Résumé : Les contraires s'attirent, c'est bien connu. Hermione et Severus ne peuvent déroger à la règle. Mais sont-ils vraiment des contraires ? Hermione a l'impression d'être seule au monde, mais peut-être n'est-elle pas aussi seule que cela... Ne tient pas compte de HBP.

Mais quel défi ! Écrire une fic sur le couple Her/Sev, le couple le plus improbable qui soit, et donc le plus fascinant pour des fiqueurs... hum... Généralement je n'aime pas écrire des fics qui s'éloignent du livre, mais voici l'exception qui confirme la règle. Voyons ce que donne une soudaine envie d'écrire et de relever un petit défi personnel incongru.

Disclaimer : Hermione et Severus, comme bon nombre d'autres personnages dans cette histoire, appartiennent à JK Rowling, je me permets juste de les lui emprunter, en espérant qu'elle ne fasse pas de cauchemars la nuit sur toutes ces fics Hermione/Severus... les autres personnages sont à mouâ.

Chapitre I : La décision

Où le bruyère pousse au pied du marronnier,

symboles de solitude, de sombre mélancolie mais aussi de bravoure.

Hermione se réveilla avec un mal de ventre épouvantable. Elle gémit, roula sur le côté puis se tira du lit sans grande conviction. Pattenrond vint se blottir paresseusement sous la couette alors que sa jeune maîtresse essayait au contraire de lutter contre l'envie de retourner se coucher. Elle avala un cachet contre la douleur et alla regarder dans son réfrigérateur ce qu'elle pourrait manger. Et alors elle se sentit pleinement éveillée. Comment avait-elle pu oublier qu'elle n'avait plus de quoi faire ses courses pour le moment ? Elle soupira et se laissa tomber sur une chaise. Il restait juste un peu de pâté et de croquettes pour Pattenrond, trois tranches de jambon, un oeuf et deux tomates. Ah et un fond de jus d'orange. Elle opta pour l'oeuf et le fond de jus. Elle avait sauté le repas de la veille au soir, d'où ses maux d'estomac, et aurait voulu avoir plus à se mettre sous la dent. Heureusement son salaire lui serait versé dans peu de temps. Il fallait juste qu'elle répartisse intelligemment ce qui lui restait de vivres... et qu'elle se trouve un meilleur travail. Néanmoins l'absence de tout diplôme moldu lui compliquait la tâche. Elle savait qu'elle devait y retourner, le monde des moldus n'était plus le sien... elle devait rentrer chez elle. Chez elle ? Dorénavant elle ne se sentait chez elle nulle part. Son chez-soi avait toujours été là où ses amis étaient. Et ils n'étaient plus là. Hermione trembla. Elle crut qu'elle allait se mettre à pleurer, mais les larmes ne vinrent pas. Elles ne coulaient plus depuis des mois. Elle n'arrivait plus à pleurer. Elle ne savait plus. Elle avait trop pleuré : la mort de Dumbledore, Mrs McGonagall et tant d'autres, Harry qui vaincut Voldemort mais qui succomba à ses blessures mortelles. Et puis il y avait Ron. Ron, lui, était toujours vivant, mais tout comme Hermione il avait fuit ce qui lui rappelait Harry. Aux dernières nouvelles, il travaillait dans un centre de Médicomagie quelque part en Amérique, où il avait rencontré une jeune femme charmante. Ils se donnaient des nouvelles de temps en temps mais ce n'était plus comme avant. Ils ne pouvaient plus se parler comme ils en avaient eu l'habitude, ils ne pouvaient plus être comme ils avaient été avant tout cela, comme quand Harry était là, avec eux. Hermione voyait Ginny de temps à autres, mais leurs rencontres étaient douloureuses et peu à peu elles s'éloignaient l'une de l'autre... à jamais. Et ses parents. Cette fois Hermione fut secouée par un tremblement plus violent. Ses parents, morts, par sa faute. Si elle n'avait pas été une sorcière, ils seraient toujours là... ils vivraient peut-être même encore tous les trois ensemble alors que Hermione ferait de bonnes études. Si elle n'était pas partie ce soir là, si elle avait été là, peut-être aurait-elle pu... Hermione se releva. "Avec des si on mettrait Paris en bouteille et Lutèce en amphore ma pauvre fille !" Elle mit un peu de pâté et de croquettes dans la gamelle de Pattenrond et lui versa de l'eau fraîche. Elle alla à la salle de bain et se regarda dans la glace. Sa dentition était à présent parfaite, ses yeux avaient une jolie teinte noisette, ses lèvres étaient un peu pâles mais proportionnées juste comme il faut, son teint était clair, ses cheveux bruns volumineux bouclaient légèrement... Elle n'avait pas vraiment à se plaindre, si ce n'était pour... Elle passa un doigt sur la cicatrice qui lui barrait la joue et soupira. "Rien à faire, je ne m'en débarrasserai jamais... mais j'ai eu de la chance, ça aurait pu être pire... et moi je suis là, libre et... et... enfin libre, et toi tu croupis à Azkaban. Ca me ferait presque de la peine pour toi Malefoy. Au fond tu m'as toujours un peu fait pitié, tu as été gâché." Hermione se lava, s'habilla, puis fixa à nouveau son reflet. Sa cicatrice le lui rappelait sans cesse : on ne peut pas fuir le passé, il laisse trop de marques que l'on ne peut effacer. "C'est ce que Harry m'aurait dit." Elle revit son visage, ses yeux verts, ses cheveux noirs en bataille et là sur son front, la cicatrice qui lui rappelait qu'il ne devait pas fuir, mais faire face à son passé. "Et c'est ce que je ferai Harry, j'ai mis trop de temps à comprendre, trop de temps à accepter. Voilà, je ne fuirai plus... je vais me tenir droite et forte à nouveau et je pourrai me regarder en face sans me dire 'Tu es lâche'. Je vais y retourner, je vais retourner dans notre monde, là où on a grandit ensemble, là où on a tout appris, où on a pris racine... Je retourne chez moi." Une larme coula alors sur sa joue meurtrie. La première larme depuis tous ces mois.

Elle se dirigea d'un pas déterminé vers sa chambre. Elle n'avait plus mal au ventre, elle n'était plus inquiète, elle n'avait plus honte, elle revenait à la vie, elle revenait à elle. Elle, Hermione Granger, miss-je-sais-tout qui avait brillé plus que bien d'autres élèves doués avant elle, qui avait été diplômée de Poudlard avec les honneurs et qui avait reçu maintes propositions pour ses études. Elle qui s'était montrée courageuse jusqu'au bout, jusqu'au bout de cette guerre. Elle, la Gryffondor qui s'était battue pour défendre ceux qu'elle aimait. Elle qui avait trouvé la force de tout pardonner à tous. Elle ne se terrerait plus dans ce monde qui n'était pas le sien, elle ne ramperait plus au sol, comme si elle était à l'agonie. Elle ne regarderait plus ses poignets comme si la seule issue qui s'offrait à elle était la Mort. Non, elle serait forte et courageuse à nouveau, elle apprendrait à vivre avec les souvenirs, la douleur... Ils lui manquaient, mais rien ne serait plus jamais comme avant. Rien. Elle devait l'accepter et avancer.

Elle s'agenouilla sur le sol et regarda sous son lit. Elle en tira une lourde malle ancienne. Elle en chassa la poussière et l'ouvrit. Un petit coffret en bois, mince et long, y reposait au milieu de sa panoplie de sorcière. Les doigts tremblants, elle le prit, releva le loquet doré et ouvrit le coffret. Sa baguette était là. Elle n'y avait plus touché depuis ce soir maudit où Harry était tombé, tombé dans un abysse où elle ne pouvait le suivre. Elle tint sa baguette devant elle et des étincelles noires et rouges s'échappèrent. Pattenrond sortit soudain de sous la couette et fixa sa maîtresse avec un air d'intense curiosité et d'expectative.

- « On rentre chez nous Pattenrond. » Comme s'il l'avait comprise, il sauta du lit et se mit à courir dans l'appartement, prenant sa queue en chasse. Hermione rit. Son rire cristallin lui parut étranger, déplacé. Elle se tut et se leva du plancher. Elle entreprit de ranger toutes ses affaires dans sa malle, puis écrivit une lettre aux propriétaires pour leur expliquer qu'elle avait décidé de déménager. Elle disparaîtrait du monde moldu, tout simplement.

Le panier de Pattenrond dans une main, sa malle dans l'autre, elle se tint un instant sur le palier, fixa l'appartement désormais vide à l'exception des meubles, ferma la porte et descendit le vieil escalier de bois qui grinça sous ses pas. Elle marcha ainsi jusqu'à une ruelle désertée et de là, elle transplana au Chemin de Traverse, carrefour britannique du monde de la Magie, de son monde. Elle retournait chez elle.

Wonder if anyone missed me?

Or have I been gone so far

They thought that I died

How many said

I wonder what happened to Alice?

How many shrugged, or laughed,

How many cried?

But I don't give a damn!

I'm going home

Nothing can stop me now

(Alice Cooper - Going Home)