Note de l'auteur : Voilà, je me remets à écrire des choses bizarres. Je ne sais pas du tout où va me mener ce voyage. J'espère pour ma santé mentale qu'il ne sera pas aussi long que la quête de Frodon pour la destruction de l'Anneau. Je voulais que cette fic soit ma 70e story publiée sur ce site.

Vous aurez droit à des pairings divers et variés et improbables – en même temps, c'est un peu ce à quoi il faut s'attendre en mélangeant des univers pareils. J'ai essayé au mieux d'ajuster les deux temporalités pour accéder à une correspondance des dates. Pour plus de facilité, je préciserai à chaque fois quels évènements de la série ou des livres se sont déroulés juste avant, si besoin est. Cette fic est, bien entendu, AU.

Le titre : Il vient d'un documentaire du même nom (qui n'a aucun rapport direct avec cette fic).

Disclaimer : Rien n'est à moi.


Prologue :

Gandalf regarda l'horizon. Là-bas, au loin, la lueur grandissait. Il pouvait voir. Une tour immense s'élevait, et tout en haut, un œil. Il était petit encore, petit. Mais il grandirait, parce que la force de l'anneau était inaltérable. Il voyait Sauron renaître de ses cendres. Peu se souciaient de cette lueur grandissante. Et parmi eux, beaucoup ne trouvaient pas un tel phénomène naturel. Pour sa part, Gandalf pensait au contraire que ce dont il était le témoin constant n'était que dans l'ordre des choses. Car après tout, existe-t-il une seule naissance qui ne convoque pas les morts ? (1)

OOO

L'ombre s'étendait et pourtant la forêt était nimbée de lumière, une lumière qui perçait de plus en plus rarement à travers les feuillages. C'était une lumière pure, qu'accompagnait le chant mélodieux des plus beaux oiseaux sauvages, et le murmure des feuilles au gré du vent. Thranduil laissa la lumière baigner son visage, et il s'autorisa à ouvrir son esprit et ses sens à la beauté qui l'entourait. A la lisière de son regard, il pouvait toujours apercevoir le noir du Mordor, et les oiseaux ne cachaient pas totalement le grondement de la montagne du Destin. Mais bientôt, des elfes, parés de blancs, défilèrent devant lui, et leur chant emplit la nature et vola jusqu'à des contrées lointaines.

On racontait que les chants elfiques à la gloire des nouveaux-nés étaient portés par le vent jusqu'au delà de Fondcombe, jusqu'au mines de la Moria et que même les nains sortaient de sous terre pour tendre l'oreille. Pour la naissance de son fils Legolas, Thranduil espérait bien que les voix elfiques portaient jusqu'au Gondor.

OOO

Lorsque le premier cri retentit, Rickard Stark quitta la pièce. Sa femme donnait naissance, enfin, à son fils. Il tenta de tout oublier, sauf l'émerveillement de cette vie qui apparaissait à la surface de la terre. Il essaya de songer à son prénom – Eddard – à la façon de l'éduquer, à la chambre qu'il ferait faire pour lui dans Winterfell – en pleine rénovation. Il voulut vraiment songer que, peut-être, l'été arrivait enfin.

Mais il ne put pas – au bout du couloir se dessinait le corps anguleux de l'intendant du Gondor.

Il eut deux fils.

OOO

Elle avait été appelée Finduilas parce qu'une elfe plus belle que le soleil lui-même avait été nommée ainsi, disait-on. Du sang Dunedain coulait dans ses veines, elle était promise à une longue vie, disait-on. Elle était belle, elle était jeune et pourtant le poids de la vie était déjà trop lourd sur ses épaules, elle savait qu'elle mourrait bientôt. Et quand elle se couchait aux côtés de Denethor, et quand Denethor – intendant du Gondor, un homme fier et puissant, un homme qu'on voudrait marier parce qu'il avait le pouvoir – se couchait sur elle, elle voulait pleurer.

On les trouvait beaux, tous les deux. Malgré son âge avancé, Denethor était admiré par de nombreuses femmes – Finduilas le trouvait repoussant.

Elle sentait, à la lisière de son esprit, qu'elle n'allait pas bien.

Elle ne tomba jamais enceinte, et par deux fois, son mari ramena, dans le plus grand secret, un enfant – ils avaient tous deux la beauté de leur père. Quant à la question de savoir s'ils ressemblaient à leur mère, Finduilas n'aurait su dire.

Par deux fois son mari partit chercher ces héritiers et par deux fois on la força à rester enfermer et à prétendre que la vie s'étendait dans son ventre.

Par deux fois on lui mit un enfant qui était celui de son mari mais pas le sien dans les bras et on lui demanda – encore – de prétendre.

A chaque fois, elle sentit son esprit s'enfoncer encore un peu plus dans l'obscurité. Puis un jour l'obscurité devint son quotidien, et elle n'eut plus conscience qu'elle n'allait pas bien. Mais dans les moments d'éclaircie, elle se souvenait du jour où on lui avait mis Faramir dans les bras, Faramir son second petit, Faramir qu'elle aimait tant et qu'elle ne pouvait s'empêcher de considérer comme sien parce qu'il était sa lumière à présent. Elle se souvenait de cela et alors elle se demandait pourquoi l'Intendant du Gondor s'était donné tant de mal pour avoir un second fils et tant le détester ensuite.

OOO

Cersei naquit avant Jaime, mais la seule qui daigna s'en rappeler fut leur mère. A la naissance de Tyrion, elle sut par avance que c'était la fin. Son regard se posa sur la porte de la pièce, derrière laquelle sa petite fille Cersei attendait, et elle voulut tendre la main et lui dire de faire attention, parce que les loups rodaient, et qu'être une Lannister ne serait pas facile, à aucun moment. Dans un dernier cri, elle donna une ultime poussée et, à travers ses yeux embués, elle entrevit les visages effarés des femmes qui l'aidaient à mettre au monde. Des bras tremblants se saisirent de l'enfant, et Joanna ressentit quelque chose d'étrange à la vue de cet être chétif et difforme. Elle n'eut jamais le temps de savoir si elle aimait son enfant.

OOO

La naissance d'Eomer fut comme un présage de sa vie à venir. L'accouchement fur douloureux et il cria beaucoup. La servante – une vieille femme qui avait fait naître bien des générations et qu'on disait aux bords de la folie – qui le porta pour la première fois avant de le tendre à sa mère prédit qu'il serait un homme fort, qu'il serait un roi. Elle avait beaucoup prédit, la vieille, aussi ne prêta-t-on pas attention à ses paroles – on ne le faisait jamais, et par conséquent, personne n'avait remarqué jusqu'alors que ses présages s'avéraient toujours confirmés.

Quand Eowyn vint au monde, elle le fit avec la vieille murmura que le monde irait mieux, bientôt, malgré l'ombre. Ses paroles se perdirent dans le vide, puis le lendemain, elle avait disparu.

OOO

Le vent soufflait en tourbillons et lui brouillait la vue. Elle n'avait pas croisé qui que ce fût depuis des jours. La seule raison pour laquelle elle savait qu'elle allait dans la bonne direction était l'aigle, qui la gardait sous sa surveillance, et lui indiquait le chemin à suivre.

Elle n'entendit pas le bruit des chevaux – non plus qu'elle ne les vit. Mais une masse la heurta violemment et le paquet qu'elle tenait tomba et s'enfonça dans la neige. À l'aveuglette elle tâtonna en tentant d'articuler des mots qui fissent sens.

Elle se sentit soulevée par une paire de bras forts, mais se battit pour retourner au sol – il lui fallait reprendre le paquet. Ses bras ne bougeaient plus qu'au ralenti, elle avait du mal à respirer. Elle ne put dire que quelques mots avant de sombrer.

Jon … C'est Son fils … Jon … Son fils …

OOO

Eddard contemplait la Haute Tour quand on appela à l'aide pour l'accouchement de Catelyn. Il pensait à son frère, non pas Brandon, mais à celui qu'il n'avait connu qu'à la naissance et deux heures pendant une réunion tenue secrète. Il pensait à ce frère dont il n'osait pas prononcer le nom. Il pensait au dernier acte de son frère, à son dernier message, et il se dit que c'était terminé. Winterfell ne devait plus rien au Gondor. Son père avait fait beaucoup pour un royaume fantôme qui n'était même pas sur leurs terres. Eddard ne ferait pas la même erreur.

Une fois qu'il eût serré son fils Robb dans ses bras, il appela ses ouvriers. Il leur demanda de détruire la Haute Tour, et son flambeau. Le feu du Gondor ne brillerait plus.

Plusieurs semaines plus tard, Robb exprimait de façon la plus vive tous ses sentiments. Eddard regardait alors Jon et se demandait pourquoi celui-ci était si calme.

OOO

Cersei connaissait Joeffrey. Elle le connaissait par cœur. Elle aurait pu décrire la couleur de ses cheveux avec une précision scientifique. Elle aurait pu dessiner la courbe de son nez, et se remémorer sa silhouette, sa façon de se tenir, à la perfection. Elle connaissait son fils. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle connaissait son roi. Le jour où il était monté pour la première fois sur le trône, un goût amer s'était installé au fond de la gorge de Cersei et ne l'avait plus quitté. Et malgré la fierté d'avoir mis un Lannister au pouvoir (car il en était un en tout point excepté en nom), la jeune femme ne pouvait s'empêcher, au plus noir de la nuit quand sa couche était froide, de porter ses mains à son sein et de prier pour leur salut à tous. Des années plus tôt, elle avait donné naissance à Joeffrey. Elle n'aurait jamais pensé que le Roi Joeffrey pût être si différent du fils qu'elle avait si bien connu.


(1) Cette citation est de Marc Vilrouge.