui les séparait, mais il était presque certain que le capitaine les observait. Il était même prêt à parier qu'il arborait un sourire narquois. Il sentit tout de suite une pression se poser sur ses épaules, et cela se ressentit sur son humeur. Lorsqu'Hinata rata une énième réception, il se mit sans pouvoir s'en empêcher à lui crier dessus.
« -Mais qu'est-ce que tu fous ? T'es même pas capable de rattraper un service aussi simple ? C'est pourtant pas compliqué ! T'as juste à mettre tes bras comme ça !
-D'accord, mais t'es pas obligé de me crier dessus… répondit Hinata, surpris par cette brusque explosion de colère.
-Mais ça fait cent fois que je t'explique comment on fait, et t'es pas foutu d'y arriver ! Ca fait pas tout de smasher, si tu sais pas renvoyer un service, c'est pas la peine de continuer le volley ! »
Vexé, Hinata lui lança la balle en pleine tête et lui cria qu'il le savait très bien, tout ça. Il se retourna, aperçut Oikawa qui s'avançait vers eux, et alla le rejoindre en souriant. Kageyama ne put que les regarder s'en aller, regrettant de s'être laissé emporter. Il avait joué le jeu d'Oikawa, il était stupide ! Et maintenant, Hinata partait au bras de ce prédateur. Kageyama, toujours immobile, porta une main là où Hinata lui avait envoyé la balle. La douleur était plus psychologique que physique… Il était lamentable.
« -Yo ! »
Surpris, Kageyama releva la tête vers la personne devant lui. Il ne l'avait pas entendu arriver. Il marqua un temps avec de reconnaitre la personne qui lui faisait face.
« -…Kuroo Tetsuro ?
-C'est moi. Et toi, c'est Kage…
-Kageyama.
-Kageyama, c'est ça. Le passeur de Karasuno. Dis, c'est le minu- Shôyô qui est parti au bras du beau gosse ? » demanda-t-il en les pointant du doigt.
A sa plus grande surprise, Kageyama ne répondit rien et se contenta de s'assoir sur un banc proche en soupirant. Il lui paraissait abattu et complètement découragé. Kuroo s'assit à côté d lui.
« -C'est quoi le problème ?
-Oikawa est un enfoiré… marmonna-t-il.
-Oikawa ? Tu veux dire LE Oikawa, d'Aoba Jôsai ? C'était lui ? Je l'imaginais pas du tout comme ça… » s'étonna Kuroo.
A force de demander, le capitaine de Nekoma réussit à lui arracher des explications sur sa situation actuelle et son antagonisme avec son ancien capitaine. Puis il se renferma sans rien dire et fixa ses mains liées nerveusement avec tristesse. Kuroo l'observa un instant et souffla.
« -Tu sais quoi ? Je vais t'aider.
-Toi ? Pourquoi tu ferais ça ?
-Je suis gentil.
-… »
Seul le silence et le visage mitigé de Kageyama lui répondirent. Il se fit la réflexion qu'il avait toujours droit à cette réaction lorsqu'il disait qu'il était gentil. C'était vexant à la longue.
« -Ca m'a l'air intéressant. En plus, je passe le week-end et les prochaines vacances chez des cousins, ici, et honnêtement, j'me fais chier. Et j'l'aime bien, ce p'tit gars.
-Ah… Mais tu comptes faire quoi ?
-Je sais pas, je vais rester collé au beau gosse pour que tu puisses éloigner le minus de lui… ?
-Merci beaucoup ! Je ferai ce que tu veux pour te rembourser ! s'exclama Tobio en s'inclinant devant lui.
-T'es plutôt marrant en fait, Kage…
-Kageyama. Tobio.
-Ok, Tobio. Amène-toi, on va commencer tout de suite ! On va contre-attaquer » dit-il en se levant et en courant vers là où ils étaient partis.
Kageyama se leva à son tour et s'efforça de le suivre. Ce garçon lui donnait le sentiment qu'il pouvait tout réussir, entrainé par son enthousiasme. Lorsqu'il le voyait aussi plein de vie, il ne pouvait que positiver. Ils les retrouvèrent rapidement et Kuroo entraina Kageyama derrière un buisson. Caché, ils les observèrent marcher et discuter de manière décontractée. Bien qu'agacé de ce qu'il voyait, il fut également surpris de voir à quel point Kuroo prenait tout ceci au sérieux. Tout cela devait vraiment l'amuser. Kuroo lui expliqua son plan, sortit du buisson et s'avança vers sa cible.
« -Salut, Shôyô. Ca va ? Ha ! Tu serais pas Oikawa Tooru, du club de volley-ball d'Aoba Jôsai ? débita-t-il rapidement.
-Euh… Oui, c'est moi, répondit-il, un peu perdu.
-Kuroo Tetsuro. Ravi de te rencontrer, je t'admire beaucoup, tu sais ! Moi aussi je joue au volley-ball, et je suis capitaine de mon équipe. Je suis sûr que je pourrais beaucoup apprendre de toi ! » s'exclama-t-il avec un immense sourire.
Kuroo avait réussi à attirer l'attention d'Oikawa sur lui. Première étape accomplie. Furtivement, Kageyama s'approcha d'Hinata et posa une main sur son épaule, le faisant se retourner.
« -'Scuse pour tout à l'heure. J'était stressé. Tu veux pas qu'on aille chez moi ?
-Moi, je veux bien, mais Oikawa…
-Il a l'air assez occupé en ce moment. »
Hinata regarda Kuroo parler à Oikawa, hésita un instant, et finit par accepter et à s'éloigner avec Kageyama.
«-… et l'article sur toi dans le magazine… » continua de blablater Kuroo.
Noyé sous le flot de paroles, Oikawa ne vit les deux plus jeunes partir que trop tard.
« -Ah, Hinata… !
-Hé la ! C'est vraiment impoli de s'en aller au milieu d'une conversation… siffla sournoisement le brun en l'empêchant de les rejoindre.
-T'es allié avec Kageyama, c'est ça ? devina-t-il.
-Je les aime bien, ces p'tits gars. »
Oikawa eut un sourire crispé. Il l'observa un instant avec attention. Ah, il était du genre malin, ce type, une vraie plaie.
« -Te mêle pas de ce qui te regarda pas, le menaça-t-il.
-Tobio m'a expliqué ce que t'essayais de faire. C'est pas très honnête.
-Et alors ?
-Je te le dis parce que t'as l'air d'être plutôt intelligent et pas si méchant : abandonne. Ca t'apportera quoi, tout ça ? Tu ferais vraiment mieux de concentrer tes efforts pour te trouver une petite-amie, ou un petit-ami. Et puis honnêtement, t'as rien d'autre à faire ? Je sais pas, moi, sortir avec des potes, ou quelque chose comme ça ? J'veux dire, plutôt que de faire du mal aux gens que t'aimes pas, tu veux pas plutôt te soucier du bien-être de tes proches ?
-… »
Oikawa garda le silence et le fusilla du regard. Pour qui il se prenait, celui-là ? Il lui parlait et lui débitait tout cela, sans rien savoir de lui. Quelle arrogance… Il se permettait de lui faire la morale, mais Oikawa ne pouvait pas s'occuper de ses proches, tout simplement parce qu'il n'en avait pas. Les personnes dont il était le plus proche étaient ses coéquipiers du club de volley, mais en dehors du terrain, il leur arrivait certes de sortir, mais sans Oikawa. Il n'était jamais invité nulle part. Les autres étaient intimidés par lui, et s'en méfiaient comme de la peste, quant à ses parents… Il faudrait qu'il leur rappel un jour qu'ils avaient un fils.
« -… Ca doit être facile de parler sans rien savoir… marmonna-t-il d'un ton de reproche.
-Ok, je sais rien de toi, mais n'empêche, c'est un principe universel, peu importe ta situation.
-T'es bête ou quoi ? Les humains sont pas aussi bons, ils préfèrent faire du mal, c'est comme ça que ça marche ! Et fais pas comme si t'étais meilleur que les autres.
-Ha ? Tu m'as pas bien compris, je crois. J'ai jamais dit que j'étais quelqu'un de bien. C'est pas par gentillesse que j'aide Tobio, c'est juste pour m'occuper. 'Te méprends pas, je suis pas quelqu'un de très fréquentable. » lui expliqua-t-il avec un sourire inquiétant.
Oikawa eut un sursaut de surprise. Il était vraiment… terrifiant. Ce qu'il lui avait dit auparavant, il le comprenait maintenant. C'était son idéal sur l'humanité, mais il était bien trop intelligent pour y croire, et ne s'incluait pas dans ce monde. Non, lui, il n'était pas spécialement quelqu'un de bien. Ce garçon était affreusement terrifiant. Il ressentit un frisson lui parcourir l'échine et frissonna. Ce garçon était fort. Il mourait d'envie de le défier, de se battre avec lui. Il sentait qu'il avait trouvé un adversaire à sa hauteur, et c'était merveilleusement stimulant. Il ne put retenir un sourire excité.
« -On dirait que je m'étais trompé sur ton compte. T'es beaucoup plus intéressant que t'en as l'air. Intéressant ! Voyons lequel de nous-deux va gagner ! dit-il en le pointant du doigt d'un air de défi sous le regard ennuyé de Kuroo.
-Tch. T'aimes bien sortir de beaux discours, toi…
-Ghh… ! »
Oikawa rougit de gêne.
« -M-M'en fiche si t'acceptes ou non, de toute façon, je vais te vaincre !
-Haa ?! Pour qui tu t'prends ? Te surestime pas ! Je vais t'écraser, gueule d'ange !
-Amène-toi, je t'attends !
-On n'a qu'à régler ça tout de suite. » s'énerva-t-il en retroussant ses manches.
Oikawa eut un bref mouvement recule avant de se ressaisir et de lui faire face. Plus il le regardait, plus le brun l'agaçait. Il donnait l'air de se moquer de lui, avec ses yeux mi-clos, sa posture agressive et cette légère grimace prouvant son agacement. Il en avait la chaire de poule. Il répondit à sa provocation et, avant que les deux garçons ne le remarquent, ils étaient en train de se battre à main nue. Il fallut l'intervention d'un policier de passage pour les séparer. Tous deux blessés, écorchés, le visage en sang, ils se fusillèrent du regard un instant, puis Oikawa se détourna et partit. Kuroo le regarda s'éloigner, agacé. Il ne le comprenait absolument pas. C'était quoi son problème, à ce crétin ? Il eut une expression de dédain et partit lui-aussi.
Sur le chemin du retour, il marchait, tête baissée, ruminant sa colère et se moquant totalement des regards apeurés des autres passants sur son visage blessé. Du coin de l'œil, il vit quelqu'un non loin de lui se figer et essayer de s'éloigner discrètement. Il remonta son regard vers lui et haussa un sourcil de surprise.
« -Yo, le binoclard. Pourquoi t'essaies de t'éclipser comme ça ? lui demanda-t-il avec un sourire provocateur.
-Je m'appelle Tsukishima. » lui rappela-t-il, agacé de se faire appeler « binoclard ».
Il soupira profondément et posa son regard désintéressé sur lui.
« -T'es blessé, tu sais ?
-Non, tu crois ?
-Remarque, je m'en fiche, fais ce que tu veux, répliqua-t-il, hautain.
-Hé ! Je suis blessé et tu proposes même pas de me soigner ?
-Tu peux le faire tout seul, non ?
-… C'est galère… » marmonna-t-il avec une mine boudeuse.
Tsukishima le regarda un instant, hésitant, et finit par accepter un peu à contre cœur. Ils marchèrent vers chez lui en silence, et arrivèrent à son appartement. Toujours silencieusement, Kuroo s'assit sur une chaise tandis que le blond allait chercher de quoi le soigner. Tsukishima était mal à l'aise, il ne savait pas vraiment quoi faire.
Il finit par nettoyer maladroitement ses coupures à l'aide de désinfectant sans plus se poser de questions. Il se concentra sur sa tache et en oublia même qu'il était en train de poser doucement sa main sur sa joue pour lui faire tourner légèrement la tête. Kuroo, toujours agacé, le regardait faire avec curiosité, essayant de ne pas déverser tout ce qu'il avait sur le cœur, mais sans succès.
« -Sérieux, il me tape sur les nerfs, cet Oikawa Tooru ! Pour qui il se prend ? Cet espèce de foutu gamin intolérant !
-Hmm ? Alors c'est à cause d'Oikawa, toutes ces blessures ?
-Va pas croire, moi aussi je l'ai sérieusement corrigé.
-Et t'es satisfait ? » demanda innocemment Tsukishima.
Kuroo grommela quelque chose d'incompréhensible. Evidemment qu'il n'était pas satisfait. Malgré ce qu'il avait dit à Oikawa, il n'aimait pas faire du mal à qui que ce soit. Alors certes, il ne se considérait pas comme quelqu'un de bien car il n'aidait pas les autres, mais il ne voulait pas non-plus les blesser. Il était plutôt neutre, en fait, il laissait les gens faire ce qu'ils voulaient sans s'en soucier plus que cela. Mais Oikawa n'était pas pareil. Il n'arrivait pas à rester neutre à son égard.
« -Dis, tu le connais un peu Oikawa ? demanda-t-il soudainement, plus sérieux.
-Je l'ai vu une fois ou deux, sans plus.
-… T'en as pensé quoi ?
-Il est fort.
-Ouais, mais en dehors de ça ? Tu trouves pas qu'il est bizarre ? Il a quelque chose d'assez… dérangeant.
-Si tu le dis. Arrête de parler, je peux pas te soigner sinon. »
Kuroo obéit et le laissa effleurer ses lèvres pour les désinfecter. Oikawa le mettait mal à l'aise. Il se demanda s'il pourrait un jour réussir à l'apprécier. Peut-être était-il agréable avec ses amis, il était peut-être quelqu'un de très bien, sauf avec Kageyama. Il se demanda aussi rapidement pourquoi il s'en prenait autant à Tobio et à Hinata, parce que si c'était pour se trouver quelqu'un, il n'avait certainement pas besoin de cela, beau comme il était. Il soupira en se demandant une fois de plus pourquoi il avait perdu son sang froid. Ce n'était pas dans son habitude de s'énerver de la sorte, et surtout pas de se battre physiquement, mais en le voyant, il n'avait pas pu s'en empêcher. Il avait l'impression d'être un gamin.
« -Tu l'aimes bien ? demanda-t-il, curieux.
-Je sais pas, je ne le connais pas.
-… Et moi, tu m'aimes bien ? demanda-t-il avec provocation.
-… Question piège, je ne suis pas assez stupide pour répondre.
-Allez, c'est bon, tu peux me le dire.
-T'es pas celui que je déteste le plus.
-Huhu, on est timide, hein ? » se moqua-t-il.
Tsukishima appuya sur une de ses coupures et Kuroo grimaça de douleur. Bien fait pour lui. Il nettoya ensuite une coupure sur la pommette, puis y déposa un pansement, méticuleusement. En réalité, le blond l'aimait plutôt bien. Il était amusant, énergique, et plutôt bon professeur au volley-ball. De plus, malgré les apparences, il était plutôt gentil, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il avait décidé de le soigner.
« -J'ai fait ce que j'ai pu. Tu peux partir.
-T'es pas très chaleureux… » râla Kuroo en se levant. « Enfin, merci quand-même. »
Il décida de le laisser tranquille et de retourner chez sa famille. Il sortit de l'appartement et, sur le pas de la porte, il entendit Tsukishima lui dire :
« -Fais gaffe à pas trop te blesser, quand-même, t'as des matchs. »
Kuroo se retourna lentement et le regarda avec surprise, croyant avoir imaginé ces mots. Il fit ensuite un sourie amusé et se jeta vers lui.
« -T'es vraiment timide en fait ! »
Mais Tsukki lui claqua la porte au nez. Il partit en râlant, mais au moins soigné. Lorsqu'il rentra chez ses cousins, il se fit passer un savon sur son imprudence et son foutu caractère, mais il se contenta de les ignorer. Le lendemain après-midi, il se rendit au même parc que la veille, se demandant s'il y reverrait Tobio et Shôyô. Et en effet, ils y étaient, et tous deux s'inquiétèrent de son état. Il leur avoua qu'il s'était un peu battu avec Oikawa, mais rien de grave. Il prit ensuite Tobio à part et lui demanda l'avancement de sa relation avec Hinata, qui n'avançait pas vraiment. Tobio était trop maladroit, et un peu trop timide, il n'osait pas lui montrer qu'il l'aimait, et Hinata était trop stupide pour remarquer quoi que ce soit.
Kuroo soupira, exaspéré. Ils échangèrent rapidement leur numéro de téléphone et Kageyama s'excusa pour tous les problèmes qu'il lui causait. Il s'éloigna et vit du coin de l'œil Hinata attraper Kageyama par la main et le trainer à sa suite, l'air toujours aussi naïf et heureux. Tobio esquissa un sourire heureux, simplement content de sentir sa main dans celle chaleureuse d'Hinata. Kuroo ne put s'empêcher de sourire lui-aussi. Ils étaient mignons, ces deux petits. Il ne regrettait pas de les aider.
Son sourire se fana bien vite lorsqu'il aperçu Oikawa marcher non-loin, la tête basse et l'air ailleurs. Ce dernier releva les yeux vers lui et se renfrogna. Il passa à côté de lui en silence, ne souhaitant pas avoir affaire à lui, mais sentit une main se poser sur son épaule et le forcer à lui faire face.
« -Oy, c'est quoi ton problème ? l'agressa-t-il immédiatement.
-Hein ? C'est pas moi qui viens déranger quelqu'un dans la rue, crétin. » dit-il en chassant sa main du revers de la sienne.
Agacé, Kuroo attrapa son poignet, s'apprêtant à continuer les hostilités, mais s'interrompit en voyant sa main et son poignet rouges et gonflés.
« -Tu t'es pas soigné ? demanda-t-il, incertain.
-Lâche-moi ! s'exclama-t-il en essayant de se libérer de sa prise, sans succès.
-Pourquoi tu t'es pas soigné ? »
Oikawa s'apprêtait à répondre mais se figea en croisant le regard de son vis-à-vis. Il y avait une telle intensité dans son regard… Il était furieux et inquiet, et terriblement intimidant, à tel point qu'il baissa les yeux de gêne.
« -Pas réussi, marmonna-t-il.
-Ca veut dire quoi, ça ?
-C'est super dur de se soigner la main ou le poignet tout seul ! » s'indigna le plus petit.
Kuroo le regarda avec surprise. Il n'y avait personne pour l'aider ? Comment était-ce possible ? Même lui avait convaincu Tsukishima de l'aider. Est-ce que par hasard… il était tout seul ? N'avait-t-il pas des amis, de la famille, quelqu'un qui s'inquiète pour lui ? Il était blessé, et tout le monde s'en fichait. Il était blessé par sa faute. Kuroo ressentit une pointe de remord à cette pensée. Bien sûr, Oikawa l'avait provoqué, mais il était aussi fautif pour s'être laissé emporter de la sorte. Il hésita un instant, puis pesta en prenant sa décision.
« -T'habites où ?
-Hein ?
-Je vais t'aider à te soigner. T'habites où ? »
Oikawa le regarda un instant, interloqué, puis pointa une direction du doigt.
« -Par là… » dit-il encore choqué.
Le tenant toujours, le brun partit dans cette direction en le trainant derrière lui. Oikawa ne comprenait pas. Pourquoi Kuroo l'aidait-il, surtout après l'avoir lui-même blessé ? Peut-être avait-il pitié ? Non, ce n'était pas son genre. Alors quoi ? Etait-il gentil, finalement ? Est-ce que c'était possible… qu'il soit inquiet pour lui ? La mine toujours renfrognée, il sentit ses joues chauffer légèrement. Fait curieux : Kuroo ne l'avait toujours pas lâché. Se rendait-il compte de ce qu'il faisait ? De quoi avaient-ils l'air, deux hommes qui marchaient dans la rue en se tenant la main ? C'était affreusement gênant.
« -C'est par où, maintenant ?
-Lâche-moi. » dit-il en se dégageant de sa prise. « C'est par là, suis-moi. »
C'était peut-être son imagination, mais Kuroo avait l'impression que le comportement d'Oikawa avait changé. Peut-être parce qu'il évitait son regard, mais il avait presque l'impression de faire face à un petit animal blessé. Il se surprit à penser qu'il pouvait être étonnamment adorable, parfois.
« -C'est là, annonça Oikawa en entrant dans une maison assez imposante.
-… T'es riches ? demanda Kuroo, surpris.
-Non, ce sont mes parents qui le sont. »
Oula… Vu le ton avec lequel Oikawa lui avait répondu, Kuroo se doutait que ses relations avec ses parents étaient compliquées. Il n'osa pas lui poser la question, cela ne le regardait après tout pas.
« -Assied-toi, je vais trouver tout seul. » lui ordonna Kuroo comme s'il était chez lui avant de partir.
Oikawa lui obéit et s'assit dans son salon, sur son canapé. Il regarda son poing blessé et soupira. Il avait mal, c'et vrai. Et Kuroo voulait le soigner alors que c'est en le frappant qu'Oikawa s'était blessé. C'était ridicule. Kuroo revint avec des glaçons enroulés dans une serviette de table d'une main et des bandages dans l'autre. Il s'agenouilla devant lui et attrapa doucement sa main. Il l'observa un instant et grimaça.
« -Ca doit faire mal, non ?
-C'est supportable. »
Kuroo lui lança un regard emplit de reproches. Quoi, qu'avait-il encore dit ? se demanda Oikawa en se renfrognant. Mais le brun essaya de faire un effort et se contenta de se reconcentrer sur les blessures d'Oikawa. Après avoir palpé son poignet et vérifié les endroits où il avait mal, il y déposa la serviette remplie de glaçons, faisant frissonner Oikawa. Il les laissa pour refroidir et reposer son poignet, puis releva son visage vers lui.
« -Ca va mieux ? demanda-t-il en connaissant déjà la réponse vu les mains et les avant-bras détendus d'Oikawa.
-Hm. J'ai plus mal, c'est bon. » répondit-il sans le regarder.
Rassuré qu'il n'ait rien de grave, Kuroo retira la glace et souleva doucement sa main pour plus facilement l'entourer de bandages. Une fois fait, il caressa lentement sa main molle et sans volonté puis referma ses grandes mains sur la sienne.
« -J'comprends pas pourquoi t'es aussi négligent avec ta propre santé alors que c'est super important pour le volley. Tu aimes le volley pourtant, non ? demanda-t-il en le regardant avec curiosité.
-Oui, c'est ce que je préfère, répondit-il sans grande conviction.
-…J'ai entendu dire que tu t'étais blessé, y a pas longtemps, parce que tu ne t'étais pas assez échauffé.
-…
-A quoi tu joues ?
-Je fais toujours de mon mieux, et quand je suis blessé, je me soigne. Tu peux partir, maintenant. Merci de m'avoir soigné. » dit-il froidement.
Kuroo fronça les sourcils et resserra sa prise sur sa main avant de la relâcher et de se relever en l'affrontant du regard.
« -Va pas t'imaginer des choses, c'est pas parce que je t'ai aidé qu'on est potes. Je continuerai toujours à t'empêcher d'avoir Hinata.
-Hu, comme si tu pouvais le faire. »
Kuroo serra les poings de colère. Il mourait d'envie de lui coller son poing dans sa jolie petite gueule. Non, il devait se retenir, aussi agaçant qu'Oikawa pouvait l'être. Il eut une exclamation de dédain et s'empressa de partir, incapable de garder son calme en voyant son visage. Il regrettait presque de l'avoir soigné. Oikawa entendit la porte claquer, le faisant sursauter, et il baissa la tête.
Ses yeux se posèrent sur son poignet blessé et il caressa pensivement ses bandages. Il avait vraiment fait du bon boulot en le soignant. Il avait remarqué avec quelle douceur il avait manipulé son bras, l'avait presque caressé avec ses longs doigts fins, délicats. Il était agaçant, dangereux, arrogant et avait mauvais caractère, mais il était aussi capable d'une grande douceur et de beaucoup de tendresse. Malgré tout, Oikawa n'arrivait pas à rester de marbre avec lui. Il le mettait mal l'aise et ne pouvait s'empêcher de l'agresser verbalement. C'était plus fort que lui, il ne pouvait pas faire autrement. Il se demanda vaguement si, s'ils s'étaient connus dans d'autres circonstances, ils auraient pu s'entendre mieux, voire même être amis. Bien sûr que non, c'était ridicule.
to be continued...
Alors... vous préférez 1 chapitre par semaine, ou 2 chapitres par semaine? Comme vous voulez ^^ En attendant, petit bêtisier du chapitre 01 :D
A sa plus grande surprise, Kageyama ne répondit rien et se contenta de s'assoir sur un banc proche en soupirant. Il lui paraissait abattu et complètement découragé. Kuroo s'assit à côté de lui.
Kuroo : "-...M'assoir sur un banc
5 minutes avec toi
Et regarder le soleil
Qui s'en va ~ ...
Kageyama : -...Te parler du bon temps
Qu'est mort et je m'en fous
Te dire que les méchants
C'est pas nous ~ ...
Kuroo : Oh, tu connais?
Kageyama : Ouais, j'aime bien cette chanson."
Mais Tsukki lui claqua la porte au nez.
Kuroo : "-Aïe... Non mais tu m'as vraiment fait mal, là... C'était pas dans le script...!
Tsukishima : -Oups... Excuse..."
Oikawa le regarda un instant, interloqué, puis pointa une direction du doigt.
« -Par là… » dit-il encore choqué.
Oikawa (après un temps) : "-Ah, mince, me suis planté, c'est par là-bas en fait.
Kuroo : -...
Oikawa : -Haha, pardon pardon..!
-…J'ai entendu dire que tu t'étais blessé, y a pas longtemps, parce que tu ne t'étais pas assez échauffé.
-…
-A quoi tu joues ?
Oikawa : "-...J'ai oublié mon texte...
Kuroo (soupire) : t'es con... Alors que c'est censé être une scène sérieuse...
Oikawa (gêné) : -Oui ben ça va, on a juste à la rejouer...!
A bientôt :)
P.S: pour la chanson, c'est Mistral Gagnant, de Renaud ^^
